Les vaches et le fromage
Posté par francesca7 le 5 décembre 2013
La première domestication des vaches date de 8000 avant J-C au Moyen Orient, et en Inde. Les premiers produits issus de l’élevage sont la traction et le lait transformé en fromage.
L’invention de l’agriculture en Mésopotamie sédentarise des peuples. Chez eux, le fromage, sorte de lait fermenté conservé dans des outres, va devenir plus diversifié. L’affinage va prendre naissance et sa durée de conservation va s’allonger, permettant le transport sur de longues distances.
Ce sont ces éleveurs qui vont contraindre leurs bovins à devenir bête de somme. Animal agricole (labour) puis de commerce (traction de chariots), il va aussi accompagner les peuples qui l’ont domestiqué durant leurs migrations. Cette proximité ancienne va profondément modifier les animaux de leur ancêtre Bos taurus primigenius. L’expansion de l’élevage bovin a même contribué à faire disparaître l’ancêtre sauvage d’Europe.
Les Romains contribuent à l’expansion de l’élevage bovin par la technicité des esclaves vachers et par la diffusion du savoir-faire des fromagers alpins: le fromage pressé à pâte cuite qui se conserve bien et se transporte sans problème, faisait partie de la nourriture des légionnaires.
Durant le Moyen- Âge le savoir-faire de la sélection se perd en partie, bien que les monastères continuent leur travail : le fromage est la nourriture principale avec le pain donnée aux pèlerins. L’historique de certaines races cite un monastère comme élément de sélection des bons géniteurs. (Abondance ou Aubrac).
En production laitière, la production passe de 2 000 kg de lait par lactation par vache fécondée par la monte publique, à des records de plus de 18 000 kg pour les meilleurs individus issus d’insémination artificielle.
En France, le cheptel bovin laitier est surtout composé des races suivantes :
* Abondance
* Bordelaise
* Brune
* Jersiaise
* Pie rouge des plaines
* Prim’holstein (ou Française frisonne pie noir)
* Rouge flamande
* Armoricaine
* Aubrac
* Aure-et-saint-girons
* Bleue du Nord
* Maraîchine
* Montbéliarde
* Normande
* Salers
* Simmental française
* Tarentaise (ou tarine)
* Villard-de-lans
* Vosgienne
Voici quelques caractéristiques des principales race laitières :
– La Prim’holstein ou Frisonne pie-noire : d’origine hollandaise et dont le robe noire et blanche est connue de la plupart d’entre nous. Cette race de vache représente aujourd’hui le troupeau le plus important. Le plus souvent croisée à la Prim-Holstein, elle est, à n’en pas douter, la plus prolifique des races laitières. Elle ne fournit pas pour autant le lait le plus riche, loin s’en faut. La production atteint 9 100 kg par lactation en moyenne et peut dépasser 11 000 kg, avec un taux butyreux de 4,07 % et un taux de protéines de 3,33 %. Son succès est dû à sa croissance rapide et à sa grande adaptabilité à l’élevage intensif. (bonne conformation de mamelle et grande efficacité de transformation de fourrage riche type maïs). Elle assure à elle seule 80 % de la collecte nationale de lait destiné à l’industrie laitière: yaourts, lait en bouteille… En revanche, on lui préfère souvent d’autres races pour l’élaboration de fromages de caractère (Normande, Montbéliarde, Abondance…). Elle est peu adaptée à la fabrication de fromage de par la composition de son lait (moins riche en caséines nécessaires à la fabrication de fromages). Les vaches de réforme sont en revanche peu recherchées par la boucherie et alimentent principalement le marché de la grande distribution. Une bonne partie du troupeau est mené en croisement avec des races bouchères, solution permise par un vêlage aisé. Les veaux sont ainsi mieux valorisés grâce à une bonne conformation de carcasse.
– La Montbéliarde. Elle à la tête toute blanche et au corps parsemé de grandes taches rouge acajou. Indispensable à la fabrication du célèbre Comté, elle fournit un lait de très haute qualitéfromageable, utilisé également pour la fabrication du délicieux Mont-d’or et du Morbier mais aussi de plus en plus du Reblochon, Abondance, Bleu de Gex, Bleu du Vercors-Sassenage et Cantal… C’est la principale race utilisée par les AOC fromagères françaises. Aujourd’hui, la montbéliarde est évidement présente sur sa terre d’origine, la Franche-Comté, mais sa robustesse lui a également permis d’investir l’Auvergne, quelques vallées. Elle donne 7600 kg par lactation d’un lait riche en matière sèche. C’est une race qui a également une bonne conformation pour la boucherie et dont la viande est réputée savoureuse et peu grasse. Les taurillons grandissent vite et sont recherchés. Elles sont aussi croisées avec des races bouchères, donnant des jeunes lourds et savoureux à la descente d’alpage. Ces vaches sont appréciées pour leurs qualités d’élevage : fertilité, longévité, capacité à valoriser des fourrages grossiers et résistance aux maladies (particulièrement aux mammites). Vaches de montagne, elles supportent bien le plein air intégral en alpage et sont de bonnes marcheuses. Leurs onglons durs leur permettent de supporter la stabulation sur aire bétonnée en élevage intensif. C’est donc une race universelle.
– La Rouge flamande : belle vache à la robe brun d’acajou. La production moyenne s’établit à 6 600 kg de lait par lactation. Son lait, grâce à sa richesse en protéines, est à la base de la production de certaines spécialités fromagères régionales : Maroilles, Bergues, Mimolette, Mont des Cats.
– La Simmental française : race mixte à la robe variant du rouge pâle au roux. Elle participe à l’élaboration des fromages AOC : Comté, Mont d’or, Morbier et Bleu de Gex en Franche-Comté, et laguiole dans le Massif central.
– La Salers : remarquable par sa robe de couleur rouge. Son lait était utilisé pour la production des fromages AOC régionaux, notamment le Cantal et le Salers mais il n’y a pratiquement plus de producteurs qui l’utilisent car elle est peu productive. Il reste moins de dix producteurs qui l’utilise pour la fabrication de fromage. Grimpeuse infatigable, elle n’est pas sujette au vertige, ce qui lui permet de pâturer les solitudes pentues des Monts du Cantal. En production laitière, elle peut produire jusqu’à2 000 a 2 400 kg d’un lait riche en matière grasse par lactation. La particularité de cette race est de n’accepter d’être traite qu’en présence de son veau. La salers est aujourd’hui surtout exploitée en système allaitant pour la production de veau de boucherie, souvent en croisement avec des taureaux charolais. Ils donnent des broutards lourds sans complément alimentaire. Elle est recherchée pour ses qualités de rusticité : elle supporte de fortes variations de température et un fourrage parfois grossier. Ses éleveurs louent sa fertilité et sa facilité d’élevage. Dans le Cantal, les éleveurs pratiquaient l’estive : les troupeaux passaient l’été sur les hauteurs, les estives. Les veaux grandissaient au lait de leur mère, et la traite commençait sur les pâturages riches à la fin du printemps. Ce système permettait la production de broutards de qualité et de fromage exclusivement issu du lait le plus parfumé.
– La Vosgienne : à la robe mouchetée noire et blanche. Ce lait est à la base du fromage Munster. C’est une race classée mixte, donnant un lait de grande qualité et en quantité honorable (environ 4 400 kg par an). C’est une race d’une rusticité remarquable : excellente marcheuse, peu sensible aux changements de température, elle s’accommode des reliefs difficiles et des fourrages grossiers; elle est parfaitement adaptée à la montagne. Elle a une bonne fertilité en terrain carencé. elle se laisse approcher trés facilement avec une trés légére crainte.
- L’Abondance. C’est une race mixte: bonne laitière et une bonne conformation pour la boucherie. La production de lait se situe à 5 700 kg par lactation sur 302 jours pour les plus performantes, 5 144 en moyenne en 2006 (+ 886 kg en vingt ans). Il est riche en matière grasse et en protéines avec un bon équilibre entre les deux. Le taux butyreux se situe en moyenne à entre 37,0 et 37,4 et le taux protéique entre 32,9 et 33,1. Le rapport taux butyrique/taux protéique est de 1,13, idéal pour le rendement fromager. Ce lait est à la base de la fabrication de fromages AOC, le Reblochon,l’Abondance, la tome des Bauges et le Beaufort. Ces vaches sont appréciées pour leurs qualités d’élevage : rusticité, aptitude à la marche, résistance aux amplitudes thermiques, facilité de vêlage, aptitude à la consommation de fourrages grossiers et leur longévité. Avec la difficulté de vendre leur fromage, des éleveurs savoyards la croisent avec des taureaux de race bouchère. Elle élève bien son veau en étable, puis la traite commence l’été pour produire le fromage d’alpage, le plus renommé et le plus cher. Ainsi, elle produit sur plusieurs tableaux.
– La Tarine ou Tarentaise. Elle est classée laitière. Cette race est bonne en production laitière et elle donne un lait riche en matières grasses sur des alpages où aucune race « productive » ne pourrait vivre en plein air. Elle donne 4800 kg sur 292 de lactation par an. Son lait est utilisé pour la fabrication de fromages AOC : le Beaufort, la tome des Bauges, le reblochon ou l’abondance et de fromages IGP comme l’emmental de Savoie ou la tomme de Savoie. En aptitude bouchère, elle donne un excellent rendement grâce à la finesse de ses os: 65 à 72 %. C’est une race très rustique, de bonne longévité et bien adaptée au pâturage en montagne et à la transhumance, bonne marcheuse et résistante à la chaleur comme au froid. Elle valorise bien des fourrages médiocres et elle est résistante aux maladies.
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