LES MOYENS D’ASCENSION de la TOUR EFFEL AU 19ème siècle
Posté par francesca7 le 16 février 2014
(D’après Guide officiel de la Tour Eiffel, paru en 1893)
Les Escaliers :
On a les ascenseurs et les escaliers pour monter au premier et au deuxième étage, et un ascenseur seulement pour monter du deuxième étage au sommet.
Voulez-vous connaître d’abord le nombre total des marches à monter de la base au sommet de la Tour ? Il y en a 1.710 !
Dans les piles Est et Ouest sont disposés des escaliers à solides marches en chêne et larges de 4 mètre. Il y a 347 marches pour arriver au premier étage. On monte alternativement par ceux des piles Ouest et Est. Ces escaliers sont très doux, coupés par de nom-breux paliers. L’ascension n’y est nullement fatigante. 2.000 personnes peuvent prendre cette voie par heure, sans qu’il y ait encombrement.
Entre le premier et le deuxième étage, les quatre escaliers sont affectés au public, deux pour la montée, deux pour la descente. Ce sont ceux des piliers Ouest et Est. Ces escaliers sont héliçoidaux, de 0m,60 de largeur. Ici encore 2.000 personnes peuvent monter et descendre par heure.
Du deuxième étage au sommet, il y a bien encore un escalier héliçoidal tournant autour de l’axe même de la Tour ; mais c’est un escalier de service, qui n’est pas mis à la disposition du public.
Les Ascenseurs :
La construction et le fonctionnement d’ascenseurs dans la Tour Eiffel constituent une opération délicate à cause de son inclinaison, qui varie de la base au 2e étage de 54° à 80°, et de la difficulté d’obtenir, à partir du deuxième étage, une ascension verticale de 161m,20.
Ces obstacles ont été heureusement aplanis, grâce à l’intelligent concours des principaux constructeurs. Ils offrent tous la plus parfaite sécurité aux visiteurs et étonneront les ascensionnistes par la hardiesse de leur construction.
Il y a, de la base au sommet, trois sortes d’ascenseurs.
Du sol au premier étage, quatre ascenseurs : deux de montée et descente, système Roux, Combaluzier et deux du système Otis. Le système Roux, Combaluzier et Lepape se compose du système ordinaire à pression hydraulique, le piston rigide remplacé, toutefois (pour obvier à l’inclinaison), par un piston articulé joint aux deux extrémités, et formant une espèce de chaîne sans fin fort ingénieuse. Les cabines de ce système ont 5 mètres de hauteur et peuvent contenir 100 personnes qu’elles élèvent en une minute au premier étage de la Tour.
Le système Otis, qui fonctionne dans les deux piles de service du premier étage, et qui fonctionne seul en suite pour franchir les 54 mètres du second étage, a obtenu de très grands succès aux Etats-Unis. Il se compose d’un piston à tige, se mouvant dans un cylindre de fonte placé aux pieds de la Tour, et actionné par l’eau des réservoirs du second étage.
Les cabines Otis ne tiennent que 60 personnes, mais leur vitesse ascensionnelle étant double de celle des autres systèmes, le rendement par heure est le même.
Les quatre ascenseurs de la première course sont, suivant les nécessités, au service du public à partir de dix heures du matin jusqu’à dix heures du soir.
M. Édoux, l’ingénieur parisien bien connu par l’établissement des ascenseurs du palais du Trocadéro, a été chargé de l’ascenseur du dernier tronçon, du deuxième étage au sommet. Le système de M. Édoux, si justement admiré en 1878, ne pouvait s’appliquer à la tour, puisque l’on imposait la condition de ne faire descendre au-dessous du second étage aucun des organes hydrauliques ou mécaniques destinés a la manœuvre de l’appareil.
M. Édoux a vaincu cette difficulté d’une façon ingénieuse. Il a divisé en deux parties la distance énorme de 161m,20 à franchir en obtenant le contrepoids nécessaire des ascenseurs par deux cabines, s’élevant, l’une de 116 mètres à 196m,60, l’autre redescendant du sommet à la hauteur du plancher intermédiaire de descente et de montée de l’ascenseur du second au troisième étage de la Tour Eiffel. Un réservoir, placé à 276 mètres de hauteur, assure le fonctionnement des pistons hydrauliques qui actionnent la cabine supérieure.
Les cabines, fort élégantes, pourvues de sièges articulés et de banquettes, ont 14 mètres carrés ; elles peuvent contenir 65 personnes environ et élever 750 personnes à l’heure.
Nous avons dit que le plancher intermédiaire était le point de rencontre des deux cabines. Lorsque la cabine supérieure monte, la cabine à course inférieure (qui lui sert de contrepoids) descend tout naturellement. Il s’ensuit que, pour parcourir le trajet de 161m,20, il y a une station au plancher intermédiaire, comme dans un chemin de fer. Chaque cabine parcourant la moitié de la course, il y a échange de voyageurs sur le plancher intermédiaire sans le moindre encombrement, les « montants » passant par une autre porte que les « descendants ».
Il faut 1 minute 1/2 pour arriver au plancher intermédiaire, 1 minute pour l’échange des voyageurs d’une cabine à l’autre et 1 minute 1/2 pour la course supérieure. Total : 4 miaules, du second à la plate-forme supérieure. Un réservoir de 20.000 litres d’eau est placé au sommet de la Tour pour le service de l’ascenseur Edoux.
Enfin, un frein de sûreté (dispositif Blackmann) permet de répondre absolument de tout accident et d’affirmer que, mémo dans le cas de rupture d’un organe important de l’ascenseur, les visiteurs portés par la cabine n’auraient à redouter aucune chute. La durée de l’ascension totale, du pied au sommet, au moyen des ascenseurs, est de 7 minutes. On peut élever, par heure, 2.350 personnes au premier et au deuxième étage, et 750 au sommet. Par les escaliers et les ascenseurs réunis, on peut dire que chaque heure, 5.000 personnes peuvent visiter la Tour Eiffel.
En résumé, la question si complexe, si ardue, remplie de périls et d’incertitudes, des ascenseurs de la Tour Eiffel a été résolue à la grande gloire de l’industrie nationale. Ils offrent la plus parfaite sécurité aux visiteurs, et leur usage rapid
e, précis et mathématique jusqu’à ces grandes hauteurs, n’est pas l’une des moindres curiosités ni l’un des moindres agréments pour les visiteurs de la Tour de 300 mètres.
Le séjour dans la Tour est facultatif. Il est difficile d’imaginer le nombre de personnes que peut contenir la Tour, lorsqu’elle a son maximum de visiteurs. Les restaurants, la brasserie, la salle d’exposition au premier étage, soit pour les quatre 1.600 et 1.000 environ peuvent se mouvoir sur chacune des quatre galeries extérieures 4.000. Entre les restaurants, il y a des galeries et des terrasses intérieures pouvant contenir ensemble 400. Total pour le premier étage 6.000. On peut tenir 1.500 au second étage et 500 au sommet, ensemble 2.000.
Les personnes en voie d’ascension, plus les gens de service 2.000. Et vous aurez, lorsque la Tour sera saturée de visiteurs, un total d’environ 10.000. Dix mille personnes dans cette résille en fer ; quelle cage à mouches ! Quel bourdonnement ! quelle vie. Une ville dans un tube. Le mouvement perpétuel.
Les Tickets :
On peut monter au premier étage par escalier ou par ascenseur, à son gré, puisque le prix de l’ascension est le
même pour les deux modes.
Le tarif des visites à la Tour Eiffel est ainsi fixé : on monte pour 1 franc à la première plate-forme, pour 2 francs à la seconde, pour 4 francs à la troisième, pendant la semaine. Les prix sont de 50 centimes à la première plate-forme, 1 franc à la seconde, 2 francs à la troisième, le dimanche, soit 4 francs en semaine et 2 francs le dimanche, pour l’ascension complète.
Les trajets parcourus par le public sont, comme on sait, de 60, 415 et 276 mètres. L’administration peut ouvrir 40 guichets, suivant les nécessités : 8 au rez-de-chaussée, 1 à la première plate-forme et 1 à la deuxième pour la vente des tickets. On délivre des tickets bleus pour la première plate-forme, blancs pour la seconde et rouges pour le sommet.
La personne à destination de la première plate-forme remet son ticket bleu à l’arrivée. N’en ayant plus, elle ne peut monter plus haut que si elle achète un second ticket – le blanc – qui sert entre la première et la seconde plate-forme. Enfin, pour monter au sommet, il faut acheter un ticket rouge.
Et les piétons ? Ceux que les ascenseurs impressionnent, ou qui veulent se livrer à un exercice apéritif avant de dîner ou de déjeuner au premier étage, ont à leur disposition deux escaliers confortables pour le service de la première plate-forme : celui de la pile Ouest pour monter et celui de la pile Est pour descendre (alternativement).
Que l’on monte à pied ou en ascenseur, c’est le même prix et les tickets sont pareils. Si bien que les tickets une fois pris pour le premier ou le second, on peut faire le trajet d’une façon ou de l’autre. Vous voilà renseignés sur la Tour Eiffel, sur les moyens d’ascension, sur les prix des voyages. Il s’agit maintenant de se mettre en route.
L’ascension : Les Ascensions :
La Tour est ouverte dès 10 heures du matin depuis le premier dimanche du printemps jusqu’à 10 heures du soir pendant la saison d’été, du 15 mai au 15 septembre. Avant et après ces époques, la Tour est fermée à la nuit. Un tableau placé à chaque pilier indique journellement aux visiteurs les ascenseurs qui fonctionnent pour les 1er et 2e étages, ainsi que l’escalier en service pour la montée au 1er étage.
La Tour est livrée au public à partir de 10 heures du matin. Dès ce moment, les ascenseurs qui conduisent an premier étage sont à sa disposition.
Il y a devant la face intérieure de chaque pile un élégant chalet où l’on délivre et où l’on contrôle les tickets. On prend, à volonté, son ticket pour l’étage auquel on désire se rendre.
Les jours où il y a foule, on ne peut pas prendre, en bas, les tickets pour le troisième étage ; parce que les moyens de locomotion, qui sont de 2.000 par heure jusqu’au second étage, ne sont plus que de 750 par heure entre le second et le troisième étage. Si les 2.000 personnes montées au second avaient un droit constaté par un ticket du troisième, pris au bas, et l’ascenseur ne pouvant en élever que 750 (par heure) du second au sommet, il en résulterait des discussions et des encombrements.
On y a obvié en obligeant ces jours-là l’ascensionniste à reprendre un nouveau billet au second étage, s’il veut monter plus haut. Cela permet d’arrêter la délivrance des tickets aussitôt que la capacité de l’ascenseur Edoux est atteinte. On évite ainsi tout embarras.
Que vous décrire, que vous pourriez observer ou suivre dans un trajet qui ne dure pas une minute ? Si vous êtes du côté voulu pour voir le Champ de Mars, vous apercevez, en prenant place, les jardins, les fontaines, les statues, les palais et les dômes des Beaux-Arts et des Arts libéraux et le Palais des Machines. En somme, un grand et magnifique tableau taillé en pièces par les treillis et les entretoises.
Mais voici l’ascenseur en route, doucement d’abord, et le tableau semble s’abaisser. Vous avez à peine éprouvé cette sensation, que les treillis se resserrent et obstruent la vue. La forêt de fer s’épaissit : on ne voit plus rien du tout. On est arrivé. Un peu moins d’une minute pour atteindre le premier étage. Ce n’est pas la peine de s’en passer.
Si vous n’avez qu’un billet bleu de premier étage, il faut en prendre un autre, un billet blanc pour monter au second. Au second, ainsi qu’il vient d’être dit, on peut prendre un billet nouveau (rouge) pour monter au troisième.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.