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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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LA LEÇON DE LATIN

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

LA LEÇON DE LATIN dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-Rome_Colosseum_inscription_2Dans l’effort, d’ailleurs agréable, que j’accomplis afin de revoir clairement les images de ma vie d’enfant, je suis amené à faire cette remarque : toutes les périodes pendant lesquelles j’ai été ou bien seul ou bien participant à la vie normale de famille, les champs et la maison de Courance, la maison Colivaut et la petite ville de Beaumont, d’autres circonstances qui viendront plus tard, – et par exemple lorsque j’habitai chez l’abbé Daru à Poitiers, ou à Tours dans la maison contiguë à celle de Mlle Cloque, – je me les rappelle parfaitement et avec les plus minimes détails. Au contraire, toutes les périodes durant lesquelles j’ai été un interne, un numéro au milieu de quarante, soixante ou cinq cents gamins de mon âge, je ne les revois que par tableaux peu nombreux que je pourrais appeler : « le dortoir », « le réfectoire », « la récréation », « la classe », « la promenade ». Dans ces tableaux, il me semble que je ne figure seulement pas. Je n’étais que la partie d’un tout ; le tout me frappait à la fois, comme une grande masse écrasante ; ma personnalité de gosse y souffrait, y était étouffée, anéantie. Ce sont les seules époques de ma vie dont il ne me reste à peu près aucune mémoire de détail.

Ainsi, de ces sombres époques mêmes, je me rappelle, comme des lanternes sous un tunnel, les jours de sortie, chaque période de vacances, les jours d’infirmerie – où l’on était relativement isolé – et jusqu’à toutes les heures consacrées à l’étude du piano ou à la répétition d’allemand, que je passais, seul, ou dans une pièce avec un professeur.

Le reste du temps, pendant cinq années, j’ai vécu de la vie collective qui m’est tellement contraire, probablement, que je m’y ferme, m’y enclos, m’y endors comme une marmotte. Peu importait que l’on m’appelât par mon nom, me fît lever, réciter ma leçon, aller au tableau noir : je récitais ma leçon, j’allais au tableau ; j’étais plongé dans un mauvais rêve. Jamais je ne parvins à m’intéresser à quoi que ce fût.

Mon pauvre père, peu ouvert à l’intelligence d’un tel cas, me voyant si terne et si démoralisé, ne manqua pas de consulter un médecin, lequel ne manqua pas de commettre sur mon cas la plus lourde erreur. J’étais fatigué, prononça l’homme de science, par la multiplicité des sujets d’étude auxquels ma vie à la campagne m’avait trop peu préparé. On en conclut qu’il était prudent de remettre les études de latin, que l’on avait hésité à me faire entreprendre avant qu’on eût tâté mes forces, et qui, en s’ajoutant aux autres matières enseignées, constitueraient pour moi ce qu’on nommait déjà le surmenage.

J’eus un tel déplaisir de cette mesure que je tombai sérieusement malade. Ce n’était pas que j’eusse pour le latin un amour, mais voici quel était l’humble secret de mon désappointement. Je savais que les élèves admis à aller prendre des leçons de latin chez l’abbé Daru y étaient conduits tantôt par un bonhomme surnommé Mac-Mahon, tantôt par une vieille femme que l’on appelait la mère Guette. Mac-Mahon était incorruptible, l’on ne pouvait obtenir de lui aucune complaisance ; c’était entendu ; mais la mère Guette, moyennant finance, procurait quelques friandises et notamment – c’était ainsi – de la moutarde de Dijon, extrêmement prisée parce qu’elle aidait à avaler les mets insipides et en particulier les îlots de veau errant dans la sauce gluante.

Mon père fit le voyage de Poitiers pour venir me voir à l’infirmerie, et même, comme j’étais malade d’une façon inquiétante, il vint avec sa seconde femme, ma belle-mère, qui, n’ayant pas encore elle-même d’enfants, était très gentille pour moi. La vue d’une femme, et jeune, en ma prison, me produisit un effet extraordinaire. Je n’espérais pas revoir jamais de ces images qui mettent au milieu de la triste humanité comme un sourire. Ils eurent une conférence avec le médecin qui hochait la tête de façon peu encourageante ; et j’avais, très nette, l’assurance que ni les uns ni les autres n’entendaient rien à mon état. Ils parlaient de « stimulants », « d’exercice », de « grand air », etc. ; et moi je leur disais : « Je m’ennuie et je veux prendre des leçons de latin. »

« Je m’ennuie » était une expression vague et qui résumait tout ce que je ne comprenais qu’à demi. Cela voulait dire : « Il m’est insupportable de n’être qu’un numéro dans une maison dépourvue d’herbe, de fleurs et ne serait-ce que d’une niche où je puisse, comme un chien, me retirer – mais tout seul – pour penser à mes petites affaires. » Prendre des leçons de latin, cela voulait dire « j’aurai », mais surtout « je me procurerai » de la moutarde, par mes moyens personnels et en usant de ma particulière industrie. Grâce à un effort individuel, sans doute j’aurai moins de dégoût à manger le veau poisseux, mais je me sentirai un petit bonhomme vivant de sa vie propre au milieu de ce troupeau. Nul instinct naturel de rébellion, chez moi, mais possibilité très caractérisée de révolte pour peu qu’on portât atteinte à des inclinations particulières qui m’apparaissaient intransigeantes.

Je crois que j’effrayai ou bien apitoyai mon père par une détermination aussi prononcée. J’étais tellement déprimé qu’il me promit ce que je lui demandais, et il fut convenu avec le Frère Directeur qu’aussitôt rétabli j’irais aux leçons de latin. Alors je calculai si j’aurais assez d’argent pour acheter un pot de moutarde.

Mon bonheur fut si grand que je fus promptement debout, et, dès que je pus sortir, j’accompagnai ceux de mes camarades qui « séchaient » une classe ou deux pour se rendre chez l’abbé Daru.

Hors des portes du pensionnat, avec une douzaine d’élèves seulement et Mac-Mahon, – hélas ! ce n’était pas, ce jour-là, la mère Guette ! – sentiment de libération et de triomphe. Je me demande encore aujourd’hui comment ma joie put être aussi grande ; elle était invraisemblable.

J’étais dans la rue ! Nous ne marchions pas en rang ; nous étions comme des enfants ordinaires accompagnés seulement d’un vieux bonhomme en pantalon pareil à celui de n’importe qui ! Notre groupe n’était pas assez nombreux pour que je fusse confondu, perdu, réduit à l’état neutre ! Je ne contenais ni mon bavardage ni mes cris ; j’étais guéri – même sans moutarde ; mes camarades ne me reconnaissaient pas. L’un d’eux me dit : « Oh ! toi, tu n’es « empoté » que quand tu le veux bien ! »

On descendait la rue d’Orléans, puis, tout au bas, proche d’un vieux temple romain, on tournait à droite dans la rue Sainte-Croix, en passant devant une église. Il y avait des églises, des chapelles et des couvents un peu partout. A l’extrémité de cette petite rue bordée de hauts murs s’offrait en saillie une maison modeste, à un seul étage, et couverte en vieilles briques hémicylindriques, à la mode du Poitou. C’était là qu’habitait l’abbé Daru, l’aumônier du couvent dont nous avions longé les murs d’une altitude propre à garantir les recluses contre les enlèvements les plus romanesques.

On entrait chez l’abbé par le jardin.

293px-Pompeji_vesuvUn jardin ! Je voyais, je foulais du pied un jardin ! Cet enclos me parut et m’est demeuré dans la mémoire comme l’image du Paradis retrouvé. Point de cours de « récréation » ici ! Un jardin avec des plates-bandes, des arbres, des allées désignées par des cordons de buis, des salades sous la paille, une tonnelle en treillage, où s’entrelaçaient des tiges de clématite desséchée ! Toute cette merveille était en tenue d’hiver ; oui, pardieu ! mais je savais ce que c’était que des arbres dépouillés, que des choux gelés et que des légumes qu’on abrite sous des carrés de briques ou des bourrées de bruyère. N’y avait-il pas une serre où l’on apercevait des boutures ! J’aimais l’abbé Daru avant de l’avoir vu : je plaignais tous les enfants qui ne prennent pas de leçons de latin. Et, de la porte d’entrée à celle qui nous introduisait dans la classe, je me remémorai les paroles que m’adressait autrefois le bon curé de Beaumont sur cette langue ancienne et vénérable, que n’était pas seulement celle de l’Eglise, celle de la prière, mais celle de la Beauté, de l’Intelligence et de la Sagesse. Je superposais le jardin fleuri, feuillu, sauvage et si charmant du curé de Beaumont et sa balustrade sur la Creuse, au jardin rigide, glacé, géométrique et contenu par des murs gigantesques, de l’abbé Daru. Mais qu’est-ce que ce fut, quand je vis l’abbé Daru lui-même ! 

Il nous attendait dans une petite salle basse, en demi-sous-sol, où l’on accédait par cinq ou six marches. Il était debout, lisant son bréviaire ; il était rasé de frais, maigre et grand, soigneusement peigné ; d’une propreté méticuleuse ; portait des lunettes, et j’admirai les boucles d’argent, brillantes, de sa chaussure. Il portait aussi en lui je ne sais quel esprit d’ordre, de précision et d’application qui m’influencèrent pour toujours. Cet homme-là savait ce qu’il avait à faire et il le faisait bien. Aucun doute, sur quoi que ce soit, ne se logeait dans sa cervelle équilibrée. Il me baisa sur le front, en m’y faisant du doigt un petit signe, une croix probablement. Je me croyais marqué, et cela seul me parut répréhensible ; mais je pouvais bien lui pardonner cela en faveur de ce qui en lui me plaisait. D’ailleurs j’étais déjà assis à une longue table noire, d’où l’on voyait le jardin, et la leçon commencée. L’abbé, exhaussé légèrement par une petite estrade, était à l’autre bout, appuyé à une table à part. Il ne me laissa guère le temps de contempler la nature, car il m’interrogeait constamment. Mais mes déclinaisons, mes pronoms, mes adjectifs, mes verbes, je savais tout ça : le curé de chez moi, avec sa poésie et son amour de tout, m’avait inculqué ces choses en me charmant et sans que j’y prisse seulement garde. L’abbé Daru me fit avancer vers lui de trois rangs : j’étais plus fort que la moitié de mes camarades. Il me dit :

– Mercredi prochain, vous commencerez le grec.

Le grec ! Ah ! par exemple, j’en oubliai la moutarde qui, pourtant, était la cause très innocente de mon bonheur.

L’avenir des enfants, on est tenté de dire qu’il dépend d’un hasard ; en réalité, il dépend d’une certaine marque d’attention particulière, de quelque satisfaction donnée, qui varie avec les individus, et principalement d’un ascendant qu’on ne saurait définir, qui ne se rencontre, lui, que par hasard, et qui fait miracle s’il se trouve chez celui qui doit former un petit homme.


Extrait de La Touraine. de René BOYLESVE,  Tardiveau, dit René (1867-1926) :  Paris : Emile-Paul, 1926.- 112 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm. Saisie du texte et
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex Diffusion libre et gratuite (freeware)

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La fête des Morts

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

 220px-Wszystkich_swietych_cmentarzLe 2 novembre : sous un ciel généralement gris qui annonce le début de l’Hiver, les allées des cimetières balayées par les vents se remplissent de vivants et les tombes se couvrent de chrysanthèmes… Si toutes les religions ont un rapport particulier à la mort, la croyance chrétienne en l’immortalité de l’âme et en la communion des saints fut en son temps une véritable révolution spirituelle. Ce jour est l’occasion de revenir sur ces notions clefs du Christianisme et sur cet office des morts qui plonge ses racines dans le Haut Moyen-âge.

Le principe de la communion des saints

Célébrée le 2 novembre, la fête des défunts s’enchaine avec la fête de Toussaint qui a lieu la vieille. La fête de Toussaint célèbre tous les saints chrétiens, dont l’Église a eu connaissance ou non, les cite en exemple pour l’ensemble des fidèles et revient sur le principe d’intercession dans le cadre de la communion des saints. Lors de la fête des Morts, l’Église revient sur ce principe de communion des saints de façon beaucoup plus générale. La communion des saints est la réunion de tous les baptisés en Christ, vivants ou morts, dans le cadre d’une vaste communauté solidaire passant outre les bornes de l’espace et du temps. Pour les Catholiques, les défunts qui ont déjà rejoint le Royaume de Dieu (comme les saints fêtés la veille) peuvent directement intervenir pour aider les vivants en intercédant pour eux auprès de Dieu. Mais pour les Catholiques la solidarité va aussi dans l’autre sens, des vivants vers les défunts.

En effet, certains défunts ne peuvent accéder directement au Royaume de Dieu et doivent d’abord passer par une mystérieuse étape de purification que l’on appelle le purgatoire. Le purgatoire fut longtemps fantasmé, notamment au Moyen-âge et durant la Renaissance. Certains Papes peu scrupuleux sont allés jusqu’à vendre des indulgences aux vivants pour raccourcir leur temps (ou le temps d’un proche défunt) au purgatoire. Cette aberration entraina, entre autres, les récriminations du moine Luther qui, faute d’être entendu, créa un schisme dans l’Église et donna naissance au

Protestantisme. Aujourd’hui le purgatoire est bien considéré comme un état, et non un lieu, un processus de purification où le défunt peut être soutenu par les vivants qui prient pour lui. Le principe de communion des saints est très étroitement lié à l’image du corps du Christ formé par l’Église des baptisés de tous les temps. La fête des défunts n’est donc pas une fête macabre, il s’agit de rappeler la continuité du peuple des baptisés par delà le décès, le maintien de l’unité et des liens de solidarité entre ceux qui ne sont que nés sur Terre et ceux qui sont déjà nés au Ciel.

L’Histoire d’une fête

La fête des Morts dans HUMEUR DES ANCETRES 220px-Catrinas_2Croyant à l’immortalité de l’âme les Chrétiens ont toujours prié leurs morts, mais certains jours leur furent consacrés plus particulièrement. On a souvent tendance à parler de christianisation de fêtes païennes plus anciennes, comme Samain, mais la chose est plus que discutable. En effet, il est indéniable que la fête des Morts succède à d’autres fêtes plus anciennes dédiées aux trépassés. D’ailleurs, toutes les cultures et toutes les religions ont généralement une ou des célébrations liées à cette interrogation universelle et à cette fatalité qu’est la mort.

Toutefois, certaines de ces célébrations, notamment dans le monde romain, servent avant tout à se protéger des morts dont on craint le retour. On leur fait des offrandes, on effectue des rites, avant tout pour qu’ils restent bien à leur place… Le monde des morts, les Limbes, est vu comme sans espoirs (chose qui change doucement avec l’arrivée des cultes à mystères). Le rapport des premiers Chrétiens à la mort est tout autre, ils ne considèrent la mort que comme un passage vers le Royaume de Dieu et croient qu’une solidarité peut être entretenue entre morts et vivants. La logique devient tout autre, il n’est plus question de satisfaire les morts, mais tout simplement de continuer à vivre avec eux. Ainsi, il semble plus correct de dire que la fête chrétienne des défunts succède aux fêtes païennes, plutôt que de dire qu’elle en hérite. La concordance des dates est une évidence symbolique, puisque dans beaucoup de culture l’entrée dans l’hiver est liée à l’entrée dans la mort.

Si les défunts font partie des prières quotidiennes des Chrétiens, ils font très tôt l’objet d’une messe particulière. Déjà en 820 Amalaire, abbé de Metz, évoque l’existence d’un office spécifiquement dédié aux morts. En 998, l’abbé de Cluny Saint Odilon impose à tous ses monastères la date du 2 novembre, au lendemain de la fête de Toussaint qui fait appel à la même notion de communion des saints. Dans la foulée le Pape Léon IX (1049 – 1054) approuve cette date qui devient récurrente dans le monde Chrétien. Tant est si bien qu’au XIIIe siècle le 2 novembre devient officiellement le jour de la fête des morts dans toute la Chrétienté (du moins celle dépendant de Rome, les Arméniens par exemple célèbrent leurs morts à Pâques).

De nos jours en France, le jour de la fête des Morts (ou par défaut le jour de Toussaint, qui est férié) les croyants ont coutume de se rendre sur les tombes des proches pour les fleurir. Au Mexique la fête prend une ampleur particulière, mais sous forme d’un syncrétisme où les Mexicains perpétuent de vieilles traditions précolombiennes consistant à apporter des offrandes aux morts.

source : http://www.histoire-pour-tous.fr/

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Aux origines de la Saint Valentin

Posté par francesca7 le 6 février 2014

 

Carte de Saint-Valentin, vers 1910.Le 14 février est fêté comme étant le jour des amoureux. Alors qu’il est devenu coutume d’offrir quelques attentions particulières à sa moitié, on peut légitimement se poser la question du choix de cette date et du lien avec Saint Valentin. D’ailleurs que sait-on de ce saint que l’Église a remplacé dans son calendrier par Saint Cyrille et Saint Méthode à la fin des années soixante ? Voici quelques éléments de réponse.

 Saint Valentin de Terni

Le 14 février, plusieurs Valentin béatifiés sont célébrés. Toutefois Saint Valentin de Terni est celui le plus généralement assimilé à la fête des amoureux. Selon le Martyrologue romain, Saint Valentin de Terni était un prêtre thaumaturge qui vivait sous le règne de l’empereur romain Claude II, dit le Gothique. En 269, Saint Valentin aurait été arrêté, flagellé, emprisonné puis décapité sur la voie Flaminienne à Rome par ordre de Placide, préfet de Terni. Trois chrétiens (Saints Procule, Éphèbe et Apollône) venus prier de nuit auprès de son corps furent également exécutés. D’autres disciples de Saint Valentin auraient été victimes des persécutions antichrétiennes comme Saint-Craton, dit « l’Athénien », un professeur de rhétorique baptisé par Saint Valentin qui fut exécuté avec sa famille à Rome.

Quand le Christianisme ne fut plus persécuté et devint religion d’état le culte de Saint Valentin se répandit, notamment en Bavière. En effet, des reliques furent apportées à Mais, puis à Passau en 764. Le Saint patron y est là-bas représenté avec un enfant infirme couché à ses pieds rappelant que le saint fut thaumaturge. Il est d’ailleurs invoqué pour la guérison des épileptiques. Mais outre ses talents de guérisseur, Saint Valentin est également le patron des apiculteurs et des fiancés.

La fête des amoureux

Le lien entre Saint Valentin et les amoureux n’est pas tout à fait éclairci et plusieurs hypothèses sont avancées et se complètent.

On a parfois fait remarquer que Saint Valentin patron des amoureux avait été le fer de lance de l’Église, et plus particulièrement du Pape Gelase Ier (vers 498) pour contrecarrer la fête païenne des Lupercales. Durant cette fête en l’honneur de Faunus un bouc était sacrifié dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin), puis les prêtres de Faunus enivrés couraient dans les rues avec des lambeaux de peau de chèvre avec lesquels ils touchaient les passants. Pour une jeune femme, être touchée devait assurer une meilleure fertilité et faciliter l’accouchement. Toutefois, et même si la fête païenne fut progressivement éclipsée par la fête chrétienne, la fête de la Saint Valentin ne semble pas avoir était consacrée aux couples à cette époque ce qui contredit l’idée d’une fête antipaïenne faite sur mesure.

220px-St-Valentine-Kneeling-In-SupplicationEn effet, le lien entre Saint Valentin et l’amour courtois ne semble faire son apparition qu’au Moyen-âge, vers le XIVe siècle, alors que l’on considérait que le 14 février (date certainement fixée au Vème siècle), correspondait à la période où les oiseaux commencent à s’apparier : la fête du saint correspondait donc à une période naturelle de mise en couple. En référence à cette vision naturaliste et poétique de l’amour, les jeunes gens s’échangeaient alors des billets en s’appelant mutuellement leur Valentin(e). Cette tradition principalement anglo-saxonne se diffuse sur le continent par des poètes comme Othon de Grandson.

Dans un même temps naissent diverses légendes autour de Saint Valentin qui rapprochent le Saint des jeunes amoureux : ainsi raconte-t-on qu’il fut arrêté parce qu’il célébrait des mariages alors que Claude II les avait interdits à ses soldats. On raconte également qu’il rendit la vue à la fille de son geôlier qui venait le visiter quotidiennement pour qu’il lui décrivît le monde : avant d’être décapité, le saint lui aurait fait parvenir un billet signé « Ton Valentin ». La ferveur nouvelle des amoureux envers Saint Valentin aurait entrainé l’officialisation de ce patronage par l’Église à la fin du XIVe siècle sous le Pape Alexandre IV.

Au XIXe et au XXe la Saint Valentin se popularise crescendo avec l’envoi de cartes entre amis et entre amoureux, puis presque exclusivement entre ces derniers. Toutefois, en 1969, l’Église catholique retira de son calendrier la fête des saints considérés comme légendaires : Saint Valentin, dont l’histoire restait obscure, fit partie du lot. C’est ainsi que contrairement à ce qu’annonce peut-être votre calendrier le 14 février est devenu la fête de Saints Cyrille et Méthode (deux frères qui évangélisèrent les Slaves au IXe siècle) ! Cela n’empêche pas que Saint Valentin de Terni reste célébré ce jour-là dans quelques paroisses et fait partie intégrante de la culture occidentale chrétienne.

Source :

- Martyrologue romain de l’Église catholique

- BAUDOIN Jacques, Grand livre des saints. Culte et iconographie en Occident, Créer, 2006.

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