Bourg en Bresse et Bourgogne
Posté par francesca7 le 4 février 2014
De cette plantureuse région d’élevage de la Bresse, le bourg est la capital historique dont la production de volaille blanche assure le renom des marchées de la place. Les jours de foire aux bestiaux ou de marché, la cité, envahie par la foule paysanne est très animée. La ville est aussi le grand centre de fabrication des meubles – rustique bressan – exécutés en bois d’arbres fruitiers – loupe de noyer, merisier, cerisier, poirier – outre le frêne. Vivante, on peut dire que Bourg l’est. Ce sont pourtant des tombeaux qui font l’essentiel de sa renommée ; une œuvre flamboyante où se grave une belle histoire.
Les gens, soit 55 784 Burgiens : des Bressans plus vraiment Bourguignons mais pas encore Savoyards. Edgar Quinet est né à Bourg en 1803 ; historien et homme politique, il fut un proche de Michelet. Démocrate et anticlérical, il fut l’un des premiers à investir les Tuileries en 1848. Comme Hugo (qui prononcera un discours mémorable à ses funérailles, en 1875), il dut s’exiler après le coup d’Etat de « Napoléon le Petit ».
Le traité de Lyon, signé en 1601, contraint le duc à échanger la Bresse, le Bugey, le Valmorey et le pays de Gex contre le marquisat de Saluces, dernier vestige des possessions françaises en Italie. Bourg entre alors dans l’histoire de France.
Pour comprendre l’histoire de Bourg en Bresse : des Traités et un vœu.
D’un seigneur à l’autre – la lignée des seigneurs du pays s’éteint au 13ème siècle. L’héritage revient aux puissants voisins, les ducs de Savoie, qui forment la province de Bresse. Bourg en deviendra plus tard la capitale. En 1536, lors de la 8ème guerre d’Italie, le duc refuse la traversée de ses domaines à François 1er qui veut envahir le Milanais. Le roi passe outre et pour mieux assurer ses communications, met la main sur la Bresse, la Savoie, le Piémont. Le traité de Cateau-Cambrésis met un terme à la 2ème guerre (1559) obligeant Henri II à restituer ces conquêtes au duc Emmanuel Philibert. En 1600, au cours de la guerre franco-savoyarde, Bourg résiste à Henri IV mais celui-ci finit par envahir le duché.
D’une dame à l’autre – En 1480, Philippe, comte de Bresse, plus tard duc de Savoie, a un accident de chasse. Sa femme, Marguerite de Bourbon, la grand-mère de François 1er, fait vœu, s’il guérit, de transformer en monastère l’humble prieuré de Brou. Le comte rétabli, Marguerite meurt sans avoir pu accomplir sa promesse. Elle en laisse le soin à son mari et à leur fils Philibert le Beau. Mais, passé le péril, on oublie la promesse. Vingt années s’écoulent. Philibert, qui a épousé Marguerite d’Autriche en 1501, meurt inopinément. Sa veuve y voit un châtiment céleste. Pour que l’âme de son mari repose en paix, elle va se hâter de réaliser le vœu de Marguerite de Bourbon, d’autant plus volontiers que cela doit lui permettre d’affirmer sa propre souveraineté et de rivaliser en prestige avec sa belle-sœur Louise de Savoie, bientôt régente de France. Les travaux commencent à Brou, en 1506 par les bâtiments du monastère. L’église du prieuré est ensuite abattue pour faire place à un édifice qui servira d’écrin aux trois tombeaux où reposeront Philibert, sa femme et sa mère. Marguerite meurt deux ans avant la consécration, sans avoir jamais vu son église autrement que sur plans.
Plus chanceuse que sa fondatrice, l’église de Brou traverse les guerres de Religion et la Révolution sans dommage irréparable. Le couvent est successivement transformé en étable à porcs, en prison, en caserne, en refuge pour mendiants, en asile de fous. Il devient séminaire en 1823 et abrite aujourd’hui le musée. Depuis quatre siècles, Brou est d’abord un symbole de l’amour conjugal.
L’INFORTUNEE PRINCESSE sur le dais du tombeau de Marguerite d’Autriche est gravée sa devise :
« Fortune infortune fort une », que l’on peut traduire par « Fortune (le destin) infortune (accable, persécute) fort (durement) une (une femme) ». Rappelons brièvement cette douloureuse destinée. Fille de l’empereur et petite fille de Charles le Téméraire, elle a perdu sa mère (Marie de Bourgogne) à l’âge de 2 ans. L’année suivante, elle est élevée à la cour de Louis XI et on l’unit, par la cérémonie religieuse du mariage, au dauphin Charles, encore enfant. La Franche Comté constitue a dot de la fillette. Le mariage blanc annulé Marguerite épouse à 17 ans, l’infant d’Espagne. Elle perd son mari après quelques mois d’union, met au monde un enfant mort-né. Quatre ans plus tard, son père Maximilien lui fait épouser en troisième noce Philibert de Savoie, jeune homme de son âge, volage et futile mais qui respecte sa femme : « intelligente pour deux », et la laisse pratiquement gouverner à sa place. Après trois années passées auprès de son « beau duc » le destin porte un nouveau coup à Marguerite : Philibert est emporté par un refroidissement pris à la chasse. Veuve pour la seconde fois, à 24 ans, elle reste fidèle à la mémoire de Philibert, jusqu’à son dernier soupir.
Des ruines romaines ont été découvertes à Bourg, mais peu d’éléments permettent d’avoir des informations précises sur la période antique. Il semblerait qu’elle n’ait été qu’une ferme gallo-romaine.
La période médiévale est mieux connue. Bourg est élevée au rang de ville franche en 1250. Son destin lié à celui de la maison de Savoie, lui procura une expansion nouvelle. Au début du xve siècle elle fut choisie par les ducs de Savoie comme capitale de la Bresse. En 1535 elle fut prise par les Français et reprise par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, qui la transforma en place-forte. Si bien qu’en 1600 la ville résista six mois au siège des troupes d’Henri IV.
Bourg fut la capitale de la Bresse jusqu’à ce que la ville soit (avec la Bresse, le Bugey, le Pays de Gex) cédée à la France par le traité franco-savoyard signé à Lyon en 1601.
En 1790, la ville devint chef-lieu de district et du département.
En 1814, la ville fut pillée par les troupes autrichiennes en représailles de sa résistance.
Le 28 octobre 1839, Sébastien-Benoît Peytel, critique littéraire devenu notaire dans l’Ain en 1838, fut guillotiné sur le champ de foire malgré le soutien d’Honoré de Balzac de Paul Gavarni, et d’Alphonse de Lamartine.
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