Les Monuments transformés : une nouvelle vie aux bâtiments
Posté par francesca7 le 28 décembre 2013
Une tendance de fond : la nouvelle vie des bâtiments historiques qui, une fois réinventés, abritent désormais des hôtels de luxe.
Sous la verrière du vieux palais de justice de Nantes, deux avocats devisent autour d’une tasse de café. Ils retrouvent leurs souvenirs entre les colonnades de la salle des pas perdus. Dans une heure, ils iront dîner sous les impressionnantes boiseries de la cour d’assises. Voilà douze ans que la justice ne se rend plus entre les murs de ce monument construit au coeur de la ville en 1852. Après trois ans et plus de 30 millions d’euros de travaux, le palais vient de rouvrir sous la forme d’un hôtel de 142 chambres, géré par la chaîne Radisson Blu.
Châteaux, moulins, abbayes, monastères, citadelles, prieurés, donjons… On ne compte plus les lieux et sites historiques qui jouent désormais la carte de l’hôtellerie de charme et de l’art de vivre à la française. « À une époque où prime l’instantanéité, nos établissements invitent à retrouver le sens de l’authenticité, de la mémoire et de l’intemporalité. Ici, pas de standardisation ou de projet architectural clés en main. Seule l’histoire des lieux dictera l’aménagement et la décoration », explique Aurélien Lecomte, le directeur des Hôtels particuliers, regroupant onze demeures authentiques en France. Depuis l’acquisition en 1969 de l’Hôtel du général d’Elbée sur l’île de Noirmoutier, l’enseigne s’emploie à sauver et faire revivre l’âme de bâtiments classés ou situés dans des sites protégés. « Lorsqu’il n’y a pas de fortune personnelle ou d’aides publiques, l’hôtellerie est le seul moyen économique viable pour transformer et réactiver ces monuments », ajoute-t-il.
Le patrimoine préservé.
Rouverte l’an dernier sous la bannière Mercure, la chapelle du Gesu, à Poitiers, est une rescapée. Sans l’intervention du groupe Accor, cet ancien lieu de culte datant du XIXe siècle, qui abrita également les archives départementales pendant près d’un demi-siècle, serait tombé en désuétude. « Face aux coûts exorbitants de rénovation et de mise aux normes qui s’annonçaient, ni la mairie ni les collectivités locales n’étaient prêtes à investir », constate Christophe Alaux, le directeur général pour l’Europe de Mercure et MGallery, une collection d’hôtels historiques à qui l’on doit la renaissance de La Cour du corbeau à Strasbourg, un ancien relais de poste du XVIe siècle classé monument historique.
Il y a eu en 2009, sous l’impulsion du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, une volonté d’animer le patrimoine public à travers la filière hôtelière. Quatre ans plus tard, seuls deux projets subsistent. Le premier, à Versailles, avec l’hôtel du Grand Contrôle (fin du XVIIe siècle), qui, après avoir menacé ruine, accueillera dès le printemps 2014 un hôtel de charme de 23 chambres ouvertes, pour certaines, sur l’Orangerie ou sur la pièce d’eau des Suisses. Et le second, au château de Fontainebleau, avec Les Héronnières (les anciennes écuries de Louis XV), qui, face à une dégradation avancée, devraient lancer, d’ici à la fin de l’année, un appel à candidatures. »Nous avons pris conscience que le parc hôtelier de Fontainebleau était sous-estimé par rapport au potentiel du château et de la destination », confie Jean-François Hébert, le président de l’ancienne demeure de François Ier.
Un marché international.
De quoi conforter une clientèle en quête de proximité, d’insolite et d’expériences et qui n’en finit pas de chercher à se réinscrire dans le temps, le terroir et les vieilles pierres. « Ici, ce n’est pas la destination qui motivera le voyage, mais le lieu et l’histoire qu’il y a autour », atteste Fabien Bénétreau, directeur associé de Symboles de France. Créée en 1999, la chaîne rassemble aujourd’hui 72 établissements – dont la moitié est classée monument historique ou inscrite à l’Inventaire – et ne compte pas s’arrêter là. En janvier, elle a rejoint le groupement des Hôtels historiques d’Europe, soit 650 membres répartis dans 22 pays, parmi lesquels l’Espagne, l’Italie, l’Autriche, l’Irlande, la Norvège, la Suisse et la Pologne.
Le marché – en majeure partie hexagonal – s’ouvre de plus en plus à l’international. Ce phénomène n’a pas échappé aux groupes hôteliers. Après avoir acquis le superbe couvent Santa Paula, à Grenade, en Espagne, le groupe hôtelier Marriott vient ainsi de ressusciter le bâtiment historique de la Banque de France à Boulogne Billancourt, près de Paris. A Marseille, Intercontinental ouvrira, fin avril, un nouvel hôtel 5 étoiles au coeur de l’hôtel-Dieu. La vie de château ne fait que commencer.
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