• BONJOUR A TOUS ET

    bienvenue (2)

     CHEZ FRANCESCA 

  • UN FORUM discussion

    http://devantsoi.forumgratuit.org/

    ............ ICI ............
    http://devantsoi.forumgratuit.org/

  • téléchargement (4)

  • Ma PAGE FACEBOOK

    facebook image-inde

    https://www.
    facebook.com/francoise.salaun.750

  • DECOUVERTES !

    petit 7

  • BELLE VISITE A VOUS

    aniv1

    PETITS COINS DE PATRIMOINE QUI SERONT MIS EN LUMIERE AU DETOUR DE NOTRE REGION DE FRANCE...

  • Cathédrale St-Etienne-Auxerre

    St-Etienne Cathédral, Auxerre

    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

  • M

    JE SUIS ORIGINAIRE MOI-MEME DE LA BOURGOGNE....

  • FRANCE EN IMAGES

    G

    « Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage : c’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître pour sien un édifice centenaire. » citation de Françoise Bercé.

  • amis

  • Méta

  • amis

  • Architecture Française

    5

  • Artisanat Français

    1

  • A

  • amour-coeur-00040

  • montagne

    Tout devient patrimoine : l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.

  • 180px-Hlézard1

  • Patrimoine Français

    3

    Citation sur la France.
    !!!!
    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

  • Accueil
  • > Archives pour le Jeudi 12 décembre 2013

L’Histoire : parent pauvre de l’Education nationale

Posté par francesca7 le 12 décembre 2013

(Éditorial du 6 décembre 2004 paru dans le N° 13 de
La France pittoresque - janvier/février/mars 2005)

images (13)

A l’aube de sa quatrième année de parution, La France pittoresque poursuit son périple au cœur de la petite Histoire, captivante et vivante : celle qui redonne toute sa place aux multiples aspects de la vie quotidienne de nos ancêtres ; celle qu’une éducation nationale soucieuse d’un enseignement intelligent et utile du passé gagnerait sans doute à privilégier dans nos écoles.

Pourquoi ne pas aborder dès le plus jeune âge le thème des activités exercées autrefois et réglementées par de contraignants statuts ; d’une alimentation évoluant au gré de voyages entrepris par quelques téméraires explorateurs ramenant de nouvelles denrées ; des goûts vestimentaires tantôt dictés par un irrépressible besoin de rompre avec l’ordre établi, tantôt le simple fruit d’anecdotiques prescriptions médicales ; des institutions dont l’analyse et la connaissance, pour austères qu’elle puissent paraître de prime abord, deviennent attrayantes par la présentation de leurs conséquences au jour le jour ; des avancées scientifiques ayant bouleversé la façon qu’avaient nos ancêtres de se déplacer, de se soigner ou encore de s’informer ; des légendes qui, au delà de leur apparence naïve et festive, trouvent leur origine dans d’instructifs événements politiques ou religieux ?

Quoi de mieux en effet, pour bâillonner l’étouffant culte de l’immédiateté véhiculé par les journaux télévisés, qu’un apprentissage de ces quelques notions essentielles qui non seulement détrôneront avantageusement une accumulation trop longtemps instituée de connaissances encyclopédiques, mais donneront à chacun les clés d’une meilleure compréhension du monde qui l’entoure et auquel il doit faire face ? S’il prenait à quelque politicien le désir de convaincre que la modernisation d’un pays chargé d’histoire impose la désaffection des citoyens pour leurs traditions, souhaitons ceux-ci assez lucides pour démasquer l’audacieux charlatan s’apprêtant à les plonger dans le perfide esclavage de l’ignorance…

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

Publié dans HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

Polluer plus pour gagner plus, véritable credo industriel

Posté par francesca7 le 12 décembre 2013

(Éditorial du 8 juin 2009 paru dans le N° 31 de
La France pittoresque - juillet/août/septembre 2009)

Esquisse d’une véritable politique environnementale visant à prévenir les nuisances olfactives et visuelles générées par la jeune industrie, l’arrêté de février 1806 du préfet de police de Paris classe en trois catégories les fabriques selon leur toxicité, à l’instigation de Chaptal, ministre de l’Intérieur démissionnaire qui attire l’attention sur l’imminence d’un bras de fer opposant les industriels aux riverains mécontents d’odeurs qu’ils jugent délétères émanant de leurs usines : les plus téléchargement (6)dangereuses doivent être éloignées des habitations, les plus incommodes sont tolérées, les plus insalubres sont placées sous surveillance, cependant que le Conseil de salubrité, gestionnaire de la santé publique créé en 1801, se doit d’enquêter avant toute nouvelle implantation.

Si ces mesures, étendues à tout l’Empire dès 1810, permettent dans un premier temps d’endiguer la pollution en contenant les émanations, en élevant les cheminées et en enterrant les eaux usées, elles s’avèrent bientôt insuffisantes pour contrer d’une part l’ampleur de la croissance industrielle, d’autre part une urbanisation non réglementée incitant la population à paradoxalement encercler les sites des manufactures. En 1881, selon l’avocat Maxime Napia, il est des industries pouvant devenir « de terribles foyers d’infection épidémique » ou exposer les maisons environnantes « à des risques continuels d’explosion ou d’incendie ».

Quand certaines « sont susceptibles d’émettre des vapeurs désastreuses pour les fruits de la terre », d’autres « ruinent à tout jamais la santé du personnel qu’elles emploient. (…) Laissé libre, sans aucun contrôle, l’usinier, talonné par une concurrence chaque jour plus acharnée, ne songera souvent qu’à réduire ses frais généraux au strict indispensable et négligera, par suite, les mesures d’hygiène les plus élémentaires ».

Plaintes et pétitions nombreuses adressées à l’Administration préfectorale et aux corps élus aboutissent en 1932 à la promulgation de la loi Morizet prohibant l’installation d’une usine de première ou deuxième classe dans les zones réservées aux habitations, mettant enfin en accord urbanisme et législation des établissements classés, alourdissant les pénalités encourues par des industriels qui ne peuvent plus ignorer les déchets qu’ils rejettent dans l’atmosphère.

Deux siècles après que Chaptal ait soulevé de prééminentes questions liées au développement durable, l’ampleur de la tâche demeure colossale…

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

 

Publié dans HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

la vie d’un Poilu

Posté par francesca7 le 12 décembre 2013

 

Sur un front de 800 kilomètres, s’étendaient les tranchées, lieux aux conditions de vie désastreuses où les soldats attendaient les ordres. (article paru sur http://www.lepoint.fr

 poilus-tranchees-2129134-jpg_1865003

La guerre ne devait pas durer, les stratégies envisagées par les états-majors des armées française et allemande n’envisageaient pas un enlisement du conflit, et pourtant ce dernier a duré jusqu’en novembre 1918 dans un quotidien rythmé au jour le jour par le danger et la mort. Le 3 août 1914, le plan Schlieffen est mis à exécution, la guerre de mouvement a commencé, mais elle va rapidement donner suite à un nouveau type de guerre pour lequel l’armée française n’était pas préparée : la guerre défensive et souterraine. 

La première ligne, synonyme d’enfer sur terre

images (11)L’adversité ne se résumait pas à l’ennemi, à l’homme d’en face, mais plutôt à un ensemble de fléaux imprégnant le quotidien de chaque soldat. Les affrontements directs n’ont jamais été incessants durant ce conflit. La boue, le froid, la faim, l’incertitude ou encore les corvées marquaient le quotidien du fantassin de la première ligne. Les tranchées n’étaient séparées parfois que de quelques mètres, il fallait être aux aguets en permanence, de jour comme de nuit. Les tirs d’artillerie, les coups de main, généralement nocturnes, ou encore la guerre des mines engendraient une incertitude constante, synonyme d’énorme pression psychologique. Le silence, le calme n’avaient rien d’apaisant, et, face à cette détresse psychique, les armées se sont évertuées à aménager une relève régulière. On passait des premières lignes au cantonnement selon des périodes incertaines en raison des vicissitudes inhérentes à cette drôle de guerre. 

L’une des missions affectées aux soldats des tranchées était de fournir des renseignements aux autorités militaires. Pour ce faire, des sections de volontaires risquaient leur vie en organisant des patrouilles et des coups de main. Ces entreprises nocturnes permettaient aux membres de la section d’échapper aux corvées habituelles mais furent également motivées par l’appât du gain, 50 francs par prisonnier ramené. C’est sur un sol boueux ou gelé que les corps francs rampaient, dans l’optique d’obtenir la moindre information sur le belligérant, au risque d’être confrontés à un poste ennemi ou bien même aux tirs de camarades non informés de leurs mouvements.

À l’instar des coups de main et patrouilles, les corvées avaient lieu majoritairement la nuit mais n’étaient pas réalisées par n’importe qui. En effet, le grade procurait un certain nombre d’avantages matériels et dispensait par la même occasion de bien des occupations exténuantes. Le répit n’existait pas pour les biffins, actifs de jour comme de nuit. Ainsi, les gradés ne laissaient jamais les troupes inactives en leur confiant des missions périlleuses. Ces corvées imposées aux soldats du « bas de l’échelle » furent nombreuses et conscrées par exemple à la consolidation des tranchées – installation de rondins, claies, gabions -, à l’aménagement du sol – pose de caillebotis -, à l’amélioration des défenses – par le biais de l’installation de réseaux barbelés, de chevaux de frise, de hérissons – ou encore au transport périlleux de fardeaux, grenades ou explosifs. Les déplacements entre les lignes arrière et la première ligne s’exécutaient à travers d’étroits boyaux sinueux et marécageux, quasiment à découvert, ralentissant les hommes et les exposant directement aux tirs des mitrailleuses adverses. 

L’accoutumance à la misère

En parallèle à ces missions-suicides, les fantassins devaient lutter contre la malnutrition et les maladies. Les évolutions technologiques sur le plan militaire ne sont pas sans conséquence pour les soldats dont le quotidien est marqué par la souffrance morale et physique. Les pathologies furent liées aux conditions de vie précaires dans les tranchées, et c’est ainsi qu’à de nombreuses reprises il y eut des évacuations pour cause de bronchite aiguë, de pleurésie et d’autres maladies pulmonaires. On note également l’apparition d’infections spécifiques au théâtre des tranchées, comme ce fut le cas avec les pieds gelés et « le pied de tranchée », conséquence directe de la confrontation permanente des pieds avec l’eau boueuse des tranchées, qui pouvait déboucher sur la gangrène. À cela se greffait une hygiène corporelle déplorable se traduisant par les parasites (poux, puces), le linge inchangé pendant des semaines, l’absence de toilette régulière, à laquelle s’ajoutaient les longues fosses d’aisance nauséabondes, les cadavres en putréfaction synonymes de jardin d’Éden pour la prolifération des rats, comme en témoigne Louis Barthas dans ses Carnets de guerre : « Les rats arrivaient affamés et par centaines dans nos abris. Si la nuit on n’avait pas pris la précaution de se couvrir la tête, plus d’un aurait ressenti au nez, au menton et aux oreilles, les dents aiguës de ces maudites bêtes. » 

images (12)L’omniprésence du danger et de la mort engendrait parallèlement des traumatismes psychologiques. Les cadavres en décomposition, les corps démembrés, les séquelles engendrées par les tirs d’artillerie imprègnent la journée du poilu au point d’aboutir à des troubles psychiques liés au stress, dont certains troubles post-traumatiques – comme l’obusite – qui provoquent des séquelles à long terme allant des troubles du sommeil aux maladies psychosomatiques graves. D’autres maladies viennent accabler les hommes des tranchées, comme la typhoïde, la dysenterie et les maladies intestinales qui résultent de la mauvaise qualité de l’alimentation. Légalement, il était prévu par soldat une ration journalière composée entre autres de 700 grammes de pain, 400 grammes de viande fraîche ou en conserve, 75 grammes de fromage, 35 grammes de café, 45 grammes de margarine ou de lard, entre 25 et 40 grammes de féculents (haricots blancs, petits pois, riz…), mais, en réalité, les quantités furent moins importantes et de moindre qualité. Le ravitaillement en nourriture constituait en lui-même une corvée puisque des soldats (volontaires ou désignés) devaient se rendre à l’arrière jusqu’aux cuisines pour ensuite effectuer le chemin inverse chargés de bidons. Il était donc fréquent que la nourriture soit livrée froide, soit déversée en raison des conditions d’acheminement difficiles ou encore non distribuée face à l’ampleur des affrontements. La malnutrition prédominait donc, tout comme la déshydratation et la mauvaise qualité de l’eau que les soldats faisaient bouillir pour la purifier. 

Les occupations et les quelques réjouissances… 

Dans le désoeuvrement, les diverses occupations s’orientaient vers les jeux de cartes – la manille pour les soldats -, la conversation et l’écriture. Certains passe-temps n’étaient pas accessibles à tous, comme la photographie. Les soldats des milieux urbains pouvaient se faire offrir un petit appareil photo, le Vest Pocket Kodak, dans l’optique de ramener des souvenirs du front. D’autres s’improvisaient collectionneurs ou plutôt pilleurs et se livraient à la chasse aux trophées (aigles impériales, fusils Mauser…). Certains fabriquaient des objets, des bijoux avec toutes sortes de matériaux fournis par les douilles, les ceintures d’obus, les boutons d’uniforme. Ces réalisations étaient préservées, vendues ou bien troquées. Pour autant, ces moments passés à l’arrière n’étaient pas perçus comme un havre de paix, comme l’a écrit Blaise Cendrars, volontaire étranger dans l’armée française puis membre de la légion étrangère, dans son ouvrage intitulé La main coupée : « L’on restait quatre jours en ligne et l’on redescendait pour quatre jours à l’arrière, et l’on remontait à l’avant pour quatre jours, et ainsi de suite jusqu’à la fin s’il devait y avoir une fin à cette triste histoire. Les poilus étaient découragés. Ce va-et-vient était bien la plus grande saloperie de cette guerre, et la plus démoralisatrice. » 

Le poilu trouve de la consolation dans la camaraderie et les beuveries, dans les courriers ou parfois les colis qu’il reçoit de l’arrière, malgré la censure, comme l’exprime Marcel dans un courrier à sa femme, le 31 juillet 1915 : « On vous dit le soldat est bien nourri sur le front, il a tout de reste, ce n’est pas difficile car ce que l’on nous donne est immangeable [...]. Heureusement qu’avec les colis que nous recevons tous nous pouvons presque vivre. » La livraison du courrier était un moment très attendu, privilégié, réconfortant, mais malgré tout douloureux face à l’incertitude du lendemain. 

Le soldat de la première ligne a connu l’enfer sur terre à travers un quotidien tellement difficile à relater, à imaginer, tant il apparaît comme irrationnel. Ce conflit marqua à jamais les esprits mais n’empêcha pas, vingt ans plus tard, un second conflit mondial lourd en conséquences et en désolation.

Publié dans HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

LES POETES AU CAFÉ

Posté par francesca7 le 12 décembre 2013

 

par

Ernest Gaubert

~~~~

téléchargement (5)La mort de Jean Moréas et l’inauguration prochaine d’un monument à Gérard de Nerval ravivent la mémoire d’autre poètes qui, comme l’auteur des Stances et celui de la Bohème galante, vécurent au café, y rêvèrent, y parlèrent, et, parfois, y écrivirent la plus grande partie de leur oeuvre. Depuis le romantisme jusqu’à nos temps d’ailleurs, les hommes de lettres ont beaucoup vécu au café. Il semble pourtant que ces dernières années la jeunesse littéraire ait tendance à le déserter et préfère, même étroit, pour y discuter d’art et de poésie, le logis d’un camarade que l’arrière-salle d’une taverne.
    
Toujours les littérateurs fréquentèrent le cabaret et cette affection n’a pas été sans leur nuire dans l’esprit bourgeois. Leur pauvreté, leur dédain et leur ignorance des soins et des soucis d’un foyer, leur imposait le goût de ces lieux publics où ils retrouvaient, avec l’amitié de gens ayant les mêmes goûts, l’apparence d’un beau décor, une atmosphère familière et la double excitation de discuter et de boire. Boileau, Racine, Lafontaine, hantèrent les cabarets, y composèrent des épigrammes et des satires, y imaginèrent la perruque de Chapelain changée en comète, y rimèrent maintes parodies de Corneille. Plus tard, les célèbres couplets du Café Laurent attribués à Jean-Baptiste Rousseau lui valurent sa condamnation et l’on sait toutes les cabales tramées dans les arrière-boutiques du Palais-Royal et du Carrefour de Buci, les succès de Rivarol et de Chamfort au Caveau, tout ce que les conteurs libertins ont composé de gaillardises et de sottises, entre un pot de vin et une cruche de bière.
    

*
* *

Avec le romantisme, le café entre davantage dans la littérature, si j’ose dire. Dès l’instant où la collaboration des poètes s’étend aux journaux, où les artistes se mêlent à la vie politique, on les apercevra davantage dans les établissements à la mode. Cependant, une démarcation s’impose entre ceux qui fréquentent le café par un sentiment de snobisme, et par goût, ceux qui vont y chercher le plaisir, l’ivresse des alcools et des filles à la mode, et les autres, ceux qui vont au café, parce qu’ils y trouvent leur chez eux, leurs habitudes, des admirateurs et des contradicteurs, ceux à qui l’on peut dire, les trouvant installés sur la molesquine, parmi les fumées des cigares, ce que le comte de Tressan disait au chevalier de Boufflers le rencontrant sur la grande route : « Mon cher poète, je suis heureux de vous trouver chez vous. »
  
Roger de Beauvoir et Alfred de Musset furent parmi les premiers. L’auteur des Contes d’Espagne et d’Italie ne parlait pas littérature dans ces endroits-là. S’il menait Céleste Mogador au Rocher de Cancale, s’il retenait un cabinet du Cadran Bleu ou du Café Anglais, ce n’était point pour y illustrer de vains propos d’esthétique. Eugène Sue et Arsène Houssaye ne tenaient pas académie devant les coquilles de Hardy et les rognons en brochette de Riche, pas plus que devant les vins des Trois Frères Provençaux. Restaurateurs ou cafetiers, de Beauvilliers à Bignon en passant par Rô, Bolème, Henneveu, Méot, Legacque et Very, plus tard Magny, hôte des Goncourt et de Flaubert, recevraient certes la bohème autant que le monde, mais une bohème dorée, bavarde et non éloquente, plus éprise de bonne chère que des formules nouvelles de la tragédie ou du roman. A la porte du Café Tortoni, les frères Goncourt s’indignaient d’être éclaboussés par le cabriolet ou le coupé de M. le vicomte Ponson du Terrail, le seul homme de lettres qui eût voiture sur rue.
   
Sur son déclin, Alfred de Musset coulera des journées au Café de la Régence, s’enivrant de mélancolie, de solitude hargneuse et d’absinthe. Connaissant l’état de l’académicien, un jour, le patron d’un des établissements qui lui sont familiers, ancien boucher devenu limonadier, interdit au garçon de renouveler le verre de l’enfant du siècle. Musset insiste, le garçon explique l’ordre reçu. Le poète se lève et d’un mot cloue à son comptoir le cabaretier terrifié :

– Vous, à l’étal !…
   
Et d’un geste d’empire, il obtient que le serveur lui rapporte une nouvelle absinthe.
   
Près d’un quart de siècle, Aurélien Scholl anima une salle du Tortoni, de ses mots, de ses épigrammes, des mille traits d’un esprit scintillant et vif, de la magie d’une intelligence précise et malicieuse. Celui-ci encore, comme Musset, était un viveur. Ce sont les poètes d’exception, les derniers parnassiens, les poètes de Montmartre et les premiers symbolistes qui firent du café, un cénacle.
   
images (9)Lorsque le groupe de l’impasse du Doyenné se dispersa (Arsène Houssaye, Camille Rogier, Edouard Dourliac, Marilhat, Corot, Nanteuil, Roqueplan, Wattier, de Nerval), Gérard de Nerval voyagea aux routes d’or de la Syrie, puis revint errer à Paris, toujours hanté du souvenir de « son amour » et de mirages. Selon le mot de Théophile Gautier, « l’envahissement progressif du rêve allait rendre à peu près impossible la vie de Gérard de Nerval dans le milieu où se meuvent les réalités. » S’il passe alors de longues nuits dans les comptoirs et les marchands de vins des Halles, il ne faut pas le compter pourtant au rang des poètes de café. Son corps est là, mais son âme est ailleurs. « Pendant de longues heures, déclare le père de Mademoiselle de Maupin, nous avons écouté le poète transformé en voyant, qui nous déroulait de merveilleuses apocalypses et décrivait avec une éloquence qui ne se retrouvera plus, des visions supérieures en éclat aux magies orientales du hachich. »
   
Charles Baudelaire fut entraîné aux cafés du Quartier, par ce Privat d’Anglemont qui est le précurseur des poètes montmartrois. Il ne devait plus en sortir.
   
Le soir de la condamnation des Fleurs du Mal, les Goncourt qui ont soupé à son côté, nous laissent de lui ce portrait dans leur journal :

« Une tête de maniaque, une voix coupante comme une voix d’acier et une élocution visant à la précision ornée d’un Saint-Just et l’attrapant. »

C’est de cette voix d’acier qu’il interroge, sur un ton de juge d’instruction, maîtres d’hôtel et garçons, qu’il les exaspère de demandes précises ou de méticuleuses exigences. « Ce vin est-il bien récolté en coteaux, au mois d’octobre de telle année ?… – Ce verre est-il bien du milieu de la bouteille ? »
   
Nous avons vu Jean Moréas montrer de pareilles exigences, refuser trois fois un verre de kirsch ou de chartreuse, révolutionner tout le personnel d’un établissement pour obtenir, en fin de compte, un produit de marque ou de qualité inférieures au premier qu’il avait repoussé.
   
Au Café Taburey, au Café de la Rotonde, au Procope, au Café Lemblin, où il retrouvait Murger, Deroy, Fauchery, plus tard Cladel, au Divan Lepelletier, où on lui reprochait d’avoir publiquement méprisé Victor Hugo, ce dont il s’excusait, didactiquement et, tour à tour, hautainement silencieux ou dédaigneusement éloquent, Baudelaire ravivait toutes les conversations. « Il avait une foi naïve dans son infaillibilité », ainsi que le remarque un de ses biographes, et ce signe est assez représentatif de tous les intellectuels au café. Il raillait la gaieté courtoise de Monselet fréquentant le Casino de la rue Cadet.
   
De Louis Bouilhet à Théophile Gautier, de Barbey d’Aurevilly à Jules Vallès, que de littérateurs au café ! Bientôt, allait fleurir le temps où les écoles naîtraient au cabaret. Les Hirsutes, les Hydropathes ou bien d’autres se groupèrent autour des colonnes instables de soucoupes, sur le marbre sirupeux des guéridons. Jean Richepin, Maurice Bouchor, Raoul Ponchon devaient y instaurer leur Trinité audacieuse. Seul, le dernier, reste encore fidèle aux terrasses de la rive gauche.
   
Des dessins, des anecdotes, des études, ont fixé le souvenir lamentable et miraculeux de Paul Verlaine au d’Harcourt, au Procope, au François-Premier, à la Nouvelle Athènes. Quelques semaines avant sa mort, un de nos amis le rencontrait, traînant la jambe, le foulard sali, le feutre de travers, geignant dans un mac-farlane étriqué :

– C’est la fin de tout ! On m’a mis à la porte du café. Le garçon a refusé de me servir. Il m’a dit : « Vous relevez de l’assistance publique, c’est pas votre place ici… » L’assistance publique… Ah ! malheur !

Humilié, rageur et beau avec ses yeux d’une infinie tristesse, noyés et brillants, Verlaine frappait le trottoir du boulevard d’une trique furieuse…

Oh! Verlaine au café, les récits, les horizons, brusquement ouverts, sur le rêve, la beauté, l’art spontané et le sentiment !…

Là où Baudelaire raillait, féroce, ou excentrique, interrogeant : « Avez-vous mangé de la cervelle de petit enfant ? Elle a un goût de cerneaux ! » Verlaine priait et chantait en une langue nouvelle, avec des nuances de voix que nul n’avait encore entendues.

*
* *

Comme la jeunesse était venue vers Verlaine, au sortir de l’appartement familial de Mallarmé, rue de Rome, ce fut au café que le symbolisme naquit et que se sont fondées, depuis vingt-cinq ans, la plupart des revues jeunes. Dans son recueil d’anecdotes et de souvenirs sur le Symbolisme, M. Adolphe Retté nous montre toute une génération de poètes au café et dans le sous-sol de café. Trézenick, Paul Adam, Tailhade, Rachilde, Jean Lorrain, F.-A. Cazals, Moréas, le Cardonnel aujourd’hui prêtre en Italie, P.-N. Roinard, Ernest Raynaud, ont été d’abord des poètes en action et en verbe, disputant jusqu’à l’aube, pour la beauté, devant des verres. Ce qui ne devait pas les empêcher de créer une oeuvre et pour la plupart de se faire, plus tard, une existence parfois bourgeoise….
   
images (10)Le café mène à tout à condition d’en sortir, en littérature comme en politique. Ceux qu’on a appelés les poètes de Montmartre, ne pouvaient vivre qu’au café. Ils n’en sont pas tous sortis, quoique les Jean Ajalbert, Paul Bilhaud, Dominique Bonnaud, Maurice Boukay, Bruant, Georges Courteline, Hugues Delorme, Georges Docquois, Maurice Donnay, Maurice Vaucaire, Vicaire et combien d’autres qui sont là pour vérifier notre affirmation et rassurer sur les dangers du café.
   
Peu à peu, la race des bohèmes a disparu. Celle des grandes figures au café, Villiers de Lisle-Adam essayant ses histoires insolites sur les adolescents, Paul Arène chantant le Midi bouge, ou Oscar Wilde, désolé et féroce, contant un apologue, s’est éteinte…

Derrière les Invalides, au Café des Vosges, le samedi soir, François Coppée a mené jusqu’à la dernière semaine avant sa mort, pour l’apéritif, les jeunes poètes qui lui faisaient visite…
   
Les cafés littéraires se font rares. Au boulevard, le Napolitain seul retentit parfois de discussions littéraires. A l’Univers et au Lion Rouge, deux revues, la Phalange et les Argonautes, groupent parfois leurs rédacteurs. On ne va plus au café que pour y parler des morts et de monuments à leur élever. Il n’y a plus que les « comités de statues » qui les fréquentent. On n’y aperçoit plus un Jean Floux aux bottes rafistolées de ficelles et couchant dans une écurie… Ce pauvre Jean Floux, qui mourut le jour de son héritage, glissant sur un quai à la gare, devant le train qui allait l’emporter vers la fortune.
 
Les poètes nouveaux sont des poètes de salons et de thé de cinq heures. Ils sont « confortables » comme l’idéal chanté dans le Coffret de Santal :

Dormir tranquillement en attendant la gloire,
Dans un lit frais, l’été, mais, l’hiver, bien chauffé,
Tout cela vaut bien mieux que d’aller au café.

   
Ces vers sont de Charles Cros qui, lui, n’alla guère qu’au café, où il écrivait, d’ailleurs, un an avant Edison, le rapport présentant à l’Académie des Sciences le paléophone ou phonographe…
   
Comme Moréas, Charles Cros maudissait le café et y revenait souvent. Ce sera la morale de cette étude que de constater cet antagonisme les paroles et les actes des poètes…

ERNEST GAUBERT. (1880-1945) : Les Poètes au Café (1910).

Publié dans HUMEUR DES ANCETRES | Pas de Commentaire »

 

leprintempsdesconsciences |
Lechocdescultures |
Change Ton Monde |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | C'est LE REVE
| Détachement Terre Antilles ...
| ATELIER RELAIS DU TARN ET G...