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    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Le mauvais oeil

Posté par francesca7 le 17 décembre 2013

par

Ange Bénigne

~*~

  Le mauvais oeil dans EXPRESSION FRANCAISE 200px-Antiochia_-_House_of_the_Evil_Eye

Quelqu’un qui a été bien occupé pendant son dernier congé, c’est le lieutenant d’Arcachon-Thémines. C’est que maintenant les semestres n’existent plus guère, les trimestres sont rares, les officiers ont tant à faire! Quand on a une permission d’un mois, c’est fort joli. Lorsque l’on est bien avec son colonel, on part un jour avant la date indiquée sur la permission, quelquefois deux jours auparavant : total, trente-trois jours.

Donc, si on n’avait, par une cour assidue, préparé quelques conquêtes, il faudrait vivre sur les anciennes. Mais le lieutenant d’Arcachon-Thémines, en chasseur diligent, avait préparé les voies dès l’année dernière. Il avait fort courtisé madame d’Epinevinette et le moment dit psychologique était arrivé. A peine à Paris, avant même de s’accorder le régal d’un bavardage avec les amis dans la salle du Sport ou du camp de Châlons, d’Arcachon-Thémines se présenta chez madame d’Epinevinette, à laquelle il explique qu’un homme qui n’a que trente-trois jours de permission doit être traité avec égard.

Madame d’Epinevinette le comprit si bien, que quelques jours après, elle était entre quatre et cinq heures en tête-à-tête avec d’Arcachon-Thémines, auquel un de ses amis avait prêté pour la circonstance l’appartement de garçon de son frère absent ; appartement modeste situé dans sa maison.

Madame d’Epinevinette but beaucoup de vin de Champagne – ce jour-là, sachant son faible, le lieutenant en avait apporté – mangea des biscuits, grignota quelques tranches d’ananas – baignées dans le vin de Champagne, les tranches d’ananas sont souveraines en pareil cas – et fut, il faut en convenir, d’un abandon charmant. Le lieutenant ne but pas de vin de Champagne, mais fut plein de verve et d’entrain. Il n’y a aucune exagération à dire que les heures s’envolèrent ; pourtant il fallait se séparer. Le lieutenant avait toujours quelque chose à ajouter ; c’était à n’en plus finir. Madame d’Epinevinette l’en grondait le plus tendrement du monde, tout en promenant son regard alangui tout autour du joli fumoir-boudoir où se passait le rendez-vous.

Tout à coup sa voix s’arrêta dans sa gorge, une pâleur mortelle envahit son visage ; elle s’arracha brusquement des bras du lieutenant et, folle de terreur et se rencognant dans un coin de la pièce, dirigea son bras vers un point de la boiserie où apparaissait, par une fente pratiquée dans la tenture, un oeil fixe et grand ouvert.

Le lieutenant est brave, chacun le sait ; pourtant une sueur froide perla sur son front. Il n’y avait point à en douter, un œil avait assisté à leurs amours ; un oeil avait tout vu… On montait à l’appartement de garçon prêté par un escalier de service, et la pièce où ils se trouvaient était longée par le corridor sur lequel s’ouvraient les chambres de domestiques ; donc il avait été facile de s’y glisser ; ils étaient épiés, trahis ; l’idée de la mort ne les effraya pas. L’OEil, s’étant aperçu au changement d’allures qu’il avait été découvert, s’était retiré précipitamment. Impossible de savoir au juste à qui il appartenait. Madame d’Epinevinette, plus morte que vive, essayait de murmurer quelques mots à l’oreille de son amant; mais ses dents claquaient si fort qu’elle articulait avec peine.

- Si mon mari… !

- Du courage ; est-ce que M. d’Epinevinette avait l’air préoccupé, au déjeuner ?

- Non ; il est sorti comme à l’ordinaire, un peu avant moi, pour se rendre au cercle.

- Si au moins j’avais mon sabre, pensait d’Arcachon-Thémines… Restez dans la pièce du fond, ajouta-t-il, je vais sortir ; je ne sais ce qui arrivera… je suis décidé à tout… Dès que j’aurai franchi la porte, enfermez-vous. Si je ne suis pas mort, je viendrai vous délivrer. Si je ne viens pas… – Ah ! Clotilde !… Mais ne tardons pas à savoir la vérité… l’heure de votre dîner nous presse, car si par bonheur M. d’Epinevinette ignore…

téléchargement (1)Madame d’Epinevinette se jeta dans les bras du lieutenant. D’Arcachon-Thémines, correctement vêtu, ouvrit sans bruit la porte qui se referma derrière lui, et sur la pointe du pied s’engagea dans le corridor.

Personne… A un coude que formait ce corridor était, devant une fenêtre ouverte, un grand diable de domestique qui paraissait très absorbé par le soin qu’il mettait à entrer des embauchoirs dans des bottines qu’il frottait ensuite avec une brosse et un chiffon de laine.

La présence du lieutenant ne lui donna aucune distraction. Celui-ci descendit le premier étage, pensant que la personne qui l’avait surpris l’y attendait peut-être ; personne ne s’y trouvait en ce moment.

Le lieutenant attendit, puis parcourut l’escalier du haut en bas. Aucun passant n’y parut. Pendant cette station le domestique dont la besogne était finie quitta la fenêtre où il l’avait faite ; tout rentra dans le silence. L’escalier était libre. Madame d’Epinevinelte, l’oeil collé à la fente cause de tous ses maux, ou l’oreille tendue à la porte, attendait la mort…

Le lieutenant frappa, et la rassura.

- Personne : ne perdez pas un instant, sortez et rentrez chez vous. Je vous suivrai à trente pas, jusqu’à ce que vous soyez en sûreté.

Il ne s’agissait pas de perdre du temps en étreintes et en discours ; Madame d’Epinevinette ne se fit pas donner l’avis deux fois. Elle descendit l’escalier et rentra chez elle sans tourner la tête.

Le lieutenant respira, attendit un grand quart d’heure sous la porte d’une maison voisine ; l’hôtel d’Epinevinette était dans un calme profond.

Ils étaient sauvés !

Nonobstant, le lieutenant retourna au logis d’emprunt et raconta à celui qui le lui avait prêté l’apparition de l’oeil et la présence du domestique à la fenêtre du corridor.

- Je vais sonner pour avoir mes bottes : vous verrez si vous reconnaissez l’œil.

Le domestique entra, posa les bottines et sortit aussitôt.

-C’est bien lui

- Très bien. Mon cher ami, je vais lui donner son compte pour la morale et pour votre sécurité. Ne vous tourmentez point de cette affaire. D’après votre récit, je suppose que ce valet ne pourra jamais reconnaître l’inconnue. Vous comprenez que dans les conditions toutes particulières où il l’a vue… Quant à vous qui venez si rarement à Paris, il est probable qu’il ne vous connaît pas non plus ; ainsi n’ayez de tout ceci que le souvenir d’heures charmantes, et ramenez votre colombe quand vous voudrez, je me charge du reste. Je suis vraiment désolé du petit désagrément que vous venez d’éprouver.

- Comment ! mais c’est moi qui suis fort contrarié de vous priver d’un de vos gens…

- Pas du tout : ce garçon-là me déplaisait et cire fort mal mes bottes ; tout est pour le mieux.

Cette affaire arrangée et l’échange de quelques billets avec madame d’Epinevinette ayant dissipé toute crainte de vengeance conjugale, d’Arcachon-Thémines vaqua à quelques devoirs de famille et de société. Il alla tout d’abord voir sa bonne tante de Sainte-Lucie. La chère dame le savait à Paris depuis plusieurs jours, mais ne lui tint point rigueur, et lui rappela qu’il avait son couvert mis chez elle comme toujours.

- J’en profiterai dès demain, ma tante.

- Quand tu voudras, mon enfant ; tu seras content de ma cuisinière, c’est une, fine saucière, car j’oublie de te dire que j’ai été obligée de renouveler mon personnel. Mon vieux ménage s’est retiré ; ah ! il a les invalides. J’ai donc pris un nouveau cordon bleu et un jeune domestique…

- Ma tante, votre maison sera toujours excellente, personne ne s’y entend comme vous.

- A demain, flatteur.

Le lendemain, la seconde cuillerée de potage du lieutenant n’arriva pas à sa bouche. Placé en face de sa vénérable tante, il avait vu, au-dessus de son bonnet de blonde et ruban de satin gris, l’OEil !

D’Arcachon-Thémines ne put pas dîner. Il avala, pour calmer les inquiétudes de sa parente, une aile de faisan d’une bouchée, une cuillerée de chicorée au velouté, et était dans un état de vrai malaise quand il offrit le bras à sa tante de Sainte-Lucie pour rentrer dans le salon.

Il s’était montré fort silencieux, occupé qu’il était à chercher une entrée en matière pour miner la situation de l’OEil maudit.

- Je ne te trouve pas aussi causant que d’habitude quand tu arrives de garnison, dit la bonne dame ; tu as quelque chose ?

- Il est impossible de vous tromper, ma tante.

-  Qu’est-ce que c’est ? confesse-toi.

- Vous vous moquerez de moi.

- Va toujours.

Le lieutenant ne répondait pas et tortillait sa moustache ; tout à coup :

- Ma tante, croyez-vous au mauvais oeil?

- Pas le moins du monde, mon enfant : tu sais que toute sorcellerie est condamnée par notre cher catholicisme.

- Alors nous ne nous comprendrions pas.

- Pourquoi, mon enfant ? Est-il nécessaire qu’instantanément j’entre dans d’absurdes superstitions pour te plaire ?

Alors commencèrent de longs récits où l’Afrique, l’Italie, la Bohême apportèrent leur contingent.

Conclusion : si madame de Sainte-Lucie ne renvoyait pas immédiatement son domestique, le lieutenant ne passerait jamais capitaine, et après mille accidents serait fauché dans sa fleur… 

- Tu es fou, et d’ailleurs, à quoi as-tu vu que ce valet… 

- Je ne m’y trompe pas ; allez ! Tout l’indique… Vous n’avez donc pas regardé son œil… 

- Ma foi, non… 

Le lieutenant resta jusqu’à dix heures, quoiqu’il eût beaucoup de choses à faire, pour arriver à arracher à madame de Sainte-Lucie la promesse d’éconduire… l’OEil.  

Enfin, puisque le repos de son neveu l’exigeait, elle y consentit. Il la remercia, lui baisa la main et prit congé. Il traversa l’antichambre comme une flèche et respira comme un homme auquel une grande inquiétude vient d’être ôtée.  

200px-Votive_tree_cappadocia dans EXPRESSION FRANCAISELa bonne dame réfléchissait à la bizarrerie de son neveu, lorsqu’un visiteur tardif, lui fut annoncé par le timbre.  

C’était cet excellent M. d’Epinevinette qui, avant d’aller en grand raout, venait passer une demi-heure chez madame de Sainte-Lucie.  

Cette visite ne la sortit qu’à moitié de sa préoccupation, car au bout des quelques phrases obligées, elle dit : 

- Vous n’auriez pas besoin d’un excellent domestique, par hasard ? 

- Si, justement j’en cherche un. Ma maison est horrible en ce moment! Je n’ai que des momies ou des sujets pendables. Vous me rendrez un vrai service. 

- Comment donc ! mais c’est moi… Voulez-vous le voir ? 

- C’est donc quelqu’un de chez vous ? 

- Oui, je ne l’ai que depuis peu, et j’en étais fort contente ; mais je suis obligée de le renvoyer. 

- Permettez-moi de vous demander pourquoi ? 

- Oh ! une bêtise ; permettez-moi de vous la taire. C’est moins que rien ; vous en ririez… Je vous jure sur l’honneur que le motif qui m’oblige à renvoyer ce serviteur n’a trait en rien ni à sa probité ni à ses talents. C’est une affaire particulière ; je vous saurai gré de ne pas insister et je vous réponds du sujet… 

On fit comparaître l’OEil, l’affaire fut vite conclue et les trois contractants des plus satisfaits. La maison de madame de Sainte-Lucie paraissait un tant soit peu sévère au valet et il la quittait avec plaisir, d’autant plus que celle de M. d’Epinevinette était renommée pour son luxe et son élégance. 

Quoiqu’on y déjeunât à midi un quart, madame d’Épinevinette arrivait toujours à table un peu en retard. Son mari avait souvent mangé les deux premiers plats, quand elle se décidait à paraître enveloppée de sa robe de chambre et coiffée d’une fanchon de malines, dont elle étirait les brides sous son menton pendant cinq bonnes minutes, avant de casser la coquille de son oeuf qui l’attendait perché sur son coquetier d’or à réchaud d’eau bouillante.  

Ce jour-là elle avait mille choses à raconter, car le bal de la veille avait été très gai. 

- Figurez-vous, dit-elle à son mari, que j’ai soupé à la table des six privilégiées : la duchesse, la… 

Madame d’Epinevinette s’arrêta court… L’OEil l’avait médusée. 

- Qu’avez-vous, chère amie ? voulez-vous du sel pour votre oeuf ? 

La figure de la pauvre femme était effrayante. 

- Ah ça ! est-ce que vous vous trouvez mal ? vous êtes toute pâle. Je vais faire ouvrir une fenêtre. On aura trop chauffé le calorifère, c’est comme une étuve. 

Pendant que chacun s’agitait, madame d’Epinevinette avait fait cette réflexion que l’OEil ne pouvait la reconnaître d’une manière certaine, peut-être même ne la reconnaîtrait-il point du tout. Donc la situation pouvait être sauvée. Elle fit signe qu’il était inutile de rien ouvrir, qu’elle se trouvait mieux et gagna sa chambre où son mari la suivit. 

Il fallait une inspiration : elle l’eut ! 

Quand ils furent seuls et que l’incarnat revenu à ses joues eut rendu toute quiétude à M. d’Epinevinette : 

-Ah ça ! mon cher, avec votre manière de tatillonner toujours et, d’arrêter des domestiques sans m’en parler, vous avez fait une jolie bévue !  

- Ma chère amie, le service allait de mal en pis chez vous. J’ai trouvé par occasion ce domestique qui me paraît excellent. Je l’ai arrêté sans vous en parler, sachant que tous nos derniers déboires vous avaient fort découragée à ce sujet ; voilà ! 

- Vous avez vu le résultat de votre belle équipée ; j’ai manqué de tomber à la renverse. C’est à se trouver mal, c’est à mourir. Vous n’avez donc pas de nez ? 

- Comment cela ? 

- Au reste, je l’ai remarqué, vous avez le nerf olfactif comme atrophié. 

- Mais je ne vois pas cela du tout. 

- Ce domestique empoisonne des pieds ; je vous dis que c’est à tuer ; la salle à manger était infectée. Quant à moi, je ne pourrais supporter cela, fût-ce une heure. 

- C’est extraordinaire, je ne m’en suis nullement aperçu. 

- Je vous dis que de ce côté-là vous n’êtes pas difficile. 

- D’ailleurs je mangeais du faisan; il est possible… 

- Ecoutez-moi bien : il faut le renvoyer de suite ; mais comme ces expéditions-là vous sont très désagréables, je le sais, ce qui fait votre éloge, par parenthèse, laissez-moi charger Mélanie, ma femme de chambre, de régler avec lui. On lui donnera une gratification, tout sera dit. Vous trouverez la chose faite tantôt et l’hôtel aéré, je vous le promets. Pouah ! j’en suis encore tout affadie.  

M. d’Épinevinette n’entamait pas de discussion pour une chose d’aussi mince importance surtout. Cette affaire lui sortit de la tête ou à peu près. Pourtant, un des jours suivants, il dit malicieusement à madame de Sainte-Lucie, qu’il visitait toutes les semaines :  

- Eh, eh, chère madame ! j’ai un nez tout comme un autre ! Madame de Sainte-Lucie faisait la figure de quelqu’un qui ne comprend pas. 

- Oui, oui ; vous faites l’innocente, vous avez donc cru que mon nerf olfactif était détruit… 

- Je ne sais pas du tout de quoi il s’agit. 

- Du domestique. Je sais pourquoi vous faisiez la mystérieuse sur le sujet qui… Mais dame ! écoutez. il n’y avait pas moyen d’y tenir…

- Voulez-vous vous expliquer plus clairement ? 

Et comme M. d’Epinevinette était un homme très bien élevé, il pensa exprimer sa pensée le mieux possible en ajoutant d’un ton malicieux : 

- Enfin n’en parlons plus, chère madame, mais il avait de mauvais pieds, il faut en convenir. 

- Qu’est ce que vous dites donc, vous aussi ? Seulement vous vous trompez ; c’est mauvais oeil que vous voulez dire… décidément il y a quelque chose… 

M. d’Epinevinette n’insista pas et madame de Sainte-Lucie pensa à part elle que des superstitions fâcheuses gagnaient chaque jour du terrain : aujourd’hui mauvais oeil, demain mauvais pieds ; à quoi bon tant de siècles de lumière pour que des gens éclairés en soient encore là…  

Mais il était dit que le lieutenant n’aurait point un instant de repos pendant ce congé-là ; car l’autre matin on lui annonça qu’un homme qui avait l’air d’un valet de bonne maison demandait à lui parler. Il devina immédiatement de quoi il s’agissait.  

- Qu’il entre, dit-il du ton résolu qui convient à un officier d’état-major. 

dans un paysage désertique, une femme devant son chaudron trace autour d'elle un cercle fumant.Le valet, correctement vêtu de noir, attendit que la porte fût bien refermée. 

- Mon lieutenant, je ne croyais pas avoir un oeil si remarquable… Cet oeil a fait ma perte ; pardonnez-moi, car je suis assez puni… Et puis pardonnez-moi aussi parce que je crois que vous en auriez peut-être fait autant… Voyez où j’en suis : j’ai perdu ma place chez votre ami où je comptais rester toute ma vie. Madame de Sainte-Lucie, qui est si bonne, m’a renvoyé, et madame d’Epinevinette, qui est si juste, m’a fait éconduire : je suis sur le pavé…

- Vous n’avez pas la prétention, répondit d’Arcachon-Thémines, que je vous prenne à mon service ?

- Eh non ! mon lieutenant ; seulement puisque je ne peux plus être placé dans la bonne société et chez les gens comme il faut auxquels je suis habitué, je viens vous demander de m’aider à m’établir…

- Allons vite, finissons-en ; combien vous faut-il ?

- Je voudrais acheter un petit fonds de marchand de vin de quinze mille francs. On y mange aussi, c’est avantageux…

- Ah ça, où se trouve-t-il ce fonds, pas dans ce quartier-ci, j’imagine ?              

- Oh non, monsieur, pour ce prix-là. C’est à Levallois qu’il est….. 

- C’est bien ; comptez sur moi, si je puis compter sur vous?… 

-Oh! mon lieutenant !  

Et pendant qu’on reconduisait l’OEil, d’Arcachon-Thémines pensait qu’on est vraiment bête de venir en permission.

Mme Paul Gaschon de Molènes née Louise-Antoinette-Alix de Bray, pseud. Ange BENIGNE (18..-19..) : Le mauvais oeil (1886).

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A tout seigneur tout honneur

Posté par francesca7 le 17 décembre 2013

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Il faut honorer et respecter le mérite partout où il se rencontre

L’origine de ce proverbe se trouve dans le titre même ; il date du Moyen Age. Les droits de l’ancienne féodalité se divisaient en droits utiles et en droits honorifiques. Les droits utiles consistaient en redevances, prestations sur les récoltes, sur la chasse, et en impôts plus ou moins lourds. Les droits honorifiques se traduisaient en hommages, en encens offert à l’église, etc.

Dans l’ancienne province du Poitou, par exemple, existait cette coutume que les vassaux étaient tenus de présenter à leur seigneur un roitelet lié sur une charette traînée par quatre boeufs. Dans une autre partie de la France, à Remiremont (Vosges), l’abbesse se faisait apporter chaque année au 24 juin, en plein été, un plat de neige. Celui de ses vassaux qui n’avait pas su conserver de la neige devait conduire à l’abbaye une paire de taureaux blancs.

Évidemment ancienne, puisqu’elle dérive des usages de la société médiévale où le vassal devait rendre honneur au seigneur, cette phrase est alors parfois mise au pluriel : « à tous seigneurs, tous honneurs » Dictionnaire de Furetière. Elle est passée telle quelle dans notre langage, tout en perdant son sens propre avec la disparition des seigneurs. Ici, dans son numéro du 1er janvier 1792, Hébert met en scène son héros en train de rendre ses visites de nouvel an. En vertu de la formule « la Nation, la Loi, le Roi », qui place le pouvoir législatif avant le pouvoir royal, et pour mieux marquer que la souveraineté nationale n’est plus entre les mains de Louis XVI, il offre donc d’abord ses étrennes à l’Assemblée législative.

 

 

 

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Le Secret de Polichinelle

Posté par francesca7 le 17 décembre 2013

 

par

Paul Arène

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A mon ami Mariani

images (3)Que n’eussé-je pas donné, tout petit, et que ne donnerai-je pas, aujourd’hui comme tant d’autres, pour en savoir le fin mot ?

C’est évidemment grâce à ce secret, dont tout le monde parle, demeuré pourtant mystérieux, que Polichinelle, au cours d’une turbulente carrière, a pu, anarchiste ivre de son moi, se mettre au-dessus des lois et des sentiments, renouveler chaque jour, sans jamais payer, son flambant justaucorps, ses chausses mi-parties, son chapeau, ses sabots sonores ; c’est grâce à ce secret qu’il a pu berner ses créanciers, rosser sa femme, assommer le commissaire, et, d’un geste plus méritoire encore, pendre son bourreau qui le voulait pendre ; puis, vaincu par le diable ou paraissant l’être, rouler dans l’enfer tout ouvert, mais pour enlever Proserpine et laisser au départ Lucifer doublement cornu.

Car, dans la légende intégrale, Polichinelle survit, toujours bruyant et indompté, à sa grande bataille contre l’esprit de science et de malice.

Descendu aux ténébreuses demeures comme Héraklès, Orphéus et saint Brandan, ses aventures s’y continuent, puis recommencent sur la terre.

Admirable matière à mettre en beaux vers et qui, le jour où la France aura trouvé son Goethe, pourrait après un polichinelle définitif où s’éterniserait, transformé par le génie, le drame primitif et rudimentaire des théâtres en plein vent, inspirer un « second Polichinelle » qui serait notre « second Faust ».

De cette dernière partie de son existence, nous ne connaissons qu’un épisode miraculeusement déchiffré sur des lambeaux de parchemin devenus la sacrilège reliure d’un vieux registre de comptabilités monacales, et dont notre insuffisance essaiera, sans espérer pourtant en conserver la saveur, de traduire le latin barbare.

Donc, après quelques mois de séjour aux enfers, où, naturellement, il avait fait le diable à quatre, Polichinelle, traînant sur ses pas Proserpine amoureuse et terrorisée, venait, par un long couloir souterrain, ancien soupirail de volcan qui illuminait l’éclat des gemmes, de retrouver, non sans plaisir, la douce lumière du jour.

Au sortir de l’interminable conduit, ils avaient, sa compagnie et lui, débouché brusquement tout en haut d’une montagne abrupte au bas de laquelle de vastes plaines s’étendaient.

Éblouis d’abord, essoufflés un peu, ils s’assirent dans l’herbe et regardèrent.

Ils virent des champs couverts de moissons et de fleurs, des clos d’arbres fruitiers, des prairies où brillaient des sources ; et au milieu, une ville blanche aux toits bleus, entourée de murailles basses que ceignaient des fossés de roses et dont les créneaux étaient dorés.

Autour, palpitait la mer immense, sans un bateau, sans une voile ; et tout de suite Polichinelle comprit qu’il se trouvait dans une île ignorée des navigateurs, dernier débris émergeant encore de cette fabuleuse Atlantis disparue, voici combien de siècles, sous les flots, ainsi qu’en témoigne Platon. Cependant, Proserpine s’étant mise à pleurer :

- Qu’avez-vous, mignonne ?

- Rien, mon doux ami.

- Le pays vous déplairait-il ?

- Non, mais je voudrais y être Reine. »

Ce disant, elle avait jeté sur le gazon sa couronne aux sept pointes de fer incrustée de sept énormes escarboucles.

- « Reine ? Pourquoi pas ! grommelait Polichinelle. Proserpine reine et moi roi ! L’idée me va ; on peut essayer de la chose.

- Et comment, mon doux ami, vous y prendrez-vous ?

- Ça, mignonne, c’est mon secret. »

Alors, Proserpine consolée remit sa couronne sur ses cheveux tordus en flamme ; Polichinelle empoigna sa trique neuve toute récemment taillée dans le grenadier infernal dont les fruits aux grains de rubis, quelque mille ans auparavant, avaient su tenter Eurydice, et tous deux, bras dessus, bras dessous, prirent le chemin de la ville.

Des députations les attendaient accompagnées de fanfares et de musiques, un petit pâtre qui, caché derrière une roche, venait de surprendre leur conversation, ayant couru devant et répandu partout le bruit que Polichinelle arrivait avec son secret, pour être roi et pour faire le bonheur des Altantes.

Le Secret de Polichinelle dans EXPRESSION FRANCAISE 175px-Polichinelle_ca_1650Les Atlantes étaient naïvement et immémoriablement heureux. Ils n’avaient aucun besoin d’essayer du secret de Polichinelle. Mais tous les peuples se ressemblent : la curiosité l’emporta.

- « Eh quoi ! leur dit le nouveau roi, car on le sacra dare dare, avant même qu’il en eût exprimé le désir, vous ne rougissez pas de vivre comme vous vivez ? C’est honteux, saperlipopette !

« Etre égaux, libres et unis ; vous nourrir des fruits de la terre fraternellement partagés ; n’avoir pas même d’ennemis, si bien que les remparts de votre capitale dont un clown, leste tant soit peu, franchirait aisément les inoffensifs créneaux, n’ont pour destination, avec leur enceinte de roses, que d’empêcher le gibier qui pullule aux champs de se promener par les rues ; aimer les femmes qui vous aiment et en changer à l’amiable quand le torchon commence à brûler ? En vérité, la belle malice ! Des bestiaux en feraient autant. Mais la Providence veillait et m’a dépêché devers vous, ainsi que ma gracieuse épouse, pour mettre ordre à l’état de choses. »

Des cris : « Vive Polichinelle et son secret !… Vive la Reine Proserpine ! » accueillirent ce beau discours.

Vous devinez que l’île d’Atlantis, en rien de temps, fut dotée par Polichinelle de toutes les institutions qui font l’orgueil des nations civilisées.

Polichinelle partagea les champs, indivis jusque-là, pour en distribuer la meilleure part à ceux de ses sujets dont le nez avait su lui plaire, parce qu’il ressemblait au sien ; et les Atlantes purent désormais se réjouir de posséder enfin une aristocratie.

Polichinelle fit cueillir et monnayer, non sans se réserver le monopole, les cailloux d’or vierge et d’argent brut mêlés au gravier des ruisseaux.

Désormais, les Atlantes connurent la richesse et sa pâle soeur, la misère.

Polichinelle supprima l’amour libre et institua le mariage, afin d’avoir le royal plaisir de pouvoir faire des cocus ; et, ses favoris l’imitant, tout le monde imitant ses favoris, l’adultère devint à la mode, de sorte que l’on dut créer spécialement des tribunaux pour juger les maris meurtriers.

Au bout de quelque temps, des bandes affamées, lasses d’errer par les campagnes où les fruits n’étaient plus à tous, ayant fait mine de se révolter, Polichinelle fortifia sa capitale, arma de mousquets ses séides. Une bataille fut livrée ; de part et d’autre on s’égorgea.

Des veuves, des mères pleurèrent ! Mais les Atlantes, enivrés de l’odeur de la poudre et du bruit des tambours, surent dès lors ce que c’est que la gloire.

Puis, quelques maussades rêveurs s’étant permis d’insinuer que, peut-être, les affamés n’avaient pas tort, Polichinelle dressa la potence ; et les Atlantes, avec un frisson, s’inclinèrent devant la majesté du Pouvoir.

Béni des dieux, redouté des hommes, toujours grâce au fameux secret, l’ex-anarchiste, devenu tyran, put bien mieux qu’Antoine avec Cléopâtre, durant des années et des années, mener avec Proserpine cette « vie inimitable » plus généralement connue sous le nom de Polichinelle.

Bon prince, d’ailleurs, il ne dédaignait pas, à l’exemple de Louis XIV et de Néron, dans les occasions solennelles, de se donner en spectacle au peuple sur une estrade exprès dressée devant la porte de son palais ; et là, au milieu des nombreux enfants que Proserpine lui avait pondus, tous comme lui bossus et vêtus de paillons, tous comme lui à chaque pas éveillant un bruit de clochettes, noblement, hiératiquement, il exécutait la sabotière.

Le peuple prit le deuil quand il mourut. Son agonie fut sereine et plutôt narquoise.

Comme il semblait près de rendre l’âme, l’aîné de ses fils appelé à lui succéder s’approcha pour demander, l’heure étant suprême, la révélation du fameux secret.

Polichinelle rouvrit un oeil. « Saperlipopette, le secret !… Et moi qui allais oublier de te transmettre avant de partir cet instrument de ma puissance, qui doit devenir, pour toi et tes successeurs, le Palladium de la dynastie. »

Puis, écartant les assistants d’un geste : « Fillot, murmura-t-il, écoute-moi d’un peu plus près, c’est toute une histoire.

« Mais auparavant, comme l’histoire est assez longue et que les forces pourraient me manquer, fouille là, sous mon oreiller. Tu vas y trouver un étui décoré de figures à la Morisque, étui renfermant un flacon de cristal dans l’épaisseur duquel s’incrustent, en or, des étoiles…

As-tu trouvé ? C’est bien cela… Pourvu qu’il reste quelques gouttes de la mirifique liqueur ?… A ma santé !… Merci, ça va mieux… Et maintenant, comme dit cet autre, tâche de me prêter une oreille attentive.

« Tu sauras donc, fillot, que vers quinze cent soixante-dix, soixante et douze, Charles IX régnant en France, et les Vice-légats gouvernant Avignon, un de nos aïeux, bon gentilhomme, s’en fut, à la suite de démêlés avec quelques gens de justice, s’établir en terre papale.

« Derrière ses remparts aux créneaux sarrasins, dans l’ombre de son palais géant qu’écussonnent les clefs et la tiare, Avignon était alors vrai séjour de bénédiction ; et certes ! aucune ville n’aurait pu rivaliser avec elle, tant par la magnificence des palais et des villas cardinalices, l’étendue des couvents, le nombre des églises, la richesse des boutiques d’orfèvres et de fourbisseurs, la commodités des tripots, le luxe des tavernes, que pour l’incroyable abondance, attirée là par ces merveilles, d’usuriers et de filous, de poètes, de joueurs de luth, de capitaines d’aventure, bretteurs, buveurs et brelandiers, d’écoliers et de belles filles.

« Comment notre noble et illustre aïeul fit-il dans Avignon la connaissance du propre fils de Nostradamus ? je l’ignore.

« Je me souviens pourtant avoir entendu dire que s’étant battus en duel après une querelle de jeu et s’étant blessés mutuellement, ils jurèrent amitié et vécurent désormais en frères.

« Ce deuxième Michel de Nostre-Dame, gai compagnon, homme d’épée, s’occupait lui aussi à ses moments perdus de magie et d’astrologie.

« Or, comme il avait cru lire au livre des constellations que sa fin était proche et qu’il mourrait dans l’embrasement d’un village – la chose en effet se réalisa si exactement, à l’heure et à l’endroit prédits, que de certains jaloux l’accusèrent d’avoir incendié lui-même, par amour-propre et point d’honneur, la maison sous les débris de laquelle son cadavre fut retrouvé – le prophète ne voulut d’autre héritier que notre illustre aïeul en question.

« Il lui légua ses livres, ses armes, et, présent plus précieux encore, ce flacon plein d’une liqueur dont Nostradamus l’ancien avait acheté le secret de deux Indiens américains venus en foire de Beaucaire, à travers les mers Océane et Méditerranée, sur une barque faite d’écorce.

210px-Burattini_ca_1770 dans EXPRESSION FRANCAISE« Cette liqueur que les Indiens appelaient COCA en leur langue, est extraite par distillation et manière de quintessence, des feuilles fraîches cueillies d’un arbuste qui ne pousse qu’au fond de certaines périlleuses vallées, dans le pays où mûrit l’or.

« J’ai déposé, fillot, sur la plus haute planchette de ma royale librairie, un vieux livret, un parchemin dont la reliure s’illustre des mêmes cabalistiques figures que l’étui, des mêmes étoiles que le flacon.

« Ce livret t’enseignera comme quoi, prévoyant l’heure où le flacon s’épuiserait, notre illustre aïeul entreprit le voyage des Grandes-Indes et en rapporta la provision qui depuis a fait la fortune et la gloire de notre race.

« Car, traité suivant les formules que Nostradamus perfectionna et transformé dans l’athanor et l’alambic en un tout-puissant cordial, couleur de sang, couleur de pourpre, ce feuillage, dont l’Indien misérable ne sait guère qu’apaiser sa faim, devient pour le buveur initié, jeune désormais jusqu’au dernier jour, une intarissable source de belle humeur et d’énergie.

« La belle humeur et l’énergie, privilèges vraiment divins, par qui l’homme domine l’homme, se fait aimer de la femme, et brave le diable lui-même.

« Tu connais maintenant, fillot, le secret de ma vie et de mes triomphes. Garde-le précieusement pour le transmettre le plus tard possible à tes héritiers comme je te le transmets aujourd’hui !

« Ne t’offusque pas cependant si j’achève le fond du flacon. Tu ne chômeras pas de la mirifique liqueur, il en reste en cave des cuvées. Atlantis fit jadis partie de l’Amérique, et le coca fleurit sur ses monts.

« Seulement, garde bien le secret, fillot ! N’indique la plante à personne et la recette encore moins. »

Soudain, comme sous l’influence d’une vague et lointaine vision, le sarcastique agonisant sembla pris de mélancolie.

« Hélas ! fillot, ajouta-t-il, tout secret enfin s’évapore. J’ai le triste pressentiment qu’un jour ou l’autre quelque bienfaiteur de l’humanité – Belzébut l’emporte ! – révélera au populaire les extraordinaires vertus de la plante mystérieuse.

« Grâce à elle, un peu partout, sous des noms divers, depuis des siècles et des siècles, Polichinelle est roi, Polichinelle danse ; mais que deviendra notre héréditaire prestige quand le secret de Polichinelle sera le secret de chacun ?… »

Puis il fit « couic ! » et, tournant son nez au mur, expira.

En quoi le madré compère agit sagement, comme toujours, puisque une centaine d’années plus tard, mon cher Mariani, avec ton vin, ton élixir, tu devais appeler le monde entier, humbles ou puissants, riches ou pauvres, à bénéficier du secret de Polichinelle.

ARÈNE, Paul (1840-1913) : Le Secret de Polichinelle, (1897).

 

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