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Les Pigeons voyageurs : messagers durant les guerres

Posté par francesca7 le 1 février 2014

 
 
250px-Bundesarchiv_Bild_183-R01996,_Brieftaube_mit_FotokameraLors du siège de Paris en 1870-1871, les ballons ont permis à la capitale d’envoyer des messages en province, aux amis du dehors ; mais pour que le système de la poste aérienne fût complet, il fallait que le chemin du retour fût assuré comme celui de l’aller. C’est le bon office qu’ont rendu les pigeons voyageurs.

L’usage des pigeons messagers se perd dans la nuit des temps. Sans parler de l’arche de Noé et de la colombe au rameau béni, nous rappellerons l’histoire de la première croisade, pendant laquelle le sultan de Damas envoya aux assiégés de la ville de Tyr un pigeon annonçant à ceux-ci qu’une armée allait arriver à leur secours. Ce pigeon tomba entre les mains des croisés, qui enlevèrent le message léger attaché à la patte de l’oiseau, et le remplacèrent par un billet où ils faisaient dire au sultan de Damas que, vaincu et terrassé, il lui était impossible de venir délivrer la ville assiégée.

Cette fraude a été imitée par les Prussiens avec les pigeons du ballon leDaguerre, fait prisonnier pendant le siège de Paris. Mais les soldats de Bismarck ne furent pas aussi habiles que les croisés, qui avaient su imiter l’écriture et le style des Sarrasins. Les pigeons du Daguerre apportèrent à Paris une lettre écrite en un français ridicule ; cette épître avait, en outre, le malheur d’être signée du nom d’un personnage politique qui était à Paris auprès du gouvernement de la défense nationale. En 1849, les Vénitiens assiégés se servirent avec succès des pigeons pour donner de leurs nouvelles en Italie ; plus anciennement, en 1574, les messagers ailés avaient été utilement employés par les habitants de la ville de Leyde, investis par l’armée espagnole ; mais jamais, dans aucun temps, ils ne jouèrent un rôle aussi considérable que pendant le siège de Paris.

Plusieurs personnes revendiquent aujourd’hui le mérite d’avoir créé à Paris le service des oiseaux messagers ; nous croyons pouvoir affirmer en toute certitude que l’honneur des résultats acquis revient à M. Rampont, directeur général des postes, et aux membres de la Société colombophile l’Espérance, notamment MM. van Roosebeke et Cassiers, qui sont partis de Paris en ballon avec leurs oiseaux.

Toutefois nous devons reconnaître dans l’intérêt de la vérité que, trois semaines avant l’investissement, M. Ségalas avait songé aux pigeons voyageurs, et qu’il avait même installé soixante de ses élèves dans la tour de l’administration des télégraphes. Mais ce sont principalement les pigeons de la Société l’Espérance, dont l’existence à Paris était bien obscure et bien ignorée, qui ont fonctionné pendant la guerre.

La façon d’organiser le service était très simple : les ballons emportaient de Paris les pigeons voyageurs, que l’on remettait, à Tours, à la direction des postes et des télégraphes. Là, les hommes spéciaux, MM. van Roosebeke, Cassiers, se chargeaient de lancer les pigeons à Orléans, à Blois, le plus près possible de Paris. Ils attachaient préalablement une dépêche à une des plumes de la queue de l’oiseau voyageur.

Il y avait déjà fort longtemps, avant le siège de Paris, que des sociétés belges s’étaient préoccupées de l’élevage des pigeons voyageurs, et avant l’apparition du télégraphe électrique, plus d’un spéculateur de Paris a profité des renseignements que lui donnaient les colombes en lui apportant avec une rapidité étonnante le cours de la Bourse de Bruxelles. On ne se doutait pas alors du rôle que l’Histoire réservait à ce service de la poste généralement peu connu.

Tous les pigeons ne sont pas doués au même degré de cette faculté de revenir à leur colombier. Le pigeon voyageur est une espèce spéciale. Certains pigeons voyageurs, nés dans un colombier et emportés au loin, y sont revenus d’un seul trait, sans éducation préalable. Mais ce fait est très rare et même contesté. On dresse généralement les pigeons et on les habitue peu à peu à des voyages de plus en plus importants. On les élève dans un colombier semblable à celui que représentent nos gravures, et on leur laisse leur liberté ; ils voltigent autour du colombier, et s’éloignent parfois à une distance assez considérable de leur asile ; il est probable que dans ces promenades de chaque jour, ils apprennent à connaître les environs ; leur vue très perçante leur permet de retrouver certains points de repère qui les orientent et les mettent dans la bonne voie pour le retour.

Quand des pigeons ont ainsi vécu pendant quelque temps dans ces conditions, on les emporte dans des cages d’osier, à une dizaine de lieues de leur colombier, et on les lâche. La plupart rentrent au logis dans un espace de temps assez court. Quelques jours après, on les transporte à vingt lieues de leur colombier, puis à trente ou quarante lieues, et ainsi de suite, en augmentant les distances. On arrive ainsi à pouvoir lâcher à Bordeaux des pigeons voyageurs élevés à Paris ou à Bruxelles.

La vitesse du vol des pigeons voyageurs est très variable ; par un temps calme, ils font généralement douze ou quinze lieues à l’heure. Cette vitesse augmente ou diminue suivant qu’ils volent avec le vent, ou qu’ils sont obligés de remonter des courants aériens. Un fait très remarquable est l’influence de la direction du vent sur le retour des pigeons. Ceux-ci s’égarent presque toujours quand règnent les vents d’est. Les vents du sud et du sud-ouest sont au contraire très favorables au vol de ces messagers. Quand le temps est brumeux, quand il gèle et surtout quand la terre est couverte de neige, les pigeons voyageurs perdent leurs facultés ; on comprend combien l’hiver si rigoureux de 1870-1871 a nui à la poste aérienne.

 Trois cent soixante-cinq pigeons ont été emportés de Paris en ballon, et lancés sur Paris. Il n’en est rentré que cinquante-sept, savoir : quatre en septembre, dix-huit en octobre, dix-sept en novembre, douze en décembre, trois en janvier, trois en février. Quelques-uns d’entre eux se sont égarés pendant très longtemps ; c’est ainsi que, le 6 février 1871, on reçut à Paris un pigeon qui avait été lancé le 18 novembre 1870. Il rapporta la dépêche n° 26, tandis que celui de la veille avait apporté la dépêche n° 51. Le 28 décembre, on reçut un pigeon qui avait perdu sa dépêche et trois plumes de sa queue. Il avait été sans doute atteint par une balle prussienne. Ce fait semble prouver que plusieurs de nos messagers du siège ont été tués par l’ennemi.

Les Parisiens n’oublieront jamais la joie que leur causait la vue d’un pigeon s’arrêtant sur les toits. Quel bonheur ineffable ! disait-on, voilà des nouvelles de province. Et les commentaires marchaient leur train. Nous devons toutefois faire observer à ce sujet que les pigeons voyageurs rentrent généralement tout droit au colombier, sans s’arrêter. Il est à supposer que, pendant le siège, les pigeons du jardin des Tuileries ont obtenu souvent un succès peu mérité.

Pigeons voyageurs.jpgIl existe à Paris, dans certains quartiers, notamment du côté des Halles, du Temple, des colombiers perchés sur les toits de vieilles maisons. Avant la guerre, nul ne soupçonnait l’existence de ces petits établissements privés, qui ont contribué à assurer les communications de Paris avec la province. Nos gravures représentent le colombier de M. van Roosebeke, un des membres les plus actifs et les plus intelligents de la Société colombophile l’Espérance. On a pu tirer un parti vraiment merveilleux des pigeons voyageurs, en employant la photographie microscopique, pour faire tenir une innombrable quantité de dépêches sur une légère pellicule de collodion. Il serait utile d’encourager l’élevage de pigeons, et d’étudier un art peu connu qui a prouvé son importance par les services qu’il a rendus pendant la guerre. On parlait autrefois de construire aux pigeons du siège une volière d’honneur, mais nous paraissons avoir déjà oublié nos promesses.

« Comme les cigognes des villes du Nord, a dit avec raison M. de Saint-Victor, comme les pigeons de Venise, ils méritent de devenir, eux aussi, des oiseaux sacrés. Paris devrait recueillir les couvées de leur colombier, les abriter, les nourrir sous les toits de l’un de ses temples. Leur race serait la tradition poétique de ce grand siège, unique dans l’Histoire. »

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS, FAUNE FRANCAISE, Paris | Pas de Commentaire »

Les animaux malades de la peste

Posté par francesca7 le 1 février 2014

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

250px-Les_Animaux_malades_de_la_Peste

 

 Pour traiter les thèmes de la culpabilité et de la justice qui concernent l’être humain de tous les temps et qui sont incompatibles avec le monde animal, La Fontaine, s’il conserve encore cette apparence, a en fait, comme Molière et La Bruyère, observé la société de son temps qui était fortement organisée selon une hiérarchie.

La fable illustre le fonctionnement de cette société en faisant intervenir des animaux qui ont une signification symbolique très nette. Le lion, le roi des animaux, représente le roi. Il est orgueilleux de son autorité quasi divine, exerce majestueusement son «métier», aime étaler sa puissance dans de pompeuses cérémonies, méprise ses sujets qui redoutent sa colère terrible et sa cruauté impulsive, se conduit en despote, abuse de sa force au service de ses appétits.

Il est entouré d’une cour où les principaux courtisans sont le renard et le loup et que La Fontaine présente, avant La Bruyère, comme un pays de parasites «machinateurs d’impostures», où règnent la servilité et l’hypocrisie, où les rivalités entraînent des dénonciations, des calomnies, des vengeances implacables.

On assiste à un grand conseil politique dont dépend le sort du royaume dans une circonstance grave. C’est l’heure où les âmes se dévoilent. Le roi «fait un beau discours sur le bien public mais ne songe qu’au sien» (Taine). Cynisme ou naïveté? il adopte une noble attitude, mais il sait qu’il ne risque rien. Les courtisans trouvent mille arguments juridiques en sa faveur et s’entendent comme larrons pour accabler le pauvre hère sans défense qu’est l’âne. C’est la loi générale du monde : la raison du plus fort.

C’est bien des humains qu’il s’agit, et pourtant la fiction animale reste présente à nos esprits, tant le choix des personnages s’accorde avec le rôle et le langage que leur prête le poète dans cette petite pièce de théâtre en plusieurs actes où alternent récit et paroles :

- premier acte : les ravages de la peste (vers 1-14) ;

- deuxième acte : le raisonnement du lion et sa confession (vers 15-33) ;

- troisième acte : le plaidoyer du renard et la disculpation de tous les puissants (vers 34-48) ;

- quatrième acte : la confession de l’âne ( vers 49-55) ;

- cinquième acte : sa condamnation et son exécution (vers 56-62).

 

les animaux malades de la peste (Foujita)Il se déroule, comme toujours chez La Fontaine, à travers des vers de longueurs variées, coupés avec une grande liberté et marqués d’enjambements hardis, qui rendent la forme très expressive.

Un préambule qui, par son ton, son allure mystérieuse, son ambiance pesante, attire l’attention sur les ravages de la peste avant d’oser la désigner. Elle imposa sa terreur au Moyen Âge, mais sévissait encore au XVIIe siècle. L’esprit religieux en faisait un fléau que la divinité ferait subir aux humains pour les punir. « Terreur» rime de façon significative avec «fureur». Aussi, dans les premiers vers, est-elle désignée avec réticence, tant elle inspire un effroi dont l’auteur a créé l’impression par le ton, les mots mis en valeur. Le lecteur est intrigué par le mot «mal» qui est répété avant qu’il ne soit clairement identifié, et, quand il l’est, la parenthèse du vers 4 est empreinte de crainte superstitieuse (nommer le mal, c’est risquer de le faire apparaître : ainsi, on ne parlait qu’indirectement du diable). Le vers 5 marque le grand accroissement du nombre des morts par cet enrichissement de l’Achéron (à prononcer «Akéron»), qui était le fleuve qu’il fallait traverser pour atteindre les enfers, le séjour des morts. La structure de cette phrase, riche en propositions incises qui l’allongent, qui retardent la révélation essentielle, permet de mettre en valeur le mot «guerre» qui est rejeté à la fin et à la rime, qui fait de la peste une puissance ennemie, qui menace toute la «terre», qui est dotée d’une personnalité et qu’on peut combattre.

Puis, dans ce vers 7 qui est construit en chiasme et qui est devenu une sorte d’adage qu’on utilise en maintes occasions, la répétition de «tous» (renforcée ensuite par «ne [...] point», «nul», «ni [...] ni»,  «plus») rend bien l’idée du fléau auquel nul n’échappe. Le poète ménage une progression dans son tableau de ces ravages : la mort, mais pire qu’elle, le dégoût de la vie chez les survivants : l’abandon au mal, le dépérissement volontaire, l’absence d’activité, le renoncement à l’amour, cette carence étant pour le libertin auteur des “Contes”, la carence la plus grave. Ce que la situation a de dramatique est mis en relief par l’enjambement du vers 8 au vers 9, le passage d’un octosyllabe énergique à un alexandrin dont le rythme alangui rend, au contraire, la résignation qu’entraîne l’absence d’appétit qui est rendue habilement par la périphrase, «le soutien d’une mourante vie» qui éloigne le plus possible ce dernier mot qui est le plus important. Le sens de ce vers est développé dans le morceau des octosyllabes que sont les vers 10 à 15 : ils évoquent une vie normale qui est justement ici contredite. La perte par les «loups» et les «renards» de leur instinct de prédateurs est mise en valeur par l’enjambement expressif du vers 11 au vers 12. À la faim, le poète se plaît à joindre un autre instinct fondamental : l’amour. Si les tourterelles, oiseaux amoureux par excellence, y renoncent, tous les êtres le font, et cette absence a, pour lui, cette conséquence (c’est le sens de «partant», du latin «per tantum», «à cause de») : la perte de la «joie», ce trait valant plus qu’une longue description.

Le lion, c’est le roi qui, ici, tient conseil, la fiction animale s’estompant devant le tableau des moeurs contemporaines. Habitué à se prêter à ces comédies de justice où les faibles sont écrasés, il se sert d’une langue recherchée, adopte un ton ému, attristé, qui sied dans les circonstances pénibles (bien que le fléau ne soit plus dans sa bouche qu’une «infortune»), marqué de bienveillance, d’onction religieuse pour invoquer, afin de trouver une parade au fléau, la notion théologique de la réversibilité des fautes comme de l’expiation. La faute commise par tous pourrait être rachetée, ce qui serait «la guérison commune», par un volontaire qui, jouant le rôle de bouc émissaire, s’offrirait aux projectiles (les «traits») lancés par un dieu en colère. Un glissement s’opère d’un «nous» généralisant à une troisième personne : «le plus coupable» – «Peut-être il obtiendra». Il se réfère à l’Histoire qui rapporte de tels événements malheureux (c’est le sens d’«accidents») et de tels «dévouements» (consécrations aux dieux pour les apaiser). Avec une grande habileté, se soumettant hypocritement à la volonté divine, se montrant soucieux de justice, il examine d’abord son propre cas, utilisant le pluriel de majesté («nous»), refusant de s’embelllir («Ne nous flattons donc point»), de faire preuve d’«indulgence» à son égard (en fait, c’est à l’égard d’un autre, l’âne, faible et innocent, qu’il n’en aura pas). Mais il ne fait pas vraiment une confession humiliée et repentante, sa référence à ses «appétits gloutons», sur un ton d’évidence, étant  l’imposition d’emblée de sa nature de prédateur, de la nécessité de sustanter sa corpulence, qui n’ont donc pas à être mises en question. Il tire ainsi avantage du fait de s’être accusé le premier, faisant accepter, dans cet aveu dédaigneux où il trouve même l’occasion de se vanter, d’exposer sans vergogne ses méfaits (dont la nature contraste avec l’air de solennité qu’il se donne), de dresser un orgueilleux tableau de chasse, l’élimination des moutons, puis, au détour d’un changement de mètre très accentué et, de ce fait, très surprenant, entre le vers 28 et le vers 29, donc avec quelque hésitation dans l’aveu, celle du berger. Aussi le lion doit-il accepter d’être châtié, mais le vers 30 qui s’allonge est fortement coupé par des restrictions («s’il le faut» – «je pense») qui lui permettent d’étudier les réactions de l’auditoire. Le voyant se récrier, il peut alors inviter à d’autres confessions, son ton se raidissant avec «ainsi que moi». À la fin de sa déclaration, entre le vers 33 et le vers 34, on peut imaginer un silence embarrassé.

La réplique du renard est celle du courtisan par excellence que cet animal est habituellement chez La Fontaine, possédant l’art de flatter le roi dans son faible, de prendre toujours son parti, en employant un vocabulaire élogieux. Avec habileté, il justifie les actes commis par le lion, en lui trouvant trop de «scrupules» ; en feignant la forte conviction par son exclamation : «Eh bien !» ; en s’empressant obséquieusement de rejeter l’idée de «péché» par la question et la réponse martelée : «Non, non» ; en manifestant sa condescendance pour ses victimes animales dont il fait une masse indistincte et anonyme, impersonnelle, par l’absence des articles ; en voyant les moutons (victimes désignées dans la chaîne alimentaire et dont il est lui-même un égorgeur) comme «des magasins de côtelettes» (Taine), sujets d’un roi dont la fonction même, dans une société aristocratique, est d’être croqués (délicatement donc, alors que le lion disait les avoir «dévorés») ; en marquant  péjorativement, avec «ces gens-là», l’éloignement, la distance, qu’on a pour des étrangers, des gens avec lesquels on ne veut avoir rien à faire ; en accablant de son mépris le berger qui n’a, par rapport au lion, qu’un «chimérique empire», une illusion de pouvoir, sur les animaux et qui, par cet argument «juridique», mérite d’être condamné. Finalement, ayant montré beaucoup d’imagination pour se tirer de cette situation difficile, il a consacré son discours à un habile plaidoyer en faveur du lion, non sans prudence aussi, car il faut craindre la duplicité du prince et garder la mesure jusque dans la flatterie ; surtout, il a ainsi trouvé le moyen de ne pas se confesser, de faire oublier ses propres crimes. Le tour elliptique «et flatteurs d’applaudir», qui est vif, expressif, parce qu’il introduit un infinitif plus concis qu’un verbe conjugué, est demeuré dans la langue.

 

Publié dans FAUNE FRANCAISE, POESIE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Les Cygnes de la Seine sous Louis XIV

Posté par francesca7 le 1 février 2014

 

par

Georges Dubosc

~*~

320px-Cygne_VidyLouis XIV eut de nombreux amours, mais il aima surtout… les cygnes. La noblesse majestueuse de ce bel oiseau, glissant sur les eaux, lui plaisait et là-dessus, il aurait volontiers partagé le sentiment d’un des grands écrivains de son temps, Buffon, qui a écrit : « Le cygne plaît à tous les yeux ; il décore et il embellit les lieux qu’il fréquente. » Aussi, le Roi-Soleil voulut-il parer et animer de beaux cygnes argentés, voguant en liberté, non seulement le miroir tranquille des pièces d’eau des palais et des maisons royales, mais aussi la Seine, dans la plus grande partie de son cours, de Corbeil jusqu’à Rouen. Si l’on s’en rapporte aux Comptes des Bâtiments du Roi, il y avait plus d’un millier de cygnes, pendant tout l’été, descendant le cours du fleuve, contournant les îles, passant sous les ponts. C’était là un spectacle curieux et superbe, surtout aux approches de notre cité, où le Pont-de-Bateaux formait une barrière à leur course vagabonde.

Dès 1672, Colbert, qui ohéissait à toutes les fantaisies royales, avait été chargé de recruter cette troupe de cygnes. A cette date, il écrivait à notre ambassadeur en Danemark, Hugues de Terlon, pour lui demander d’envoyer deux ou trois cents de ces beaux cygnes blancs descendant tous les ans des mers boréales dans les îles des détroits danois. Il voudrait qu’on les mit sur un navire, dans de grandes cages et qu’on en prit soin. Terlon ne put réunir qu’une quarantaine de cygnes, qu’il envoya sur un navire de Lubeck à Rouen, puis adressa dans une voiture, accompagnée d’un commis, une centaine d’oeufs « qu’on fera couver à Versailles ». En même temps, Colbert s’informait auprès de Ribeyre, l’intendant de la Touraine, pour qu’il lui envoyât aussi, avant les grandes gelées, une centaine de cygnes du pays. Deux années se passèrent encore, pendant lesquelles on mobilisa tous les cygnes disponibles…

Enfin, en 1676, était promulguée une ordonnance de Louis XIV où est exposée très clairement la pensée du monarque, qui veut protéger les cygnes royaux contre la cupidité ou la malice des riverains et des passants.

Sa Majesté, dit l’ordonnance, ayant fait venir des cygnes des pays étrangers pour servir d’ornements sur les canaux des maisons royales et, « voulant aussy embellir la Seine, dans l’estendue, de Paris et au-dessus et au-dessous. Elle donne l’ordre de les mettre dans l’isle en face du Cours-la-Reine, l’île Maquerelle. Défense est faite d’y entrer, aux basteliers y aborder, prendre des oeufs, faire du mal, avec des filets, bâtons, à peine de 300 livres d’amende et punition corporelle, en cas de récidive. »

En suite de cette ordonnance, par lettre du 16 septembre 1676, le lieutenant-général de police La Reynie, était nommé pour faire exécuter les mesures protectrices des cygnes royaux, de préférence aux Officiers des Capitaineries du Bois de Boulogne et. de la Garenne du Louvre.

Ce quartier général, ce rendez-vous, ce port d’attache des cygnes de la Seine, grands et petits, c’était une longue île parisienne, formée au Moyen-Age de plusieurs petites îles soudées ensemble, séparées par un étroit bras d’eau, de la plaine de Grenelle et du Gros-Caillou. On l’appelait L’Ile aux Cygnes et, bien que réunie à la terre depuis 1773, elle a gardé ce nom. C’est dans le voisinage actuel du pont d’Iéna, où se trouvent encore la Manufacture des tabacs, le Dépôt des Marbres et les antiennes Ecuries de l’Empereur.

L’île aux Cygnes, sous Louis XIV, devenue le refuge inviolable de leurs flottilles, défendue aux deux bouts par des palissades, était une île… sacrée. Défense aux bate liers, voituriers d’eau, pêcheurs, d’y aborder avec bateaux ou chevaux. Défense d’y pêcher dans le voisinage, du Pont des Tuileries à Auteuil. Défense de toucher à aucuns cygnes, de leur jeter du pain. Défense de pêcher dans le petit bras. Défense de laisser approcher les chiens, sous peine d’être tués, avec amendes aux propriétaires. Défense, du mois d’avril au mois de juin, à aucun bateau de circuler dans les parages. Pour plus de sûreté, les barques étaient cadenassées au rivage. Colbert, on le voit, n’y allait pas de main morte !…

Ainsi protégés, les cygnes pullulèrent dans leur île. De là, leurs escadrilles séparées, remontaient par le pont de Charenton, jusque dans la Marne et par la Seine, poussaient par Choisy, Villeneuve-Saint-Georges, Draveil, jusqu’à Juvisy, jusque dans les petites rivières :de l’Orge et de l’Essonne. De ce côté, ils ne dépassaient pas Corbeil. En aval de Paris, ils suivaient tous les méandres de la Seine, passaient sous les ponts de Sèvre, de Saint-Cloud, de Bezons, de Meulan, de Vernon, de Mantes et de Pont-de-l’Arche. Leurs flottes, trouvaient des abris de verdure dans les longs chapelets d’îles, dans les roseaux des berges, à peine génés par les gords ou barrages des pêcheurs. La Seine, à cette époque, était du reste à peine troublée par quelques barquettes de pêcheurs, par des galiotes paisibles, par les coches d’eau, traînés par les chevaux de halage, et par les trains de bois descendant vers Rouen, en longues files.

Pour surveiller un pareil domaine aquatique, il fallait une sorte de ministre… des cygnes, un inspecteur et un conservateur des rives de la Seine. On le nomma. Ce fut, dès 1677, un sieur Ballon, ancien huissier de la chambre du roi, dont les pouvoirs furent définis par une ordonance spéciale du 18 avril 1681. Il lui fallait avoir 1′oeil sur tout ce long parcours de la Seine et sur les petites rivières, surtout sur l’Oise, l’Epte, l’Eure, l’Andelle, on trouva des cygnes égarés à Pont-Saint-Pierre et sur les étangs voisins, comme le lac d’Enghien. Partout, en tous lieux et en tout temps, il lui fallait assurer la conservation des cygnes ; empêcher qu’on ne touchât aux jeunes comme aux vieux, écarter les chiens. Pour toute cette tâche, il avait le droit de dresser procès-verbaux et contraventions.

A Ballon revenait aussi la tâche d’assurer, par de longues tournées, en bateau, la conservation des nids où les cygnes déposaient leurs gros oeufs verdâtres. Il plaçait dessous de petits pontons en bois qui, en cas de crue, empêchaient les nids d’être détruits et emportés. A certaines dates, M. le Conservateur des cygnes devait encore éjointer les jeunes cygnes, c’est-à-dire, rogner une de leurs ailes, suivant un terme de fauconnerie. Et la besogne devait être dure, quand il fallait éjointer une centaine de jeunes oiseaux.

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Les Cygnes de la Seine sous Louis XIV dans COURS d'EAU-RIVIERES de France 220px-Isle_Maquerelle_ou_des_CignesChaque saison ramenait une besogne nouvelle. A l’approche de l’hiver, quand la Seine menaçait d’être prise et commençait à charrier les glaçons, Ballon devait rentrer les cygnes royaux dans leurs quartiers d’hiver de l’Ile aux Cygnes. Sur la Seine, il lui fallait prendre les cygnes, malgré leur rude résistance, et les ramener en bateau, si la navigation n’était pas interrompue, ou en voitures, à l’Ile des Cygnes. Parfois on les hospitalisait, dans des stations intermédiaires, au château de Chatou, à Rueil ou aux Carrières-Saint-Denis, ils étaient alors nourris avec de l’avoine, dont les septiers apparaissent souvent dans les comptes. A Ballon revenait aussi le soin de surveiller les poteaux plantés le long de la Seine et où étaient placardées les ordonnances concernant les oiseaux.

A Ballon succéda, en date du 6 septembre 1689, Henri Le Venneur, garde-cygne du roi, qui demeurait à Chatou. Détail curieux : sa nomination fut proclamée au prône de l’église en même temps que les ordonnances sur la conservation des cygnes. En plus, Henri Le Venneur était exempt de toutes charges, comme syndic ou collecteur. On voulait qu’il soit tout à sa fonction !

Toute une équipe de gardes-cygnes subalternes parcourait la Seine et ses bords. Pour la plupart, c’étaient d’anciens jardiniers de Versailles : Octavien Herny et sa veuve ; Jacques Foubert, Louis Germain, Pierre et Claude Le Cochois. Tour à tour, on les rencontre en tournées, à Melun, Corbeil, au pont de Saint-Maur, à Villeneuve-Saint-Georges, à Chatou, à Saint-Cloud, à Suresne, à la Roche-Guyon, à Mantes, à Vernon. Eux-mêmes ont des aides : le batelier Ledru, qui pose les poteaux le long du fleuve en 1685 ; le charpentier Brassard, qui construisit les petits pontons, placés sous les oeufs de cygne ; les anciens soldats invalides Jacques Bobert et Paul Letellier, qui, en 1687, sur leur canot à rames, remontent l’Eure à la poursuite des cygnes ; la veuve Denis, qui fournit les livraisons d’avoine pour la nourriture des cygnes royaux.

Mais le principal inspecteur des cygnes de notre région rouennaise est Jean Frades, qui est garde de la section entre Suresne et Rouen. C’est lui qui, en 1689, court après 76 cygnes qui voguant entre Pont-de-l’Arche et Oissel, se sont échappés vers Rouen ; en 1694, il en fait reprendre une centaine, bloqués dans les glaces à Eauplet, et les ramène dans l’Ile des Cygnes à Paris ; au printemps de 1695, il parcourt toutes les berges pour assurer la conservation des oeufs.

*
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Colbert, au surplus, veillait lui-même sur les cygnes de la Seine, surtout à Rouen. En veut-on une preuve Le 25 décembre 1678, il écrivait maintes lettres à l’intendant de Rouen, Louis Le Blanc :

« On m’a prévenu, dit-il, que nombre de cygnes sur 1a rivière de la Seyne, pour l’ornement public, sont descendus cette rivière dans toute l’étendue de la généralité de Rouen. Comme ils sont icy conservés sous l’autorité publique et que qui que ce soit n’ose y toucher, Sa Majesté veut que vous envoyiez promptement les deux gardes de la Prévosté de l’Hôtel de l’Intendance, l’un d’un côté de la rivière et l’autre de l’autre, s’informer soigneusement des endroits où ils sont sur la rivière de Seyne, soit dans celles qui y descendent, m’ayant été dit qu’il y en avait sur celle d’Epte, et qu’on donne tous les ordres pour les reprendre et les rapporter. »

COLBERT.

220px-Cygne_nid_2 dans FAUNE FRANCAISEEn 1679, le puissant ministre s’adressa encore à l’Intendant Le Blanc pour qu’il renvoie immédiatement les cygnes pris à la Roche-Guyon. Plus tard, ce sera au successeur de Le Blanc à Rouen, à l’intendant Meliande, que Colbert fera ses recommandations touchant les cygnes : « Car le Roy veut que chacun prenne plaisir à voir un ornement de cette qualité, et le prie de veiller sur les cygnes qui sont, en cet été de 1683, arrêtés à Pont-de-l’Arche. Il lui faut, surtout, ajoute-t-il, prendre des mesures pour empescher qu’ils ne passent le Pont-de-Rouen, parce qu’ils pourraient descendre jusqu’au Havre, ces sortes d’animaux ayant une inclination naturelle pour se retrouver vers le Nord ! »

Comme on le voit, les cygnes de la Seine étaient bien gardés ! Ils se contentaient la plupart du temps de voguer le long des rives de Longboel, du Cours de la Reine et de l’île de La Mouque, alors l’île Lacroix, arrêtés par les pontons assez reserrés, qui supportaient le Pont de Bateaux. Une fois, cependant, profitant que celui-ci était ouvert, pour laisser passer quelque navire, les cygnes s’étaient enfuis rapidement vers d’autres climats.

Mais déjà les grands jours du règne s’évanouissaient. Le roi sexagénaire devenu plus retiré, ne s’intéressait plus à ces grands spectacles d’embellissement des rivières de son royaume. Peu à peu, les cygnes disparurent  des fleuves français. Valenciennes, seule, cité héroïque, qui dans les supports de ses armoiries, porte deux cygnes d’argent, en garda ainsi le souvenir. Et puis les bons Boches, les Berlinois de Frédéric II, s’avisèrent de copier les modes de Louis XIV. Ils couvrirent les eaux fétides de la Sprée, la rivière prussienne par excellence, de flotilles de cygnes… manoeuvrant comme à la parade. Ce fut la fin ; ce fut le dernier chant du cygne !

GEORGES DUBOSC

Source : DUBOSC, Georges (1854-1927) :  Les Cygnes de la Seine sous Louis XIV (1919).

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Salamandre et son histoire

Posté par francesca7 le 1 février 2014

220px-Nutrisco_et_extinguo_Salamandre_de_François_I_AzayLa salamandre, pour la définir tout de suite familièrement, est une sorte de crapaud ayant une queue. Les mœurs de cet animal ne présentent aucune propriété extraordinaire, et cependant, sur la foi de quelques observations d’une très faible portée, il s’est accumulé peu à peu autour de son nom une réputation immense, notamment celle de posséder la vertu d’éteindre le feu.

Lorsqu’on blesse ou qu’on irrite ce petit animal, il suinte de sa peau, visqueuse comme celle du crapaud, une humeur laiteuse, amère, d’une odeur forte et tout à fait repoussante. Cette propriété est fort simple, et évidemment destinée dans le plan de la nature à écarter de lui les ennemis que la paresse de sa marche ne lui permet pas de fuir. C’est là cependant ce qui est devenu le principe de toutes les fables qui se sont répandues sur le compte de la salamandre.

D’abord, il est incontestable que cette humeur est légèrement vénéneuse : elle fait périr, en effet, les insectes et les petits animaux ; mais on s’est assuré, par des expériences positives, qu’elle est sans aucune action délétère sur l’homme et sur les animaux d’une certaine taille. Cependant, chez les anciens, son poison a passé pour un des plus redoutables du monde. Pline assure qu’il suffit que la salamandre ait touché un fruit en passant pour que ce fruit se change aussitôt en un poison violent. Je croirais volontiers que dans l’empire romain on en était venu à forger une multitude de poisons que l’on rapportait à la main de la nature précisément parce qu’il y en avait un trop grand nombre qui ne sortaient que de celle des hommes.

Quoi qu’il en soit, cette mauvaise réputation de la salamandre, qui n’aurait guère le droit de régner que parmi les mouches et les autres insectes, s’est conservée dans nos campagnes. La salamandre est rangée presque partout par les paysans parmi les animaux les plus venimeux, et quand on en découvre quelqu’une on s’en débarrasse aussitôt avec une sorte d’horreur. Elle ne mérite cependant pas une réprobation plus énergique que le crapaud, car à l’égard des mœurs et de son venin elle est presque en tout pareille.

Mais cette faculté d’empoisonnement n’est que la moindre merveille de la salamandre. Sa plus fameuse propriété est d’éteindre le feu ; et l’on a vu au Moyen Age des savants qui, se fondant sur cette antipathie naturelle, prétendaient éteindre les incendies en jetant au milieu des flammes des salamandres. Ce préjugé a ses racines dans l’Antiquité. « La salamandre, dit Pline, est un animal si froid que rien qu’à toucher le feu il l’éteint comme le ferait de la glace. » Aristote enseigne à peu près la même chose, mais avec plus de réserve : « Cet animal, dit-il, à ce que l’on prétend, éteint le feu lorsqu’il y entre. »

Il y a là quelque vérité, mais il faut la bien préciser pour ne s’y point méprendre. Il est certain que si l’on met une salamandre sur quelques charbons, comme il se dégage immédiatement de son corps cette humeur laiteuse dont nous avons parlé, les charbons qui la touchent, s’ils ne sont pas trop forts et trop ardents, s’éteignent promptement ; mais cela ne tient nullement à la froideur de l’animal, car cette humeur serait toute chaude qu’elle n’éteindrait pas moins le feu sur lequel elle se répandrait, comme l’eau qui n’éteint pas moins le charbon quand elle est bouillante que quand elle est à la glace.

Mais de ce fait si simple, grâce aux exagérations de la théorie des sympathies et des antipathies, si puissante dans l’ancien état de la science, est sortie l’idée que la nature de la salamandre était antipathique à celle du feu, et de là la persuasion que la salamandre repoussant absolument le feu, cet agent ne saurait la consumer. Telle a été l’opinion vulgaire au Moyen Age ; et, pour la détruire, il a fallu que les savants de la Renaissance se livrassent à cet égard à des expériences positives.

Salamandre et son histoire dans FAUNE FRANCAISE 220px-FeuersalamanderMathiole rapporte qu’il vit une salamandre mise dans un brasier et brûlée en très peu de temps. Picrius et Amatus font des déclarations semblables. Galien, chez les anciens, avait observé la même chose, car il dit que la salamandre supporte à la vérité l’action du feu, mais qu’elle finit bientôt par y être consumée ; et il recommande même ses cendres comme un médicament utile.

Certes, une si grande autorité aurait dû mettre entrave à l’exagération ; mais le merveilleux, une fois né, s’arrête rarement avant d’être parvenu au terme de la carrière. L’incombustibilité de l’animal une fois implantée de cette manière dans les imaginations, on a oublié bien vite la pauvre petite salamandre des fossés et des caveaux humides, et l’on est allé jusqu’à donner à l’animal lui-même une organisation franchement fantastique. On lui a attribué le feu pour séjour habituel, comme l’eau aux poissons ou l’air aux papillons ; on a voulu qu’il y puisât sa nourriture ; on lui a fait souffler et vomir la flamme ; on lui a supposé des ailes pour se mouvoir plus à l’aise dans cet élément subtil ; on lui a ôté son humble figure, et on en a fait un dragon : voilà la généalogie de cette furieuse salamandre du blason de François Ier.

Il se conçoit que l’on ne se soit pas arrêté en si beau chemin. Les voyageurs, qui pouvaient prétendre avoir rencontré des salamandres aux pays lointains, n’avaient pas à se faire grand scrupule de rapporter des preuves matérielles de leur mensongère trouvaille. Aussi vit-on circuler pendant un temps, dans le commerce des curiosités naturelles, des étoffes faites avec de la laine de salamandre : on en était venu à donner de la laine à ce dragon. Cette laine, ou plutôt encore cette soie, était blanche, fine, d’une assez grande souplesse, et résistait en effet parfaitement bien à l’action du feu le plus ardent. On pouvait en faire des tissus, et, à l’aide de ces tissus, braver non pas la violence du feu, mais le danger de voir les vêtements s’enflammer au simple contact de la flamme : aussi la laine de salamandre eut-elle un moment une célébrité rare.

Le fait est que si l’on avait dû juger de l’incombustibilité de la salamandre d’après celle de cette prétendue laine, il aurait fallu regarder l’animal comme réellement doué de la propriété prodigieuse que le vulgaire lui attribuait. Mais cette substance provenait-elle réellement d’un animal ? Là était la question, et, malheureusement pour les amis du merveilleux, il s’est trouvé que la laine de salamandre était tout simplement un minéral filamenteux bien connu des naturalistes, et connu même des anciens sous le nom d’asbeste.

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Napoléon et Sissi y ont vécu

Posté par francesca7 le 1 février 2014

 

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 (Source : La Voix du Nord)

 Condamné pendant près d’un siècle aux oubliettes de l’Histoire, le Palais royal de Venise, construit sur ordre de Napoléon et habité par l’impératrice Sissi, a enfin rouvert ses portes au public sur la célèbre place Saint-Marc

Comment expliquer un si long silence ? « Dans la conscience populaire des Vénitiens, Napoléon reste avant tout celui qui a décrété la fin de la glorieuse République de Venise (697-1797) », explique Andrea Bellieni, directeur du Musée Correr, dont dépendent les appartements royaux. Quant à Sissi, elle reste avant tout un symbole du joug de l’occupant autrichien, une page de l’Histoire que les Vénitiens ont longtemps préféré ne pas mettre en avant.

Jusqu’à ce que le Comité français pour la Sauvegarde de Venise, présidé par Jérôme Zieseniss, décide de financer la restauration de ces somptueux appartements, réduits en piteux état après des décennies d’abandon. Grâce à un budget de 2,5 millions d’euros provenant entièrement de mécènes privés, il a pu restituer les salles de réception et l’appartement de l’impératrice tels qu’ils furent découverts en 1856 par Sissi (elle avait alors 19 ans !) et François-Joseph, deux ans seulement après leur mariage.

Les meubles de l’appartement respectent le goût de cette époque, notamment le style néo-baroque en vogue à la cour de Vienne. Une mention particulière pour le délicieux boudoir de l’impératrice, un petit bijou décoré d’allégories féminines et de guirlandes de bleuets et de muguets.

Même s’il n’y séjourna jamais, c’est Napoléon, proclamé roi d’Italie en 1805, qui décida en 1807 lors de sa venue à Venise la construction du palais au cœur même de la Cité des Doges, face à la célèbre basilique Saint-Marc. Edifié en six ans, le palais est aujourd’hui le seul palais royal néoclassique intact en Italie, oeuvre du décorateur Giuseppe Borsato, disciple des Français Percier et Fontaine, les pères du style Empire. L’escalier et le vestibule d’honneur, la salle de bal, la salle du trône et les appartements offrent aux visiteurs un beau panorama.

Le souvenir de Napoléon
« Nous sommes arrivés ici par pur hasard, nous sommes agréablement surpris, on pensait trouver simplement un musée avec des peintures. La salle de bal est très très belle », s’extasient Marc et Marie, un couple de trentenaires de Nîmes (sud-est de la France) en week-end à Venise. Le legs de Napoléon à la Sérénissime a donc retrouvé toute sa splendeur. « Napoléon, c’est sûr, a envoyé au Louvre nombre d’œuvres appartenant à l’histoire de Venise, à commencer par les chevaux de la place Saint-Marc, mais c’est aussi grâce à lui que beaucoup d’œuvres furent sauvées », souligne Andrea Bellieni.

S’il évoque le souvenir de Napoléon et de son beau-fils Eugène de Beauharnais, fils de l’Impératrice Joséphine et vice-roi d’Italie, le palais porte aussi la marque de la légendaire Sissi. « Une femme extraordinaire, non seulement belle mais d’une très grande sensibilité, et qui, dans ce lieu, a réussi à convaincre son mari de faire libérer des prisonniers politiques », note Jérôme Zieseniss. Après le retour de Venise dans le giron italien, Sissi, en route pour sa villa de Corfou, sera d’ailleurs reçue pour une dernière fois au palais en 1895 pour un thé par le roi Humbert Ier et la reine Marguerite. Parmi les autres hôtes célèbres de ce palais figurent des personnages controversés comme Hitler et Mussolini, mais aussi le dernier roi d’Italie Humbert II, qui y fit un bref séjour en 1946 avant son exil au Portugal.

Après les neuf pièces ouvertes au public cet été, Jérôme Zieseniss veut maintenant s’attaquer à l’appartement de l’empereur : quatre pièces dont la restauration nécessite 800.000 euros. Un oligarque russe et une maison de luxe se sont déjà engagés à participer au financement, et Jérôme Zieseniss espère bien pouvoir ouvrir deux et même peut-être trois pièces d’ici le printemps 2013. Un défi car « il faut tout reprendre, y compris les fenêtres et les portes… » soupire ce gentleman amoureux de Venise, que rien ne semble pourtant décourager.

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