A Autun, les Joies du détour
Posté par francesca7 le 18 janvier 2014
« Sœur et émule de Rome ». Ces mots gravés sur la façade de l’hôtel de ville peuvent paraître exagérés, mais il ne faudrait sous-estimer l’importance de cette cité gallo-romaine. Un théâtre de 20 000 places, le plus grand de Gaule, l’imposant temple de Janus, des portes monumentales et bien d’autres vestiges attestent sa puissance passée. La beauté de son cadre, les rues médiévales, les sculptures de la cathédrale et la richesse de ses musées ne peuvent manquer de séduire ses visiteurs.
Autun provient de la contraction d’Augustodunum, terme gallo-romain qui signalait la ville fortifiée d’Auguste, fondée au 1er siècle avant Jésus-Christ pour remplacer la capitale éduenne de Bibracte. 17 906 Autunois, tous fiers de leur grand artiste mythique, Gislebertus. Ce sculpteur audacieux est en effet l’auteur du tympan de la cathédrale ou de la fameuse Tentation d’Eve conservée au musée Rolin
La Rome des Gaules – Les splendeurs d’Augustodunum, cité romaine de prestige, éclipsèrent rapidement la place forte gaulois existante, la capitale éduenne Bibracte. La grande route commerciale et stratégique Lyon-Boulogne, sur laquelle la ville avait été construire, fit sa fortune. Extraordinaire pôle de romanisation, Autun eut cependant à subir dès le 3ème siècle, de désastreuses invasions. Il ne reste aujourd’hui de l’enceinte fortifiée et des nombreux monuments publics de l’époque que deux portes et les vestiges d’un théâtre.
Le siècle des Rolin – La ville allait connaître au Moyen Age un regain de prospérité. Elle doit en grande partie au rôle joué par les Rolin père et fils. Né à Autun en 1376 dans l’hôtel qui porte son nom, Nicolas Rolin devint un des avocats les plus célèbres de son temps. Habile négociateur attaché à Jean sans Peur, il reçut de Philippe le Bon la charge de chancelier de Bourgogne. Parvenu au faite des honneurs et des richesses, il fonda l’Hôtel Dieu de Beaune sans toutefois oublier sa ville natale, dans laquelle il mourut en 1461. L’un de ses fils, le cardinal Rolin, devenu évêque d’Autun, en fit un grand centre religieux. De cette époque datent l’achèvement de la cathédrale St Lazare, l’édification de remparts au Sud et la construction de nombreux hôtels particuliers.
Partir de la place du Champ de mars et visiter :
le Lycée Bonaparte….. Ancien collège de jésuites, construit en 1709, il termine noblement le « Champ » (c’est ainsi que les Autunois appellent la place). Ses grilles forgées en 1772, sont rehaussées de motifs dorés : médaillons, mappemondes, astrolabes, lyres. Sur la gauche, l’église Notre Dame (17ème siècle) servit de chapelle à ce collège qui abrita du temps des jésuites le fantasque Bussy-Rabutin, puis Napoléon, Joseph et Lucien Bonaparte. Entré à une époque où l’évêque était le neveu du gouverneur de Corse, napoléon n’y resta que quelques mois en 1779, avant d’entrer à l’école de Brienne.
Emprunter la rue St Saulge, au n°24 occupé par l’hôtel de Morrey, du 17ème siècle, puis la rue Chauchien, aux façades agrémentées de balcons en fer forgé. Rejoindre les remparts par la rue Cocand.
Les remparts – A hauteur du boulevard des Résistants-Fusillés, bel aperçu de la portion la mieux conservée des remparts gallo-romains. Les longer à votre guise jusqu’à la tour des Ursulines, ancien donjon du 12ème siècle. Revenir sur la cathédrale par la rue Notre Dame (hôtel de Millery au n°12) pur flâner dans la rue Dufraigne (maisons à colombage) et l’impasse du jeu de Paume (hôtel Mac Mahon). La place d’Hallencourt donne sur l’évêché dont la cour est accessible. Gagner la rue St Antoine. Plus loin prendre à gauche la rue de l’Arbalète qui rejoint le secteur piétonnier de la rue aux Cordiers.
Passage de la Halle – Ce passage couvert du milieu du 19ème siècle ouvre sur la place du Champ de Mars par un majestueux portail classique. Suivre la rue De Lattre de Tassigny, dotée d’hôtels particuliers du 18ème siècle.
Hôtel de ville – Il abrite une importante bibliothèque contenant une riche collection de manuscrits et d’incunables. Terminez votre promenade par un passage dans la rue Jeannin, derrière la mairie, et dans l’une de ses jardins cachés par une porte cochère.
A visite également, la Cathédrale Saint Lazare – Extérieurement, la cathédrale a perdu son caractère roman : le clocher, incendié en 1469, fut reconstruit et surmonté d’une flèche gothique. La partie supérieure du chœur et les chapelles du bas-côté droit datent aussi du 15ème siècle ; celles du bas-côté gauche sont du 16ème siècle. Quant aux deux tours du grand portail, inspirées de celles de Paray le Monial, elles ont été édifiées au 19ème siècle à l’occasion d’importants travaux de restauration contrôlés par Viollet le Duc. En 1766, l’édifice eut à subir de graves dommages ; les chanoines du chapitre détruisirent le jubé, le tympan du portail Nord et le tombeau de Saint Lazare qui se dressait derrière le maître-autel (des vestiges se trouvent au musée Rolin).
Tympan du portail central – Réalisé entre 1130 et 1135, il compte parmi les chefs-d’oeuvre de la sculpture romaine. Son auteur, Gislebertus, a laissé son nom sur le rebord supérieur du linteau, sous les pieds du Christ. La composition très ordonnée du tympan, qui représente le Jugement dernier, ayant trouvé l’équilibre des effets sur une surface de dimensions difficiles, est bien la marque du génie. Au centre, le Christ en majesté siège dans une mandorle soutenue par quatre anges, dominant toute la scène. Au bas, les morts sortent de leur tombeau, prévenus de l’heure du jugement par quatre anges soufflant dans de grands olifants ; au centre du linteau, les élus sont séparés des damnés par un ange. A la gauche du Christ, l’archange saint Michel fait face au Malin qui tente de fausser la pense des âmes en tirant sur le fléau de la balance. Derrière lui s’ouvre l’Enfer dont la place est judicieusement réduite à l’extrême droite du tympan tandis que le ciel occupe tout le registre supérieur avec à droite deux apôtres – ou le prophète Elie et la patriarche Enoch transportés vivants au Ciel – et à gauche Marie qui domine la Jérusalem céleste et le groupe des apôtres attentifs à la pesée des âmes ; saint Pierre, reconnaissable à la clef qu’il porte sur l’épaule, prête main-forte à un bienheureux, tandis qu’une âme tente de prendre son envol en s’accrochant au manteau d’un ange sonnant de la trompette.
La figure humaine, privilégiée par le sujet même du tympan, est traitée avec une extrême diversité. Dieu, sa cour céleste et les personnages bibliques sont tous vêtus de draperies légères, finement plissées, qui témoignent de l’essence immatérielle des êtres qui les portent. Les morts, beaucoup plus petits mais sculptés en fort relief, ont une tout autre présence ; la nudité des corps (libérés de toute honte) permet d’exprimer par des attitudes variées l’état d’âme de chacun ; les élus cheminent le regard tendu vers le Christ en un cortège paisible. Les trois voussures de l’arc en plein cintre coiffent l’ensemble de la composition ; la voussure extérieure symbolise le temps qui passe, les médaillons représentant alternativement les travaux des mois et les signes du zodiaque ; au centre, entre les Gémeau et le Cancer, l’année est figurée sous les traits d’un petit personnage accroupi. Su la voussure centrale serpente une guirlande de fleurs et de feuillage.
Intérieur – Les piliers et les voûtes datent de la première moitié du 12ème siècle. Le caractère roman clunisien subsiste malgré de nombreux remaniements : élévation sur trois niveaux (grands arcs brisés, faux triforium et fenêtres hautes), massifs piliers cruciformes cantonnés de pilastres cannelés, berceau brisé sur doubleaux dans la nef et voûtes d’arêtes dans les collatéraux. Cependant le chœur adopte la formule paléochrétienne de l’abside flanquée de deux absidioles ; leur voûtement en cul de four a disparu à la fin du 15ème siècle lorsque le cardinal Rolin fit éclairer le chœur par des hautes fenêtres (vitraux modernes).
Par ailleurs, la présence à Autun d’abondants vestiges antiques explique que se soit généralisé l’usage des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux à feuillages à l’ensemble de la galerie haute, conférant ainsi à l’église une grande unité intérieure. Cette majestueuse ordonnance est animée par le décor sculpté des chapiteaux, dont certains seraient dûs au ciseau de Gislebertus. Selon un ordre que le visiteur peut suivre sur place, les pièces les plus intéressantes sont les suivantes :
- Simon le magicien tente de monter au Ciel en présence de St Pierre, clef en main, et de St Paul. Simon tombe, la t^te la première, sous le regard satisfait de St Pierre et les ricanements du diable.
- Lapidation de St Etienne, premier martyr chrétien.
- Samson renverse le temple, représenté de façon symbolique par une colonne.
- Chargement de l’arche de Noé lequel, à la fenêtre supérieure, surveille les travaux.
- Porte de la sacristie du 16ème siècle.
- Statues funéraires de Pierre Jeannin, président du Parlement de Bourgogne et ministre de Henri IV, mort en 1623, et de sa femme.
- Les reliques de St Lazare avaient été placées provisoirement dans l’abside de la chapelle St léger.
- Apparition de Jésus à Ste Madeleine. Admirer les volutes du feuillage à l’arrière-plan de ce chapiteau inachevé.
- Seconde tentation du Christ.
- La Nativité. La Vierge est couchée, aidée par un groupe de femmes. L’Enfant jésus est au bain. Sur le côté, St Josèph médite.
Salle capitulaire – Construire au début du 16ème siècle, elle abrite de beaux chapiteaux. (12ème siècle) en pierre grenée contenant du mica, qui ornaient à l’origine les piliers du chœur et du transept restaurés par Viollet le Duc en 1860 (après Vézelay … l’ordre de préséance n’ayant pas changé en sept siècle). Les plus remarquables sont sur le mur droit après l’entrée.
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