Histoire du château de La Clayette (saône et loire)
Posté par francesca7 le 6 octobre 2013
Jean de Lespinasse, damoiseau, reconnaît tenir en fief du roi de France « le grand étang dit de La Claete, avec le moulin attenant au dit étang », en 1307. Le 1er septembre 1368, Philibert de Lespinasse reconnaît quant à lui tenir en fief de Jean, fils du roi de France, « la place ou lieu de son étang de La Claete, situé près de la maison forte dudit lieu avec toutes les appartenances de cette place » (première mention d’un petit château, non compris dans le fief, sans doute sur terre de Bourgogne)
Vers 1380, le château, « qui n’estait qu’une maison basse fut rebasti à neuf. Le sieur Lespinace feit faire le donjon muny de quatre grosses tours rondes et deux corps de logis entre deux, avec la chaussée de l’étang. Tout lequel bâtiment fut fait en un an depuis une fête de Toussaint jusqu’à l’autre. Tel bâtiment mesurant la chaussée despleut au sieur de la Bazolle du nom et armes de Damas. Pour doncques saouler son despit il laschoit l’eau de son estang, et par la ravine et l’impétuosité d’icelle ruinait le nouveau étang de La Clayette. A quoi le sieur de l’Espinasse remédia par le dit bastiment. » (St-Julien de Balleure, 1581).
A la mort de Philibert, vers 1394, ses petits-fils Hugues et Philibert (sa fille Jeanne ayant épousé Jean de Chantemerle) furent, par arrêt du Parlement de 1394, déclarés adjudicataires « comme plus offrans et derniers enchérisseurs. »
Il existait au château, dès 1420, une chapelle particulière dédiée à saint Jean l’Evangéliste et à St Etienne ; embellie, elle fut consacrée, le 14 juin 1448, par l’évêque de Mâcon, Jean Macet. D’après une visite épiscopale de 1746, elle était située dans une tour : « ladite chapelle est en forme de tour, bien carrelée en carreaux de terre, éclairée de trois vitraux, peinte en plusieurs endroits. Contre la muraille qui fait face à l’autel est un tableau représentant la Sainte Trinité. On entre dans la dite chapelle, voûtée à voûte forte, par une espèce de corridor destiné pour les domestiques … » (1)
(1) « Il s’y trouve de remarquables fresques peintes sur la voûte, également du XVe s., représentant un concert d’anges aux instruments de musique variés qui permirent d’en authentifier l’époque. Les visages sont d’une grande finesse accentuée par des coloris de grande douceur, d’une tonalité à peine orangée s’alliant à un mauve léger. Ces anges, importants par leur nombre, présentés en deux sortes de cercles forment un tout glorifiant le Christ. » (Ces fresques ont été reproduites par le peintre fresquiste Léon Raffin pour le Musée des Monuments Français du Palais de Chaillot) (M. B. Marcelle de Beaumont, Le château de La Clayette, Vieilles maisons françaises, juillet 1965).
A la mort d’Alice de Chantemerle (1632), épouse de Jacques de Brèche, Paul de Damas est héritier testamentaire. Les propriétaires du château se succédèrent à un rythme accéléré (7 en 90 ans) : Claude-Anthoine Palatin de Dyo (1700) ; Hector de Fay, marquis de la Tour-Maubourg (acquéreur en 1712) ; Pierre Larcher (acquéreur le 20 décembre 1718) ; Joachim de Pay (acquéreur le 17 Juillet 1720) ; et enfin, le 4 novembre 1722, acquisition du château, avec la seigneurie, par Bernard de Noblet, pour une somme de 165.000 livres, plus 1800 de « pot-de-vin ».
Bernard de Noblet devint « comte de La Clayette et baron de Trémont », il est dit également « marquis de Noblet, comte de Chénelette ». En 1736, un décret érigea en Comté, à son bénéfice, la baronnie de La Clayette, dont le château est demeuré jusqu’à ce jour dans la même famille.
Pendant la Révolution le château servit de résidence à la gendarmerie et aux prisonniers de guerre, d’entrepôt ; on l’utilisait également aux fêtes républicaines ; cette occupation le sauva du pillage et du saccage ; mais surtout, « si les biens ne furent pas aliénés, ce fut, dit-on, grâce à l’intervention d’Antoine de La Métherie (incarcéré à Marcigny à cause de sa modération) ». Pour manifester leur reconnaissance, les de Noblet lui donnèrent en jouissance le domaine de Curbigny et la maison de Gueurce, entourée d’un grand jardin … »
Description
Château magnifiquement situé, à l’extrémité Ouest du grand étang, clos par une digue qui permet d’accéder facilement du château à la rive Sud. Le château proprement dit se compose de bâtiments du XVIIIe siècle flanqués de minces tours rondes couronnées de mâchicoulis, accolés à un édifice médiéval malheureusement fort « embelli » au siècle dernier.
Les communs, avec leur poterne fortifiée, leurs longs bâtiments parallèles flanqués de tours et d’échauguettes, ont été mieux sauvegardés et ont très belle allure. Ils s’alignent en deux rangées le long d’une cour intérieure, directement plantée sur l’étang qui borde cet ensemble sur ces trois faces. Le bâtiment oriental est cantonné d’une grosse tour ronde, coiffée d’une toiture domicale et flanquée elle-même d’une tourelle ronde d’escalier. La poterne, dominée par une tour carrée, s’ouvre dans le bâtiment de l’ouest. Echauguette d’angle sur chaque face des bâtiments qui regarde l’étang.
« La voûte de la chapelle est décorée d’intéressantes fresques du XVe siècle représentant des anges musiciens. »
Documentation
– Mouterde (Abbé H.), La Clayette … de l’origine à la Révolution, Paray-le-Monial, Imp. Nouvelle, 1931.
– Merveilles des châteaux de Bourgogne et de Franche-Comté, coll. Réalités.
– Menand (Jean), Châteaux de Saône-et-Loire, p. 18.
– Soulange-Bodin (H.), Les châteaux de Bourgogne, p. 118.
- La Clayette et les Chantemerle, par Pierre de Saint-Julien de Balleure, « De l’origine des Bourgongnons et antiquité des estats de Bourgongne, plus des antiquités d’Autun, de Chalon, de Mascon, de l’abbaye et ville de Tournus, 1581. »
Source : Fiche établie par Mme Oursel en 1970, inventaire du patrimoine, La Clayette, château (AD71).
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