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Grandes traditions de la cuisine française

Posté par francesca7 le 14 février 2014

 

 
220px-HerbesdeprovenceC’est à l’occasion de la fondation d’une Ligue des Gourmands par l’Union des cuisiniers français de Londres, que Le Petit Journal rend hommage à la cuisine française et à ses chefs, dont les talents ont traversé les époques et que les pays étrangers nous envient en s’attachant souvent leurs services

Qui fera l’histoire de l’épopée culinaire française ?… s’interroge Ernest Laut, du Petit Journal ? Qui dira les progrès de cet art, dont les fervents, suivant l’expression d’un illustre philosophe contemporain, retirent des jouissances qu’on peut assimiler à de véritables jouissances esthétiques ? poursuit notre chroniqueur.

« En France, disait Brantôme, on faict toujours bonne chère. » C’est que de son temps, et même bien avant lui, notre pays était renommé par tout l’Europe pour l’excellence de sa cuisine. Déjà, au Moyen Age, les « grands-queux » et les « maîtres-queux » de la cour de France comptaient parmi les personnages les plus éminents et les plus respectés de la maison du roi. Dès le XIVe siècle, la France lutte déjà contre l’Italie pour la première place dans l’art de la bonne cuisine.

Mais c’est au XVIe siècle que la cuisine française s’élève vraiment à la hauteur d’un art : François Ier dispute tout à la fois à Charles-Quint et le sceptre du monde, et la gloire des tables fastueuses et le luxe des festins délicieux. Par malheur, les guerres de religion, les discordes intestines, les calamités arrêtent l’essor de l’art culinaire. La bonne politique ne fait pas seulement les bonnes finances ; elle est nécessaire aussi au développement de la bonne chère. L’art du cuisinier a besoin de la paix pour s’épanouir en toute liberté.

On a beaucoup vanté la cuisine française au temps du grand roi. Sans doute, le siècle de Louis XIV est celui des grands classiques de la cuisine, aussi bien que de l’art de la littérature. « Vatel, a dit un émule de Brillat-Savarin, Vatel est au rôti ce que Molière est à la comédie, et Béchamel, inventeur de la sauce si douce au palais, et comme séraphique qui porte son nom, Béchamel est, en vérité le Racine de l’assaisonnement. » Mais c’est pus encore l’époque des gros morceaux que des fins morceaux. A l’exemple du roi qui tous les jours où il est à la diète, mange à son repas quatre ailes et deux cuisses de poulet, on ne montre généralement plus gourmand que gourmet.

Quelle différence avec la siècle suivant, siècle galant et de bon goût, siècle de toutes les élégances et de toutes les délicatesses ! C’est l’époque des sauces savantes et compliquées. On ne se contente plus de relever le goût des mets avec du poivre, de la cannelle et de la muscade : on y met des parfums ; on accommode des cervelles à l’eau de rose ; on pane les rôtis avec des poudres odoriférantes ; on glisse un grain de musc dans les tartes et les pâtés ; on arrose les rissoles, les œufs et les beignets avec des eaux de senteur.

Enfin, par un raffinement singulier, on engraisse les volailles avec des dragées musquées, afin de rendre leur chair plus succulente, et, pour rendre quelque vigueur aux seigneurs fatigués par les excès d’une vie de plaisirs, on y mêle l’ambre gris qui passe alors pour un reconstituant de premier ordre.

Grandes traditions de la cuisine française dans GASTRONOMIE FRANCAISE 220px-CuisinierfrancoisLes plus grands seigneurs, les plus nobles dames ne dédaignent pas de se passionner pour l’art culinaire. On ‘arrache à prix d’or les cuisiniers fameux. On ne bâfre plus, on savoure. C’est à cette époque glorieuse entre toutes dans l’histoire de la cuisine, qu’il faut appliquer cette sentence fameuse : « Les animaux se repaissent, l’homme mange ; l’homme d’esprit seul sait manger. » « Les friands et les gourmands, dit le maréchal de Richelieu, ne sont pas les fins gourmets, et rien n’est si funeste au talent d’un fin cuisinier, que la sotte recherche ou la goinfrerie de son maître ». Lui-même tient à avoir les meilleurs cuisiniers de Paris ; et jamais, même en campagne, il ne se sépare de Maret et de Ronquelère, les deux maître que le roi lui-même envie.

Ce sont eux qui, pendant la campagne de Hanovre, accomplirent ce haut fait merveilleux de prépare, n’ayant à leur disposition qu’un bœuf, quelques légumes et quelques fruits secs, un repas somptueux auquel le maréchal invita une cinquantaine de princes et princesses allemands. Deux grands services, quatre hors-d’œuvre, un relevé de potage, six entrées, six entremets, vingt-deux plats des plus exquis et des plus savoureux, tout cela avec un bœuf, un bœuf unique !… Qui donc, sinon des cuisiniers français, eût jamais été capable d’accomplir pareil prodige ?…

Les grandes traditions de la cuisine se perpétuèrent jusqu’à la fin du règne de Louis XVI. Puis vint la Révolution, qui prétendit ramener la France au brouet des Spartiates. Mais en matière culinaire, la République préféra se montrer athénienne. Or, à Athènes, si nous en croyons Ménandre, l’art du cuisinier était un art sacré. Il ne cessa pas de l’être en France, en dépit des efforts d’un jacobinisme pour lequel la bonne chère était crime d’Etat.

Et par un contraste singulier, c’est justement cette époque qui produisit Brillat-Savarin, l’auteur de cette Physiologie du goût, chef-d’œuvre de notre littérature culinaire, gourmet fameux entre les plus fameux, qui fixa les lois de la table et rédigea des aphorismes qui devaient rester comme des règles éternelles. Le règne de Napoléon continua les traditions de la grande époque culinaire française. La cuisine fastueuse redevint un art officiel. A l’appel de l’empereur, les grands cuisiniers se levèrent, en même temps que les grands généraux.

Ce fut le temps de Laguépière, ce cuisinier héroïque qui mourut gelé dans sa voiture perdant la retraite de Russie, de Laguépière qui fut le maître de Carême. Carême ! Quelle figure plus glorieuse dans l’histoire de la cuisine française que celle de ce cuisinier savant dont Grimod de la Reynière disait qu’ « il n’avait jamais rencontré cerveau plus encyclopédique ». Et ce fut encore le temps de Riquette, le cuisinier de Talleyrand, de Riquette que Napoléon avait cédé au tsar après l’entrevue de Tilsitt, et dont ce monarque disait quelques années après : « Nous devons une grande reconnaissance à la France représentée par Riquette. Il nous a appris ce que nous ne savions pas.. il nous a appris à manger ».

Combien de souverains d’Europe eussent pu, et pourraient encore tenir le même langage ! s’exclame Ernest Laut. La plupart des cuisines royales ou princières furent de tout temps et sont toujours dirigées par des cuisiniers français. Le tsar, qui est un gourmet et qui, dès son avènement, dépensa près de 2 millions pour l’aménagement des cuisines du Palais d’Hiver, le tsar qui donne 100 000 francs par an à son « chef », ne souffre d’autre cuisine que la cuisine française.

Au début du XXe siècle, le roi d’Espagne enleva au Jockey-Club son cuisinier, M. Maréchal. Au même Jockey-Club, le défunt roi des Belges, Léopold II, dînant un soir, mangea d’un certain canard aux navets qu’il trouva délicieux. Il s’enquit discrètement de l’auteur de ce plat. C’était le second « chef ». Dès le lendemain, le maître cuisinier partait avec l’aide de camp du roi pour le château de Laeken. A la cour de Londres, c’est également un Français, Juste Ménager, qui fut naguère appelé par le roi Edouard VII pour régner sur les cuisines. Et les autres rois, les rois du fer, du cuivre, du pétrole, les milliardaires américains, ne son-ils pas, eux aussi, tributaires de la cuisine française ?

Notre chroniqueur, écrivant voici un siècle, déplore de savoir notre pays trop pauvre pour payer nos grands cuisiniers ce qu’ils valent, ce qui les incite à passer la frontière ou à franchir l’Océan. Mais la France reste la pépinière où se recrutent les maître de l’art culinaire, se console-t-il. Et d’ajouter qu’il en fut ainsi de tout temps, l’étranger ayant toujours tenu en grande estime la cuisine et les cuisiniers français.

Pendant la Révolution, des nobles émigrés gagnèrent leur vie en Allemagne et en Angleterre en se faisant cuisiniers. Depuis le début du XIXesiècle, la plupart des grandes cuisines ont été dirigées uniquement par des Français. Eugène Lami, le célèbre aquarelliste dont le talent fut tout particulièrement apprécié par delà le détroit, racontait volontiers cette anecdote. Lors de son second voyage en Angleterre, se trouvant à dîner un soir chez un lord très riche, il s’émerveillait sur l’excellence des mets. « Rien d’étonnant, lui dit son amphitryon, mon cuisinier est français. »

Or, comme on se levait de table pour passer au salon, le maître d’hôtel s’approcha du peintre.

— J’ai répété au chef, lui dit-il, tous les éloges que monsieur a bien voulu faire de ses plats ; il demande à monsieur la permission de se présenter à lui.

— Mais très volontiers, dit Lami ; je serai très heureux de féliciter ce brave homme.

Quelques instants plus tard, quand il eut pris congé, il trouva ans le vestibule le cuisinier qui l’attendait vêtu du costume classique, le bonnet à la main. Lami s’approcha ; mais quelle ne fut pas sa surprise de voir, se détachant sur la veste blanche, le ruban rouge et la croix de la Légion d’honneur.

Le « chef » était un ancien soldat fait prisonnier à Waterloo et transporté en Angleterre où il s’était fait cuisinier pour vivre. L’empereur l’avait jadis décoré sur le champ de bataille pour un acte d’héroïsme. Et cette croix qu’il n’avait plus portée depuis si longtemps, il s’était hâté d’aller l’épingler sur sa poitrine en apprenant qu’un compatriote illustre, un Français était là qui consentait à ce qu’il se présentât à lui.

220px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_Janvier dans GASTRONOMIE FRANCAISEOn ne sait pas assez combien tous ces cuisiniers français répandus sur l’univers rendent de services à notre pays, poursuit notre chroniqueur. Non seulement ils lui gardent son renom de premier pays du monde pour la finesse des plats, la délicatesse de la table, la perfection culinaire ; mais encore, ils lui donnent quelque chose de plus que cette petite gloire, qui n’est pourtant pas négligeable. Ils sont les auxiliaires les plus précieux de notre commerce d’alimentation ; et leur influence, au point de vue économique, s’exerce non moins généreusement au profit de leur pays.

Tous les grands paquebots, tous les grands hôtels et tous les riches particuliers de l’étranger ont des cuisiniers français. Or, de tradition, ces cuisiniers se fournissent en France pour tous les produits alimentaires qui peuvent être transportés. Nombre d’entre eux ont, aux Halles, un correspondant qui est chargé de faire leurs achats et de les leur faire expédier, nous explique Ernest Laut, qui ajoute qu’on serait bien surpris si l’on voyait parfois pour quelles lointaines destinations partent des Halles, les colis adressés à des cuisiniers français des plus grands hôtels étrangers.

Ces cuisiniers pourraient souvent trouver à meilleur compte, dans les pays où ils se trouvent, les produits qu’ils se font expédier ainsi. Mais il veulent que tout cela leur vienne de France, parce que tout ce qui vient de France est meilleur. C’est leur patriotisme à eux. On se rappelle que tous les cuisiniers du Titanic étaient français. Leur chef se nommait Rousseau. Il avait quelque notoriété dans le monde de la cuisine. C’était un maître en son art. Or, quand le Titanic fit escale à Cherbourg avant de se lancer vers l’abîme, on y embarqua de nombreux colis d’alimentation. C’étaient des commandes du pauvre Rousseau ; c’était sa façon, à lui, de saluer son pays au passage.

 

(D’après « Le Petit Journal. Supplément du dimanche », paru en 1912)

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En piste pour Castelnaud-la-Chapelle

Posté par francesca7 le 12 février 2014

 

Dordogne Aquitaine

Le village de Castelnaud et son château.A une dizaine de kilomètres de Sarlat, Castelnaud-la-Chapelle surplombe le confluent entre la Dordogne et le Céou dans un panorama splendide faisant face à ses voisins de Beynac-et-Cazenac et de La Roque-Gageac. Connu pour ses deux châteaux, le château fort magnifiquement restauré abritant le Musée de la Guerre au Moyen Âge et le château des Milandes, ancienne propriété de Joséphine Baker, le village et son habitat périgourdin typique recèle lui aussi de nombreux atouts…

Castelnaud la Chapelle, classé parmi »Les Plus beaux villages de France »,dominant le confluent de la Dordogne et du Céou, caractérisé par sa disposition en terrasses que l’on gravit au grè des petites ruelles escarpées, est un village d’une richesse patrimoniale exceptionnelle. Ses maison très typiques, son monument aux morts, ses pigeonniers, ses points de vue, ses sentiers de promenades et des randonnées sans oublier ses falaises et ses rivières qui en font un lieu de prédilection pour les loisirs de plein air et le dépaysement. L’agriculture, l’artisanat, les commerces, la richesse de la vie associative et des loisirs assurent la vie et le renom de cette commune petit certes mais active et prospère.

 

Les premiers habitants…
Dans un univers primitif dominé par le règne végétal, minéral et animal, l’homme tente de survivre. Pour cela, il trouve un refuge avec les grottes à mi-hauteur des falaises du Comte situées à la confluence des vallées du Céou et de la Dordogne, elles soulignent l’importance du site dans le choix de l’homme.

Des millénaires plus tard…
Par sa situation géographique, contrôlant l’une des principales voies de communication fluviales et terrestres, les paroissiens de Castelnaud furent les premiers témoins d’un passé tumultueux et connurent bien des vicissitudes au cours des siècles dominés par les guerres.

Au XII° siècle, le château avec sont bourg castral apparaissent. Le XIV° siècle, c’est la guerre de Cent Ans où anglais et français se disputent ce site frontière entre deux royaumes. Après la peste de 1348, le XV° siècle est l’annonce d’une paix relative.

Castelnaud devient une place française et un développement démographique et économique s’instaure doucement. La famille de Caumont, seigneur de Castelnaud, bâtit pour y vivre le château des Mirandes (Les Milnades) moins austère que la forteresse. Le XVI° siècle est sous l’influence des guerres de religions. Le XVIII° siècle et sa Révolution française : le château est abandonné, les privilèges sont abolis, les paysans découvrent la liberté.

Les XIX° et XX° siècles agitent l’esprit des hommes : le transport par voies fluviales est supplanté par l’arrivée du chemin de fer. L’industrialisation s’introduit dans le monde rural. L’exode rural et les deux guerres mondiales conduisent à une désertification. Un tournant économique lié au tourisme est pris en 1947 lorsque le château des Milandes est racheté par Joséphine Baker.

 

PATRIMOINE
Eglise dans le bourg, chapelle des Milandes, église de Fayrac, la croix de la Mission, château de Castelnaud, château des Milandes, château de Lacoste, château de Fayrac, maisons nobles, site des falaises du Comte (30 grottes préhistoriques protégées mais non classées), cales, 3 moulins sur le Céou, cabanes, pigeonniers, fours à pain, calvaires, monument aux morts, fontaines, lavoirs et puits

 

Château de Castelnaud – Musée de la Guerre au Moyen Age

‘est le château le plus visité du midi de la France. Château fort construit sur un éperon rocheux. Magnifique panorama sur la vallée de la Dordogne. Entièrement consacré à l’art de la guerre au Moyen âge : collection d’armes et d’armures, restitutions grandeur nature de machines de guerre (magonneau, trébuchet, pierrière, bricole). Jardin d’inspiration médiévale, donjon meublé. Circuit de visite libre (multimédia, bornes interactives, maquettes). Visite guidée sur le thème de la guerre au Moyen Age en français, anglais et néerlandais, spectacles de marionnettes, essayage d’armures et de costumes, démonstrations de forge, tir au trébuchet, maniements d’armes et spectacle nocturne sont proposés au grés des saisons (vacances scolaires, ponts de mai, juillet, août et septembre), consultez le programme sur le site Internet : castelnaud.com.Librairie-boutique   spécialisée Moyen Age. Taverne en été. Fête de l’artillerie médiévale : samedi 27 et dimanche 28 mai.

Château des Milandes

Incontournable en Périgord ! La visite est une merveilleuse plongée dans la vie de château à l’époque de Joséphine Baker dont le destin reste hors du commun. Château du XV°. Individuels : visite avec brochure et commentaires audio. Spectacle de rapaces dans les jardins à la française. Brasserie (mi-avril/mi-octobre). Boutique. Parking gratuit. Animations pédagogiques de fauconnerie (enfants de 5 à 10 ans) pendant les vacances de Pâques.

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Jardins de Marqueyssac – Belvédère de la Dordogne

Le jardin le plus visité du Périgord, 6 km de promenades, visite libre, 150 000 buis centenaires. Panoramas exceptionnels sur la vallée de la Dordogne. Restaurant au salon de thé du château (avril à novembre). Activités réservées aux enfants pendant l’été, WE fériés, vacances scolaires : atelier bricolage « Curieux de nature », initiation escalade et Via Ferrata. Chasse aux oeufs de Pâques (sur résa.). Soirée aux chandelles tous les jeudis soir en Juillet/Août. Tourneur sur bois en saison. Librairie et Boutique de la nature. Pique-nique couvert.

24220 VEZAC
Tél. +33 5 53 31 36 36
Fax. +33 5 53 31 36 30
site web : www.marqueyssac.com
N�Siret : 40129143000023

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Les jardins de la Daille

Ancienne ferme quercynoise sur le causse. Pigeonnier avec toit en lauzes, fournil. Un jardin à l’anglaise au creux d’un terrain valloné et ouvert sur la campagne. En terrasses modelées par le terrain mixed borders, shrub borders, jardin entouré de murs en pierre sèche, tendance jardin de curé, jardin d’iris, basse cour, fournil, tonnelle, bassin. Goûters à déguster sous la tonnelle et visites du jardin à l’anglaise. Ouvert du 01/05 au 30/09 du vendredi au lundi inclus et jours fériés de 16h à 18/30. Label « Jardin remarquable ».

24250 FLORIMONT-GAUMIER
Tél. +33 5 53 28 40 71

 

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dans le vieux Mans

Posté par francesca7 le 12 février 2014

 

La muraille gallo-romaine et la cathédrale du Mans, deux des édifices emblématiques du Vieux Mans.Le Vieux Mans, dont la dénomination Cité Plantagenêt a été proposée et retenue en 2003, est le centre médiéval historique de la ville du Mans anciennement Vindunum.

autrefois, La muraille gallo-romaine était composée de 26 tours et de 11 portes. Avec à peu près 700 mètres de longueur le long de la Sarthe et environ 400 mètres perpendiculairement à la rivière, la muraille formait un rectangle presque parfait. L’endroit le plus fréquenté à cette époque lointaine était les thermes, construits au milieu du ier siècle de notre ère. Ce monument a été fouillé entièrement en 1987 et est aujourd’hui conservé sous l’ancienne école Claude-Chappe dans le meilleur état possible, le temps ayant considérablement abimé l’édifice. Sept salles ont été retrouvées sur une trentaine de mètres carrés et on peut apercevoir des fragments de mosaïques imitées selon les règles italiennes de l’époque, par le peuple des Aulerques Cénomans.

Ses caractéristiques à l’époque Romaine ont contribué à la création d’une commune libre en 1979, la deuxième de France après celle de Montmartre à Paris. Elle bénéficie ainsi d’une situation juridique particulière et sa dénomination en est l’exemple en tant que « Cité Plantagenêt », de la dynastie éponyme. En haut de la muraille, sur la façade nord, sont construits des hôtels particuliers. Le sous-sol de ce quartier est constitué de sortes de « catacombes ». De nombreux chemins sont dissimulés. Ils permettaient autrefois de relier la Cathédrale, point central du Mans, à d’autres points stratégiques de la ville. Ils sont aujourd’hui inaccessibles au public car jugés dangereux. Au sein de l’ancienne cité se trouvent quelques restes des thermes gallo-romains. Le lieu sert à l’école des beaux arts. Des pièces de théâtres sont données au sein même des édifices d’époque. Ces représentations se veulent ludiques et originales pour les curieux de l’histoire de la ville du Mans.La nuit des chimères a lieu tous les ans chaque été. Elle met en lumière certaines parties du vieux mans, mais ce sont deux véritables fresques en sons et lumière qui mettent en valeur la muraille gallo romaine et la cathédrale.

Dans les murs

220px-Grande_poterneDe nombreux bâtiments ont été conservés dans un état remarquable, à commencer par la Cathédrale Saint-Julien qui est l’édifice le plus haut. Puis le Palais des Comtes du Maine, lieu de naissance d’Henry II, est l’ancienne place forte de la capitale Plantagenêt. La « Grande salle Plantagenêt » datant du xiie siècle a été rénovée en 2007. Le Musée de la Reine Bérengère, non loin de la cathédrale, est un haut lieu de l’histoire mancelle. Il regroupe trois maisons, toutes reconstruites au xve siècle. La fontaine du Vivier à la porte Sainte-Anne a été restaurée en 2008, et si sa datation est incertaine, son nom provient d’un vivarium retrouvé non loin et dont l’origine remonte au moins auxiiie siècle. Les hôtels privés sont nombreux et sont souvent ouverts lors des journées du patrimoine. Ils datent le plus souvent du début de la renaissance. Parmi ceux-ci on peut trouver: l’Hôtel de Clairaulnay, celui d’Amellon Saint-Cher dédié à la cuisine, celui de Legras du Luart avec un portail du xvie siècle, ou encore l’hôtel Nepveu de Rouillon entièrement reconstruit au siècle des lumières et classé monument historique. La maison des deux amis date du xve siècle. Elle est l’exemple type de la maison à pans de bois en encorbellement. Un maître sculpteur y est installé, Audrey Chamballu et y opère des démonstrations diverses. L’église Saint-Benoit est, elle, beaucoup plus récente. Inaugurée en 1910, elle se dresse cependant sur le site d’une ancienne église romane ayant été remaniée au xve, puis au xvie siècle. On y trouve moult statues en terre cuite, symbole du savoir-faire de la cité. On peut trouver l’hôtel Denisot, lieu de naissance du poète Nicolas Denisot, élevé au xve siècle.

Le Mans est aussi le berceau de la dynastie royale des Valois. Jean II le Bon, roi de France en 1350, est né en 1319 au château du Gué-de-Maulny. Ce château a été détruit pendant la guerre de 100 ans.

La chapelle royale qui l’accompagnait a été reconstruite à proximité du palais des comtes du Maine. Elle sera détruite au XVIIIe siècle.

L’ancienne capitale du Maine recèle de multiples traces de l’époque Plantagenêt. Les témoignages architecturaux, ce sont les murs et fenêtres des appartements privés des comtes et souverains Plantagenêt dans l’actuel hôtel de ville, la collégiale Saint-Pierre-La Cour, la nef de la cathédrale ainsi que, au-delà de la vieille ville, l’église de La Couture, l’église du Pré, l’hôtel-Dieu Coëffort et l’abbaye de l’Épau.

Parmi les événements majeurs, souvent à portée politique, on peut citer la naissance au palais et le baptême à la cathédrale de Geoffroi, qui sera le fondateur de la dynastie ; son mariage à la cathédrale avec Mathilde, héritière du royaume d’Angleterre ; la naissance et le baptême d’Henri, futur Henri II, roi d’Angleterre ; sans oublier la reine Bérengère, veuve de Richard Cœur de Lion, qui a vécu ses dernières années ici.

Le Mans est la ville par excellence qui peut s’approprier l’histoire des Plantagenêt quand on sait que ce mot y trouve son origine (quand Geoffroi chassait dans la campagne alentour, il parait sa chevelure d’un rameau de genêt en fleur).

En savoir plus »

Depuis plus de 5 000 ans, le menhir dit de « la Pierre Saint-Julien », appuyé de nos jours contre la cathédrale, veille sur la destinée de la ville du Mans.

L’oppidum gaulois a laissé place à la ville romaine dont l’enceinte est le seul élément de la parure monumentale qui marque aujourd’hui encore le paysage urbain. Ce mur est, avec ceux des capitales impériales de Rome et de Constantinople, le mieux conservé de tout l’Empire romain. La couleur dominante de ses somptueux décors, où alternent des successions de frises géométriques, est à l’origine du qualificatif de « ville rouge » donné au Mans.

Cette muraille enserre un enchevêtrement de rues et de ruelles bordées de plus d’une centaine de maisons à pans de bois en couleurs et de nombreux hôtels de la Renaissance, qui montent à l’assaut de la colline dominée par la cathédrale Saint-Julien (XIe-XIVe siècles). C’est un ensemble majeur de l’architecture religieuse occidentale, loué par Rodin comme par Renan. Ses différents styles (roman, gothique Plantagenêt et gothique d’Ile-de-France) trouvent ici leur cohérence dans une fusion de roussard, de calcaire et de verre. Son riche mobilier (vitraux, fresques, sculptures en terre cuite de l’école mancelle…) en fait un musée vivant d’art sacré.

La cathédrale, avec son grand rival de pierre, le palais des comtes du Maine et des rois Plantagenêt, garde le souvenir des évènements familiaux des deux dynasties royales dont Le Mans est le berceau : les Plantagenêts d’Angleterre et les Valois de France.

Ville d’art et d’histoire, la Cité Plantagenêt est candidate au patrimoine mondial de l’Unesco.

 

 

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Notice sur Port-en-Bessin en Calvados

Posté par francesca7 le 12 février 2014

 

Par L. Aubourg

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220px-The_British_Army_in_the_Normandy_Campaign_1944_B5314Bourg du département du Calvados, arrondissement et à neuf kilomètres de Bayeux, canton et à dix kilomètres O. N. O. de Ryes ; à trente-six kilomètres de Caen.

Situé dans une infractuosité de hautes falaises bordant la Manche entre celle du Castel à l’Est, et celle de Huppain à l’Ouest.

Son port, outre ses nombreuses barques de pêche, reçoit aussi quelques navires d’un assez fort tonnage destinés pour la plupart à alimenter le commerce de M. Vardon, maire de la commune qui, en plus de la vente des charbons en gros, possède une importante scierie mécanique et plusieurs barques pontées.

Son adjoint, M. Candide Marie, ainsi que M. Lefournier sont également propriétaires de nombreuses barques. Ces trois Messieurs qui occupent un très nombreux personnel de marins et d’ouvriers sont, à bon droit, réputés être les bienfaiteurs de la commune.

Quelques côtres de guerre, en croisière de surveillance dans la Manche, viennent aussi parfois faire une escale de deux à trois jours.

Le recensement de 1864 accusait huit cent soixante-dix habitants, celui de 1891 donne douze cent soixante-douze.

Cet accroissement, qui a été suivi par celui du matériel de pêche dont l’importance augmente chaque année, a été en partie fourni par des familles de pêcheurs venues soit de Grandcamp, qui n’a qu’une rade foraine, soit d’Arromanches, d’Asnelles et de Ver, lieux de pêche délaissés par les barques de fort tonnage.

Port-en-Bessin qui est en effet doté d’un avant-port et de deux bassins de refuge a encore à son actif trois belles corderies, des ateliers de voilerie et deux chantiers de construction dirigés par MM. Langlois et Paris, qui fournissent de belles barques pontées et non pontées, aussi solides qu’élégantes, ainsi qu’une jolie poissonnerie couverte.

Le bourg est coupé en deux par les bassins ; la partie la plus importante est à l’Ouest. – A l’Est se trouve le Pollet, ainsi dénommé pour rappeler sans doute le Pollet de Dieppe, à peu près placé dans les mêmes conditions, tous les deux peuplés exclusivement de familles de pêcheurs.

Port et son annexe sont reliés par un pont tournant établi entre l’avant-port et le premier bassin.

Deux feux fixes, de six mille de portée, sont situés dans la falaise à l’ouest du bourg, l’un en amont, à quarante mètres de hauteur, l’autre en aval, à vingt-huit mètres.

Un poste sémaphorique est installé plus à l’Ouest au sommet de cette même falaise.

Au dessus du Pollet, et aux deux tiers de la falaise, on voit une vieille tour ronde construite en 1694, sur la proposition de Vauban, et qui reçut du canon pour protéger les bâtiments poursuivis par les corsaires .

L’ancienne église, de petite dimension, située à l’entrée du bourg, sur la route de Bayeux, édifiée du XIIe siècle au commencement du XIVe, a été dernièrement abattue ; son portail était surmonté d’un campanile contenant plusieurs cloches d’une bonne tonalité et s’accordant bien.

La nouvelle église, construite du même côté de la route et plus près du bourg, est maintenant livrée au culte ; elle est de vaste dimension et fort jolie.

Les souscriptions pour l’exécution de cet édifice ont été consenties par de riches donateurs et par les pêcheurs qui ont demandé qu’une retenue hebdomadaire soit faite sur le produit de la vente de leur poisson.

Port est doté d’une très bonne eau potable. Les travaux d’adduction et de canalisation de cette eau, qui a été captée à deux kilomètres en contre-haut de la partie principale du bourg, ont été dirigés par feu l’honorable M. Verrine, alors ingénieur municipal à Caen ; huit à neuf bornes-fontaines la distribuent et une fontaine à sujet et à plusieurs jets, monumentale pour le pays, a été édifiée près la poissonnerie, au centre d’une vasque en granit, de grande dimension, où les femmes viennent laver leurs paniers et leurs corbeilles à poisson.

Le linge est lavé à de nombreuses sources, appelées droues, situées à l’Est de Port, au bord de la mer et presque au pied des hautes falaises.

La mer, qui se retire jusqu’à quatre cents mètres laisse à découvert de grands bancs de galets, recouverts de goëmons et de pierres plates. La partie du rivage attenante aux falaises est seule recouverte de sable et c’est sur leur emplacement et sur une largeur de cinquante à soixante mètres que viennent sourdre ces droues qui font le bonheur des ménagères.

Quand la mer baisse, elles guettent le moment où leurs pierres individuelles seront découvertes et, cinq minutes après, quand la salure des eaux a disparu par l’apparition des droues, elles s’agenouillent, font dans le sable, avec leur battoir, un large trou qui s’emplit vite d’eau douce et se mettent au travail. Ne vous amusez pas à les compter ; les galets remplaceraient à votre préjudice les trognons de choux des marchandes des halles.

L’apparition de ces droues et le lavage du linge au bord de mer étonne l’étranger au pays, impressionné par l’heureux résultat de ce phénomène hydrographique, mentionné pourtant dans la géographie du département.

Plusieurs d’entr’elles, très importantes, prennent jour à l’extrémité des bassins et forment pendant la saison des pluies, des tourbillons ayant une amplitude très développée.

En voici l’explication ; l’Aure, qui prend sa source dans les collines de Caumont et passe à Bayeux, reçoit à dix kilomètres en aval de cette ville, à Maisons, les eaux de la Dromme, puis se perd immédiatement dans les quatre fosses du Soucy, quatre trous remplis d’herbes, de buissons, d’arbres et percés de crevasses par lesquelles s’enfuient les eaux par des bétories, petites crevasses « où les eaux se perdent sans bruit avec un léger mouvement circulaire »  pour reparaître, après un parcours souterrain d’environ trois kilomètres à Port, où elles forment les droues.

La rivière disparaît ainsi sous terre, entièrement plus de trois quarts de l’année, en partie seulement pendant l’époque des grandes pluies. Les eaux qui ne peuvent alors être absorbées par les quatre fosses forment un vaste lac.

Port-en-Bessin vu de l'est, depuis les hauteurs surplombant la tour VaubanUne partie de ces ondes perdues reparaît à sept cent quatre-vingts mètres en ligne droite de la petite fosse du Soucy pour former l’Aure inférieure, large à son début de douze mètres avec un mètre de profondeur, nouveau cours d’eau qui se jette dans le fleuve côtier la Vire.

Cette nouvelle rivière coule à son début pendant trois cent quatre-vingt-dix-sept mètres puis disparaît pendant deux cent trente-huit pour reparaître définitivement ensuite.

Pareille disposition sous terre se produit dans le département pour la Muance, affluent de la Dives qui, prenant sa source à Grainville-Lengannerie, disparaît presque aussitôt pour ressourdre à Saint-Sylvain, après un parcours de huit kilomètres.

Il est facile de se rendre un compte approximatif du volume d’eau absorbé par les fosses, l’Aure supérieure ayant un parcours de quarante kilomètres et la Dromme, soixante ; ces deux rivières recevant de nombreux affluents.

Les quatre fosses sont nommées la Tourneresse, (quarante-cinq mètres sur quarante), la Grippesulais, la Grande et la Petite-Fosse.

Port posséde une brigade de gendarmerie à pied, un syndicat maritime ressortissant du Commissariat de Caen, une perception et un bureau de douanes ; trente-trois grandes barques de pêche, pontées ; quarante-neuf petites et trois cents marins et anciens marins, chaque grande barque ayant un équipage de six hommes et les petites de un à deux.

La pêche au congre, dans la belle saison, occupe par chaque barque pontée et son annexe un équipage de seize à vingt hommes.

Correspondance avec Bayeux, par les omnibus de la compagnie Méry.

La commune est encore pourvue de deux écoles communales ; celle des filles, dirigée depuis plus de vingt ans par une soeur d’un rare mérite. Les instituteurs laïques ont aussi fourni d’excellents maîtres ; l’un d’eux occupe la fonction très importante de bibliothécaire de la ville, à Lisieux. Un autre établissement, servant d’école maternelle, a été créé en 1890, sur l’initiative de M. le comte Foy, gendre de M. le baron Gérard. Il est inutile d’insister sur la valeur de ces deux Messieurs, leurs noms étant toujours cités à chaque production d’une oeuvre de charité ou d’utilité publique.

Les hôtels d’Europe et du Lion-d’Or sont très confortables ; plusieurs autres établissements secondaires sont aussi recherchés pour la modicité de leurs prix.

Les rue du bourg sont courtes et étroites ; quelques unes, aux pentes rapides, dirigées des collines avoisinantes vers les quais qui occupent le fond de la vallée, (thalweg).

Les bassins sont contournés par une large voie, très animée, bien entretenue et bordée de belles maisons. Sur la partie Ouest, attenante à Port, se tient, pendant plusieurs dimanches après la moisson, un important marché et des jeux de toutes sortes.

Des théâtres et des chevaux de bois sont installés sur l’Epi, large emplacement réservé à l’Est, au bord de la mer, entre l’avant-port et le Pollet. A l’extrémité du deuxième bassin commence un délicieux vallon dont la végétation luxuriante réjouit les promeneurs qui recherchent l’ombre et la fraîcheur.

L’avant-port et ses jetées fournissent une très jolie promenade ; on doit aux extrémités se retourner pour voir le joli panorama de Port, encadré de belles collines, et le littoral bordé de hautes falaises du plus bel effet.

Le spectacle est imposant, le matin surtout, où de nombreux pêcheurs des deux sexes, revenant de la pêche à pied, sont à l’horizon grandis par un mirage très prononcé.

Le touriste qui désire recevoir toutes les impressions d’un voyage d’agrément doit comprendre Port dans son itinéraire.

En effet, après avoir visité Trouville, Luc, Saint-Aubin et Arromanches, leurs belles plages sablonneuses, leurs casinos et leurs salles de jeux, il a besoin, pour reposer ses sens, de voir une nature plus agreste et une population vigoureuse. Ses poumons réclament aussi une brise plus intense et imprégnée des âcres senteurs des varechs.

Port lui fournira ce qu’il désire.

Laissant de côté les nombreuses petites barques de pêche qui entrent et sortent à chaque marée, occupons-nous de ses barques pontées, de leur rôle et du mouvement que leur arrivée et leur départ donne au pays.

Pendant les grands jours d’été, elles sortent pour un nombre de jours indéterminé et rentrent séparément. Les unes vont jusqu’au Hâvre, les autres contournent la presqu’île du Cotentin, pour atteindre leur point objectif, le passage de la Déroute, situé dans la zone des îles Anglo-Normandes. Toutes font escale dans différents ports pour vendre leur poisson et se ravitailler, puis elles font une nouvelle cargaison pour rentrer.

Les barques qui font en cette saison la pêche au congre vont souvent au droit à toucher les eaux anglaises.

Cette saison des grandes sorties est de courte durée ; le reste de l’année les barques, profitant de la marée, rentrent le samedi pour repartir le lundi. Les navires arrivent presque tous en même temps ; gare au retardataire qui court le risque de se mettre au plein, c’est-à-dire d’échouer dans l’avant-port. Il peut échouer sur un banc de sable et, s’il rentre de nuit et qu’il mouille sur un banc de vase, son poisson prendra mauvais goût et la vente en sera moins facile, mais ce dernier cas est très rare.

Les quais sont très animés le samedi ; les charpentiers, les cordiers, les voiliers et les calfats se rendent à bord pour faire les réparations urgentes. Les marins étendent leurs filets sur les quais et refont, en chantant, et avec une dextérité surprenante les mailles désagrégées. Les rechanges sont faites avec une promptitude remarquable.

Les barques sont pavoisées dès le dimanche matin ; les matelots endimanchés se rendent à la messe. L’ancienne église était tellement exigue qu’une partie des assistants devait se tenir en dehors, formant queue jusqu’à la porte du cimetière qui contournait l’édifice. L’ampleur de la nouvelle a fait disparaître ce grave inconvénient.

Après le grand repas de midi, repas de famille, patriarcal et le plus important de la semaine, repos, promenade, participation aux jeux de toutes sortes et réunion aux cafés Tabourel et Dubosq pour se voir, parler et discuter les intérêts de la pêche, puis dislocation et éparpillement dans les autres cafés où les femmes vont souvent le soir redemander avec insistance leurs maris et leurs enfants.

Le lundi, appareillage à la marée ; toutes les barques pontées, aptes à prendre la mer, sortent des bassins en se suivant presque sans interruption. Les femmes qui ont déjà porté à bord, le cidre et les aliments pour la semaine, se rangent sur les cordes élongées qu’elles halent avec un ensemble parfait pendant qu’à bord les marins exécutent leur manoeuvre avec facilité.

Les barques gagnent successivement l’avant-port en le contournant pour prendre le vent ; les voiles larguées faseyent puis s’enflent, le coup de barre est habilement donné et chaque navire prend successivement la mer. A Dieu, va ! Les femmes rentrent avec la conviction de toujours revoir ceux qui leur sont chers. Leur espoir n’est jamais déçu car les barques sont solides, et les marins habiles et disciplinés.

Rendez-vous, après leur départ, à l’extrémité des jetées et vous verrez pendant longtemps au large les blanches voiles de la petite escadrille, les barques la composant paraissant se suivre avec un ensemble parfait, la dislocation ne se faisant qu’à regret.

Les anciens marins, donnant un dernier coup d’oeil, interrogent l’horizon, constatent la direction du vent, pronostiquant les diverses chances de la sortie et regagnent tristement leurs foyers pendant que deux ou trois vieux papas Loulou aux bonnets multicolores, paniers sur le dos et munis de leurs crochets et de leurs inséparables brûle-gueule, attendent un retrait suffisant des eaux pour aller sur les rochers et dans leurs cavités pêcher quelques anguilles. Heureux, s’ils tombent sur un congre qui, ainsi pris, est de bonne qualité et toujours bien vendu.

Les matelots Portais sont dignes des plus grands éloges ; leur existence n’est faite que de privations, mais ils sont soutenus par la Foi, qui leur donne l’amour de la famille, le respect des anciens et le mépris du danger.

Les actes de dévouement sont nombreux ; beaucoup de marins, jeunes et vieux, sont titulaires d’une ou de plusieurs médailles de sauvetage et de témoignages officiels de satisfaction.

Les médailles qui, le dimanche, ont orné leurs poitrines sont sous semaine replacées auprès des parchemins encadrés pour rappeler à la famille le chef absent, en train de gagner le pain quotidien et le loyer de la maison.

Que dire encore de Port-en-Bessin, dont la description semble être terminée. On peut, à la bibliothèque publique de Caen, consulter le recueil maritime des ports de la France, édité par l’Imprimerie nationale en 1876, sous la direction du Ministère des Travaux publics, Tome II. – du Hâvre au Becquet, pages 495 à 503. Historique du pays. – J’en fais ci-après et en copiant une relation très succinte pour servir à l’intelligence du lecteur :

Notice sur Port-en-Bessin en Calvados dans VILLAGES de FRANCE 220px-Port-en-Bessin-Huppain_chenal« La station navale de Port-en-Bessin remonte à une date très éloignée ; les Romains y faisaient mouiller leurs galères. Les barbares qui fondèrent Bayeux y débarquèrent, Rollon, avec ses barques Normandes, y aborda en huit cent cinquante. – Cent cinquante ans plus tard, Odon, évêque de Bayeux, y fit construire quarante navires qu’il donna à son frère, Guillaume de Normandie, lors de la conquête de l’Angleterre.

Le plus ancien document où il soit fait mention de Port-en-Bessin est une charte de mil quatre-vingt-seize qui le désigne sous le nom de Portus Piscatorum. On l’appela plus tard Portus Bajocassinus.

Port faisait partie des anciens domaines des évêques de Bayeux. – En 1475, Louis d’Harcourt, cinquante-neuvième évêque de Bayeux, fit couper la digue de galets et creuser un bassin de deux cents toises de long et quarante de large. Ces travaux furent anéantis au XVIIe siècle par une tempête effroyable. De nombreuses démarches furent depuis tentées, des pétitions signées. Rien n’y fit et Port resta longtemps sans abri. »

Enfin, une loi du seize juillet 1845 classa Port-en-Bessin comme port de refuge et affecta neuf cent mille francs aux travaux qui furent immédiatement attaqués.

Avec les difficultés survenues et les ouvrages complémentaires prescrits, l’avant-port revient à 2.335.578 fr. 64 c.

Un décret du trois janvier 1875 a déclaré d’utilité publique l’exécution d’un bassin d’échouage. Ces travaux sont depuis longtemps terminés.

La situation topographique de Port-en-Bessin lui assure un bel avenir. A l’Est du territoire de la commune et à environ deux kilomètres, on voit une belle vallée située entre les hautes falaises bordant la mer et les collines de Commes, ayant pour point culminant le Mont-Cavalier, également nommé Mont-Escures ou Mont-de-César, ancien camp romain, où l’on jouit d’une belle vue s’étendant sur tout le pourtour de l’horizon et vers le Sud jusqu’à dix lieues.

Cette vallée est en partie placée en contre-bas du niveau de la mer, et les falaises la bordant présentent au Nord une immense coupure nommée la Goulette. Ces deux particularités ont, à différentes époques, appelé l’attention des ingénieurs qui ont démontré la possibilité d’y établir un grand port de refuge pour les flottes de guerre, la France en étant dépourvue de Cherbourg au détroit du Pas-de-Calais. Plusieurs projets ont déjà échoué. Enfin une compagnie va tenter d’aboutir ; elle s’est constituée au capital de plusieurs millions.

Son but est de creuser dans cette vallée de grands bassins, d’y construire d’importants docks et de faire les travaux nécessaires pour assurer l’entrée et la sécurité de ce nouvel établissement qui serait relié aux chemins de fer de l’Ouest par un embranchement allant de Vire à Port.

La question du chemin de fer à voie réduite à diriger sur Bayeux serait quand même maintenue et un vaste horizon commercial s’ouvrirait pour toute la contrée.

C’est un souhait à formuler en faveur de la vaillante population de Port-en-Bessin.

Caen, avril 1894.

Source AUBOURG, L. : Notice sur Port-en-Bessin.- Caen : Imprimerie-Papeterie E. Lanier, 1-3 rue Guillaume, 1894.- 16 p. ; 18 cm.

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Le Bourg des Moustiers en Bretagne

Posté par francesca7 le 11 février 2014

 

280px-Juigné-des-Moutiers_-_rue_du_bourgLe bourg des Moustiers, mieux que Bourgneuf pourtant plus avancé dans le sud, donne l’avant-goût de ces villages vendéens blancs et roses, aux toits serrés autour d’un petit clocher ancien à flèche d’ardoise. La place, devant l’église, agrandie exagérément aux dépens de la cure, à seule fin d’assurer le triomphe des principes républicains, conserve encore – pour combien de temps ? – un caractère puéril et noble grâce à ses arbres et aux façades endimanchées. Un beau retable du XVIIe siècle, animé, bistourné, colorié, dans la manière de ceux que l’on voit si fréquemment en Bretagne, – Lampaul, Guimiliau, Saint-Thégonec, – illustre richement l’abside de l’église sous une voûte bleue semée d’étoiles.

Mais le chef-d’oeuvre des bourgs maraîchins est Bouin, disposé en oasis sur le marais, avec ses clochetons qui montrent les cornes par-dessus un bouquet de charmes.

Pour mettre de l’ordre dans le circuit, prenons la route où nous l’avons laissée à la sortie de Bourgneuf, dans son banc d’huîtres fossiles. Elle court vers Bouin, puis vers Beauvoir-sur-Mer d’un trait à peu près droit, soulignant le littoral à deux ou trois kilomètres d’intervalle, sans d’ailleurs qu’on puisse le soupçonner. La mer, dans ce polder saumâtre, à peine arraché aux entrailles de l’Océan et encore tout engluée de ses vases, est toujours imprévue. On marche à son niveau, plus bas les jours d’équinoxe, derrière des digues qui contiennent malaisément son humeur. On la sent, on la respire, on la voit dans le sel, le nuage, la mouette, l’anguille, dans ces crabes avides qui hantent les étiers gras, et on ne peut la saisir, vrai jeu de colin-maillard. Puis un écart vous la découvre soudain, immense, d’un bloc, telle qu’elle vit au fond de la baie, livide, souillée, hachée de vagues courtes, ce clapotis sombre en accent circonflexe que les Hollandais ont peint, autour de leurs barques à livarde, avec tant d’exactitude.

A Beauvoir deux chemins, l’un tournant vers l’île de Noirmoutier, que l’on peut atteindre, à mer basse, par le passage du Gois, l’autre poursuivant du côté de Fromentine où commencent les sables du pays de Monts, maintenus par la pinède jusqu’aux approches de Croix-de-Vie. Une marge de verdure borde désormais la côte, simple trait coloré, tracé par la baguette des forestiers pour assigner sa limite à l’Océan qui, libéré de l’enclave de la baie, est redevenu l’Atlantique glauque, chassé de l’ouest sans répit, houle après houle. La route passe sur le front des pins avec tant d’autorité que pas un seul ne songe à sortir du rang. Ils demeurent chez eux, à droite, dans les dunes. Le marais s’étend à gauche, mais moins dépouillé depuis la Barre-de-Monts où vibrent les premiers peupliers blancs. L’écran des bois propage un calme bienfaisant. Favorisé par l’eau du sol, la végétation repart en couche épaisse, d’un vert suintant. Des petits ponts en dos d’âne franchissent les douves et, du haut de leur échine, l’oeil saisit au vol le scintillement clair des innombrables canaux. Discrète, à demi enfuie, la maison, qui porte le nom de bourrine, est peu visible. Les maçons la bâtissent avec cette terre du marais, pâteuse comme la glaise, grise comme la cendre, féconde comme l’engrais, qui ne cède qu’à la fré, pelle étroite et longue, semblable à une curette. On passe les murs au lait de chaux. On ouvre une porte, une lucarne. On coiffe le tout d’un chaume compact qui tombe à moins de deux mètres du sol et on plante un rosier près du seuil.

Il faut descendre par Notre-Dame-de-Monts, Saint-Jean-de-Monts, jusqu’au Pissot pour remonter vers Bouin par la belle route du Perrier, amorcée entre deux haies de peupliers splendides qui rafraîchissent l’atmosphère, brisent le soleil et concentrent en même temps, à cette croisée de chemins chargée de foins engrangés, une odeur chaude comme à l’aisselle d’une blonde. Les rouliers boivent au tournebride, la paille jonche le sol, des régiments de poules barrent la route. Même l’été les roseaux et les aulnes éclatent de verdure. Au second pas dans la prairie l’eau poisse aux semelles, vous happe. Il semble, à s’enfoncer dans les champs, que la terre flotte et va sombrer. Elle sombre. Voici l’hiver. Le marais n’est plus qu’une nappe froide anéantie sous la foulée sans fin des escadrons du suroit.

Jusqu’à Saint-Gervais, seul point de la contrée où l’écorce terrestre fait le gros dos le temps d’offrir une vue cavalière du polder, le charme mélancolique n’est point rompu. En traversant le Perrier, Sallertaine, Saint-Urbain, on retrouve, sur les clochers, le chaperon d’ardoises pointu, la maison à croupeton sommée d’une cheminée imposante comme un grenadier de son bonnet à poil, les villages en choux-crème qu’on mangerait, les barges de paille carapaçonnées de tresses, les mulons de sel et les tas de bousas séchés qui remplacent le bois sous le trépied. La propreté vendéenne est merveille ! Chaque jour est fête pour la bourrine. Modeste mais non pas misérable, très près de la vie primitive, simple, rude, elle a toujours l’air de revenir de la lessive. C’est une tradition de blanchir au moins une fois l’an ou de passer des enduits légers, roses, gris ou jaunes, sur le crépi. Les volets sont nets, les briques peintes et les tuiles d’un ton unique, tendre, languide, un ton de géranium amenuisé jusqu’à l’insaisissable par le soleil et les brouillards.

La rue des Salorges, à la sortie de Bouin, avec ses maisonnettes toutes semblables, toutes coloriées, toutes appétissantes est le modèle du genre. Le coeur pâme dans cette imagerie et vous éprouvez soudain une grosse envie de vous arrêter, d’entrer dans une de ces demeures, de vous asseoir entre la huche et le vaisselier et de ne plus jamais repartir. La terre battue est molle aux pieds, les solives fumées consolantes, le lit profond. Ah ! que vous allez bien dormir ! Vous écoutez ? Le silence… Vous regardez ! Un rayon meurt, une fleur penche, l’âtre soupire… Comme la vie est loin, comme votre âme s’évase, comme vos bras pèsent ! Les ruelles sont blanches alentour comme des communiantes, l’hôpital, précédé d’une demi-douzaine d’ormeaux, a des façons de béguinage sous sa coiffe à l’ancienne mode, les moulins tournent sur le champ de foire, quatre moulins minces, hauts comme des phares, pareils à de grands vieillards secs qui parlent à l’aide de signes un langage inconnu. Irez-vous boire ? Les cabarets portent l’enseigne de La Providence ou de La Grâce de Dieu et vous n’avez plus soif que du ciel. Près de l’église une bonne femme vend des chaussons aux pommes, dodus, lourds de compote, dont la pâte sent le beurre, le froment, et, à l’entrée du bourg, il  y a une treille miraculeuse qui produira des raisins jusqu’au coeur d’octobre.

Une jeune fille chante en tirant l’aiguille, dans la boutique du boulanger : profil arrondi, cheveux noirs lissés, prunelle en velours. Elle patoise un peu, mais je démêle, en prêtant l’oreille, un couplet surpris jadis aux lèvres de ma mère :

    Dans le jardin de ma tante il y a quatre coins.
Dans le premier coin il y a un jasmin,
Je vous aime d’un amour sans fin.
Dans le second coin il y a une rose,
Je voudrais vous embrasser mais je n’ose.
Dans le troisième il y a un oeillet,
Dites-moi tout bas votre secret.
Dans le quatrième est un pavot,
Ce que vous dites bas, dites-le haut

Dans une auberge de Bois-de-Céné également, devant une pauvre limonade, j’ai éprouvé cette douce fascination du silence, de la blancheur et de ces vieilles choses ignorantes qui ont gardé leur premier sourire. Le chêne des tables luisait profondément autour du billard couvert d’une housse en cretonne. Des lampes de cuivre étincelaient au plafond et les verres dans les placards d’angle. Entre les rideaux frais on distinguait, d’un côté, l’église courtaude derrière ses ifs, de l’autre une cuisine dorée où travaillait la patronne. Un parfum de pomme, de fumée, d’encaustique, auquel se mêlait l’odeur terreuse de carreaux trop souvent lavés et qui ne sèchent point, collait aux murs de la maison. Seul l’horloge du clocher bougeait, tous les quarts d’heure, mais on finissait par ne plus l’entendre. Deux paysans s’attablèrent et révèrent longtemps sans mot dire, en trinquant. Ils m’avaient salué avec courtoisie, comme le font encore les anciens – écho qui expire ! – le long des routes vendéennes.

Je vous jure qu’il faut un effort pour reprendre le bâton quand cette présence du vide vous a frôlé ! Ne m’avez-vous pas dit, mon cher Sageret, que Bouin est l’unique lieu du monde où vous avez dormi, parfaitement dormi, de ce grand sommeil qui est l’image de la mort ?

Compensation : la route est vivante. Bétail, volaille, dindons, canards, goélands, moulins, nuages et vent, tout s’agite à l’entour de son ruban étroit qui sinue au travers des pacages et des bossis ensemencés de fèves. Le vent surtout, ce vent du marais, prompt et jamais las, trempé, sauri, gâté par le relent des vases en dépit des bouffées toniques de l’étable et du foin, rampe ou galope jour et nuit au ras des herbes. Cette terre basse n’est pour lui que le prolongement de la mer. Nul obstacle, nul repli, pas même l’ondulation des houles. Il arrive en pleine force, en pleine lancée : il fauche. Dès novembre, aux premiers crachins, il commence de battre la bourrine-champignon, où l’homme se clapit près d’un feu de bouses, tandis que l’eau sournoise monte inexorablement, les deux complices se rejoignent sous la nue bouchée qui couvre de ses brumes leur tyrannie sans pitié. Je me souviens que la femme du peintre Milcendeau, exilée sous son chaume de Soullans, disait les larmes que le hurlement incessant de l’hiver arrachait à ses nerfs brisés.

Le Bourg des Moustiers en Bretagne dans Bretagne 220px-Juign%C3%A9-des-Moutiers_-_prieur%C3%A9_de_la_Primaudi%C3%A8reAu soleil de juin, c’est une fête de voir les troupeaux bien nourris, grands boeufs pâles, vaches au mufle huileux, disposer, sur les fonds verts, la masse décorative de leurs formes graves. L’heure du lait, le soir, les groupe aux échaliers près des bidons qui attendent. Les filles portent les sceaux crémeux, bras nus et la crinière coulée sur la nuque dans une résille. Les moutons font tache de-ci, de-là ; les poules s’affairent, bien campées, l’oeil vif ; les canards bâfrent, culs-de-plomb qui tranchent de l’aventurier en jouant de la corne. Mais ils ne feront jamais qu’un voyage au marché de Saint-Jean-de-Monts, de Challans ou de Machecoul, les pattes liées au fond d’un cageot, et l’âne en rit qui les conduira.

Lui, du moins, il engraisse. Bête de misère dans les régions tondues, l’âne tient au Pays de Retz sa prébende. Le poil frais, l’oreille vive, agile et bonhomme, il hante les fermes, les grèves, les foires, les chemins. On le voit paître les fossés en frétillant de la queue, traîner des charges de bousas, des montagnes de paille de fèves et porter le sel gris, tantôt poussé par un paysan en chapeau maraîchin, tantôt conduit par une femme abritée sous la coiffe en anse de panier qu’on nomme quinchenotte. Il est à l’échelle des maisons et sa fine couleur s’accorde naturellement aux pastels du paysage. Si j’avais à doter le marais d’armoiries parlantes, je choisirais, pour le représenter, l’eau, le nuage et l’âne. C’est un malin, en dépit de sa réputation, et un sage. J’ai eu naguère une bourrique qui n’avait rien de plus pressé que de se rouler dans la poussière chaque fois qu’on lui passait l’étrille. Elle m’apprit ainsi à mépriser les vanités mondaines dont le cheval et ceux qui le montent sont tout farcis.

Petit à petit, d’ailleurs, l’âne cède le pas à l’automobile et c’est dommage. M. Guilloux, l’historien du marais breton-vendéen, nous apprend que jadis, du XVe au XVIIIe siècle, la baie de Bourgneuf fournissait de sel une bonne moitié du monde civilisé. Des flottes de la Hanse le venaient charger en l’île de Bouin, tandis qu’huguenots et papistes argumentaient à coups de rapières, aux entours de Beauvoir, sur la façon correcte de gagner le ciel. On disait, en Allemagne, le sel de la Baye, sans plus, et il faisait prime. Mais la vase envahissait les côtes, les salines. Des siècles de lutte n’empêchèrent pas la défaite. On dut planter où la mer cristallisait. Le marais salant devint le marais gât, en culture, et la fève, le blé, le foin éliminèrent lentement le sel. Il n’est plus aujourd’hui qu’une ressource médiocre en comparaison des céréales, de l’élevage. Les nourrisseurs de Paris écument les marchés : volailles grasses, prés-salés, veaux laiteux. Et la mécanique, qui vous aplatit proprement un poulet sur le macadam, chasse à son tour notre lambin de bourricot.

J’ai remarqué pourtant que cette richesse d’après guerre avait moins atteint le pittoresque qu’on ne l’a dit, en Bretagne comme en Vendée. Bien des paysans de la vieille Armorique ont profité de l’argent pour remonter leur garde-robe en veste de velours, en gilets brodés, en tabliers de soie. Au marais on bâtit toujours la bourrine en regard des murs de pierre. Et, ma foi, j’ai beau y regarder de près, je retrouve encore intacte la nature et les hommes qu’ont peints Lepère et Milcendeau.

Le premier avait choisi le marais par élection, pour s’y recueillir quelques mois chaque année, le second tenait au sol par ses ancêtres, et il y a entre eux la différence du sang comme entre demi-frères. Il faudrait ignorer la maîtrise de Lepère, sûr de ses moyens jusqu’à éblouir, son intelligence, sa sensibilité, pour douter de la façon admirable dont il a pu interpréter les massifs d’arbres au bord des routes, – oh ! le beau souvenir des frondaisons de Watteau ! – la plaine submergée où le maraîchin pousse la yole sous les tétards, le hameau transi, la nue convulsive, le marché grouillant. Le drame de la terre et de l’eau où se débat l’homme, ce monde mouvant, dilué, sans fond, sur quoi se dressent des troncs cornus, des baliveaux instables et une volonté de vivre, il en a pénétré et rendu la grandeur tragique. Et il a été touché par la lumière aussi, cette lumière moelleuse, à facettes, qui réserve à ce lopin de boue une richesse incomparable.

Mais dans sa Bièvre, dans ses Quais de la Seine, dans sa Normandie, dans toute son oeuvre, je sens la même acuité, les mêmes raffinements de métier, le même oeil. Milcendeau possédait deux regards. En Vendée, un nouveau génie l’habite. Il n’est plus uniquement l’artiste qui met son savoir et ses dons au service d’un sujet qui l’émeut. Il est visionnaire. Ses morts, des paysans à bourrine, parlent en lui. Le marais, sous ses crayons ou son pinceau, devient religieux. Aucun effet, aucune déformation de style, mais une vérité grave jusqu’au recueillement, profonde jusqu’à l’angoisse.

Lui seul a crayonné, avec la naïveté savante d’un Clouet qui va d’emblée aux traits essentiels, le maraîchin rasé, plissé, tanné, coiffé d’un chapeau rond, vêtu d’un frac en forme de boléro et d’un pantalon collant à pleines fesses. Lui seul a fixé dans des gouaches, des dessins parfaits et sans détours, l’âme chaude, contenue, des filles à cheveux plats, brunes sanguines aux lèvres estompées, aux beaux yeux sombres, au menton court. S’il aimait la mutilation des vieux visages, le printemps craintif des adolescentes rustiques n’a pas manqué de l’attirer. Il y a dans ses horizons gris une fatalité qui fait mal. Ses toits de chaume ne posent pas, ils souffrent. Ses intérieurs fascinent. Milcendeau prend le marais et nous ouvre son coeur. Passant ailleurs, il est ici de la famille. Et s’il a rapporté d’Espagne une oeuvre lucide, c’est que le maraîchin rappelle dans ses traits, sa vêture, les paysans du Léon dont il serait, dit-on, un descendant émigré.

Chacun va où son démon le pousse et il n’est pas vrai de prétendre que l’artiste fait ce qu’il veut. Ces quelques lieues carrées où le Pays de Retz s’ajuste au Pays de Monts, ont inspiré des peintres diversement. Peské a pris l’arbre en bûcheron, en poète. Antral a pris l’eau et les signes primitifs d’une nature élémentaire.

chapelle5_200x600 dans VILLAGES de FRANCEJ’ai découvert Antral au bourg des Moustiers, dans la maison de la mère Pinson, un beau matin qu’une brise vinaigrée enfilait la ruelle. Il venait de Nantes : escale au port, aux rues chaudes, tordues, fades, lumineuses, musicales. La Loire et le lac de Grand-Lieu l’avaient préparé à ces horizons déserts que hachurent, au premier plan, un jonc maigre, des osiers, et il tenait de la mer la révélation des cieux dramatiques. Il ne fut pas longtemps à prêter l’oreille pour entendre la langue du Pays de Retz, les sables pâles comme un champ d’avoine, les vasières opalines, la baie lourde, bilieuse, arrondie dans un beau mouvement circulaire, les étiers taillés dans une terre pourrie – le Collet, les Brochets, l’Époids, – où christe-marine, algue, pourpier sucent leur vie côte à côte et qu’un balisage de perches rustiques prolonge dans le large, les douves des salines, croûtées comme un visage malade, les poteaux du télégraphe si hauts sur la plaine, les coiffes blanches, les maisons blanches, le vent…

Un soir de septembre, ces soirs si grands chez nous où les nuages s’arrêtent, échafaudent leurs masses et s’ouvrent tout à coup dans un éclatement pourpre, j’ai quitté Antral. Il emportait dans ses cartons ce pays où nous avions roulé ensemble, où il ne reviendra peut-être jamais. Je me suis retrouvé seul sur la route, avec la chaleur mélancolique d’une forte poignée de main et cette pesanteur de l’âme qui suit les évasions exaltées. Le crépuscule couvait encore des braises rouges dans ses cendres soufrées. Un phare s’alluma : le Pilier qui me fait signe du côté de l’aventure depuis tantôt quarante ans. Je vis la mer, molle et passionnée comme une phrase de Chopin, musique fanée qui vous brise… Ah ! que cette terre que je traîne aux semelles me parut pesante, en rentrant !

 

Extrait de ELDER, Marcel Tendron pseud. Marc (1884-1934) : Pays de Retz.- Paris : Emile-Paul, 1928.- 99 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm. - (Portrait de la France ; 21).

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L’Observatoire de la Lanterne de Rochecorbon

Posté par francesca7 le 11 février 2014

 

 (D’après « Pages oubliées, légendes et traditions », paru en 1909)

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Dans l’ancien Comté de Touraine, au début du XXe siècle, Gaston Bonnery se laisse emporter par la beauté majestueuse de la Lanterne de Rochecorbon, aux environs de Tours, qu’il décrit comme un joyau, une tour svelte, de peu d’épaisseur, faisant partie jadis d’une fortification moyenâgeuse et qui comme une aiguille s’élance hardiment dans l’espace, tantôt brûlée par le soleil, tantôt lavée par les pluies, mais bravant toujours les intempéries des saisons et les insultes des siècles

Elle sollicite l’intérêt du touriste, aussi bien que l’attention de l’archéologue, écrit-il. Son origine remonte, en effet, à l’un de ces personnages qui illustrèrent le Comté de Touraine avant sa réunion à la couronne, sous Philippe-Auguste, c’est-à-dire, à cette noblesse qui avec le sang transmettait en l’héritage la foi, le courage et l’honneur. On raconte que Corbon, sire des Roches, qui vivait au seuil du XIe siècle, et dont la famille s’illustra par les actions d’éclat dans les Croisades, lui aurait donné son propre nom, de là sa transposition sous le vocable de Rochecorbon.

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Lanterne de Rochecorbon

 

Ce fut aussi un Corbon qui employa, l’un des premiers chevaliers, dans ses chartes, la fameuse formule de : « Par la grâce de Dieu », alors réservée aux Princes du sang. C’est à Robert, Seigneur de Brenne, l’un de ses descendants, au commencement du XIIIe siècle, que la légende fait remonter la tour d’observation construite en ce lieu stratégique, tour qui n’a été l’objet d’aucun travail bien sérieux.

Un jour que ce jeune Chevalier rentrait d’une longue chevauchée, il aperçut un aigle dirigeant son vol vers le manoir de ses ancêtres, il banda son arc et abattit l’oiseau. A l’endroit ou tomba sa flèche, Robert fit élever judicieusement une tour fanal à l’extrémité du roc qui formait falaise et surplombait la vallée. L’architecte, avec un art prodigieux, avait su mettre à contribution le rocher où la sape et la mine y paraissaient impossible. Ce n’est ni un nid d’aigle, ni un repaire de brigands, mais un asile d’un pittoresque, saisissant qui domine la Loire, semant ça et là ses nombreux bancs de sable d’or.

De cet observatoire, les compagnons de guerre du baron d’Amboise, à la lueur tremblotante de l’immense fanal encensant le ciel, lui envoyèrent chaque jour par les airs les nouvelles du Comté. Le manoir féodal de la baronnie de Rochecorbon qui se dressait sur le haut du plateau, ne comporte pas une description qui serait aussi malaisée que superflue ; car il est tombé comme sont tombés tant de châteaux moyenâgeux dans un de ces drames politiques où les féodaux dévoués à leur suzerain luttaient les uns contre les autres pour se disputer le pouvoir, luttes qui nous sont parvenues par la tradition et les récits des chroniqueurs. Il est certain que les armes étaient la grande jurisprudence des temps, l’arbitraire et la force se mêlèrent à tout.

Les derniers possesseurs furent les seigneurs de Maillé et de Luynes, dont la mémoire est restée vivace dans nos annales tourangelles, mais dont l’historique et l’illustre généalogie ne saurait entrer dans ce cadre. De cette terre seigneuriale où les invités se donnaient rendez-vous, le bruissement des vents du ciel rend seul un gémissement sourd, comme la plainte vaine du passé sur des splendeurs disparues. Aujourd’hui tout est vide et silencieux. Sur ces hauteurs où des feux brûlaient naguère, viennent se reposer des hôtes éphémères, des oiseaux nocturnes troublant seuls de leurs appels lugubres, ou de leurs roulades mystérieuses la paix de la nuit ; ils aiguisent leur bec, dévorent d’innocentes victimes dont les ossements dépouillés de leur chair tombent à l’intérieur de la cheminée, comme en un immense charnier dissimulé sous une épaisse chevelure d’arbustes épineux.

Rien de mélancolique hélas ! comme le souvenir d’une grandeur déchue, ensevelie dans la poussière des ruines : sous la rafale du vent qui passe, on dit que comme le cerf altéré soupire après les sources d’eau, les âmes des défunts affranchis des biens terrestres y tiennent leur cour ainsi qu’autrefois, et disparaissent légères et gracieuses dans un arc-en-ciel dont la courbe aérienne forme un pont diaphane et radieux entre le ciel et la terre.

Vue d’en bas, la lanterne de Rochecorbon semble être taillée dans un même bloc qui s’effrite sans cesse, n’offrant plus au regard fasciné que les assises de quelques gros murs démantelés. Un sentier en lacet permet de monter au faîte du plateau, d’où l’on accède facilement à la base de la tour. Tout a été saccagé, pillé, incendié ; les matériaux épargnés ont été utilisés dans l’étendue du pays, et cependant tout rayonne de souvenirs et il circule toujours les histoires légendaires des hautes promesses des anciens maîtres de cette demeure, jadis inaccessible aux manants, et que nous, voyageurs, nous visitons avec une admiration et un respect avertis.

Ces ruines rappellent tant de noms écrits dans nos annales et réveillent tant d’échos de gloires et de malheurs. De ce lieu, on contemple le moutonnement des coteaux du Cher, sur lesquels s’étagent les silhouettes blanches de nombreuses villas, pendant qu’à travers la brume transparente se profilent les reflets lumineux de la croix des tours de la cathédrale Saint-Gatien, croix qui est le plus auguste de tous les étendards ; puis la pesante coupole de la Basilique, servant de gigantesque piédestal à la statue de Saint-Martin, autour de laquelle d’antiques tours carrées servent encore de sentinelles d’honneur, tours qui ont abdiqué le nom sous l’invocation duquel elles étaient placées jadis, pour prendre les noms bien bourgeois de Tours de Charlemagne et de l’Horloge ; le campanile de l’Hôtel de Ville lançant dans les airs sa flèche svelte et gracieuse, tout en projetant des rayons d’or sur les cimes verdoyantes des arbres centenaires qui lui font un mouvant rempart.

Plus loin encore, dans la trouée fugitive et endiguée qui livre passage au fleuve de la Loire, se déroulant comme un ruban d’acier, le monument énigmatique de la Pile Cinq-Mars. A nos pieds le soleil tombe languissamment sur la plaine féconde de la Ville-aux-Dames, petite bourgade qui doit son nom à un ancien monastère de femmes, dépendant de l’abbaye de Saint-Loup. Près la voie ferrée s’élève une petite chapelle à Notre-Dame-de-Prompts-Secours, rappelant une antique vierge vénérée jadis par des bergers, sous le nom irrévérencieux de Notre-Dame-des-Crottes.

Quoiqu’il en soit, les âmes tristes y trouvent du soulagement, et les esprits fatigués un attrait à la componction. Le petit village de Rochecorbon même se déploie le long de la chaussée ensoleillée, que longe un tramway à vapeur. Le temps passe vite en cette jolie vallée où la puissance divine a largement ouvert sa main. Que le soleil se lève ou qu’il éclaire le monde, qu’il soit a moitié de sa course ou à son déclin, l’aspect du paysage est toujours splendide. La nuit venue, les étoiles radieuses montrent le chemin des cieux. Celui qui veut réellement reposer son âme n’a qu’à laisser sa vue errer au delà des astres ; là, seulement existe une paix immuable. Etudiant les rapports mystérieux qui unissent l’homme à celui qui l’a créé, il pourra écouter la douce harmonie du langage que Dieu parle à son coeur. Il n’y a que les grandes scènes de la nature pour élever l’âme jusqu’à l’immensité et l’Infini de Dieu.

 

 

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Pays de Retz par Marc Elder

Posté par francesca7 le 11 février 2014

~ * ~

I

PdR_carteUNE route passe sur la crête, à cent mètres du littoral, joignant d’un trait presque droit Pornic à Bourgneuf-en-Retz. Soulignons-la de vert comme sur une carte Michelin. Son cours champêtre, varié par des échappées sur l’Océan, ne manque pas de pittoresque. On y voit les clochers du Clion, des Moustiers, fins comme pointe d’oignon monté en graine, la chapelle de Prigny à croupeton sous son orme, un horizon divers qui propose des jeux d’esprit sous la forme de mirages dont il faut deviner le sens. Pour moi, j’y vois ma jeunesse. Elle est éparse dans le paysage ainsi que la lumière insaisissable. A l’inverse des guides, qui recommandent les merveilles inconnues, je souligne cette route parce qu’elle m’est si familière que j’y puis circuler les yeux fermés, comme on circule dans l’insomnie au travers de sa conscience.

Rarement nous déplions cette carte que nous portons au fond du coeur. Elle est trop près, trop en nous pour que nous ne l’oubliions pas. La quiétude journalière n’a pas besoin de pilote : l’habitude mène la barque. Au large seulement, on ouvre le grand routier et l’oeil s’arrête à rêver de la terre natale, sous le contraste d’un ciel étranger. Ce n’est pas une géographie savante que la nôtre, irriguée et coloriée comme une planche anatomique ! C’est une humble carte, informe, tremblante, à la manière des levées anciennes, avec des images parlantes. Un enfant, un adolescent, un homme s’y manifeste. C’est nous-mêmes. Il semble que tout le pays ne soit autre chose qu’une lente histoire, sans souci des bornes, des reliefs ou de la ligne de partage des eaux. Sur la mer des petits bateaux, des poissons ; dans la rivière des baigneurs ; un chasseur sous bois et, derrière cette haie, des amoureux qui s’enlacent… Plus on regarde, plus les scènes se multiplient. La maison, l’église, le chêne se confondent avec le personnage, avec les soupirs, le rire, les larmes. Tout se trouble, tout se meut. Est-ce de la chair ? Est-ce de la terre ? Et ce nom qui nous sonne à l’oreille, le nom du pays, notre pays, ne mêle-t-il pas l’un à l’autre ?… Voilà : avec les ancêtres, revenants que je découvre d’année en année sous le voile d’une personnalité fallacieuse, je cache aussi un bloc de la machine ronde. Tout ce qui n’est pas eux, en moi, est poussière, la poussière de ce sol qui m’a permis de me dresser, fantôme de boue éphémère, pour le chérir. Immense ? Non ! Rien qu’un atome, une région qu’un oeil embrasse, à la mesure de nos faibles sentiments. Mais je crois bien que, sans le fait du prince, la patrie n’aurait pas été au-delà.

Depuis l’âge le plus tendre l’été me ramène au Pays de Retz.

Je m’arrête parfois sur cette route de Bourgneuf, un peu au-delà de la Bernerie, au lieu dit le Chambaraud. Il y a là une vigne, un cellier, gloire d’un ancien voilier qui les fonda naguère. Cet homme était court et portait, sur une barbe blanche, un visage qui avait l’air d’un soleil couchant sur la neige. Le vin blanc, qu’il caressait, lui ménagea, non sans prévenir, une congestion radicale. Il finit dans le faste d’un petit bourgeois glorieux et renté, ajoutant aux assises d’une propriété réputée les agréments du yachting et de l’auto. Il disait :

– Mes vignes, mon matelot, ma voiture. […]

A la vérité, les limites du Pays de Retz sont assez difficiles à définir, et l’ancien duché de Retz, qui s’accrut, à la fin du XVIe siècle, des communes de Vue et de Prigny, présentait une figure moins dense, des contours plus sinueux que ceux que je propose à la commodité du voyageur. Je prends conseil de mes souvenirs, non des archives, et il importe peu à la couleur du ciel ou de l’eau, a l’odeur substantielle du vent de mer que mes bornes soient imprécises. Je cherche ma trace, point une frontière. Pourtant je ne crois pas trop désobliger la géographie ni la tradition en désignant d’un bloc, sous le nom de Pays de Retz, ce musoir de terres basses, disposé à l’ouest du lac de Grand-Lieu, entre l’estuaire de la Loire et la baie de Bourgneuf.

Mais si je me retourne vers l’orient, sur cette butte de Chambaraud qui met à mes pieds l’offrande souriante de la mer, je vois le marais naître aux dernières ondulations des vignes, fuir et se perdre à l’infini dans ce fond de brumes tendres où les éléments se confondent. Les bourgs y marquent des îlots balisés par un clocher, les fermes, dispersées loin à loin, des traits roses, et les mulons de sel des points blancs. Là, dans les sables, le polder, commence la Vendée rase et sans fard, toute en eau et en ciel. Par delà Beauvoir, ombre de village sur une ombre d’horizon, j’imagine la pinède littorale où vient mourir un océan vert, Noirmoutiers articulé au goulet de Fromentine et l’île d’Yeu l’Invisible, qui n’est, pour les côtiers, qu’une flamme dans la nuit.

Toute cette contrée, étendue de Bourgneuf à Croix-de-Vie, excède mon sujet et dément mon titre. Nous sommes ici dans le Pays de Monts, mais il n’importe ! C’est le hors-d’oeuvre qui sauve parfois le rôt, et cette étrange région, où la Bretagne convulsée vient expirer dans la plaine, obsède bien trop ma mémoire pour que je la délaisse. Il en est des pays comme des hommes : les plus accidentés nous amusent, mais ce sont ceux dont l’âme se cache sous l’indifférence qui nous retiennent.

QUAND j’arrivais à Nantes, le premier août, la maison était sur le départ. Ma mère, qui attachait un prix incomparable à ses devoirs de maîtresse de maison, bouleversait l’appartement depuis une bonne quinzaine. Non seulement les housses couvraient les meubles du salon, le piano et les chaises de tapisserie que nous devions aux « doigts de fée » de mes tantes, mais encore tous les rideaux, toutes les tentures, tous les tapis étaient enlevés, battus, rangés entre des journaux frais, l’encre d’imprimerie ayant, paraît-il, la vertu d’écarter les mites. Dans le vestibule les malles attendaient que l’on voulût bien les retourner pour la cinquième ou sixième fois, afin de rechercher une savonnette ou un ruban dont on avait perdu la trace, et deux jours avant de prendre le train, on imposait au chat le régime sec afin qu’il ne s’oubliât pas dans son panier.

En deux heures de chemin de fer nous étions à la mer.

téléchargement (11)Elle s’annonce dès la gare de Bourgneuf-en-Retz par un brusque changement de décor, la campagne bocagère cédant soudain au marais. Une dernière haie, une dernière tache d’ajonc ou de bruyère, un dernier chêne, et la terre, rompant ses bornes habituelles, déferle à plat jusqu’à l’horizon où se meut l’ondulation grise de l’Océan. Hâlée, gercée, roussie, elle prend l’aspect d’un vieux paillasson sur lequel pousserait, par miracle, la fleur rose d’un toit, la fleur blanche d’un mulon de sel. Le train côtoie les salines, à peine trempées encore d’une eau pâteuse dont l’évaporation quotidienne amasse des croûtes sombres sur le pourtour. Le jonc monte des douves, aigu, acide. La vase des bossis craque au soleil comme poterie au four. La mer se rapproche, blonde et pâle, au point de toucher la ligne devant l’église des Moustiers, parmi ces sables fuyants où des vignes rachitiques agonisent.

La Bernerie n’était point encore devenue, à l’époque, cette aimable station balnéaire où la démocratie retrempe, aux souffles marins, le cuir d’innombrables chérubins promis à l’héroïsme guerrier que la République, une et indivisible, réserve à ses enfants. Aucun moniteur sur la plage, rempilé de Joinville, pour redresser les échines vacillantes, calmer les fièvres alcooliques sous le regard attendri d’une aïeule charnue. Point de fanfares, les jours de fête, pour égayer l’espadrille, achalander le bistrot, la jupe courte et le maillot de bain. Quelques familles vivaient seules, à la bonne franquette, parmi les naturels, et si le village avait déjà perdu tout caractère, il conservait du moins la fraîcheur âpre d’un rivage de France encore pur.

Le retraité de la marine ou des douanes, espèce quasi disparue sur le continent et qu’on ne retrouve plus guère que dans les îles, tenait le haut bout de la population. Les uns achevaient de gagner leurs invalides à l’aide d’une barque mouillée en belle rade, dont ils rafraîchissaient les couleurs à longueur d’année ; les autres cultivaient l’oeillet d’Inde et la pomme de terre – cette pomme de terre des sables si légère, si savoureuse, – entre deux rangées de coquilles Saint-Jacques. Chaque jour on les voyait à la côte, la vareuse nette, le sabot luisant et le béret sur l’oeil, faire le gros dos sous le soleil. Une fois le temps, l’un d’eux, en appétit de friture, plongeait un carrelet dans l’eau. La pipe, les nuages, la marée, les vents remplissaient leur journée avec les souvenirs des longs cours autour de la planète qu’ils roulaient dans leurs doigts comme un joujou. Le gabier Bardeau avait perdu un doigt à Iquique, Poussepain rapporté la gale de Macao et maître Dixneuf abandonné ses dents aux îles de Kerguelen, faute d’un citron pour juguler le scorbut.

Comment ma grand’mère fut-elle conduite à l’achat d’une petite maison à La Bernerie, je l’ignore ! Les affaires de ma grand’mère n’étaient jamais simples et j’ai ouï dire qu’il y eut aussi là des micmacs singuliers. Elle vécut dans la chicane, hantant la basoche et le tribunal dont elle se fit expulser, certain jour, par la maréchaussée, traquant ses locataires, ses amis, ses enfants, menant la procédure tambour battant contre le diable même, et spéculant à la sourde en compagnie d’aigrefins qui lui escamotèrent jusqu’à son dernier liard. Elle avait quatre-vingt-six ans quand elle mourut, ruinée sans le voir, mais furieuse encore de laisser à son sang quelques pierres. Sur son lit de mort elle avait conservé ce menton têtu, fiché comme un clou au bas du visage, son grand nez courbe, hautain, rapace, son front chimérique. Quand la camarde se présenta, elle lui fit un procès et plaida avec tant de fureur qu’on fut obligé de l’isoler. Elle perdit : elle perdait toujours !

La maison, un toit de paysan, s’adossait à une ferme au sommet d’une falaise. Un mur et un puits mitoyens servirent à mettre les avocats en branle : tout allait bien. Nous étions placés exactement au point où la côte rocheuse de la Haute Bretagne se perd, par une transition schisteuse, dans les sables qui enveloppent le littoral, presque sans interruption, jusqu’aux marches du pays basque. Les jours de grande marée, les vagues limoneuses battent encore là contre une frontière qu’elles achèvent de démanteler avec la complicité traîtresse des eaux de pluie. […]

Ce Pays de Retz n’est-ce pas, au fond, pour moi, des aubes et des crépuscules, aubes des départs radieux où le corps s’enivre de son sang, de ses muscles, crépuscules symphoniques où l’on n’est plus qu’une âme éparse ? Le soleil, ballon de cuivre qui rompt ses amarres, m’a souvent surpris au large, la barre en main, et regardant naître la terre à la lisière de l’écume virginale ! Sur Pornic, la côte s’élève, fait front. Les falaises de Gourmalon, de la Birochère, de la Rinais, marquées de bois et de moulins à vent, composent le massif central qui s’abaisse, vers l’ouest, jusqu’aux éboulis de la pointe Saint-Gildas, vers l’est jusqu’au marais de Bouin dont la courbe heureuse cerne la baie et rejoint le trait pur de Noirmoutier, l’île du sel. Le paysage n’a point de pittoresque bavard : il est sobre, presque effacé. Par son trait mince, où je retrouve la sûreté de pinceau d’un Hokousaï, par sa lumière frisée il me touche sans que j’aie besoin d’évoquer, par delà, les traces de l’homme. L’île fond dans la brume, blonde et bleue par temps calme, lavée à l’encre de Chine les jours d’orage. La mer se dépouille, verdit à mesure qu’on approche du Pilier qui guinde sur l’horizon le double signal de ses tours. […]La mer, la douce mer, la mer où l’on est seul, orgueilleusement seul, quel refuge ! Il y a une délectation morose et triomphante à s’y perdre hors de l’homme, cette délectation même qu’un Foucault demandait avidement au Hoggar et que tempèrent ici la féerie mobile du paysage, l’obligation constante de surveiller l’horizon. Le vent qui vient du sud est lourd, collant de mille ventouses ; le noroit brandit des lanières cinglantes qui sifflent haut ; les brises de l’est sont folles et, sautant par moment l’obstacle des falaises, assaillent traîtreusement les barques sans défense. Souffles divers, aspects nouveaux. Le visage sensible de l’eau écoute le ciel et se meut à sa voix comme un somnambule.

Une à une, j’ai appris les roches de la baie avec Eustache, depuis les platures écumeuses de la Couronnée, d’où l’on découvre les limons de la Loire, jusqu’aux bancs du Ringeaud, sous le clocher de Bouin. Pendant des années, il n’y a eut pas de jour d’été que nous n’employâmes à pêcher au tramail, à la balance, à la ligne, au haveneau. C’est dans les herbiers de Noirmoutier, sur les beaux fonds de sable clair, en eau vive, devant ce décor du Bois de la Chaise – blocs erratiques, chênes et pins, – qui semble emprunté au cap Brun, que l’on capture le noble rouget dont la chair, grillée entre deux feuilles de vigne, dégage un délicieux parfum de noisette. Le homard, le tourteau, l’araignée préfèrent les antres lointains du Sécé où se déroulent, dans un cristal d’aquarium, les longues laminaires gaufrées, tandis que le petit crabe nageant, au goût poivré, se tient plus à terre, dans les parages de la Préoire ou du Caillou. La crevette se déplace, hantant le littoral lorsque la mer s’endort aux brises d’amont. La sole, au contraire, attend la bourrasque pour dégîter. Et le maquereau, arc-en-ciel brisé issu des vagues, se chasse à l’hameçon au voisinage des sardiniers multicolores. Le Pays de Retz complétait l’enseignement de la Bretagne mouillée, pierreuse, et si charmante dans ses bocages discrets disposés le long des rivières. Le Morbihan est sans faconde comme le marais vendéen sans oeillade. Cette « presqu’île du vin rose et des moulins à vent », comme vous l’avez baptisée, mon ami Paul Fort, ne se met point en frais pour raccrocher. Son paysage rabougri, sans lyrisme, n’a guère que la confidence des chemins creux pour vous séduire, et sur le désert du polder il n’y a que le ciel. Mais comme ces créatures sans fard, sans splendeur, un peu ternes, un peu moroses, troublantes cependant, et auxquelles il faut arracher le secret, le pays vous prend à la longue et vous retient. On y est bien seul vis-à-vis de soi-même. Aucune fantaisie à portée de la main pour distraire la méditation qui s’amorce. Harmonieuse et lointaine, une géométrie tempère, à nos yeux barbares, la fureur d’agir. La bravade téléchargement (10)de ma jeunesse s’abîme dans les mirages et les eaux immobiles renvoient obstinément mon visage. Je l’y découvre encore en me penchant sur elles, imberbe et passionné.

Source : extrait de  ELDER, Marcel Tendron pseud. Marc (1884-1934) : Pays de Retz.- Paris : Emile-Paul, 1928.- 99 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm. - (Portrait de la France ; 21).

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La légende du Mari aux deux femmes

Posté par francesca7 le 10 février 2014

 
 
220px-Female_pirate_Anne_BonnyMettant en scène Eliduc, vassal du roi de la Petite-Bretagne, un conte du XIIe siècle, récit paradoxal où ce qui dans d’autres circonstances s’appellerait crime est présenté comme le comble de la vertu, présente la belle et amusante légende du mari aux deux femmes, dont les traits essentiels se retrouveront plus tard et notamment en Allemagne avec un bas-relief du Moyen Age immortalisant cette étrange aventure…

Les voyageurs qui visitent la ville allemande d’Erfurt, en Thuringe, s’arrêtent, dans l’église de Notre-Dame, devant un bas-relief du Moyen Age, d’exécution assez grossière, qui est encastré dans le mur ; il était auparavant dans l’église Saint-Pierre, aujourd’hui démolie, et formait, horizontalement posé, le dessus d’une tombe. On y voit un chevalier de haute taille étendu entre deux femmes. Le sacristain ne manque pas d’expliquer que ce chevalier est un comte de Gleichen — le château de Gleichen est près de là, la famille n’existe plus — qui eut une étrange aventure. Gaston Paris, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, nous rapporte ainsi cette légende :

 « Parti pour Jérusalem, il fut fait prisonnier et employé, chez le Soudan, aux travaux du jardinage. La fille du Soudan le vit, fut frappée de sa bonne mine, puis, quand elle eut lié entretien avec lui, charmée de ses discours, touchée du récit de ses malheurs. L’amour la disposait à se faire chrétienne ; les exhortations du comte l’y décidèrent. Elle proposa au prisonnier de l’épouser devant l’Eglise. Grand fut l’embarras du comte, car il avait laissé en Thuringe une épouse aimée. Mais le désir de la liberté l’emporta sur toutes les autres considérations : il fit à la sultane la promesse qu’elle exigeait.

« Elle sut préparer et exécuter son hardi dessein, et bientôt les fugitifs arrivèrent à Rome. Le comte de Gleichen alla trouver le pape et lui exposa le cas. Le mariage promis n’ôtait-il pas sacré ? La princesse qui avait risqué ses jours sur la foi d’un chevalier chrétien et qui demandait le baptême en même temps que le mariage, pouvait-elle être déçue dans sa confiance ? Le pape fut touché de cette situation. C’était peut-être le même pape qu’un miracle avait si sévèrement réprimandé pour n’avoir pas admis à la pénitence le chevalier Tanhauser, qui, désespéré, était retourné chez dame Vénus et s’était damné pour toujours.

« Le pape montra cette fois plus d’indulgence. Il permit au comte de Gleichen de contracter un nouveau mariage sans rompre le premier, et d’avoir en même temps deux femmes légitimes. Nos vieux conteurs n’auraient pas manqué de se demander si c’était en récompense de ses prouesses ou en expiation de ses péchés. Le baptême et le mariage accomplis, le comte reprit le chemin dé la Thuringe, ne sachant trop comment il se tirerait de la seconde partie, et non la moins difficile, de sa tâche. La Sarrasine, habituée à la polygamie, ne voyait rien de choquant dans le fait d’avoir une partenaire ; mais que dirait l’Allemande ?

« Le comte laissa sa compagne un peu en arrière, et vint seul au château de Gleichen, où sa fidèle épouse l’attendait en priant pour lui. Quand les premiers transports de joie furent passés, il lui raconta toutes ses aventures, lui peignit l’horreur de sa captivité, lui apprit par quels prodiges de courage et d’adresse la fille du Soudan l’avait délivré, lui dit qu’elle l’avait suivi et s’était faite chrétienne, enfin lui avoua la promesse de mariage et l’exécution que cette promesse, du consentement du pape, avait reçue à Rome.

« La comtesse, après l’avoir écouté en pleurant, déclara que celle à qui elle devait de revoir son mari s’était acquis sur lui des droits égaux aux siens propres, et demanda à l’embrasser. Il courut la chercher, la comtesse alla au-devant d’elle et se jeta dans ses bras, et la vallée, située au pied du château, où les deux femmes se rencontrèrent, prit alors et a gardé jusqu’à présent le nom de Val de Joie. Ils vécurent longtemps heureux dans cette union à trois que rien ne troubla. Au siècle dernier, on montrait encore à Gleichen le grand lit où le comte reposait entre ses deux femmes, comme il repose en effigie sur la pierre sépulcrale d’Erfurt. »

Cette légende se présente à nous pour la première fois en 1639. Elle était si connue en Allemagne et si peu discutée que Luther l’accepta comme précédent pour autoriser le mariage du landgrave Philippe de Hesse. Les variantes et les incertitudes du récit démontrent, suivant Gaston Paris, que nous avons là un des exemples si nombreux de ce qu’on a nommé la mythologie iconographique ; le peuple éprouve toujours le besoin d’expliquer les œuvres d’art dont le sens est perdu. Le tombeau à trois personnages, parmi les sépultures de la famille de Gleichen, ne portant aucun nom, on imagina que c’était un comte qui avait eu deux femmes, avec l’autorisation du pape, dans des circonstances extraordinaires, et telles que les croisades pouvaient en fournir.

En 1836, le tombeau fut déplacé, on fouilla le caveau sous-jacent, et un médecin, après avoir examiné les crânes qui s’y trouvaient, déclara que l’un d’eux présentait les caractères anatomiques d’une femme de race orientale. Or, il n’est pas même certain que ce crâne soit celui d’une femme.

On retrouve les traits essentiels de celte légende dans un roman français du XVe siècle ; le héros est un seigneur de Trasignies en Hainaut. La même donnée se rencontre, traitée un peu diversement, dans un conte emprunté au XIIe siècle, par une poétesse française, Marie de France, aux traditions celtiques. Ce conte est le plus beau lai d’Eliduc. Gaston Paris analyse ce récit breton.

Eliduc, vassal du roi de la Petite-Bretagne est disgracié ; il quitte sa dame Guildeluec, bien qu’il l’aimât, et s’embarque pour la Grande-Bretagne. Là, il délivre la belle Guilliadon, qui lui déclare son amour et lui offre sa main. Il n’ose dire qu’il est marié. Ils s’aiment platoniquement. Eliduc est rappelé dans son pays ; il va partir. « Emmenez-moi, dit la belle, ou je me tuerai ! » Il l’emmène. Un orage éclate sur mer pendant le voyage ; elle tombe inanimée. Il ne peut se résoudre à l’enterrer ; une fois à terre, il la place sur un lit.

« Belle, dit-il, à Dieu ne plaise que je continue à vivre dans le siècle ! Douce chère, c’est moi qui ai causé votre mort. Le jour où je vous mettrai en terre, je prendrai l’habit de moine, et je n’aurai d’autre adoucissement à ma douleur que de venir chaque jour à votre tombe. » Puis il gagne son manoir, où sa femme l’accueille avec grande joie ; mais il ne lui montre qu’un visage triste et ne lui dit pas une parole d’amitié. Chaque jour, dès le matin, il s’enfonçait dans la forêt et venait à la chapelle où gisait son amie. Il la contemplait longuement, émerveillé de lui voir toujours les couleurs et l’apparence de la vie, pleurait, priait pour son âme et ne rentrait chez lui qu’à la nuit close.

« Un jour qu’Eliduc avait été obligé de se rendre à la cour du roi, sa femme prit elle-même le chemin de la forêt et arriva dans la chapelle. En apercevant le corps étendu sur le lit, elle comprit tout ; mais quand elle vit la merveilleuse beauté de Guilliadon, encore fraîche comme une rose nouvelle et joignant sur sa poitrine ses mains blanches et ses doigts effilés, la jalousie fit place aussitôt dans son âme à un tout autre sentiment : C’est pour cette femme, dit-elle à l’écuyer qui l’accompagnait, que mon seigneur mène un si grand deuil. Sur ma foi, je le comprends. En voyant une telle beauté en proie à la mort, mon cœur se serre de pitié, en même temps que l’amour le remplit de douleur. Et s’asseyant devant le lit, elle se mit à pleurer celle qui avait été sa rivale. »

Elle est rappelée à la vie. Elle se réveille.

« — Dieu ! que j’ai dormi ! La dame l’embrasse et lui demande qui elle est : Dame, je suis de Logres et fille d’un roi. J’ai aimé un chevalier appelé Eliduc, qui m’a emmenée avec lui et cruellement trompée. Il avait une femme et ne me le dit pas. En l’apprenant, j’ai perdu connaissance, et voilà qu’il m’a abandonnée sans secours dans une terre inconnue. Il m’a trahie, et je n’ai d’autre tort que de l’avoir aimé. Folle est celle qui se fie à un homme !

 « — Belle, répond Guildeluec, vous vous trompez. Eliduc, à cause de vous, ne connaît plus de joie dans ce monde. Il vous croit morte, et chaque jour il vient ici vous contempler en pleurant. C’est moi qui suis son épouse. La douleur où je le voyais vivre me brisait le cœur ; j’ai voulu savoir où il allait, je l’ai suivi, je vous ai trouvée, je vous ai rappelée à la vie et j’en ai grande joie. Soyez heureuse : je vous rendrai à celui que vous aimez ; je vous le laisserai et je prendrai le voile.

« Elle fait chercher Eliduc ; en voyant les transports de joie des deux amants qui se retrouvent, elle lui demande de la laisser partir, se faire nonne et servir Dieu, afin qu’il puisse prendre celle qu’il aime ; car il ne convient pas à un homme de garder deux femmes, et la loi ne peut le permettre. Elle se fait construire une abbaye autour de l’ermitage, et s’y enferme avec trente nonnes. Eliduc épouse la belle Guilliadon, et ils vivent longtemps heureux.

La légende du Mari aux deux femmes  dans LEGENDES-SUPERSTITIONS 300px-Hommage2« Enfin tous deux sont las du siècle. Eliduc bâtit à son tour un couvent où il se retire ; Guilliadon va rejoindre dans son monastère Guildeluec, qui la reçoit comme une sœur : elles priaient pour leur ami et leur ami priait pour elles. Ainsi tous trois finirent leurs jours. De leur aventure, les anciens Bretons courtois firent un lai, dont Marie a mis le thème en vers dans la douce langue de France. »

Gaston Paris conclut en exprimant l’opinion que la légende a pris naissance dans l’Europe orientale. Il y voit surtout un exemple de vertu féminine et de tendresse conjugale, un pendant à l’histoire célèbre de la patience de Grisélidis. Paris se demande s’il ne serait pas possible de moderniser ce vieux conte si touchant. Il ne le croit guère : Goethe a échoué avec son drameStella, qui n’était pas autre chose que le Mari aux deux femmes.

« Notre bizarre légende semble donc bien morte, au moins pour la poésie dramatique. Elle contient cependant un élément vraiment poétique, je ne sais quoi de touchant et de rare ; dans le lai de Marie de France, elle nous apparaît belle et fraîche encore, comme Guilliadon dans la chapelle, et qui sait si la fleur merveilleuse qui lui rendrait la vie est introuvable ? C’est le secret de ces enchanteurs qu’on appelle des poètes. »

Gaston Paris a voulu seulement constater le succès qu’obtint jadis ce récit paradoxal où ce qui dans d’autres circonstances s’appellerait crime, est présenté comme le comble de la vertu, et rapprocher l’une de l’autre les diverses formes qu’il a prises, en se modifiant suivant les temps et les lieux, en Allemagne, en Bretagne et en France.

(D’après « La Tradition », paru en 1888)

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Merlin dans la forêt de Brocéliande

Posté par francesca7 le 10 février 2014

 

220px-Idylls_of_the_King_18Voilà bien longtemps que l’enchanteur Merlin s’évertue à unifier le Royaume de Bretagne aux côtés du bon roi Arthur. Voilà aussi bien longtemps qu’il ne s’est pas reposé en sa chère forêt de Brocéliande. C’est ici, en Bretagne, au milieu des grands arbres et des lacs qu’il se sent le mieux.

En cette belle matinée de printemps, Merlin, sous la forme d’un jeune homme plein de vie, se rend au cœur de Brocéliande. Non loin de la fontaine de Barenton, il aperçoit une jeune fille dont la beauté n’a d’égal que la grâce.

– Damoiselle, qui es-tu ? demande-t-il avec curiosité.
– Je suis Viviane, fille du seigneur de Comper.

Tous deux s’installent sur un rocher et conversent pendant des heures. Pour faire plaisir à la belle, Merlin fait apparaître une foule de musiciens, de danseurs et un château enchanté entouré de fleurs et d’arbres fruitiers. « Cette magie est sans aucun doute celle du grand Merlin », pense alors Viviane, émerveillée. La fête dure toute la nuit, puis le château disparaît.

– Mon doux ami, moi qui m’ennuie souvent, laissez-moi au moins le beau jardin que vous avez créé, le supplie-t-elle.
– Il m’est si difficile de vous résister. Soit, le « Jardin de joie » restera.
– J’aimerais tant connaître vos secrets. Me les apprendrez-vous ?
– Je pourrais, douce demoiselle, mais il faudrait alors me promettre votre amitié éternelle.

Viviane donne sa parole et Merlin s’engage à lui enseigner sa magie. Même fort amoureux, il sent que le royaume est en péril et n’oublie pas son devoir auprès du roi Arthur. Il quitte donc la belle à regret pour retourner à la cour.

À force de sages conseils et de quelques magies, Merlin aide Arthur à chasser les envahisseurs saxons et à réunifier le royaume. Avec hâte, il retourne au Jardin de joie où Viviane lui réserve un accueil si chaleureux qu’il s’en éprend encore plus.
Comme promis, il lui enseigne le pouvoir des plantes, la maîtrise des éléments, la métamorphose et le sort qui plonge quiconque dans un sommeil profond. L’esprit insatiable de Viviane en demande toujours plus tandis que l’amour grandissant de Merlin le fait céder à tous les caprices de la belle.

– Mon bel ami, j’aimerais tant posséder mon propre château, lumineux et plein de joie.
À ces mots, un château de cristal jaillit soudain au bord du lac.

– Douce Viviane, voici votre demeure. Nul autre que vous et votre cour ne pourrez la voir, vous serez ainsi en sécurité pendant mon absence.

– Me laissez-vous encore ? demande Viviane, désespérée.
– Je reviendrai vite.
– Promettez-moi qu’à votre retour, vous m’apprendrez le sort d’enserrement, lui demande-t-elle avec une infinie douceur.
– Qu’il en soit ainsi, répond Merlin dans un soupir.

De retour à la cour, Merlin prodigue ses derniers conseils au roi. Conscient des desseins de Viviane, il annonce à Arthur qu’il retourne définitivement en forêt de Brocéliande, où la belle l’attend, impatiente.

– Vous êtes enfin de retour, mon doux ami, s’écrie-t-elle avec joie. Vous rappelez-vous votre promesse ?
– Comment l’oublier ? répond Merlin.

L’enchanteur dévoile à sa belle le sortilège qui enserre un homme à jamais, puis s’endort profondément. Quelques heures plus tard, il se réveille dans un endroit merveilleux, mais entouré d’une paroi d’air infranchissable. À ses côtés, Viviane le regarde avec tendresse.

– Vous m’appartenez désormais comme je vous appartiens, Merlin. Nous vivrons heureux à tout jamais réunis, murmure-t-elle.

Ainsi, par amour, le grand Merlin renonce à sa liberté. Dans la forêt de Brocéliande se trouvent encore aujourd’hui quelques rochers que l’on appelle « le tombeau de Merlin ». Mais l’enchanteur n’y est pas enterré, il vit encore dans cette prison dorée que nul ne peut voir.

 

Textes : Aurélie Garnier, TV5.ca

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Mélusine, la fée serpent

Posté par francesca7 le 10 février 2014

 

220px-BookofmelusineAu cœur de la nuit, dans la forêt de Coulombiers, des bruits de sabots retentissent. C’est la monture du jeune Raymondin qui galope à vive allure. Le jeune homme vient de tuer par accident son oncle, le Comte de Poitiers, pendant une partie de chasse. Son chagrin se mêle à la peur. Il sait qu’il sera pendu aussitôt qu’on apprendra la nouvelle.

Soudain, des rires de femmes le tirent de ses sombres pensées. Près d’une fontaine, il aperçoit trois jeunes filles d’une beauté époustouflante. L’une d’entre elles, Mélusine, remarque sa présence et s’approche de lui :
– Quelle est donc la raison de tant de peine, beau chevalier ?

Mélusine écoute attentivement l’histoire de Raymondin. Elle comprend que ce jeune homme pourrait bien être celui qui la délivrera de sa terrible malédiction. Mélusine est condamnée à vivre éternellement en voyant, chaque samedi, ses jambes se transformer en une monstrueuse queue de serpent. Une punition infligée par sa mère alors que la jeune fille, pour la défendre, avait emprisonné son père dans les rochers d’une montagne. « S’il accepte de m’épouser et de ne jamais me surprendre le samedi dans mon triste état, le sort sera rompu et je pourrais vivre heureuse comme n’importe quelle mortelle », se dit-elle.
De sa voix la plus douce, elle réconforte Raymondin et lui promet de l’aider :

- Accepte de m’épouser. Je t’innocenterai et ferai de toi un homme riche et puissant. En échange, tu dois me promettre de ne jamais me voir le samedi, ni même chercher à savoir ce que je cache.

Subjugué par la beauté et la douceur de la jeune femme, Raymondin n’hésite pas une seconde. Le mariage est somptueux. Mélusine tient ses promesses. Grâce à ses pouvoirs de fée, elle édifie chaque nuit de grands monuments pour son mari, dont le château de Lusignan, près de la fontaine de leur rencontre.

Mélusine donne naissance à dix fils. Huit d’entre eux sont affublés d’une tare physique rappelant leur origine magique, mais leur destin grandiose est assuré. Bientôt, on ne parle plus que de la prospérité et du bonheur du couple. Mais, cela finit par attiser les plus viles jalousies. C’est le cas du Comte de Forez, frère de Raymondin.

Un beau jour, alors qu’il rend visite au couple, il voit Mélusine se retirer discrètement et s’enfermer dans une pièce à double tour. Il interroge Raymondin :
– Comment peux-tu être aussi aveugle ? Une épouse qui se cache est une épouse qui trahit. Ne vois-tu pas qu’elle rejoint un autre homme, tous les samedis ?

Peu à peu, le compte de Forez réussit à faire naître le doute dans l’esprit de son frère. « Et s’il avait raison ? Si toute cette richesse promise n’était que de la poudre aux yeux pour dissimuler sa trahison ? » Un samedi, c’est plus fort que lui. Il s’approche de la pièce où Mélusine s’enferme chaque semaine. Le cœur battant, il colle d’abord son oreille contre la porte, mais n’entend que la douce voix de sa femme qui chantonne. Il perce alors un petit trou dans le bois, à l’aide de sa dague. Après une grande inspiration, il ose y jeter un œil.

« Seigneur, quel horreur ! Ma femme est une serpente ! ». Au même instant, Mélusine aperçoit le trou dans la porte. Raymondin l’a trahie ! Les yeux plein de larmes, elle pousse un cri désespéré et s’envole par la fenêtre, éternellement transformée en femme-serpent.

Depuis ce jour, on raconte qu’elle survole la région et pousse un cri de lamentation chaque fois que ses biens changent de propriétaire ou qu’un membre de sa lignée est proche de la mort.

 

Textes : Aurélie Garnier, TV5.ca

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