Films de Louis Lumière en 1896
Posté par francesca7 le 23 septembre 2013
Le premier film tourné par Louis Lumière est Sortie d’usine, plus connu aujourd’hui sous le nom de La Sortie des Usines Lumière. Il a été tourné le 19 mars 1895, à Lyon rue Saint-Victor. Cette rue a été renommée et porte aujourd’hui le nom de rue du Premier-Film, qu’il serait bon, pour respecter la vérité historique, de rebaptiser « rue du Premier-Film Lumière » ou du « Premier-Film du Cinématographe ». C’est dans cette rue que se tient l’Institut Lumière. La première représentation privée du Cinématographe Lumière a lieu à Paris le 22 mars 1895 dans les locaux de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Dans la foulée, Louis Lumière tourne durant l’été 1895 le célèbre Jardinier qui devient plus tard L’Arroseur arrosé. C’est le film le plus célèbre des frères Lumière et la première des fictions photographiques animées (les premières fictions du cinéma étant les Pantomimes lumineuses non photographiques d’Émile Reynaud).
En attendant la première séance publique, on montre le Cinématographe à de nombreux scientifiques. Le succès est toujours considérable. Le 11 juin pour le Congrès de photographes à Lyon, le 11 juillet à Paris à la Revue générale des sciences, le 10 novembre devant l’Association belge de photographes, le 16 novembre dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, etc.
La première projection publique des Lumière a lieu le 28 décembre 1895 au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe, 14 boulevard des Capucines à Paris, présentée par Antoine Lumière devant trente-trois spectateurs. Charles Moisson, le constructeur de l’appareil, est le chef mécanicien, il supervise la projection. Le prix de la séance est fixé à 1 Franc (soit environ 3€).
Le programme complet de la première séance publique payante, à Paris, compte 10 films, tous produits en 1895 :
- La Sortie de l’usine Lumière à Lyon (« vue » documentaire)
- La Voltige (« vue comique » troupier)
- La Pêche aux poissons rouges (« vue » familiale : le fils d’Auguste Lumière, alors bébé, pêche dans un aquarium)
- Le Débarquement du congrès de photographie à Lyon (« vue » documentaire)
- Les Forgerons (« vue » documentaire)
- Le Jardinier (« vue comique »)
- Le Repas de bébé (« vue » familiale : le fils d’Auguste Lumière)
- Le Saut à la couverture (« vue comique » troupier)
- La Place des Cordeliers à Lyon (« vue » documentaire)
10. La Mer (« vue » documentaire : baignade de jeunes Ciotadens)
Le film L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat n’est pas projeté ce jour-là, mais le sera par la suite, remportant un énorme succès.
Six mois après la présentation de décembre 1895, la première projection de films en Amérique avec le Cinématographe Lumière est organisée par Louis Minier et Louis Pupier à Montréal (voir cinéma québécois).
L’apport de Louis Lumière à ce que le critique littéraire Ricciotto Canudo nomme en 1920 le « 7ème art », est primordial. Son expérience de photographe lui permet dans l’esthétique de ses films d’aller plus loin que l’équipe Edison-Dickson. Dans ses « vues » (ainsi qu’il dénomme ses bobineaux), qui relèvent du même primitivisme que les premiers « films » américains, il fait preuve cependant d’une maîtrise du cadrage et de la lumière qui explique en grande partie le succès de ses réalisations. Le choix des décors naturels et une belle exposition font que la presse s’exclame : « C’est la vie même, c’est le mouvement pris sur le vif ». Louis trouve très naturelle la position de prise de vue en diagonale par rapport au mouvement des personnages (à cette époque, les films Edison-Dickson ne connaissent que la disposition frontale). Mais il est vrai que ses concurrents et prédécesseurs américains découvrent aussi spontanément l’attrait des cadrages rapprochés (ce qu’on appellera le Plan rapproché et – très justement – le Plan américain), Louis Lumière s’abstenant de se rapprocher de ses sujets, retenu par une pudeur caractéristique de l’époque, une pudeur que ne ressent pas Laurie Dickson qui, lui, plus canaille dans ses choix et ses cadrages, n’hésite pas à mettre sa caméra directement sous le nez de ses personnages. Il faut dire que le tandem Edison-Dickson ne vise pas le même public que les deux frères lyonnais. Les premiers recherchent la clientèle populaire de New-York et de Brooklyn, et celle des villes de l’Amérique profonde, tandis que les frères Lumière cherchent à séduire la clientèle huppée et aisée, celle qui est capable d’acquérir pour son plaisir un exemplaire du Cinématographe Lumière pour filmer la famille, et des bobineaux Lumière déjà impressionnés, pour compléter l’éducation des enfants.
Rapidement, les frères Lumière prennent conscience de l’intérêt de filmer avec leur Cinématographe des images pittoresques de par le monde et de les montrer en projection, ou de les vendre avec l’appareil. Fins commerciaux, ils refusent de céder les brevets de leur invention à Georges Méliès qui leur en offre pourtant une petite fortune. Ils tentent même de décourager ce futur et talentueux concurrent en lui prédisant la ruine s’il se lance dans la production de films (Méliès ferme sa société Star Film en 1923, après avoir gagné énormément d’argent grâce à ses films, et sa ruine est essentiellement due à son incompréhension du devenir du cinéma, et à son obstination à considérer les films comme des sous-produits du music-hall). Les frères Lumière, eux, ont la sagesse de s’arrêter de produire des films en 1902, quand ils comprennent que le cinéma est un langage nouveau dont ils n’ont connaissance ni des règles à venir ni de l’importance qu’il va prendre dans le monde entier. Ce que n’ignore pas l’inventeur du cinéma, Thomas Edison, qui prédit que « le cinéma sera plus tard l’un des piliers de la culture humaine »
Bataille de boules de neige – « Bataille de boules de neige » est un court-métrage d’une cinquantaine de secondes en noir et blanc réalisé par Louis Lumière en 1896.
Un groupe d’une douzaine de personnes se livre à une bataille de boules de neige dans une rue de Lyon. Une bicyclette passe, sur laquelle les protagonistes de la scène lancent des boules de neige. Le film est une saynète comique.
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