Roman de gare (film extrait)
Posté par francesca7 le 24 octobre 2013
Roman de gare est un film policier réalisé en 2006 par Claude Lelouch sous le pseudonyme d’Hervé Picard, avec Dominique Pinon, Fanny Ardant et Audrey Dana.
L’écrivaine à succès Judith Ralitzer fait paraître son nouveau roman à succès, très différent du précédent. Précédemment (les intrigues se recoupent vers la fin du film), Huguette est laissée sur la route par son compagnon. Elle se fait dépanner par Pierre Laclos, dont le rôle est trompeur pour le spectateur. Il passe par les apparences pour un dangereux évadé et prétend mentir en lui disant qu’il est nègre littéraire de Judith Ralitzer. Après avoir trompé son entourage à la façon de Prête-moi ta main, il rejoint Judith pour qui il travaille effectivement. Il lui annonce sa démission et sa volonté de se faire connaître, avant de disparaître mystérieusement. Huguette reconnaît sa famille dans le nouveau roman de Judith, comprend qu’elle ne l’a pas écrit et tente de lui faire avouer le meurtre de Laclos. Mais est-il vraiment mort ?
- Titre original : Roman de gare
- Réalisation : Claude Lelouch
- Scénario : Claude Lelouch et Pierre Uytterhoeven
- Costume : Marité Coutard
- Photographie : Gérard de Battista
Pourquoi ce stratagème ? A qui voulait l’entendre, le réalisateur s’en est expliqué : blessé par la médiocre réception de ses derniers films, s’estimant victime d’une profonde injustice critique, il aura voulu démontrer que le pseudo-premier film d’un inconnu avait plus de chance de gagner l’estime de la critique que le nouvel opus du cinéaste maudit qu’il estime être devenu.
L’explication vaut ce qu’elle vaut. On est toutefois enclin à penser qu’elle aurait gagné en crédibilité si le cinéaste avait poussé le jeu jusqu’au bout, la révélation de la manigance la rendant nécessairement suspecte de nourrir habilement la promotion du film. Allons plus loin : la victimisation dont le réalisateur a le sentiment d’être l’objet relève d’un sentiment sans doute compréhensible mais fondamentalement erroné : cinéaste des « trente glorieuses », parangon d’un divertissement populaire fondé sur l’optimisme, la gentillesse et le romanesque, Claude Lelouch est tout simplement passé de mode dans une société où la crise des valeurs, l’accroissement des inégalités et le cynisme ambiant produisent un tout autre cinéma.
FLASH-BACK
Voilà pourquoi, à rebours de ce que prétend son auteur, la principale raison d’apprécier Roman de gare, son nouveau film, est qu’on y retrouve les qualités d’un bon film de Claude Lelouch, aussi noir prétend-il être. Car Roman de gare est un film sombre, un polar qui fait de la dissimulation et de la manipulation son principal objet. Il s’ouvre donc logiquement au Quai des Orfèvres, où Judith Ralitzer (Fanny Ardant), un écrivain à succès, est interrogée et suspectée du meurtre d’un proche. Un flash-back suit cette ouverture mystérieuse, qui va prendre le spectateur par la main pour passer avec lui en revue les protagonistes de cette affaire, et surtout le perdre dans un réseau de fausses pistes et de retournements de situation.
On y croise ainsi, entre aire d’autoroute, yacht fatal et ferme montagnarde, une fausse coiffeuse et possible femme de petite vertu d’autant plus paumée qu’elle vient d’être larguée par son mec en rase campagne (Audrey Dana) ; le « nègre » de Judith Ralitzer, qui se fait passer pour un instituteur à moins qu’il ne s’agisse d’un violeur en série récemment échappé de prison (Dominique Pinon) ; une sympathique famille paysanne à laquelle la première va faire croire que le second est son nouveau fiancé, et naturellement Judith Ralitzer dans ses hautes oeuvres.
Tout cela est, de fait, plutôt sombre et manigancé, mais selon la touche Lelouch, à savoir que la noirceur y est d’une joyeuse douceur, que la manigance se prend les pieds dans l’invraisemblance feuilletonesque et que les acteurs sont visiblement heureux de renchérir à la limite de la caricature sur leurs qualités répertoriées, qu’il s’agisse du pathos fatal de Fanny Ardant ou de l’inquiétante étrangeté de Dominique Pinon. Un distrayant plaisir n’est est pas moins au rendez-vous.
Distribution
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Dominique Pinon : Pierre Laclos, le nègre littéraire
- Audrey Dana : Huguette, la « midinette »
- Fanny Ardant : Judith Ralitzer, écrivain à succès, auteur notamment du Roman de gare
- Shaya Lelouch : la fille d’Huguette
- Myriam Boyer : la mère d’Huguette
- Michèle Bernier : Florence, la sœur de Pierre Laclos
- Zinedine Soualem : le commissaire
- Cyrille Eldin : Paul, le « fiancé » d’Huguette, qui la largue sur une aire d’autoroute
- Gilles Lemaire : le capitaine du bateau Roman de gare
- Marc Rioufol : le propriétaire du vignoble en Bourgogne
- Serge Moati : lui-même, présentant l’émission littéraire fictive Tournez la page
- William Leymergie : la voix de la radio Autoroute info
- Marine Royer : Patricia
- Bernard Werber : lui-même, lors de l’émission littéraire Tournez la page
Le film est en sélection officielle, au Festival de Cannes 2007 hors compétition, pour un hommage réservé à Claude Lelouch à l’occasion de ses 50 ans de Cinéma.
William Leymergie, dont on entend régulièrement la voix tout au long du film, en tant qu’animateur de la radio Autoroute infos, était devant la caméra de Lelouch une dizaine d’années auparavant, dans le rôle de « Toureiffel » pour la version « vingtième siècle » des Misérab|es en 1995, puis de « Dufour » pour Hkmoes, femmes, mode d’emploi en 1996.
L’émission littéraire fictive Tournez ìa page animée par Serge Moati a été tournée au Ciné 13, le cinéma de Claude Lelouch à Paris. C’est d’ailleurs dans ce cinéma que Paul Amar a animé pendant plusieurs années l’émission Recto-Verso sur Paris Première.
Le film est illustré par des titres de « Monsieur 100 000 volts », Gilbert Bécaud. Lelouch s’en explique ainsi : « Dans cet univers d’errance, la présence musicale de Bécaud m’a toujours indiqué la direction à suivre. Elle souligne les droits et les devoirs de ceux qui créent. Ce besoin d’être reconnu pour ce que l’on donne, pas pour ce que l’on est ».
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