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LE MARCHAND DE PEAUX DE LAPIN

Posté par francesca7 le 8 février 2014

 

 

31D’antan dans les campagnes, dans les bourgades, on voyait passer des « Marchands de peaux de lapin », qui achetaient les fameuses peaux de lapin aux campagnards, ces derniers les élevaient pour leur consommation personnelle et celle de leur famille. Les lapins, étaient tués et mangés, on gardait précieusement leur pelage que l’on faisait séché. 

Dans les années 1950-1955, il n’y avait pas de supermarchés pour acheter les volailles, on élevait soi-même, les animaux dans la basse-cour, tels les pigeons, les poules, les coqs, les canards, les oies, les cailles, les pintades, les dindons, les lapins. C’était souvent une volaille ou un lapin qui faisait, le repas du dimanche. Quand on tuait un lapin, il était dépeçait et on faisait sécher sa peau.  

Pour se faire la peau du lapin était retournée, poils au dedans, et on la suspendait à l’abri, dans une grange ou un atelier, afin que la peau, soit bien sèche, pour bien la détendre et pour qu’elle soit plus grande, elle était mise sur une fourche réalisée avec des branches de noisetier. Quand le marchand de peaux de lapin faisait sa tournée, on lui vendait les peaux, pour quelques francs de l’époque, le marchand de peaux de lapins, payait en fonction de la beauté du poil, et du nombre de peaux. C’est un souvenir d’enfance, mais je me rappelle que les peaux de lapins blancs étaient achetées plus chères, car elles étaient plus rares et plus belles.. Le marchand de peaux de lapins achetait aussi la peau d’autres animaux, telles les peaux de chèvres, de moutons, de taupes, etc…Ces marchands, annonçaient leur arrivée, en criant dans les rues, « Peaux d’lapins Peaux »… peau de lapins …cela d’ une voie forte et tonitruante. Ce dont, je me souviens aussi, c’est que ce marchand, avait une charrette tirée par un petitcheval, les peaux de lapins étaient suspendues, après achat, tout au long de cette carriole, à la vue de tous. Les marchands de peaux de lapins faisaient aussi le négoce de vieux papier, notamment les vieux journaux les vieux chiffons et la ferraille. Mais le marchand de peau de lapin, qui était un marchand ambulant, en faisait lui-même commerce, il allait ensuite revendre ces peaux ramassées à droite et à gauche, à des tanneurs, afin que ces derniers les travaillent et en fassent de belles vestes, de beaux manteaux ou des bonnets pour l’hiver. Dans ledépartement du Nord-Pas de Calais, c’était souvent les femmes qui ne travaillaient pas qui attendaient avec impatience, « el marchand d’piaux d’lapin », pour se faire quelques sous de plus. A cette époque, il y avait déjà le recyclage !!! quoique les jeunes puissent penser.

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LES MARCHANDS D’HABITS

Posté par francesca7 le 8 février 2014

 

(D’après Tableau de Paris, paru en 1782)

téléchargement (2)Le marchand d’habits est un industriel adroit et retors, qui parcourt incessamment les rues pour acheter les vieux vêtements, les vieux souliers, les vieux chapeaux, même les neufs si l’occasion s’en présente, sans excepter les cannes, les schakos, les épaulettes et les parapluies.

Il y a deux classes de marchands d’habits ; il y en a même d’avantage ; mais je le réduis à deux pour simplifier : les plébéiens et les aristocrates. Les premiers se recrutent parmi les rares individus de la race intelligente et tenace des Auvergnats, qui ne sont point entrés dans la corporation des charbonniers et des porteurs d’eau. Ils sont sales ; ils professent un dédain complet pour la mode et le luxe scandaleux du costume ; ils font leur ronde en chapeaux roux et défoncés, en paletots gras, ou même en blouse d’une teinte équivoque. La femme exerce la même profession que le mari, et son cri a quelque chose d’aigre et de résigné qui m’a toujours fait penser à la voix de quelque chouette mélancolique. Le couple s’avance d’un pas lent et pénible, les épaules courbées sous un long sac grisâtre, où s’entassent pêle-mêle les débris les plus divers. Il a sa clientèle toute faite dans les mansardes et les bouges garnis.

Les seconds s’adressent à un public plus relevé, surtout aux étudiants. Ceux-là sont « fashionables », coquets même, surtout quand ils sont jolis garçons, et ils le sont quelques fois : j’en ai vu. Ils portent le chapeau sur l’oreille, ils ont des moustaches gommées et des favoris en côtelette ; ils se parent des plus voyantes dépouilles de la veille, qu’ils revendent le lendemain, surtout des pantalons à larges carreaux, que, par un trait général et caractéristique, ils affectionnent tous, à l’instar des marchands de contremarques. S’il n’avait sur l’épaule gauche un trophée de gilets et de redingotes qu’il drape avec prétention, on prendrait cet industriel pour un jeune premier des Délassements qui parade dans la rue, ou pour un garçon de restaurant qui, un jour de sortie, fait le joli cœur dans un quartier éloigné de son établissement.

Mais non, le marchand d’habits a dans sa démarche, dans sa pose, dans ses airs de tête, dans l’expression de sa physionomie aussi bien que dans l’accent particulier de son organe, un cachet qui n’appartient qu’à lui et le fait reconnaître au premier coup d’œil.

Lorsqu’on l’envisage avec tant soit peu d’imagination, le marchand d’habits est une figure d’un symbolisme effrayant. Dans le secret de l’intimité, son masque facial doit avoir le ricanement railleur et dédaigneux de Méphistophélès. Il a vu de si près la misère en gants paille ; il a tant palpé de bottines vernies sans semelles et de belles redingotes retournées ; il a entassé sur son épaule et jeté dans son panier la défroque de tant d’illustres personnages, l’habit doré du ministre de l’an dernier, le pantalon trop étroit du dandy qui prend du ventre, les riches épaulettes du chef de bataillon de la garde nationale retombé au rang de sergent-major, l’avant-dernier gilet du bohème dont le roman vient d’être refusé sur toute la ligne, qu’un peu de scepticisme lui est bien permis. Et ils poursuit sa route, le philosophe cynique, riant dans sa barbe et répétant sa mélopée moqueuse et lugubre : « Vieux habits ! vieux galons ! »

Mais toute sa philosophie ne l’empêche point d’être un homme pratique avant tout. Il faut le voir à l’œuvre, palpant et soupesant un paletot, découvrant les moindres taches dans les replis les plus inaccessibles, inventant des trous où il n’y en a pas, tandis qu’il s’exclame en monosyllabes plaintifs et hoche la tête d’un air désolé. Il parvient ainsi à vous plonger dans la consternation : découragé d’avance, vous lui demandez timidement le tiers de ce que vous aviez rêvé d’abord, et il vous offre le quart de ce que vous lui demandez. D’autres vous en offriraient le dixième peut-être ; vous passez donc sous les Fourches Caudines, et le marchands d’habits, toujours ricanant dans sa barbe, s’en va redire ailleurs son refrain, que vous entendez comme une raillerie monter jusqu’à votre fenêtre : « Vieux habits ! vieux galons ! »

Du reste, gai, jovial, prompt à la riposte, mais sans jamais blesser une pratique, il supporte avec une inaltérable belle humeur les farces et les sobriquets dont toutes les Facultés l’accablent à l’envi. On le traite de voleur, et il ne cherche pas à s’en défendre, sachant bien que c’est vrai ; mais il exploite ses clients en les laissant rire, et en riant lui-même de l’innocent triomphe qu’il leur abandonne, car il a la vengeance entre ces mains.

Telle est la providence vivante du quartier latin. Voilà le mont-de-piété ambulant auquel l’étudiant peut, sans se déranger, accrocher sa garde-robe et même sa montre, car la plupart des marchands d’habits achètent tout ce qui se vend et peut se revendre. Il est vrai que ce mont-de-piété, comme l’avare Achéron, ne lâche point sa proie ; mais l’étudiant y tient peu, et pourvu qu’il ait le droit de vendre, il se passe du droit de racheter.

Il y a aussi le marchand d’habits en boutique : c’est généralement un type effacé. Je signale pourtant à l’attention des amateurs, Blancard, le marchand d’habits illustré, comme il s’intitule, de la rue de l’Ecole de médecine. Cet industriel facétieux, cachant sa ruse normande sous une faconde gasconne, a toujours à sa devanture un riche assortiment d’étiquettes en prose et en vers, dont quelques-unes sont des modèles accomplis d’éloquence burlesque et gouailleuse.

Blancard s’y moque du public, et quelquefois de lui-même, avec une désinvolture et une belle humeur dont la fantaisie de son orthographe accroît encore le charme, et il a une manière tout à fait réjouissante de mettre la main sur son cœur et de donner sa parole d’honneur (de marchand d’habits). Je ne sais s’il vend beaucoup, mais on s’arrête à son étalage, on le lit et le savoure, et cela le console, car Blancard me fait l’effet d’un artiste déclassé, que dévore l’amour de la gloire.

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Ce que les Aveugles Voient

Posté par francesca7 le 8 février 2014

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On considère ordinairement l’aveugle comme un être inférieur, borné, inutile à la société, fatalement voué à la mendicité s’il est pauvre, à l’oisiveté s’il est riche, dans les deux cas, à l’ignorance. C’est là une profonde erreur.

Les aveugles ont une foule de jouissances dues à la finesse de leur ouïe qui leur permet d’être excellents musiciens, et de perceptions délicates dues au toucher qui leur permet de lire, d’écrire et de se rendre compte de bien des choses mystérieuses que nous ne soupçonnons pas. L’histoire de ces sensations est pleine de merveilles inconnues des « clairvoyants » et comme la clef d’un nouveau monde.

Depuis cent ans, grâce à Valentin Haüy, le fondateur de l’éducation des aveugles, grâce à Louis Braille, l’inventeur de l’écriture des aveugles, et spécialement, depuis quelques années, grâce à l’Association Valentin Haüy, des milliers d’aveugles sont instruits, pourvus d’une profession et gagnent leur vie par leur travail. Pour que cette œuvre remplisse complètement son but, qui est d’arracher tous les aveugles à la mendicité, il suffira que tous ceux qui ont des yeux pensent quelquefois à ceux qui n’en ont pas.

°°°

LA CÉCITÉ ! quelles privations elle implique ! 

Ne plus pouvoir se conduire, quelle calamité ! Ne pas voir la nature, quelles ténèbres ! Être incapable de lire et d’écrire, quel silence et quel cachot !

« Par la lecture, le sourd peut vivre en communication constante avec la pensée humaine tout entière, historiens, poètes, philosophes, artistes. L’aveugle dépend de tout et de tous : c’est le mendiant par excellence, c’est le prisonnier suprême ! »

Ainsi s’exprimait une fois le célèbre compositeur Gounod, à qui l’on demandait s’il aimerait mieux être sourd ou aveugle. Et l’on voit que, même pour ce grand musicien éprouvant tant de jouissances par l’oreille, la surdité ne semblait pas un malheur comparable à la cécité.

Cependant on remarque souvent que les sourds sont tristes et que les aveugles sont gais, et non seulement gais, mais bavards, curieux de toutes choses, amateurs de voyages, aimant à « voir du pays ». On leur entend dire : « J’ai vu [t]elle personne… », ou bien : « telle personne a l’air bon, l’air bien vieilli…. » « Cet enfant a bien grandi…. Quelle bellemaison, quel beau soleil ! Quelles jolies fleurs » ! Que signifient, dans leur bouche, toutes ces expressions ?

Par quels moyens perçoivent-ils tant de choses ? Qu’est-ce que voient les aveugles ?

*
* *

Voici quelques exemples d’aveugles fameux qui semblent démentir l’opinion qu’on a sur l’infériorité de ces emmurés, comme les a éloquemment appelés M. Lucien Descaves. Sans parler d’Homère et de Milton, qui étaient aveugles tous les deux, et dont l’un récitait ses chants, et l’autre dictait ses poèmes à ses filles, on a connu à l’Université de Cambridge un professeur de mathématiques aveugle, Nicolas Saunderson. Et, chose curieuse, il professait des lois de l’optique, exposant la nature de la lumière et des couleurs, expliquant la théorie de la vision, traitant de la marche des rayons lumineux à travers les lentilles.

Plus récemment, les Anglais ont choisi pour diriger le ministère des postes et télégraphes un aveugle, M. Fawcett, qui est mort depuis à Cambridge en 1884. A vingt-cinq ans, il entrait dans la carrière politique, lorsqu’un accident de chasse lui fit perdre la vue.

Dans une conférence électorale qu’il fit à Brighton, en 1864, il dit : « L’accident qui m’a ôté la vue m’est arrivé il y a cinq ans seulement. Je chassais les perdrix. Deux coups de fusil, partis par malheur de l’arme d’un camarade, me frappèrent au visage. Chaque œil fut atteint, et le résultat, vous le voyez. Je me rappelle parfaitement ce moment. C’était par un splendide après-midi d’automne, et je me tenais là, debout, contemplant avec ravissement une des plus riantes vallées de l’Angleterre. Ce décor s’illuminait de tout l’éclat d’un soleil d’automne. Je compris que toutes ces beautés de la nature s’étaient évanouies dans une nuit qu’aucune adresse humaine ne pourrait éclairer. C’était un coup terrible pour un homme, mais, en dix minutes, je fus maître de moi et résolu à braver toutes les difficultés avec courage et résolution. Je me décidai à faire, autant que possible, ce que j’avais fait jusque-là et à donner à ma vie future le même but, les mêmes espérances et les mêmes aspirations. Cette résolution ne m’a jamais quitté. »

Pendant les loisirs que lui laissait sa charge, M. Fawcett montait à cheval, patinait, pêchait le saumon tout comme un autre, et le bonheur voulut qu’il ne lui arrivât jamais de grave accident durant ces imprudentes récréations. Comme ministre des postes, il était très attentif, bien qu’aveugle, avait « l’œil à tout », et a laissé à ses subordonnés le souvenir d’un fonctionnaire très « regardant ».

Mais un exemple encore bien plus étonnant de ce qu’on peut faire sans les yeux devait être fourni, dans ce pays, par l’aveugle américain Campbell, qui est monté au sommet du Mont-Blanc. M. Campbell, aujourd’hui directeur du magnifique « Royal Normal College » pour les aveugles de Londres, est né en 1834, dans le comté de Franklin en Tennesse. Son père était un farmer, ardent abolitionniste. L’enfant avait trois ans et demi, quand, blessé à l’œil par une épine d’acacia, il devint aveugle. Il fut élevé à Nashville, apprit la musique et devint lui-même professeur.

Image illustrative de l'article BrailleDès lors, il se dévoua aux enfants aveugles de sa contrée. Puis il vint à Londres, fonder son collège. Mais comme, lorsqu’il parlait des capacités physiques et intellectuelles des aveugles, il trouvait beaucoup d’incrédules, il voulut frapper un grand coup sur les imaginations britanniques. Accompagné de son fils et de plusieurs guides, il fit une chose considéré comme difficile aux voyants, impossible aux aveugles. Il tenta l’ascension du Mont-Blanc. Il réussit à souhait. Toute la presse anglaise l’acclama. Son œuvre était définitivement fondée.

M. Campbell est-il une exception ? Non. Au collège qu’il a fondé à Londres, et où les exercices physiques sont dirigés par son fils, M. Guy Campbell, un distingué sportsman, on voit des aveugles faire de la gymnastique, patiner, aller en traîneau apprendre à nager, ramer, monter à vélocipèdes par bandes de dix ou douze et faire ainsi des centaines de kilomètres à travers l’Angleterre étonnée.

En France, cet exemple a été suivi. Au mois de septembre 1888, trois aveugles, tous trois professeurs à l’Institution nationale des jeunes aveugles de Paris, MM. Syme, Vielhomme et Guilbeau, faisaient l’ascension de Champrousse, en Dauphiné, accompagnés de trois guides.

A l’Institution nationale de Paris, les élèves font également du tricycle.

Ces différents faits attestés par de nombreux témoins – des témoins oculaires – sont surprenants. Mais on admet encore qu’il puisse exister des « alpinistes » aveugles. Ce qu’on n’admet point sans protestation, c’est qu’il ait pu exister des sculpteurs aveugles. Cela est pourtant. Un de nos meilleurs « animaliers », Vidal, était tout à fait privé de la vue. Cela ne l’empêcha pas de modeler de petits chefs-d’œuvre : le Cerf blessé, le Lion, le Taureau. Vif, preste, alerte, Vidal était constamment entouré d’animaux : il les touchait, les caressait, les examinait longuement dans toutes sortes de poses, puis saisissait sa terre, et se mettait à modeler. Lorsqu’il étudiait les jambes d’un cheval, par exemple, il s’agenouillait auprès de son modèle, lui parlant sans cesse, le flattant, afin que l’animal ne bougeât pas, et il le tâtait, en disant : « Vois, j’examine tes jambes…, ne bouge pas, j’ai besoin de regarder ton encolure….  Mon ami cheval, tiens-toi tranquille ou je vais manquer ton portrait ! »

Lorsqu’il s’agissait d’une bête féroce, l’étude d’après nature était plus difficile à réaliser. Vidal s’inspirait alors d’œuvres d’art précédentes, de squelettes, de têtes empaillées. Un jour, cependant, comme il avait imaginé de sculpter un lion, il sentit qu’il ne pourrait y parvenir sans recourir au modèle vivant. Il n’hésita pas devant une entrevue dangereuse et entra dans la cage d’un de ces animaux, accompagné d’un dompteur. Longuement, attentivement, en artiste, il caressa le lion, jusqu’à ce qu’il se fût rendu maître de son anatomie. En sortant, il fit le Lion rugissant qui est un de ses plus étonnants morceaux.

Quand il était dans son atelier en train de travailler, on n’aurait pas dit qu’il fût aveugle. Seulement, de temps en temps, lorsqu’il voulait juger de l’ensemble, il se reculait et regardait son œuvre avec ses deux mains étendues, dont les dix doigts semblaient autant d’yeux….

C’est qu’en effet, les doigts sont les yeux de l’aveugle. « La vue, a-t-on dit, est un toucher de loin. » De même, le toucher est une vue de près. Nous sommes volontiers portés à croire que la vue seule nous fait connaître les choses qui nous entourent : c’est une erreur. Plongez un bâton à moitié de sa longueur dans l’eau : vous le verrez tout cassé ; mais, en mettant votre main dans l’eau et en suivant le bâton, vous sentirez qu’il est droit, bien qu’aux yeux il paraisse tordu.

Quand l’eau courbe un bâton, ma raison le redresse,

                                                
a dit le Fabuliste. Mais ce n’est pas la raison qui l’a redressé : c’est le toucher.

Dans la connaissance que nous avons des choses, le toucher a une part beaucoup plus grande que nous le supposons. Tant que nous n’avons pas touché une chose, nous ne la connaissons pas. C’est pour cela que les petits enfants sont des touche-à-tout. La preuve nous en est donnée chaque fois qu’un miracle de la science rend la vue à un aveugle. Ces choses-là arrivent quelquefois, et alors le plus extraordinaire, ce n’est pas que l’aveugle voit, mais c’est que, dans les premiers jours, il ne sait que faire de sa vue.

Un médecin qui a assisté à la guérison d’une paysanne aveugle de dix-sept ans, Despa Christea, à Bucarest, dit : « J’étais présent quand les parents sont venus voir l’enfant après l’opération, et j’ai assisté au spectacle le plus extraordinaire qu’il fût possible de voir. La malade a regardé fixement son père, puis elle a tâté le visage de sa mère pour s’assurer de la forme de sa figure. Elle a regardé leurs vêtements, nommant les couleurs de chaque partie du costume. Elle tenait sa mère par la main, comme si elle avait peur de perdre des yeux un être qu’elle aimait et avec qui elle vivait depuis sa plus tendre enfance et qu’elle voyait pour la première fois…. »

Un autre aveugle guéri subitement, Nicolas Joan, âgé de vingt-cinq ans, avoua n’avoir pu reconnaître ses anciens amis jusqu’au moment où il entendit leurs voix. Du temps où il était aveugle, il s’en allait seul, par les rues, se rendait sans difficulté dans tous les quartiers de la ville. Quand il lui fut possible de se servir de ses yeux, il s’égara d’abord et fut obligé de demander son chemin. Les objets les plus familiers dont il se servait journellement lui paraissaient inconnus. Il voyait bien une forme, une couleur, mais n’imaginait pas que cela représentât telle ou telle chose. On lui présentait une cuiller en lui demandant :

« Voyez-vous cela ?

– Oui.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Attendez. Donnez-le-moi. »

Il fermait les yeux, prenait l’objet, le tâtait, puis aussitôt :

« C’est une cuiller, » disait-il.

Tel est l’homme quand on le replace brusquement dans l’état où il était en venant au monde, ouvrant les yeux pour la première fois devant les mille objets qui l’entourent. La vue lui servira plus tard à les reconnaître de loin, mais il ne les connaît bien pour la première fois que par le toucher.

Donc le toucher a une immense importance. Or, les aveugles conservent ce sens du toucher. Ils l’ont même à un point beaucoup plus affiné que les « clairvoyants ». L’aveugle Saunderson distinguait, en les touchant, les médailles fausses des vraies.

                Quand l’œil du corps s’éteint, l’œil de l’esprit s’allume,

a dit Victor Hugo. C’est exagéré comme toutes les métaphores ; mais ce qui est vrai, c’est que la « vue » des yeux s’éteignant, la « vue » des autres sens s’affine. L’ouïe devient plus sensible, le tact plus délicat, l’odorat plus compréhensif.

*
* *

Ce que les Aveugles Voient dans FONDATEURS - PATRIMOINE Ben_underwoodAinsi s’expliquent les prodiges que réalisent les aveugles et aussi les jouissances qu’ils trouvent encore à la vie. Puisqu’ils ont l’oreille plus exercée, ils apprécient davantage l’harmonie des sons ; puisqu’ils ont l’odorat plus sensible, ils respirent mieux les parfums, comme ils entendent mieux les sons. De là, des sources nombreuses de renseignements et de plaisirs que nous connaissons mal. Voilà pourquoi les aveugles aiment à voyager, à gravir les montagnes, à visiter des villes nouvelles. Au premier abord, il semble que tout pour eux doit se ressembler. La nuit ressemble partout à la nuit. Il n’en est rien.

Comme le dit M. Maurice de la Sizeranne dans son livre : Les aveugles par un aveugle, « le toucher n’est pas localisé dans la main ; il est répandu sur tout le corps. Même à travers le soulier, le pied distingue le genre de sol qu’il foule. Bouchez les oreilles à un aveugle attentif, et il saura très bien s’il marche sur du pavé plat ou pointu (italien, languedocien ou parisien), sur du grès ou sur du bois, sur du macadam ou de l’asphalte, s’il passe sur une plaque d’égout, s’il est sur un sentier battu, dans une terre labourée ou sur un chaume.

« Les odeurs aussi sont bien différentes et bien caractéristiques : la viande fraîche, la pommade, le tabac mouillé, le cuir frais, le poisson, le foin, les plantes pharmaceutiques, les coulis aux truffes, le papier nouvellement imprimé, les fleurs, que sais-je encore ! ont des parfums très divers qui permettent de savoir, sans l’ombre d’un doute, si l’on passe devant un boucher, un coiffeur, un marchand de tabac ou de souliers ; si on longe de grandes halles ou un quartier de cavalerie ; si le soupirail qui vous envoie ses bouffées en pleine figure aère la cave d’un pharmacien ou la savante officine d’un Chevet ; si vous êtes en face de la vendeuse de journaux chantée par Coppée, ou de la bouquetière du coin ».

De cette sorte un aveugle peut se conduire seul dans les rues d’une grande ville.

« A tous les renseignements que donnent le toucher et l’odorat se joignent ceux apportés par l’ouïe : Ici, c’est la cloche d’un couvent, là l’horloge d’une église, d’un hôpital ; ailleurs, un menuisier, un tailleur de pierres, une maison en construction. Tout est remarqué, associé et mis à profit. Tout cela est pour la ville ou le village ; mais, en pleine campagne, la nature prend soin de donner à l’aveugle bien des indications, bien des jouissances qui sont autant de jalons pour sa route. Ici, c’est un mouvement de terrain, une ornière, un passage rocailleux ou sablonneux, une clairière tapissée de gazon, de mousse, d’aiguilles de pin ; là, c’est un bois résineux, un pré, une meule de foin, une touffe de genêts ou de fleurs sauvages ; ailleurs, ce sera les chuchotements d’un ruisseau, le bruit des arbres ou des arbustes. Le lilas et le chêne ne disent pas la même chose lorsque le vent passe ; ils ne frissonnent pas de la même manière en mai et en octobre. Autres sont les oiseaux qu’on entend, lorsqu’on est assis au pied d’un vieil orme, au milieu d’un grand bois ou sur la berge de la rivière qui traverse la prairie…. »

Tout ce que les aveugles devinent, c’est donc par l’ouïe, le toucher et l’odorat. Si ces sens leur manquent ou sont affaiblis, ils ne perçoivent plus rien. Ainsi, en bateau à vapeur ou en wagon, ils ne voient rien : l’odeur de la fumée de charbon, le bruit du train sont de perpétuels matelas entre eux et la nature ; de même, si leur épiderme est momentanément insensibilisé. Un aveugle américain qui est grand négociant, et qui se conduit dans la vie avec une singulière aisance, M. Hendrickson dit : « Une fois ayant été piqué par une abeille, je fus un instant étourdi, vraiment « aveugle », ne pouvant plus rien percevoir, ni distinguer ». Ainsi, pour un aveugle, l’obscurité ce n’est pas l’obscurité : c’est le bruit ou la douleur.

Leur façon de voir est donc de comparer leurs sensations avec les nôtres.

Écoutons un aveugle, M. Guilbeau, décrire une jeune femme qu’il a rencontrée en voyage : « Son regard, il me semblait le sentir quand elle m’interrogeait. Sa voix de méridionale, bien timbrée, avait des sonorités de loriot. Son rire faisait comme une roulade de pinson. La note dominante était l’o, ce qui indique la bonté et la franchise. Avait-elle vingt-cinq ans, avait-elle trente ans ? Je ne saurais le dire. La voix ne donne que des approximations d’âge. »

On comprend maintenant comment une femme aveugle, Mme Galeron de Calonne, poète de grand talent et de grand cœur, a pu écrire sur elle-même, sur ses joies d’aveugle et sur sa vie, ces vers délicieux :

            QU’IMPORTE !

                    A mon mari.

Je ne te vois plus, soleil qui flamboies,
Pourtant des jours gris je sens la pâleur,
J’en ai la tristesse ; il me faut tes joies.
Je ne te vois plus, soleil qui flamboies,
    Mais j’ai ta chaleur.

Je ne la vois pas, la splendeur des roses,
Mais le ciel a fait la part de chacun.
Qu’importe l’éclat ? J’ai l’âme des choses.
Je ne la vois pas, la splendeur des roses,
    Mais j’ai leur parfum.

Je ne le vois pas, ton regard qui m’aime.
Lorsque je le sens sur moi se poser.
Qu’importe ! Un regret serait un blasphème !
Je ne le vois pas, ton regard qui m’aime,
    Mais j’ai ton baiser….

Sentez-vous après ces vers, pourquoi les aveugles semblent gais quand les sourds paraissent généralement tristes ? C’est qu’au moment où l’on parle à un aveugle, on s’adresse au sens qui est éveillé en lui : à ce moment-là, il voit. Au contraire, quand on parle à un sourd, on lui rappelle davantage son infirmité.

*
* *

Comment peut-on rendre ainsi une ombre de bonheur à l’aveugle ? Comment arrive-t-on à d’aussi surprenants résultats ? Tout simplement en se servant des facultés précieuses que nous venons de décrire. Puisque les aveugles ont le toucher très délicat, pourquoi ne les ferait-on pas lire sur des lettres figurées en relief, s’est demandé, en 1784, Valentin Haüy, le frère de l’abbé Haüy, en rencontrant un aveugle intelligent qui en était réduit à mendier son pain. Et il inventa l’impression en relief. Plus tard, en 1829, un aveugle français, Louis Braille, imagina un alphabet conventionnel formé de points, qui porte son nom, et qui, aujourd’hui, est adopté dans le monde entier. Avec six points au plus, diversement placés, on figure toutes les lettres de l’alphabet, toutes les notations musicales.

On écrit, selon ce système, toutes les poésies de Victor Hugo, tout le Parsifal de Wagner. L’aveugle, en promenant ses deux mains sur ces gros livres piqués de points en relief, se met en communication avec la pensée écrite et la musique écrite de toute l’Humanité. Aujourd’hui, la bibliothèque Braille fondée par M. Maurice de la Sizeranne ne compte pas moins de 4000 volumes ainsi écrits en relief.

De même, puisque l’aveugle a l’oreille très exercée, pourquoi ne pas lui apprendre sérieusement la musique ? Le même Valentin Haüy passait, en 1771, dans une foire. Il vit là dix aveugles affublés de robes et de bonnets à oreilles d’ânes et le nez chaussé de grosses lunettes de carton sans verre, placés devant des pupitres, chantant et jouant du violon. Cette indécente parodie indigna Valentin Haüy, et il jura, ce jour-là, d’arriver à transformer cette fiction en une réalité.

En effet, l’Institution des jeunes aveugles fondée par lui, et établie aujourd’hui, 56, boulevard des Invalides, forme, après cent ans de progrès, des musiciens de premier ordre. Là, les aveugles apprennent tout ce qui concerne l’art musical. Il y a des classes d’orgue, de piano, de tous les instruments d’orchestre ; on enseigne aussi la théorie de la musique, fugue et contrepoint. Bien des fois, les jeunes aveugles sortis de cette institution ont remporté les premiers prix du Conservatoire, et, en ce moment, plusieurs des principales églises de Paris possèdent des aveugles comme organistes : M. Marty à Saint-François-Xavier, M. Mahaut à Saint-Vincent de Paul, M. Dantot à Saint-Etienne-du-Mont, M. Vierne, organiste suppléant à Saint-Sulpice. Une jeune fille, Mlle Boulay, professeur aveugle à cette institution, a remporté les premiers prix d’orgue, d’harmonie et de fugue au Conservatoire. Sous l’intelligente direction du chef de cet établissement de l’Etat, M. Émile Martin, l’Institution des jeunes aveugles est parvenue à un haut degré de perfection.

Une fois instruit, l’aveugle peut gagner sa vie par son travail, soit comme musicien, organiste, professeur de musique, accordeur de pianos, soit comme ouvrier, filetier, brossier, rempailleur de chaises. On compte actuellement en France plusieurs centaines d’aveugles qui se suffisent entièrement par leur industrie. On ne rencontre plus ces bandes d’aveugles allant par les chemins, comme ceux que Breughel le Vieux a peints dans la Parabola dei Ciechi, ou comme on en trouve encore au Soudan et à Pékin ; mais on rencontre des aveugles travailleurs autant que des mendiants.

Les métiers que peuvent exercer les aveugles sont relativement nombreux et quelques-uns assez bizarres. Au Japon, tous les aveugles sont masseurs, tous les masseurs sont aveugles, en sorte qu’on demande indifféremment « l’aveugle » ou « le masseur » ! Au Caire, ils récitent le Coran, accroupis devant le lit funèbre des grands personnages.

On cite un aveugle, à Évian, qui est marchand de journaux. Au toucher, il distingue un Intransigeant d’une Libre Parole et une Autorité d’un Temps. Jamais il ne tendrait à un acheteur radical la Gazette de France : cet aveugle, en vérité, distingue les couleurs….

Lorsque les ouvriers ou les artistes aveugles ont quelque loisir, ils s’amusent comme nous, à peu près aux mêmes jeux. Ils jouent aux cartes avec des cartons piqués de points en relief, aux échecs avec des pièces qui s’enfoncent par le pied dans les casiers, afin que les mains puissent se promener sur elles sans les renverser. Ils jouent même aux boules et au billard. Un clairvoyant frappe deux bâtons l’un contre l’autre ou un timbre juste au-dessus de la boule qu’il s’agit d’atteindre et l’aveugle, guidé par le son, projette assez exactement sa bille au but. Mais ce qu’ils préfèrent surtout, dans les écoles d’aveugles, c’est jouer la comédie. A l’institution de Paris, on a vu les jeunes filles aveugles jouer avec beaucoup d’entrain le Menuet de l’impératrice, opéra-comique en un acte et à sept personnages.

images (7)L’aveugle une fois instruit et pourvu d’un métier, il faut trouver un débouché à son travail. C’est dans ce but qu’a été fondée l’Association Valentin Haüy pour le bien des aveugles, dont le président est M. François Coppée, de l’Académie française, et le secrétaire général M. Maurice de la Sizeranne, qui, étant aveugle lui-même, connaît mieux que personne les besoins des aveugles.

Cette association, qui compte déjà 7 000 membres répandus dans toute la France, a pour but de venir en aide aux 40 000 aveugles français, et elle obtient d’excellents résultats. Dans la maison qu’elle occupe, 31, avenue de Breteuil, à Paris, et qui est réellement la Maison des aveugles, il y a un musée de toutes les inventions faites pour l’instruction des aveugles et de tous les objets fabriqués par eux. Il contient 100 appareils à écrire différents et 150 cartes de géographie en relief.

Là est aussi la bibliothèque Braille, alimentée par le zèle de 250 copistes et contenant 4000volumes en points saillants, dont 1 100 environ sont couramment en circulation, non seulement à Paris, mais en province, où 18 dépôts fonctionnent régulièrement pour permettre aux aveugles instruits de toute la France de lire ce qui paraît d’intéressant dans la littérature. Là enfin, on s’occupe de trouver des écoles pour les enfants, du travail pour les adultes, des asiles pour les vieillards. Dans la seule année 1898, l’Association Valentin Haüy s’est occupée de 1 526 aveugles, a entretenu 26 pensionnaires adultes dans les ateliers, aidé de 371 vieillards, obtenu pour les aveugles voyageant pour accorder des pianos 539 permis de chemin de fer, aidé enfin 140 travailleurs, musiciens ou ouvriers dans leur carrière.

Pour que cette Œuvre remplisse complètement son but, qui est d’arracher l’aveugle à la mendicité, il suffira que tous ceux qui ont des yeux pensent quelquefois à ceux qui n’en ont pas !

Terminons par un souvenir historique et par une application à l’heure présente. Un vieux chroniqueur raconte que dans le Paris du moyen âge, où les quinquets étaient rares et point vite allumés, les brouillards subits étaient des calamités publiques. Ils transformaient le jour en nuit. Alors les pensionnaires des Quinze-Vingts, pour qui l’obscurité était « règlement ordinaire », devenaient fort utiles aux « clairvoyants ». Habitués à tous les tours et détours des rues, ils les guidaient à travers la Grand’Ville aussi sûrement qu’en plein jour un clairvoyant guide un aveugle.

Aujourd’hui, le gaz et l’électricité nous épargnent ces étranges secours. Mais, qui sait si, dans le domaine infini de l’intelligence et du cœur, les aveugles ne pourraient pas nous guider encore ? Qui sait si, en observant tout ce que font ces hommes privés de la vue, mais doués de volonté et de persévérance, nous ne pourrions pas apprendre beaucoup, et profiter davantage des forces latentes qui ont été déposées en nous !

consultez l’original : http://www.bmlisieux.com/curiosa/cecite.pdf

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LA LEÇON DE LATIN

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

LA LEÇON DE LATIN dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-Rome_Colosseum_inscription_2Dans l’effort, d’ailleurs agréable, que j’accomplis afin de revoir clairement les images de ma vie d’enfant, je suis amené à faire cette remarque : toutes les périodes pendant lesquelles j’ai été ou bien seul ou bien participant à la vie normale de famille, les champs et la maison de Courance, la maison Colivaut et la petite ville de Beaumont, d’autres circonstances qui viendront plus tard, – et par exemple lorsque j’habitai chez l’abbé Daru à Poitiers, ou à Tours dans la maison contiguë à celle de Mlle Cloque, – je me les rappelle parfaitement et avec les plus minimes détails. Au contraire, toutes les périodes durant lesquelles j’ai été un interne, un numéro au milieu de quarante, soixante ou cinq cents gamins de mon âge, je ne les revois que par tableaux peu nombreux que je pourrais appeler : « le dortoir », « le réfectoire », « la récréation », « la classe », « la promenade ». Dans ces tableaux, il me semble que je ne figure seulement pas. Je n’étais que la partie d’un tout ; le tout me frappait à la fois, comme une grande masse écrasante ; ma personnalité de gosse y souffrait, y était étouffée, anéantie. Ce sont les seules époques de ma vie dont il ne me reste à peu près aucune mémoire de détail.

Ainsi, de ces sombres époques mêmes, je me rappelle, comme des lanternes sous un tunnel, les jours de sortie, chaque période de vacances, les jours d’infirmerie – où l’on était relativement isolé – et jusqu’à toutes les heures consacrées à l’étude du piano ou à la répétition d’allemand, que je passais, seul, ou dans une pièce avec un professeur.

Le reste du temps, pendant cinq années, j’ai vécu de la vie collective qui m’est tellement contraire, probablement, que je m’y ferme, m’y enclos, m’y endors comme une marmotte. Peu importait que l’on m’appelât par mon nom, me fît lever, réciter ma leçon, aller au tableau noir : je récitais ma leçon, j’allais au tableau ; j’étais plongé dans un mauvais rêve. Jamais je ne parvins à m’intéresser à quoi que ce fût.

Mon pauvre père, peu ouvert à l’intelligence d’un tel cas, me voyant si terne et si démoralisé, ne manqua pas de consulter un médecin, lequel ne manqua pas de commettre sur mon cas la plus lourde erreur. J’étais fatigué, prononça l’homme de science, par la multiplicité des sujets d’étude auxquels ma vie à la campagne m’avait trop peu préparé. On en conclut qu’il était prudent de remettre les études de latin, que l’on avait hésité à me faire entreprendre avant qu’on eût tâté mes forces, et qui, en s’ajoutant aux autres matières enseignées, constitueraient pour moi ce qu’on nommait déjà le surmenage.

J’eus un tel déplaisir de cette mesure que je tombai sérieusement malade. Ce n’était pas que j’eusse pour le latin un amour, mais voici quel était l’humble secret de mon désappointement. Je savais que les élèves admis à aller prendre des leçons de latin chez l’abbé Daru y étaient conduits tantôt par un bonhomme surnommé Mac-Mahon, tantôt par une vieille femme que l’on appelait la mère Guette. Mac-Mahon était incorruptible, l’on ne pouvait obtenir de lui aucune complaisance ; c’était entendu ; mais la mère Guette, moyennant finance, procurait quelques friandises et notamment – c’était ainsi – de la moutarde de Dijon, extrêmement prisée parce qu’elle aidait à avaler les mets insipides et en particulier les îlots de veau errant dans la sauce gluante.

Mon père fit le voyage de Poitiers pour venir me voir à l’infirmerie, et même, comme j’étais malade d’une façon inquiétante, il vint avec sa seconde femme, ma belle-mère, qui, n’ayant pas encore elle-même d’enfants, était très gentille pour moi. La vue d’une femme, et jeune, en ma prison, me produisit un effet extraordinaire. Je n’espérais pas revoir jamais de ces images qui mettent au milieu de la triste humanité comme un sourire. Ils eurent une conférence avec le médecin qui hochait la tête de façon peu encourageante ; et j’avais, très nette, l’assurance que ni les uns ni les autres n’entendaient rien à mon état. Ils parlaient de « stimulants », « d’exercice », de « grand air », etc. ; et moi je leur disais : « Je m’ennuie et je veux prendre des leçons de latin. »

« Je m’ennuie » était une expression vague et qui résumait tout ce que je ne comprenais qu’à demi. Cela voulait dire : « Il m’est insupportable de n’être qu’un numéro dans une maison dépourvue d’herbe, de fleurs et ne serait-ce que d’une niche où je puisse, comme un chien, me retirer – mais tout seul – pour penser à mes petites affaires. » Prendre des leçons de latin, cela voulait dire « j’aurai », mais surtout « je me procurerai » de la moutarde, par mes moyens personnels et en usant de ma particulière industrie. Grâce à un effort individuel, sans doute j’aurai moins de dégoût à manger le veau poisseux, mais je me sentirai un petit bonhomme vivant de sa vie propre au milieu de ce troupeau. Nul instinct naturel de rébellion, chez moi, mais possibilité très caractérisée de révolte pour peu qu’on portât atteinte à des inclinations particulières qui m’apparaissaient intransigeantes.

Je crois que j’effrayai ou bien apitoyai mon père par une détermination aussi prononcée. J’étais tellement déprimé qu’il me promit ce que je lui demandais, et il fut convenu avec le Frère Directeur qu’aussitôt rétabli j’irais aux leçons de latin. Alors je calculai si j’aurais assez d’argent pour acheter un pot de moutarde.

Mon bonheur fut si grand que je fus promptement debout, et, dès que je pus sortir, j’accompagnai ceux de mes camarades qui « séchaient » une classe ou deux pour se rendre chez l’abbé Daru.

Hors des portes du pensionnat, avec une douzaine d’élèves seulement et Mac-Mahon, – hélas ! ce n’était pas, ce jour-là, la mère Guette ! – sentiment de libération et de triomphe. Je me demande encore aujourd’hui comment ma joie put être aussi grande ; elle était invraisemblable.

J’étais dans la rue ! Nous ne marchions pas en rang ; nous étions comme des enfants ordinaires accompagnés seulement d’un vieux bonhomme en pantalon pareil à celui de n’importe qui ! Notre groupe n’était pas assez nombreux pour que je fusse confondu, perdu, réduit à l’état neutre ! Je ne contenais ni mon bavardage ni mes cris ; j’étais guéri – même sans moutarde ; mes camarades ne me reconnaissaient pas. L’un d’eux me dit : « Oh ! toi, tu n’es « empoté » que quand tu le veux bien ! »

On descendait la rue d’Orléans, puis, tout au bas, proche d’un vieux temple romain, on tournait à droite dans la rue Sainte-Croix, en passant devant une église. Il y avait des églises, des chapelles et des couvents un peu partout. A l’extrémité de cette petite rue bordée de hauts murs s’offrait en saillie une maison modeste, à un seul étage, et couverte en vieilles briques hémicylindriques, à la mode du Poitou. C’était là qu’habitait l’abbé Daru, l’aumônier du couvent dont nous avions longé les murs d’une altitude propre à garantir les recluses contre les enlèvements les plus romanesques.

On entrait chez l’abbé par le jardin.

293px-Pompeji_vesuvUn jardin ! Je voyais, je foulais du pied un jardin ! Cet enclos me parut et m’est demeuré dans la mémoire comme l’image du Paradis retrouvé. Point de cours de « récréation » ici ! Un jardin avec des plates-bandes, des arbres, des allées désignées par des cordons de buis, des salades sous la paille, une tonnelle en treillage, où s’entrelaçaient des tiges de clématite desséchée ! Toute cette merveille était en tenue d’hiver ; oui, pardieu ! mais je savais ce que c’était que des arbres dépouillés, que des choux gelés et que des légumes qu’on abrite sous des carrés de briques ou des bourrées de bruyère. N’y avait-il pas une serre où l’on apercevait des boutures ! J’aimais l’abbé Daru avant de l’avoir vu : je plaignais tous les enfants qui ne prennent pas de leçons de latin. Et, de la porte d’entrée à celle qui nous introduisait dans la classe, je me remémorai les paroles que m’adressait autrefois le bon curé de Beaumont sur cette langue ancienne et vénérable, que n’était pas seulement celle de l’Eglise, celle de la prière, mais celle de la Beauté, de l’Intelligence et de la Sagesse. Je superposais le jardin fleuri, feuillu, sauvage et si charmant du curé de Beaumont et sa balustrade sur la Creuse, au jardin rigide, glacé, géométrique et contenu par des murs gigantesques, de l’abbé Daru. Mais qu’est-ce que ce fut, quand je vis l’abbé Daru lui-même ! 

Il nous attendait dans une petite salle basse, en demi-sous-sol, où l’on accédait par cinq ou six marches. Il était debout, lisant son bréviaire ; il était rasé de frais, maigre et grand, soigneusement peigné ; d’une propreté méticuleuse ; portait des lunettes, et j’admirai les boucles d’argent, brillantes, de sa chaussure. Il portait aussi en lui je ne sais quel esprit d’ordre, de précision et d’application qui m’influencèrent pour toujours. Cet homme-là savait ce qu’il avait à faire et il le faisait bien. Aucun doute, sur quoi que ce soit, ne se logeait dans sa cervelle équilibrée. Il me baisa sur le front, en m’y faisant du doigt un petit signe, une croix probablement. Je me croyais marqué, et cela seul me parut répréhensible ; mais je pouvais bien lui pardonner cela en faveur de ce qui en lui me plaisait. D’ailleurs j’étais déjà assis à une longue table noire, d’où l’on voyait le jardin, et la leçon commencée. L’abbé, exhaussé légèrement par une petite estrade, était à l’autre bout, appuyé à une table à part. Il ne me laissa guère le temps de contempler la nature, car il m’interrogeait constamment. Mais mes déclinaisons, mes pronoms, mes adjectifs, mes verbes, je savais tout ça : le curé de chez moi, avec sa poésie et son amour de tout, m’avait inculqué ces choses en me charmant et sans que j’y prisse seulement garde. L’abbé Daru me fit avancer vers lui de trois rangs : j’étais plus fort que la moitié de mes camarades. Il me dit :

– Mercredi prochain, vous commencerez le grec.

Le grec ! Ah ! par exemple, j’en oubliai la moutarde qui, pourtant, était la cause très innocente de mon bonheur.

L’avenir des enfants, on est tenté de dire qu’il dépend d’un hasard ; en réalité, il dépend d’une certaine marque d’attention particulière, de quelque satisfaction donnée, qui varie avec les individus, et principalement d’un ascendant qu’on ne saurait définir, qui ne se rencontre, lui, que par hasard, et qui fait miracle s’il se trouve chez celui qui doit former un petit homme.


Extrait de La Touraine. de René BOYLESVE,  Tardiveau, dit René (1867-1926) :  Paris : Emile-Paul, 1926.- 112 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm. Saisie du texte et
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex Diffusion libre et gratuite (freeware)

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La fête des Morts

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

 220px-Wszystkich_swietych_cmentarzLe 2 novembre : sous un ciel généralement gris qui annonce le début de l’Hiver, les allées des cimetières balayées par les vents se remplissent de vivants et les tombes se couvrent de chrysanthèmes… Si toutes les religions ont un rapport particulier à la mort, la croyance chrétienne en l’immortalité de l’âme et en la communion des saints fut en son temps une véritable révolution spirituelle. Ce jour est l’occasion de revenir sur ces notions clefs du Christianisme et sur cet office des morts qui plonge ses racines dans le Haut Moyen-âge.

Le principe de la communion des saints

Célébrée le 2 novembre, la fête des défunts s’enchaine avec la fête de Toussaint qui a lieu la vieille. La fête de Toussaint célèbre tous les saints chrétiens, dont l’Église a eu connaissance ou non, les cite en exemple pour l’ensemble des fidèles et revient sur le principe d’intercession dans le cadre de la communion des saints. Lors de la fête des Morts, l’Église revient sur ce principe de communion des saints de façon beaucoup plus générale. La communion des saints est la réunion de tous les baptisés en Christ, vivants ou morts, dans le cadre d’une vaste communauté solidaire passant outre les bornes de l’espace et du temps. Pour les Catholiques, les défunts qui ont déjà rejoint le Royaume de Dieu (comme les saints fêtés la veille) peuvent directement intervenir pour aider les vivants en intercédant pour eux auprès de Dieu. Mais pour les Catholiques la solidarité va aussi dans l’autre sens, des vivants vers les défunts.

En effet, certains défunts ne peuvent accéder directement au Royaume de Dieu et doivent d’abord passer par une mystérieuse étape de purification que l’on appelle le purgatoire. Le purgatoire fut longtemps fantasmé, notamment au Moyen-âge et durant la Renaissance. Certains Papes peu scrupuleux sont allés jusqu’à vendre des indulgences aux vivants pour raccourcir leur temps (ou le temps d’un proche défunt) au purgatoire. Cette aberration entraina, entre autres, les récriminations du moine Luther qui, faute d’être entendu, créa un schisme dans l’Église et donna naissance au

Protestantisme. Aujourd’hui le purgatoire est bien considéré comme un état, et non un lieu, un processus de purification où le défunt peut être soutenu par les vivants qui prient pour lui. Le principe de communion des saints est très étroitement lié à l’image du corps du Christ formé par l’Église des baptisés de tous les temps. La fête des défunts n’est donc pas une fête macabre, il s’agit de rappeler la continuité du peuple des baptisés par delà le décès, le maintien de l’unité et des liens de solidarité entre ceux qui ne sont que nés sur Terre et ceux qui sont déjà nés au Ciel.

L’Histoire d’une fête

La fête des Morts dans HUMEUR DES ANCETRES 220px-Catrinas_2Croyant à l’immortalité de l’âme les Chrétiens ont toujours prié leurs morts, mais certains jours leur furent consacrés plus particulièrement. On a souvent tendance à parler de christianisation de fêtes païennes plus anciennes, comme Samain, mais la chose est plus que discutable. En effet, il est indéniable que la fête des Morts succède à d’autres fêtes plus anciennes dédiées aux trépassés. D’ailleurs, toutes les cultures et toutes les religions ont généralement une ou des célébrations liées à cette interrogation universelle et à cette fatalité qu’est la mort.

Toutefois, certaines de ces célébrations, notamment dans le monde romain, servent avant tout à se protéger des morts dont on craint le retour. On leur fait des offrandes, on effectue des rites, avant tout pour qu’ils restent bien à leur place… Le monde des morts, les Limbes, est vu comme sans espoirs (chose qui change doucement avec l’arrivée des cultes à mystères). Le rapport des premiers Chrétiens à la mort est tout autre, ils ne considèrent la mort que comme un passage vers le Royaume de Dieu et croient qu’une solidarité peut être entretenue entre morts et vivants. La logique devient tout autre, il n’est plus question de satisfaire les morts, mais tout simplement de continuer à vivre avec eux. Ainsi, il semble plus correct de dire que la fête chrétienne des défunts succède aux fêtes païennes, plutôt que de dire qu’elle en hérite. La concordance des dates est une évidence symbolique, puisque dans beaucoup de culture l’entrée dans l’hiver est liée à l’entrée dans la mort.

Si les défunts font partie des prières quotidiennes des Chrétiens, ils font très tôt l’objet d’une messe particulière. Déjà en 820 Amalaire, abbé de Metz, évoque l’existence d’un office spécifiquement dédié aux morts. En 998, l’abbé de Cluny Saint Odilon impose à tous ses monastères la date du 2 novembre, au lendemain de la fête de Toussaint qui fait appel à la même notion de communion des saints. Dans la foulée le Pape Léon IX (1049 – 1054) approuve cette date qui devient récurrente dans le monde Chrétien. Tant est si bien qu’au XIIIe siècle le 2 novembre devient officiellement le jour de la fête des morts dans toute la Chrétienté (du moins celle dépendant de Rome, les Arméniens par exemple célèbrent leurs morts à Pâques).

De nos jours en France, le jour de la fête des Morts (ou par défaut le jour de Toussaint, qui est férié) les croyants ont coutume de se rendre sur les tombes des proches pour les fleurir. Au Mexique la fête prend une ampleur particulière, mais sous forme d’un syncrétisme où les Mexicains perpétuent de vieilles traditions précolombiennes consistant à apporter des offrandes aux morts.

source : http://www.histoire-pour-tous.fr/

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Aux origines de la Saint Valentin

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

Carte de Saint-Valentin, vers 1910.Le 14 février est fêté comme étant le jour des amoureux. Alors qu’il est devenu coutume d’offrir quelques attentions particulières à sa moitié, on peut légitimement se poser la question du choix de cette date et du lien avec Saint Valentin. D’ailleurs que sait-on de ce saint que l’Église a remplacé dans son calendrier par Saint Cyrille et Saint Méthode à la fin des années soixante ? Voici quelques éléments de réponse.

 Saint Valentin de Terni

Le 14 février, plusieurs Valentin béatifiés sont célébrés. Toutefois Saint Valentin de Terni est celui le plus généralement assimilé à la fête des amoureux. Selon le Martyrologue romain, Saint Valentin de Terni était un prêtre thaumaturge qui vivait sous le règne de l’empereur romain Claude II, dit le Gothique. En 269, Saint Valentin aurait été arrêté, flagellé, emprisonné puis décapité sur la voie Flaminienne à Rome par ordre de Placide, préfet de Terni. Trois chrétiens (Saints Procule, Éphèbe et Apollône) venus prier de nuit auprès de son corps furent également exécutés. D’autres disciples de Saint Valentin auraient été victimes des persécutions antichrétiennes comme Saint-Craton, dit « l’Athénien », un professeur de rhétorique baptisé par Saint Valentin qui fut exécuté avec sa famille à Rome.

Quand le Christianisme ne fut plus persécuté et devint religion d’état le culte de Saint Valentin se répandit, notamment en Bavière. En effet, des reliques furent apportées à Mais, puis à Passau en 764. Le Saint patron y est là-bas représenté avec un enfant infirme couché à ses pieds rappelant que le saint fut thaumaturge. Il est d’ailleurs invoqué pour la guérison des épileptiques. Mais outre ses talents de guérisseur, Saint Valentin est également le patron des apiculteurs et des fiancés.

La fête des amoureux

Le lien entre Saint Valentin et les amoureux n’est pas tout à fait éclairci et plusieurs hypothèses sont avancées et se complètent.

On a parfois fait remarquer que Saint Valentin patron des amoureux avait été le fer de lance de l’Église, et plus particulièrement du Pape Gelase Ier (vers 498) pour contrecarrer la fête païenne des Lupercales. Durant cette fête en l’honneur de Faunus un bouc était sacrifié dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin), puis les prêtres de Faunus enivrés couraient dans les rues avec des lambeaux de peau de chèvre avec lesquels ils touchaient les passants. Pour une jeune femme, être touchée devait assurer une meilleure fertilité et faciliter l’accouchement. Toutefois, et même si la fête païenne fut progressivement éclipsée par la fête chrétienne, la fête de la Saint Valentin ne semble pas avoir était consacrée aux couples à cette époque ce qui contredit l’idée d’une fête antipaïenne faite sur mesure.

220px-St-Valentine-Kneeling-In-SupplicationEn effet, le lien entre Saint Valentin et l’amour courtois ne semble faire son apparition qu’au Moyen-âge, vers le XIVe siècle, alors que l’on considérait que le 14 février (date certainement fixée au Vème siècle), correspondait à la période où les oiseaux commencent à s’apparier : la fête du saint correspondait donc à une période naturelle de mise en couple. En référence à cette vision naturaliste et poétique de l’amour, les jeunes gens s’échangeaient alors des billets en s’appelant mutuellement leur Valentin(e). Cette tradition principalement anglo-saxonne se diffuse sur le continent par des poètes comme Othon de Grandson.

Dans un même temps naissent diverses légendes autour de Saint Valentin qui rapprochent le Saint des jeunes amoureux : ainsi raconte-t-on qu’il fut arrêté parce qu’il célébrait des mariages alors que Claude II les avait interdits à ses soldats. On raconte également qu’il rendit la vue à la fille de son geôlier qui venait le visiter quotidiennement pour qu’il lui décrivît le monde : avant d’être décapité, le saint lui aurait fait parvenir un billet signé « Ton Valentin ». La ferveur nouvelle des amoureux envers Saint Valentin aurait entrainé l’officialisation de ce patronage par l’Église à la fin du XIVe siècle sous le Pape Alexandre IV.

Au XIXe et au XXe la Saint Valentin se popularise crescendo avec l’envoi de cartes entre amis et entre amoureux, puis presque exclusivement entre ces derniers. Toutefois, en 1969, l’Église catholique retira de son calendrier la fête des saints considérés comme légendaires : Saint Valentin, dont l’histoire restait obscure, fit partie du lot. C’est ainsi que contrairement à ce qu’annonce peut-être votre calendrier le 14 février est devenu la fête de Saints Cyrille et Méthode (deux frères qui évangélisèrent les Slaves au IXe siècle) ! Cela n’empêche pas que Saint Valentin de Terni reste célébré ce jour-là dans quelques paroisses et fait partie intégrante de la culture occidentale chrétienne.

Source :

- Martyrologue romain de l’Église catholique

- BAUDOIN Jacques, Grand livre des saints. Culte et iconographie en Occident, Créer, 2006.

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Château de l’Ours à Montluçon

Posté par francesca7 le 4 février 2014

 

 

Le chevet de l'égliseAu temps des premières croisades – l’Histoire ne précise pas la date – la vieille cité de Montluçon était gouvernée par Archambaud, comte de Montluçon, qui, comme beaucoup d’autres paladins, s’en alla combattre en Palestine, où il succomba. En partant pour la Terre Sainte, Archambaud avait laissé au Château de Montluçon, sous la garde de son écuyer Raimbaud, qu’il croyait fidèle, sa femme Ermengarde et ses enfants. Odile de Montluçon, charmante blonde de seize ans en était l’aînée.

Tant qu’Ermengarde vécut, Raimbaud dissimula ses noirs desseins. Mais la veuve d’Archambaud mourut et dans la nuit qui suivit son trépas, l’écuyer indigne ne craignit pas de satisfaire, par la violence, la brutale passion qu’il avait pour Odile. Afin de cacher son forfait, Raimbaud fit boire un narcotique à sa victime, l’enferma dans un cercueil et simula des obsèques.

Peu de temps après, par une nuit noire, il enferma Odile, en compagnie d’une vieille servante, dans le sauvage château des sires de Lignerolles, dont il voulait en faire son tombeau et où elle mit au monde un fils. L’enfant, élevé au milieu des bois, grandissait et errait souvent sur les rochers d’alentour, vêtu d’une peau de fauve, effrayant par sa vue les pâtres du voisinage, qui baptisèrent alors le manoir du nom de Château de l’Ours.

Un jour, sur les bords du Cher, il fit la rencontre d’un vieil anachorète habitant l’ermitage de Ste-Radegonde, auquel il conta les souffrances et la triste odyssée de sa mère. L’ermite, un ancien preux qui avait porté la colichemarde et la cotte de mailles, en informa quelques seigneurs voisins, vassaux de celui de Montluçon, les conduisit au Château de l’Ours et, tous ensemble, s’emparèrent de Raimbaud, au moment où celui-ci venait une fois de plus torturer ses victimes. Le crime de l’écuyer traître et félon, ayant été dévoilé aux habitants de la cité, on le pendit, haut et court, aux créneaux du château de Montluçon.

Odile, ramenée dans la demeure seigneuriale, se retira ensuite dans un couvent de la ville, où elle finit ses jours. Quant à son fils, il s’illustra plus tard en Palestine sous le nom de chevalier Sarrazin.

Telle est la tragédie dont furent témoins les quelques murs qui subsistent encore. Pour l’édification des touristes, promeneurs ou pêcheurs qui hanteront encore ces parages, nous avons tenu à rappeler la légende qui flotte autour de ces ruines archéologiques.

La ruine du château de l’Ours s’élève dans la vallée du Cher, à 9 Km au Sud de Montluçon; et dans un site sauvage aux confins des communes de Sainte-Thérence et de Saint-Genest, à l’extrémité d’une arrête rocheuse étroite, au confluent du Che! et de son affluent le ruisseau de l’Ours. Malgré les efforts des historiens, le passé du château de l’Ours est mal connu…

 

Son nom même a donné lieu à des tentatives d’explication qui, en l’état de nos connaissances, sont autant d’hypothèses. L’Ours pourrait être le nom de la première famille noble qui occupa le château mais on ne sait rien d’elle. Montusés fait remonter le mot à Orcus, autre nom de Pluton, roi des enfers et dieu des morts, et le mot désignerait par extension un lieu sauvage. Selon le docteur Piquand, un ours pyrénéen aurait pu être amené par un membre de la colonie maure rescapée de la bataille de Poitiers (732) et installé dans la vallée de ruisseau de l’Ours, non loin du château, où elle teignait la laine, de la légende .

 La légende ne s’est pas privée d’inventer d’autres explications, toute fantaisistes: le nom proviendrait de l’ours diabolique dompté par Sainte Thérence ou de la peau d’ours dont était vêtue la pitoyable Odile de Montluçon emprisonné dans le donjon.

 

L’explication la plus simple et la plus vraisemblable sans doute est d’ordre étymologique : l’Ours ou Lource, Lource dériverait de la racine préceltique OURS OURCE qui désignait l’eau tumultueuse: le château aurait tout simplement pris le nom du ruisseau de l’Ours qu’il surplombe. L’occupation première du site pourrait remonter à la naissance de la féodalité, aux IXe -Xe siécles, époque à laquelle certains individus ont subjugué les populations locales par leur puissance relative et cherché à asseoir leur sécurité en des lieux naturellement protégés.

Le donjon datant du début du XIIIe siècle, il est toutefois plus vraisemblable de penser que c’est à cette époque que le site fut fortifié dans le cadre d’une politique défensive du Bourbonnais menée par Philippe Auguste et son fidèle vassal Guy de Dampierre contre la menace anglaise venue d’Aquitaine (les anglais ont occupés Montluçon de 1170 à 1188). En récompense de ses loyaux services, Guy de Dampierre reçut alors la châtellenie de Montluçon en augmentation de fief et étendit ses terres vers l’ouest; il lui fallait des défenses solides dans la région de Marcillat, zone limite avec l’Aquitaine; il fit donc construire vers 1210 sans doute le château de l’Ours et celui de Ronnet, places fortes d’un ensemble fortifié s’étendant de Montaigut-en-Combraille à Nouhant.

Toutefois la situation du château de l’Ours au fond d’une vallée étroite difficile à franchir à cet endroit n’étant guère stratégique, on peut imaginer que la forteresse fut construite par le sire de Bourbon à la demande des moines de Menat et pour leur protection; ils étaient en effet établis en aval, à Saint-Genest-Vieux-Bourg, à Polier et à Lavault-Sainte-Anne: le fond de la vallée conduisait tout droit à leurs prieurés.

260px-Le_chateau_de_l'ours_au_début_du_XX_siècleLE SITE / Protégé naturellement par d’impressionnants à-pics du côté des vallées du Cher et du Ruisseau de l’Ours, ce site de confluence ne l’était pas au sud, du coté de l’unique accès possible par l’arrête rocheuse sur laquelle le château fût construit; un ensellement profond, creusé de main d’homme dans le rocher, permit de renforcer ce point faible en même temps qu’il procurait la pierre nécessaire à l’édification de la forteresse: le château de l’Ours est construit sur un éperon barré.

Les gravures du XIXè siècle et les photographies prises au début du XXè montrent les abords du château complètement dénudés. Les troupeaux de bovins, de chèvres et de moutons qui paissaient sur les communaux des Côtes empêchaient alors la repousse de la végétation.

Sauvage et pittoresque le site fut classé en 1941, surtout à cause de l’originalité de sa  végétation : le buis, qui aime le sol calcaire, y prolifère sur le sol granitique.

 Le donjon / II est le vestige essentiel de cet ensemble fortifié. On en remarque la maçonnerie soignée, les rares ouvertures aux jambages et linteaux taillés, les chaînages de pierres équarries séparant les trois niveaux de la tour, qui mesure aujourd’hui 19 mètres de haut et 9,50 m de diamètre à la base.

Une ouverture pratiquée dans la muraille au sud, après l’abandon du château, permet d’entrer dans la salle du rez de chaussée (diamètre: 2.55m), d’apprécier l’épaisseur de la muraille (3.40m) et de constater que l’accès à cette salle se faisait uniquement par l’oculus percé 7 m plus haut au centre de la voûte en forme de goulot de bouteille (diamètre: 0.47).

Cette salle était la cave, le magasin à vivre du château et non, comme on l’imagine souvent, une oubliette abondamment évoquée dans les légendes. Elle servit pourtant de prison au moins une fois, en 1422, lorsque Guillaume du Betz, à la fois seigneur brigand de l’Ours et capitaine gouverneur de la justice de la ville de Montferrand, se vengea de ses administrés qui l’avaient mis à la porte en y enfermant deux otages.

D’un diamètre intérieur de 3.26 m la salle circulaire du premier étage n’est éclairée que par deux couloirs rayonnants la reliant à travers la muraille aux deux seules grandes ouvertures du donjon dominant le Ruisseau de l’Ours; celle de l’Est était agrémentée d’une bretèche en planches reposant sur les deux pierres apparentes en saillie et servait de latrines ; seule entrée possible, l’ouverture nord était accessible par une rampe fixe en bois prenant appui sur le sol et reposant sur le pilier, continuée jusqu’à la porte d’entrée, par une passerelle amovible, conformément au principe des donjons romans .

Par un escalier à vis construit dans l’épaisseur de la muraille et éclairé par deux petites ouvertures, on accédait du premier au second étage, quasiment borgne, circulaire lui aussi à l’origine, transformé plus tard en salle rectangulaire de 3 mètres sur 4, pourvue d’une _cheminée. LBIERJEON (exemple ancien doryon)

La hauteur de la tour jadis était de 24mètres, quand elle était coiffée de hourds en bois débordant du donjon. Au haut de la muraille on voit les trous où prenaient appuis les jambes de force qui soutenaient la courtine couverte de tuiles, poste d’observation idéal, moyen de défense vertical aussi.

Les propriétaires du château de l’Ours

Le château de l’Ours appartint dès le XIIIe siècle à la famille noble de la Voreille (Mazirat), puis passa par mariage en 1350 à la famille du Betz, propriétaire d’une seigneurie dont le siége primitif se tenait en face, sur Saint-Genest, entre Pégut et Rillat. Il passa à la couronne avec le rattachement du Bourbonnais à la France (1531).

Le château a pu être occupé jusqu’au XVIIe siècle au plus tard; il fut sans doute rarement, sinon jamais, résidence seigneuriale. Bastion défensif de la châtellenie de Montluçon, il abrita le plus souvent une garnison, une cinquantaine d’hommes d’armes au plus.

Le château de l’Ours est aujourd’hui propriété de la commune de Sainte Thérence, qui se soucie de la sauvegarde de ce bel exemple d’architecture militaire inscrit au « Monuments Historiques» (1995) d’une conception déjà archaïque d’une cinquantaine d’années quand il fut construit, au début du XIue siècle.

Après avoir mis la ruine hors d’eau en 1993 en faisant couler au sommet du donjon une dalle de béton, tâche délicate confiée à des alpinistes en bâtiment, le béton étant apporté par hélicoptère, la commune de Sainte-Thérence a fait réaménager en 1996 le chemin d’accès à cet imposant vestige historique.

Les légendes

Château de l’Ours à Montluçon dans CHATEAUX DE FRANCE 1-3Une telle forteresse rumée se dressant en un site aussi sauvage devait solliciter l’imagination et engendrer des légendes, recueillies par le docteur Piquand.

- On raconte que le château fut construit en peu de temps par le maure I1dérim (alias le malin) pour le compte de Humbaud, moitié seigneur moitié brigand qui lui avait vendu son âme et qui, ayant assassiné son diabolique ami, le rejoignit accidentellement dans l’immense cave qui occupe tout le rocher, dit-on; sa descendance en fut maudite et la foudre détruisit le château.

- Eprise de son cousin Rodolphe, Emma d’Artonne avait dû épouser le sire de Lignerolles qui tue Emma et jette son amant dans les oubliettes du château de l’Ours. Depuis, dit on, la fantôme implacable du sire erre désespérément dans lesruines.

- La pure Odile, fille d’Archambaud de Montluçon parti en Terre Sainte, est l’héroïne d’une légende à peu près semblable, et d’une autre au dénouement moins tragique: elle subit les outrages de Rambaud, homme de confiance de son père absent; Rambaud l’enferme dans le château de l’Ours où elle enfanta un fils; vêtue seulement d’une peau d’ours, elle survécut à une longue et dure captivité et Rambaud fut pendu à Montluçon.

SOURCE : ASSOCIATION Combraille Environnement 03420 Marcillat Mise à jour par la Commnnauté de Communes du Pays de Marcillat en Combraille, décembre 2006                                                                                             

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Bourg en Bresse et Bourgogne

Posté par francesca7 le 4 février 2014

 

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De cette plantureuse région d’élevage de la Bresse, le bourg est la capital historique dont la production de volaille blanche assure le renom des marchées de la place. Les jours de foire aux bestiaux ou de marché, la cité, envahie par la foule paysanne est très animée. La ville est aussi le grand centre de fabrication des meubles – rustique bressan – exécutés en bois d’arbres fruitiers – loupe de noyer, merisier, cerisier, poirier – outre le frêne. Vivante, on peut dire que Bourg l’est. Ce sont pourtant des tombeaux qui font l’essentiel de sa renommée ; une œuvre flamboyante où se grave une belle histoire. 

Les gens, soit 55 784 Burgiens : des Bressans plus vraiment Bourguignons mais pas encore Savoyards. Edgar Quinet est né à Bourg en 1803 ; historien et homme politique, il fut un proche de Michelet. Démocrate et anticlérical, il fut l’un des premiers à investir les Tuileries en 1848. Comme Hugo (qui prononcera un discours mémorable à ses funérailles, en 1875), il dut s’exiler après le coup d’Etat de « Napoléon le Petit ». 

Le traité de Lyon, signé en 1601, contraint le duc à échanger la Bresse, le Bugey, le Valmorey et le pays de Gex contre le marquisat de Saluces, dernier vestige des possessions françaises en Italie. Bourg entre alors dans l’histoire de France.

 

Bourg en Bresse et Bourgogne dans BourgognePour comprendre l’histoire de Bourg en Bresse : des Traités et un vœu.

D’un seigneur à l’autre – la lignée des seigneurs du pays s’éteint au 13ème siècle. L’héritage revient aux puissants voisins, les ducs de Savoie, qui forment la province de Bresse. Bourg en deviendra plus tard la capitale. En 1536, lors de la 8ème guerre d’Italie, le duc refuse la traversée de ses domaines à François 1er qui veut envahir le Milanais. Le roi passe outre et pour mieux assurer ses communications, met la main sur la Bresse, la Savoie, le Piémont. Le traité de Cateau-Cambrésis met un terme à la 2ème guerre (1559) obligeant Henri II à restituer ces conquêtes au duc Emmanuel Philibert. En 1600, au cours de la guerre franco-savoyarde, Bourg résiste à Henri IV mais celui-ci finit par envahir le duché. 

D’une dame à l’autre – En 1480, Philippe, comte de Bresse, plus tard duc de Savoie, a un accident de chasse. Sa femme, Marguerite de Bourbon, la grand-mère de François 1er, fait vœu, s’il guérit, de transformer en monastère l’humble prieuré de Brou. Le comte rétabli, Marguerite meurt sans avoir pu accomplir sa promesse. Elle en laisse le soin à son mari et à leur fils Philibert le Beau. Mais, passé le péril, on oublie la promesse. Vingt années s’écoulent. Philibert, qui a épousé Marguerite d’Autriche en 1501, meurt inopinément. Sa veuve y voit un châtiment céleste. Pour que l’âme de son mari repose en paix, elle va se hâter de réaliser le vœu de Marguerite de Bourbon, d’autant plus volontiers que cela doit lui permettre d’affirmer sa propre souveraineté et de rivaliser en prestige avec sa belle-sœur Louise de Savoie, bientôt régente de France. Les travaux commencent à Brou, en 1506 par les bâtiments du monastère. L’église du prieuré est ensuite abattue pour faire place à un édifice qui servira d’écrin aux trois tombeaux où reposeront Philibert, sa femme et sa mère. Marguerite meurt deux ans avant la consécration, sans avoir jamais vu son église autrement que sur plans.

Plus chanceuse que sa fondatrice, l’église de Brou traverse les guerres de Religion et la Révolution sans dommage irréparable. Le couvent est successivement transformé en étable à porcs, en prison, en caserne, en refuge pour mendiants, en asile de fous. Il devient séminaire en 1823 et abrite aujourd’hui le musée. Depuis quatre siècles, Brou est d’abord un symbole de l’amour conjugal.

 

220px-Eglise_de_Brou4_marguerite_d%27autriche dans VILLAGES de FRANCEL’INFORTUNEE PRINCESSE  sur le dais du tombeau de Marguerite d’Autriche est gravée sa devise :

« Fortune infortune fort une », que l’on peut traduire par « Fortune (le destin) infortune (accable, persécute) fort (durement) une (une femme) ». Rappelons brièvement cette douloureuse destinée. Fille de l’empereur et petite fille de Charles le Téméraire, elle a perdu sa mère (Marie de Bourgogne) à l’âge de 2 ans. L’année suivante, elle est élevée à la cour de Louis XI et on l’unit, par la cérémonie religieuse du mariage, au dauphin Charles, encore enfant. La Franche Comté constitue a dot de la fillette. Le mariage blanc annulé Marguerite épouse à 17 ans, l’infant d’Espagne. Elle perd son mari après quelques mois d’union, met au monde un enfant mort-né. Quatre ans plus tard, son père Maximilien lui fait épouser en troisième noce Philibert de Savoie, jeune homme de son âge, volage et futile mais qui respecte sa femme : « intelligente pour deux », et la laisse pratiquement gouverner à sa place. Après trois années passées auprès de son « beau duc » le destin porte un nouveau coup à Marguerite : Philibert est emporté par un refroidissement pris à la chasse. Veuve pour la seconde fois, à 24 ans, elle reste fidèle à la mémoire de Philibert, jusqu’à son dernier soupir. 

Des ruines romaines ont été découvertes à Bourg, mais peu d’éléments permettent d’avoir des informations précises sur la période antique. Il semblerait qu’elle n’ait été qu’une ferme gallo-romaine.

La période médiévale est mieux connue. Bourg est élevée au rang de ville franche en 1250. Son destin lié à celui de la maison de Savoie, lui procura une expansion nouvelle. Au début du xve siècle elle fut choisie par les ducs de Savoie comme capitale de la Bresse. En 1535 elle fut prise par les Français et reprise par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, qui la transforma en place-forte. Si bien qu’en 1600 la ville résista six mois au siège des troupes d’Henri IV.

Bourg fut la capitale de la Bresse jusqu’à ce que la ville soit (avec la Bresse, le Bugey, le Pays de Gex) cédée à la France par le traité franco-savoyard signé à Lyon en 1601.

En 1790, la ville devint chef-lieu de district et du département.

En 1814, la ville fut pillée par les troupes autrichiennes en représailles de sa résistance.

Le 28 octobre 1839, Sébastien-Benoît Peytel, critique littéraire devenu notaire dans l’Ain en 1838, fut guillotiné sur le champ de foire malgré le soutien d’Honoré de Balzac de Paul Gavarni, et d’Alphonse de Lamartine.

 

 

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La Bresse de Bourgogne

Posté par francesca7 le 4 février 2014

 

280px-Paysage_montpont-en-bresseTerre de tradition et de gastronomie, la Bresse qui s’étend au Sud de la Bourgogne, est une région attachante, souvent méconnue. Parcourue de nombreux cours d’eau elle offre un bel exemple de bocage. Les paysages sont aisément reconnaissables à la présence combinée de la volaille blanche, des séchoirs à maïs, de belles fermes à pans de bois parfois surmontées de singulières mitres et de moulins endormis. La renommée de ses fleurons, tels le poulet et le chapon de Bresse, contribue à la reconnaissance de l’identité bressane. 

Les Bressans sont pour beaucoup d’entre eux des agriculteurs durs au travail et des artisans qui ont conservé quelque peu les habitudes d’une vie difficile et d’une traditionnelle autarcie.  Très humide, la région a pris le nom gaulois de « marécage » (racine bracu- ; saltus Brexius au 10ème siècle) 

Les influences de la Bourgogne et des régions méditerranéennes ont creusé un fossé entre le Nord et le Sud de la région qui ont connu des destins très différents. L’histoire permet de distinguer la Bresse du Nord, dite Bresse bourguignonne et la Bresse du Sud, appelée Bresse savoyarde… 

La Bresse louhannaise ou bourguignonne -  La proximité du puissant duché de Bourgogne a éclipsé pendant des siècles les efforts du Nord de la Bresse. Ces « Terres d’Outre Saône – constituant longtemps une zone frontière ont souvent été disputées. Peu fréquentée par la noblesse t longtemps privée d’administrations locales efficaces, la région louhannaise s’est progressivement affirmée grâce à l’essor de ses exploitations agricoles et à la naissance d’une bourgeoisie qui a pris en main la gestion de la ville et de ses environs. A la manière d’un centre culturel, l’écomusée de la Bresse bourguignonne s’applique à mettre ne valeur les points forts de la région.

 

La Bresse bressane ou savoyarde – Située dans l’actuel département de l’Ain, la Bresse du Sud est beaucoup mieux connue et a largement profité du dynamisme de sa capitale Bourg en Bresse. Contrairement à la partie Nord, elle a connu très rapidement une unité politique amorcée par la famille de Bâgé. La région doit beaucoup à la princesse Marguerite d’Autriche dont l’exceptionnelle réalisation de Brou a considérablement renforcé le prestige et le rayonnement de la capitale Bressane.

 

Malgré ces différences historiques, l’observateur attentif découvrira une véritable culture bressane. Celle-ci se fonde sur la pérennité des traditions, la renommée de sa production agricole et de sa gastronomie, l’originalité de son habitat rural.

La Révolution française, ennemie du Fédéralisme, ne fera rien pour rassembler en une unité administrative l’ancien territoire bressan que l’on dénomme du reste dans le langage populaire « les Bresses » et non pas la Bresse : la partie septentrionale, la Bresse bourguignonne de l’Ancien Régime, sera divisée en deux portions : l’une, la première Bresse chalonnaise, sera annexée à l’arrondissement de Chalon ; l’autre, la seconde Bresse louhannaise, qui a trouvé, à la fin du XIXe siècle son historien en la personne du sénateur Lucien Guillemaut. Quant à la partie méridionale de la Bresse, l’ancienne Bresse savoyarde, elle deviendra l’arrondissement de Bourg-en-Bresse, chef-lieu du département de l’Ain.

Mais ce n’est point tout; comme si l’on se complaisait à écarteler la Bresse, une languette insérée entre la Bresse de Saône-et-Loire et celle de l’Ain, sera réunie à l’arrondissement de Mâcon, formant ainsi l’embryon d’une Bresse mâconnaise, qui se développera un siècle plus tard. Enfin, le Finage ira grossir le arrondissements de Dole et de Lons-le-Sanuier, dans le département du Jura.

En dépit des tendances régionalistes, voire autonomistes du XXe siècle, un avatar nouveau était réservé à la Bresse de Saône-et-Loire : en 1926, le seul arrondissement exclusivement bressan, celui de Louhans, est dépecé par les décrets-lois Poncaré, trois de ses cantons viennent grossir l’arrondissement de Mâcon, alors que les cinq autres, avec le chef-lieu, vont suivre le sort de l’arrondissement de Chalon.

Mais bien que partagée entre trois départements et cinq arrondissements, dont quatre ont leur chef-lieu hors de son propre sol, la Bresse reste, comme le Morvan, qui a subi le même sort, un véritable pays, dont le terroir, profondément racé, conserve encore aujourd’hui sa physionomie propre.  ( Extrait de « L’habitation paysanne en Bresse » de G. Jeanton et A. Durafour.
Buguet-Comtour imprimeur à Mâcon.)

 

Plutôt boisée mais pauvre en pierre, la terre bressane a favorisé la construction de fermes à pans de vois, en pisé ou en torchis ; les mieux conservées arborent fièrement leur cheminée sarrasine. Les constructions postérieures ou monumentales sont en brique sou « carons ». La terre est également utilisée pour les poteries ou la faïence comme en témoigne la célère fabrique de Meillonnas. L’artisanat régional exploite avec bonheur d’autres ressources locales ; ainsi le mobilier bressan bresse-bourguignonne-3_smalldoit son succès aux différentes teintes de ois harmonieusement combinées dans sa construction. 

Le poulet de Bresse – La renommée de la volaille de Bresse remonte au 17ème siècle. Son succès à fait la fortune de nombreux éleveurs et elle constitue aujourd’hui encore une ressource importante pour la région. Les contraintes du marché ont nécessité de strictes réglementations assorties de l’attribution d’une appellation d’origine contrôlée en 1957 (la seule existant en volaille). Le célèbre poulet à plume blanche est élevé en liberté (minimum 10 m² par poulet) pendant 4 à 5 mois ; il est nourri principalement au grain et termine sa vie dans une épinette (cage fermée) pour un bon engraissement ; les plus recherchés sont les poulardes et surtout les chapons (castrés à 8 semaines) qui sont engraissés plus longtemps et préparés avec un soin particulier. 

Visite alentours : Cuiseaux – située dans une enclave verdoyante de la Bourgogne au sein de la Franche Comté, Cuiseaux, à la vocation traditionnellement agricole, est réputée pour ses productions en charcuterie. Longtemps ville frontière très exposée, elle fut fortifiée au 12ème siècle. De son enceinte qui comptait alors 36 tours, elle conserve encore quelques vestiges. La vieille ville et les environs permettent d’agréables promenades, ici parmi des maisons anciennes, là en forêt ou en campagne. Son église, au chœur de son édifice moderne, est intéressant ; outre des statues du 16ème siècle en bois polychrome, il renferme deux tableaux de primitifs italiens. De belles stalles du 15ème siècle en bois sculpté viennent encore l’enrichir. Le bas-côté gauche abrite une statue de Vierge noire du 13ème siècle, très vénérée. 

Un écomusée de la Bresse Bourgogne : Pierre de Bresse

Entouré d’un parc de 30 ha, c’est un bel édifice du 17ème siècle en briques claires et à toits d’ardoise. Les douves et son plan en U, flanqué aux quatre angles de tours rondes coiffées de dômes, trahissent sa construction sur l’emplacement d’une maison forte. L’axe de la cour d’honneur a été magnifié au 18ème siècle par une avant-cour encadrée par de bastes communs que cerne une deuxième boucle de douves. L’aile gauche du château (l’escalier du vestibule d’entrée, a la belle rampe en fer forgé, et deux salles restaurées du 18ème et 19ème siècle témoignent des aménagements intérieurs d’époque) abrite l’Ecomusée : sur trois niveaux, des expositions permanentes et temporaires présentent le milieu naturel, histoire, la vie traditionnelle et l’économie actuelle du terroir (plusieurs audiovisuels dont un de 18 mn en fin de parcours).

http://www.dailymotion.com/video/xghjrp

Ecomusée de la Bresse Bourguignonne - Vidéo Dailymotion

 

 

 

 

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Musée de la Pipe et du Diamant de Saint-Claude en Jura

Posté par francesca7 le 2 février 2014

 

Image illustrative de l'article Musée de la Pipe et du Diamant de Saint-Claude2 musées en un :  au musée de la pipe et du diamant, vous découvrirez tout sur l’art de fabriquer les pipes, mais aussi sur le métier de lapidaire. Ces deux métiers ont fortement marqué l’industrialisation de la ville de St Claude. 

Dans le musée de la pipe, vous pourrez admirer des chefs d’oeuvres de différents artisans, dont certains qui ont été élus meilleurs ouvriers de France. Une collection de tabatière est également présentée, ainsi qu’une collection de pipes du XiXe siècle. L’histoire de l’industrie de la pipe à St Claude vous est exposée. Vous découvrirez également les différentes étapes de la fabrication d’une pipe en bruyère, ainsi qu’un panorama de la pipe à travers le monde. Des vidéos vous apporteront des informations complémentaires, et vous découvirez également la Confrérie des maîtres-pipiers et ses membres célèbres ! 

Du coté du musée des lapidaires, vous verrez la reconstitution d’un atelier de taille du début du XXè siècle, avec des automates grandeur nature pour animer chaque poste de travail. Des reproductions de joyaux célèbres vous enchanteront. Des vidéos vous permettront également de mieux découvrir ce métier.

Musée de la pipe et du diamant (39-Saint-Claude-Jura)

 Image de prévisualisation YouTube

http://youtu.be/CIjALxioxsw

 

La confrérie des maîtres pipiers et l’association des diamantaires et lapidaires du Haut-Jura ont créé ce musée pour présenter leur travail et des collections de pipes et de pierres précieuses. On peut y voir une exposition permanente de pipes qui datent des temps les plus reculés jusqu’à nos jours. C’est ici qu’on fabrique des tabatières et des pipes, depuis le XVII ème siècle. Saint-Claude est d’ailleurs devenu la capitale mondiale de la pipe. L’histoire du tabac et la pipe sont évoquées par le biais d’une présentation riche et unique au monde. Saint-Claude mérite véritablement son titre de capitale de la pipe !

Le Musée de la Pipe et du Diamant de Saint-Claude est un musée de la pipe, des diamants et des pierres précieuses fondé en 1966 à Saint-Claudedans le Haut-Jura

Saint-Claude est au xixe siècle le centre mondial de l’industrie de la pipe et un site réputé de taille du diamant et des pierres précieuses.

La Confrérie des Maitres-Pipiers et l’Association des Diamantaires du Haut-Jura de Saint-Claude se sont associées pour présenter dans ce musée l’histoire de la fabrication des pipes ainsi que l’histoire de l’industrie de la taille des pierres précieuses à Saint-Claude.

Logo de l’association

Y sont exposés : collections de pipes d’hier et d’aujourd’hui, tabatières, diamants, pierres précieuses et pierres de synthèse taillés, chefs d’œuvres de différents artisans, outils et machines d’autrefois, atelier de fabrication et de taille, photos, documents, projection de vidéo…

Adresse : 1 Bis Rue Gambetta, 39200 Saint-Claude

Téléphone :03 84 45 17 00

 

Article de presse sur : http://www.leprogres.fr

La tradition a été respectée. Roger Vincent, pipier sculpteur Meilleur ouvrier de France (MOF), a déposé, ce mardi matin, dans la vitrine de la collection des présidents de la 5e République du Musée de la Pipe et du diamant, de Saint-Claude, la pipe sculptée qu’il a créée à l’effigie de François Hollande.

Il s’agit d’une tradition familiale, mais aussi une attente des collectionneurs et du Musée de la Pipe et du diamant de Saint-Claude. Un an après l’élection de François Hollande, la pipe à l’effigie de président français est venue rejoindre une prestigieuse collection.

Cette pièce unique, élaborée en bruyère naturelle et entièrement faite à la main, a nécessité 11 mois de travail à son créateur, Roger Vincent, pipier sculpteur MOF. Trois autres modèles de pièces de collection ont été créés à ce jour, vendus 350 euros.

Après inventaire, Roger Vincent en fera donation à la ville. Et il devrait profiter du 25e congrès du concours des MOF en 2015 pour la remettre en main propre à l’Elysée, au président François Hollande.

téléchargement (3)Pourquoi Saint-Claude est elle devenue la capitale mondiale de la pipe et du diamant ?
La réputation de Saint-Claude s’étend bien au-delà des frontières de l’hexagone, même si tout le monde ne sait pas toujours bien situer où la ville se niche sur la carte de France ! Impossible d’affirmer depuis quand on fume la pipe. L’objet moderne aurait fait son apparition un peu avant le XVIe siècle. Mais pour fumer la pipe il faut du tabac, introduit en France par Jean Nicot en 1560. Mais pourquoi Saint-Claude est-elle devenue la capitale mondiale de la pipe ? Pour le comprendre il faut remonter le temps. La Ville était un centre religieux célèbre pour son abbaye. Elle devint ensuite un lieu de pèlerinages grâce à l’un de ses abbés, Claude. Avec la venue des pèlerins débute la fabrication et le commerce des objets de piété en bois tourné. Puis au fil des siècles la gamme des produits s’élargit aux objets profanes et usuels. On ne sait pas exactement quand les tourneurs orientèrent leur activité vers les pipes, toutefois, il semble que les premières virent le jour au début du XVIIIe siècle. C’est vers 1750 que l’usage de la pipe se répandit. Les premières étaient fabriquées avec des bois de pays, elles devaient donc être doublées d’un foyer métallique pour ne pas se consumer ! L’importation de la racine de bruyère, vers 1850, matériau plus résistant, dope le développement, et la fabrication des pipes à Saint-Claude et transforme l’activité artisanale en une véritable industrie qui emploie 6 000 ouvriers en 1925.
Quant à la lapidairerie, ou taille des pierres fines et synthétiques, elle était implantée dans le Haut-jura depuis le XVIIIe siècle. La taille du diamant, pratiquée d’emblée en usine par une main d’œuvre qualifiée et mieux payée que celle de la pipe, prend son essor à Saint-Claude entre 1885 et 1914. La guerre, puis la crise économique de 1929 provoquèrent la disparition de nombreuses entreprises. 

Aujourd’hui les savoir-faire des artisans se sont mis au service de l’industrie. Parallèlement, l’artisanat traditionnel, fabrication des pipes et taille de pierres précieuses se maintiennent dans les deux secteurs, artisanal et industriel.

Après la seconde guerre mondiale, l’évolution des techniques est impressionnante. Le plastique remplace bon nombre de matériaux. Les industries traditionnelles déclinent pour faire place à la transformation du plastique. Dans toute la vallée de Bienne, c’est l’embellie du plastique et la naissance de la « Plastics vallée » qui s’étend de Nantua à Morez. Cette vallée a été ainsi baptisée par un journaliste américain qui a comparé l’état d’esprit qui règne sur cette terre d’innovations permanentes à celui de la mythique Silicon Valley en Californie. Imagination et créativité irriguent en permanence les 1 500 entreprises de la Plastics Vallée dans toutes les étapes de la filière plasturgie : conception, réalisation d’outillages, fabrication de machines, transformation de polymères, finition, décoration, recyclage, logistique industrielle… 

La vie économique est également rythmée par l’outillage de précision, les équipements automobile, électriques et électroniques. A Saint-Claude, c’est la sous-traitance pour l’industrie automobile qui domine. A cette activité s’ajoute le développement du tourisme.

Les vagues migratoires du XIXe et XXe siècles
En augmentation régulière depuis 1860, l’immigration italienne atteint son maximum dans les années 1920, allant jusqu’à représenter 12 % de la population sanclaudienne. Au fil des ans, les portugais prennent le relais, suivis, par ordre d’importance, des algériens et des espagnols. Plus récemment, ce sont les turcs qui se sont installés et oeuvrent au sein des entreprises locales.

 

 

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