Les FORGES de la Bourgogne
Posté par francesca7 le 30 décembre 2013
Le second âge de fer. C’est M.Pierre-Marie-Eugène CHAMPION Dubois de Nansouty qui créa les forges de Précy sous Thil vers 1830 ; il en était le propriétaire ; notre Champion est le neveu du général que nous avons évoqué. Citons également un des fils du fondateur des forges, Charles-Marie-Etienne, qui après y avoir travaillé quelque temps, fut aussi un brillant général mais surtout l’initiateur de l’observatoire météo du Pic du Midi de Bigorre.
Les forges ont commencé de fonctionner vers 1834, en réduisant d’abord des minerais trouvés à proximité (Aisy sous Thil) dans un, puis deux hauts fourneaux au charbon de bois.
En 1836, le minerai de fer (sorte de roche rougeâtre) était extrait des mines de Thostes et Beauregard exclusivement. Il était amené aux forges de Précy par des attelages puis par un petit train, en 1860. Ce minerai était chauffé à très haute température dans quatre hauts fourneaux pour séparer la fonte de la roche. La fonte liquide coulait et refroidissait dans des moules. On obtenait de grosses barres de fonte amenées ensuite aux forges de Maisonneuve et Rosée pour être transformées en fer marchand.
En 1840, quatre hauts fourneaux de grande capacité, au coke, sont élevés à Aisy pour exploiter au mieux l’excellent minerai de Thostes. Ces usines au coke étaient uniques et les plus importantes de Côte d’Or !
Malheureusement, en 1848 ce fut la crise et MM. De Nansouty furent évincés par leurs actionnaires ; la superbe machine était en place, mais n’avait encore rien rapporté. Reprise en 1850 par la société des forges de Châtillon Commentry, l’usine et les mines ont été très prospère jusqu’à la guerre de 1870. Le site de Rosée fut abandonné.
Le canal de Bourgogne est achevé en 1832. Le fer est transporté avec des voitures à chevaux jusqu’à Pont Royal. Les résidus étaient déposés en tas ; ils ont été utilisés pour l’élargissement de la route de Rouvray à Saulieu.
Les forges employaient plus d’une centaine de personnes à temps complet ; les ingénieurs, le directeur, les ouvrier (mineurs – charretiers, ouvriers des hauts fourneaux). Mais il devait y avoir en plus beaucoup de personnes à temps partiel, surtout pour l’extraction du minerai et le transport. Ce personnel venait des villages de Précy, Aisy, Montigny saint Barthélemy et Thostes.
Selon la conjoncture, le nombre d’emplois était très variable ; jusqu’à 325 ouvriers à Maisonneuve, 85 mineurs à Thostes et 70 à Beauregard !
Le directeur habitait l’ancienne maison de M. Blondeau père, aux forges. Le château de Vitry était l’habitation des ingénieurs et des chefs d’équipes. Dans la maison qui fait face à celle de M.Pichenot logeaient les célibataires ; on l’appelait la caserne. Toutes les maisons, gauche ont été construites à cette époque (en montant la côte de Maison Neuve). Les forges ont été installées à Précy, au bord du Serein, pour utiliser la force motrice de l’eau.
Dans les mines de Thostes, les mineurs extrayaient le minerai de fer en creusant des galeries souterraines au pic et à la pelle ; le minerai était chargé sur des wagonnets et roulé à l’air libre. Les galeries sont maintenant (en partie) effondrées.
Ces mines distinctes fournissaient deux types de minerai complémentaires ; celui de Thoste, friable, siliceux et celui de Beauregard, en roche, calcaire. Le mélange des deux minerais contient naturellement les fondants nécessaires à la réduction et fournit près de 50 % de fer. Pour chauffer les hauts fourneaux, on utilisait du coke en provenance de Rive de Giers (Loire) ; il arrivait par péniches sur le canal de Bourgogne, à Pont Royal. Il était amené du port à Précy par les tombereaux qui avaient transporté les barres de fer. Elles étaient ensuite emportées par péniches.
Les forges cessèrent de fonctionner vers 1880, l’exploitation n’étant plus rentable, le minerai s’étant appauvri. Effectivement, la production des mines cessa en 1878, le minerai rentable était épuisé. Ce fut le constat du maitre-mineur Jean Marie Gueux qui conduisait l’extraction depuis 1836, avec une grande compétence. Le dernier haut fourneau en activité à Maisonneuve (et en Côte d’Or) s’éteignit en 1882.
Sur un journal des forges datant de 1843 (apporté par François Pichenot) nous avons relevé :
- Un manœuvre gagnait ; 1,25 F par jour.
- Un maçon : 2 F par jour.
Il y avait des puddleurs, des lamineurs, des aides-puddleurs, des manoeuvres, des réchauffeurs, des dégrossisseurs, des ragaucheurs, des redresseurs, des leveurs d’aviot, des botteleurs.
Parmi les noms figurant sur ce registre de comptes, on retrouve beaucoup de noms connus encore actuellement.
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