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La Loueuse de chaises

Posté par francesca7 le 29 janvier 2014

 

par

François Coquille

~ * ~

La Loueuse de chaises dans ARTISANAT FRANCAIS 324px-Rencontre_d%27Aubert_avec_son_bienfaiteurA ne considérer une église que sous le point de vue terrestre et temporel (notre profond respect nous commande d’écarter l’autre avec soin), on pourrait la désigner ainsi : – un édifice orné d’une loueuse de chaises.

Aujourd’hui que la forme d’architecture ne dit plus rien, ce signe est fidèle et sûr. Voyez nos modernes basiliques : elles veulent, les orgueilleuses, se passer de cloches et de clocher, cette enseigne longtemps proverbiale ; mais aucune ne prétend se passer de loueuse de chaises. C’est l’être nécessaire sans lequel une église ne se conçoit pas, qui la distingue des autres monuments, qui lui donne le mouvement et la vie, en un mot, qui la fait église.

Quand la nuit a rempli de ses ombres la nef immense, l’édifice tout entier dort enseveli dans un profond repos. Par intervalle, quelque bruit du dehors, que l’écho répète sourdement, expire et s’éteint dans un long murmure. Le jour va poindre : la cité s’éveille, et la cloche annonce l’Angelus. Le sacristain est à son poste. Le donneur d’eau bénite arrive en grelottant, et avec cette mine gelée qui est un de ses attributs. La vendeuse de cierges prépare une illumination complète ; de pauvres femmes prient, agenouillées, en attendant la première messe. Cependant l’église sommeille encore. – Tel un homme s’agite et respire avec effort longtemps avant son réveil.

Enfin la loueuse paraît à son tour : aussitôt l’édifice, qui semblait l’attendre, s’anime et prend un nouvel aspect. La voilà qui commence par visiter son domaine en tous sens. Les dalles retentissent du bruit des chaises qu’elle range avec symétrie, ou qu’elle amoncelle en piles élevées. Il en est, dans le nombre, qui ne portent point sa marque, et dont le brillant acajou tranche sur le blanc uniforme des autres. La paille en est plus fine et plus serrée, la forme plus gracieuse, le dos plus élevé, et surmonté d’une espèce de pupitre où les bras viennent s’appuyer commodément. Ces chaises aristocratiques sont, en outre, garnies d’un coussinet épais qui appelle les genoux, et fait trouver du plaisir à prier Dieu. La loueuse n’a garde de les remuer d’une main irrévérencieuse et brutale. Elle les soulève, les pose avec précaution, et calcule en les rangeant les bénéfices qu’elles lui valent : – tant pour le droit d’avoir un siége particulier ; – tant, chaque dimanche, pour le plaisir de trouver sa chaise à la même place ; – tant aux étrennes et à la fête de la paroisse, – sans compter les petits profits.

En femme qui sait le prix du temps, elle vaque à plusieurs choses à la fois, et trouve, en passant, l’occasion de saluer le bedeau et le sacristain, et de recevoir les civilités de la vendeuse de cierges. Tous ces habitants de l’église ont entre eux des affinités de moeurs, de langage, de manières et d’intérêts. On les voit le matin, dans le coin d’une chapelle, qui se communiquent les intrigues de la sacristie et les rivalités du choeur, et qui sautent, par de hardies transitions, de l’histoire sacrée à l’histoire profane, souvent même à de très-profanes histoires. Le bedeau, justement scandalisé, fait signe aux interrupteurs. Il affecte de passer et de repasser à côté d’eux. Mais, ô fragilité humaine ! ce pesant personnage, après avoir essayé vainement d’attraper quelques mots de la conversation en prêtant l’oreille et en allongeant le col, finit par grossir le petit groupe ; et, comme il parle rarement, et qu’il n’est pas habitué à régler la tempête de sa voix, il fait lui-même plus de bruit que tous les autres.

La loueuse ne se laisse pas retenir longtemps dans ces conférences. Alors même qu’elle raconte ou qu’elle écoute, elle conserve son air affairé, et paraît toujours sur le qui-vive. Sa main s’agite avec impatience dans la poche vide de son tablier. Enfin l’officiant monte à l’autel, et la voilà qui s’éloigne et retourne à ses chaises.

Tandis qu’elle poursuit sa ronde, disons quelques mots de ses fonctions et de ses priviléges.

Nos lecteurs seront sans doute édifiés d’apprendre que la location des chaises, dans le églises de Paris, rapporte à la fabrique des sommes considérables, et qu’il y a telle paroisse où cette location ne s’élève pas à moins de 25,000 francs par année. Ce n’est pas ici le lieu de discuter les avantages ou les inconvénients de cette espèce d’impôt levé sur la piété des fidèles. Nous espérons que le temps viendra où il sera permis de s’asseoir gratis dans la maison de Dieu.

En attendant, ce bail est l’objet des plus ardentes convoitises, des brigues les plus fortes. MM. les Marguilliers n’en dorment pas de quinze jours. A voir les efforts des compétiteurs, on dirait qu’il s’agit d’emporter une de nos sinécures les plus largement rétribuées. Ce n’est pas une sinécure pourtant. Ce fonds ressemble à tous les autres, et veut être travaillé sans relâche. Aussi le fermier qui en obtient l’exploitation, ne le quitte-t-il pas du matin au soir. Incessamment il le remue, il ne lui donne ni repos ni trève. Mais les autres fonds se fatiguent et s’épuisent ; celui-ci ne se lasse pas de produire, – champ merveilleux qu’on ne sème jamais, et qu’on moissonne toujours !

Le plus souvent ce précieux privilége est accordé à une femme. Pour l’emporter sur ses rivaux, que de titres ne lui a-t-il pas fallu réunir ! Elle n’est rien moins que la veuve d’un sacristain mort en odeur de sainteté, la filleule d’un marguillier, ou la nièce d’un grand vicaire. Un prédicateur en renom, un banquier fameux l’a soutenue de son patronage et de son crédit. M. le curé a été chaudement sollicité en sa faveur. Les puissances de la terre et du ciel lui sont venues en aide. Son talent pour l’intrigue et ses ruses diplomatiques ont fait le reste. La voilà donc investie de ce titre glorieux qui va devenir son seul nom. Ses voisines, ses parents l’appellent peut-être encore madame veuve Groslichard, ou madame Piedfort ; mais les habitués de l’église diront désormais en parlant d’elle : la loueuse de chaises !

Madame veuve Groslichard a passé la trentaine. De combien d’années ?.. Peu vous importe. C’est un mystère dont elle garde pour elle seule le secret, et, sur ce point délicat, elle mentirait à Dieu lui-même, – nous ne disons rien de son confesseur, le moins favorisé de ses confidents. – On n’a jamais, répète-t-elle, que l’âge qu’on paraît avoir ; et elle s’efforce d’être le plus jeune possible. C’est une femme petite, potelée, fleurie, d’une minutieuse propreté, vive, remuante et bien conservée. On assure que la chronique s’est longtemps égayée sur son compte. La haute position que madame Groslichard s’est faite ne contredit aucunement la chronique, – au contraire.

324px-Violoneux_mendiant_1843_-_2 dans ARTISANAT FRANCAISGardez-vous bien de la juger d’après cette toilette simple, qu’elle a faite à la hâte, pour ne pas perdre la première messe (il ne s’agit ici que du produit monétaire de la messe). Elle sait tout ce qu’une femme peut devoir à la parure ; – non pas cette parure mondaine qui scandalise au lieu de plaire, qui effarouche les regards au lieu de les attirer et de les retenir. Il est un art savant dans sa simplicité, discret dans ses licences mêmes, qui se cache et se montre à propos : c’est cette fine coquetterie des gens d’église, qui laisse bien loin derrière elle la coquetterie des gens du monde. Madame Groslichard participe du caméléon. Elle change de visage suivant les messes et les offices. On dirait même qu’elle a un visage différent pour chaque personne. Elle ne prend pas les sous des pauvres femmes du même air qu’elle reçoit ceux des riches dévotes. Il y a, dans ses façons avec les premières, quelque chose de dur et d’impérieux. Sa voix, qu’elle sait si bien assouplir, est sèche et vibrante. Ses yeux, qui deviennent si doux et si patelins dans l’occasion, sont menaçants, et de la manière dont elle dit : « Vos chaises, s’il vous plaît, » ce s’il vous plaît est plus exigeant qu’un je le veux. Ses doigts crochus s’allongent incessamment vers vous. N’espérez pas échapper à cette distraction ; vous ne voyez, et vous n’entendez que la loueuse qui s’approche peu à peu, qui vous enveloppe dans ses longs circuits, et qui viendra, – qui viendra certainement, dans une minute, dans une seconde peut-être… machinalement vous interrogez vos poches, et malheur à vous si elles sont vides ! La loueuse n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut. Voilà ce que vous vous dites en vous-même, et, en attendant, plus de méditation, plus de recueillement, plus de prières ! Vainement vous cherchez à lui échapper en vous réfugiant dans une chapelle obscure ; elle vous guette, elle vous suit, elle est derrière vous, et vous n’êtes pas encore assis que vous tressaillez d’effroi au fatal - votre chaise, s’il vous plaît.

Voyez comme, dans une position pareille, les dames les plus élégantes lui demandent, d’une voix humble et douce, crédit jusqu’au prochain dimanche. Presque toujours, madame Groslichard se résigne, et consent à cet emprunt forcé. Elle tâche même de grimacer un sourire, bien qu’au fond du coeur elle déteste celles qui oublient leur bourse pour venir prier Dieu. Elle se console par le beau côté de son rôle ; elle se drape dans sa confiante magnanimité. Toutefois elle ne néglige pas de prendre le signalement exact des emprunteuses, et, en les quittant d’un air protecteur, elle semble se dire : « Telle dame, de tel âge, de telle figure, de telle toilette… me doit deux sous. »

Derrière elle, à une distance convenable, s’avance d’un pas de procession le grave bedeau ou le suisse majestueux. Il annonce sa venue en frappant à coups de hallebarde les dalles sonores, et en criant d’une voix flûtée « Pour les pauvres, s’il vous plaît », et plus souvent encore : « Pour les frais de l’église ! » A ce sujet, nous relèverons une particularité essentielle. Bien des gens s’imaginent qu’il y a rivalité et lutte de vitesse entre les quêteurs et la loueuse. C’est une erreur qu’il importe de détruire. L’ordre dans lequel ils se suivent a été savamment calculé. Comme le tribut levé par celle-ci est forcé, et que l’autre est volontaire, les fidèles, perdus dans leurs dévotions, ne tireraient point leur bourse pour les pauvres, encore moins pour les frais de l’église ; mais ils sont tenus de la tirer pour payer leur chaise, et, pendant qu’ils ont encore l’argent à la main, le quêteur survient à propos sur les pas de la loueuse, qui joue ainsi le rôle du pilote devant le requin. Elle n’y perd pas, et les pauvres y gagnent, – sans compter la fabrique.

Autrefois, cependant, Jésus-Christ avait chassé du temple les vendeurs qui s’y étaient établis…

A l’aisance de sa démarche, à son allure libre et dégagée, on comprend tout d’abord que madame Groslichard est chez elle. Les soins d’un ménage lui sont inconnus : elle vit de l’église et dans l’église. C’est à peine si elle mange ou si elle couche ailleurs, et elle se ferait volontiers écrire à l’adresse suivante : Madame, madame Groslichard, à l’église de Saint-… Elle a la conscience de sa dignité, et porte haut la tête. Elle affronte le vicaire dans ses humeurs, et le curé dans ses caprices. Ces grands dignitaires ont toujours pour elle un regard et un sourire. Faut-il l’avouer ? madame Groslichard ne se confond pas assez dans les sentiments de respect et de vénération qui leur sont dus. Elle vit trop près du sanctuaire. Nul n’est prophète en son pays, a dit la sagesse des nations. Nous hasarderons ici cette variété du proverbe : « Nul n’est saint dans la sacristie de son église. »

Certes, madame Groslichard, élevée à ce comble d’honneur et à ce haut crédit, partageant l’encens du prêtre et les bénéfices de la fabrique, est bien excusable de ne pas daigner apercevoir l’humble donneur d’eau bénite, et de traiter sans façon l’important sacristain, les chantres enroués qui la complimentent d’une voix de plain-chant, et le serpent lui-même, qu’on s’étonne d’entendre parler comme les autres hommes. Ce sont autant d’aspirants à sa main ou à ses bonnes grâces. Avec eux elle fait sa coquette, elle minaude, et les tient en haleine par ses promesses et ses refus. Elle accorde seulement au frais enfant de choeur une tape sur ses joues roses et potelées, et au suisse superbe un coup d’oeil en tapinois. – Les suisses auront à répondre de bien des choses !

Quoi qu’on ait pu dire autrefois, madame Groslichard jouit d’une réputation de vertu : elle a des moeurs, – c’est une des conditions de son bail ; – et, en femme qui a vécu longtemps et beaucoup, elle sacrifierait ses passions à son intérêt. Heureusement le sacrifice n’est pas toujours nécessaire ; et puis, écoutez sa maxime favorite (la maxime fait les femmes supérieures !) : « On n’a jamais, disait-elle tantôt, que l’âge qu’on paraît avoir. » Elle ajoute encore : « On n’est jamais que ce qu’on paraît être. »

Avec elle, il ne faut donc pas trop approfondir les choses. Par exemple, elle affecte les dehors convenables de la piété. Jamais elle n’oublie, en passant devant l’autel, de le saluer d’une humble révérence. Vous la voyez, au commencement des offices, saintement agenouillée et plongée dans un dévot recueillement ; mais remarquez comme, de la place qu’elle a choisie, elle domine toute l’église. Suivez ses yeux sans cesse en mouvement, ses yeux perçants et inquisiteurs qui prennent note du nombre, de la figure et de la position relative des assistants. Vous ne l’entendrez pas unir sa voix à celle de l’auditoire pour célébrer les louanges de Dieu. Si elle chante, c’est en elle-même, quand la messe a été bonne, quand la collecte a été abondante, et que, dans sa grande poche de toile, les pièces d’argent se mêlent joyeusement aux pièces de cuivre.

Elle voit passer toutes les pompes humaines ; elle assiste aux différents spectacles qui marquent la destinée de l’homme. Le sonneur, qui, du haut de sa tour, annonce stupidement les décès et les baptêmes, ressemble à l’employé des télégraphes, qui ne comprend rien aux nouvelles qu’il transmet. La loueuse joue un rôle intelligent dans ces diverses cérémonies, et elle apporte à chacune d’elles un extérieur d’à-propos. Comme elle s’empresse autour de ce nouveau-né ! que d’attentions elle prodigue au parrain et à la marraine ! A la joie pure et bien sentie qui rayonne dans ses yeux, à son air maternel, on dirait une respectable tante, une grand’maman, ou, tout au moins, une dame de la parenté. Ces démonstrations font partie de l’appareil déployé par l’église. Tout cela est coté d’avance, et sera payé au prix du tarif.

La scène change brusquement. La nef s’est tendue de noir. Une famille, des amis prient et pleurent autour d’un cercueil. La loueuse prend son visage le plus affligé ; elle a les yeux rouges ; elle marche d’un pas silencieux, et semble dire à chacun : « Quel malheur !… Votre chaise, s’il vous plaît. »

Mais tandis qu’un de ses yeux pleure encore avec les amis du défunt, l’autre sourit déjà à la noce qui s’avance. C’est une noce brillante. La mariée est jolie. Le marié, dans son bonheur, sera sans doute généreux. Madame Groslichard se multiplie : elle est radieuse ; elle a un petit air fin qui dit bien des choses. Sans elle la cérémonie serait pleine d’embarras et de dangers. Qui viendrait au secours de la mariée ? qui la recevrait défaillante dans ses bras ? qui rendrait mille petits offices dont une mère troublée est incapable, que les messieurs ne doivent pas connaître, et auxquels le nouvel époux ne saurait encore prendre part. Il suffira qu’il les paie. Dans ces occasions difficiles, la loueuse est une mère donnée, ou plutôt vendue par la sacristie.

Madame Groslichard ne comprend ni l’amour du pays, ni la vanité nationale. Mais elle est fière de son église. Parlez-lui d’un chantre à la voix tonnante, d’un maître-autel richement décoré, d’un orgue merveilleux, d’un saint en réputation. Ce chantre, cet autel, cet orgue, ce saint lui-même seront moins bruyant, moins riche, moins sonore et moins fécond en miracles que les siens. L’église lui appartient : tout ce qui s’y fait se fait pour elle. C’est pour elle que la messe se dit, que l’autel se pare et s’illumine, que les cloches sonnent à grandes volées, que les chantres s’égosillent, et que l’orgue éclate en concerts harmonieux. C’est pour elle aussi que l’on naît et que l’on meurt ; et ces prédicateurs en vogue, qui réunissent au pied de leur chaire un auditoire nombreux, qui tonnent et fulminent contre les vices, qui s’emportent avec véhémence contre l’intérêt et la cupidité, travaillent sans doute à féconder le champ du ciel, mais avant tout ils fécondent le champ de la loueuse. Elle a une manière infaillible d’apprécier les orateurs sacrés, et ne se fait jamais illusion sur leur mérite. Elle ne les estime pas sur ce qu’ils disent, mais sur ce qu’ils rapportent. Elle pèse leur réputation : elle la suppute en pièces sonnantes. Que des auditeurs légers oublient les pieuses paroles qu’ils viennent d’entendre ; la loueuse emporte et serre soigneusement le fruit qu’elle en a retiré.

Il faut voir madame Groslichard aux grandes fêtes, dans ces jours solennels qui rappellent la naissance, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, où l’église fait éclater ses joies et ses douleurs, – et où le prix des chaises est doublé ! Époques véritablement importantes, fêtes à bon droit réservées, si seulement elles étaient plus nombreuses ! Pour madame Groslichard ce sont les plus beaux jours de l’année. Elle les attend avec impatience. Elle calcule d’avance l’argent qu’ils lui promettent. Elle espère que la paroisse montrera un pieux empressement, et qu’une foule de curieux, attirés par la pompe des cérémonies, viendront grossir l’assemblée et la recette. Dès le matin elle apparaît dans une toilette éblouissante. Elle a amené, comme un auxiliaire indispensable, comme un lieutenant fidèle, sa fille ou sa nièce qui rougit de pudeur et d’embarras. Elle commence par assigner aux loueuses en sous-ordre les postes les moins importants. La nef, entourée d’une balustrade en bois, ressemble à une citadelle. Tout au fond, sous l’orgue mugissant, un étroit passage est ménagé aux élus de ce monde qui seront aussi les élus et les bien-aimés de l’ouvreuse. C’est là qu’elle établit sa fille. Elle reste quelques instants à ses côtés pour l’aider de ses avis et de son exemple ; puis, comme un général habile, elle court visiter les différents postes et se réserve le plus difficile de tous. Elle exploite les bas côtés et les contre-allées. Elle circule à travers ce public mouvant qui se renouvelle sans cesse. Les masses les plus compactes ne sauraient lui faire obstacle. Elle est partout : faut-il placer un vieillard goutteux, une vénérable matrone qu’intimide une telle affluence, elle les conduit, elle les fait passer au milieu de la foule, elle les porte et les pose comme par enchantement à l’endroit le plus commode. Les petits scrupules de femme, elle les foule aux pieds. Sa riche toilette, elle n’y pense plus. Toute cette élégance, cette recherche de parure, elle la sacrifie. Qu’elle-même soit heurtée, froissée dans ces groupes épais, où elle se jette hardiment ; peu lui importe. Ce n’est plus le moment d’être prude et vaine, et de s’arrêter aux misères de la modestie. – Ce temps précieux veut être mieux employé.

téléchargement (10)Voyez-la, quand l’office touche à sa fin, et que sa moisson n’est qu’à moitié achevée : quelle inquiétude ! quelle agitation ! ses yeux surveillent à la fois ceux qui restent, ceux qui partent, et ceux qui menacent de partir. Elle ne marche pas, elle glisse légèrement. Ne la retenez point par le change d’une pièce d’argent, ou craignez qu’elle ne vous rende autant de malédictions que de sous…. Mais le dernier son de l’orgue vient d’expirer. Madame Groslichard, épuisée de fatigue, abandonne enfin quelques femmes qui s’échappent sans payer, et elle demeure haletante sur le champ de bataille. Bientôt elle disparaît avec sa recette, et les pauvres qui dressent l’oreille au bruit métallique de ses poches, la poursuivent longtemps de leurs supplications, et reviennent sans avoir rien obtenu, qu’une pièce de cinq centimes qu’on lui a frauduleusement glissée, et qu’elle soupçonne d’être un sou de Monaco - Le monde est si méchant !

Cependant elle amasse des rentes, elle établit solidement sa fille, et lui donne pour cadeau de noces le privilége du bail qu’elle-même exploita si longtemps. Elle quitte l’église pour le monde ; et, plus elle vieillit, plus elle se montre coquette, friande de douceurs, amoureuse de parure, de petites médisances et d’anecdotes scandaleuses.

Seulement elle déteste qu’on la dérange à l’église pour lui demander le prix de sa chaise, et elle ne peut souffrir qu’aux grandes fêtes le tarif soit doublé.

On prétend que, par un mélange coupable du sacré et du profane, la loueuse de chaises de nos églises exploite aussi le jardin des Tuileries, les Champs-Élysées et les boulevarts. Nous refusons de le croire : passer de l’ombre et du frais à la poussière et au grand soleil, craindre pour sa recette les caprices de la mode et les caprices du temps, ce serait au-dessous de sa dignité, et puis – ce ne serait pas si profitable.

Cependant, si la loueuse de chaises qui fait l’ornement des promenades publiques n’appartient pas à l’église, plusieurs indices sembleraient établir qu’elle y a jadis appartenu. La fuite d’un notaire ou d’un banquier, une spéculation malheureuse sur les rentes d’Espagne, sur les bitumes ou les chemins de fer, lui aura enlevé ce qu’elle avait amassé sou par sou ; et elle se sera vue réduite, sur ses vieux jours, à reprendre sa grande poche de toile et ses allures d’autrefois.

Mais elle a le sentiment de sa dégradation. Elle ne sympathise pas avec cette foule rieuse au milieu de laquelle elle passe et repasse. Vieille et ridée, le spectacle de la jeunesse et de la beauté offusque ses regards. Ces brillantes toilettes, ces groupes animés, le murmure confus de cent conversations différentes, les divers accidents d’ombre et de lumière que produit le feuillage mouvant des arbres, les riches lueurs d’un beau soleil couchant : toute cette gaieté de la terre et du ciel l’attriste et l’importune. Elle trouve un plaisir cruel à troubler les plus douces rêveries, et à se jeter au milieu des tête-à-tête les plus intimes et les plus tendres. Elle apparaît soudainement, et se tient devant vous comme un reproche vivant, droite, immobile, avec sa mine sévère et renfrognée. A son approche, on se tait : les figures s’assombrissent, le rire expire sur les lèvres. On croit devoir respecter la présence d’une femme qui a éprouvé des malheurs.

Triste retour des choses humaines ! elle était mondaine dans l’église : la voilà rigoriste dans le monde. Les messages galants dont elle se chargeait si volontiers et par charité, elle les accepte encore, mais par intérêt. De cet extérieur si leste et si pimpant d’autrefois, elle n’a gardé que son nez rouge et ses doigts crochus : on dirait qu’ils deviennent plus longs chaque année.

C’est une manière de Juif errant. Rien ne l’arrête, rien ne la distrait de sa tâche. Elle va étudiant les physionomies et prenant le signalement des promeneurs. Elle les compte, et distingue aussitôt les nouveaux venus. Quant à ceux qui s’établissent sur ses chaises pendant des heures entières, et qui menacent de les occuper tout le jour, elle leur jette en passant des regards d’indignation, et semble toujours tentée de leur faire payer deux fois leur place. Vous arrive-t-il de vous oublier dans une conversation intéressante, ouvrez les yeux et revenez à vous. La loueuse est là qui vous observe. Vous croyez qu’elle cherche à saisir ce que vous dites : point ; elle se demande : « M’ont-ils payée ? »

Ces promeneurs inconstants qui changent vingt fois de place dans une heure, et que la loueuse retrouve au milieu, et aux deux bouts d’une allée, la jettent dans une pénible perplexité. Vous avez payé, dites-vous. Elle vous croit, et pourtant elle ne saurait retirer sa main tendue, et réclame son dû, même en s’excusant.

L’année n’a qu’une saison pour elle, saison bien courte, et que les jours de pluie et de brouillard diminuent encore de moitié. Quand les arbres jaunissent, et que leurs feuilles, en tombant, couvrent ces allées naguère si fréquentées et si productives, la loueuse disparaît de nos promenades. On ne la voit plus que le dimanche au jardin des Tuileries. Elle y erre tristement comme une âme en peine. Rentrée à sa mansarde, les pieds placés sur sa chaufferette, elle se console en rêvant au retour de l’été, de l’été qu’elle ne reverra peut-être plus ; car semblable aux malades attaqués de la poitrine, elle meurt presque toujours – à la chute des feuilles – cette date lui est funeste jusqu’au dernier moment.

Mentionnons encore, pour que cette galerie soit complète, les industriels qui colportent leur mobilier aux courses de chevaux et aux revues du Champ-de-Mars, aux feux d’artifice du quai d’Orsay et de la barrière du Trône. Bancs chancelants, tables vermoulues, chaises à moitié dépaillées, vingt fois exposés à la même épreuve, et que tant de service n’a pas rendus plus solides ! place à vingt sous ! place à dix sous ! arrivez, messieurs et mesdames. Voici l’instant, on va commencer. En effet le bouquet éclate : le cheval touche au but : le général paraît. On se lève sur la pointe des pieds : on allonge le col, on se foule, on se presse. La loueuse de chaises elle-même tâche de prendre une petite part du spectacle… Malheur ! un craquement se fait entendre ; les tables et les bancs s’affaissent, et les spectateurs tombent pêle-mêle, dans un désordre qui n’est pas celui de l’art. Mille réclamations s’élèvent. On parle de faire rendre l’argent. Mais, à ce mot, les propriétaires de mobilier s’esquivent avec la recette, abandonnant des débris que l’on n’emportera pas. Les blessés ont bien assez de se porter eux-mêmes. Homme vraiment industrieux ! femme étonnante ! ils trouvent le secret de changer leur vieux mobilier contre un neuf, – encore ont-ils du retour -.

de COQUILLE,  François : La Loueuse de chaises (1840).


Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (07.IV.2006)
Relecture : A. Guézou.
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex

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L’histoire des premiers éboueurs

Posté par francesca7 le 29 janvier 2014

 

images (5)Au temps de Philippe-Auguste, en 1184, on avait commencé timidement à faire paver la ville, du moins certaines rues exceptionnelles, avec de petits carreaux de grès, dont le nom se retrouve dans une rue du centre de Paris…

La grande ville était d’ailleurs bien petite à cette époque, car son enceinte ne renfermait que les quartiers de Saint-Jacques, de la Grève, de la Boucherie et de la Verrerie. En voyant les rues transformées si avantageusement, les habitants des voies pavées se réunirent en groupe pour louer des tombereaux qui reçurent mission d’enlever tous les jours les ordures ménagères, et de les transporter au pourtour de la ville, dans les champs.

Un certain gentilhomme, Girard de Gouet, qui devait être fort riche pour l’époque, donna à la ville de Paris dans le but de faciliter ce service de voirie et d’enlèvement des ordures. Mais il n’est pas probable que la générosité des particuliers eût pu continuer de suffire aux besoins de ce service ; et il arriva un moment où l’administration dut frapper chaque maison d’une taxe pour assurer l’entretien des rues et l’enlèvement des ordures.

En 1539, François Ier modifia et améliora considérablement la situation. Précurseur du préfet Poubelle, qui, en 1884, eut l’honneur d’attacher son nom aux boîtes, métalliques ou non, que l’on dépose devant les maisons et qui sont destinées à recevoir les ordures en attendant le passage des « boueux », François Ier avait, par une ordonnance, décidé qu’on ferait usage de paniers dans lesquels les habitants devraient déposer les ordures, au lieu de les jeter purement et simplement dans la rue en attendant le passage des tombereaux.

L’ordonnance régla minutieusement les dimensions et les dispositions de ces tombereaux. Que l’on remarque bien que le souverain avait ordonné qu’ils fussent entièrement fermés. Il était spécifié que le service d’enlèvement se ferait, l’été, entre dix heures et onze heures du matin et entre trois heures et sept heures du soir, et à des heures un peu différentes pour la saison d’hiver.

Il est à remarquer que, vers le milieu du XIXe siècle, Paris se trouvait à cet égard fort en retard sur l’époque de François Ier. En 1853 par exemple, on autorisait le dépôt des ordures dans les rues de Paris à partir de quatre heures du matin, ces ordures étant déposées sur la chaussée ou même sur les trottoirs, sans le moindre panier ou la moindre boîte. En fait, dès neuf heures du soir on déposait les immondices.

Aussi les Parisiens qui rentraient tard chez eux rencontraient des milliers de chiffonniers occupés toute la nuit à remuer et à éparpiller ces ordures ménagères, pour y trouver les détritus, débris et déchets dont ces intéressants industriels savaient tirer parti, quelque peu aux dépens de l’hygiène.

 

(D’après « Le Journal de la jeunesse. Nouveau recueil hebdomadaire illustré », paru en 1904)

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L’oiseleur de Maupassant

Posté par francesca7 le 29 janvier 2014

 

L’oiseleur Amour se promène
Lorsque les coteaux sont fleuris,
Fouillant les buissons et la plaine ;
Et chaque soir sa cage est pleine
Des petits oiseaux qu’il a pris.

Aussitôt que la nuit s’efface
Il vient, tend avec soin son fil,
Jette la glu de place en place,
Puis sème, pour cacher la trace,
Quelques brins d’avoine ou de mil.

Il s’embusque au coin d’une haie,
Se couche aux berges des ruisseaux,
Glisse en rampant sous la futaie,
De crainte que son pied n’effraie
Les rapides petits oiseaux.

Sous le muguet et la pervenche
L’enfant rusé cache ses rets,
Ou bien sous l’aubépine blanche
Où tombent, comme une avalanche,
Linots, pinsons, chardonnerets.

Parfois d’une souple baguette
D’osier vert ou de romarin
Il fait un piège, et puis il guette
Les petits oiseaux en goguette
Qui viennent becqueter son grain.

Étourdi, joyeux et rapide,
Bientôt approche un oiselet :
Il regarde d’un air candide,
S’enhardit, goûte au grain perfide,
Et se prend la patte au filet.

Et l’oiseleur Amour l’emmène
Loin des coteaux frais et fleuris,
Loin des buissons et de la plaine,
Et chaque soir sa cage est pleine
Des petits oiseaux qu’il a pris.

 

Guy de MAUPASSANT   (1850-1893)

220px-Maupassant_2Henry-René-Albert-Guy de Maupassant , est un écrivain français né le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques (Seine-Inférieure) et mort le 6 juillet 1893 à Paris.

Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, il a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, mais surtout par sesnouvelles, (parfois intitulées contes), comme Boule de suif en 1880, les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887). Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent mais aussi par la maîtrise stylistique. La carrière littéraire de Guy de Maupassant se limite à une décennie – de 1880 à 1890 – avant qu’il ne sombre peu à peu dans la folie et ne meure à quarante-trois ans. Reconnu de son vivant, Guy de Maupassant conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres.

Dans la nuit du 1er janvier au 2 janvier 1892, il fait une tentative de suicide au pistolet (son domestique, François Tassart, avait enlevé les vraies balles). Il casse alors une vitre et tente de s’ouvrir la gorge. On l’interne à Paris le 8 janvier dans la clinique du docteur Émile Blanche, où il meurt de paralysie générale un mois avant son quarante-troisième anniversaire, le 6 juillet 1893, après dix-huit mois d’inconscience presque totale. Sur l’acte de décès figure la mention « né à Sotteville, près d’Yvetot », ce qui ouvre la polémique sur son lieu de naissance.

Il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris (26e division).

En 1891, Guy de Maupassant avait confié à José Maria de Heredia : « Je suis entré dans la littérature comme un météore, j’en sortirai comme un coup de foudre ».

Maupassant a publié certains textes sous pseudonymes :

  • Joseph Prunier, pour son premier conte, La Main d’écorché en 1875 ;
  • Guy de Valmont pour Gustave Flaubert en 1876. Il utilisa ce pseudonyme jusqu’en 1878 ;
  • Chaudrons-du-diable, qu’il utilisa pour signer en 1880 la chronique Étretat dans la revue Gil Blas du 20 août 1880.
  • Maufrigneuse, qu’il utilisa de 1881 à 1885 pour signer ses chroniques ou nouvelles dans Gil Blas, étant sous contrat avec la revue Le Gaulois. Le choix de ce pseudonyme vient du personnage de Diane de Maufrigneuse, dans La Comédie humaine de Balzac.

 

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L’Homme de Lamartine

Posté par francesca7 le 29 janvier 2014

 

(À Lord Byron)
Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom,
Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon,
Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
J’aime de tes concerts la sauvage harmonie,
Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents
Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents !
La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine :
L’aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés ;
Des rivages couverts des débris du naufrage,
Ou des champs tout noircis des restes du carnage.

Alphonse de LAMARTINE   (1790-1869)

220px-Lamartine,_par_DecaisneAlphonse Marie Louis de Prat de Lamartine dit Alphonse de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète, romancier, dramaturge et prosateur en même temps qu’un homme politique français, l’orateur d’exception qui fut l’âme de la révolution de février 1848 et qui proclama la Deuxième République. Il est l’une des plus grandes figures duromantisme en France.

Alphonse de Lamartine naît à Mâcon dans une famille de petite noblesse attachée au roi et à la religion catholique ; il passe son enfance en Bourgogne du sud, en particulier à Milly. Un temps en collège à Lyon, il poursuit son éducation à Belley, où il rencontre Aymond de Virieu. Après son retour à Mâcon, une aventure sentimentale avec une adolescente incite ses parents à le divertir de cette liaison précoce. « Une diversion naturelle [lui] était nécessaire » : ce fut un voyage en Italie, effectué en compagnie de Virieu et évoqué plus tard dans le roman Graziella. Après son voyage en Italie et une éphémère fonction militaire auprès de Louis XVIII, il revient en Bourgogne, où il mène une vie de jeune homme oisif et séducteur.

En octobre 1816, il rencontre Julie Charles à Aix-les-Bains et vit avec elle un amour tragique puisque Julie meurt en décembre 1817. Il écrit alors les poèmes des Méditations dont le recueil est publié en 1820 et obtient un grand succès. Alphonse épouse Marianne-Elisa Birch, une jeune Anglaise, en 1820, et occupe des fonctions de secrétaire d’ambassade en Italie avant de démissionner en 1830. Il publie alors d’autres poèmes comme, en 1823, les Nouvelles Méditations poétiques et La Mort de Socrate, ou, en juin 1830, les Harmonies poétiques et religieuses après avoir été élu à l’Académie française en 1829.

En 1830, il entre en politique et se rallie à la Monarchie de juillet mais échoue à la députation. Il voyage alors en Orient visite la Grèce, le Liban et les lieux saints du christianisme. En 1833, il est élu député et le restera jusqu’en 1851 : il évolue du royalisme au républicanisme et prononce des discours remarqués. Il joue un rôle important au moment de la Révolution de 1848, proclamant la République ; il est pendant trois mois chef du gouvernement provisoire, mais se retire de la politique après sa lourde défaite, n’obtenant que 0,26 % des suffrages, lors de l’élection présidentielle qui porte au pouvoir Louis Napoléon Bonaparte en décembre 1848.

Lourdement endetté, il doit vendre Milly en 1860 et écrire des œuvres alimentaires comme de nombreuses compilations historiques (peu solides aux yeux des historiens d’aujourd’hui) ou sonCours familier de littérature (1856-1869) à côté de textes plus réussis mais mineurs comme Le Tailleur de pierre de Saint-Point (1851). Son dernier grand poème La Vigne et la Maison est écrit en 1857. Alphonse de Lamartine meurt en 1869 presque octogénaire et repose dans le caveau familial au cimetière communal, le long du mur du parc du château de Saint-Point qu’il a habité et transformé depuis 1820.

Le lyrisme associé à une expression harmonieuse fait la qualité des meilleurs poèmes de Lamartine, la partie la plus marquante de son œuvre étant constituée par les poèmes pleins de sensibilité inspirés par Julie Charles, avec les thèmes romantiques de la nature, de la mort, de l’amour (Le LacL’IsolementL’Automne…) mais l’œuvre – immense : 127 volumes – est parfois, dans sa forme, considérée comme vieillie. Admiré et salué par toute la génération, romantique (Victor Hugo, Nodier, Sainte-Beuve), Lamartine est parfois jugé plus sévèrement par les générations suivantes : Flaubert parle de « lyrisme poitrinaire » et Rimbaud écrit : « Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille » (Lettre du voyant). Lamartine reste cependant largement – et légitimement – admiré pour la puissance de son génie poétique et compte indiscutablement parmi les plus grands poètes français du 19ème  siècle.

 

 

 

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Les Favoris des Rois

Posté par francesca7 le 28 janvier 2014

 

  

170px-Anjou_1570louvreAu bout de deux ans de règne, les mignons sont une vingtaine à graviter autour du roi. Ces jeunes que le roi appelle volontiers « ma Troupe » sont des fils de gentilshommes jouant un rôle de premier plan dans les provinces, employés de manière à renforcer l’autorité royale en France. Les mignons forment un groupe où doit régner la fraternité, l’amitié et l’égalité, servant à orner «sa majesté ». Le roi exige la fidélité à sa personne, l’exclusivité et une présence assidue.

Leur mission

Les mignons commencent par obtenir des charges de gentilshommes ordinaires de la chambre, puis gravissent les échelons et reçoivent pour certains des commandements militaires comme capitaines, maitres de camp, commandant de compagnie d’ordonnance ou de régiment d’infanterie ou de chevau-légers pour d’autres, afin de refidéliser la noblesse de province. Pourtant, dans ces régions, ils ne peuvent s’imposer, mal acceptés, voire repoussés par les anciens en place qui ne veulent pas céder leur poste.

Mais leur principale mission est de faire face aux autres partis concurrençant l’Etat, notamment en détournant la noblesse passant chez Monsieur (le frère du roi) ou chez les Guise.

En fonction du degré de confiance, certains favoris sont admis au Conseil d’Etat (gestion de la politique quotidienne de la monarchie) ou au Conseil des Affaires nommé Conseil Secret où sont prises les véritables décisions politiques. Ils reçoivent alors des missions spéciales telles des négociations importantes, un rôle d’ambassade vers les Guise, l’intermédiaire entre le roi et la reine mère, la rédaction du courrier et des dépêches. Les premiers à y participer sont Saint Luc, Joyeuse, Villequier participant aussi au Conseil des Finances, avec d’O responsable des finances royales, Epernon prend le titre de Conseiller d’Etat et des Affaires en 1582.

Les faveurs accordées

Bien sur, ils reçoivent les revenus de leurs charges de base, mais le système de faveur ne repose par sur un statut social, ni sur des charges officielles mais sur le lien affectif et sur la fidélité. Les dons et gratifications pour services rendus prouvent la faveur auprès du roi. Ainsi, les jeunes obtiennent des terres et les parents de grandes charges en province, afin de consolider le pouvoir et de contrôler les opposants au régime dans les régions de France.

Pour augmenter les alliances dans les provinces, et surtout en fonction du mérite des mignons (ce qui prouve leur ascension rapide), le roi leur propose des mariages considérables comme ce fut le cas pour Caylus, Saint Sulpice et Saint Mégrin. C’est une distinction par rapport aux autres gentilshommes et Monsieur tente souvent de faire échouer ces mariages pensant perdre sa noblesse de province, ceci entrainant les duels entre mignons.

Et pourtant, la majeure partie des mignons sont perclus de dettes. Saint Luc et François d’O sont les seuls de cette génération à s’en sortir financièrement grâce à leurs postes de gouverneurs et les revenus d’abbayes…en contrepartie, ils devaient aussi faire des prêts importants à l’état, d’O et le futur prévôt Richelieu s’y sont ruinés sans jamais être remboursés. Les mignons devant « paraître » ont énormément de dépenses somptuaires, se créant des maisons avec laquais et intendants, menant un train de vie au-dessus de la norme, mais ils n’ont pas de revenus suffisants n’ayant pas de charges importantes à leur nom en province. Le roi leur offre quelques fois des gratifications, dont ils ne pourront pas profiter…ils meurent trop jeunes !

Les rivalités entre mignons des deux partis jusqu’au fameux duel.

Les Favoris des Rois dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-Jacques-d-AlbonNous l’avons vu plus haut, il y a une rivalité récurrente entre Henri III et son frère et par contre coup, une rivalité constante entre les mignons des deux partis et des combats incessants, entrainant la disparition des mignons à partir de 1575 jusqu’au fameux duel collectif de 1578. La cohabitation à la cour est difficilement vivable en hiver, au retour de guerre, la violence s’exprime par des envies de combattre. Les mignons rivalisent aussi pour conserver la faveur du roi et cela devient une lutte de tous les jours. Le duel est une sorte de dévouement personnel, mais dans le cas présent, cette mort collective est plus grave, les mignons sont animés d’une communauté d’esprit, ils se sacrifient et meurent en martyrs, mais l’honneur est lavé !

Le mois de janvier 1578 se passe en harcèlement entre Bussy le « champion » de Monsieur et Gramont l’un des mignons du roi. Les mignons forment alors un groupe composé de Gramont, Saint Luc, Caylus, Saint Mégrin, Mauléon, Livarot, Maugiron, auquel se rajoutent début février d’O, les frères Schomberg et Joyeuse. Après quelques attaques, Bussy réclame justice, Caylus est condamné officiellement, mais tout dégénère après le mariage de Saint Luc où Monsieur ne se présente pas puisqu’il quitte la cour. Suite à une nouvelle querelle entre Caylus et Entraguet, un groupe de six mignons appartenant au roi et à Monsieur, s’affrontent le 26 avril 1578, journée appelée « la journée des pourceaux » sur le Marché aux chevaux près de la porte Saint Antoine.

Caylus, Maugiron et Saint Mégrin sont enterrés avec de grands honneurs. Ronsard chante leurs louanges, des sonnets sont gravés sur les tombeaux, les éloges sont exprimés en terme de beauté, vaillance, courtoisie, honneur, vertu. Le roi entend assimiler les défunts aux dignitaires du royaume, voire aux enfants royaux et fait installer des mausolées en marbre dans l’église Saint Paul, qui seront détruits par le peuple en janvier 1589, sous l’impulsion de prédicateurs ; ces honneurs rendus accentuent la dégradation de la popularité du roi.

Le roi est abattu, a beaucoup changé et va restreindre le nombre d’individus autour de lui. Il souhaite n’avoir plus que deux interlocuteurs à qui il confie des missions politiques.

C’est la fin du groupe de jeunesse et les derniers favoris Souvré, Châteauvieux, Guiche et Beauvais-Nangis qui étaient au siège de La Rochelle, qui ont suivi le roi en Pologne, qui n’ont obtenu que des charges de gentilhomme de la chambre constituent la « cabale contraire » pour contrecarrer la puissance d’un nouveau groupe montant dénommé les « archi-mignons ».

Les archi-mignons

A partir de 1581, date de la disgrâce des anciens, c’est une période de paix dans le royaume et le roi, qui depuis 1577 s’est attaché un petit groupe de trois personnes Anne de Joyeuse d’Arques et ses frères du Bouchage, Jean Louis de Nogaret de La Valette et ses frères, ainsi que François d’O, se sent bien, est serein, équilibré, en bonne santé, est à nouveau accessible à la noblesse. Compagnons de la vie privée du roi, ils le suivent partout, le servent à table,  l’accompagnent dans les réceptions et les cérémonies publiques et permettent le maintien d’un équilibre entre vie privée et vie publique d’Henri III. Malgré tout, ils font office de rempart face aux quémandeurs et tout le monde doit passer par eux pour obtenir ne serait-ce qu’un entretien avec le roi.

Leurs missions

Servant d’intermédiaires entre le roi et la noblesse, ils cumulent les charges de la cour, avec des responsabilités officielles administratives et des commandements militaires identiques pour éviter les dissensions, à la différence des premiers mignons. Tous deux nommés premier gentilhomme de la chambre en 1582, au service constant du roi, ils ont accès aux appartements privés même en l’absence du roi. Ayant un rôle de courtier du pouvoir et d’agent d’exécution du roi, ils doivent subvenir aux besoins de leurs maisons, de leurs compagnies en temps de campagne, prêter à l’état, acquérir une clientèle et offrir leur protection à des poètes, des lettrés, des gens d’Eglise important pour les sermons et les prêches, racheter des charges aux opposants (surtout aux ligueurs) et à eux de redistribuer les honneurs.

Leur implantation en province est quasi impossible. Tout comme les mignons, Joyeuse et Epernon auront du mal face aux Montmorency et aux Navarre, car pour y arriver, il faudrait rester en permanence dans les régions mais leur position dépend de leur fidélité et de leur présence permanente auprès du roi.

Parmi les recrutements réalisés, Epernon a constitué la troupe des « Quarante-Cinq » en décembre 1584, originaire du Sud-ouest. En effet, à partir de 1584, le roi se sent en insécurité ; en 1586 des placards sont collés dans Paris menaçant de mort le roi. Les Quarante-Cinq sont attachés en permanence au roi avec mission de surveiller les membres de sa maison, mais doivent palier aux frais de leur compagnie.

Les faveurs

Placés au dessus de leur noblesse d’origine, les terres des archi-mignons sont élevées en duchés-pairies, pour attirer la noblesse face à la montée en puissance des protestants, du parti de Monsieur et de la menace lorraine.

C’est aussi l’occasion de grands mariages octroyés pour les archi-mignons : Joyeuse réalise une alliance dans le nord contre Montmorency et la Ligue, en devenant le beau-frère du roi ; Epernon dans le sud pour maintenir le côté protestant contre les Guise ; les frères de chacun auront droit également à des alliances de choix, avec obligation pour eux de service auprès du roi. Les deux archi-mignons seront aussi en parenté, le frère d’Epernon ayant épousé la tante de Joyeuse.

135px-Artus%2C_Thomas-Les_Hermaphrodites%2C_1605 dans FONDATEURS - PATRIMOINELa fin des archi-mignons

Dès que Joyeuse est envoyé en campagne, Epernon en profite pour se rapprocher du roi. Il reçoit des missions de confiance vers Navarre dès 1584, puis vers les Guise. Les rivalités naissent et Joyeuse commet l’erreur de se rapprocher de la Ligue en 1587, perdant son crédit auprès d’Henri III. Joyeuse n’a plus qu’une solution : combattre victorieusement les huguenots à Coutras en septembre 1587. S’il gagne, il rentre en grâce et peut chasser Epernon…mais il perd le 20 septembre : en trois heures de temps, l’armée royale est défaite, Joyeuse meurt.

Joyeuse est ramené à Paris en mars 1588, son effigie est exposée dans une salle de parade, revêtue d’un habit de pénitent, pendant trois jours ; un repas funéraire est organisé où l’effigie est assise. Le dernier jour Epernon et le roi lui rendent des honneurs funèbres, l’effigie étant placée dans une chapelle ardente avec requiem et oraison le lendemain. Joyeuse est un « chevalier mort pour la foi, considéré comme un archi-martyr ».

A partir de ce moment, Epernon est seul courtisan et tous les espoirs mis sur Joyeuse vont vers lui. Il n’a plus de limite et réussit à se mettre à dos tous les conseillers du roi qui demandent son éloignement dès mai 1588, à tel point que les Grands sont « prêts à mourir pour le roi » à condition qu’Epernon soit disgracié. Il se réfugie en Navarre avant d’être arrêté.

Le dernier favori

Le roi remanie son gouvernement, se débarrasse de tous les anciens placés par sa mère et curieusement s’entoure de gens poussés par Epernon, dont Roger II de Bellegarde, dernier favori.

Bellegarde s’occupe de la vie domestique du roi, celui-ci ayant besoin d’un confident disponible à ses côtés. Fin 1588, le roi reprend en main la distribution des charges, surtout celles d’Epernon, renoue avec les gentilshommes des provinces, tente de s’attacher le duc de Nevers (seul militaire capable) qu’il pousse à s’introduire parmi les catholiques. Nevers refuse, en découle l’assassinat du duc de Guise. Nevers meurt en 1595 à 56 ans avec tous les honneurs dus à un excellent militaire.

La fin de l’âge d’or des favoris

C’en est fini des mignons et archi mignons. Pourtant frères et cousins des mignons d’Henri III sont à la base de l’aristocratie du début du XVII è siècle, la faveur du roi ayant attiré des lignages anciens vers la capitale, servant dans l’armée et formant la vraie noblesse de cour autour de Louis XIII. A l’avènement du Roi Soleil, en 1661, c’est définitivement la fin de l’âge d’or des favoris en France.

Pour aller plus loin  - A Lire :

 « La faveur du roi, Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589)» – Nicolas Le Roux

« Fortune de France » – Robert Merle

« La Guerre des Trois Henri » – Jean D’Aillon

« La Dame de Monsoreau » et les « Quarante-cinq » – Alexandre Dumas

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Les femmes de Charlemagne

Posté par francesca7 le 28 janvier 2014

 

Charlemagne-by-DurerQu’évoque le nom de Charlemagne dans la mémoire de chacun ? Le célèbre sacre qui le fit empereur d’occident en l’an 800 mais ce qu’on sait moins c’est que sans les femmes qui ont traversé sa vie, il n’aurait peut-être jamais occupé une situation aussi importante. Il serait peut-être resté simple roi des Francs comme son père Pépin le bref, si sa mère Berthe au grand pied, charmante et ambitieuse personne, n’avait rêvé pour lui d’un autre destin.

Par bonheur, Charlemagne ne pouvait se passer de compagnie féminine. Il eut cinq femmes voire six et plusieurs concubines officielles qui toutes contribuèrent peu ou prou à faire de lui cet homme fort audacieux, diplomate et cultivé dont nous parlent les historiens. Toutes en effet exercèrent une influence sur sa politique, ses idées, ses mœurs, ses décisions militaires, la conduite de ses finances… Elles lui firent entreprendre par leur diplomatie et autres charmes féminins d’étonnants exploits. C’est dire si les femmes sont habiles !

Il faut ici rectifier les faux clichés qui enjolivent l’histoire à propos du physique de Charlemagne : pas de barbe fleurie (flori en latin veut dire éclatant) d’après le biographe Eginhart « la vie de l’empereur Charles grand ». Il était très grand, 1m 90, avec un visage rond, des yeux vifs et malins un grand nez une épaisse et longue moustache à la mode Franque et les cheveux coupés au bol mais encore une fois pas de barbe. C’était un grand chasseur, un très bon nageur, bref unsportif fait pour la vie en plein air. On aurait pu attribuer à pareille constitution une forte voix tonitruante mais il aurait eu un timbre fluet. Cela dit il plaisait beaucoup aux femmes et sa vie amoureuse aurait pu à elle seule faire l’objet d’un roman !

Epouses et concubines

A l’âge de 18 ans il épouse Himiltrude en 767, jolie personne vertueuse et effacée qui l’aida à se débarrasser de sa gaucherie mis supporta tant bien que mal les ardeurs de son époux. Elle lui donnera deux enfants dont Pépin le bossu mais sera répudiée en 769 au bénéfice d’un mariage plus flatteur préparé par sa mère avec une princesse de Lombardie, Désirée, qu’il épouse en 770 pour des raisons politiques ou l’amour n’avait aucune part, Désirée étant, malgré un nom prometteur sans charme terne et laide. Charles s’empressera de la répudier pour cause de stérilité et la renverra chez son père à Pavie avec sa suite et ses effets.

téléchargement (3)C’est alors qu’il rencontre une jeune Souabe de treize ans, la gracieuse Hildegarde de Vintzgau, dont le charme et la beauté l’éblouiront. Il l’épousera en 772, conscient d’avoir enfin trouvé la compagne rêvée : fine, gaie, ardente et vigoureuse. Lui qui était encore méfiant, embarrassé et timoré dans ses décisions sera complètement transformé par cette jeune femme pleine d’entrain qui jouera un grand rôle dans sa vie (sinon le plus grand). Lorsqu’il organise sa 1ère expédition contre les Saxons, Hidegarde dont il ne pouvait se passer le suivit durant toute sa campagne lui promulguant sagesse et amour.

B. Haureau cîte dans Charlemagne et sa cour « la touchante simplicité d’Hildegarde et l’agrément de son commerce corrigèrent cette sauvage vivacité qui fait de bons soldats mais ne peut faire de bons rois.

Pendant des années dans des chariots inconfortables tirés par des bœufs la jeune reine courut avec son époux les chemins mal dessinés d’un empire en formation. Il faut dire que Charlemagne avait l’habitude de faire suivre toute sa famille dans ses moindres déplacements : femmes, enfants serviteurs tout le monde était du voyage. Cela n’empêcha pas Hildegarde de donner neufs enfants à son cher époux : quatre fils Charles, Pépin, Louis (futur Louis le Pieux), Lothaire son jumeau et cinq filles : Adélaide, Rotrude, Berthe, Gisèle et Hildegarde. Mais les épouses et les concubines de Charlemagne ne se contentaient pas de filer la laine au coin du feu ! Elles avaient en charge l’administration de la maison et des domaines de l’état. C’est elles qui géraient les affaires économiques et dépenses royales. C’étaient de grandes responsabilités dont certaines s’acquittèrent avec succès. Après onze ans de cette vie exténuante, Hildegarde épuisée aussi par ses grossesses mourut à l’âge de 24 ans en 783 en donnant naissance à la petite fille qui devait porter son nom. Tous la pleurèrent le peuple autant que le roi désespéré.

Quelques temps plus tard il épousait néanmoins la fille d’un comte franc l’altière et belle Fastrad sa quatrième épouse. Au contraire d’Hildegarde, elle devait avoir une influence déplorable sur Charles : foncièrement méchante, envieuse, cruelle, elle le poussait sans cesse à punir et persécuter tous ceux qui avaient le malheur de lui déplaire. Tous les prétextes lui étaient bons pour exercer ses sournoises manigances. Elle fit ordonner des sanctions, tortures et exécutions massives. Par faiblesse devant cette femme intraitable qui d’ailleurs fut la seule à ne pas le suivre dans ses expéditions, Charlemagne commit des erreurs dont profitèrent ses ennemis. Un complot se forma mené par son propre fils Pépin le bossu destiné à supprimer Charles et Fastrad.

Ce complot échoua de très peu, tous les conjurés furent mis à mort. Quant à Pépin il fut tondu (ce qui était un signe infamant à l’époque) et jeté dans un couvent pour le reste de ses jours malgré Fastrad qui demandait sa mort. Charlemagne aurait peut-être ouvert les yeux sur les agissements de son épouse, mais celle-ci eu la bonne idée de trépasser ! Elle avait eu le temps en dix ans de lui donner deux filles et de faire beaucoup de dégâts.

L’ange et le démon

Ces deux épouses, à l’opposé l’une de l’autre, marquèrent leur temps chacune à sa façon : l’une sut se faire aimer pour son calme sa chaleur son amabilité l’autre fut haïe et redoutée pour son orgueil, sa froideur et son extrême cruauté très mérovingienne.

Aussitôt débarrassé de cette mégère, le roi se chercha une compagne plus reposante. Il la trouva en la personne de Liutgard d’Arémanie, belle jeune fille de 18 ans aux longues tresses blondes dont la douceur l’avait séduit. Il l’épouse en 794, et retrouve à son contact une nouvelle jeunesse. Il faut dire qu’il était à 59 ans doté d’une grande prestance, et passait pour le plus bel homme de son époque si bien que Liutgard en fut très amoureuse.

Pendant ces années de bonheur conjugal se succédèrent les événements qui devaient l’amener à la cérémonie du sacre de Rome. Las ! Il ne put partager ce moment extraordinaire avec sa belle épouse car celle-ci mourut sans descendance peu de temps avant. Ironie du sort, cet homme qui ne pouvait vivre sans femme fut seul sans épouse au jour de sa plus grande gloire ! A partir de ce moment, Charlemagne arrivé au faîte du pouvoir n’eut plus que de nombreuses concubines : le terme « concubine » dans les textes anciens pourrait signifier que celles-ci étaient peut-être en fait des épouses.

Dans l’antiquité Romaine et jusqu’aux Carolingiens, on nommait concubine une épouse légitime du point de vue des lois civiles et religieuses, droit impérial et droit canon, mais qui n’était pas de naissance égale. Ce pouvait être une fille noble, mais si un fils de roi épousait une femme qui n’était pas fille de roi, cette femme même noble était dite concubine. Maldegard fut donc la concubine de Charlemagne suivie de Gersvind qui fut très efficace dans les fonctions de gestionnaire et suivit également son compagnon à la guerre et à la chasse au taureau sauvage. Elle fut la seule à porter le titre d’impératrice.

Toute sa vie, cet homme vigoureux qu’était Charlemagne avait fait montre d’une virilité peu commune, mais il devint avec l’âge un véritable paillard. Il ne pouvait voir une femme sans se livrer sur elle à d’impudiques extravagances! Il eut encore deux autres concubines : Régina et Adelind. Il est impossible de dénombrer toutes celles qui croisèrent sa route, ni le nombre exact des enfants issus de ses habitudes libertines !

Berthe au grand pied ne s’était pas trompée quand elle eut la prescience d’un grand destin pour son fils, mais elle n’aurait pas supposé qu’il atteindrait cette ampleur. Lorsqu’il mourut en 814 à l’âge de 72 ans, nombre de femmes durent le pleurer.

Bibliographie non exhaustive :

-       Charlemagne de Georges Minois, Edtions Perrin 2010

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Expression : A corsaire, corsaire et demi

Posté par francesca7 le 26 janvier 2014

tableau-barbenoireLe mot « corsaire » a été emprunté à l’italien « corsaro » lui même dérivé du latin « cursus », « course ». Le mot « corsaire » est attesté du xve siècle au début du xvie siècle) mais le terme de pirate était encore utilisé comme synonyme à la fin du Moyen Âge, d’où la confusion entre les deux acceptions. On vivait alors la « Guerre en Dentelles » et il est arrivé qu’un capitaine corsaire n’ayant pas le nombre d’hommes suffisant, fasse payer directement au capitaine ennemi la rançon de son navire et de son équipage et même les libère avec promesse de rendre des prisonniers en échange.

Garneray raconte dans ses souvenirs, qu’un capitaine britannique qui s’était rendu sans combattre, montant à bord du navire français pour la reddition, constatait que les Français étaient peu nombreux ; il déclara que s’il avait su, il aurait combattu et que les Français ne l’auraient pas pris. Comme son ton méprisant agaçait le capitaine corsaire français, celui-ci déclara qu’il n’avait qu’à remonter sur son navire et qu’on allait donc combattre. Selon Garneray, le Britannique devint tout pâle et n’insista pas. 

L’expression signifie qu’Il faut se montrer plus audacieux que celui qui nous attaque

Effectivement, vis-à-vis d’un homme agressif qui a la dureté et l’audace d’un corsaire, il faut se montrer encore plus agressif et plus audacieux, opposant ainsi à cette espèce de corsaire un autre corsaire et demi.

Le mot corsaire nous est venu de l’espagnol corsario, qui lui-même dérive de corsacourse, mot italien et provençal en même temps. Cette expression s’appliqua d’abord aux vaisseaux des pirates du nord de l’Afrique qui, partant des Etats barbaresques, couraient sur la mer Méditerranée, après les vaisseaux des chrétiens non pour les convertir à l’islamisme, mais pour s’emparer des personnes et des cargaisons.

On a donné, par la suite, le nom de corsaires aux brigands qui montaient ces bâtiments, moins grands que d’autres, mais très bons voiliers. Au XVe siècle on écrivait coursaire et l’on peut être à peu près certain que cette locution proverbiale ne devait pas remonter beaucoup au-delà.

 

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EXPRESSION DE NOS ANCIENS : Aller sur le pré

Posté par francesca7 le 26 janvier 2014

Ces mots signifient : Aller se battre en duel

350px-FrzDuellImBoisDeBoulogneDurand1874En voici l’origine : près de l’église Saint-Germain des Prés, sur la rive gauche de la Seine (dans remplacement situé entre les rues de Seine, des Saints-Pères et Jacob), se trouvait un grand pré sur lequel, dès l’année 1163, les écoliers qu’on nommait clercs, au Moyen Age, allaient prendre leurs ébats et s’amuser : on l’appela donc, à cause de cela, le Pré aux clercs.

Mais le voisinage de ce pré, situé près, de l’église, était une cause perpétuelle de querelles entre les gens de l’abbaye et les écoliers : de là, des rixes et des luttes dans lesquelles le sang ne coulait que trop souvent. L’abbé avait beau porter plainte à l’Université contre les écoliers, rien n’y faisait, car celle-ci les soutenait. Plus tard, les écoliers prirent de tels airs de maîtres et devinrent si bruyants que les habitants du quartier voulurent, à leur tour, les chasser de ce pré. Ceux-là se défendirent et le sang fut de nouveau répandu. Cet état de choses dura plusieurs siècles.

Il y avait contigu à ce Pré aux clercs un autre pré, situé également près des murs de l’abbaye, où avaient lieu les combats judiciaires. Sous Henri IV, il devint le rendez-vous des amateurs de duels. Or, les duels étaient si fréquents en France que ce prince publia des ordonnances, afin de les faire cesser. Déjà, en 1260, saint Louis avait rendu contre les duellistes une ordonnance qui fut renouvelée par Philippe le Bel. En 1679, Louis XIV établit dans toute la France des Juges du point d’honneur auxquels tous ceux qui avaient reçu quelque offense pouvaient recourir pour obtenir, par leur médiation, une réparation quelconque. La satisfaction et la réparation étaient graduées selon la qualité et la gravité des offenses. Les combats singuliers n’en devinrent pas moins fréquents ; cependant les lois de Louis XIV avaient produit quelques bons résultats. On se buttait alors pour être coudoyé, pour une contradiction quelconque ; en voici un exemple :

« Un homme contrefait était au parterre d’un théâtre (on s’y tenait alors debout et l’on était très pressé). Son plus proche voisin, lui dit d’un ton goguenard : Votre éminence me gêne beaucoup. Ces mots à double sens excitent le rire : Mille pardons, Monsieur, repartit celui-ci,mais je suis désespéré de n’être pas aussi plat que vous. Les voisins de rire plus fort et les deux champions d’aller se battre. »

Voici un autre exemple d’un duel qui finit d’une façon toute pacifique et même comique : « Deux officiers du palais (1819) se prirent un jour de querelle et se portèrent sur le pré (il faut dire que tous deux étaient excessivement laids). Arrivés au lieu du combat, les épées tirées, l’un d’eux, regardant en face son adversaire, lui dit : Je fais une réflexion, je ne me battrai pas avec vous. (Et il remit son épée dans le fourreau.) – Comment, Monsieur, qu’est-ce que cela signifie, lui dit l’autre officier ? – Cela signifie que je ne me battrai pas avec vous, je vous en fais toutes les excuses possibles ; j’ai une raison insurmontable pour ne pas me battre avec vous. – Mais, Monsieur, peut-on la savoir ? – Elle vous fâcherait. – Non, Monsieur. – Vous me l’assurez ? – Oui, je vous l’assure. – Eh bien ! Monsieur, la voici : c’est que si nous nous battions, selon toutes les apparences je vous tuerais et je resterais alors le plus laid du royaume. » Son adversaire ne put s’empêcher de rire et les deux duellistes revinrent à la ville bons amis.

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Histoire du Calembour

Posté par francesca7 le 26 janvier 2014

 

 
 
220px-Poster_by_Grün_for_the_Café_Riche,_Paris,_1898A coup sûr, il vous est arrivé maintes fois d’assister à une conversation où de temps en temps, éclataient, comme des fusées radieuses, des mots ailés, pittoresques, qui provoquaient un sourire adouci ou une joyeuse exclamation ; mais tout d’abord vous ne découvriez pas le sens véritable, parce qu’il se dissimulait derrière le sens naturel. De quoi s’agissait-il donc ? D’un calembour, qui prend véritablement naissance sous la Renaissance.

Le calembour ! Beaucoup d’écrivains l’ont combattu à outrance : « diseur de bons mots, geignait Pascal le grincheux, mauvais caractère » ; « c’est l’éteignoir de l’esprit ! » clamait Voltaire et bravement il conseillait à Mme du Deffand, de chasser de son salon « ce tyran si bête qui usurpe l’empire du grand monde » ; Victor Hugo, dans un accès sans doute de noire mélancolie, l’a appelé « la fiente de l’esprit ». Mais d’autres, dont le jugement à coup sûr, peut être placé sûr le même rang que celui de Victor Hugo, de Voltaire et de Pascal, ont montré la plus grande sollicitude et la tendresse la moins équivoque envers le calembour. Ainsi Balzac, Monge, Piron, Rabelais, Dante, Shakespeare. Le marquis de Bièvre ne souhaitait rien tant que de mourir en faisant un calembour.

Qu’est-ce que le calembour ? A vrai dire la définition est difficile à donner, mais chacun sent fort bien ce qu’il faut entendre par là. Ce mot a été mis à la mode par le marquis de Bièvre. Quelques auteurs le font venir du composé italien, calumaju burlure, qui signifie badiner avec la plume. Quoiqu’il en soit, disons simplement, sans faire davantage étalage d’érudition, que le calembour c’est un équivoque, un jeu de mots dans lequel se complaisent les esprits ingénieux.

Remontez les siècles écoulés, consultez les annales de tous les peuples ; allez au Nord, au Midi, à l’Orient, vers les régions où le soleil se couche, vous le rencontrez partout. En Égypte, en Grèce, à Rome, le calembour est une véritable épidémie.

Mais de l’aveu de tous, c’est en France que plus qu’ailleurs, l’esprit court les rues. Est-il étonnant que beaucoup l’aient saisi au passage et en aient émaillé leurs conversations ? Au Moyen Age, on fut trop batailleur pour s’adonner à ce frivole passe-temps de faire des jeux de mots. Mais à la Renaissance, sous le règne de François ler, le jovial compère, et de ses descendants, qui avaient hérité de lui le penchant à la gaudriole et à la vie facile, plutôt que l’intrépidité chevaleresque, le calembour eut des jours superbes et un renouveau qui n’a fait jusqu’à cette heure que croître et embellir.

Rabelais, l’immortel Rabelais, qui n’eut jamais d’autres préoccupations, après un bon dîner, que de favoriser pieusement sa digestion, en écrivant ses livres exubérants de verve, et en faisant assaut de pointes avec des compères aussi joyeux que lui, brandit d’une main ferme l’étendard du calembour. Il eut de nombreux imitateurs, même parmi le menu peuple, à telles enseignes que l’épicier, si peu en vue qu’il fût, si enterré qu’il fût au fond de la province la plus éloignée, prenait pour enseigne : « A l’épi scié ». Ne soyons pas trop étonnés que le charmant curé de Meudon, en dépit de sa soutanelle, ait cultivé « les joyeux devis » ; car enfin de plus hauts personnages que lui, même dans la cléricature, ne s’en sont pas privés.

On connaît le calembour classique que notre vieux conteur a fait au livre V de la Vie de Pantagruel et de Gargantua : « Le grand Dieu, dit-il, fait les planètes ; nous faisons les plats nets. » Beaucoup de maîtres d’hôtel riraient bleu devant un pareil jeu de mots, si tous leurs convives, en le prenant pour devise, le mettaient sérieusement en pratique. Enfin, l’impulsion était donnée désormais le calembour ne s’arrête plus. Il marche à pas de géants.

Henri IV visitant une fois son arsenal, un seigneur lui demanda si l’on pouvait trouver au monde d’aussi bons canons que ceux qu’ils voyaient là : « Ventre Saint-Gris ! répondit le roi, je n’ai jamais trouvé de meilleurs canons, que ceux de la messe. » Arrivons à l’âge d’or du calembour, c’est-à-dire au marquis de Bièvre. C’est lui, en effet, qui a créé une révolution dans le calembour ; comme Malherbe l’avait créée dans la littérature. On met à la charge du marquis mille calembours plus amusants les uns que les autres.

M. de Bièvre avait une cuisinière appelé Inès. Comme elle brisait chaque jour une pièce de vaisselle, le spirituel marquis l’appelait plaisamment lnès de Castro (casse trop). Le marquis de Bièvre avait, sur le chapitre qui nous occupe, un partisan parfaitement digne de lui, dans Louis XVI. « A quelle secte, monsieur le marquis, lui dit un jour le roi, appartiennent les puces ? » « A la secte d’Epicure (des piqûres) répondit triomphalement de Bièvre. » A votre tour, sire : « De quelle secte sont les poux ? » « Parbleu, s’écria le roi, voilà qui n’est pas malin ; de la secte d’Epictète (des pique-têtes).

Même sous la Révolution, tandis que l’échafaud était dressé sur les places publiques et était sans cesse en mouvement, coupant des têtes jeunes et chenues de jeunes filles ou de ci-devant nobles, d’ouvriers en bourgeron ou de paisibles habitants des campagnes, l’esprit en France ne perdait pas ses droits et le calembour déridait un instant les fronts moroses à la pensée des tueries de la veille et de celles du lendemain.

Il monte sur l’échafaud avec le patient, après qu’il s’est assis avec lui au tribunal révolutionnaire. Le suspect Martinville comparaissait devant Fouquier-Tinville. L’accusateur public s’obstinait à l’appeler de Martinville. « Pardon, interrompt l’accusé, je suis ici non pour être allongé, mais pour être raccourci ! » Qu’on l’élargisse ! » dit alors Fouquier-Tinville, frappé de cette réponse audacieuse ; et l’accusé fut épargné.

Si la Terreur n’a pas mis des entraves au calembour, pensez si le Consulat et l’Empire lui ont coupé les ailes. Alors tout était à la joie. On sortait d’un affreux cauchemar et la Victoire nous souriait sous tous les climats, sur tous les rivages. Quel temps plus propice aux feux d’artifice de la place du Trône et à ceux qui éclatent soudain parmi les accidents mouvementés de la conversation ! Il n’est pas jusqu’au futur empereur qui, parmi le crépitement de la fusillade et les préoccupations d’un siège ou d’une bataille, ne s’amuse à faire des pointes agrémentées d’équivoques charmantes.

L’armée française, sous la conduite de Bonaparte, était arrivée en quelques bonds, qui étaient autant de triomphes, sous les murs de Milan. Le siège de la ville italienne était poursuivi à outrance. Un soir, l’illustre capitaine avait réuni autour de lui tout son état-major et lui imposait ses plans, pour amener promptement la reddition de la place. L’état-major demeurait sceptique. Les vieux officiers murmuraient dans leurs barbes ou se prenaient à sourire, quand soudain, l’un d’entre eux se prit à dire :

— Vous êtes jeune, général, et…

— Oui, je suis jeune, interrompt Bonaparte, encore imberbe ou à peu près ; mais demain, j’aurai Milan (mille ans).

TragicComicMasksHadriansVillamosaic.jpgAu début du XXe siècle, le calembour est dans la force de l’âge. Non seulement. comme jadis, il hante les conversations, mais il s’est faufilé partout, dans les journaux, dans les revues à caricatures, même dans celles qui se drapent dans une tenue grave et qui portent le frac solennel ou l’habit vert, dans les pièces de théâtre, au café-concert, dans l’almanach, partout enfin. Des feuilles spéciales n’existent-elles pas, où, depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage et jusqu’au galetas, le calembour a élu domicile, excluant toute autre production de l’esprit ? Il semble alors nous ayons un besoin réel et pressant de nous étourdir parmi le cliquetis de bons mots et les fusillades d’esprit.

Tous les. genres littéraires ont subi, peu ou prou, l’influence de l’esprit nouveau. Le calembour ne pouvait pas demeurer non plus enfermé dans sa vieille chrysalide. Il l’a donc brisée et s’est métamorphosé en un genre nouveau, qui tient à la fois du calembour et de la satire ; genre éminemment français, alerte, pimpant, primesautier et capiteux, autant que le vin de Champagne de la meilleure marque.

(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1901)

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la Pyramide d’Autun en Saône et Loire

Posté par francesca7 le 25 janvier 2014

 

Autun est le chef-​​lieu du dépar­tement de la Saône-​​et-​​Loire, dans la Région Bour­gogne. Cette ville, d’environ 15 000 habi­tants, était autrefois une ville romaine de la pre­mière impor­tance, plus grande que le Dijon antique. Augus­to­dunum, sur­nommé « sœur et émule de Rome », signifie « la for­te­resse d’Auguste », du nom de l’empereur romain qui l’a fonda durant son règne, au premier siècle avant Jésus-​​Christ (entre -24 et -14).

Dans le village de Couhard, en Saône-​​et-​​Loire, dans la région Bour­gogne, unepyramide de près de 25 mètres de haut s’élève au-​​dessus de la cité médiévaled’Autun, en contrebas.

La pyramide d’Autun porte plus « pudiquement » le nom de « Pierre de Couhard » du nom du hameau où elle se trouve. J’insiste sur l’appellation : « pyramide » car pour moi il n’y a aucun doute… elle en possède bien plusieurs caractéristiques nous dit l’auteur : Antoine Gigal – spécialiste des pyramides égyptiennes.

Cette pyramide est datée plus ou moins officiellement du 1er siècle. Elle est située sur un tertre en bordure de la fille fortifiée d’Autun en Bourgogne, l’ancienne cité d’Augustodunum fondée, nous dont-on en -15 av. JC pendant le règne d’Auguste (27-14 avec J.C).

La Pyramide de Couhard, face Sud-Ouest

on suppose que la ville d’Autun fut construite par les Romains pour compenser l’abandon d’une grande cité voisine : Bibracte, et récompenser certains Gaulois. Nous verrons que rien n’est mon  sûr. La pyramide mesurait 33 m de haut à l’origine, avec une base parallélépipédique, des fondations et des pierres d’angles. Elle était anciennement recouverte de marbre blanc (ou pour certains d’un magnifique parement de calcaire blanc). Des plans datant de François 1er confirment bien le revêtement de calcaire. Il fut réutilisé plus tard dans la petite église voisine de Couhard. Le tertre sur lequel est édifiée la pyramide a servi de cimetière gaulois et romain, et sous la prairie se trouvent un grand nombre se stèles funéraires. En bas vers l’est, une rivière d’au transparente coule et l’on entend le bruissement de la cascade Brisecou qui descend des monts voisins. Les monts au sud-est sont recouverts d’une épaisse forêt et d’affleurements granitiques. Au nord se dressent les remparts d’Autun.

L’histoire officielle nous dit qu’Augustodunum (Autun) fut construite pour remplacer Bibracte la capitale et oppidum (fille fortifiée) des Gaulois Eduens afin de remercier ceux-ci de leur alliance avec Rome… Celle-ci avait secouru les Eduens au IIè siècle avant JC en écrasant l’armée Arverne, puis en repoussant l’invasion Helvète en Gaulle en 58 av. J.C avec 6 légions et Jules César. Les Eduens de leur côté avaient déjà prêté main-forte à plusieurs reprises aux Romains pendant des conflits avec d’autres tribus au point de s’être fait nommer par le Sénat romain : « FRERES DE LA REPUBLIQUE » Car Romains et Gaulois Eduens avaient des intérêts communs et notamment des pactes commerciaux de grande importance. En effet, Bibracte se trouvait à un carrefour d’arrivée de marchandises très précieuses à l’époque : toutes les denrées convoitées de l’Empire Romain, en provenance du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Orient transitant par là, pour se déverser ensuite au nord de l’Europe et ailleurs. Une alliance fut établie entre certains grands commerçants Gaulois Eduens et certains riches Romains désireux de protéger leurs intérêts et prérogatives commerciales. Mais il s ne partageaient pas que cela, ils échangeaient également des connaissances.

« UNE SECONDE ROME »

la Pyramide d’Autun en Saône et Loire dans Saône et LoireA côté de notre petite pyramide se trouvent assurément des hauts lieux de la civilisation celte. Mais, fait très important : on ne date la petite pyramide d’Autun du 1er siècle après J.C que sur le seul fait qu’il est couramment admis qu’Augustodunum (Autun) n’a existé qu’à partir de son édification par Auguste (vers 15 avant J.C). or, on a retrouvé des traces d’une bien plus grande antiquité de cette cité. On a même retrouvé des inscriptions à une déesse Bibracte dans la ville d’Autun qui sera même rebaptisée Bibracte après la Révolution pendant quelque temps … La vocation d’Augustrodunum pour les Romains était de devenir une « seconde Rome » et elle devin très importante car elle était à la convergence d’une quinzaine de voies romaines comme il sied à une ancienne capitale. Autun est un lieu formidable pour une forteresse et le contrôle des axes commerciaux. Elle avait vraisemblablement une existence bien avant les Romains.   

Or, dans cette région, juste avant l’arrivée de Jules César, deux factions chez les Eduens celtes gaulois se disputaient le pouvoir : celle de Dumnorix, enrichi et renforcé par toutes les douanes et taxes de son fructueux commerce international, et celle de son propre frère le druide Diviciacos, partisan des Romains. N’oublions pas qu’étymologiquement le nom Eduen, Aedui, Aidouoi, Aedui, Hedui, provient de la racine celtique Aed : le feu, le zèle. Les Eduens sont donc : « les Ardents », « les Hommes de feu » au sacré caractère.

Dumnorix (de Dumno : monde et rix : roi) chef éduen s’allia aux Helètes en 58 av. J.C et épousé, par stratégie, la fille du roi des Helvètes, Orgétorix, favorisant ainsi leur projet d’invasion en Gaule, tout cela dans un geste de provocation contre les Romains. En effet, ceux-ci commençaient à contrôler fortement le commerce dans le sud de la France, là où s’approvisionnait également Dumnorix et cela ne lui plaisait pas bien sûr ; l’éventualité de les voir arriver du côté de Bibracte non plus. Il s’allia à une autre tribu gauloise puissante, les Bituriges, en mariant sa mère à leur chef et se mit à comploter contre César. En 54 av. JC, il empêcha la livraison de blé éduens promise à César. Or, il était vital pour les Romains d’avoir un approvisionnement abondant pour leur armée déployée tout autour du bassin Méditerranéen, qu’il fallait nourrir en toute circonstances.

Il  fut dénoncé par son propre frère le druide Diviciacos qui vit là le moyen de lui sauver la vie (ce qu’il réussit une première fois auprès de César) et de tempérer sa fougue qui mettait en danger des échanges cordiaux de plus en plus lucratifs avec les Romains. Or, dans cette histoire de la pyramide, c’est lui qui nous intéresse.. Pourquoi ? Mais parce que l’on retrouva, au voisinage tout proche de la pyramide, une médaille d’or  dédiée à ce druide portant la mention : « Gloria Aedorum druidumque », c’est à dire : «  Gloire aux Eduens ainsi qu’aux druides »… Toutefois, contrairement à ce que l’on raconte, cela ne prouve pas que cette pyramide lui était dédiée personnellement. On a longtemps cru qu’elle recelait son tombeau, alors que l’intérieur est constitué uniquement de pierres sans aucune chambre interne. N’oublions pas que tout le champ contient des épitaphes funéraires gauloises et romaines et que la médaille ne s’étant trouvé  ni à l’intérieur ni au bord même de la pyramide, pouvait faire partie d’une sépulture voisine.

UN MESOMPHALOS

Il était de coutume dans le monde celte que les druides localisent les lieux nommés : Mesophalos pour y célébrer des cultes. C’était généralement de petites collines, en périphérie de cités importantes, censées représenter un nombril du monde, un lieu où l’on procédait à des rites en rapport avec les cieux, l’homme et les profondeurs de la Terre, un lieu où l’on pratiquait également des guérisons par l’eau. Ord, le tertre de la petite pyramide correspond exactement à un Mesomphalos. De plus, un cours d’eau cristallin passe en bas ! Cela expliquerait parfaitement pourquoi, sur la médaille retrouvée, on parle des druides et des Eduens au pluriel. Personne ne note ce détail pourtant très important. En tout cas cela plaide en faveur d’une Bibracte-Augustodinum.

Nous connaissons pas mal de choses sur cette aristocratie éduenne grâce à Jules César qui, séjournant à Bibracte en 52 et 51 av. J.C décrivit les deux frères dans ses « commentaires sur la Guerre des Gaules ». Ainsi on apprend que Dividiacos (de « divin » et de « divic » : vaincre) se présenta à Rome en 63 av. JC, devant le Sénat pour négocier une aide militaire. L’attaque helvète se profilait, il lui fallait des renforts et soustraire son frère à un leadership dangereux. César nous le décrit comme le grand chef du peuple Celtique le plus puissant de la Gaule du premier siècle av. JC. Et comme un très grand diplomate. Il était effectivement très apprécié à Rome, où il séjourna chez son ami le grand Cicéron (106-43 av. JC) dans sa luxueuse villa Palatine. Cicéron connaissait certainement déjà Diviciacos, car il avait de grands intérêts commerciaux en Gaule avec son commerce de vins. En fait, le druide gaulois était surtout très ami avec le frère de Cicéron : Quintus Tullius Cicéro (102-43 av. JC). Dans un ouvrage intitulé « De la division », Cicéron nous relate les nombreux entretiens que Quintus eu avec notre druide. LE DRUIDE DIVIDIACOS.

FAUTN07

En tout cas, la petite pyramide d’Autun est parfaitement orientée et comporte des arêtes bien découpées. Je me suis aperçue aussi qu’elle avait dû être constituée d’un magnifique granit rose à l’égyptienne, avant d’avoir été dépecée et « rafistolée » avec des cailloux, car j’ai pu retrouver certaines de ces pierres gisant au sol. Après les multiples destructions et un forage en 1649 qui défigura complètement une de ses faces, elle parût encore solide bien qu’on l’eût dépouillée de ses plus belles pierres. Beaucoup la fouillèrent, espérant un vil trésor alors qu’elle est très certainement un haut lieu de culte druidique… et le symbole d’un lien avec la connaissance égyptienne. Un haut lieu symbole de vie, que l’on transforme aujourd’hui en lieu funéraire, toujours par méconnaissance et parce qu’il y a eu juxtaposition ensuite dans le temps d’éléments funéraires autour. La même chose est arrivée sur le plateau de Giza en Egypte où des sépultures de la IVè dynastie et même plus récentes sont venues occuper des lieux et des monuments beaucoup plus anciens célébrant la Vie… La Connaissance se perd très vite et la mémoire est courte !

 

LA PYRAMIDE AVAIT SON EQUIVALENT A ROME

Or, à Rome un petit monument nous interpelle, une pyramide très similaire à celle d’Autun, mais en meilleur état, mesurant 36 m de hauteur, avec des fondations en travertin et recouverte d’un marbre blanc de Carare. Il s’agit de la pyramide de Caiüs Cestius, tribun et sénateur romain. On nous dit qu’il l’a fit construire pour être sa sépulture, en 330 jours, mais cela peut être une interprétation tardive car on n’a jamais retrouvé de tombe, ni de corps, à l’intérieur juste une petite pièce rectangulaire couverte de fresques. 

Cela pouvait parfaitement être un lieu de culte surtout que l’on sait que Cestius faisait partie de l’ordre des Setemviri Epulomum et était l’équivalent d’un druide, un Epulone, prêtre en charge des assemblées et des banquets. Cestius est mort en 12 av. JC, mais la véritable date de la construction de sa pyramide n’est pas établie avec certitude. Il a pu la faire construire bien avant sa mort pour s’en servir comme lieu de culte et puis en suite en faire son tombeau ou non. 

JPEG - 38.6 koEn tout cas, à Rome, la mode égyptienne remontait à 30 av. JC quand les légions envahirent l’Egypte. Le géographe Strabon (57A av. JC – 25 ap. JC ) qui nous parle de la forteresse des Eduens, voyagea en Egypte en compagnie du préfet romain Caiüs Aelius Gallus dès 24 av. JC. Or, Strabon avait eu le même précepteur que Pompée (106-48 av. JC) lequel mourut en Egypte après avoir offert le contrôle de l’Afrique à César. La mode romaine de construire de petites pyramides assez similaires à celles très pointues qu’ils trouvèrent à Meröe en Nubie, à l’époque, pouvait donc s’être prolongée jusqu’à Bribacte-Autun, grâce à une connexion forte entre les druides celtes et des prêtres romains puissants qui accomplissaient des rites égyptiens. 

Autre fait curieux : au XVIIè siècle, le Pape Alexandre III fit restaurer la chambre interne de la pyramide romaine et en scella l’entrée… Pourquoi un Pape s’intéressa-t-il à la restauration d’un édifice dédié à un tribun romain pourtant réputé païen ? Les secrets occultes sont les mieux gardés ! Il faut savoir également qu’une autre petite pyramide existait à Rome à la même époque et peut-être même encore avant, entre le Vatican et le mausolée d’Hadrien, mas elle fut détruite au XVIè siècle. 

Que notre pyramide d’Autun soit le résultat d’un lien fort entre les druides éduens, les prêtres romains et l’Egypte ou qu’elle soit encore bien plus ancienne, elle est le signe d’un haut lieu très important et n’est certainement pas cette « lanterne des morts » qu’on veut nous le faire croire. Ces lanternes étaient de petites colonnes ou tourelles creuses, construites au XIIè siècle, qui n’étaient jamais pyramidales et qui n’ont jamais eu l’envergure de la pyramide d’Autun. Sur celle-ci aucun emplacement de lanterne n’a jamais été retrouvé, elle n’est pas creuse et ses angles sont droits. De plus sa petite colline est dans un site plutôt encaissé rendant difficile le rôle de phare donné aux lanternes des morts. 

D’AUTRES VESTIGES
Le site d’Autun contient également d’autres sites d’importance comme l’emplacement du temple romain de Janus, ce qui milite une fois de plus en faveur d’une reconstruction romaine sur des sites celtes très importants  
Le temple de Janus :  Le temple dit « de Janus » est de forme gau­loise (carré) et de construction romaine (en pierre), il est donc dif­ficile de dire s’il était dédié à un dieu gaulois ou à un dieu romain.  

Il ne reste aujourd’hui que deux des quatre murs. Un péri­style entourait autrefois le temple.

Un autre théâtre se situait à 150 mètres au nord-​​ouest du temple de Janus et pro­ba­blement d’autres temples.

 dans VILLAGES de FRANCEL’importance de l’influence gau­loise sur le temple dit « de Janus » et la cor­ré­lation entre la date de fon­dation d’Augustodunum et la pyramide de Couhard, nous amène à penser que les Eduens sont à l’origine de la pierre de Couhard, et non pas un fonc­tion­naire romain, comme c’est le cas avec la pyramide de Cestius à Rome.

Dans ce cas, pour quel Eduen célèbre est érigée ce monument ?

Enfin, dernière remarque curieuse : ce lieu fut choisi dans toute la France pour des analyses et études à l’aide de radars satellites par une équipe américaine, le Remote Sening, GIS analysis dirigé par le Dr. Scott Madry, qui était chargé de scruter les profondeurs de la Terre depuis le ciel. A part de vagues clichés, nous n’avons pas beaucoup de détails… La Science a encore beaucoup de chemin à faire avant de se dévoiler !

 

pour ceux qui voudraient aller plus loin, un site : http://www.gizaforhumanity.org/  

 

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