Les Pigeonniers de Bourgogne
Posté par francesca7 le 12 octobre 2013
Ils nous sont restés et leur grande variété est remarquable. Selon son importance, chaque ferme devait approvisionner la table du seigneur en pigeonneaux. Considéré par certains comme un privilège, l’entretien d’un grand colombier serait plutôt un fléau lorsque les milliers de volatiles qu’il contient s’abattent sur les jardins et les champs !
Le pigeonnier est un bâtiment ou une partie de bâtiment servant à loger les pigeons domestiques. Dans sa forme la plus modeste, il peut être abrité par une partie du grenier, d’une grange ou être un petit édicule dans la cour de la ferme. Quand il est en forme de tour, on le nomme colombier. Il comprend alors une charpente formée d’un poteau central et d’une échelle tournante permettant d’atteindre les nichoirs, cavités en brique, en bois ou en poterie appelées boulins. Un dispositif empêche les prédateurs de pénétrer dans le pigeonnier, les nichoirs étant de plus fixés en hauteur. Le sol de la volière est généralement carrelé pour faciliter le ramassage des déjections (la colombine). Un rez-de-chaussée peut abriter une petite pièce (cellier, poulailler, laiterie, remise à outils, etc.). Les pigeonniers sont plus fréquents, bien que parfois moins monumentaux, dans les zones de culture céréalière où l’enfermement des pigeons domestiques était obligatoire au moment des moissons (les pigeons sauvages étaient alors chassés).
Sous l’Ancien Régime, le droit de posséder un colombier était un privilège seigneurial. Il faisait souvent partie d’un château ou d’une abbaye, et était intégré aux bâtiments agricoles ou isolés en plein champ.
Après la Révolution, la propriété d’un colombier reste le signe d’un statut social élevé. Jusqu’au 19e siècle qui nous a laissé la majorité des pigeonniers encore existants, on élevait les pigeons pour leur chair et pour le riche engrais naturel que constituent la colombine.
La présence de colombiers n’est pas attestée en France avant la conquête romaine par César. L’élevage des pigeons était alors une passion à Rome. Le colombarium romain, généralement rond, avait son intérieur recouvert d’un enduit blanc de poudre de marbre. Varron, Columelle et Pline l’Ancien ont écrit des ouvrages sur l’élevage des pigeons et la construction des colombiers.
L’intérieur du colombier, espace imparti aux pigeons, est divisé en nichoirs appelés boulins. Chaque boulin est le logement d’un couple de pigeons. Ces boulins peuvent être en pierre, brique ou torchis et installés lors de la construction du colombier ou être en poterie (pots couchés, tuiles canal, diverses cases), en osier tressé en forme de panier ou de nid. C’est le nombre de boulins qui indique la capacité du pigeonnier. Celui du château d’Aulnay avec ses 2 000 boulins et celui de Port-d’Envaux avec ses 2 400 boulins de terre cuite sont parmi les plus vastes.
Au Moyen Âge, la possession d’un colombier à pied, construction séparée du corps de logis (ayant des boulins de haut en bas), était un privilège du seigneur haut justicier. Pour les autres constructions, le droit de colombier variait suivant les provinces. Elles devaient être en proportion de l’importance de la propriété, placées en étage au-dessus d’un poulailler, d’un chenil, d’un four à pain, d’un cellier… Généralement lesvolières intégrées à une étable, une grange ou un hangar, étaient permises à tout propriétaire d’au moins 50 arpents (environ 2,5 hectares) de terres labourables, qu’il soit noble ou non, pour une capacité ne devant pas dépasser suivant les cas 60 à 120 boulins.
Produisant un excellent engrais (la colombine), les pigeons étaient vus comme une catastrophe par les cultivateurs, en particulier au moment des semailles. Il était donc nécessaires d’enfermer les pigeons dans le colombier lors des semis agricoles, en obstruant les ouvertures du colombier.
Le pigeonnier devint, après la Révolution la partie emblématique de l’habitat paysan puisque sa construction signifiait la fin des droits seigneuriaux, celui-ci étant jusqu’alors réservé aux seules maisons nobles. Il était soit directement accolé à la maison soit indépendant d’elle. Toujours de dimension considérable, puisqu’il était censé ennoblir l’habitat, il s’élevait sur deux étages, le dernier étant seul réservé aux pigeons. Pour protéger ceux-ci d’une invasion de rongeurs, son accès était toujours protégé par un revêtement de carreaux vernissés qui les empêchait d’accéder à l’intérieur.
De nos jours, des pigeonniers modernes sont installés dans les espaces verts des villes pour éviter les nidifications sur les fenêtres et les abords d’immeubles. Munis de casiers supports des nids qui sont numérotés pour le suivi des pontes et de perchoirs indépendants, ils servent ainsi à lutter contre le bruit, les fientes ou la détérioration des plantes florales. Des « pigeonniers contraceptifs » ont été créés en 1990 par la Société Protectrice des Oiseaux de Ville et la SREP Société de Régulation et d’entretien de Pigeonnier: la stérilisation manuelle des œufs évite la prolifération des pigeons.
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