CARRIERE SOUTERRAINE D’AUBIGNY
Posté par francesca7 le 29 octobre 2013
La carrière d’Aubigny, dans l’Yonne, en Bourgogne, constitue un univers très original dans la mesure où il s’agit là d’une des rares carrières aménagées en site touristique ouvert au public. Certains sites franciliens pourraient largement s’en inspirer. Les jeux de lumière mettent en valeur les contours étonnants de cette carrière dont l’exploitation commença il y a deux mille ans, selon les exploitants du site. Les pierres extraites d’Aubigny et des nombreuses carrières alentours ont notamment servi à la construction de l’Opéra ou de l’Hôtel de Ville de Paris.
voir le site officiel : http://www.carriereaubigny.org
Seize carrières souterraines ont été ouvertes au cours des siècles. Le début exact de leur exploitation reste inconnu. Des fouilles dans La Carrière d’Aubigny et dans le village mérovingien de Jeuilly, tout proche, ont permis de découvrir des pièces de monnaie romaine, en particulier une à l’effigie de Domitien II, Empereur en 81. La Carrière était exploitée donc déjà exploitée à l’époque gallo-romaine. Au début, la pierre était utilisée à des fins religieuses : sculptures et sarcophages de pierre. Deux cercueils sont visibles dans une salle de La Carrière. L’extraction s’est poursuivie au Moyen-Age et à l’époque Renaissance. Et c’est au 18e et surtout 19e siècle que La Carrière a été le lieu d’une exploitation intense.
L’évolution des techniques a permis le lancement de programmes de construction de plus en plus importants. Les besoins en pierre sont devenus énormes, en particulier pendant la rénovation de Paris par le Baron Haussman. Le produit des carrières de Forterre a été employé dans l’Yonne et en Bourgogne pour la construction de très nombreux édifices publics, mairies, hôtels de ville, palais de justice, écoles, prisons, gares… de maisons de maître et de châteaux. À Paris, la pierre de Forterre a servi à la construction de bâtiments importants : l’Hôtel de Ville, le Conservatoire des Arts et Métiers, le Jardin des Plantes récemment rénové, les piliers de la Tour Eiffel, et bien sûr l’Opéra Garnier.
En 1850, les carrières de Forterre employaient 1000 ouvriers dans l’Yonne.
L’exploitation a cessé en 1940 car la pierre fut supplantée par le béton et le parpaing.
Seulement un cinquième du gisement de Forterre a été extrait.
Aujourd’hui les Compagnons utilisent La Carrière comme un lieu de transmission de leurs savoirs et de leurs pratiques.
Site touristique fascinant, La Carrière est devenue, depuis la mise en lumière en 1992, une fabuleuse vitrine de la pierre, une véritable cathédrale à l’envers qui s’ouvre devant vous.
L’EXTRACTION
La Carrière d’Aubigny présente l’intérêt de n’avoir jamais été exploitée avec des outillages mécaniques. Seuls deux outils venus de l’Age du Fer ont été utilisés :
- la Lance, lourde barre de fer pointue à une extrêmité, suspendue par une chaîne à un support
- l’Aiguille plus petite, sans support.
Pour extraire un bloc de pierre, on dit un blot, le Carrier balançait la lance et creusait deux tranches verticales sur une profondeur d’un mètre. Ensuite à l’aide de l’aiguille tenue à deux mains, il effectuait la tranche en plafond. Enfin à nouveau avec la lance, il creusait une large tranche basse appelée le four.
Exécuter ce travail sur un blot de cinq tonnes demandait cinq à six jours.
Au cours de la deuxième étape, l’ouvrier encastrait des coins de bois sec dans une des tranches verticales. L’atmosphère de La Carrière est saturée en eau à 80%. Les pièces de bois absorbaient l’humidité ambiante et gonflaient. Elles poussaient le blot sur le côté, et celui-ci se cassait dans sa partie arrière au fond des tranches. Le bloc basculait en avant, sur les chandelles, des morceaux de pierre installés par les carriers pour amortir la chute du blot. Dès le 19e siècle, les carriers ont utilisé la scie crocodile, le croco de carrier, pour scier l’arrière du bloc. Cela permettait d’obtenir une face arrière bien dressée, et d’accélérer la production.
Le blot était tiré sur des rouleux de fer à l’aide d’un treuil appelé crapaud, mis en place sur un chariot, le fardier. Les blots étaient acheminés par voie d’eau, ou en convois muletiers. À Paris les convoyeurs vendaient mules et chariots et rentraient à pied.
Un ouvrier carrier sortait un demi mètre-cube de pierre par jour. Il était payé selon sa production, à la surface de tranche effectuée. Dans les carrières modernes, les carriers qui découpent la pierre avec des haveuses, des grosses tronçonneuses à pierre, extraient quatre mètres-cube par jour.
La Carrière souterraine d’Aubigny a été exploité sur une hauteur moyenne de 12 à 16 mètres. Le ciel de La Carrière est d’un seul banc de pierre d’une épaisseur de 15 à 25 mètres.
Dans La Carrière, la pierre est remplie d’eau. Lorsqu’elle est exposée à l’air extérieur, l’eau s’évapore, entraînant du carbonate de chaux et autres sels minéraux, de l’intérieur de la masse vers la surface du bloc. Les sels se déposent à la surface et forment une pellicule qui protège la pierre qui ne peut plus réabsorber d’eau, et par conséquent geler. Cette croûte de calcite est le Calcin.
C’est pour cette raison essentielle que l’on extrait le calcaire en souterrain.
Dans La Carrière, vous remarquez plusieurs types de traces sur les parois et les plafonds.
- Les stries sont les traces d’aiguilles et de lances.
- Les faces lisses d’extraction sont les traces des scies crocodiles et non pas d’outillage mécanique comme on pourrait le croire.
- Les séries verticales de trous ont été produites par les crémaillères du support de la lance.
- Les petits trous au sol sont les marques des gouttes d’eau qui suintent des plafonds où dans quelques milliers d’années apparaîtront des stalactites.
- Les taches noires aux plafonds sont les traces des lampes utilisées par les carriers. Les ouvriers ont utilisé jusqu’au milieu du 19e siècle des lampes à huile. Ce petit ustensile de cuivre ou de laiton où baignait une mèche dispensait peu de lumière et beaucoup de fumée ! Vers 1830, la lampe à acétylène, ou lampe à carbure, est apparue. Elle comporte deux réservoirs ; dans celui du bas on place du carbure de calcium, dans celui du haut, de l’eau. Un robinet permet de faire goutter l’eau sur le carbure, une réaction chimique produit un gaz inflammable, l’acétylène. Les traces laissées par les lampes à acétylène sont beaucoup plus discrètes que celles des lampes à huile. En vous promenant dans La Carrière, vous voyagez dans le temps ! Regardez les plafonds : les traces d’éclairage vous indiqueront à quelle époque vous vous trouvez !
Voici une visite bien insolite du monde souterrain, au cours de laquelle on découvre l’origine de l’Opéra-Garnier et de la cathédrale de Sens. L’origine de cette carrière monte à l’époque gallo-romaine. On devait alors l’utiliser pour la fabrication de sarcophages et la sculpture sacrée. Après un temps de sommeil, elle servit à la construction de quelques châteaux, puis connut son apogée au Second Empire, lors de l’aménagement de Pais par Haussmann, et l’érection de l’Hôtel de Ville ou de la Bourse.
Tendre et très compact, le calcaire est âgé de 150 millions d’années, facile à exploiter et à travailler. Dans la forte humidité naturelle de la carrière (70 à 80 %), la pierre se remplit d’eau ; sous l’effet de la température, celle-ci s’évapore faisant ressortir la calcite, laquelle forme en surface une pellicule protectrice extrêmement dure permettant son utilisation en construction. Les méthodes d’extraction des « blots » (blocs) pratiquées avant 1939 sont expliquées ; les outils de taille (« la lance », « l’aiguille »), de sculpture et de transport, ainsi que des minéraux de Bourgognes, aux dimensions monumentales, sont exposés.
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