exemple à St SULPICE
L’église Saint-Sulpice est une grande église de Paris, située Place Saint-Sulpice et a pour adresse postale 2 rue Palatine dans le 6e arrondissement. Elle est dédiée à Sulpice le Pieux, évêque de Bourges au viie siècle.
L’église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 20 mai 1915.
Les historiens ont beaucoup de difficulté à se mettre d’accord sur l’ancienneté de la première église construite à l’emplacement actuel de l’église Saint-Sulpice. En 1724, les fouilles de l’église permirent de mettre au jour une pierre tombale du xe siècle, prouvant par là même qu’une chapelle (dont dépendait un cimetière) existait à cet endroit depuis plusieurs siècles. Du xiie au xive siècles, une nouvelle église fut bâtie à la place de l’ancienne chapelle ; elle fut agrandie d’une nef sous François Ier, et de trois chapelles en 1614. Cependant, avec l’agrandissement des bourgs de Saint-Germain et Saint-Germain-des-Prés, la nécessité de construire une église plus grande et plus digne de la population qui la fréquente s’impose : le bâtiment d’alors ne peut contenir que le douzième des paroissiens. De plus, l’ancienne église menace de tomber en ruine. La proposition est résolue dans une assemblée, tenue le 16 mars 1643 sous la présidence du prince de Condé.
La première église paroissiale du bourg Saint-Germain étant devenue insuffisante pour les serfs de l’abbaye et les habitants du lieu, elle fut remplacée au XIIIe siècle par une église plus grande, la première église Saint-Sulpice, située à l’emplacement actuel de l’église de ce nom. De cet édifice, il ne reste que les piliers arasés visibles dans la crypte. L’augmentation croissante de la population entraîna, sous l’impulsion du curé Olier, le remplacement de cette église par une bien plus vaste qui, commencée en 1646, fut achevée partiellement en 1736 et complètement en 1788.
Il est évident que nous n’évoquerons cette église que sous l’angle de son patrimoine funéraire : vous ne trouverez donc dans cet article rien sur le magnifique gnomon, ni sur les diverses œuvres d’art qu’elle contient. Rien non plus, cela va sans dire, sur le médiocre roman de Dan Brown.
Comme pour la plupart des églises parisiennes, étudier le patrimoine funéraire de Saint-Sulpice n’est pas aisé dans la mesure où il faut faire la part de ce qui reste et de ce qui fût. Malgré sa taille importante et la richesse de son mobilier et de ses œuvres, Saint-Sulpice possède peu de choses en matière funéraire (encore que le mausolée de Languet de Gergy soit magnifique). En outre, cette église possède des caractéristiques propres qui perturbent la compréhension que l’on peut avoir de l’histoire funéraire du lieu : si on enterra peu de temps à Saint-Sulpice, on y enterra beaucoup (les guides du lieu parlent de 15 000 paroissiens inhumés dans l’église !). Celle-ci était particulièrement prisée par l’aristocratie qui peuplait le bourg Saint-Germain (d’où un grand nombre de personnalités issues de l’aristocratie inhumées ici). Néanmoins, le corollaire fut qu’elle fut profanée de manière particulièrement sauvage sous la Révolution, qui ravagea la surface mais également la crypte, qui demeura dans cet état pendant de longues années. Si on ajoute à ces données que Saint-Sulpice posséda au cours de son histoire six cimetières, qui sont traités à la fin de l’article, on comprend mieux la difficulté de l’étude.
UN LIEN / LE SITE DE LA PAROISSE : http://www.paroisse-saint-sulpice-paris.org/
L’ÉGLISE SAINT-SULPICE
(D’après Paris, 450 dessins inédits d’après nature, paru en 1890)
Les savants spéciaux ont longuement disputé sur l’ancienneté plus ou moins grande des origines de Saint-Sulpice. Une pierre tombale du Xe siècle, trouvée
en 1724 dans les fouilles de la nouvelle église, a prouvé que dès les temps les plus reculés il existait en ce lieu un cimetière dépendant d’une chapelle. On y bâtit une église nouvelle du XIIe au XIVe siècle ; elle fut agrandie d’une nef sous François Ier, et de trois chapelles en 1614. Néanmoins l’augmentation croissante de la population du bourg Saint-Germain au sud de Saint-Germain des Prés fit naître chez ses plus illustres habitants la pensée de se réunir pour élever une église monumentale sur l’emplacement de l’ancienne, qui, d’ailleurs, menaçait ruine.
La proposition fut résolue dans une assemblée, tenue le 16 mars 1643 sous la présidence du prince de Condé. La reine Anne d’Autriche posa le 20 février 1646 la première pierre de l’église nouvelle. Les travaux, entrepris par Christophe Gamard, continués par Louis Le Vau, par Daniel Gittard, interrompus faute d’argent de 1678 à 1718, repris alors sous la conduite d’Oppenord, furent terminés par Jean Servandoni, grâce au zèle du curé Languet de Gergi et au bénéfice d’une loterie accordée par Louis XV en 1721.
Le grand portail, achevé en 1749, est l’œuvre de Servandoni ; il se compose de
deux portiques superposés, le rez-de-chaussée, d’ordre dorique, et le supérieur, d’ordre ionique, percés de sept arcades à jour et surmontés de deux tours de soixante-dix mètres, plus hautes par conséquent de quatre mètres que les tours Notre-Dame. L’effet obtenu par des moyens si simples est imposant et majestueux. Chacune des deux tours se compose d’un pavillon carré, accompagné de colonnes corinthiennes et d’un fronton, triangulaire dans celle du nord, demi-cintré dans la tour du midi, qui demeure inachevée et attend son couronnement depuis un siècle et demi. Au-dessus du pavillon carré, se dresse la tour circulaire. La tour du nord renferme les cloches ; sa grande hauteur l’avait désignée pour recevoir un télégraphe aérien du système Chappe, dont les bras noirs s’agitèrent au-dessus de la rue des Aveugles jusqu’à l’installation de la télégraphie électrique à Paris en 1852.
L’architecte Chalgrin avait achevé ou plutôt reconstruit la tour du nord en 1777 ; la Révolution ne lui permit pas de rendre le même service à la tour méridionale. De là, quelque chose de bizarre et de mal venu dans la situation respective de ces sœurs jumelles et dissemblables que Victor Hugo comparait, par une comparaison plus plaisante qu’exacte, à deux clarinettes de pierre. L’intérieur de l’édifice est de dimensions imposantes ; sa longueur, depuis la première marche de la façade principale jusqu’à l’extrémité de la chapelle de la Vierge, qui fait saillie en encorbellement sur la rue Garancière, est de 56 mètres ; sa hauteur, de 32 mètres, depuis le pavé jusqu’à la voûte.
Il est donc à la fois moins haut et plus large, toutes proportions gardées, que
Saint-Germain des Prés, artifice qui exagère le sentiment de vastitude, si l’on ose s’exprimer ainsi. La largeur de Saint-Germain des Prés n’est que d’un tiers environ comparativement à la longueur et à la hauteur, tandis que la largeur de Saint-Sulpice représente quatre dixièmes de sa longueur et seulement vingt-trois centièmes de sa hauteur. Le chœur, entièrement construit sur les dessins de Pierre Gittard, est entouré de sept arcades dont les pieds-droits sont ornés de pilastres corinthiens ; cette ordonnance est également celle de la nef et du bras de la croix. Tous les piliers de Saint-Sulpice sont revêtus de marbre à hauteur d’appui.
Derrière le maître-autel, la chapelle de la Vierge, attribuée à Servandoni, et achevée en 1777, onze ans après sa mort, par l’architecte Wailly, est d’une magnificence qui n’exclut ni la grâce ni l’onction. Vanloo en a peint les panneaux, les frères Slodtz en ont modelé les ornements de marbre, de bronze et d’or ; derrière l’autel, une étroite ouverture, percée au fond de la niche terminale, laisse filtrer un rayon de lumière mystérieuse sur une statue de la Vierge en marbre blanc, chef-d’œuvre de Pajou. La chapelle se couronne d’une coupole où Lemoine a peint à fresque l’Assomption, d’un coloris vigoureux qui rappelle le plafond d’Hercule, peint par le même artiste au palais de Versailles.
L’église Saint-Sulpice possède encore des richesses d’un autre genre, telles que la magnifique balustrade qui ferme le chœur, et les statues des douze apôtres par
Bouchardon, qui l’entourent ; la chaire, donnée en 1788, par le maréchal duc de Richelieu, surmontée d’un beau groupe sculpté en bois, la Charité entourée d’enfants ; l’obélisque en marbre blanc, haut de plus de 8 mètres, construit à usage de méridien par Sully et Lemonnier en 1773, pour fixer d’une manière certaine l’équinoxe du printemps et le jour de Pâques. Deux énormes coquillages, de l’espèce nommée tridachne gigas, donnés parla république de Venise à François Ier, servent de bénitiers à l’entrée de la nef.
Les chapelles de la nef et du chœur, décorées par les maîtres célèbres de ce siècle, forment un riche musée de peinture religieuse. Eugène Delacroix a peint pour la chapelle des Saints-Anges deux pages murales et un plafond, empreints de son fougueux génie : le Triomphe de saint Michel, Héliodore battu de verges, la Lutte de Jacob et de l’Ange. Viennent ensuite, en continuant circulairement jusqu’à la chapelle de la Vierge, des chapelles peintes par Heim, Abel de Pujol, Vinchon, Signol, Jobbé-Duval, Mottez, Timbal, Lenepveu ; puis, au delà de la chapelle de la Vierge, en revenant vers le portail, les chapelles peintes par Matout, Charles Landelle, Pichon, Glaize, Guillemot, Drolling, Alexandre Hesse et Lafon.
La tribune de l’orgue est supportée par des colonnes composites d’un effet grandiose, œuvre de Servandoni ; le grand orgue est digne de cette tribune colossale ; reconstruit en 1861 par Cavaillé-Coll, il possède 5 claviers complets et un pédalier, 118 registres, 20 pédales de Coulmans et environ 7,000 tuyaux, depuis 5 millimètres jusqu’à 1o mètres de longueur ; l’étendue des sons est de dix octaves ; cet orgue, mû par des moteurs pneumatiques, est le plus considérable de l’Europe ; une foule où les dilettante se mêlent aux fidèles emplit la vaste nef les dimanches et fêtes pour entendre l’instrument gigantesque parler sous les doigts de l’artiste auquel il obéit, M. J.-M. Widor, que ses devoirs d’organiste n’ont pas empêché de faire applaudir le ballet de la Korrigane à l’Opéra et Maître Ambros à l’Opéra-Comique.
Par un de ces hasards dont on a peine à suivre les traces, un recoin des sept étages de l’orgue garde le dépôt d’un instrument mondain, sinon profane, aussi charmant dans sa forme délicatement ornée que précieux par son origine : c’est
le clavecin de Marie-Antoinette, reine de France. Quel contraste entre les sons éoliens de cette mélancolique épave, et son colossal voisin, aux flancs pleins de tonnerres !
L’église Saint-Sulpice, révolutionnairement baptisée en 1793 temple de la Victoire, fut le lieu de séance des théophilanthropes, sous la présidence de La Revellière-Lepeaux ; on y donna le 9 novembre 1799 un banquet au général Bonaparte ; enfin en 1802 on là rendit au culte et elle devint la paroisse du XIe (aujourd’hui VIe arrondissement). Ce monument, dont la superficie est de 6,170 mètres, repose sur une immense crypte où ses constructeurs ont respecté les piliers de l’église primitive, construite en contre-bas de celle d’aujourd’hui. Cette église souterraine, décorée des statues de saint Paul et saint Jean l’Évangéliste par Pradier, sert aux exercices du catéchisme et à de nombreuses réunions ou conférences.
Le plan de Servandoni comprenait l’ouverture devant le portail de l’église d’une place monumentale de 120 mètres de large sur 208 de largeur, et la construction à élever devait avoir des façades symétriques ; on en peut voir le modèle dans l’encoignure S.-E. de la place, entre la rue des Canettes et la rue Saint- Sulpice. On renonça à cette exigence. Achevée en vertu d’un décret de 1811, plantée d’arbres en 1838, la place Saint-Sulpice est ornée depuis 1847 d’une fontaine monumentale construite par Visconti, en remplacement de celle qu’on avait transportée au marché Saint-Germain ; l’édicule central de cette fontaine, au milieu de trois bassins concentriques, supporte quatre statues représentant Bossuet, Fénelon, Massillon et Fléchier. Un marché aux fleurs se tient deux fois par semaine sous les regards des quatre prédicateurs de bronze. Au fond de la place, faisant face à l’église, une lourde bâtisse indique la mairie du VIe arrondissement, en alignement de cette section de la rue Bonaparte qui s’appelait autrefois rue du Pot-de-Fer et qui aboutit au jardin du Luxembourg.
La façade méridionale appartient au séminaire de Saint-Sulpice, reconstruit en 1820 sur le plan de l’architecte Godde, et dont les jardins s’étendent, vers le midi, entre la rue du Pot-de-Fer et la rue Férou. Fondé en 1641 par l’abbé Ollier, curé de Saint-Sulpice, le séminaire devint une congrégation, dite des prêtres de Saint-Sulpice, qui, supprimée en 1792, fut rétablie en 1802. Le séminaire et la congrégation qui le dirige ont aujourd’hui une existence officielle, le séminaire de Saint-Sulpice étant le séminaire du diocèse métropolitain de Paris ; il comprend, sous l’autorité de l’archevêque, la maison de Paris dirigée par un vicaire général de Saint-Sulpice et la maison d’Issy. La congrégation de Saint-Sulpice dirige en outre le séminaire de l’Institut catholique de Paris, dont le siège est fixé rue de Vaugirard, n° 74.