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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Ascension de LA TOUR EIFFEL AU 19ème siècle

Posté par francesca7 le 29 octobre 2013

(D’après Guide officiel de la Tour Eiffel, paru en 1893)

Ascension de LA TOUR EIFFEL AU 19ème siècle dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-tour_eiffel_1905_championnat_de_lescalierL’Ascension à pied :
Le piéton est mieux partagé pour cette première partie de l’ascension. L’escalier est droit, commode, facile, avec des paliers nombreux sur lesquels il peut. s’arrêter à tout moment pour admirer. Nous avons fait cette ascension un grand nombre de fois, et, chaque fois, avec un plaisir nouveau et grand !

Si les ascenseurs ont l’avantage de vous élever rapidement et de vous donner la surprise d’un changement subit, les escaliers vous permettent, par contre, de détailler le plaisir de la montée. C’est là une question de goût et de tempérament. En résumé, nous conseillons les deux modes d’ascension. Celui qui aura détaillé

son plaisir via-escalier, recherchera ensuite les montées rapides. Celui qui n’aura vu, de la cabine, en passant, que des broussailles de fer, ne sera pas fâché de monter une fois à pied, tranquillement, savourant à l’aise les cent tableaux différents découpés dans le panorama de Paris par les entretoises et les treillis. La montée via-escalier se faisant, par exemple, par la pile Ouest, on a tout de suite une vue cavalière des palais du Champ de Mars.

Un tournant d’escalier vous met devant les yeux les dômes du Palais des Beaux-Arts, énormes bijoux de turquoise, derrière lesquels apparaît, non moins énorme, le dôme des Invalides. Tout est colossal dans le colosse qui vous abrite. La montée par l’escalier peut seule donner l’idée de l’immensité du travail de fer accompli sous le premier étage et son admirable ordonnancement. Elle procure le sentiment de la sécurité parfaite donnée par l’édifice tout entier.

Lorsqu’on arrive aux trois quarts de la montée, à une quinzaine de mètres au-dessous du premier étage, on se trouve abrité comme dans une chambre, derrière les parois pleines qui forment à l’intérieur les encorbellements et les voussures qui supportent la galerie. Comme suspendues sous le premier étage, sont les cuisines et les caves des restaurants. Il est curieux de voir les chefs et les marmitons le nez à leurs fenêtres, si haut placées, et cependant en sous-sol.

Le premier Étage : 
Enfin, que vous émergiez de l’escalier, ou que vous sortiez de la cabine de l’ascenseur, quelle surprise ! C’est à n’en pas croire ses yeux. On ne sait, en vérité, où porter les regards. Tout vous sollicite et vous attire. Une petite ville de près de 5.000 mètres de superficie s’étale devant vous : salle d’exposition, restaurant, café, brasserie, luxueux et vastes comme les grands établissements des boulevards vous ouvrent des portes hospitalières ; çà et là, égrenés auprès des quatre grandes salles, les kiosques de vente, les guichets d’ascension, un graveur sur verre, un amusant découpeur de portraits-silhouettes, les bureaux d’administration, etc., qu’anime tout un monde cosmopolite de visiteurs ; la vie parisienne en petit, à la hauteur des tours 220px-Eiffel_Tower_and_the_Trocadero%2C_Exposition_Universal%2C_1900%2C_Paris%2C_France dans ParisNotre-Dame, et la vue du splendide panorama de la Ville-Lumière.

A quelques pas de là, des galeries donnent sur l’ouverture béante au fond de laquelle se trouvent les pelouses et les fleurs, entre les étonnants raccourcis des piliers de la Tour, avec des bonshommes. tout petits, tels que Gulliver devait les voir en Lilliput. Mais si l’on se retourne, c’est le merveilleux panorama de paris qui se développe et vous empoigne. On resterait des heures à le contempler. D’autant qu’on éprouve déjà, à cette hauteur, un véritable bien-être. On respire à pleins poumons un air pur, étant au-dessus de la couche plus ou moins altérée et chargée de microbes qui avoisine le sol de la capitale et en remplit les rues profondes. Nous voici sur la plate-forme du premier étage. Sachez que le pourtour extérieur de cette plate-forme est un immense carré de 70m,69 de côté, enfermant près de 5.000 mètres superficiels.

Je suppose l’arrivée au premier étage par le pilier Ouest, par ascenseur ou par escalier. On remarque aussitôt que le premier étage a deux niveaux : celui des restaurants et des cafés, balcons et terrasses et celui des galeries de pourtour, plus bas d’un mètre environ. Cette différence est rationnelle et ingénieuse, en ce qu’elle permet aux visiteurs des galeries de circuler sans obstruer la vue de ceux des restaurants et des terrasses. Douze escaliers mettent ces deux plans en communication.

Vous perdez le sentiment de la hauteur où vous êtes, et dès que vous mettez le pied sur le premier étage, vous ayez la sensation de l’entrée dans une ville. Si vous avancez sur la vaste terrasse qui s’étend devant vous, vers l’intérieur, vous arrivez devant une ouverture immense, béante, dans laquelle vous voyez, comme au fond d’un abîme, le pendule de Foucault, érigé sous la direction de M. Mascart (de l’institut) ; puis les jardins, les lacs, le départ des piliers de la Tour ; tout en raccourci, tout petit. Au milieu de ce paysage vu à vol d’oiseau, les hommes circulent comme des êtres lilliputiens. On s’identifie tellement avec le colosse de fer qui vous porte, que l’on voit tout, au-dessous de soi, avec des yeux de géant.

Devant chaque grande salle règne un balcon arrondi, partant des pans coupés des terrasses intermédiaires et formant un gracieux dessin d’ensemble. Le gouffre béant mesure environ 25 mètres d’ouverture.

Le Restaurant, la Terrasse, la Brasserie et la Salle des fêtes : 
Comme nous le disions plus haut, les quatre grandes salles du premier étage sont luxueuses et richement décorées. Le Restaurant occupe toute la surface du bâtiment située entre les piliers Est et Sud (côté Champ de Mars). On y sert, à la carte, d’excellents repas. La cave a même acquis déjà une renommée.

L’ancien Restaurant russe (côté Paris, entre les piliers Nord et Est) est aujourd’hui une annexe du restaurant ; complètement ouvert sur la façade, c’est une véritable terrasse particulièrement agréable pendant les grandes chaleurs, et il n’est guère nécessaire de dire que la carte et les prix y sont exactement pareils. Sur le côté Grenelle, nous trouvons l’ancienne salle de lecture de 1890, transformée aujourd’hui en café-brasserie. Enfin, la quatrième salle (côté Trocadéro) est convertie en salle de spectacle, où dans la saison d’été (du 1er juin au 15 septembre), sous l’habile direction de Bodinier, directeur-fondaleur du théâtre d’application, il y a représentation tous les soirs à 9 heures.

Image illustrative de l'article Le Jules VerneLa façade extérieure de chaque salle donne sur une terrasse de plain-pied, dominant la galerie du pourtour. De là, la vue est merveilleuse. L’admiration et l’extase, aussi bien que l’ascension et l’air vif, poussent naturellement à la consommation.

Les caves et les cuisines en sous-sol sont vastes et commodes. En sous-sol à 55 mètres au-dessus du niveau du Champ de Mars ! Lorsque vous monterez et que vous verrez par vous-même, vous direz que les phrases que vous venez de lire ne sont ni baroques ni fantaisistes. M. Eiffel vous élève à des hauteurs où les termes terre-à-terre de cette terre, sur laquelle nous rampons, ont besoin d’être corrigés, modifiés, élargis.

Le dernier mot n’est pas dit pour les installations à faire sous le sol du premier étage, dans les espaces vides si considérables que vous remarquez entre les fers de la charpente. Il y aura là, quelque jour, des installations de toutes sortes : étables, poulaillers, glacières et même des fours à pâtisserie, pour les restaurants et les bars : tout aussi bien que les caves et les cuisines qu’on y voit actuellement.

Qui sait, lorsque la Tour Eiffel sera, avec le temps, devenue un lieu hygiénique, l’équivalent d’une station balnéaire, le sanatorium des anémiés d’en bas, si l’on n’y installera pas des chambres, des salles de bains, de douches, de gymnastique et d’escrime ? Tout est possible dans ce vaste sous-sol… en l’air !

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