Avallon et sa vallée des merveilles
Posté par francesca7 le 31 décembre 2013
Avallon, perché sur un promontoire granitique isolé entre deux ravins, occupe un site pittoresque au-dessus de la vallée du Cousin. La ville ne manque pas d’attraits avec sa ceinture murée, ses jardins et ses maisons anciennes. C’est aussi un excellent point de départ pour la visite de l’Avallonnais et du Morvan.
On a retrouvé sur une monnaie celte, le nom gravé d’Aballo, qui peut être rapproché du mot saxon signifiant « pomme » : Apfel, apple.
8617 Avalonnais qui ont adopté Vauban (né à St Léger) comme un des leurs : sa statue par Bartholdi trône au bout de la promenade des Terreaux.
Puissamment fortifié, Avallon devint au Moyen Age une des « clés » de la Bourgogne. En 1432, alors que Philippe le Bon se trouve en Flandre, Jacques d’Espailly, surnommé Forte-épice, parvient à la tête d’une bande d’aventuriers du Nivernais, à se rendre maître des châteaux de la basse Bourgogne. Il va même jusqu’à menacer Dijon. Les Avallonnais, tranquilles dans leurs murailles, dorment sans inquiétudes quand, par une nuit de décembre, Forte épice surprend la garde, escalade les remparts, et enlève la ville. Le duc de Bourgogne, alerté, revient en hâte. Il fait diriger une « bombarde » contre la cité ; les boulets de pierre ouvrent dans la muraille une large brèche par laquelle se précipite l’armée bourguignonne. Mais l’assaut est repoussé. Exaspéré, Philippe le Bon envoie chercher chevaliers et arbalétriers. Forte épice se sachant perdu disparaît par une des poternes qui ouvrent sur la rivière, abandonnant ses compagnons dans sa fuite.
Une ville fortifiée – le tour des remparts.
Depuis l’hôpital, bâtiment du début du 18ème siècle, suivre la rue Fontaine Neuve dominée par la tour des Vaudois ; le bastion de la Côte Gally surplombe un terre-plein propice à la promenade, au-dessus du ravin du ru Poto. Par la rue du Fort Mahon, on rejoint le bastion de la Petite Porte, après la tour du Chaître (1454) et la tour Gaujard. En suivant en contre-haut le ravin des Minimes, on voit la tour de l’Escharguer – bien conservée – puis la tour Beurdelaine, la plus ancienne, construite en 1404, par Jean sans Peur, renforcée en 1590 par un bastion couronné d’une échauguette en encorbellement.
L’église Saint Lazare – au 4ème siècle, un édifice fut fondé ici sous le vocable de Notre Dame. D’un sanctuaire du 10ème siècle subsiste une crypte sous le chœur actuel. A cette époque, l’église reçut du duc de Bourgogne, Henri le Grand frère de Hugues Caper, le chef de St Lazare, insigne relique à l’origine d’un culte. Dès la fin du 11ème siècle, l’affluence des pèlerins était telle qu’il fut décidé, en accord avec les moines constructeurs de Cluny, d’agrandir l’église. Consacré en 1106 par le pape Pascal II, le sanctuaire dut vite trop petit et on reporta la façade à une vingtaine de mètres en avant pour allonger la nef.
Les portails – La façade était autrefois flanquée au Nord d’une d’une tour-clocher au pied de laquelle était percé le portail Nord ; le clocher incendié puis ruiné plusieurs fois, s’écroula à nouveau en 1633, écrasant dans sa chute ce petit portail et une partie de la façade. Il fut remplacé en 1670 par la tour actuelle l’intérêt de la façade réside dans les deux portails qui subsistent. Les voussures du grand portail, composées de 5 cordons sculptés – le dernier très incomplet – sont remarquables : angelots, vieillards musiciens de l’Apocalypse, signes du zodiaque et travaux des mois, feuilles d’acanthe et de vigne y alternent. Remarquez les élégantes colonnettes à cannelures en hélice et les colonnes torses alternant avec les colonnes droites. Le tympan et le linteau du petit portail portent encore leurs sculptures malheureusement mutilées ; on croit reconnaître l’Adoration de la Chevauchée des Mages, leur Visite à Hérode puis la Résurrection et la Descente aux limbes. Quant au décor des voussures, il est d’inspiration végétale : guirlandes de roses épanouies, giroflées, arums stylisé. A droite, dans le prolongement de la façade, vestiges de l’ancienne église St Pierre qui servit d’église paroissiale jusqu’à la Révolution. Sa nef abrite des expositions temporaires. A gauche du chevet, une terrasse permet d’en détailler les sculptures et de dominer la vallée du Cousin, par-delà le parc des Chaumes.
Intérieur – La façade lors de son déplacement, s’est trouvée orientée en biais par rapport à l’axe de la nef qui suit, par paliers successifs, la déclivité du sol (le chœur se trouve 3 m plus bas que le seuil). Dans le bas-côté Sud : statues en bois peint (17ème siècle), sainte Anne et la Vierge (15ème siècle) et un St Michel terrassant le dragon en pierre (14ème siècle).
Au Musée de l’Avallonnais
Fondé en 1862, le musée est installé dans l’Ancien Collège. La section de préhistoire, particulièrement riche, présente les collections de l’abbé Parat, archéologue du 19ème siècle qui entreprit de nombreuses fouilles dans les grottes de la Cure et de l’Yonne (grosses d’Arcy et de St Moré, camp de Cora) ; ses travaux furent complétés par les découvertes effectuées de 1946 à 1963 par A. Leroy-GOURHAN. La période gallo-romaine est illustrée par des éléments uniques ; les statues du sanctuaire de Montmartre (Vault de Lugny), la mosaïque des Chagniais (St Germain des Champs), une excepitonnelle collection de monnaies romaines et médiévales. De l’époque mérovingienne, remarquer le mobilier du cimetière de Vaudonjon auquel doit prochainement s’ajouter celui du site de Bierry les Belles Fontaines. La section des Beaux-Arts privilégie les artistes régionaux : collection de pièces d’orfèvrerie réalisées de 1919 à 1971 par l’artisan décorateur Jean Desprès ; sculpture et P. Vigoureux ; peintures d’Antoine Vestier (Petite fille au perroquet 1790). On voit également la célèbre série du Miserere de Georges Rouaults et les premiers tableaux qu’il a peints pour le musée en 1895 (Stella Matutina et Stella Vesperina, où se lit très nettement l’influence de son maître Gustave Moreau).
Un site à visiter : http://www.museeavallonnais.com/
Ce sont des générations d’érudits locaux, collectionneurs et donateurs, souvent fort engagés dans la politique pour la République, qui ont rassemblé les collections du musée. Ils se sont réunis dans une société d’études, symbole de la curiosité, de la vitalité intellectuelle et économique d’Avallon et ont permis la vie du musée.
Proche de l’impressionnante Tour de l’Horloge, le musée remonte l’histoire du pays avallonnais, et celle des artistes anonymes du Moyen Age aux sculpteurs et peintres des 19ème et 20ème siècles, avec les oeuvres de G. Rouault, P. Vigoureux, G. Loiseau-Bailly ou J. Després.
Depuis juillet 2011, le musée présente aussi l’unique et exceptionnelle « Collection Yao, Mien et Mun, de Chine, Vietnam, Laos et Thaïlande ».
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