L’histoire des premiers éboueurs
Posté par francesca7 le 29 janvier 2014
Au temps de Philippe-Auguste, en 1184, on avait commencé timidement à faire paver la ville, du moins certaines rues exceptionnelles, avec de petits carreaux de grès, dont le nom se retrouve dans une rue du centre de Paris…
La grande ville était d’ailleurs bien petite à cette époque, car son enceinte ne renfermait que les quartiers de Saint-Jacques, de la Grève, de la Boucherie et de la Verrerie. En voyant les rues transformées si avantageusement, les habitants des voies pavées se réunirent en groupe pour louer des tombereaux qui reçurent mission d’enlever tous les jours les ordures ménagères, et de les transporter au pourtour de la ville, dans les champs.
Un certain gentilhomme, Girard de Gouet, qui devait être fort riche pour l’époque, donna à la ville de Paris dans le but de faciliter ce service de voirie et d’enlèvement des ordures. Mais il n’est pas probable que la générosité des particuliers eût pu continuer de suffire aux besoins de ce service ; et il arriva un moment où l’administration dut frapper chaque maison d’une taxe pour assurer l’entretien des rues et l’enlèvement des ordures.
En 1539, François Ier modifia et améliora considérablement la situation. Précurseur du préfet Poubelle, qui, en 1884, eut l’honneur d’attacher son nom aux boîtes, métalliques ou non, que l’on dépose devant les maisons et qui sont destinées à recevoir les ordures en attendant le passage des « boueux », François Ier avait, par une ordonnance, décidé qu’on ferait usage de paniers dans lesquels les habitants devraient déposer les ordures, au lieu de les jeter purement et simplement dans la rue en attendant le passage des tombereaux.
L’ordonnance régla minutieusement les dimensions et les dispositions de ces tombereaux. Que l’on remarque bien que le souverain avait ordonné qu’ils fussent entièrement fermés. Il était spécifié que le service d’enlèvement se ferait, l’été, entre dix heures et onze heures du matin et entre trois heures et sept heures du soir, et à des heures un peu différentes pour la saison d’hiver.
Il est à remarquer que, vers le milieu du XIXe siècle, Paris se trouvait à cet égard fort en retard sur l’époque de François Ier. En 1853 par exemple, on autorisait le dépôt des ordures dans les rues de Paris à partir de quatre heures du matin, ces ordures étant déposées sur la chaussée ou même sur les trottoirs, sans le moindre panier ou la moindre boîte. En fait, dès neuf heures du soir on déposait les immondices.
Aussi les Parisiens qui rentraient tard chez eux rencontraient des milliers de chiffonniers occupés toute la nuit à remuer et à éparpiller ces ordures ménagères, pour y trouver les détritus, débris et déchets dont ces intéressants industriels savaient tirer parti, quelque peu aux dépens de l’hygiène.
(D’après « Le Journal de la jeunesse. Nouveau recueil hebdomadaire illustré », paru en 1904)
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