La légende issue de l’imagination d’un journaliste et secrètement entretenue par Piaf, la fait naître le 19 décembre 1915 à Paris, au 72 rue de Belleville, dans le 20earrondissement, d’après la plaque apposée sur la maison sise à cette adresse - certaines sources précisent même qu’elle serait née sur les marches de la porte d’entrée de l’immeuble. Toutefois, selon son acte d’état civil, Édith Giovanna Gassion est née 4, rue de la Chine, adresse de l’hôpital Tenon, qui est effectivement l’un des établissements de santé les plus proches de la rue de Belleville. Née dans la misère, Édith Piaf est une enfant du spectacle dont les ascendants appartenaient au monde du spectacle depuis deux générations.
Édith Piaf est la fille de Louis Alphonse Gassion, artiste de cirque contorsionniste (né à Castillon dans le Calvados le 10 mai 1881, mort le 3 mars 1944 à Paris) et d’Annetta Maillard (4 août 1895-6 février 1945), Line Marsa de son nom d’artiste, chanteuse de rue, née à Livourne (Italie). Louis Alphonse Gassion est le fils de Victor Alphonse Gassion, normand de Falaise, écuyer de cirque et de Léontine Louise Descamps, dite Maman Tine, patronne d’une maison close à Bernay en Normandie. Annetta Maillard, est la fille d’Auguste Eugène Maillard (1866-1912) et d’Emma Saïd Ben Mohamed, artiste de cirque, née à Soissons en 1876, décédée à Paris en 1930, fille de Said Ben Mohammed, artiste de cirque marocain, né à Mogador en 1827, mort en 1890 à Montluçon, et de Marguerite Bracco, d’origine italienne, née àMurazzano en 1830, décédée à Paris en 1898. Selon Arletty, sur La Danse mauresque, l’un des panneaux du Décor de la baraque de la Goulue de Toulouse-Lautrec, Emma Saïd pourrait être la danseuse mauresque assise à droite, derrière La Goulue.
Après Édith, Louis Gassion et Annetta Maillard ont eu un second enfant, Herbert Gassion, né le 31 août 1918 à Marseille. À propos de sa mère, Herbert a dit : « Une grande artiste, mais qui n’a pas su forcer sa chance… Elle a chanté au Chat noir, au Mikado, au Monocle… », puis part à la dérive « la dérive, le mot est gentil… », et Arletty raconte : « c’était pas la mère qui avait la voix de la fille, c’était la fille qui avait la voix de la mère ».
Édith Piaf, de son vrai nom Édith Giovanna Gassion, née le 19 décembre 1915 à Paris, et morte le 10 octobre 1963 à Grasse, est une chanteuse française demusic-hall et de variétés. Considérée comme l’archétype de la chanteuse française, elle reste près de cinquante ans après sa mort la plus célèbre interprète francophone, tant en France qu’à l’étranger.
Surnommée à ses débuts « la Môme Piaf », elle est à l’origine de nombreux succès devenus des classiques du répertoire, comme La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l’amour, Mon légionnaire, La Foule, Milord, Mon Dieu ou encore L’Accordéoniste.
Artiste possédée par son métier et chanteuse à la voix tragique, elle a inspiré de nombreux compositeurs, fut le mentor de nombreux jeunes artistes et a connu une renommée internationale, malgré une fin de carrière rendue difficile par de graves problèmes de santé, et un décès à l’âge de 47 ans.
Édith Piaf fut aussi comédienne au théâtre et au cinéma.
Sa mère, Line Marsa, trop pauvre pour l’élever, la confie très petite à sa grand-mère maternelle, Emma Said Ben Mohammed qui habite rue rébeval dans le XIX e arrondissement. Sa grand-mère ne se serait pas occupée d’elle, laissant la petite fille dans la saleté, ignorant l’eau et l’hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge. Elle reste 18 mois dans cette pauvre demeure avant que son père en permission de retour du front, ou peut-être sa tante Zéphora, la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d’une maison close à Bernay en Normandie. Édith est choyée par les prostituées de la maison, mangeant pour la première fois à sa faim, portant de jolies robes et buvant du lait de Normandie. Vers l’âge de 7 ou 8 ans, elle perd momentanément la vue en raison d’une kératite. La grand-mère, ayant appris la guérison d’une gamine atteinte de la même maladie après qu’on avait prié pour elle sur la tombe de Thérèse Martin à Lisieux, décide d’aller avec ses « filles » y demander la guérison de la petite. On prend le train, on prie sur la tombe de Thérèse, on ramène de la terre qu’on lui applique en bandeau sur les yeux tous les soirs. Après huit jours environ, Édith est guérie. Elle conservera toute sa vie une dévotion particulière à la « petite » Thérèse, dont elle gardera la médaille autour du cou sa vie durant. Il se trouve que Édith et Thérèse Martin sont cousines au 14e degré.
En 1922, son père la reprend avec lui, pour vivre la vie d’artiste de petits cirques itinérants, puis la vie d’artiste de rue indépendant et misérable. C’est, à l’image de sa mère, en chantant des airs populaires dans la rue avec son père qu’Édith révèle son talent et sa voix d’exception. Ils séjourneront à plusieurs reprises dans la petite ville de garnison de Mourmelon-le-Grand où se tenait le music-hall « l’Alcazar ».
En 1930, elle quitte son père et chante en duo dans la rue avec Simone Berteaut, qui deviendra son amie, son alter ego. En 1932, elle rencontre son premier grand amour Louis Dupont. Tous les deux s’installent à Montmartre. Le 11 février 1933, âgée de seulement 17 ans, elle a une fille, Marcelle, de Louis Dupont devenu son amant. Deux ans plus tard, l’enfant meurt, sans doute d’une méningite, le 7 juillet 1935.
En mars 1937, Édith Piaf débute sa carrière de music-hall à l’A.B.C. à Paris, où elle devient immédiatement une immense vedette de la chanson française, aimée du public et ses chansons sont diffusées à la radio. C’est à cette époque qu’elle rencontre Danielle Bonel, cette dernière deviendra sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière.
Star de la fin des années 1930, Piaf triomphe à Bobino, ainsi qu’au théâtre en 1940, dans Le Bel Indifférent, une pièce spécialement écrite pour elle par Jean Cocteau et qu’elle interprète avec succès en compagnie de son compagnon du moment, l’acteur Paul Meurisse (rôle muet). Toujours avec Paul comme partenaire, elle joue dans le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe (1941). C’est lors du tournage de ce long métrage qu’elle fait la connaissance d’Henri Contet, qui deviendra, à l’instar de Marguerite Monnot, l’un de ses paroliers fétiches.
Pendant l’occupation allemande, Édith, qui a définitivement troqué « La Môme Piaf » contre « Édith Piaf », continue de donner des concerts. Elle se rend à Berlin en août 1943 avec quelques artistes français dont Loulou Gasté, Raymond Souplex, Viviane Romance, Albert Préjean où elle pose devant la porte de Brandebourg à l’occasion d’un voyage censé promouvoir la chanson française. Elle cède cependant peu face à l’occupant nazi : elle interprète des chansons à double sens, évoquant la résistance sous les traits d’un amant (Tu es partout) et protège les artistes juifs menacés par la milice et les Allemands.
Au printemps 1944, elle se produit au Moulin Rouge où le tout jeune chanteur de music-hall Yves Montand passe en première partie de son spectacle. C’est le coup de foudre et Édith Piaf, déjà célèbre et adulée, entreprend de l’initier aux ficelles du métier et à la vie d’artiste. Elle va propulser sa carrière en lui présentant des gens importants à cette époque dans le monde du spectacle : Joseph Kosma, Henri Crolla, Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard, Bob Castella, Francis Lemarque…
C’est également cette année-là que le père d’Édith meurt. Elle perdra sa mère l’année suivante.
En 1945, Piaf écrit l’un de ses premiers titres : La Vie en rose (qu’elle n’enregistrera qu’en 1946), sa chanson la plus célèbre, désormais devenue un classique. Elle joue également à la Comédie-Française.
Yves Montand devient à son tour une vedette du music-hall. Il débute au cinéma aux côtés de Piaf dans Étoile sans lumière, puis obtient son grand premier rôle dans Les Portes de la nuit, de Marcel Carné. Ils partent en tournée jusqu’en 1946, l’année où ils se séparent.
C’est en 1946 que la chanteuse rencontre Les Compagnons de la chanson, avec lesquels elle interprètera le célèbre morceau Les Trois Cloches de Jean Villard (dit Gilles). Elle part ensuite avec ses protégés donner des concerts en Europe du nord pendant l’année 1947.
Édith Piaf meurt le 10 octobre 1963 à 13 h 10 à Plascassier (un quartier excentré de Grasse dans les Alpes-Maritimes) à l’âge de 47 ans d’une hémorragie interne (rupture d’anévrisme) due à une insuffisance hépatique, usée par les excès, la morphine et les souffrances de toute une vie. Elle est morte dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière. Le transport de sa dépouille vers Paris est organisé clandestinement et dans l’illégalité ; sa mort est annoncée officiellement le 11 octobre à Paris, le même jour que celle de son ami Jean Cocteau. Cocteau, avec lequel Édith entretenait une correspondance suivie, apprenant la nouvelle de sa mort, a dit : « C’est le bateau qui achève de couler. C’est ma dernière journée sur cette terre ». Il a ajouté : « Je n’ai jamais connu d’être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l’or par les fenêtres », avant de mourir lui-même.
Les obsèques de Piaf ont lieu au cimetière du Père-Lachaise (division 97). Comme l’artiste a vécu en contradiction avec les valeurs morales du catholicisme, divorcé et mené une vie sexuelle « tumultueuse », l’Eglise catholique refuse de lui accorder des obsèques religieuses ; L’Osservatore Romano, journal du Vatican, écrit qu’elle a vécu « en état de péché public » et qu’elle était une « idole du bonheur préfabriqué ». Cependant, à titre personnel, l’aumônier du théâtre et de la musique, le père Thouvenin de Villaret, lui accorde une dernière bénédiction au moment de l’enterrement. Une immense foule de dizaines de milliers d’admirateurs est venue lui rendre un dernier hommage tout au long du parcours du cortège à travers Paris, du boulevard Lannes jusqu’au Père-Lachaise.
Édith Piaf a été embaumée avant d’être enterrée. Elle se trouve dans un caveau où reposent également son père, Louis-Alphonse Gassion, mort en 1944, son mari, Théo Sarapo, tué dans un accident de voiture en 1970, et sa fille Marcelle, morte en 1935, à l’âge de 2 ans.
Principales chansons
- 1936 : Mon légionnaire, paroles de Raymond Asso et musique de Marguerite Monnot.
- 1940 : L’Accordéoniste, paroles et musique de Michel Emer.
- 1946 : Les Trois Cloches avec Les Compagnons de la chanson, paroles et musique de Jean Villard, dit Gilles.
- 1946 : La Vie en rose, paroles d’Édith Piaf, musique de Louiguy et Marguerite Monnot (non créditée).
- 1947 : Une chanson à trois temps, paroles et musique d’Anna Marly.
- 1950 : Hymne à l’amour, paroles d’Édith Piaf et musique de Marguerite Monnot.
- 1951 : La P’tite Lili, comédie musicale en 2 actes et 8 tableaux, livret Marcel Achard, musique Marguerite Monnot, A.B.C.
- 1951 : Padam… Padam, paroles d’Henri Contet et musique de Norbert Glanzberg.
- 1954 : Sous le ciel de Paris, paroles de Jean Dréjac et musique d’Hubert Giraud, du film Sous le ciel de Paris de Julien Duvivier.
- 1956 : L’Homme à la moto, adaptation par Jean Dréjac du rock américain Black Denim Trousers And Motorcycle Boots de Jerry Leiber & Mike Stoller (voir récit dédié section « Bibliographie »).
- 1956 : Les Amants d’un jour, paroles de Claude Delécluse et Michelle Senlis, musique de Marguerite Monnot.
- 1957 : La Foule, paroles françaises de Michel Rivgauche. Pendant sa tournée en Argentine, Édith Piaf avait écouté Que nadie sepa mi sufrir (et qui porte aujourd’hui le titre Amor de mis amores dans sesreprises), paroles originales de Enrique Dizeo et musique de Ángel Cabral, et qui a donné naissance à La Foule .
- 1958 : Mon manège à moi, paroles de Jean Constantin et musique de Norbert Glanzberg, reprise par Etienne Daho en 1993.
- 1959 : Milord, paroles de Georges Moustaki et musique de Marguerite Monnot.
- 1960 : Non, je ne regrette rien, paroles de Michel Vaucaire et musique de Charles Dumont (reprise par Panik LTDC en 1984, puis par Johnny Hallyday en 2000. Reprises encore pour le film Sueurs, et remixéeen 1995 par Cut Killer dans le film la Haine, on entend aussi la mélodie de la chanson dans le film Inception).
- 1960 : Mon Dieu, paroles de Michel Vaucaire et musique de Charles Dumont.
- 1962 : À quoi ça sert l’amour, paroles et musique de Michel Emer.