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Le Marchand de chiens

Posté par francesca7 le 11 novembre 2013


par
Jules Janin

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Le Marchand de chiens dans ARTISANAT FRANCAIS telechargement-7

Vous avez lu sans doute les Mémoires de lord Byron : une des choses qui m’a étonné le plus dans ces étonnants Mémoires, c’est la facilité avec laquelle le noble lord renouvelle ses boule-dogues et ses lévriers à volonté. -Envoyez-moi, dit-il, un boule-dogue d’Écosse ; les boule-dogues de Venise n’ont pas les dents assez dures. Envoyez-moi un beau chien de Terre-Neuve pour le faire nager dans les lagunes. Il écrit, il donne des ordres à son intendant, comme un autre écrirait à Paris : Envoyez-moi de l’eau de fleur d’oranger ou des gants.

Si lord Byron avait eu son correspondant à Paris, ce correspondant aurait été bien embarrassé de satisfaire aux désirs de son maître : il aurait eu beau chercher dans tout Paris un boule-dogue, un lévrier, ou un chien de Terre-Neuve à acheter, je suis assuré qu’il aurait eu grand’peine à rencontrer de quoi satisfaire lord Byron, qui s’y connaissait. Dans ce Paris où tous les commerces se font en grand, même le commerce de chiffons et de ramonages à quinze sous, il n’existe pas un seul établissement où l’on puisse aller, pour son argent, demander un chien comme on le veut. En fait de marchands de chien, nous en possédons, il est vrai, quelques uns et en plein vent, fort versés dans la science de dresser des caniches et qui élèvent leurs chiens dans des cages sur le parapet du Pont-Neuf ; mais c’est là tout. Allez donc chez ces gaillards-là, une lettre en main de lord Byron, demander à acheter un boule-dogue, un lévrier, ou un chien de Terre-Neuve !

Vous voyez donc, sans que je vous le dise, que malgré toute ma bonne volonté, je ne puis vous faire ici une dissertation savante sur cette branche d’un commerce qui n’existe pas, et qui pourrait être très-florissant. Après la race humaine, ce que le Parisien néglige le plus, c’est la race canine : il est impossible de se donner moins de peine pour les uns et pour les autres ; il est impossible de mélanger les races avec plus de caprice insouciant et de hasard stupide : voilà pourquoi nous avons de très-vilains hommes et de très-vilains chiens.

Venez donc avec moi, si vous voulez voir les chiens parisiens, venez sur le Pont-Neuf, à gauche, en descendant la rue Dauphine ; quand vous aurez passé la statue de Henri IV, vous trouverez cinq à six artistes en chaussures entourés chacun de cinq ou six caniches taillés et ciselés comme le buis des jardins de Versailles. L’un porte une moustache, l’autre est dessiné en losange ; l’un est blanc, l’autre est noir ; l’un est croisé avec un griffon, l’autre est croisé avec un épagneul. Il y a quelquefois dans un seul chien dix espèces de chiens. Envoyez un de ces chiens à lord Byron, et vous verrez ce qu’il vous dira !

C’est que, pour le marchand de chiens de Paris, élever un chien, vendre un chien, ce n’est pas une spéculation : c’est un plaisir, c’est un bonheur. Le marchand de chiens à Paris est d’abord portefaix, décroteur, père de famille, et enfin marchand de chiens. Il est portefaix pour vivre ; il vend des chiens pour s’amuser : c’est un goût qui lui est venu quand soit père était portier. Le propriétaire de la maison avait tant défendu à soit père d’avoir un chien que son fils en a eu trois dès qu’il a été majeur. Pour ses chiens, il a perdu en même temps la porte et l’affection du propriétaire de son père. Zémire, que vous voyez là étendue au soleil, a empêché le mariage de soit maître avec une cuisinière, ma foi ! dont elle dévastait le garde-manger ; puis Zémire étant devenue pleine dans la rue, a mis bas dans le lit de son maître ; son maître voyant ces pauvres petits souffrants, les a élevés lui-même avec du lait, et une fois élevés, il les a vendus sur le Pont-Neuf, ou plutôt il les a placés de son mieux, tenant plus au bien-être de ses chiens qu’à son profit.

Tous les marchands de chiens de Paris ont des petits issus de Zémire et d’Azor ; regardez tous les chiens qui passent, ce sont les oreilles de Zémire, c’est la queue d’Azor, c’est la patte blanche d’Azor : ces chiens-là sont gourmands, malingres, paresseux, voraces, stupides, très-laids et très-sales ; au demeurant, les meilleurs chiens de l’univers.

J’imagine qu’au lieu de juger les hommes par les traits de leur visage ou les signes de leur écriture, on ferait mieux de les juger par leurs chiens. Le chien est le compagnon et l’ami de l’homme ; le chien est sa joie quand il est seul, c’est sa famille quand il n’a pas de famille. Le chien vous sert d’enfant, et de père, et de gardien ; il a l’oeil d’une mobilité charmante, il est arrogant, il est jaloux, il est despote, il a toutes les qualités d’un animal sociable ; il vous donne occasion très-souvent de vous imposer de ces petites privations qui coûtent peu et qui font plaisir, parce qu’elles prouvent que vous avez un coeur. Ainsi la meilleure place au coin du feu est au chien, le meilleur fauteuil de l’appartement est au chien. On sort souvent par le mauvais temps pour promener son chien; on reste chez soi pour tenir compagnie à son chien, on se réjouit avec lui, on pleure dans ses bras, on le soigne quand il est malade, on le sert dans ses amours ; c’est un sujet inépuisable de conversation avec ses voisins et ses voisines ; c’est un admirable sujet de dispute aussi. Pour un célibataire, pour le poète qui est pauvre, pour tout homme qui est seul, pour la vieille femme qui n’a plus personne à aimer, même en espoir, il n’y a plus qu’un seul secours, un seul ami, un seul camarade, un seul enfant, leur chien !

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On peut donc, à coup sûr, juger de l’homme par le chien qui le suit. S’il en est ainsi, vous aurez une bien triste idée du bourgeois de Paris en voyant les chiens qu’il achète. Pour aimer de pareils chiens, il faut avoir perdu toute idée d’élégance, toute sensation, tout odorat, tout besoin de beauté et de formes. Le caniche du Pont-Neuf est, à mon sens, une espèce de honte, pour un peuple qui a quelques prétentions artistes. Le caniche est, en effet, le fond de tous les chiens parisiens.

J’entends le caniche bâtard ; c’est un animal dont on fait tout ce qu’on veut, un domestique d’abord, et le Parisien a tant besoin de domestique, que, ne pouvant les prendre auxPetites Affiches, il en achète sur le Pont-neuf un écu. Il s’en va donc sur le Pont-Neuf, à l’heure de midi, flairant un chien, étudiant son regard, marchandant, discutant, s’en allant et revenant.

- Combien ce chien ? – Le chien qu’il achète est âgé ordinairement de trois mois ; pendant qu’il marchande, tous les connaisseurs se rassemblent autour de lui, et chacun donne son conseil. A la fin on convient du prix ; le prix ordinaire d’un caniche bâtard, plus ou moins, varie d’un écu à sept francs. Quelques-uns se vendent dix francs ; mais en ce cas-là, il faut que l’acheteur soit un maître d’armes, un employé du Mont-de-Piété, ou un commissaire de police ; pour le moins.

A peine a-t-il acheté son chien, le bourgeois de Paris remonte tout radieux à son quatrième étage. Arrivé à la porte, toute résolution lui manque, sa femme a bien juré qu’elle n’aurait plus de chien, comment faire accepter ce nouveau chien à sa femme ? A la fin il prend son parti, il ouvre la porte, il entre. -Tiens, ma femme, regarde le joli petit caniche ! La femme résiste d’abord, puis elle cède ; car le moyen de ne plus aimer, une fois qu’on a aimé, même un caniche ! Et voilà notre heureux couple qui s’occupe du charmant animal, on le blanchit, on le pare, on l’engraisse, on lui apprend à descendre dans la rue tous les matins. Ce bon ménage qui s’ennuyait tête à tête, et qui n’avait plus rien à dire ni à faire, se trouve à présent, grâce à son caniche, très-occupé, et très-heureux. Qui vous dira toute l’éducation du caniche ? Que n’apprend-on pas au caniche ? On lui apprend à rapporter d’abord, on lui apprend à fermer la porte, on lui apprend à marcher sur deux pattes, on lui apprend à faire le mort, on lui apprend à vous ôter votre chapeau quand vous entrez. C’est une plaisanterie très-agréable. Le caniche saute sur vous à quatre pattes, et vous arrache votre chapeau avec ses dents, ce qui est très-ennuyeux quand vous avez un chapeau neuf. Il y a des caniches qui font l’exercice, qui scient du bois, qui jouent à pigeon vole, qui vont chercher leur dîner chez le boucher. J’en ai connu un qui fumait une pipe très-agréablement. Le caniche est la joie de la grande propriété bourgeoise ; c’est une dépense de tous les ans assez considérable, il faut le faire tondre tous les deux mois, il faut changer de logement à peu près tous les ans, il faut être brouillé avec tous les voisins qui n’ont pas de chiens, quand on a un caniche un peu supportable.

Ce sont là de grands sacrifices, sans doute, mais comme on en est dédommagé ! quel plaisir, quand on passe dans la rue, d’entendre l’animal aboyer contre les chevaux, et de se venger sur les chevaux des autres de ceux qu’on n’a pas ! Quel bonheur, dans le bois de Romainville, de voir galoper son caniche ! ou bien de le voir nager clans la Seine, ou courir après un bâton qu’on lui jette, à la grande admiration des amateurs !

Le caniche est de tous les temps, et de tous les âges, et de tous les sexes. C’est le chien du rentier, c’est le chien du propriétaire, c’est le chien du portier surtout. Le portier ! cet être amphibie, qui est à la fois propriétaire, bourgeois, domestique : propriétaire, parce qu’il ne paie pas de loyer ; bourgeois, parce qu’il a un propriétaire ; et domestique, parce qu’il est obligé d’aimer les caniches des autres, et que rarement il peut avoir un caniche à lui.

Le caniche est le chien de l’homme et de la femme, depuis trente-cinq jusqu’à quarante-cinq ans.

Arrivé à cinquante ans, les goûts changent. Tel qui s’était fait le chien d’un caniche impétueux, hardi, ardent, ne pouvant plus suivre à la course son animal, n’est pas fâché de s’en défaire ; ce chien meurt ; alors on le remplace par un animal d’une espèce plus douce et moins fougueuse. Avant cinquante ans, c’était l’homme qui décidait du choix de son chien dans le ménage; après cinquante ans, c’est la femme qui en décide ; c’est qu’après cinquante ans, la femme aime son chien non plus pour son mari, mais pour elle-même ; et alors, aimant son chien pour elle-même, elle prend un chien d’une nature frileuse et calme, qui ne la quitte pas, qui aille d’un pas lent, et qui aime les promenades de courte haleine ; elle le veut peu libertin surtout, et peu coureur ; à cet effet, il existe en France plusieurs sortes de chiens ; le chien noir avec des taches couleur de feu ; le chien couleur de feu avec des taches noires. Sous l’empire, les vieilles femmes avaient trouvé une race de chiens admirable, et qui leur convenait parfaitement ; le carlin ! Le carlin, infect et ennuyeux, criant toujours, têtu, volontaire, délicat ; depuis l’empire, le carlin a complètement disparu de nos moeurs ; il a été remplacé par le griffon, c’est un progrès. Au reste, ce n’est pas la première fois que la France perd des races de chiens. Le petit chien de marquise, au dix-huitième siècle, tout blanc, tout soyeux, et que relevait si bien un collier en ruban rose, s’est perdu presque complètement parmi nous. Les beaux lévriers du temps de François ler se sont perdus, ou à peu près. Il n’y a, en fait de chiens, que le caniche qui soit imperdable. Le caniche est à sa race ce que le gamin de Paris est à la sienne. Toutefois, à la règle générale des caniches il y a des exceptions qui, au reste, ne font que prouver la règle, comme toutes les exceptions. Plusieurs corps de métiers se distinguent, à Paris, par le choix de leurs chiens qui n’appartiennent qu’à eux. Ainsi le boucher se fait suivre ordinairement par une vilaine et sotte espèce de boule-dogue, tout pelé, qui a l’air de dormir, et que nous n’avons pas vu une seule fois en colère, soit dit sans vouloir le chagriner. Le cocher de bonne maison se procure comme il peut, et quand il peut, un griffon anglais, tout petit, qui suit très-bien les chevaux, et qui a remplacé les grands danois d’autrefois, du temps de J.-J. Rousseau, quand il fut renversé par, ce chien danois que vous savez. Autrefois, quand les petites voitures étaient permises, il y avait à Paris de gros chiens, de gros dogues qu’on attelait en guise de cheval, et qui portaient, avec une ardeur sans pareille, leurs légumes au marché. Telles sont à peu près les seules races de chiens usitées dans cette grande capitale du monde civilisé ; vous voyez qu’il est impossible d’être plus pauvres que nous, en fait de chiens.

La révolution de juillet qui a détruit les chasses royales, a porté un coup fatal aux chiens de chasse ; les chiens de Charles X ont été vendus à vil prix, et l’on a vu les chiens du duc de Bourbon hurlant dans les carrefours après la mort de leur noble maître, comme hurlait le chien de Montargis.

Je ne veux pas cependant, tout en déplorant notre funeste insouciance, je ne veux pas passer sous silence un marché aux chiens assez curieux, et dans lequel l’affluence est assez grande pour prouver que si on voulait s’occuper d’améliorer cette belle moitié de l’homme, le chien, on en viendrait facilement à bout. Il existe au faubourg Saint-Germain, vis-à-vis le marché du même nom, une place assez étroite, dans laquelle, tous les dimanches, on amène des chiens d’une nature beaucoup supérieure aux chiens du Pont-Neuf. Ce sont des chiens de toutes sortes ; les uns sont élevés par les fermiers pour la chasse, les autres sont élevés par des gardes-chasse pour la basse-cour. Le plus grand nombre a été trouvé, dans les rues de Paris, et est destiné aux expériences médicales du quartier. J’ai fait plusieurs recherches pour savoir quelle était la profession qui élevait le plus de chiens à Paris, et j’ai découvert, non sans étonnement, que les sacristains de cathédrale étaient ceux qui envoyaient le plus de chiens au marché. Dites-moi, s’il vous plaît, pourquoi ?

Outre le marché du faubourg Saint-Germain, vous trouverez encore quelques marchands de chiens sur le boulevart des Capucines, vis-à-vis les Affaires-Étrangères. C’est là que se vendent les meilleurs chiens courants et les meilleurs bassets, soit dit sans allusion politique et sans esprit.

Cette industrie, toute négligée qu’elle est, fait vivre plusieurs établissements de médecine canine dans lesquels tous les malades sont disposés avec art, et traités avec autant de soins qu’on le ferait dans un hôpital. Le docteur, comme tous les autres, est visible depuis huit heures du matin jusqu’à deux ; le reste du temps il va en visite, avec cette seule différence qu’il est le seul médecin que paye le pauvre. Le soir, quand il est rentré, le docteur se délasse de ses travaux de la journée en empaillant quelques-uns de ses malades.

Le nombre des beaux chiens, à Paris, est fort restreint. On compte deux ou trois beaux chiens de Terre-Neuve tout au plus ; cinq ou six boule-dogues de forte race. Les plus jolis chiens qui soient en France à l’heure qu’il est, on été apportés de Grèce par notre grand poète M. de Lamartine. C’est à eux que M. de Lamartine, en quittant la France pour l’Orient, a adressé ses derniers vers. Moi qui vous parle, j’ai été trois ans à solliciter du poète un regard favorable ; il m’a enfin donné un de ses chiens, c’était le plus beau cadeau qu’il pût me faire après ses vers, et voilà pourquoi, à la place d’un article de genre que j’avais commencé, vous n’avez qu’un article didactique. Je ne comprends pas, en effet, comment on peut parler légèrement de cette amitié de toutes les heures, de tous les jours, de ce dévouement de toute la vie, de ce bonjour du matin, de ce bonsoir de la nuit, de cette famille, de tout ce bonheur domestique qu’on appelle un chien.

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

LA CACOLETIÈRE par G. De Lavigne

Posté par francesca7 le 11 novembre 2013

LA CACOLETIÈRE  par  G. De Lavigne dans ARTISANAT FRANCAIS telechargement-51

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UN cheval de naissance inconnue, hors d’âge, passé de l’écurie d’un petit-maître basque au palonnier d’une diligence, et de la diligence au cacolet, les jambes faibles, les genoux couronnés ; une jeune femme court vêtue, la jambe bien faite, le pied grand, large comme il en faut pour parcourir les sables et les montagnes, le teint hâlé, le sommet de la tête couvert d’un large chapeau de paille ; un bât (pour le cheval) faiblement sanglé, vacillant sur le dos de la monture, penchant à droite et à gauche sous la moindre pression ; deux paniers peu profonds, construits en bois, en forme de cage à poulets, garnis chacun d’un coussin de paille et recouverts d’une toile à carreaux rouges et blancs qui cache le peu d’élégance des formes, le peu de solidité de la construction ; ajoutez à cela un fouet pour stimuler l’ardeur souvent éteinte de la bête, une branche de feuillage pour éloigner d’elle les moucherons ; indiquez pour fond du tableau les campagnes sablonneuses qui entourent Bayonne, ou quelque route étroite dans la montagne, voilà la cacoletière, son cacolet et la contrée qu’ils parcourent l’un avec l’autre. Pour chargement nous prendrons soit un bon négociant bayonnais  allant avec son épouse visiter quelque métairie des environs, soit deux jolies grisettes du pays basque qu’attire à Biarritz un joyeux rendez-vous, soit encore un étranger, un Parisien, car tout étranger est Parisien à Bayonne : celui-là va explorer le versant occidental des Pyrénées, et découvrir Cambo, Itxassou et l’un des pas de ce Roland qui a passé partout.

Les deux grisettes sont de poids égal : leur embarquement sera facile. Toutes deux s’élancent à la fois sur les siéges qui les attendent : les voilà parties, peu mollement assises, se laissant aller au balancement du cacolet, s’inquiétant peu du vent qui soulève leur robe déjà courte et met à découvert des jambes parfaitement modelées ; les voilà parties et les joyeux éclats que vous entendez ne cesseront pas un instant. La grisette bayonnaise est, des femmes de ce monde, la plus rieuse, la plus bruyante et pas tout à fait la plus spirituelle.

Le bon négociant et son épouse se hissent, non sans peine, sur la monture qu’ils ont choisie ; la pauvre bête plie sous le poids, le cacolet penche d’une manière inégale, la sangle tourne, madame est presque à terre, monsieur est grotesquement perché à deux mètres du sol ; mais l’industrie cacoletière sait suppléer à ce qui manque à monsieur, sans rien ôter à madame, et non pas, comme ferait Sancho, en émondant à celle-ci quelques livres de chair. Le siége de monsieur est lesté du parapluie, du cabas, des provisions du ménage ; un pavé même répartira également la charge, et si, quelque accident survenant, si, le cheval succombant, la tête de monsieur et le pavé se rencontrant, il y aura des rires et des grincements de dents.

Voilà deux convois partis par deux routes différentes : l’un marche lourdement ; la monture bronche à chaque obstacle. L’autre va bon train ; la gaieté du chargement anime le porteur mieux que ne ferait l’aiguillon, et près de chaque cheval marche ou court la cacoletière, tantôt à la tête, tantôt à la queue, fouettant d’une main, chassant les mouches de l’autre, à peine préservée des rayons du soleil par le chapeau de paille juché sur sa tête, ruisselant de sueur, et disparaissant parfois au milieu des nuages de poussière que soulèvent les pieds de sa bête et les siens. Ainsi elle accompagnera ses voyageurs, quel que soit le but de la course, quelle que soit la distance à parcourir ; et si elle n’est requise pour le retour, elle rentrera lestement à la ville, assise seule entre ses deux paniers, et toute prête à recommencer.

La cacoletière et son plaisant véhicule sont au nombre des types originaux de ce petit coin de la France qui réunit le Béarn, le Labour et le pays Basque. Très-commun dans les provinces du nord de l’Espagne, le Guipuscoa et la Navarre, le cacolet (artolas) est arrivé de ce côté-ci des Pyrénées, où il a régné en maître. Il était l’intermédiaire indispensable de toutes les correspondances : postes, diligences, il remplaçait tout ; il n’était pas une mauvaise traverse, impraticable aux voitures, voire même à ces ignobles charrettes bouvières dont l’essieu tourne en grinçant, et dont l’approche fait frissonner à mille mètres de distance, il n’était pas un sentier qu’un cacolet ne parcourût. Le cacolet était dans le pays basque le premier résultat mécanique de l’attraction, et la cacoletière l’agent des relations de ce monde. La malheureuse ! elle colportait avec elle ce poison qui doit la tuer, elle semait sur son passage cette civilisation qui a germé sur ses traces, qui, devenue plus forte qu’elle, l’étouffe en ce moment, et arrachera bientôt son dernier soupir !

Aussi cette haute vogue du cacolet, qui en faisait l’arbitre de toutes les destinées, a disparu à mesure que la lumière s’est fait jour dans ce coin de la France, à mesure que l’industrie des hommes a créé des routes, nivelé les montagnes, et dompté la mobilité des sables. La civilisation est venue à grands pas ; la cacoletière a marché en sens inverse.

Il y a dix ans, vingt ans, trente ans, alors que la cacoletière était la divinité du pays basque, le fétiche qu’on y adorait comme on adore aujourd’hui le facteur de la poste aux lettres ; il y a quelques lustres, enfin, il y avait à l’extrémité de Bayonne, dans cette enceinte formée par les fortifications de la porte d’Espagne, un long espace réservé aux cacolets. Les chevaux attendaient une charge, serrés piteusement côte à côte, et la tête vers le mur ; près de chacun les cacoletières, dans ce costume original des jeunes filles de la montagne, guettaient et attiraient le voyageur ; pas un homme ne se mêlait dans leurs rangs : – un homme conducteur de cacolet eût été une anomalie aussi grande qu’une femme sur le siége d’un fiacre ou d’un omnibus. – Quand venait le déclin du jour, la cacoletière remuait le coussin de paille de ses paniers, les recouvrait d’une toile à carreaux bien propre, ranimait Brillant, son cheval, de la voix et du geste. – Tous les chevaux de cacolet se nomment Brillant, de même que les cacoletières, Gracieuse. Si, dans le mérite égal des deux noms, il y a quelque chose qui ressemble à de l’à-propos, ce quelque chose est plutôt, je dois le dire, à l’avantage de la conductrice que de la bête. – Alors accourait toute cette joyeuse population dont elle était le guide indispensable, et qui, portée par ses cacolets, courait respirer la brise de mer sur les dunes de Biarritz, ou l’air vivifiant de la montagne à Cambo ; alors elle était en tiers dans toutes les fêtes, dans toutes les parties, dans tous les plaisirs ; elle était le confident inévitable de tout ce qui était jeune, de tout ce qui avait un coeur ; et, grand Dieu ! de combien de rendez-vous amoureux Gracieuse s’est rendue la complice ! combien de douces intrigues elle a vues se nouer aux bals où courent en foule les grisettes bayonnaises, et se dénouer vers les rochers et les sables de la Chambre d’amour !

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Aujourd’hui que la cacoletière, presque inaperçue, se débat encore dans l’enceinte de la porte d’Espagne, au milieu d’une multitude de voitures, de carrioles, de chars à bancs, d’omnibus même, ô progrès ! aujourd’hui qu’elle n’est pas tout à fait réduite à l’état de problème, ne voudrez-vous pas essayer une fois de son cacolet, et, pendant que je vous accompagnerai pas à pas, vous traîner avec elle à la suite de ce flot de tristes équipages qui inondent les routes voisines, étonnées de tant de tumulte ? Biarritz est au bout de la course, Biarritz, le paradis terrestre, les Champs Élysées de la vie bayonnaise ; c’est jour de fête et jour d’été, la ville est déserte ; et, voyez, la cacoletière est jolie ; dans son gracieux patois elle invite au voyage et son cheval et vous : Moussu ! boulets ana enta Biarritz ? per bin sos, n’es pas ca ! Monsieur, voulez-vous aller à Biarritz ? pour vingt sous, ce n’est pas cher ! Anem, partim Brillant, per ana proumenat aou coustat de le ma. Allons, partons, Brillant, pour aller promener du côté de la mer. Laissez-vous séduire : cinq kilomètres à parcourir en une heure, ce sera chose faite ; hâtez-vous, dans dix ans, que dis-je ? dans deux ans, peut-être, la cacoletière ne sera plus ! Hissez-vous à sa gauche, partagez avec elle la charge de Brillant, tenez-vous ferme, et ne craignez rien. Soyez sage, surtout ; que les beaux yeux, l’air agaçant, la parole hardie de votre conductrice, qu’un instant de solitude au milieu de la campagne d’Anglet, ne vous tentent pas, ne vous séduisent pas : la cacoletière n’entend jamais la plaisanterie au grand jour ; et si, quittant subitement son siége pour échapper à vos atteintes, elle vous abandonnait seul et sans balancier sur la moitié du bât que vous occupez, vous mordriez à l’instant la poussière, à votre honte et à sa grande hilarité.

Laissons aller la foule, rien ne nous presse ; quittons un instant la route qu’elle suit, et prenons cet étroit sentier qui aboutit à un autre point de la plage, entre Biarritz et l’embouchure de l’Adour : là est une crique célèbre dans l’histoire amoureuse du pays. Il y a longtemps, bien longtemps, dans une grotte au pied de la falaise s’étaient réunis une jeune fille, la plus jolie des cacoletières, un jeune garçon, le plus hardi des pêcheurs de la côte. Tous deux étaient arrivés à l’heure de la basse mer, et tous deux s’étaient endormis et rêvaient le bonheur. Le temps fuyait, l’horizon était sombre, les barques rentraient au rivage, la mer grondait et montait. Les pauvres enfants dormaient toujours. Enfin un flot roule à leurs pieds, et les couvre d’écume. Ils s’éveillent : hélas ! que devenir ? Le retour sur la falaise était impossible ; les vagues déferlaient à six pieds au-dessus du sentier qu’ils avaient suivi… Nul n’entendit leurs cris de désespoir ; la mer monta, monta toujours, gronda toute la nuit, et le lendemain il y avait un rameur de moins à la pêche du thon dans le golfe, un cacolet de moins à la porte d’Espagne !

Malgré ce triste souvenir, la Chambre d’amour est encore un lieu d’amoureux rendez-vous : la grotte est depuis longtemps comblée par les sables ; mais deux auberges se sont élevées près de la tombe de Gracieuse la cacoletière, et il n’est pas dans toute la ville une jeune fille qui ne les connaisse, un cheval du nom de Brillant qui n’y soit venu. Hélas ! est-ce un triste pressentiment ? est-ce un instant de seconde vue ? là-bas, près de la grotte célèbre, sur les sables qu’abandonne le reflux, il me semble voir une place réservée à la dernière des Gracieuse, au dernier des Brillant, au dernier des cacolets….. Dieu ne le veuille pas !…… L’heure de la cacoletière serait-elle sitôt venue ?

Et maintenant, anem, moussu, il se fait tard ; la foule se presse à Biarritz. Il semble que de là-bas les flots nous apportent quelque bruit d’orchestre et de danse : courez, avant la nuit, étudier, et prendre votre part de plaisir ; Gracieuse et Brillant vous attendent, adieu ! Reprenez votre siége aérien, causez avec votre conductrice de ce que vous venez de voir ; et, si vous n’êtes pas trop attristé de notre pèlerinage à la Chambre d’amour, si votre imagination est excitée par quelque amoureux souvenir, si, protégé par l’ombre du soir, vous voulez courir les chances d’une chute sur les sables, allez, et que Dieu vous conduise !   

Texte établi sur un exemplaire (BM Lisieux : 4866 ) du tome 9 des Francais peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du XIXe siècle publiée par L. Curmer  de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 

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LES ÉCOLES DE NATATION par Charles Friès

Posté par francesca7 le 11 novembre 2013

LES ÉCOLES DE NATATION  par  Charles Friès dans ARTISANAT FRANCAIS images-19

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LES badauds, ruisselant de sueur, se pressent, se heurtent, se bousculent devant le thermomètre de l’ingénieur Chevalier, afin de contempler la hauteur inaccoutumée où s’élève l’esprit de vin dans son tube de cristal. – Il n’est pas de peu d’importance de connaître au juste le nombre de degrés centigrades contre lequel on a à pester.

Pas un nuage au ciel. Le soleil de la canicule darde en plein sur Paris, et transforme chaque maison en une fournaise ardente. Dans les rues, l’asphalte fond sous les pieds ; un peu plus, et les malheureux promeneurs y resteraient pris comme des moineaux dans la glu.

Voici le bon temps pour les écoles de natation. Depuis le matin jusqu’au soir, elles sont toutes grouillantes de monde ; on s’y touche, on s’y porte ; impossible d’y démêler la couleur de l’eau : partout des têtes, des nuées de têtes ! Mais parmi cette multitude de baigneurs de tous les âges et de tous les rangs, qui vont, viennent, s’appellent, badinent, folâtrent, et présentent un tableau si vif, si animé, le principal personnage, celui autour duquel tous les autres viennent se grouper comme de simples accessoires, c’est le grenouillard.

Le grenouillard n’a point de rival à la brasse, à la marinière, à la coupe, et à la planche, soit simple, soit godillée. A lui la palme pour donner une savante passade, pour plonger avec art, pour fendre l’eau sans en soulever une seule goutte, pour fumer, tout en nageant, avec une grâce de lion. Jaloux d’utiliser ses talents au profit de l’humanité, il ne se passe pas de mois, de semaine, de jour, sans qu’il arrache à la mort quelque malheureux sur le point de se noyer ; en foi de quoi il possède une collection de médailles et de certificats.

Le grenouillard ne descend jamais dans la partie inférieure de l’école : il ne hante que l’amphithéâtre, où il trône en souverain, entouré d’une cour respectueuse à laquelle il se plaît à narrer ses prouesses nautiques. Il est vantard et hâbleur de même qu’un chasseur ou un commis marchand. Lorsqu’il s’ingère de piquer une tête, de donner un pied devant ou une victime, de se jeter en petit paquet, il n’oublie pas de crier une heure à l’avance : Place au tapis ! place au tapis ! Et la galerie d’applaudir avec fureur à ses cabrioles.

Tant que la saison le permet, le grenouillard ne quitte pas l’école de toute la journée : il en est le pilier ; il y déjeune, il y dîne, il y goûte, il y soupe. Une seule chose le taquine : c’est de ne pas pouvoir y coucher. Enfin il ne se sépare presque point de son caleçon, qui est invariablement rouge.

Ignorant cette dernière particularité, un quidam, nullement grenouillard, avait fait l’acquisition d’un caleçon rouge. Tandis qu’il flâne innocemment, revêtu de son emplette, à l’amphithéâtre d’une de nos écoles, survient un grenouillard. Celui-ci, induit en erreur par la nuance du susdit caleçon, prend notre homme pour un confrère, et, désireux de lier connaissance avec lui, il le pousse dans l’eau sans autre forme de procès, ainsi que cela se pratique en pareil cas.

Aussitôt l’on accourt de tous les points de l’école : deux grenouillards qui plaisantent entre eux, peste ! cela promet d’être curieux.

Le quidam se débat d’abord à la surface de l’eau, en poussant des sons inarticulés, parmi lesquels on croit distinguer : La perche (1) la perche ! puis il disparaît complétement.

« Un grenouillard qui feint de ne pas savoir nager ! s’écrie-t-on à la ronde, ah ! charmant ! délicieux ! » Trois minutes se passent : pas de grenouillard.

« Satané grenouillard, continue-t-on, a-t-il l’haleine longue ! Décidément, il est amphibie. » Et pendant ce temps, le soi-disant amphibie buvait, buvait… Encore quelques instants, et sa saturation était complète. Bref, si le grenouillard véritable n’avait pas fini par se jeter à l’eau, le grenouillard supposé aurait payé de sa vie l’idée malencontreuse qu’il avait eue de se parer d’un caleçon rouge.

Au reste, le caleçon rouge commence à devenir rare dans les écoles : on se lasse de tout, même de barboter entre quelques planches, et, chaque jour, des grenouillards renoncent aux gloires de l’amphithéâtre pour se faire canotiers. Que Zéphyr leur soit léger !

Le propriétaire d’une école se plaignait dernièrement à nous, et avec raison, de l’indifférence actuelle du public en matière de natation. Jadis, chacun ambitionnait le titre de bon nageur : pour l’obtenir, rien ne coûtait. On se rappelle encore ces audacieux qui s’amusaient à donner des victimes du haut du pont Royal, au grand effroi de la duchesse d’Angoulême qui, se trouvant alors dans ses appartements aux Tuileries, les fit prier poliment, par un officier de service, d’avoir à cesser leurs dangereuses culbutes. On n’a pas oublié non plus, j’imagine, ces nageurs intrépides, qui, partis du quai d’Orsay, firent, à la nage, le trajet de Paris à Saint-Cloud, en poussant devant eux une table en liége, chargée de comestibles et de vins de toutes espèces. Il est vrai que plusieurs n’arrivèrent au but que bien tard, et hors d’état de jouir de leur triomphe : ils étaient asphyxiés… Mais ceci n’est point notre affaire.

220px-Bundesarchiv_Bild_102-14027%2C_Berlin%2C_Synchronschwimmen_der_Damen dans HUMEUR DES ANCETRESA l’heure qu’il est, tout cela est bien changé, et le feu sacré semble éteint chez les nageurs : on nage bourgeoisement, comme l’on danse, sans se piquer d’amour-propre pour mieux faire, et si quelque nageur émérite apparaît par hasard, il n’inspire guère plus d’intérêt que celui qui viendrait exécuter, dans une contredanse, des entrechats et des jetés-battus.

Dirigeons maintenant nos regards sur la foule des baigneurs ignares, sur les porteurs de caleçons bleus, blancs, jaunes, violets, panachés ; il est parmi eux des originaux qui ont droit à notre attention.

Voyez plutôt !…

Ce monsieur qui sort de son cabinet avec un caleçon pimpant, un serre-tête de toile cirée, et un petit thermomètre à la main. Il s’approche de l’eau d’un air inquiet, et y plonge son instrument, afin de constater si elle est suffisamment chaude. Cette expérience ne le satisfait pas d’une manière complète, à ce qu’il paraît, car il croit devoir s’éclairer de l’avis d’un baigneur, à qui il pose cette question : L’eau est-elle bonne ? Sur la réponse de celui-ci, qu’elle est excellente, il se débarrasse de son thermomètre, et descend résolument l’échelle. A peine a-t-il touché l’eau du bout du pied : « Diantre ! qu’elle est froide ! » s’écrie-t-il, et, remontant au plus vite, il se r’habille et part comme il est venu ;

Ce pessimiste, à qui vous n’ôteriez pas de l’idée que le fond de l’eau est tout parsemé de clous, de culs de bouteilles, et autres objets d’un contact peu agréable. Aussi, dans la crainte de se déchirer les pieds, reste-t-il, pendant tout le temps de son bain, accroché après les claies ;

Ce collégien tout bleu de froid, qui secoue le joug de la discipline, et gagne les coins sombres pour y fumer, à l’insu du pion, des petits morceaux de jonc en guise de cigares ;

Cet acrobate manqué, qui se pose en rival d’Auriol, et, sans penser une minute à se baigner, exécute des tours d’adresse et d’agilité, au risque de briser ses membres, lesquels ne sont pas, hélas ! taillés sur le modèle de ceux de l’Apollon du Belvédère ;

Et ce ci-devant jeune homme, qui veut à toute force apprendre à nager, malgré son âge et ses dispositions négatives pour ce genre d’exercice. Suivons-le dans le cabinet consacré  à la leçon à sec : là, maintenu en l’air horizontalement, au moyen de courroies qui lui passent sous le corps, – à peu près comme ces crocodiles empaillés qu’on voit suspendus dans les cabinets d’histoire naturelle, – notre nageur en herbe va gigoter sous les ordres d’un professeur qui lui commandera des pliez, des détachez, des assemblez, le tout à raison de 3 ou 4 fr. l’heure. Certes, voilà de l’argent bien employé.

Vous me demanderez, sans doute, quelles sont les fonctions de cet individu en habit noir et en cravate blanche, qui vient de manquer de choir dans l’eau tout habillé, tant est grande sa préoccupation à suivre des yeux les pieds des baigneurs ?

C’est l’artiste pédicure attaché à l’établissement. Il est à la piste de cors, d’oignons, et de durillons à extraire ; ce qu’il fait, dit-il, sans douleur, et au plus juste prix. Écoutez-le, et il ne tardera pas à vous convaincre, eussiez-vous les pieds les plus sains du monde, que vous êtes menacé de marcher bientôt avec des béquilles, si vous n’avez pas immédiatement recours à son bienfaisant ministère. Craignant peu qu’on lui dérobe les secrets de son art, c’est en plein vent, sur le premier banc venu, qu’il soulage l’humanité souffrante. 

Entendez-vous cette voix enrouée qui appelle à la pleine eau ? - C’est celle du maître nageur, vieux dur à cuire, infailliblement blessé à Wagram ou à Austerlitz, et dont la joue est gonflée d’une éternelle chique qu’arrosent de fréquents petits verres. Le maître nageur est petit, carré d’épaules, ventripotent. Il se tient toujours droit comme un I, la tête haute, le jarret tendu. Il porte un chapeau de cuir bouilli, coquettement placé de travers sur sa tête grisonnante, une chemise de grosse toile, un large pantalon bleu, des escarpins sans bas à ses pieds. Ses oreilles sont ornées de boucles en cuivre doré, figurant des ancres. Sa conversation, émaillée de nombreuses fautes de français, roule d’ordinaire sur la honte qu’il y a à ne pas savoir nager, et le plaisir qu’on éprouve à tirer proprement sa coupe. En ce moment, il monte en bateau avec une douzaine d’amateurs qu’il a recrutés pour la pleine eau. Voilà les douze nageurs à l’eau ! Quant à lui, il reste dans le bateau, occupé à les regarder avec la tendresse inquiète d’une poule surveillant sa jeune couvée. Que l’un d’eux s’écarte, aussitôt le cri : Ohé ! au bachau , le rappellera auprès de lui. Qu’un autre boive un bouillon, à l’instant il s’élancera à son secours, plongera, ira fouiller le fond du fleuve, et ne reparaîtra pas seul, soyez-en sûr. Douze baigneurs lui ont été confiés, et il serait perdu de réputation s’il ne les ramenait pas tous sains et saufs.

N’oublions pas, dans cette revue un peu rapide des écoles de natation, d’accorder une petite place au garçon de cabinet, image du mouvement perpétuel, courant au triple galop de côté et d’autre, afin d’ouvrir aux baigneurs les portes de leurs cellules respectives. Il y aurait de l’ingratitude de notre part à ne pas mentionner aussi la buvette, près de laquelle nous avons tous passé, étant enfants, des moments si doux, en contemplation devant les biscuits, les croquets, les sucres d’orge, les bâtons de chocolat, les cervelas à l’ail, qu’on y débite à des prix exagérés.

240px-Melchis%C3%A9dech_Th%C3%A9venot_Art_de_NagerParmi les nombreuses écoles de natation de Paris, il en est qui semblent avoir fixé plus particulièrement la vogue. Ce sont les écoles PetitDeligny, et celle dit du Pont-Royal. La première, située près de l’île Louviers, est recherchée pour la limpidité de ses eaux, vierges, à cet endroit, de tout contact avec les mille égouts de la ville ; et la dernière, pour sa position au centre de la capitale et la propreté de ses cabinets. L’école Deligny, qui occupe un fort bel emplacement sur le quai d’Orsay, est le rendez-vous habituel des dandys, des militaires, et de tous ceux qui aiment une eau rapide et profonde. Sa proximité du château des Tuileries lui vaut la pratique des princes, qui y ont un joli salon pour leur usage particulier.

Il me reste à dire quelques mots des écoles de natation moins comfortables, à l’entrée desquelles sont écrits ces mots peu ambitieux : Bains à 20 cent. ; vastes cuves accessibles à toutes les bourses, et où la société n’est pas toujours très-choisie. Là, point de caleçon qui gêne le corps dans ses mouvements ! point de cabinet séparé ! On se déshabille pêle-mêle, en famille ; on se jette à l’eau avec un morceau de savon ingénieusement percé d’un trou, et attaché au bras avec une ficelle ; on se frotte, on se refrotte, et une fois le savonnage terminé, on se dirige vers ses effets. Ici se présente parfois une difficulté : les effets ont disparu ; ils ont été remplacés par d’autres ; et tel individu qui est arrivé en bottes, en redingote et en chapeau, se voit forcé de revenir chez lui en sabots, en blouse et en casquette, chose fort désagréable, surtout à celui pour qui le plaisir n’est pas dans la variété.

CHARLES FRIÈS.

Source -  Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex  -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr
 

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Coiffeur au 19ème siècle

Posté par francesca7 le 11 novembre 2013

(D’après « Dictionnaire de la conversation
et de la lecture », volume 6 paru en 1853)

                                                                                                      Image illustrative de l'article Coiffeur

Si le coiffeur n’est l’alter ego ni du barbier ni du perruquier, il en est souvent le cousin germain, et les trois états bien des fois se sont personnifiés sur une seule tête. Les Grecs avaient leur xoupeuc, les Romains leur tonsor, dont la boutique était le rendez-vous des oisifs, des conteurs de nouvelles, des gobe-mouches, des bavards de toute classe, où chaque homme libre venait le matin rafraîchir sa toilette, où les merveilleux se faisaient rogner les ongles.

On y coupait les cheveux sans ciseaux, instrument alors inconnu, auquel on suppléait par deux rasoirs, qu’on faisait jouer en morne temps en les opposant l’un et l’autre. Théophraste, Plutarque, Martial, les poètes comiques grecs et latins parlent fréquemment de ces boutiques de tonsors, baigneurs-étuvistes, et M. Bœttiger leur a consacré une dissertation savante.

En France, ce n’est que dans les premières années du dix-huitième siècle qu’il commence à être question des coiffeurs, à part et en dehors des barbiers et des perruquiers. Les grands seigneurs avant cette époque chargeaient leurs valets de chambre du soin de leurs têtes ; les grandes dames les confiaient à leurs femmes de chambre. Le reste du genre humain, hommes et femmes, était condamné à passer par les mains du perruquier, qui avait fait son temps et qui vieillissait à vue d’œil. Un bon procès en règle est intenté en 1769 aux coiffeurs par les perruquiers : les nouveaux venus le gagnent ; et les premiers occupants ne se sont point relevés du coup, tandis que la fortune de leurs glorieux rivaux n’a fait que grandir.

Bientôt le titre de coiffeur ne suffit plus à ces fiers artistes ; ils se qualifient d’académiciens de la coiffure et de la mode. Mais à leur tour les académiciens, les grands académiciens, chargés de peigner la langue et d’épiler le vocabulaire, sans les empêcher de l’écorcher en vrais barbiers bien entendu, ne veulent pas de ces collègues de nouvelle espèce, et défense leur est faite d’inscrire sur leur porte, comme ils le faisaient, en gros caractères : académie de coiffure. Ils s’en consolent en prenant le titre, plus modeste, de professeurs et en ouvrant des cours de coiffure.

La faveur toujours croissante du beau sexe huppé les dédommagea amplement de ce léger échec. Avouons-le en passant, le coiffeur à la mode était ordinairement jeune, agréable, bien tourné. Heureux privilégié, admis aux mystères de la toilette, tous les jours rôdant autour de la même femme comme le serpent autour d’Eve, attendant l’occasion, caressant sa chevelure d’une main légère, papillonnant ça et là, aussi longtemps qu’il lui plaisait, autour d’une tête charmante, ayant le droit de la regarder avec amour à mesure qu’il contribuait à l’embellir, il dut trouver le secret de plaire s’il était aimable, et il l’était quelquefois, et flatteur toujours, ce qui ne nuit jamais. Mon Dieu ! n’accusons pas la chronique scandaleuse du temps. Songeons à la légèreté des mœurs, considérons l’abandon de la toilette matinale, l’atmosphère moite et parfumée, les tentations de la solitude, et ne nous étonnons pas que l’heure du coiffeur ait été plus d’une fois l’heure du berger !

Parmi ces enchanteurs du dix-huitième siècle, citons Legros, qui publia en 1769 un traité de l’Art de la Coiffure des Dames françaises, qui se vendait deux louis, et dans le post-scriptum duquel il met le public en garde contre une contre-façon propre à tromper l’univers et à détruire un auteur gui a fait un bon livre. Ce législateur de la coiffure eut une triste fin : il mourut étouffé sur la place de la Concorde, lors des fêtes du mariage de Louis XVI.

Citons après lui Dagé, qui ne pouvait suffire à sa riche et nombreuse clientèle. Les chevaux de son carrosse étaient sur les dents. Mme de Pompadour elle-même avait eu bien de la peine à le décider à la coiffer. La première fois qu’il se rendit chez elle, elle lui demanda comment il avait acquis une telle réputation : « Cela n’est pas étonnant, répondit-il, je coiffais l’autre (la duchesse de Châteauroux). » Ce propos fut recueilli, il circula à la cour ; et les ennemis de la belle marquise ne la désignèrent plus que par le sobriquet de Madame Celle-ci.

Le beau Léonard, coiffeur de Marie-Antoinette, acquit une célébrité immense par son habileté à poser les chiffons ; on appelait ainsi l’art d’alterner les boucles de la chevelure avec les plis de la gaze de couleur. On dit qu’il employa un jour quatorze aunes de cette étoffe sur la tête d’une seule dame de la cour. Le talent d’un si grand homme devait faire fureur. Comblé des faveurs du grand monde, il obtint le privilège du théâtre de Monsieur, composé des virtuoses italiens de l’époque, et pour l’exploitation duquel il s’associa, en 1788, avec le célèbre Viotti. Léonard, dont le véritable nom était Autier, et qui était Gascon, fut mis par la reine dans le secret du voyage de Varennes, et quitta secrètement Paris un peu avant le roi, chargé d’une partie de sa garde-robe. Mais il parait qu’il n’était pas entièrement dans la confidence, car ce fut, dit-on, sur l’avis donné imprudemment par lui d’un retard survenu a la voiture royale, que l’officier chargé de l’attendre au relais fit rentrer les chevaux précisément an moment où le monarque arrivait ; ce qui occasionna son arrestation.

Léonard suivit ses princes dans l’exil, et alla exercer sur les têtes moscovites la dextérité de son peigne aristocratique, que la république laissait, pour le quart d’heure, sans emploi. Du reste, cette émigration du peigne en Allemagne et en Russie n’avait pas attendu les commotions politiques : il y avait déjà longtemps que la France fournissait à l’Europe des valets de chambre coiffeurs, des femmes de chambre coiffeuses, comme elle leur fournissait des maîtres de danse et des cuisiniers.

Coiffeur au 19ème siècle dans ARTISANAT FRANCAIS 220px-marko_ferenc_-_travelling_barber_1863Dès que le calme fut de retour chez nous, on vit briller sous le Consulat et sous l’Empire Michalon, parent du peintre et du statuaire, peintre et statuaire estimable lui-même , à qui nos maisons de coiffures doivent l’origine des bustes en cire qui les décorent, Michalon, l’ami des artistes et des littérateurs de son temps, Michalon, l’habitué de Feydeau, avec son élégant cabriolet armorié, son jockey noir et ses séances à vingt francs le cachet, Michalon, le prédécesseur de Plaisir et de tous les grands maîtres actuels. Nous ne mentionnerons pas le coiffeur de Napoléon, Constant, dont la place était une vraie sinécure. Quant au poêle-coiffeur agénois Jasmin, il est beaucoup moins célèbre, à tout prendre, comme coiffeur que comme poêle, quoiqu’il s’opiniâtre, dans son bon sens, à rester l’un et l’autre.

Au premier aperçu, on pourrait croire que perruquier et coiffeur sont synonymes, et en effet de prime abord l’analogie est frappante ; on doit remarquer toutefois que si les perruquiers sont de plus ou moins habiles coiffeurs, les coiffeurs ne font pas tous des perruques ; et les uns et les autres renoncent de bon cœur au titre de barbier, qui n’est que la mauvaise queue de leur profession. Nos coiffeurs modernes, aux élégantes boutiques parfumées d’essences et de senteurs, prendraient aussi en fort mauvaise part la dénomination de perruquier, qui ne s’applique plus qu’à de rares vétérans de l’art, encore humides de poudre blanche, qui s’éteignent dans quelques villes stationnaires du centre, de la Bretagne ou du midi.

 

 

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A la rencontre de M.De Gaulle

Posté par francesca7 le 11 novembre 2013

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Tous en ont gardé un souvenir inoubliable. Récit. article paru sur http://www.lepoint.fr/societe

La rencontre avec de Gaulle est un moment-clé dans le parcours des Français libres. Chacun garde le souvenir fort du jour où, pour la première fois, il a vu surgir cette silhouette immense, sévère, distante, autoritaire, cette  » cathédrale gothique », résume François Jacob. Aucun de ces jeunes n’a entendu l’appel du 18 juin ni ne connaissait son nom. Mais quand il leur apparaît, quelques minutes, le 6 juillet 1940, à l’Olympia de Londres, où campent les FL, il trouve d’emblée les mots justes. Ni trémolo ni flatterie : « Je ne vous féliciterai pas d’être venus, vous avez fait votre devoir. Quand laFrance agonise, ses enfants se doivent de la sauver. Vous avez de la chance, jeunes Français, car vous voyagerez beaucoup. Ce sera long, ce sera dur, mais à la fin, nous vaincrons. » Présent ce jour-là,Daniel Cordier se souvient de sa silhouette de héron, de son regard de prophète et de « sa voix aux intonations étranges ». L’instant est crucial : la cause de la France libre s’incarne enfin.

Plus tard, chacun ou presque aura droit à son tête-à-tête, passage obligé. Pour Cordier, l’entretien a lieu le 1er août 1940 : « Dans ma tête, tout se bouscule : correction de ma tenue, salut en claquant les talons, formule de présentation cent fois répétée. » Le dialogue est très bref, immuable : que faisiez-vous en France, quand êtes-vous arrivé, pourquoi vous êtes-vous engagé, avez-vous un souhait à formuler ? Quelques-uns ont des souvenirs plus personnels. Hubert Germain, dont de Gaulle connaissait le père, a droit à un aparté. Verdict aujourd’hui : « J’avais quitté papa, je tombais sur un second père. » Cantonné en Syrie jusqu’en mai 1940, Bernard Demolins est reçu plus longuement, interrogé sur la situation là-bas : « J’ai tenté de lui répondre, puis il s’est planté devant une carte du monde et s’est lancé dans une longue explication : les Allemands n’obtiendraient pas de pétrole des Russes, ils voudraient passer par la Libye, la Syrie. Il avait tout prévu, j’étais sidéré. »

« Alors, Gatissou, on n’a besoin de rien aujourd’hui ? »

Pour François Jacob, le premier échange a des accents presque fantastiques : fin août 1940, il est accoudé au bastingage du Westernland, en partance pour Dakar, quand il entend derrière lui une voix d’outre-tombe : « Cette terre, là-bas, qu’est-ce que c’est ? » Un temps stupéfait, Jacob se reprend et suggère l’Irlande : « Oui, dit de Gaulle, ce doit être l’Irlande. Il paraît que c’est très beau. Mais on attendra une autre occasion pour aller visiter. » Cette occasion, ce sera le dernier voyage de 1969, après sa démission.

L’officier mécanicien de l’air René Gatissou n’a vu de Gaulle que quelques minutes, mais il les raconte encore avec délectation. Basé en 1941 à Khartoum, il reçoit l’ordre d’un colonel d’aller voir de Gaulle au Caire pour obtenir des pièces de rechange, qui sont chez les Anglais à Bagdad. Il le trouve assis à une grande table, qui n’est en fait qu’une caisse d’emballage. « Je lui fais part de ma demande. Il sonne Raymond, qui pilotait son avion, et me désigne à lui : Gatissou veut aller à Bagdad. – Mais c’est en Irak, mon général. – Je sais, Raymond, et j’ai besoin de mon avion demain matin à 10 heures. Gatissou fait l’aller-retour avec l’avion de De Gaulle, tombe sur des Anglais qui sirotent leur whisky, obtient ses pièces et ramène l’avion in extremis. Mais l’histoire n’est pas finie. Dans les années 1960, de Gaulle a organisé une réunion à l’Élysée avec les compagnons de la Libération. Il s’est planté devant moi et m’a dit, alors qu’on ne s’était jamais revus : Alors, Gatissou, on n’a besoin de rien aujourd’hui ? »

Si de Gaulle, pour la plupart, reste une figure distante, certains gardent un souvenir plus détendu. Le 14 juillet 1942, un mois après Bir-Hakeim, le général rend visite à ses jeunes officiers vainqueurs. « On sentait qu’il était heureux. Il avait perdu sa raideur, raconte Hubert Germain. On en a profité. On lui a dit : On ne va pas rester comme des ploucs au soleil, on veut encore se battre. Je m’en occupe, nous a-t-il répondu ». Puis les jeunes officiers lui réclament une décoration pour Bir-Hakeim. Même réponse du général : « Je m’en occupe. – Tout est prêt, mon général : on lui a sorti un papier où tout était déjà écrit. Il a prétexté qu’il n’avait pas de stylo, mais on lui en a tendu un. Où voyez-vous une table pour écrire ? Il croyait s’en sortir comme ça. Mais un officier lui a présenté son dos et il a signé dessus en souriant. »

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