L’artisanat sarthois
Posté par francesca7 le 2 mars 2014
par Sébastien Juteau
Introduction
L’artisanat a longtemps été un moteur économique local jusqu’à ce que l’industrie ne le supplante. Avant la société de consommation de masse, l’artisan était un des notables du village de part son instruction plus élevée et sa maîtrise du français par rapport aux simples paysans, ce qui en fait aussi un animateur du débat politique local. Ces artisans étaient souvent leurs propres patrons et possédaient leur outillage, parfois produit pendant leur compagnonnage. Dans leurs communautés les artisans étaient connus et source de sociabilité, « la forge était un lieu de rencontre pour les hommes » (p.328*), même les artisans itinérants ou saisonniers sont connus. Souvent les artisans cumulaient deux activités, mis à part le forgeron, il était difficile pour eux de vivre que d’une activité.
Les artisans sont toujours associés à l’idée qu’ils exercent un métier ancien, dont le savoir faire se transmet de maître-artisan à compagnon de génération en génération. Il est vrai que certains métiers continuent de reproduire le même geste : on scie toujours le bois de la même façon et on bât toujours le fer de la même façon. Cependant, ce sont de métiers fragiles, ils sont très dépendants de leur environnement, puisqu’ils ont une portée locale, au sein d’une communauté réduite de la taille d’un village. Cet environnement qui les a longtemps fait vivre – voire placés au centre de la vie de la communauté – les a aussi fait en partie disparaître. Ils ont été les victimes du développement des voies de communication et de la mécanisation engendrés par la Révolution industrielle. L’arrivée de la société de consommation de masse dans un département rural comme la Sarthe, après la Seconde Guerre mondiale, marque l’entrée définitive dans le xxe siècle et est le dernier coup porté à l’artisan local. C’est la fin de l’artisanat et l’intégration définitive du monde rural à l’ensemble du territoire, en effet, plus le nombre d’artisans diminue et plus les contacts avec le reste de la nation augmentent.
Finalement, des professions artisanales disparaissent, comme le charron, le rétameur ou le chiffonnier mais d’autres se maintiennent, certainement les moins dépendantes à la modernité, comme les boulangers ou bouchers. Ces professions qui se maintiennent ont du aussi s’adapter à un nouvel environnement. Elles ont également beaucoup perdu en effectifs, comme le maréchal-ferrant. Une simple recherche dans l’annuaire laisse percevoir l’ampleur du recul, alors que les maréchaux-ferrants étaient très nombreux avant la Première Guerre mondiale, seulement 25 forgerons sont répertoriés aujourd’hui. Il en est de même pour les tonneliers, on n’en compte plus qu’un en activité actuellement.
Nous sommes donc face à un phénomène de décroissance de l’artisanat traditionnel et spécialisé, donc à une perte de compétences qui pouvaient faire la fierté d’un département, comme les tisserands (de chanvre) ou les ciergiers en Sarthe.
Cette introduction contient des éléments issus de l’ouvrage de : Werber (Eugen), La fin des terroirs La modernisation de la France Rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, p. 322-329.
L’artisan, qui est-ce ?
Il semble pertinent de commencer par définir ce qu’est un artisan. Devant la définition complexe de cet ensemble de corps de métiers, il a paru plus simple de chercher la définition qu’en donne la loi plutôt que de se fier à une définition d’un dictionnaire, même si celui-ci représente une autorité certaine. Donc, la définition qu’en donne la loi, et qui est notamment reprise par l’INSEE est la suivante :
« On considère comme artisan, toute personne physique ou morale inscrite au registre des métiers. Sous certaines conditions d’activité exercée et de nombre de salariés, cette inscription est obligatoire ».
La loi du 5 juillet 1996, relative au développement et à la promotion du commerce et de l’artisanat précise en effet :
« Doivent être immatriculées au répertoire des métiers (…), les personnes physiques et morales qui n’emploient pas plus de dix salariés et qui exercent, à titre principal ou secondaire, une activité professionnelle indépendante de production, de transformation, de réparation ou de prestation de services relevant de l’artisanat et figurant sur une liste établie par décret (…) ».
Il existe d’ailleurs une nomenclature qui permette de savoir quels sont les différents types d’artisans et les métiers qui s’y rattachent.
La définition est actuelle, alors que ce dossier documentaire recouvre la plus large période historique possible. Il a été plus simple de prendre une définition, celle sur laquelle se base actuellement le régime des artisans, plutôt que d’aller pointer du doigt les différentes variations au cours du temps. Pour mémoire, voici la définition qu’en donne Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert en 1772 :
« Nom par lequel on désigne les ouvriers qui professent ceux d’entre les arts mécaniques, qui supposent le moins d’intelligence. On dit d’un bon Cordonnier, que c’est un bon artisan; et d’un habile Horloger, que c’est un grand artiste ».
Version numérique disponible sur le site de l’ATILF à l’adresse suivante :
http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.6:195./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/
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