Dans les vignobles bordelais
Posté par francesca7 le 14 février 2014
La vigne est présente dans la région de Bordeaux depuis l’Antiquité : les notables de Burdigala (nom de la cité de Bordeaux du temps de l’Empire romain) auraient décidé de créer leur propre vignoble en raison du prix élevé des vins en provenance de Narbonnaise et d’Italie, importés par les négociants romains, mais aussi pour exporter eux-mêmes par voie de mer. Strabon, pourtant attentif aux vignes, ne constata pas leur présence sous le règne d’Auguste au début du ier siècle, quand il nomma Bordeaux « pour la première fois sous son nom antique de Burdigala ».
La création d’un vignoble fut favorisée par la relative facilité de commercer avec la Bretagne (l’actuel archipel britannique) et les régions du nord de l’Europe. Le cépage biturica, que Pline l’Ancien et Columelle décrivent, aurait été adopté par les Bordelais en raison de sa bonne tenue sur les terroirs frais et humides des bords dugolfe de Gascogne (la supposition ne fait pas l’unanimité).
Il est admis que le poète Ausone (Decimus Magnus Ausonius), consul à Burdigala sous les empereurs Valentinien Ier et Gratien au ive siècle, aurait possédé une villa et des vignes à Saint-Émilion (d’où le nom du célèbre Château Ausone). Le vignoble occupait alors probablement les terrains argilo-calcaires, puisque les terres de graves ne seront drainées que beaucoup plus tard. Les documents manquent en ce qui concerne le sort du vignoble après l’écroulement du monde romain.
Le vignoble de Bordeaux est le vignoble regroupant toutes les vignes du département de la Gironde, dans le Sud-Ouest de la France. Certains vins qui y sont produits sont parmi les plus réputés et les plus chers du monde, faisant du bordeaux une référence mondiale.
La production du vignoble est variée : environ 80 % de vins rouges (comme le pomerol ou le pauillac) et 20 % de vins blancs secs (tel que l’entre-deux-mers) ou liquoreux (par exemple le sauternes ou le cadillac), auxquels s’ajoutent des rosés, des clairets, et des vins mousseux (le crémant de Bordeaux)5. L’existence de 38 appellations différentes au sein du vignoble s’explique par la diversité desterroirs, c’est-à-dire des types de sols, des cépages cultivés, des pratiques de culture et de vinification.
Avec 117 200 hectares cultivés et une production de cinq à six millions d’hectolitres de vin par an, la Gironde est le troisième département viticole français en termes de production globale après l’Hérault et l’Aude, mais le premier pour les AOC en volume.
Au xiie siècle, la Guyenne (correspondant approximativement à l’actuelle Aquitaine) devient un territoire du roi d’Angleterre suite au remariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, comte d’Anjou et roi d’Angleterre sous le nom de Henri II. À cette époque, les rois d’Angleterre étaient d’origine française (normande et angevine) depuis Guillaume de Normandie, le français était d’ailleurs la langue officielle de la Cour d’Angleterre. Le commerce vinicole se développe dans la proche périphérie sud de la ville de Bordeaux, sur l’actuelle terre des graves ; le Médoc n’est encore qu’une lande caillouteuse et marécageuse très pauvre.
Au xiiie siècle, la prise de La Rochelle, port exportateur des vins bordelais, par le roi de France transforme Bordeaux en port exportateur privilégié des vins à destination du marché anglais. Le roi d’Angleterre accorde alors d’importants privilèges fiscaux aux négociants bordelais : ces derniers se mettent à planter de la vigne à tour de bras, cependant nous n’avons aucune idée de la surface couverte en vignes soit en nombre de pieds soit en nombre d’hectares. Le vignoble s’étend vers le Libournais. À l’époque, le vin, obtenu par fermentation d’un mélange de jus de raisins noirs et de raisins blancs, était clair, d’où son nom de « claret » (perpétué aujourd’hui par le bordeaux-clairet), par opposition au vin noir (Black Wine) du haut-pays (vins de Cahors, de Gaillac, de Bergerac…), très concentré en tanins. Le « privilège bordelais » accordé aux producteurs locaux permettait de vendre en priorité les vins du cru, avant l’arrivée des vins du haut-pays, bloqués jusqu’à la Toussaint ou Noël. Ce privilège était très important à une époque où le vin se conservait mal. Hugh Johnson mentionne : « Selon toute vraisemblance, ces vins étaient souvent meilleurs et plus puissants que la plupart de ceux produits autour de Bordeaux. C’est pourquoi les Bordelais les jalousaient et s’efforçaient de vendre en priorité leur propre production ».
Au xive siècle le nouveau pape Clément V, servait le vin de sa région de Graves, que ce soit dans sa résidence d’Avignon ou à Oxford. Ce n’est qu’à partir du xvie siècle qu’apparaissent des exploitations viticoles proches de celles d’aujourd’hui, avec les pieds de vigne plantés en sillons.
Pour les appellations produisant des vins liquoreux (appellations barsac, cadillac, cérons, loupiac, sainte-croix-du-mont et sauternes), les viticulteurs laissent les raisins « rôtir » (expression locale désignant les baies desséchées), c’est-à-dire se faire attaquer par la pourriture noble : le grain se confit, sa pulpe se concentre en sucre et l’action du champignon donne des arômes de fruits confits caractéristiques. Il y a 38 appellations dans le vignoble bordelais en 2011 (année d’homologation de tous les cahiers des charges actuels), auxquels s’ajoutent six dénominations.
Les principales appellations en termes de volume sont les bordeaux génériques, auxquelles peuvent prétendre tous les vignobles du Bordelais, y compris les appellations les plus prestigieuses décrites plus bas : il s’agit du bordeaux (y compris les dénominations bordeaux-clairet et bordeaux-haut-benauge), du bordeaux-supérieur et du crémant de Bordeaux. Les autres appellations, limitées chacune à une partie du vignoble, peuvent être regroupées en plusieurs subdivisions : le Médoc, les Graves et le Sauternais sur la rive gauche de la Garonne, l’Entre-deux-Mers entre Garonne et Dordogne, le Libournais, le Bourgeais et le Blayais sur la rive droite de la Dordogne.
La production du vignoble bordelais est diversifiée, permettant plusieurs usages voire un repas accompagné des différents types de bordeaux (ce qui n’empêche pas la cave de la mairie de Bordeaux de disposer de nombreux champagnes parmi ses 14 500 bouteilles). Les conventions de service sont de servir le blanc avant le rouge, les vins légers avant les puissants, les secs avant les sucrés, les jeunes avant les vieux. Le vin peut être servi en mettant la bouteille sur la table, pour profiter de l’étiquette, ou en carafe (ou un très grand verre, un pichet voire une cruche). Le carafage est nécessaire quand il y a de la lie (ou plutôt du tartre qui a précipité) au fond de la bouteille, mais le passage en carafe permet aussi d’adoucir l’austérité des tanins d’un vin rouge encore trop jeune en l’oxydant (il faut parfois quelques heures), ou d’aérer un vieux vin (rouge ou blanc, mais pas trop longtemps au risque de leur faire perdre rapidement leurs arômes).
Le crémant de Bordeaux doit être servi très frais (4 à 7 °C) et peut convenir en apéritif, sur une entrée ou un dessert.
Les blancs secs (appellations bordeaux, pessac-léognan, graves, entre-deux-mers, côtes-de-bourg, premières-côtes-de-bordeaux, côtes-de-bordeaux-saint-macaire, sainte-foy-bordeaux, côtes-de-blaye, graves-de-vayres et côtes-de-bordeaux) et les rosés (bordeaux rosés, bordeaux-clairet ou claret) sont à servir frais (environ 10 °C) sans être givrés (le froid masque les arômes, ce qui peut être recherché en cas de mauvaise qualité), en accompagnement d’une entrée, d’un poulet, d’un poisson, de fruits de mer ou d’une assiette de légumes.
Les rouges très tanniques des appellations médocaines (notamment le saint-estèphe, le pauillac, le saint-julien et le margaux) sont de couleur rouge sombre (du grenat au noir à reflet violet) et au goût puissant quand ils sont plutôt jeunes, de couleur rouge brique (plutôt orangé sur les bords du verre) et aux tanins assouplis quand ils sont très âgés. Ils doivent être servis si possible chambrés (aux environs de 18 °C), en accompagnement de plats au goût relevé, tel que du bœuf rôties ou grillées (par exemple une entrecôte à la bordelaise), du gibier (daubes de chevreuil ou de sanglier), du canard ou de l’agneau de Pauillac.
Les rouges un peu moins tanniques des graves, de la rive droite (le Libournais, le Blayais et le Bourgeais) et ceux produit dans l’Entre-deux-Mers (qui produit les trois cinquièmes des bordeaux rouges) sont de couleur sang de bœuf à bordeaux (virant à l’acajou ou au tuilé en vieillissant) et peuvent accompagner des plats un peu moins relevés, tel que du veau, du chapon ou du pigeon rôti.
Enfin les moelleux (appellations graves-supérieures, premières-côtes-de-bordeaux, graves-de-vayres, sainte-foy-bordeaux, côtes-de-bordeaux-saint-macaire et côtes-de-bordeaux) et surtout les liquoreux (appellations barsac, cadillac, cérons, loupiac, sainte-croix-du-mont et sauternes) sont des vins de dessert (car ils sont très sucrés) de couleur dorée, à boire frais (un peu plus de 11 °C), mais peuvent être servis avec du foie gras, des fromages (duroquefort par exemple) ou de la cuisine sucrée-salée.
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