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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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dix chefs-d’oeuvre de Piaf en VIDÉOS

Posté par francesca7 le 12 janvier 2014

 

« Mon légionnaire » (1937)

C’est le premier grand succès d’Édith Piaf, mais c’est une reprise ! Écrite par Raymond Asso, un ancien légionnaire, cette chanson fut d’abord interprétée par Marie Dubas, reine du music-hall dans les années 30. Devenue la maîtresse d’Asso, Piaf enregistrera sa propre version de Mon légionnaire et en fera l’une de ses chansons emblématiques, incarnant parfaitement la femme amoureuse d’un légionnaire qui, après une nuit d’amour, refusa de l’épouser. Mon légionnaire fut aussi reprise en version funk par Serge Gainsbourg.

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http://youtu.be/mHRFxmRh7kY

 

« La vie en rose » (1946)

C’est le tube qui fit de Piaf une superstar planétaire. La vie en rose, c’est d’abord des mots griffonnés sur une nappe de papier avec son amie Marianne Michel en 1945 à la terrasse d’un café. Elle est alors amoureuse d’Yves Montand, qu’elle a pris sous son aile. Après l’avoir fait remanier par son parolier fétiche, Henri Contet, Piaf enregistrera la chanson en octobre 1946. Reprise des centaines de fois, entendue dans des centaines de films, La vie en rose est devenue un classique. Pour le monde entier, cette chanson incarne la France pittoresque des bals musettes et de l’amour.

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http://youtu.be/rwkjWJKn-GI

« Hymne à l’amour » (1949)

Écrite par Piaf en l’honneur de son grand amour d’alors, le boxeur Marcel Cerdan, elle fut jouée pour la première fois à New York le 14 septembre 1949. « Si un jour la vie t’arrache à moi, si tu meurs que tu sois loin de moi, peu m’importe si tu m’aimes, car moi je mourrai aussi. » Ces paroles chantées sur la scène du Versailles seront prémonitoires : 44 jours plus tard, Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion sur le vol Paris-New York alors qu’il venait la rejoindre. Anéantie, elle prendra de fortes doses de morphine, jusqu’à devenir accro.

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http://youtu.be/QvHph2zrMrA

« Padam padam » (1951)

En 1941, Piaf vécut une courte mais intense liaison avec le compositeur juif galicien Norbert Glanzberg. Cette année-là, elle déchira le visa qui lui aurait permis de fuir la France pour les États-Unis. Elle se rattrapera en l’aidant à échapper aux nazis en l’installant dans un château de la Côte d’Azur. Il composa de nombreuses chansons pour Piaf, dont Padam padam et Mon manège à moi. Ils resteront amis jusqu’à la mort de la chanteuse en 1963.

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http://youtu.be/LfmguyDRBwU

 

« La foule » (1957)

La foule est une reprise de Que nadie sepa mi sufrir, composée et écrite en 1936 par deux Argentins. C’est une valse péruvienne, un genre très populaire en Amérique latine entre les années 1930 et 1950. Piaf entendit cette chanson pour la première fois en 1953, lors d’une tournée sud-américaine. Elle enregistra une version française (avec les paroles de Michel Rivgauche) et fit de ce tube régional un tube mondial. 

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http://youtu.be/Fgn8gZHJZzA

« Mon manège à moi » (1958)

En composant Mon manège à moi, Norbert Glanzberg créa une petite nouveauté dans le monde de la chanson : il fit du refrain l’accompagnement du morceau, créant ainsi une impression de manège qui tourne. 

 

« Milord » (1959)

C’est l’histoire d’une gentille prostituée qui console les bourgeois. Une histoire que Piaf connaît bien : elle a elle-même été élevée dans le bordel que tenait sa grand-mère en Normandie. En 1958, au sommet de sa gloire, Piaf rencontre Georges Moustaki. Entre la Môme et le Métèque, l’amour est houleux. C’est elle qui le lança dans la chanson. Il lui écrira Milord, l’un de ses plus grands succès. De 18 ans son cadet, il la quittera un an plus tard. 

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http://youtu.be/oromrP0iu3E

« Non, je ne regrette rien » (1960)

Dédiée à la Légion étrangère, cette chanson représente l’état d’esprit de Piaf trois ans avant la fin de sa vie tumultueuse, mais aussi son engagement pour les soldats, pour qui elle a chanté tout au long de la guerre. À l’époque de l’enregistrement, la France était en pleine guerre d’Algérie. Non, je ne regrette rien est devenue l’hymne des partisans de l’Algérie française.

 

« Mon Dieu » (1960)

Enfant, Piaf tombe dans la religion. Elle racontera qu’à 7 ans, victime d’une kératite aiguë, elle perd la vue. Sa grand-mère l’amène alors à Lisieux où elles implorent sainte Thérèse. Quelques jours plus tard, elle recouvrera la vue et ne perdra plus la foi. Cette anecdote est sans doute romancée, car il semble que la chanteuse n’ait jamais été atteinte de cécité. 

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http://youtu.be/3rLjzT9aNEc

« À quoi ça sert, l’amour » (1962)

Un an avant sa mort, gravement malade, Piaf épouse Théo Sarapo, un jeune et beau Grec de 26 ans. Elle en a alors 46. Ensemble, ils interprètent À quoi ça sert l’amour, un succès mondial. Il restera à ses côtés jusqu’à sa mort et ne se remariera jamais. 

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http://youtu.be/ZtnTaUcMLjA

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Jean-Claude Pascal, chanteur oublié

Posté par francesca7 le 12 janvier 2014

 

Jean-Claude Pascal naît dans une famille de riches industriels du textile. Sa mère, Arlette Lemoine, est l’arrière-petite-fille du couturier Charles Frédéric Worth. Son père, Roger Villeminot, décède l’année de sa naissance.

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http://youtu.be/tpEZdGoqMbg

jean-claude Pascal, un Comédien : Il éprouve énormément de mal à supporter l’atmosphère à la fois superficielle et artificielle qui régnait dans le milieu de la mode. 
Il se fait alors comédien au théâtre avec Pierre Renoir, puis joue dans la Dame aux camélias avec Edwige Feuillère, laquelle dit de lui qu’il est exceptionnellement beau. 
En 1947, il entre au cours Simon et prend le pseudonyme de Jean-Claude Pascal. 
En 1949, il débute au théâtre aux côtés de Pierre Renoir puis Edwige Feuillère dans la dame aux camélias. Il entame alors une carrière prometteuse au cinéma mais son physique de séducteur romantique le confine dans des rôles de jeune premier sans grande épaisseur.

La liste des films et des actrices partenaires de Jean-Claude Pascal donne un aperçu de la carrière du comédien. 
1953 Les crimes de l’amour avec Anouk Aimée 
1953 Alerte au sud, avec Giana Maria Canale 
1954- Le Grand Jeu, avec Arletty 
Le chevalier de la nuit, 
1955 Le fils de Caroline chérie avec 
1955 Les mauvaises rencontres avec Anouk Aimé 
1956 La châtelaine du Liban avec Giana Maria Canale 
1959 La Belle et l’empereur avec Romy Schneider 
1962 : La salamandre d’or avec Valérie Lagrange et Madeleine Robinson 
1966 Comment ne pas épouser un milliardaire avec Magali Noël 
1968 Angélique et le sultan avec Michèle Mercier

300px-Jean-Claude-Pascal-GambaisJean-Claude débute sa scolarité secondaire, en 1938, au Collège Annel, à Compiègne, et la conclut au Lycée Janson-de-Sailly à Paris. En 1944, à l’âge de 17 ans, il s’engage dans la Deuxième division blindéedu général Leclerc. Il est le premier soldat français à entrer dans Strasbourg, en novembre 1944, alors que l’armée allemande est encore en train d’évacuer la ville. Il reçoit pour cela, la Croix de guerre en 1945.

Après la Libération, il s’installe à Paris et étudie brièvement à la Sorbonne. Jean-Claude Pascal (né Jean-Claude Villeminot, le 24 octobre 1927, à Paris et mort le 5 mai 1992, à Clichy-la-Garenne) est un acteur, chanteur et écrivain français. Il s’engage en 1944 dans laDeuxième division blindée et reçoit la Croix de guerre.

Après avoir été un temps styliste de mode, il fait ses débuts en 1949 dans le cinéma, où il incarne des rôles de séducteur. Il entame également, en 1955, une carrière de chanteur de charme. Il remporte le Concours Eurovision de la chanson pour le Luxembourg, en 1961, grâce à la chanson Nous les amoureux.

Au début des années 1980, il se reconvertit en écrivain et en historien, publiant romans noirs et romans historiques, ainsi que ses mémoires.

Il est nommé commandeur des Arts et des Lettres, ainsi que chevalier de la Légion d’honneur.

Il meurt dans l’anonymat, à l’âge de 64 ans, d’un cancer de l’estomac.

Jean-Claude Pascal : un Chanteur 
Lassé de jouer des rôles de « beau gosse » et de jeune premier, Jean-Claude Pascal se lance dans la chanson. 
A l’aube des années 60, il délaisse peu à peu le cinéma : « J’en avais marre de jouer les puceaux ridicules », pour se consacrer à la chanson. 
Le public découvre alors une voix chaude, caressante et un interprète exigeant, amoureux des beaux textes. 
A l’âge de 33 ans, Jean-Claude Pascal donne son premier tour de chant à Bobino avec des chansons signées par de jeunes auteurs alors inconnus : Jean Ferrat, Serge Gainsbourg, Bernard Dimey. 
En 1961 il obtient le Grand prix de l’Eurovision avec la chanson « Nous les amoureux » et interprète de nombreuses chansons de Gilbert Bécaud (celui-ci était né le même jour, le 24 octobre 1927, à la même heure que lui). 

Jean-Claude Pascal fait ses débuts en tant que chanteur, en 1955, avec la chanson Je voudrais, écrite par Charles Aznavour. Il donne son premier récital en 1961, à Bobino, avec des chansons signées par de jeunes auteurs comme Jean Ferrat, Serge Gainsbourg et Bernard Dimey.

En 1961, la télévision luxembourgeoise le sollicite pour la représenter à la sixième édition du Concours Eurovision de la chanson. Le samedi 18 mars, à Cannes, il remporte le concours pour le Luxembourg, avec la chanson Nous les amoureux, écrite par Maurice Vidalin et composée par Jacques Datin.

Si, au sens premier, les paroles de la chanson s’entendent comme le combat de deux amoureux contre les préjugés de la société de l’époque, en réalité elles dénoncent – sans que le grand public ne s’en doute – la répression des amours homosexuelles et prédisent une évolution prochaine des esprits à leur égard, ainsi que le chanteur lui-même devait le reconnaître plus tard.

En 1962, il reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros. En 1967, il obtient un grand succès commercial avec sa reprise en allemand des Neiges du Kilimandjaro, de Pascal Danel. Il enregistre de nombreux albums et reprend des morceaux de Charles Aznavour, Guy Béart, Gilbert Bécaud, Barbara ou Jacques Brel. Il ralentit sa carrière de chanteur au début des années 1970, pour se consacrer à nouveau au théâtre et à la télévision.

En 1981, pour marquer le vingtième anniversaire de sa victoire au Concours Eurovision de la chanson, la télévision luxembourgeoise lui demande de la représenter à nouveau. Il participe à la vingt-sixième édition du concours, avec la chanson C’est peut-être pas l’Amérique, mais termine cette fois à la onzième place.

En 1983, il enregistre un dernier album de chansons inédites, dont la plupart des textes ont été écrits par Gilbert Sinoué.

Description de cette image, également commentée ci-aprèsÀ partir de 1983, Jean-Claude Pascal entame une carrière d’écrivain. Son premier ouvrage, Le Beau Masque, est publié en 1986. Il s’agit d’une autobiographie partielle, dans lesquelles il se concentre sur sa carrière cinématographique. Il y décrit ses nombreuses rencontres avec des actrices et ses souvenirs de tournage.

Il se lance ensuite dans l’écriture de romans policiers (Le Panier de crabes, en novembre 1986, ainsi que ses suites, Le Fauve, en février 1987, et La Garce, en avril 1987). Il poursuit avec des romans (L’Arc-en-ciel de novembre, en mars 1989, etL’Enfant et les Giboulées, en janvier 1990).

Encouragé par Philippe Erlanger, il rédige deux ouvrages historiques. En 1988, La reine maudite, biographie de Marie Stuart, et en 1991, L’amant du roi, biographie du duc de Luynes, favori du roi Louis XIII.

Jean-Claude décède à l’hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne, le 5 mai 1992, à l’âge de 64 ans, des suites d’un cancer de l’estomac. Il était demeuré célibataire et sans enfants. Conformément à ses dernières volontés, il est incinéré. Ses cendres sont dispersées dans la baie du Mont Saint-Michel et dans la baie d’Hammamet, en Tunisie, où il possédait une villa. Sa mère placera une plaque à son nom, sur la porte de la chapelle du caveau familial, au Cimetière du Montparnasse.

De son vivant, Jean-Claude fut élu plusieurs années de suite « homme le plus élégant de France ». Sa garde-robe fut exposée en 2004, au Musée de la chemiserie et de l’élégance masculine, à Argenton-sur-Creuse, dans l’Indre.

 

un site à consulter avec passion : http://encinematheque.net/seconds/S48/index.asp

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L’ex-prostituée la Païva

Posté par francesca7 le 11 janvier 2014

  inaugure fastueusement son hôtel sur les Champs-Élysées

La petite juive moscovite, ex-prostituée, demi-mondaine et cousine de Bismarck par alliance, inaugure une demeure aussi chargée qu’elle est fardée. 

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Depuis plusieurs semaines, le Tout-Paris ne parle que de ça : le palais érigé sur les Champs-Élysées par « la Païva », cette aventurière qui s’est fait épouser par le richissime cousin de Bismarck. Le 31 mai 1867, elle pend la crémaillère. Il faut absolument en être. Écrivains, journalistes, aristocrates, hommes du monde et du demi-monde se bousculent devant la grille d’entrée. Jack Lang arrive dans la foulée des frères Goncourt. Tous s’extasient en découvrant le luxe tapageur de l’hôtel particulier de style Renaissance italienne conçu par l’architecte Pierre Magnin. Le mauvais goût de la décoration confine au génie. Valérie Damidot a trouvé son maître…

« Un Louvre du c… »

La Païva, 48 ans, accueille ses invités en haut d’un immense escalier en onyx jaune, unique au monde, gardé par une statue en marbre représentant Virgile. À l’intérieur, ce n’est que luxe et volupté, digne d’une ancienne cocotte. Chacun s’extasie sur la salle de bains de style mauresque, dont la pièce maîtresse est une baignoire taillée dans un bloc d’onyx jaune (encore !) de 900 kilos. Les robinets sont, forcément, en or incrusté de pierres précieuses. Une deuxième baignoire en argent est dotée d’un troisième robinet pour faire couler… lait ou champagne. Chaque pièce est surchargée en peintures, sculptures et fresques. Dans leur journal, les frères Goncourt dénoncent un « Louvre du c… » avec « ces peintures faites et encore à faire, destinées à figurer la fortune de la courtisane, commençant à Cléopâtre et finissant à la maîtresse de la maison aumônant des égyptiaques ». Ils dénoncent encore « la surcharge de son mauvais goût Renaissance ». 

C’est l’heure pour les invités de passer à table. La méchanceté des deux frères trace un joli portrait de leur hôtesse : « Je la regarde, je l’étudie. Une chair blanche, de beaux bras et de belles épaules se montrant par-derrière jusqu’aux reins, et le roux des aisselles apparaissant sous le relâchement des épaulettes ; de gros yeux ronds ; un nez en poire avec un méplat kalmouk au bout, un nez aux ailes lourdes ; la bouche sans inflexion, une ligne droite, couleur de fard, dans la figure toute blanche de poudre de riz. Là-dedans des rides, que la lumière, dans ce blanc, fait paraître noires, et, de chaque côté de la bouche, un creux en forme de fer à cheval, qui se rejoint sous le menton qu’il coupe d’un grand pli de vieillesse. Une figure qui, sous le dessous d’une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans et qui prend, par instants, je ne sais quoi de terrible d’une morte fardée. »

Rousse incendiaire

Cette femme qui assomme Paris sous un luxe indécent est née en 1819 à Moscou dans une misérable famille juive d’origine polonaise. Elle s’appelle alors Esther Lachmann. À 17 ans, ses parents lui font épouser Antoine Villoing, un petit tailleur français installé en Russie. Le temps de lui faire un enfant, elle l’abandonne pour suivre un amant jusqu’à Paris. Sur les conseils de sa copine de trottoir Zahia, elle prend le nom de Thérèse. Ambitieuse, elle se taille une excellente réputation de prostituée, à l’ombre de l’église de Notre-Dame-de-Lorette. Sa chance, c’est d’être remarquée par le célèbre pianiste Henri Herz, qui tombe raide dingue de cette rousse incendiaire. Il lui loue un appartement, l’habille, la couvre de bijoux. Il lui fait rencontrer Liszt, Wagner, Théophile Gautier, Émile de Girardin. Le gratin culturel de l’époque. L’hétaïre et le pianiste ont bientôt une petite fille dont ils se débarrassent rapidement chez les parents d’Herz.

Pour poursuivre son ascension mondaine, Thérèse abandonne son pianiste pour se rendre à Londres, où elle croque les nobles anglais avec l’appétit d’une Carla du temps de sa splendeur. À 30 ans, elle regagne Paris pour épouser, trois ans plus tard, Albino-Francesco, marquis Araújo de Païva, son mari de Moscou ayant eu la bonne idée de mourir entre-temps. Du marquis, elle garde le titre, mais pas l’homme. Elle enchaîne alors les amants fortunés qu’elle s’ingénie à mettre sur la paille avec leur consentement extasié. Elle remplit à merveille son rôle de demi-mondaine. Elle atteint son Graal en se faisant épouser par le comte Guido Henckel von Donnersmarck, cousin de Bismarck et propriétaire de nombreuses mines.

La voilà devenue suffisamment riche pour tenir la promesse qu’elle s’était faite quelques années auparavant. Celle de se bâtir « la plus belle maison de Paris » à l’endroit où un de ses amants de passage l’avait jetée de son fiacre. C’est chose faite pour 10 millions de francs-or. Une véritable fortune pour l’époque. L’hôtel existe toujours au 25, avenue des Champs-Élysées.

 

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Magellan et son esclave Henrique

Posté par francesca7 le 11 janvier 2014

Ils sont les premiers hommes à faire le tour du globe.

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Né en Malaisie et ramené au Portugal, Henrique boucle le tour du monde quand il y revient 10 ans plus tard avec son maître.

Le 28 mars 1521, après 19 mois de navigation marqués par la faim, la soif, les maladies, les tempêtes, les combats, les mutineries et les désertions, la flotte de Magellan arrive en vue d’une île inconnue. Deux pirogues s’approchent, le navigateur portugais appelle son esclave malais Henrique acheté à Malacca en 1511 pour servir d’interprète. Dans son journal de bord, le marin italien Antonio Pigafetta note : « Nous avons vu s’approcher deux longs bateaux qu’ils appellent ballanghai, remplis d’hommes, et dans la largeur, il y avait leur roi assis sous un auvent fait de tapis. Et quand ils sont venus à côté du navire du capitaine, ledit esclave (Henrique) s’est adressé au roi, qui l’a parfaitement compris. » Ce roi qui parle malais dit s’appeler Humabon et régner sur l’île de Cebu. Magellan l’interpelle : « Avez-vous un compte bancaire ouvert au nom de Cahuzac sur votre île ? » 

À ce moment, Henrique a-t-il réellement bouclé le tour du globe ? Selon Magellan, son esclave est originaire de Malacca (Antonio Pigafetta le fait plutôt naître à Sumatra), il le ramène au Portugal en naviguant vers l’ouest. Puis après un séjour ibérique de sept ans, Magellan le rembarque pour son tour du monde en mettant toujours le cap à l’ouest. Quand donc Henrique s’adresse au roi Humabon dans sa langue, on peut conclure, comme certains historiens, qu’il a effectué le tour de la planète. Sauf que la langue malaise est parlée sur une très vaste zone englobant la Malaisie et les Philippines, entre autres. L’île de Cebu est à plusieurs milliers de kilomètres de la patrie natale d’Henrique… 

Tour du monde

Description de cette image, également commentée ci-aprèsChargé par le roi d’Espagne d’atteindre le Nouveau Monde et les Moluques par la route occidentale, Magellan quitte le port de Sanlúcar de Barrameda le 20 septembre 1519. Il commande une escadre de 5 navires avec 237 hommes à bord. Convaincu de la rotondité de la Terre, il veut rallier les îles aux Épices en mettant le cap à l’ouest. Après plusieurs mois de navigation émaillés de drames, la flotte contourne l’Amérique du Sud, puis se lance à l’assaut du gigantesque Pacifique. À ce moment, le navigateur n’a plus que trois navires sous ses ordres. L’un s’est échoué et un autre a fait demi-tour, harcelé par le chanteur Antoine voulant lui vendre des lunettes Atol… Durant trois mois et demi de navigation dans le Pacifique, pas une terre en vue ! À croire que Magellan fait exprès de rater toutes celles qui parsèment le grand océan. Le désespoir et le scorbut commencent à s’abattre sur les équipages. 

« Nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant de l’ordure d’urine que les rats avaient faite dessus après avoir mangé le bon, et buvions une eau jaune infecte », écrit Pigafetta. Le 6 mars, enfin, une vigie signale une terre. C’est l’île de Guam aux Mariannes, où le navigateur se ravitaille rapidement. Dix jours de mer plus tard, les Espagnols pénètrent enfin dans les eaux des Philippines. La première île qu’ils aperçoivent est celle de Samar. Plusieurs pirogues viennent à leur rencontre. Depuis le pont, Henrique interpelle les indigènes en malais. Pas de réponse. Ils ne comprennent pas. La flotte espagnole poursuit sa route jusqu’à la fameuse île de Cebu, atteinte le 28 mars, où Henrique parvient enfin à se faire comprendre.

Dix-huit survivants

Pour les pointilleux, l’esclave malais de Magellan n’a pas bouclé entièrement le tour de la planète en arrivant à Cebu. Reste à savoir s’il n’a pas poursuivi sa route jusqu’à chez lui après la mort de Magellan, survenue le 27 avril 1521 sur l’île de Mactan. En effet, après ce triste événement, les trois navires espagnols retournent à Cebu, où le roi Humabon leur fait un très mauvais accueil. Ils doivent rapidement lever l’ancre, abandonnant derrière eux Henrique qui a rallié l’ennemi. L’esclave malais est-il resté vivre sur l’île de Cebu ou bien l’a-t-il quittée pour rejoindre sa patrie ? Nul ne le sait.

Les trois navires, placés sous le commandement de Juan Sebastián Elcano, poursuivent l’expédition. Ils finissent par embarquer les épices tant convoitées, affrontent encore de nombreuses épreuves. Finalement, après 17 mois d’errance, le Victoria, seul navire rescapé, jette l’ancre en Andalousie. À coup sûr, les 18 marins survivants, sur les 237 au départ, ont accompli un tour du monde. Ils ont mis 1 078 jours. Vingt fois plus que les 45 jours réalisés par le Maxi Banque populaire V de Loïck Peyron. Minables…

 

 

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Louis XVII, l’évadé du Temple

Posté par francesca7 le 11 janvier 2014

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Est-il bien mort en 1795, où est-il inhumé ? Malgré l’analyse ADN, on n’en a pas fini avec la disparition du petit roi.

On pensait en avoir fini avec le mystère de l’évadé du Temple et du petit roi caché, définitivement résolu, en 2000, par les travaux de Philippe Delorme. Après avoir contacté la noblesse française, l’historien avait cette année-là publié une enquête historique et scientifique, basée sur une étude d’ADN du coeur de l’enfant mort au Temple et autopsié par le docteur Pelletan. Un médecin qui avait soustrait le petit coeur sur la dépouille qui lui avait été présentée comme celle de Louis-Charles, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, puis qui l’avait roulé dans du son, avant de le placer dans son mouchoir. En comparant l’ADN de l’organe desséché à celui des descendants de la reine, les analyses génétiques, réalisées par les laboratoires de Louvain et de Muenster, établirent que ce coeur était celui d’un enfant apparenté à Marie-Antoinette, en lignée féminine. Dès lors, on pensa la troublante énigme enfin résolue. Et on en déduisit que le coeur conservé à Saint-Denis était bien celui de Louis XVII. C’était sans compter sur la hargne des tenants de l’exfiltration et de la survie de Louis XVII, qui, un temps anéantis par les révélations de Delorme, allèrent faire renaître l’énigme de ses cendres, à grand renfort d’arguments.

Un palpitant au parcours rocambolesque

Qu’est-ce qui prouve, en effet, que le coeur étudié est bien celui de Louis XVII ? Bien qu’il soit identique pour tous les individus d’une même lignée maternelle, un code génétique mitochondrial n’est pas unique. Dans des cas exceptionnels, des personnes peuvent avoir le même profil ADN mitochondrial (transmis par la mère) sans avoir le moindre degré de parenté. Ce coeur peut donc être aussi bien celui de Louis XVII que celui d’un Habsbourg ou d’un parfait inconnu. Surtout, le parcours rocambolesque de ce petit palpitant, un temps conservé dans un bocal d’alcool, a connu de bien curieuses vicissitudes, changeant plusieurs fois de main avant d’être placé, en 1975, dans la crypte royale de la basilique de Saint-Denis, où sont enterrés ses parents et une grande partie des rois de France. Comment attester sérieusement que ce précieux viscère, qui a été volé, perdu, retrouvé sur du sable, est celui de l’enfant du Temple ? Louis-Charles a eu un frère aîné, Louis-Joseph, décédé en juin 1789, à huit ans, d’une tuberculose et dont le coeur a, lui aussi, été conservé. De là à imaginer une inversion, il n’y a qu’un pas. Et c’est dans cette brèche que se sont engouffrés les « survivantistes », pour qui la mort au Temple est une trop mauvaise fin pour une histoire aussi passionnante.

Le coeur du premier dauphin, profané en 1793

Louis XVII, l'évadé du Temple dans AUX SIECLES DERNIERSPour Laure de la Chapelle, présidente du Cercle d’études historiques pour la question Louis XVII (CEHQ) et juriste de formation, le coeur analysé en 2000 ne peut être que celui de Louis-Joseph. Philippe Delorme réfute cette thèse, après l’avoir un temps envisagée. À chaque étape de son périple, depuis la tour du Temple jusqu’à la crypte de Saint-Denis, la relique a fait l’objet de procès-verbaux officiels, de certificats d’authenticité, de déclarations sur l’honneur et d’actes notariés. Pour que l’échange ait été possible, il aurait fallu que le coeur du frère aîné de Louis XVII ait été disponible. Or, celui-ci a été profané par les révolutionnaires en 1793 avec les autres coeurs royaux du Val-de-Grâce. Il réapparaît en 1817, entre les mains du maire du 12e arrondissement (l’actuel 5e), qui le remet à son légitime destinataire, Louis XVIII. Le roi entend réunir les deux coeurs, en vue de les transporter à Saint-Denis. Celui de Louis-Charles échoue à l’archevêché de Paris, avant d’être remis aux Bourbons espagnols. Celui de Louis-Joseph disparaît sans laisser d’adresse. Aucun document historique ne prouve que les deux coeurs se sont retrouvés côte à côte, et qu’il peut donc y avoir eu substitution. Quel intérêt Pelletan ou ses héritiers auraient-ils eu à agir ainsi ? Le coeur qui a été analysé dans les deux laboratoires n’a pas été embaumé, contrairement aux usages royaux. Pelletan s’est contenté de le placer dans un bocal rempli d’eau et d’alcool, comme une vulgaire curiosité anatomique. Or, celui de Louis-Joseph, comme tous les coeurs princiers conservés au Val-de-Grâce, a probablement été embaumé comme le voulait la tradition.

Une kyrielle de faux dauphins

Dès 1795, année de la mort de Louis XVII, des rumeurs font courir le bruit que le dauphin, remplacé dans sa geôle, aurait été libéré du Temple. Ce mythe de la survie du jeune prisonnier se développe tout au long de la première moitié du XIXe siècle. Il est favorisé par la restauration de la monarchie en France, par le goût romantique pour les histoires de conspiration ainsi que par les conditions d’isolement total imposées au dauphin. De quoi semer le doute sur l’identité du petit prisonnier, atteint de la scrofule par manque d’hygiène, vivant accroupi, à demi muet, la tête rasée et pratiquement méconnaissable. De nombreux faux dauphins, suffisamment crédibles pour réunir autour d’eux une cour d’adeptes, vont hanter la France, dont les plus célèbres sont certainement Naundorff, Richemont, Hervagault et un métis du nom d’Eleazar Williams ayant vécu en Amérique. Aujourd’hui encore, la lignée des Naundorff, descendants de Wilhelm Naundorff – le moins folklorique de tous -, continue de revendiquer l’héritage de la couronne de France, bien que déboutée par des tests ADN qu’elle avait demandés sur les restes de son aïeul.

Et si c’était le fils de Madame Poitrine ?

Derrière tous ces prétendants, on trouve une ribambelle de pistes, sans l’approche d’une preuve, qui évoquent des points de chute potentiels pour le petit roi évadé. Il y a la piste « auvergnate », avec le Velay, où plusieurs familles sont persuadées d’être les rejetons du dauphin. Une autre, tout aussi fantaisiste, évoque une survie de Louis XVII dans une ferme de Saulx-les-Chartreux, dans l’Essonne, et même à Saint-Domingue. 

De toutes ces pistes, une histoire méconnue du public a intrigué Didier Audinot, spécialiste des énigmes : celle de deux lettres signées Louis-Charles, datées du 27 mars 1867 et dont l’auteur, âgé de 87 ans, prétendait être le véritable Louis XVII. L’une avait été envoyée au directeur du journal Le Figaro, la seconde au Grand Journal, une gazette qui avait publié une étude sur les usurpateurs. La première, acquise en 1972 par un collectionneur, faisait suite à un article sur le décès du comte de Ligny-Luxembourg, l’un des prétendus dauphins recensés. L’auteur avance que le comte de Ligny-Luxembourg n’est autre que le frère de lait du premier dauphin, décédé en 1789. Louis avait, en effet, une nourrice, Madame Poitrine, qui alimentait d’autres enfants en sevrage. Si on s’en tient à cette hypothèse, l’un de ses fils aurait été éduqué à la manière de Louis XVII pour, à un moment donné, prendre sa place, pendant ou après l’enfermement dans le Temple. Par la suite, cette doublure aurait abusé des connaissances acquises et serait devenue l’un des faux prétendants, en l’occurrence le comte de Ligny-Luxembourg. L’auteur mystérieux de ces deux missives se présentait comme un pauvre vieillard, oublié du monde. Il est clair qu’il ne supportait pas la concurrence, imposée par une bonne quarantaine de faux dauphins !

Les enveloppes qui auraient permis d’en identifier la provenance ont été perdues. Quant à l’envoi imminent de ses Mémoires, accompagnés prétendument de pièces authentiques, on l’attend toujours. Seule la lettre autographe, celle du Figaro, fut soumise à une expertise graphologique. On la compara aux devoirs effectués par le dauphin au début de sa détention. Et curieusement, les deux écritures semblaient se confondre, tant par l’orthographe que par la forme des lettres et la manière dont elles ont été rédigées. Le vrai Louis XVII a-t-il fini sa vie obscure, sous les cocotiers, à la veille… de la désastreuse guerre de 1870 ? Après plus de deux cents ans, la disparition de Louis XVII fait toujours fantasmer. Chaque année, un livre est publié sur le sujet et un prétendant au trône de France se manifeste. Souvent des personnes de naissance inconnue ou nées sous X.

L’enfant du cimetière Sainte-Marguerite

 dans AUX SIECLES DERNIERSLe 10 juin 1795, à 21 heures, un cortège d’une trentaine d’âmes quitte la prison du Temple en direction du cimetière Sainte-Marguerite, affecté aux inhumations des guillotinés. Dans le cercueil de bois blanc se trouve l’enfant mort deux jours plus tôt. D’après le témoignage du fossoyeur, Pierre Bertrancourt, surnommé Valentin, qui a procédé à l’enterrement, le corps du gamin a été jeté dans une fosse commune, avant d’en être exhumé, pour être réinhumé dans un cercueil de plomb, contre le mur de fondation de l’église. 

En 1846 et 1894, des exhumations eurent bien lieu, mais les ossements retrouvés dans la bière étaient ceux d’un enfant de 15 à 18 ans, alors que le dauphin n’avait que 10 ans lorsqu’il est mort. En 1979, une troisième exhumation a eu lieu sans apporter d’élément nouveau quant à l’identité de ce corps. Mais les hypothèses continuent de fleurir : le corps du dauphin aurait été subtilisé et remplacé par celui d’un autre. Et puis, a-t-on cherché au bon endroit ? Au moins quatre témoins se contredisent sur le lieu d’inhumation. Dans ce cas, le corps du dauphin repose toujours quelque part dans l’enceinte du cimetière.

En 2004, pour les besoins d’une étude de la population parisienne sous l’Ancien Régime, la terre du cimetière est retournée, le caveau de l’enfant du Temple ouvert. Étrangement, aucun examen ADN n’a été pratiqué sur les ossements prélevés : enfermés dans des sacs-poubelles, ils ont été mis dans les sous-sols de l’église. Si l’énigme n’a toujours pas été élucidée, l’enquête se poursuit. En juin dernier, le CEHQ Louis XVII a acquis quatre mèches de cheveux provenant de l’exhumation de l’enfant du Temple en 1894. Si l’on retrouve la même signature ADN que celle inscrite dans les gènes de la reine, on aura la preuve que l’enfant du Temple est bien Louis XVII. Affaire à suivre.

À lire L’énigme Louis XVII par Jean-Baptiste Rendu, Larousse, 2011.

Louis XVII, la vérité par Philippe Delorme, Pygmalion, 2000.

Louis XVII, son enfance, sa prison et sa mort par R. Chantelauze, d’après les documents des Archives nationales, 1884. À télécharger sur : www.archive.org/stream/louisxviisonenf00louigoog#page/n6/mode/2up

Essai de bibliographie sur Louis XVII par Lionel Parois, Au passé simple,1992.

Histoires incroyables de l’histoire de France par Didier Audinot, 2008.

 

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origine de la langue française

Posté par francesca7 le 11 janvier 2014

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Le problème de l’origine de notre langue a reçu depuis le XVIe siècle les solutions les plus diverses ; on a tour à tour rattaché le français au grec, au celtique, au germanique, à l’hébreu, à d’autres langues encore. Il semble en réalité que le français dérive du latin importé en Gaule après la conquête de César, et qu’il commence de s’en affranchir après que la chute de l’empire romain et les invasions barbares aient isolé notre territoire des autres contrées européennes.

Quelles sont les caractéristiques de ce latin et la façon dont il avait donné naissance au français ? On reconnut dès l’abord que la langue importée en Gaule par les colons, les marchands ou les fonctionnaires ne pouvait pas être identique au latin des auteurs classiques ; les Latins ne devaient pas plus parler la langue de Cicéron ou de Sénèque que nous ne parlons le français de Voltaire ou de Chateaubriand. On distingua donc du latin littéraire, en partie fixé par la tradition, un latin vulgaire, langue parlée, beaucoup plus libre dans son développement, sans être d’ailleurs, comme on l’a dit trop souvent, la langue du bas peuple, l’argot des soldats ou le patois des colons italiens.

Les origines
On s’est essayé à faire revivre ce lutin vulgaire. Les inscriptions, les textes de lois, les ouvrages techniques, peu sérieux en général de la pureté de la langue, les auteurs comiques et les conteurs, qui ont tenté de reproduire la langue parlée autour d’eux, les grammairiens enfin qui relèvent pour les corriger les habitudes de langage de leurs contemporains out fourni de précieuses indications ; mais ces documente trop peu nombreux ne suffiraient pas à nous permettre une reconstitution même très incomplète du latin vulgaire, ni la comparaison des langues romanes et les conclusions que l’on en peul tirer sur l’état de la langue qui leur a donné naissance ne venait pas suppléer à la pauvreté des autres témoignages.

Importé en Gaule, ce latin se transforma par d’insensibles modifications jusqu’à devenir la langue que nous parlons. Il n’y eut pas de déformation brusque et immédiate dans la bouche des Gaulois, le français ne naquit pas tout d’un coup du latin et la conception ancienne d’une langue mère et d’une langue fille a cédé la place à la notion plus exacte d’un même langage se perpétuant de siècle en siècle, tout en se modifiant sans cesse, et dont nous ne pouvons que par une abstraction distinguer et nommer de noms différents les périodes successives. Il est fort douteux même que l’idiome celtique des Gaulois ait eu sur l’évolution du latin en Gaule une influence décisive.

Dans le français les « celtisants » contemporains ne trouvent plus à revendiquer pour le celtique, avec un assez grand nombre de noms de lieux, que quelques suffixes, une ou deux constructions syntaxiques et peut-être autant de tendances phonétiques. Cela ne suffisait pas à distinguer bien vite le latin parlé en Gaule du latin parlé en Italie ou en Espagne, et d’ailleurs les communications entre les provinces semblent avoir été longtemps actives pour maintenir dans toutes les parties de l’empire romain une sorte de langue commune, identique, au moins pour les traits les plus importants.

Au Ve si-cle, après les invasions barbares et la ruine de l’empire d’Occident, les communications sont interrompues, les provinces s’isolent ; c’est alors que les langues romanes commencent à se développer indépendamment les unes des autres, et c’est là qu’il faut placer la limite, arbitraire, mais nécessaire, entre le latin et le français. Les débuts de notre langue, du Ve au IXesiècle, sont des plus obscurs. Les changements importants survenus pendant cette période paraissent avoir été assez rapides ; non qu’il y ait eu, comme on l’a dit, un bouleversement de la langue à cette époque : le langage étant fait pour être compris d’un grand nombre d’individus et de générations différentes, on conçoit qu’il soit soumis à des changements successifs, non qu’il s’y produise des bouleversements ; mais l’isolement des provinces, l’ignorance, le manque de tradition, l’apport par les envahisseurs de mots et de tours germaniques, ont pu hâter l’évolution du latin. Malheureusement, les documents linguistiques sont rares pour cette période, où les clercs, seuls écrivains, cherchent à imiter le latin classique et évitent de leur mieux d’écrire en ce latin très modifié, qui se parle autour d’eux, qu’ils parlent eux-mêmes et qu’ils appellent « la langue rustique. » II est vrai que leur latin factice est étrangement barbare et n’arrive pas toujours à nous masquer la langue vulgaire.

Le Moyen Age
Au IXe siècle apparaissent les premiers textes français et avec eux nos connaissances se précisent. Nous voyons le français, c’est-à-dire le dialecte de l’Ile-de-France prendre peu à peu le pas sur les autres dialectes du nord de la Gaule, leur disputer le terrain, les pénétrer eux-mêmes profondément jusqu’au moment où, en enrichi et assoupli par l’usage, il devient au XIIe et au XIIIesiècle cette belle langue du Moyen Age, jadis traitée de jargon, encore trop souvent considérée comme une langue incomplète et informe, et que la science contemporaine a réhabilitée.

Mais, dès le XIVe siècle, la ruine de la langue du Moyen Age est commencée et au XVIesiècle elle sera complète. Cette transformation accomplie au XIVe et au XVesiècle, est apparue à quelques-uns comme une véritable révolution. Ici encore des changements vastes et profonds ont pu s’effectuer avec rapidité, mais ils étaient préparés dès longtemps et ne s’imposèrent que peu à peu. C’est ainsi qu’un des traits distinctifs de la langue du Moyen Age, la déclinaison à deux cas (sujet : li murs, complément : le mur) disparaît d’abord sur des points isolés et dès le XIIIe siècle pour ne s’effacer complètement qu’à la lin du XIVe.

C’est ainsi encore que l’introduction en français de mots pris au latin des livres, très considérable à celle époque, avait commencé bien avant le XIVe siècle, et remonte dans ses origines aux premiers temps de la langue. Bien avant la Renaissance classique s’était constituée une langue littéraire, dont le développement ne reflétera plus exactement le développement spontané de la langue parlée, avec une syntaxe et un vocabulaire spéciaux et très latinisés, avec une orthographe traditionnelle et à prétentions scientifiques que les siècles suivants nous ont transmise à peine amendée

La Période moderne
L’histoire de la langue depuis le XVIe siècle est restée le domaine des historiens de la littérature. Elle se limite donc à la langue littéraire, et non pas même au développement de cette langue, mais aux caractères particuliers qu’elle revêt chez un autour ou dans un groupe d’écrivains. Enfin, elle dépasse rarement ce qu’il y a de moins profond dans une langue, mais qui est aussi le plus immédiatement utile à l’intelligence d’une œuvre : le vocabulaire ; ce que nous connaissons le mieux de la langue française depuis le XVIe siècle, c’est le lexique, ou plutôt l’usage lexical de quelques auteurs.

Ces travaux lexicographiques sont surtout intéressants pour le XVIe siècle, époque où le vocabulaire français a été fortement modifié : l’étude des littératures anciennes, la nécessité d’exprimer les idées que l’on puisait aux sources classiques, accrut le nombre des mots savants empruntés au latin, pendant que l’extension des relations commerciales, artistiques et politiques avec l’Espagne et l’Italie faisait adopter une foule de mots étrangers ; les violentes protestations de Henri Estienne contre le « français italianisé » n’arrêtèrent pas plus ce mouvement que la satire par Rabelais de la « verbacination labiale de l’escholier limosin » ne diminua les emprunts au latin des livres.

Cette langue très riche, mais un peu trouble, qu’avait élaborée le XVIe siècle, subit ou siècle suivant deux tentatives de réforme et de réglementation. Le lexique s’épure, les règles grammaticales s’établissent, la bonne prononciation s’impose, et surtout, par élimination et régularisation, se constitue la langue classique, pure, noble, simple et un peu sèche, où l’on reconnaît d’ordinaire la plus belle forme de la langue française. Mais ce n’est là qu’une régularisation savante d’une langue déjà artificielle, et nous voilà bien loin du développement libre de la langue parlée. Depuis le XVIe siècle la langue littéraire et la langue parlée ne furent pas sans s’influencer l’une l’autre. Souvent même on distingue peine, dans l’évolution de la langue, ce qui est spontané et ce qui est dû à l’influence des grammairiens. Cette influence réciproque ne fait que grandir au XVIIIe siècle.

Le développement de la culture littéraire, la lecture et l’imitation des œuvres du XVIIe siècle devenues classiques, le progrès du français dans l’enseignement tendent à rapprocher la langue parlée de la langue littéraire. En même temps, la langue écrite devait, pour répondre aux besoins sociaux et aux préoccupations nouvelles, subir, au moins pour le vocabulaire, de profonds changements. La pureté un peu factice du XVIIe siècle disparut comme s’était détruite l’harmonie naturelle du Moyen Age. La langue cesse d’être un moyen d’expression artistique, elle devient pour les savants et les philosophes un moyen d’action ; les termes techniques et les mots étrangers la pénètrent ; la phrase se fait plus vive, moins oratoire, la langue écrite se rapproche de la langue parlée et entre les deux la presse périodique va entretenir de perpétuelles relations.

Le XIXe siècle achève ce travail de fusion. La réaction romantique brise les cadres étroits du lexique classique et « met un bonnet rouge au vieux dictionnaire ». Dans la deuxième moitié du siècle, c’est la syntaxe classique qui se désorganise, taudis que la presse, de plus en plus répandue et d’influence plus considérable, tend sans cesse à vulgariser la langue littéraire et à retenir dans son évolution la langue parlée.

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Contes et Légendes en sorcellerie

Posté par francesca7 le 10 janvier 2014

Sorcellerie en Basse-Semois

: Tchalette et compagnie

Légendes de Gaumes et Semois – Frédéric KIESEL

250px-The_Lancashire_Witches_10Avec ses villages pauvres, à l’écart des modestes voies de communications de l’époque, nichés dans les méandres rocheux de la rivière, égrenés le long de la frontière, la Basse-Semois a gardé longtemps des traditions et croyances venues d’un lointain passé. Cette région n’est pas la seule dans une situation comparable. Mais, pour les curieux de vieille psychologie rurale, elle eut le privilège d’être prospectée, à la période précédant la guerre de 1914-1918 par le docteur Th. Delogne (cité plusieurs fois dans les chapitres précédents). Enfant du pays, né à Oisy, gradué es lettres en plus de son diplôme de médecine, il correspondait avec des sociétés d’archéologie. Ayant exercé longtemps à Allé, ce médecin de campagne, familier des villages, en confiance avec une population dont il était issu, alliait la rigueur scientifique à une solide culture littéraire polyglotte, germanique notamment. Il pouvait ainsi recouper avec la Bible, le folklore flamand ou les recherches allemandes, de Grimm et autres, les témoignages de paysans âgés, informateurs particulièrement précieux, se souvenant d’événements ruraux autour de 1850.

Il ne faut donc pas, à la lecture, souvent terrifiante, de L’Ardenne méridionale belge, une page de son histoire et son folklore, suivis du Procès des sorcières de Sugny , prendre le secteur ardennais de la Semois pour une région tellement plus maléfique et infernale que d’autres. Fertile en croyances magiques, elle fut observée à cet égard avec une minutie et une intelligence qui ont fixé plus complètement qu’ailleurs la mémoire populaire.

La moisson du docteur Delogne – qui a aussi étudié la vie sociale et agricole ancienne – est particulièrement somptueuse en fait de sorcellerie. Dans les campagnes, cette croyance fut longtemps tenace. L’écrivain Marie Gevers m’a dit que, vers 1930, elle passait exprès des heures à cirer inutilement le plancher, à genoux, avec une jeune servante campinoise illettrée, pour mettre celle-ci en confiance et obtenir d’elle, mine de rien, des renseignements sur les sorciers et sorcières de Campine. Leur hiérarchie, me dit-elle, régnait jusqu’au cœur de la ville d’Anvers, ou siégeait le chef, l’évêque en quelque sorte, des sorciers de la province.

Il officiait encore dans les années 1950. À pareille époque, et durant tout l’entre-deux-guerres, le diocèse de Tournai, avec les zones minières et industrielles du Hainaut, était réputé comme donnant beaucoup de travail au prêtre exorciste de l’évêché. On parlait d’hommes giflés, blessés, seuls en rue, par un compère frappant ou piquant au couteau un pilier, dans la mine.

À Arlon autour de 1930, les bons petits écoliers de mon âge, au temps de la radio (TSF), des automobiles et du cinéma «parlant et sonore», étaient loin de jurer que, dans ses guenilles, avec son cerveau dérangé et ses cris agressifs, la «folle Louise» n’était pas une sorcière. Ne nous étonnons donc pas si, en 1850, à Rochehaut, Sugny ou Mogimont…

À Mogimont, justement, les récits abondaient sur deux sorcières redoutées, la Tchalette (femme de Charles) et sa fille, la Cisse (femme d’Alexis). Une de ses sœurs faisait aussi partie de la confrérie. Les pouvoirs de sorcellerie étaient souvent familiaux et héréditaires.

C’est pourtant la Tchalette qui est restée dans les locutions populaires. À un enfant rebelle ou grognon il suffisait de crier: «Tais-toi, Tchalette de Mogimont!», devant l’injure ou la menace. «Si tu continues, elle va venir»; le petit chenapan se tenait tranquille. Cette diablesse était d’ailleurs dangereuse pour les enfants. À ceux de Clément, de Mogimont, elle envoya des fourmis en masse dans leur lit. Les insectes ne piquaient pas, mais ils faisaient peur et empêchaient de dormir. Sans compter qu’ils dévoraient les tartes de la «fiett» (fête) et jusqu’au miel, pourtant suspendu à la maîtresse poutre.

Parfois un enfant dépérissait, rien que pour avoir eu son vêtement touché par la Tchalette. Certains en seraient morts, comme le gamin de Did., de Mogimont, dont elle avait palpé les bas. Il était pourtant possible de se défendre. Rencontrant la gentille fillette du Félix, de Rochehaut, la Tchalette – dont les éloges étaient dangereux - avait dit, mettant la main sur l’épaule de l’enfant:

Oh! comme elle est belle.

Cela suffit pour que la petite tombât malade. Elle serait sans doute morte si ses parents n’avaient eu recours aux exorcismes du curé de Louette-Saint-Pierre, prêtre connu comme expert en la matière.

Plus expéditif, L. de Hour, en pareille circonstance, sauva la vie de son enfant en allant menacer la Tchalette chez elle, en brandissant sa fourche.
Si tu ne lèves pas le sort, je t’embroche! Elle comprit qu’il en était capable, et lui dit: - Ne te fâche pas. Ton enfant est guéri. C’était vrai.

Les attouchements de la sorcière n’étaient pas seulement périlleux pour les enfants. Personne d’ailleurs n’osait mettre des vêtements qu’elle avait touchés. Pour les animaux aussi elle était une menace. Le père d’Alexis A. de Rochehaut revenait un samedi de Mogimont avec un agneau qu’il y avait acheté. Il rencontre la Tchalette qui lui dit: - Laisse voir s’il a des dents.

Le lendemain, revenant de la grand-messe, il trouve la bête périe sur la paille de l’étable où il l’avait mise. À l’instant, il comprend de qui venait le maléfice.

Une supercherie de la Tchalette est restée longtemps fameuse. Le meunier de Sugny avait eu la naïveté de lui acheter son cheval. Or chaque fois qu’elle en avait besoin pour les travaux de sa petite ferme, elle faisait revenir l’animal, qui ne rentrait à Sugny que fourbu, plus une quarantaine de kilomètres de trajet par Allé et Rochehaut. On l’y reconnaissait à sa robe blanche. Quand les villageois le voyaient passer, ils riaient, disant: «Tiens, voilà encore le cheval de la Tchalette!»

Il traversa ainsi, le lundi de la fête, Rochehaut plein de monde. Le meunier était devenu la fable de toute la région, même en dehors du trajet, comme à Oisy. Il finit par en avoir assez. Pre¬nant sa hache, il alla, très fâché, à Mogimont.
Si mon cheval revient encore chez toi, je viendrai aussi, avec ceci.

Et il fit luire le tranchant dans le soleil. La Tchalette comprit que ce n’était pas une menace «en l’air» et fit cesser le sortilège. Du jour au lendemain, on n’a plus vu galoper le cheval blanc sur la route de Mogimont.

Il était d’ailleurs utile de se défendre avec brutalité contre les sorts lancés par la Tchalette. Un de ses concitoyens gardait, une nuit, des bestiaux dans un pré quand sept chats vinrent danser une ronde autour de lui. Furieux, il lança des coups de fouets à ces méchantes bêtes aux yeux phosphorescents, mais elles évitaient la lanière avec une incroyable vivacité. Finalement, de colère, il prit son sabot et le lança à la tête de la plus enragée, semblant mener la sarabande. Les chats se dispersèrent comme une volée de moineaux. Le lendemain, la Tchalette avait la tête pansée, serrée dans un linge.

Elle aimait d’ailleurs les chats. Pour eux, elle était capable de faire le bien. Son vieux matou, étant devenu aveugle, elle lui passa plusieurs fois la main sur le dos en disant: «Mon pauvre Minou!»
Il a recouvré la vue.

Quant aux exorcismes, lorsqu’ils sont prononcés par un prêtre sage, bien au courant des mystères, et irréprochable, ils sont efficaces, mais pas toujours sans risques.

Ainsi, à Mogimont, le grand-père de B. était menacé par la misère: ses bœufs dépérissaient l’un après l’autre. Il n’était pas possible de voir de quoi ils étaient malades. Mais un chat noir ne quittait presque jamais leur mangeoire, et le grand-père ne parvenait pas à s’en emparer.

Il fit venir le curé, qui s’enferma dans l’écurie avec B. (qui raconta l’histoire) et le chat soupçonné d’être sorcier. Le rite de l’exorcisme eut un plein succès: le chat quitta la mangeoire et disparut par une étroite lézarde de la muraille. À ce moment, une main invisible asséna au curé deux formidables gifles. C’était le prix de la victoire. L’écurie ne connut plus jamais de maléfice.

Comme beaucoup de sorcières, la Tchalette aimait jouer des tours aux chasseurs. Elle voit le grand-père W. partant «au lièvre» et lui dit, d’une petite voix douce et tranquille:

Tu n’en tueras probablement pas beaucoup aujourd’hui. «Comme de fait», il voit passer sept lièvres, sans parvenir à tirer une seule balle. Il a beau changer sa pierre, renouveler la poudre dans le bassinet, le coup ne part jamais. Le septième lièvre s’arrête et demande bien poliment, sans inquiétude:
Y a-t-il longtemps que les autres sont passés ?
Alors, il comprend que la Tchalette a jeté un sort sur son fusil pour se moquer de lui. Détail classique dans un cas pareil: rentré chez lui, le chasseur constate que son arme n’est pas du tout enrayée, et fonctionne parfaitement.

Aux dépens du même grand-père, la Tchalette s’est livrée à une plaisanterie des sorcières avec les charretiers: «marrer» (bloquer par enchantement) leurs véhicules. Il allait aux «Spèches» avec une charrette tirée par ses six bœufs. Il rencontre la Tchalette, mais la regarde sans desserrer les dents car il est brouillé avec elle. Après un quart d’heure, un des bœufs reste cloué sur place. Les autres doivent le traîner comme s’il était en bois. Après une heure de coups de pieds, de coups de fouet, de jurons de toutes sortes, W. doit se résoudre à dételer le bœuf «marré» par la sorcière.

Contes et Légendes en sorcellerie dans LEGENDES-SUPERSTITIONSLa Tchalette était aussi en dispute avec Jean W. de Rochehaut. Elle n’eut même pas besoin de le «marrer» pour se rire de lui. Pour faire plus facilement rouler les troncs sur son véhicule, il avait enlevé la roue avant, laissant ainsi l’essieu sur le sol. Pour ne pas perdre la «hujette» (la cheville de fer) de la roue, il l’avait posée, bien en vue sur une pierre. Lorsqu’il veut remonter la roue, il ne trouve plus la «hujette» où il l’avait mise, cherche, s’énerve et sent que quelqu’un le regarde. C’est, à bonne distance, sur la côte d’en face, la Tchalette, avec un vilain sourire.
Je parie que c’est encore toi, sale garce, qui a fait le coup, lui crie-t-il.
Regarde sous la roue gauche arrière, répond-elle. La «hujette» y est. La cheville s’y trouvait, bien loin de la pierre. Jamais il ne l’aurait mise à un aussi mauvais endroit. Ce ne pouvait être qu’une passe, faite à distance, par la Tchalette.

Il n’était pas bon de plaisanter la Tchalette, si on menait un attelage. Pour la construction de la nouvelle école de Rochehaut, en 1840, le père D. charriait du gravier. Au bois de Menuchenet, il voit la Tchalette faisant une «rafouraye» (arrachant de l’herbe pour le fourrage de ses vaches).
Vous cueillez de la salade, ma tante ? dit-il pour se moquer d’elle. - Oui mon neveu, tu viendras en manger en repassant, lui répondit-elle.

Quand il revint par là avec son chargement de gravier, ses chevaux restèrent sur place comme si les clous de leurs fers s’étaient enfoncés dans le sol. Il eut beau leur lancer des coups de fouet, ils étaient bel et bien «marrés» par la Tchalette. Le père D. fut obligé de rentrer seul chez lui, laissant sa charrette sur place. Quand il vint la chercher le lendemain, tout était redevenu normal et les chevaux avançaient comme si de rien n’était. Depuis ce jour, le père D. s’est bien gardé d’encore plaisanter sa «tante», et de l’appeler.

Sur la Cisse, fille de la Tchalette, la chronique est moins fournie mais ne manque pas de saveur. Elle pratiquait volontiers, vieux tour des sorcières, la mendicité avec chantage larvé aux maléfices. On lui faisait l’aumône par peur. À Vivy, une fermière battait le beurre lorsque son mari refusa de donner quoi que ce soit à cette fainéante de Cisse.

Celle-ci, réaction toujours lourde de menaces, était partie en grommelant. Lorsque la fermière voulut laver le beurre, il était bleu. Pourtant la femme était soigneuse et l’écuelle bien propre. Plus elle le lavait, plus il devenait bleu. Une voisine, attirée par les cris de surprise de la fermière, conseilla de jeter le beurre au feu: -Si vous faites cela, la sorcière brûlera avec.

Comme la fermière, selon cet avis astucieux, prenait l’écuelle et se dirigeait vers l’âtre, le beurre devint, à l’instant, d’un beau jaune pâle immaculé.
La Tchalette de Mogimont n’était pas, loin de là, la seule sorcière à tourmenter les charretiers: la Marie M. d’Orchimont, y était aussi experte. Chacune avait son style. Ainsi la Marie d’Orchimont aimait jouer, pour lever son maléfice, la comédie de la voisine serviable. Ayant marré, en terrain plat l’attelage de bœufs de Rob., elle riait derrière une haie. Elle en sortit en disant:
Tu n’y connais rien, donne-moi ton fouet.

Elle tourna autour du véhicule pour faire durer le plaisir, chipotant à une pièce puis à une autre, sans rien y faire. Finalement, elle donna un coup de fouet aux bœufs. À l’instant, ils s’ébranlèrent.

Pour marrer un charroi, certaines sorcières passaient leur main sur le cheval, le bœuf ou la roue – comme elles caressaient un enfant, avec une fausse bienveillance, pour le rendre malade.

Parfois l’équipage était ainsi bloqué sans qu’on ne sache qui avait jeté le mauvais sort. Si le charretier était colérique, cela pouvait être dangereux. Ainsi, X., dont l’attelage avait été marré à Vresse au milieu du bal de la «fiett», essuyait les quolibets de tout le village. Devinant un mauvais sort, vert de rage, il donne un grand coup de couteau dans le collier d’un de ses chevaux. À l’instant, un danseur tombe, le cœur perforé, crachant des flots de sang. Il était mort.

Il ne fallait pas toujours en venir à de telles extrémités. L. de Laviot ayant été marré avec son chariot en plein champ, avait heureusement près de lui sa femme, qui était pieuse. Elle courut à la maison prendre son chapelet. Elle leva ainsi l’enchantement.

Les équipages n’étaient pas seuls objets de ce maléfice. Des hommes étaient parfois immobilisés, par magie, huit à dix jours dans leur lit. Il est même arrivé à un paysan de Chairière, revenant du marché de Sedan où il avait acheté des articles alors de contrebande: du savon et du sel, d’être marré en chemin, par un homme qu’il connaissait bien. Celui-ci le dépouilla de tout ce qu’il avait sur lui.

Mais dans plusieurs traditions populaires, en Allemagne comme chez nous, le « marrage » des animaux de trait est beaucoup plus fréquent.

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Légendes de la veillée de Noël

Posté par francesca7 le 10 janvier 2014

 
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animaux parlants, démons, récits édifiants

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Ce qui faisait jadis le plus grand charme de la veillée de Noël étaient les légendes qu’on y racontait, formant un des plus captivants chapitres de la littérature populaire. Terribles ou touchantes, dramatiques ou gracieuses, elles se font fables, historiettes ou contes, et nous affirment que des pierres se déplaçant la nuit de Noël révèlent de somptueux trésors, que les animaux conversent entre eux pendant la Messe de minuit, ou encore que nul n’est à l’abri d’une rencontre avec le Maufait arpentant la campagne

Les légendes de la veillée de Noël peuvent se diversifier d’après les êtres qui entrent en scène. Etres inanimésanimauxdémonsrécits édifiants ; tel est l’ordre que nous suivrons.

Etres inanimés 
En Franche-Comté, on raconte qu’une roche pyramidale, qui domine la crête d’une montagne, tourne trois fois sur elle-même pendent la Messe de minuit, quand le prêtre lit la généalogie du Sauveur. En cette même nuit, les sables des grèves, les rocs des collines, les profondeurs des vallées s’entr’ouvrent et tous les trésors enfouis dans les entrailles de la terre apparaissent à Représentation de la Nativité.la clarté des étoiles. Dans cette même contrée existe la légende de la pierre qui vire. C’est une pierre pointue dressée en équilibre sur un rocher, entre les villages de Scey-en-Varais et de Cler, et qui, dit-on, fait un tour complet sur elle-même au coup de minuit, à Noël.

Dans les Vosges, la pierre tournerose, bloc élevé qui existait près de Remiremont, se mettait elle même en mouvement quand les cloches de Remiremont, de Saint-Nabord et de Saint-Étienne (deux paroisses voisines de Remiremont) appelaient les fidèles à la Messe de minuit, rapporte Richard dans Traditions populaires.

C’est surtout au pays de Caux qu’existe la légende des pierres tournantes. Ces pierres faisaient autrefois trois tours sur elles-mêmes pendant la Messe de minuit, et les monstres qui étaient censés y habiter exécutaient autour d’elles des danses folles qu’il eût été dangereux de troubler. Citons la chaise de Gargantua à Duclair, la pierre Gante à Tancarville, la pierre du Diable à Criquetot-sur-Cuville. A Minières, dans le Cotentin (Manche), au carrefour des Mariettes, se trouve un bloc de pierre pesant mille kilos, qui, dit-on, saute trois fois, le jour de Noël, à minuit. On croit encore, au pays de Caux, que les cloches perdues sonnent pendant la Messe de minuit. Certains affirment avoir entendu l’ancienne cloche de l’église des moines d’Ouville-l’Abbaye, qui passe pour être enfouie dans le « Bosc-aux-Moines », à Boudeville.

Mais il faut surtout lire les légendes bretonnes. Nombreuses autant qu’énormes sont les pierres qui se déplacent pendant la Messe de minuit, pour aller boire, comme des moutons altérés, aux rivières et aux ruisseaux. Un mégalithe, près de Jagon (Côtes-d’Armor), se rend à la rivière de l’Arguenon. Dans le bois de Couardes, un bloc de granit, haut de trois mètres, descend pour aller boire au ruisseau voisin et remonte à sa place de lui-même. Il y a, au sommet du mont Beleux, un menhir qui se laisse enlever par un merle et qui met à découvert un trésor. Il faut entendre surtout, telle qu’elle nous est contée par Emile Souvestre dans Le Foyer breton, la jolie légende des pierres de Plouhinec qui vont boire à la rivière d’Intel.

La plus célèbre était jadis la grosse pierre de Saint-Mirel, dont Gargantua se servit pour aiguiser sa faux, et qu’il piqua, après la fauchaison, comme on la retrouve encore aujourd’hui. Elle cachait un trésor qui tenta un paysan des alentours. Ce paysan était si avare qu’il n’eût pas trouvé son pareil : le liard du pauvre, la pièce d’or du riche, il prenait tout ; il se serait payé, s’il eût fallu, avec la chair des débiteurs. Quand il sut qu’à la Noël les roches allaient se désaltérer dans les ruisseaux, en laissant à découvert des richesses enfouies par les anciens, il songea, pendant toute la journée, à s’en emparer.

Pour pouvoir prendre le trésor, il fallait cueillir, durant les douze coups de minuit, le rameau d’or qui brillait à cette heure seulement dans les bois de coudriers et qui égalait en puissance la baguette des plus grandes fées. Lors, ayant cueilli le rameau, il se précipita de toute sa force vers le plateau où le rocher de Gargantua profilait sa masse sombre, et, lorsque minuit eut sonné, il écarquilla les yeux. Lourdement le bloc de pierre se mettait en marche, s’élevant au-dessus de la terre, bondissant comme un homme ivre à travers la lande déserte, avec des secousses brusques qui faisaient sonner au loin le terrain de la vallée. Jusqu’à ce moment la branche magique éclairait l’endroit que la pierre venait de quitter. Un vaste trou s’ouvrait, tout rempli de pièces d’or.

Ce fut un éblouissement pour l’avare, qui sauta au milieu du trésor et se mit en devoir de remplir le sac qu’il avait apporté. Une fois le sac bien chargé, il entassa ses pièces d’or dans ses poches, dans ses vêtements, jusque dans sa chemise. Dans son ardeur, il oubliait la pierre qui allait venir reprendre sa place. Déjà les cloches ne sonnaient plus. Tout à coup le silence de la nuit fut troublé par les coups saccadés du roc qui gravissait la colline et qui semblait frapper la terre avec, plus de force, comme s’il était devenu plus lourd après avoir bu à la rivière. L’avare ramassait toujours ses pièces d’or. Il n’entendit pas le fracas que fit la pierre quand elle s’élança d’un bond vers son trou, droite comme si elle ne l’avait pas quitté. Le pauvre homme fut broyé sous cette masse énorme, et de son sang il arrosa le trésor de Saint-Mirel (Lectures pour tous, décembre 1903).

Animaux 
II existe, en France surtout, une croyance populaire dont les formes varient suivant les différentes contrées : c’est la conversation des animaux entre eux pendant la Messe de minuit et surtout pendant la lecture ou le chant de la Généalogie. C’est sans doute une réminiscence de la représentation de l’ancien « Mystère de la Nativité », pendant laquelle on faisait parler les animaux.

Cette croyance si répandue, avec de nombreuses variantes, peut se résumer ainsi : un paysan, probablement ivre, ayant omis d’offrir à son bétail le réveillon traditionnel, entend ce dialogue entre les deux grands bœufs de son étable :

Premier bœuf : « Que ferons-nous demain, compère » ?
Second bœuf : « Porterons notre maître en terre… »

Le maître, furieux, en entendant cette prédiction, saisit une fourche pour frapper le prophète de malheur ; mais, dans sa précipitation, il se blesse maladroitement lui-même à la tête… et le lendemain les bœufs le portent en terre. Tel est le thème développé différemment suivant les provinces.

Dans les Vosges, à la Bresse, canton de Saulxures-sur Moselotte, on a soin de donner abondamment à manger aux animaux avant d’aller à la Messe de minuit. A Cornimont, au Val-d’Ajol, on croit encore que les animaux se lèvent et conversent ensemble pendant la Messe de minuit. On raconte à ce sujet qu’un habitant de Cornimont, jouissant de la réputation d’esprit fort, voulut s’assurer de ce fait surnaturel. Il alla se coucher dans un coin obscur de l’écurie située derrière sa maison.

Légendes de la veillée de Noël  dans LEGENDES-SUPERSTITIONS 220px-Magi_cappA l’heure de minuit, il vit un de ses bœufs se réveiller, puis se lever pesamment et demander, en bâillant, à son compagnon de fatigue, ce qu’ils feraient tous deux le lendemain. Celui-ci lui répondit qu’ils conduiraient leur maître au cimetière. La chose ne manqua pas d’arriver, dit la tradition : notre esprit fort fut saisi d’une telle frayeur qu’il en tomba raide mort sur place. Ainsi, sans doute, le racontèrent les bœufs. On .assure aussi qu’une semblable aventure arriva à une femme de Raon-aux-Bois, canton de Remiremont. Poussée par la curiosité, elle alla visiter ses étables pendant la Messe de minuit. Elle apprit également de ses bœufs qu’ils ne tarderaient pas à la conduire en terre.

La nuit de Noël est célèbre par une vieille légende que les paysans landais racontent avec terreur, tendant les veillées d’hiver. Ils prétendent que le jour de Noël, vers minuit, l’âne et le boeuf se mettent à parler entre eux. Ils causent du temps où l’Enfant-Jésus n’avait pour se réchauffer que leur haleine. Ce don miraculeux de la parole est le cadeau envoyé tous les ans par le Ciel à ces deux animaux, en souvenir des bons offices rendus à l’Enfant Jésus dans l’étable de Bethléem. Mais malheur à celui qui -tente de surprendre leur mystérieuse conversation. Sa témérité est punie d’une manière terrible : il tombe mort à l’instant même, peut-on lire dans Le Petit Landais du 25 décembre 1902.

Un bon paysan de Gaillères l’éprouva à ses dépens, nous apprend Sorcières et loups-garous dans les Landes. Pour se convaincre de la vérité du fait, il vint écouter à l’étable, et voilà qu’à minuit juste, le boeuf dit à son voisin :

« Hoù Bouët ? – Hoù Bortin.
– Que haram-nous, douman matin ?
– Que pourteram Iou boué ou clot.
E hou boué que mouri sou cop ».

Voici comment Laisnel de La Salle, dans Croyances et légendes, a gracieusement brodé cette légende : la scène se passe en Berry. « On assure qu’au moment où le prêtre élève l’hostie pendant la Messe de minuit, toutes les aumailles (bêtes à cornes) de la paroisse s’agenouillent et prient devant la Crèche. On assure encore qu’après cette oraison toute mentale, s’il existe dans une étable deux bœufs qui sont frères, il leur arrive infailliblement de prendre la parole.

 « On raconte qu’un boiron (jeune garçon qui touche ou aiguillonne les bœufs pendant le labourage) qui, dans ce moment solennel, se trouvait couché près de ses bœufs, entendit le dialogue suivant : – Que ferons-nous demain ? demanda tout à coup le plus jeune du troupeau. – Nous porterons notre maître en terre, répondit d’une voix lugubre un vieux bœuf à la robe noire, et tu ne ferais pas mal, François, continua l’honnête animal en arrêtant ses grands yeux sur le boiron qui ne dormait pas, tu ne ferais pas mal d’aller l’en prévenir, afin qu’il s’occupe des affaires de son salut.

« Le boiron, moins surpris d’entendre parler ses bêtes qu’effrayé du sens de leurs paroles, quitte l’étable en toute hâte et se rend auprès du chef de la ferme pour lui faire part de la prédiction. Celui-ci se trouvait attablé avec trois ou quatre francs garnements de son voisinage et, sous prétexte de faire le réveillon, présidait à une monstrueuse orgie, tandis que la cosse de Nau(bûche de Noël) flamboyait dans l’âtre et que sa femme et ses enfants étaient encore à l’église.

« Le fermier fut frappé de l’air effaré de François à son arrivée dans la salle : – Eh bien ? Qu’y a-t-il ? lui demanda-t-il brusquement. – Il y a que les bœufs ont parlé, répondit le boiron consterné. – Et qu’ont-ils chanté ? reprit le maître. – Ils ont chanté qu’ils vous porteraient demain en terre ; c’est le vieux Noiraud qui l’a dit, et il m’a même envoyé vous en avertir, afin que vous ayez le temps de vous mettre en état de grâce. – Le vieux Noiraud en a menti, et je vais lui donner une correction, s’écria le fermier, le visage empourpré par le vin et la colère.

« Et, sautant sur une fourche de fer, il s’élance hors de la maison et se dirige vers les étables. Mais il est à peine arrivé au milieu de la cour qu’on le voit chanceler, étendre les bras et tomber à la renverse. Était-ce l’effet de l’ivresse, de la colère ou de la frayeur ? Nul ne le sait. Toujours est-il que ses amis, accourus pour le secourir, ne relevèrent qu’un cadavre et que la prédiction du vieux Noiraud se trouva accomplie. Depuis cette aventure, que l’on dit fort ancienne, les bœufs ont toujours continué à prendre, une fois l’an, la parole ; mais personne n’a plus cherché à surprendre le secret de leur conversation. »

A Romorantin, un témoin rapporte qu’étant enfant, on lui recommandait de se trouver à la Crèche, le jour de Noël, à minuit sonnant ; c’était, lui disait-on, l’heure où le bœuf et l’âne empruntaient la voix humaine pour saluer le Christ naissant. Dans le Cotentin, on était persuadé que toute la création adorait le petit Jésus, à Noël. A l’heure de minuit, dit-on, tous les animaux de ferme s’agenouillent, et tel curieux qui voudrait alors pénétrer dans l’étable, uniquement pour s’assurer du fait, serait immédiatement puni de sa témérité.

Démons et croyances superstitieuses 
Un ancien Noël nous donne une description frappante et naïve de la rage du démon, à la venue du Messie (Bible des Noëls) :

Le démon, assurément,
Dedans son coeur endève,
Car Dieu vient présentement
Pour sauver les fils d’Adam
Et d’Eve, d’Eve, d’Eve !

Il régnait absolument
Sans nous donner de trêve,
Mais ce saint avènement
Délivre les fils d’Adam
Et d’Eve, d’Eve, d’Eve !

Chantons Noël hautement,
Sortons de notre rêve,
Bénissons le sauvement
De tous les enfants d’Adam
Et d’Eve, d’Eve, d’Eve !

La nuit de Noël est la plus mystérieuse de toutes les nuits. Il semble que Satan, exaspéré par l’échec que ce divin anniversaire lui remet en mémoire, sente, à chaque retour de la grande fête, redoubler sa haine et sa rage contre l’humanité. C’est alors qu’il sème dans les sentiers et sur les carroirs (carrefours champêtres) que doivent parcourir les pieuses caravanes de la Messe de minuit, ces larges et splendides pistoles qui jettent dans l’ombre de si magiques et de si attrayants reflets. C’est alors qu’il ouvre, au pied des croix et des oratoires champêtres, ces antres béants au fond desquels on voit ruisseler des flots d’or. Malheur à celui qui tente de garnir son escarcelle de cette brillante monnaie. Chaque- pistole ramassée échappe aussitôt des mains, en laissant aux doigts une empreinte noire, ineffaçable, avec une sensation de brûlure atroce, pareille à celle du feu de l’enfer.

Le Maufait (le malfaisant, le diable) est partout, on le rencontre courant la campagne sous les formes les plus imprévues. Autrefois, au collège de Saint Amand, un vieux domestique contait ainsi l’aventure fantastique qui lui était arrivée le 25 décembre 1783 :

Meßkirch-Meister von Messkirch-Dreikönigsaltar17703.jpgMalgré les recommandations de son père, il avait tendu des collets dans un ancien cimetière. Il y courut pendant la Messe de minuit et trouva pris au piège un lièvre qui, au lieu de l’attendre, se coupa la patte avec les dents. Lui de le poursuivre, l’autre de se sauver aussi vite que le lui permettait sa blessure. Enfin, après une longue course, ils arrivèrent tous les deux aux bords du Cher, et au moment où le chasseur allait mettre la main sur sa proie, la maligne bête franchit la rivière d’un seul bond. Alors se tournant vers le jeune homme épouvanté : « Eh bien ! l’ami, s’écria le Diable qui avait repris sa forme, est-ce bien sauté pour un boiteux ? »

En Limousin, dans les campagnes, existe cette croyance que les maléfices, les sortilèges, toutes les œuvres de l’Esprit du mal perdent, la nuit de Noël, leur puissance ; qu’il est possible de pénétrer jusqu’aux trésors les plus cachés, la vigilance des monstres ou des êtres surnaturels qui les gardent se trouvant en défaut, ou leur pouvoir suspendu.

Shakespeare, le grand poète anglais, connaissait cette tradition quand, dans Hamlet (acte I, scène 1), il fait dire à Marcellus :

Some say that ever’gainst that season comes,
Wherein Our Saviour’s birth is celebrated,
The bird of dawning singeth a night long ;
And then, they say, no spirit dare stir abroad ;
The nights are wholesome ; then no planets strike,
No fairy takes, nor witch hath power to charm ;
So hallowed and so gracious is the time !

Il y en a qui disent que toujours à l’époque
Où est célébrée la naissance de notre Sauveur,
L’oiseau de l’aurore [le coq] chante tout le long de la nuit ;
Alors, dit-on, aucun esprit n’ose errer dans l’espace ;
Les nuits sont sans malignité, nulle planète ne peut nuire,
Nulle fée ne prend, et nulle sorcière n’a le pouvoir de jeter des sorts ;
Si béni et si plein de grâce est ce moment de l’année !

Et ; en effet, un moment vient où le Malin est enfin réduit à l’impuissance : c’est lorsque tinte le premier coup de minuit. Écoutez plutôt ce que fit Jean Scouarn, de Saint-Michel-en-Grève, près de Ploumilliau (Côtes-d’Armor) :

Un jour qu’il errait sur les grèves de Saint-Michel, il rencontra un pauvre chemineau qui, pour le remercier d’un morceau de pain qu’il lui avait donné, lui révéla le moyen de gagner la fortune et le bonheur. Il lui apprit, en effet, qu’au milieu de la grève se dressait un château habité par une princesse, belle comme une fée et riche comme les douze pairs de France. Les esprits de l’Enfer la retenaient sous les eaux. A Noël, au premier coup de minuit, la mer s’ouvrait et laissait voir le château : si quelqu’un pouvait y entrer et aller prendre dans la salle du fond une baguette magique, il pouvait devenir le mari de la châtelaine. Mais il fallait avoir mis la main sur la baguette avant le dernier coup de minuit ; sinon, la me revenait engloutir le château, et l’audacieux chercheur était métamorphosé en statue.

Scouarn résolut de tenter l’aventure. A minuit, en effet, la mer s’écarta comme un rideau qu’on tire et laissa voir un château resplendissant de lumières. Scouarn ne fit qu’un bond vers l’entrée et franchit la porte. La première salle était, remplie de meubles précieux, de coffres d’or et d’argent. Tout autour se dressaient les statues des chercheurs d’aventures qui n’avaient pu aller plus loin. Une seconde salle était défendue par des lions, des dragons et des monstres aux dents grinçantes. Jean Scouarn était perdu s’il hésitait.

Comme le sixième coup de minuit sonnait, il réussit à passer au milieu des bêtes enchantées qui s’écartèrent et pénétra dans un appartement plus somptueux que tous les autres, où se tenaient les filles de la mer. II allait se laisser entraîner dans leur ronde, quand il aperçut tout au fond la baguette magique : il s’élança et la saisit victorieusement. Le douzième coup de minuit sonna.

Mais Scouarn tenait la baguette magique et il n’avait plus rien à craindre. A sa voix, la mer mugissante s’éloigna du château, et les esprits de l’Enfer, définitivement vaincus, s’enfuirent en poussant des cris à faire trembler les rochers. La princesse délivrée offrit sa main au vaillant sauveur. Ce furent des noces splendides, et Jean Scouarn, dans sa reconnaissance pour les saints qui l’avaient protégé, employa la moitié des trésors à construire une chapelle à l’archange saint Michel.

Nombreuses sont les croyances superstitieuses, à l’occasion de la fête de Noël. Dans les villages bisontins, on a observé quel vent souffle au sortir de la Messe de minuit : ce sera, paraît-il, le vent qui dominera durant la nouvelle année. Dans les campagnes des Vosges, les douze jours entre Noël et les Rois indiquent le temps des douze mois de l’année ; ces jours sont appelés, dans le pays, jours des lots. Pour connaître le temps qu’il fera, on prend les dispositions suivantes : on place en ligne douze oignons creusés en forme de coquilles de noix et cela dès le 25 décembre.

Dans chaque oignon ainsi creusé, on met quelques grains de sel. Le premier oignon, en commençant par la gauche, correspond au mois de janvier, et les autres oignons aux mois suivants, d’après leur rang. Au jour des Rois, qui est le dernier des jours des lots, on examine les oignons. Là où le sel n’est pas fondu, le mois correspondant doit être sec ; là où il est fondu, le mois correspondant doit être humide.

Dans la Normandie, on augure de la fécondité des pommiers, selon que la lune éclaire plus ou moins les personnes qui vont à la Messe de minuit ou qui en reviennent. Au pays de Caux, on plaçait autrefois sur une jatte de bois ou un plateau quelconque un morceau de pain bénit de la Messe de minuit. On le laissait aller à la dérive sur les rivières jusqu’à ce que le plateau s’arrêtât de lui-même, indiquant ainsi où se trouvait le corps d’un noyé. Longtemps les Cauchois des rives de la seine eurent cette croyance. Ils croyaient aussi que le pain bénit de la Messe de minuit avait le pouvoir de délier la langue des enfants. Dans certaines familles cauchoises, on le conserve comme un talisman ayant la vertu d’indiquer l’état de santé des absents.

En Corse, les jeunes gens ont l’habitude de courir de maison en maison de manière à faire sept veillées avant la Messe de minuit, afin d’être jugés dignes d’apprendre, de vieilles femmes, certains signes superstitieux qui leur permettent, le cas échéant, de rendre impuissantes et inoffensives les piqûres des scorpions et des autres animaux nuisibles. Ces signes ne peuvent valablement se communiquer que la nuit de Noël et seulement à ceux qui ont fait les sept veillées.

La Bretagne surtout peut être appelée la terre classique des légendes. Interrogez les vieux paysans réunis aux veillées d’hiver. Pendant que l’assistance frissonne d’épouvante et se presse autour du foyer où brille un feu de genêts épineux, ils vous révéleront les noms de tous les êtres mystérieux ou sinistres qui peuplent les nuits de la vieille Armorique. C’est pendant la nuit de Noël surtout que l’ordre ordinaire de la nature est bouleversé. Quand la cloche annonce l’élévation de la Messe de minuit, tout ce qu’il y a d’êtres créés sur la terre se montre à la fois dans le monde. Prêtons l’oreille à l’antique tradition : elle le mérite par sa poétique étrangeté !

Voici les fantômes qui s’avancent. Près des fées des bois et des eaux, se montrent les korigans avec leurs marteaux et les dragons gardiens des trésors. Ensuite apparaissent le garçon à la grosse tête, épouvantail des nuits pluvieuses, l’homme-loup, le conducteur des morts et le cheval trompeur. Le char de l’ankou porte l’oiseau de ’la mort et Jean de feu. Les flammes bleues qui dansent dans les cimetières, les noyés qui sortent de la mer, le diable des carrefours qui vient acheter la poule noire, le sorcier qui cherche l’herbe d’or, les damnés qui soulèvent la pierre de leur tombe pour demander des prières, les lavandières nocturnes… telle est l’épouvantable procession qui chemine à travers la lande, pendant que la neige tourbillonne et que les fidèles sont prosternés devant l’autel.

Récits édifiants 
Innombrables sont ces sortes de légendes. Nous n’en citerons qu’un petit nombre. On raconte qu’à Marienstein, ce sanctuaire aimé de la Suisse septentrionale et de l’Alsace, éclosait, la nuit de Noël, une rose, fermée toute l’année, et d’où s’échappaient une délicieuse odeur et une lumière éclatante : c’était la rose de Noël ou la rose des neiges.

On raconte, dit Albert de Mun, dans nos landes de Bretagne, que lorsque les Mages arrivèrent à l’étable de Bethléem, ils y trouvèrent les bergers qui, n’ayant rien autre à offrir au divin Enfant, enguirlandèrent avec des fleurs des champs la Crèche où il était couché ; les Mages étalèrent leurs riches présents. Ce que voyant, les bergers se dirent entre eux : « Nous voilà bien ! A côté de ces belles choses d’or et d’argent, que vont devenir nos pauvres fleurs ? L’Enfant ne les regardera seulement pas ! »

Mais voilà que l’Enfant-Jésus, repoussant doucement du pied les trésors entassés devant lui, étendit sa petite main vers les fleurs, cueillit une marguerite des champs, et, la portant à ses lèvres, y posa un baiser. C’est depuis ce temps que les marguerites, qui jusqu’alors étaient toutes blanches, ont au bout des feuilles une belle couleur rosée qui semble un reflet de l’aurore, et, au cœur, le rayon d’or tombé des lèvres divines.

Finissons par la Noël des trépassés. C’était au temps du roi saint Louis, où foi et piété régnaient au pays de France. L’office de la nuit de Noël venait d’être achevé dans l’église abbatiale de Saint-Vincent du Mans. Les moines s’étaient tous retirés et l’abbé était rentré dans sa cellule. Accablé par l’âge, il s’était étendu promptement sur son humble couchette. Un lourd sommeil s’empara bientôt de son être. Tout à coup, un bruit étrange fait résonner la porte de la cellule. L’abbé, réveillé en sursaut, se lève à demi. Le bruit se renouvelle plus violent, plus fantastique. Le moine se précipite vers la porte ; il l’entr’ouvre.

Un spectacle terrifiant se présente â ses yeux. Une foule immense d’êtres, revêtus de suaires blancs, sont là, dans le long corridor. Tous portent une torche allumée. Un effroyable silence plane sur cette multitude. Saisi de frayeur, l’abbé, craignant quelque œuvre diabolique, fait sur lui d’abord, puis sur toute cette foule, un grand signe de croix. Ces êtres s’inclinent alors, répétant tous le même signe sacré. Pour le faire, ils écartent leur suaire, et l’abbé voit alors que ce sont des squelettes décharnés. Une lueur lugubre est comme attachée à ces os desséchés et ces squelettes semblent grandement souffrir de ces flammes.

Le moine, rassuré par le signe de la croix si pieusement fait par ces fantômes, leur demande : « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » Point de réponse. Les deux plus proches le saisissent par son scapulaire et l’entraînent à leur suite. Une procession se forme après eux. Tous se dirigent vers l’église. Bientôt l’autel est préparé ; les uns allument les cierges, les autres disposent les ornements sacrés. L’abbé comprend que ces êtres veulent assister au divin sacrifice de l’autel. II revêt la chasuble et commence la sainte Messe. Des voix gémissantes répondent aux versets que récite le prêtre. Les squelettes sont agenouillés pieusement dans le chœur, dans la nef ; l’église en est remplie.

Le silence est rompu seulement par la voix du ministre de Dieu et par les prières des assistants. A l’Orate fratres, lorsque l’abbé se retourne, il voit que les squelettes ont quitté leurs linceuls. Le moment de la consécration est arrivé ; à la voix de son prêtre, Jésus descend invisiblement sur l’autel. Alors, les gémissements cessent, une harmonie céleste remplit l’église. Un chant sublime de triomphe et de délivrance se fait entendre jusqu’à la fin de la Messe. Lorsque le moine se retourne, à l’Ite missa est, les squelettes ont tous disparu ; une nuée lumineuse montant vers le ciel, l’écho affaibli de mystérieux cantiques, voilà tout ce qui reste du sublime spectacle auquel il vient d’assister.

Pier Giorgio Frassati lors de l’une des excursions en montagne.L’abbé rentre dans sa cellule profondément ému, heureux surtout d’avoir été, dans cette circonstance, l’instrument de la miséricorde divine. Depuis, chaque année, en l’abbaye de Saint-Vincent, on avait coutume de célébrer, après l’office solennel de la nuit de Noël, une messe basse pour les angoisseux du Purgatoire, rapporte Louis Chambois dans la Semaine du Mans du 25 décembre 1893.

Ecoutons dom Guéranger nous décrire dans Le temps de Noël (tome I) la veillée de Noël et nous en donner le vrai sens chrétien : « C’est là que nous avons vu, et nul souvenir d’enfance ne nous est plus cher, toute une famille, après la frugale et sévère collation du soir, se ranger autour d’un vaste foyer, n’attendant que le signal pour se lever comme un seul homme et se rendre à la Messe de minuit. Les mets, qui devaient être servis au retour et dont la recherche simple mais succulente devait ajouter à la joie d’une si sainte nuit, étaient là préparés d’avance ; et, au centre du foyer, un vigoureux tronc d’arbre, décoré du nom de bûche de Noël, ardait vivement et dispensait une puissante chaleur dans toute la salle. Sa destinée était de se consumer lentement durant les longues heures de l’office, afin d’offrir, au retour, un brasier salutaire pour réchauffer les membres des vieillards et des enfants engourdis par la froidure.

« Cependant, on s’entretenait avec une vive allégresse du Mystère de la grande nuit ; on compatissait à Marie et à son doux Enfant exposé dans une étable abandonnée à toutes les rigueurs de l’hiver ; puis bientôt on entonnait quelqu’un de ces beaux noëls, au chant desquels on avait passé déjà de si touchantes veillées dans tout le cours de l’Avent. Les voix et les cœurs étaient d’accord, en exécutant ces mélodies champêtres composées dans des jours meilleurs. Ces naïfs cantiques redisaient la visite de l’ange Gabriel à Marie et l’annonce d’une maternité divine faite à la noble pucelle ; les fatigues de Marie et de Joseph parcourant les rues de Bethléem, alors qu’ils cherchaient en vain un gîte dans les hôtelleries de cette ville ingrate ; l’enfantement miraculeux de la Reine du Ciel ; les charmes du nouveau-né dans son humble berceau ; l’arrivée des bergers avec leurs présents rustiques, leur musique un peu rude et la foi simple de leurs cœurs.

« On s’animait en passant d’un noël à l’autre ; tous soucis de la vie étaient suspendus, toute douleur était charmée, toute âme épanouie. Mais, soudain, la voix des cloches, retentissant dans la nuit, venait mettre fin à de si bruyants et de si aimables concerts. On se mettait en marche vers l’église ; heureux alors les enfants que leur âge un peu moins tendre permettait d’associer pour la première fois aux ineffables joies de cette nuit solennelle, dont les fortes et saintes impressions devaient durer toute la vie ».

 (D’après « La nuit de Noël dans tous les pays », paru en 1912)

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Rites de l’Avent pour avancer vers Noël

Posté par francesca7 le 10 janvier 2014

 

 Rites de l'Avent pour avancer vers Noël dans LEGENDES-SUPERSTITIONS 250px-Adventskranz-1.Advent

Quatre bougies sur une couronne

Couronnes de l’Avent, illuminations dans les rues, veilleuse dans la crèche… À l’approche de Noël, nos longues nuits d’automne s’éclairent. La date de Noël, fixée au IVe siècle, n’a pas été choisie par hasard : à Rome, on fêtait alors le solstice d’hiver. Aux jours qui commencent à rallonger, les chrétiens ont associé la naissance de Jésus, celui qui éclaire leur chemin. C’est cette progression vers la lumière qu’illustre la couronne de l’Avent. Imaginée au XVIe siècle par un pasteur allemand, cet assemblage de branchages et de rubans, piqué de quatre bougies que l’on allume dimanche après dimanche, évoque le soleil, mais aussi la couronne d’épines du Christ le vendredi saint et l’espérance du retour du Sauveur. « En préparant Noël, observe l’écrivaine Colette Nys-Mazure, nous sentons l’espérance d’un renouveau : celui de voir le meilleur germer dans nos difficultés, de pouvoir croître et aider ceux qui nous entourent à croître… »

En Europe du Nord, on fête aussi la sainte Lucie, dont le nom signifie « lumière », condamnée à mort au IVe siècle pour avoir apporté des vivres à des chrétiens persécutés. Le 13 décembre, les Lucie choisies dans chaque famille, école ou village revêtent une robe blanche et une couronne avec quatre bougies pour offrir à leur entourage du café et des biscuits.

Des lentilles germées et un sapin vert

Quatre semaines d’attente avant la naissance de Jésus, qui, pour les chrétiens, sont source de vie. De même que la graine germe en profondeur avant que la plante sorte de terre… « Chaque année, on sait que tout va renaître. La preuve : les tulipes et les crocus pointent déjà leur nez ! », remarque Florence Blondon, pasteure du temple réformé de l’Étoile à Paris.

En Provence, on dépose, à la Sainte-Barbe, le 4 décembre, du blé ou des lentilles dans une soucoupe remplie d’eau ou sur du coton que l’on humidifie chaque jour. À Noël, on place les tiges hautes, symbole de la fécondité de la terre, dans la crèche. « Cette inscription dans le cycle de la vie nous rappelle que Noël est bien la fête de l’Incarnation », explique Colette Nys-Mazure.

Depuis le XVIe siècle, le sapin, toujours vert comme celui du paradis d’Adam et Ève, signifie aux chrétiens que le Christ apporte la vie à tous les hommes. Pour Florence Blondon, cet arbre annonce déjà toute la vie du Christ. « En Arménie dont je suis originaire, les extrémités de la croix sont prolongées par des branchages ou des fleurs. Quand je regarde un sapin de Noël, je vois déjà la mort et la résurrection du Christ. C’est parce qu’il est éclairé par la lumière de Pâques que Noël est un événement incroyable ! », dit-elle.

Un grand ménage d’hiver

« Quand on attend quelqu’un, il faut lui faire de la place. » Spontanément, à l’approche de Noël, Colette Nys-Mazure ouvre ses armoires pour en vider le surplus, faire le tri. Dans certaines familles, de la Norvège à la Provence, on prend encore le temps de faire, aux premiers jours de l’Avent, un grand « ménage d’hiver ».

Créer de l’espace dans sa vie, en son for intérieur, se recentrer, passer peut-être plus de temps en famille, avec ceux qui sont seuls, consacrer un moment à la prière ou à la lecture d’un livre de spiritualité… C’est aussi cela l’invitation de l’Avent. « En Occident, les jours sont courts, il fait froid. Même si je suis très sollicitée à cette période, raconte Florence Blondon, j’ai l’impression que le temps ralentit, que je suis plus ­disponible aux autres, que je retrouve le rythme naturel de mon humanité profonde ». Faire de la place, c’est aussi pour Colette Nys-Mazure, « rechercher la sobriété dans l’organisation de la fête, la simplicité et le partage joyeux des tâches ». En demandant, par exemple, à chacun d’apporter un plat pour le réveillon, ou en tirant au sort le nom d’un convive en particulier, cousine, frère, oncle, belle-sœur ou ami, pour qui on prendra le temps, pendant l’Avent, de bricoler ou de cuisiner une surprise.

Du pudding et des lumignons

La veille de Noël, c’est autour d’un repas mitonné dans l’espoir de réjouir les palais et les cœurs, que se réunissent de nombreuses familles. Au Royaume-Uni et en Irlande, le fameux Christmas pudding se prépare cinq dimanches avant le réveillon, le Stir-Up Sunday (dimanche du mélange). La tradition veut que toute la famille mette la main à la pâte, en remuant avec une cuillère en bois pour rappeler la crèche, dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est-à-dire d’est en ouest, comme le voyage des mages. Une prière est même associée à la recette. En Alsace, on prépare au début de l’Avent les 250px-Christmas_Mass_Iraq_Dec_24_2011 dans LEGENDES-SUPERSTITIONSbredele, petits fours qui évoquent la douceur de l’enfant et empruntent leurs formes à l’ange Gabriel, à l’étoile du berger…

Le premier dimanche de l’Avent, Florence Blondon prend le temps de décorer son intérieur : « Mais je ne le fais jamais seule ! Il ne s’agit pas seulement que la maison soit belle… Je tiens à ce rituel parce qu’il rassemble, permet d’échanger des souvenirs, de papoter, de rire ensemble », précise-t-elle. Dans sa maison en Belgique, Colette Nys-Mazure fixe à des rubans les cartes et les photos qu’elle a reçues avant Noël : « Je décore la maison de signes d’amitié », dit la poétesse, convaincue que « l’Avent est une occasion sans pareil de faire circuler la tendresse », en rendant aussi visite à des proches seuls ou malades. La crèche, où Dieu naît dans le dénuement, sera justement le signe de cette attention aux plus fragiles. « Noël ouvre aussi notre conscience, fait de nous des vigiles, le cœur en éveil, bienveillants, dit Colette Nys-Mazure. Se rappeler que d’autres passent cette période derrière des barreaux ou dans la précarité passe par des gestes simples comme les lumignons d’Amnesty International ou du Secours catholique, à placer au bord des fenêtres ou sur la table. »

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A Ouessant, c’est trop fort

Posté par francesca7 le 8 janvier 2014

220px-OUESSANT.-.RUINE-PHARESauvage et mystérieuse, Ouessant est l’île la plus occidentale de la France métropolitaine. Ce territoire un peu hors du temps offre des paysages extraordinaires, sculptés par le vent, le sel et les embruns. 

Ouessant est une commune insulaire du département du Finistère, dans la région Bretagne, située dans l’Océan atlantique. Le bourg d’Ouessant s’appelle Lampaul. Ses habitants sont appelés Ouessantins. Ouessant fait partie du parc naturel régional d’Armorique et du parc naturel marin d’Iroise.

Ouessant est la quatrième île de la France métropolitaine par la taille (après la Corse, l’île d’Yeu et Belle-Île-en-Mer), si l’on omet l’île d’Oléron, l’île de Ré et l’île de Noirmoutier, qui sont désormais reliées au continent par un pont.

Distante de vingt kilomètres de la côte ouest du Finistère, longue de huit kilomètres et large de quatre, elle est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine si l’on excepte le rocher de An Ividic à quelques encablures de l’île, sur lequel est ancré le phare de Nividic.

Ouessant a une forme rappelant celle d’une pince de crabe, l’ouest de l’île se divisant en deux « branches » : la « branche » de Locqueltas au nord, se terminant par la pointe de Pern, et celle de Feunten Velen au sud, se terminant par la pointe de Porz Doun. Ces deux branches encadrent la baie deLampaul. L’altitude maximale est de 61 mètres, l’altitude la plus basse étant évidemment celle du niveau de la mer.

À l’est, la baie du Stiff est la seule facilement accessible par la mer avec la baie de Lampaul et le petit port d’Arland. C’est d’ailleurs au fond de cette baie que se situe le port du Stiff, où accostent les navires à passagers ou à marchandises en provenance du continent.

L’île est séparée de l’archipel de Molène par le passage du Fromveur, un froid et puissant courant marin (8 à 10 nœuds) résultant d’une faille locale de60 m de profondeur. L’île se trouve en Mer d’Iroise.

Ouessant est entourée de plusieurs îlots, dont le plus gros, au nord, est considéré comme une île : l’île de Keller, parfois dénommée à tort sur certains documents Kereller (0,28 km2). L’ilôt deYouc’h Korz est situé dans la Baie de Lampaul.

Ouessant marque traditionnellement l’entrée sud de la Manche (l’entrée nord étant balisée par les Sorlingues appelées plus couramment îles Scilly, de leur nom anglais).

Vingt kilomètres séparent la pointe de la Bretagne et Ouessant. Tout marin connaît cette île du Ponant, ultime escale avant les Amériques. « L’île haute », « l’île de l’épouvante », « l’île des naufragés », tous les marins connaissent ces effroyables surnoms, les perfides écueils qui la ceinturent, les brumes qui l’engloutissent un jour sur quatre, et les redoutables courants qui l’enserrent, tel le Fromveur, l’un des plus forts d’Europe. « Qui voit Ouessant voit son sang ». Le dicton dit tout.

A Ouessant, c'est trop fort dans Bretagne 220px-Alfred_de_Courcy_Fille_d%27Ouessant_-dessin_de_Geniole-Il faut attendre la marée basse pour découvrir les quatre plages de sable fin de l’île. La plus grande, celle du Corz, est lovée sous Lampaul, le seul bourg digne de ce nom. Car la centaine de hameaux répertoriés à Ouessant ne sont composés, le plus souvent, que de deux maisons ! Des fermettes en pierre, la plupart transformées en résidences secondaires pour les « gens du continent ». Seules 850 personnes habitent encore l’île à l’année, contre 2 500 en été.

La levée de gros galets basaltiques située à Porz Nenv près de l’ancien hameau de Pern seraient venus d’Islande, transportés par des icebergs lors des glaciations quaternaires et forment une plage suspendue, témoignant d’un niveau de la mer plus élevé lors des périodes de réchauffement interglaciaires.

Géologiquement,Ouessant est formée principalement de granulite grenue à gros grains dans sa moitié nord et de gneiss granulitique micacé, alternant avec des micaschistes, avec des filons de granulite grenue blanche dans sa moitié sud. L’île possède aussi un gisement de graphite dans sa partie sud-ouest et des grenats dans sa partie sud.

L’archipel d’Ouessant-Molène est un morceau détaché de l’anticlinal du Léon, formé de granites d’époque archéenne et carbonifère, que l’on peut subdiviser en deux parties : la première, composée de la seule île d’Ouessant, est séparée du continent depuis très longtemps ; la seconde, qui comprend Molène et les îles de son archipel, dont la séparation d’avec le continent est récente. Une ancienne barrière granitique unissait les îles de l’archipel de Molène au continent au niveau de l’actuel chenal du Four ; cette barrière s’abaissa lentement, provoquant un ennoiement progressif dont des forêts submergées comme on en retrouve des traces dans l’Anse de Goulven ou à Tréompan, des monuments mégalithiques engloutis et des légendes de villes englouties (Ys, Tolente).

« L’archipel d’Ouessant est constitué d’un ensemble d’îles dont les plus importantes sont, à partir de la pointe Saint-Mathieu, les îles de l’archipel de Molène : Béniguet,Quéménès, Trielen, Molène, Balanec, Bannec, et enfin Ouessant. À ces îles, il faut ajouter une infinité d’îlots, hauts fonds, récifs, parties émergentes d’un vaste plateau sous-marin, limité à l’Ouest par Ouessant et au sud par la chaussée des Pierres Noires. Cette ligne de rochers, matérialisée par un phare du même nom, constitue la limite Nord de la mer d’Iroise où s’ouvre la rade de Brest et la baie de Douarnenez. Cet archipel ne ménage, entre les îlots et récifs, que d’étroits passages peu profonds hérissés d’écueils et réservés à la navigation locale. Par contre au Nord, le chenal du Four permet de communiquer avec l’Iroise en longeant le continent : malgré son étroitesse, il peut être emprunté par tous les navires car les courants suivent la direction du chenal ; les récifs des Plâtresses le séparent du chenal de la Helle, autre passage permettant d’accéder à l’Iroise en évitant les dangers de l’archipel4. »

Ouessant est une île depuis les temps préhistoriques. À la fin de la dernière ère glaciaire, elle était déjà séparée du continent. Les éléments d’occupation les plus anciens remontent à 1 500 av. J.-C. On a découvert un village préchrétien ayant existé pendant de nombreux siècles à Ouessant, signe d’une civilisation déjà ancienne. On peut en retrouver les traces sur le site archéologique de Mez Notariou dans le centre de l’île, près de la côte Saint-Michel, étudié par l’archéologue Jean-Paul Le Bihan.

« Les fouilles menées depuis 1988 livrent les vestiges remarquables et spectaculaires d’un village de transition Bronze final - 1er âge du ferconstruit en bois et argile crue (…), des activités sporadiques de la Tène III et d’époque gallo-romaine. (…) Les 3 600 m2 actuellement étudiés livrent 2 500 trous de poteaux, 120 bâtiments, 120 000 tessons de céramique. »

220px-La_poste_%C3%A0_Lampaul dans BretagneLes restes de deux villages, habités par plusieurs centaines de personnes (une véritable agglomération pour l’époque) ont été retrouvés, attestant de l’occupation du site sur une période allant de 4 000 ans av. J.-C. jusqu’au début du vie siècle de notre ère. Le premier village (âge du bronze, entre 1 500 et 1 300 avant notre ère) est caractérisé par des fondations incluant des dalles de pierre trouées destinées à supporter des poteaux de charpente. Le second village est daté de l’âge du fer, vers 700 av. J.-C. ; les ancêtres des Ouessantins vivaient de la culture des céréales, de pêche, d’élevage ; ils pratiquaient la métallurgie, la poterie. La découverte de dizaines de milliers de patelles, des patella vulgata dénommées « berniques » en Bretagne, suggère l’existence d’un culte voué à ce coquillage. « Là, il y avait (…) une zone d’activités sacrées, un sanctuaire utilisé par tous les Ouessantins et les marins de tous horizons. Le voyage s’accompagne toujours de superstitions et de croyances. (…) Ce qui est unique, c’est que ce lieu soit resté un sanctuaire pendant 2 000 ans. (…) On a trouvé une bernique moulée en bronze. (…) Un peu comme le scarabée est un animal sacré en Égypte, il se peut que la bernique ait joué un rôle religieux » dit Jean-Paul Le Bihan. Le culte important voué à ce coquillage; qui pourrait par sa forme symboliser la féminité et la fertilité, pourrait être un culte voué à la déesse-mère. Artémidore, géographe du ie siècle av. J.-C., évoque un culte à Cérès, déesse de la fertilité, dans une île proche de la Bretagne, qui est peut-être Ouessant. Par ailleurs, des milliers d’ossements d’animaux, et dans 70 % des cas, des os d’épaules droites, ont aussi été découverts près de ce sanctuaire, sans que cette particularité ne soit pour l’instant expliquée. « Cela renforce l’idée qu’Ouessant était, à cette époque, un passage obligé sur les routes de l’étain. L’île devait être une escale où on réparait les navires, où l’on faisait le plein de provisions et d’eau et où l’on embauchait des pilotes pour franchir la Mer d’Iroise » pense Jean-Paul Le Bihan.

L’île était un repère pour les marins de l’Antiquité (Carthaginois, puis Grecs et Romains) qui faisaient le commerce de l’étain avec les Îles Cassitérides (Cornouaille ou Sorlingues) : le géographe grec Strabon la désigne sous le nom d’Oυξισαμη, Pline l’Ancien comme Axanta, mais le nom latin usuel est Uxantis.

150px-Homme_d%27OuessantLe cromlech de la presqu’île de Pen-ar-Lan, qui a une forme ovoïde (un « œuf mégalithique » formé de 18 blocs de 0,60 m à 1 mètre de haut, réunis par un talus, en fait un petit muret de pierres, dessinant une ellipse de 13 m dans son axe est-ouest sur 10 m dans son axe nord-sud), était peut-être un monument astronomique préhistorique ; une autre hypothèse en fait un coffre sépulcral mégalithique. Au centre se trouvaient deux menhirs qui ont disparu. Le site a été fouillé en 1988 par les archéologues Jacques Briard et Michel Le Goffic.

Paul Gruyer, dans son livre Ouessant, Enez Heussa, l’île de l’Epouvante, publié en 1899, rapporte l’ancienne tradition orale qui faisait d’Ouessant la mythique Thulé, tradition déjà rapportée un siècle plus tôt par Jacques Cambry dans son Voyage dans le Finistère... Cette hypothèse est rejetée par les historiens désormais.

Au ive siècle avant J.-C., le navigateur marseillais Pythéas, qui s’est rendu jusque dans les Îles Britanniques et la Scandinavie, suivant la route de l’étain et la route de l’ambre, découvre aussi au passage le cap Kabaïon ( = la Pointe de Penmarc’h) et Uxisama, le pays des Œstrymni ( = Ouessant).

 

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