Après moi le déluge
Posté par francesca7 le 3 octobre 2013
C’est le propos d’un prodigue ou d’un sans-souci qui ne tient à rien
Alain Rey indique n’avoir trouvé une attestation de cette expression qu’en 1789. Elle est pourtant, selon les sources, associée quelques dizaines d’années auparavant soit à Louis XV, soit à sa favorite, Mme de Pompadour.
Il est donc étonnant de ne pas en trouver de trace écrite un peu avant, compte tenu de la notoriété de leurs auteurs présumés.
Bien entendu, le ‘déluge’ fait référence non pas à une simple pluie diluvienne ou à une inondation ‘banale’, mais à la catastrophe biblique qu’a été le Déluge dont seul Noé est sorti vivant avec sa famille et tous les couples d’animaux qu’il avait pu faire monter à bord de son arche, à partir du moment où Dieu lui a fait savoir qu’il allait se débarrasser de tous ces fichus hommes incorrigibles pécheurs.
On prête cette expression à Louis XV qui parlant de son dauphin, l’aurait employée pour dire qu’il se moquait complètement de ce qu’il pourrait faire après sa disparition.
Quelques écrivains attribuent cette odieuse maxime à Néron ou à Tibère. Dans les temps plus modernes, on dit qu’elle fut répétée par Louis XV qui, sentant craquer les vieux ressorts de la monarchie sous les continuelles secousses de la révolution menaçante, aurait dit : « Au reste, les choses comme elles sont dureront autant que moi ; après moi le déluge ». Paroles à peu près équivalentes à cette pensée : « Que le monde après moi devienne ce qu’il pourra, pourvu que je m’amuse ». Ces paroles furent recueillies, et la ruine de l’état monarchique fut la cause que notre langue possède une locution proverbiale de plus.
Quoi qu’il en soit, ces paroles ne laissent pas que d’être la devise d’hommes que dirige un esprit étroit et égoïste. Cette locution proverbiale : Après moi le déluge, est le propos d’une personne qui a peu de souci de ses héritiers ; elle répond à ce proverbe traduit du grec : Me mortuo, conflagret humus incendiis, ce qui signifie : Moi mort, que la terre soit embrasée par le feu.
Les Indiens disent : Quand je me noie, tout le monde se noie. Dans les causeries de Sainte-Beuve (1864-1869), on rencontre cette phrase : Après moi le déluge : telle était de Chateaubriand l’inspiration habituelle.
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