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LES PORTEURS DE SEL

Posté par francesca7 le 20 septembre 2013

(D’après Tableau de Paris, paru en 1782)
Notice sur les francs-porteurs de sel de la Ville de CaenparM. H. de Formeville

Conseiller à la Cour royale de Caen, Président de la société
des antiquaires de Normandie, Membre de plusieurs autres
sociétés savantes, Correspondant du Ministère de l’instruction publique.
LES PORTEURS DE SEL dans ARTISANAT FRANCAIS telechargement-6

Au nombre des quarante ou cinquante corporations industrielles  existant autrefois dans la ville de Caen, il s’en trouvait deux, celle des francs-brements et celle des francs-porteurs, qui, à raison de leurs franchises et de leurs priviléges royaux, avaient une existence particulière en-dehors des maîtrises et jurandes ordinaires, et conséquemment étaient régies par des dispositions réglementaires d’un genre tout différent.

Nous avons déjà recherché, dans un travail particulier, quels avaient pu être l’organisation et les développements successifs de la communauté des francs-brements ; il nous reste à parler maintenant de celle des francs-porteurs.

Il y avait une grande ressemblance entre ces deux associations, non pas sous le rapport des fonctions proprement dites ou des travaux de peine auxquels étaient soumis ceux qui en faisaient partie, mais bien quant à la nature et à l’exercice de leurs priviléges.

Celle des francs-brements était en effet instituée pour décharger les vins et les boissons nécessaires au service du roi et des princes de son sang durant leur séjour dans la ville de Caen. Cette obligation s’était ensuite étendue aux boissons nécessaires pour la provision du capitaine du château et de leurs lieutenants. Les francs-brements faisaient de plus le service de l’artillerie du château de la ville de Caen ; et eux seuls y exerçaient les fonctions de canonniers. En même temps, à eux seuls appartenait le droit de charger et décharger toutes les marchandises transportées sur les navires allant et venant par les quais, ports et rivière de cette ville. Pour l’exercice de ces fonctions, ils étaient au nombre de quinze, et dans les derniers temps de dix-sept.

Les francs-porteurs de sel, au contraire, n’étaient employés qu’à décharger le sel arrivant dans la ville, et à le transporter au grenier et magasin public. Là, ils le pesaient ou mesuraient, pour le livrer ensuite à la consommation ; et ils le transportaient soit à la porte des magasins, soit au château pour les besoins de la garnison. Cette dernière opération se faisait trois fois par semaine, les lundi, mercredi et samedi. Pour tous ces travaux ils étaient au nombre de vingt-six, et il ne leur était dû aucune rétribution.

Quant aux obligations communes résultant de l’institution particulière de chacune de ces deux communautés, les francs-porteurs étaient tenus, comme les francs-brements, d’entretenir du feu durant les nuits, et de faire guet et garde, à leurs coûts et dépens, avec armes, devant la maison où soit le roi, soit aucuns de son sang et lignage, étaient logés lorsqu’ils faisaient séjour en la ville de Caen. Les uns et les autres devaient aussi aller remuer gratis les poudres et boulets du château, et transporter les affûts et pièces d’artillerie sur les plateformes, les remparts et autres lieux fortifiés de la ville, également à leurs frais ; mais aux francs-brements seuls était réservé le tir du canon.

A cause de ces sujétions, comme disent leurs lettres-patentes, ils étaient tous exempts de taille, guet et subsides, et de toutes impositions mises sur les habitants, excepté de la contribution aux octrois destinés aux réparations des murailles et fortifications de la ville. Ils ne pouvaient également s’exempter de payer les aides sur les denrées et marchandises dont ils faisaient commerce. L’exemption ne leur était accordée que sur celles nécessaires à la consommation et à l’entretien de leurs familles et maisons, et que sur les marchandises de leurs propres manufactures. Ils devaient aussi contribuer, avec les autres corps et communautés de la ville, à l’achat des canons nécessaires à la défense commune, ainsi que cela avait été arrêté par délibération du Conseil général de la cité du 20 mars 1591, sanctionnée par lettres-patentes du 4 juin de la même année .

Mais, pour profiter de ces avantages, il fallait, conformément aux arrêts du Parlement de Rouen des 27 janvier 1604 et 30 avril 1631, que les francs-porteurs exerçassent leurs fonctions en personne, excepté en cas de maladie ou de tout autre empêchement légitime.

Au nombre de leurs prérogatives générales et communes, se trouvait encore le droit de pourvoir, par l’élection, au remplacement de ceux qui venaient à décéder dans leur communauté. Le nouvel élu devait seulement se faire recevoir et prêter serment devant les grenetiers ou contrôleurs du grenier à sel, ainsi que cela se trouve constaté dans un acte de réception du 9 décembre 1626 et dans un arrêt du Parlement de Rouen du 7 août 1568. A la différence des francs-brements, ils ne devaient point prêter serment devant le bailli ou autre juge de police, ni en recevoir aucune lettre d’institution.

Tout cela se pratiquait d’ailleurs sans aucune des formalités usitées dans les autres corporations pour les maîtrises et jurandes. Il ne fallait, pour être admis dans les communautés des francs-brements et des francs-porteurs, ni apprentissage, ni chef-d’oeuvre, ni lettre de maîtrise. On ne payait non plus aucun droit de réception légalement exigé. Sous d’autres rapports, les francs-porteurs étaient regardés, ainsi que les francs-brements, comme des officiers de ville, ayant à ce titre une place d’honneur dans les cortéges qui allaient au-devant des rois, lors de leurs entrées solennelles dans la ville de Caen. Ils y portaient, les uns et les autres, un costume particulier que j’ai décrit dans une précédente notice.

Comme membres de corporations industrielles, ils devaient en outre figurer, avec les autres corps de métiers, à la procession générale qui se faisait à Caen, chaque année, le jour de la Pentecôte, et porter chacun à la main un cierge auquel étaient attachés les deniers à Dieu recueillis durant l’année dans la corporation. Après la procession, on laissait ces cierges à l’Hôtel-Dieu qui en bénéficiait, ainsi que des autres cierges et deniers à Dieu, que portaient de la même manière les autres corps de métiers de la ville et des faubourgs.

Quant aux salaires auxquels pouvaient avoir droit les francs-porteurs à raison de leurs travaux particuliers et ordinaires pour la décharge des sels, un certificat donné, le 16 août 1716, par le commis du bureau des gabelles de Caen, constatait qu’il leur était payé alors un sol par minot des sels livrés aux gabelles, et six deniers par minot de tout le sel que le fermier des gabelles faisait venir pour les dépôts.

Un autre certificat délivré, le 17 août de la même année, par les marchands de la ville de Caen, attestait qu’ils payaient aux francs-porteurs de sel de Caen 4 sols par tonneau des marchandises qui leur arrivaient par la rivière.

Telles sont, en général, les principales dispositions réglementaires dont il m’a paru important de conserver le souvenir. Ce que je pourrais ajouter ne serait que la répétition de ce que j’ai déjà dit ailleurs, en parlant de la communauté des francs-brements, dont la vie de corporation était, presque en tous points, la même que celle des francs-porteurs.

 

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Quand je vois les hanouards ou porteurs de sel, je me rappelle qu’ils avoient le privilège de porter sur leurs épaules les corps des rois jusqu’à la prochaine croix de saint Denis, parce qu’à eux appartenait l’art de les couper par pièces, de les faire bouillir dans de l’eau, et de les saler ensuite ; ce qui remplaçait d’une manière très grossière l’art d’embaumer, qui était perdu, et qu’on n’a retrouvé depuis que d’une manière fort imparfaite.

On a salé ainsi et Philippe le Long et Philippe de Valois , qui les premiers mirent un impôt sur une marchandise de première nécessité, dont le commerce avant eux était permis à tout le monde. La nature nous donnait cette denrée ; les rois nous l’ont vendue. Le minot de sel coûte à Paris 60 livres 7 sols.

Que de larmes, que de sang versé depuis l’établissement de la gabelle ! Il a fallu des gibets et des roues pour maintenir le privilège exclusif de la vente du sel. Il forme aujourd’hui la principale richesse des monarques François ; mais il entretient sur les frontières et même dans l’intérieur du royaume une guerre sanglante.

On ne voit jamais le crime dans l’infraction de cette loi ; et le pauvre contraint crie à l’injustice, maudit le jour, et connaît le désespoir. Le même minot de sel qu’on vous force à payer soixante et soixante et une livres, ne se vend ailleurs qu’une livre dix sols ; et c’est tout ce qu’il vaut intrinsèquement. Quelle foule de réflexions naissent de ce rapprochement !

 

(Extrait du 6e volume de l’Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie, année 1840.)

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Girouettes françaises

Posté par francesca7 le 20 septembre 2013

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Une girouette est un dispositif généralement métallique, la plupart du temps installé sur un toit, constitué d’un élément rotatif monté sur un axe vertical fixe. Sa fonction est de montrer la provenance du vent ainsi que, contrairement à la manche à air, son origine cardinale.

Ceci est permis par sa structure asymétrique, généralement matérialisée par une flèche ou un coq, dont la pointe ou la tête, plus courts que les éléments indicateurs (le corps), pointent vers la source du vent portant sur l’élément directeur de l’ouvrage. L’axe fixe est généralement pourvu d’une croix directionnelle indiquant les quatre points cardinaux. Toutefois, les girouettes modernes ne sont plus équipées de cette croix cardinale, qui est remplacée par un dispositif électronique affichant le secteur du vent sur un écran.

Le terme français est issu du dialecte de la Loire guiroie, réinterprété ultérieurement en « girouette » par étymologie populaire. Il s’agit d’un emprunt à l’ancien scandinaveveðr-viti (islandais moderne veðurviti) qui peut se traduire par « indicateur du temps », composé des éléments veðr « temps » (cf. anglais weather) et viti « indicateur » (cf. allemand an + weisen > anweisen « indiquer, désigner »). Le mot est également attesté en normand sous les formes wirewire et wirewite au Moyen Âge à l’origine du terme dialectal verguillon « girouette. »

Cette technologie a dû être importée par les Vikings avec le mot correspondant. En effet le sommet du mât de leurs navires en était souvent équipé.

Trivia

  • La plus ancienne girouette connue est grecque et représente un triton. Elle se trouve sur la tour des Vents à Athènes.
  • Au ixe siècle, le pape Nicolas Ier décide de rappeler aux chrétiens la phrase de Jésus à Pierre : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois » en installant un coq au sommet des clochers, qui étaient déjà souvent couronnés d’une girouette .
  • La plus grande girouette du monde serait située à Jerez en Espagne, selon le Livre Guinness des records. D’autres sources attribuent le record à une girouette deMontague dans le Michigan. Enfin, la plus « grosse » girouette du monde serait un avion DC-3 situé à l’aéroport de Whitehorse, dans le Yukon.
  • Le terme de girouette désigne aussi une personne qui change très souvent d’avis. Ce terme a été jugé non parlementaire par l’Assemblée nationale du Québec en 2007 et est donc interdit dans cette enceinte parlementaire.
  • Ce terme correspond également, dans le transport public, à un dispositif d’affichage de la destination du véhicule. En tête de train ou à l’avant d’un bus par exemple.

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LE PORTEUR DE JOURNAUX

Posté par francesca7 le 20 septembre 2013


par

Louis Roux

~ * ~

LE PORTEUR DE JOURNAUX dans ARTISANAT FRANCAIS telechargement-51

POUR donner à la pensée écrite cette vitesse de mouvement inhérente à toute pensée quotidienne, et qui surprendrait de la part d’un conducteur électrique, un homme s’est rencontré rapide, comme la conception elle-même ; un homme qui n’a qu’une heure, qu’un moment, qu’une seconde dans sa journée, mais qui est toujours attendu, et qui revient toujours frapper à toutes les portes. A l’exclusion des créanciers et des amis intimes, il a le privilége de les trouver toutes ouvertes, et la mauvaise habitude de n’en fermer aucune. Cet homme, vous n’avez nulle raison de lui interdire l’entrée de votre maison, et il en a mille pour s’y présenter. Ne faut-il pas que vous soyez informé que tel ministère qui existait hier n’existe plus aujourd’hui ; que M. un tel, qui avait cent coudées la veille, est le lendemain à peine visible à l’oeil nu ; que telle actrice, qui, hier soir en votre présence, a fait fiasco, ce matin se trouve avoir chanté comme une sirène, et épouse un prince russe, jaloux d’enlever à la scène un si beau talent. Voir paraître le porteur de journaux, n’est-ce pas vivre deux fois ? n’est-ce pas revenir sur ses impressions d’hier, douter de ce qu’on a vu, senti, éprouvé, et commencer à nouveaux frais l’existence de la veille ? Le porteur de journaux change à chaque instant, et c’est pour cela qu’il est éternel comme les vaudevilles de M. Scribe, au physique maigre et efflanqué comme un discours de réception à l’Académie ; il apparaît et passe aussitôt, étoile filante de la presse et de la renommée.

Le porteur de journaux est un homme incompris, qui jette sa nouvelle et qui s’en va, qui ajoute chaque jour une colonne ou deux à cette série de feuilletons destinée à rendre précieuse, au bout de dix ans, la collection des journaux quotidiens. (Les journaux d’aujourd’hui sont comme les vins de choix, il leur faut plusieurs années de feuille.) Le porteur de journaux court comme l’étincelle, il va et bouleverse tout en criant : La suite au prochain numéro.

Confiez-lui de nouvelles gloires, de nouveaux vers, de nouvelles harmonies, tout ce qui vieillit en un jour avec la prétention de vivre à jamais : le porteur de journaux fait fleurir toutes les renommées fraîches écloses, et s’éclipse avec celles qui commencent à s’éteindre. Il est impassible comme un homme chargé d’une grande justice politique, et rendant toujours la même.

Cet homme fabuleux, qui va d’une main tendant un journal récemment muni de ses enveloppes, honneur que l’on rend aux momies même ! de l’autre soutenant sa bricole, qui peut passer, avec raison, pour celle du char de l’État ; c’est, en style de l’Empire, le message boiteux du Parnasse ; c’est l’incarnation d’une nouvelle forme, la symbole d’une nouvelle religion, le journal fait homme.

Les journaux vont vite, dit la ballade, le porteur de journaux va plus vite encore : il faut qu’il arrive avant son journal ; il faut qu’il se montre partout en même temps, tous les abonnés ayant un égal droit à recevoir les uns après les autres le même journal.

La Bruyère a cru dire une nouveauté en écrivant : « Le nouvelliste se couche le soir tranquillement sur une nouvelle qui se corrompt la nuit, et qu’il est obligé d’abandonner le matin à son réveil. » Nous avons bien progressé depuis, la nouvelle se corrompt bien plus vite, et les choses se savent bien plus promptement. Pour obvier à cet inconvénient du fait Paris, le porteur de journaux, semblable en cela au pieux Énée, se lève de très-grand matin, ou se couche très-tard, selon le besoin de ses abonnés. On peut ne pas lire celui du matin, il y en aura un autre le soir pour redire les mêmes choses en moins, et pour compléter ce qui, de sa nature, ne peut être complet, pour être porté enfin par le même homme, un géant qui a les bottes du Petit-Poucet.

Le porteur de journaux part comme un trait, et entre comme une bombe dans un cabinet de lecture. Il intéresse la curiosité sans la satisfaire ; il laisse ici une plume de son aile, et vole là en déposer une autre. Il fait un pair de France à un étage, et annonce à un autre la faillite d’un pauvre diable qui n’en peut mais, ce qui fait qu’à leur réveil les deux locataires sont salués bien différemment par leur concierge, autant qu’un concierge puisse l’être encore d’un homme failli ; il court ressusciter l’espérance dans l’âme d’un auteur qui voit naître avec le feuilleton du jour l’aurore de sa renommée.

Le porteur de journaux doit de ces compensations à ceux mêmes qui alimentent son industrie, car on pense pour lui quand on pense, on écrit pour lui toujours ; c’est pour le porteur qu’on met sous presse, pour les abonnés jamais.

Le porteur de journaux conserve une espérance. On lui a dit que le journal devait prospérer, et le porteur de journaux prospère ; il voit croître en perspective le nombre de ses abonnés, il est aux pièces, et ne reculera jamais devant l’ouvrage, dût-il sillonner Paris dans tous les sens, devenir ce juif errant, ce fantôme qui est partout et nulle part en même temps.

Avant qu’aucun abonné ait songé au journal du lendemain, ou se soit souvenu de celui de la veille, le porteur de journaux assiége déjà son bureau, recueillant le premier la manne du désert ; impatient de gagner sa journée avant de l’avoir commencée, il y va et il y revient. Se faisant arme de tout, tantôt c’est un foulard qu’il exhume pour le mettre au service de la publicité, tantôt c’est l’envergure d’un bras d’Encelade qu’il courbe à cet usage ; malheur aux journaux qu’il peut loger dans son gousset de montre.

Il sait d’avance toutes les stations qu’il doit faire sur son chemin, le secret de toutes les portes, l’humeur de tous les concierges, les pierres d’achoppement qu’il peut rencontrer sur sa route ; il se taxe à l’heure, à la minute, et y renchérit toujours de vitesse sur son propre mouvement. Jamais attardé, jamais malade ou même indisposé, éprouve-t-il un malaise, il l’ajourne ; une migraine, il la repasse à l’abonné.

Fontenelle a dit, je crois, de la curiosité : « C’est la plus matinale de toutes nos passions » ; on pourrait ajouter qu’elle est la plus vivace, la plus insatiable ; elle renaît sans cesse des journaux qui l’entretiennent. On a un journal aujourd’hui pour en avoir un demain ; c’est à celui-là qu’on s’abonne ; il a le charme de l’inconnu, qui, de toutes les choses de ce monde, est la plus charmante ; c’est par elle que le porteur de journaux existe, et qu’il est sans cesse attendu.

Aussi nul n’a la croyance de sa mission comme le porteur de journaux, nul ne sait comme lui l’intérêt qu’il inspire, la terreur qu’il sème, l’espoir qu’il ressuscite, l’émotion qu’il éveille, la passion qu’il éparpille, le drame qu’il jette au hasard, nul ne grandit chaque jour comme lui : vires acquirit eundo. Le porteur de journaux a le sort de ces planètes obligées de graviter autour du même astre, sans s’écarter d’une seule ligne, sans avoir de mouvement qui leur soit propre, ou le droit de se reposer une seconde, de retarder d’un seul instant leur apparition.

On s’arrache les journaux qui tombent de la main du porteur. Qu’ils sont intéressants avant d’avoir été lus ! qu’ils ont de charme quand on les ouvre ! qu’ils renferment d’illusions quand ils renferment quelque chose ! qu’ils sont attachants quand ils doivent l’être ! Après la première ouverture d’un journal quotidien, tout est su, tout est commenté, tout est vu, analysé et jugé. Le porteur disparaît à peine, et l’émotion cesse sous ses pas, le charme se dissipe, l’illusion s’évanouit. On s’aborde : « C’en est fait, elle est condamnée. – Condamnée ! et à quoi ? – Eh, parbleu ! aux travaux forcés. – Ils l’auraient osé ? – Que n’ose-t-on pas de nos jours ? – Pauvre femme ! pauvre faible femme ! – J’excuse son crime. – Je plains son malheur. – Quel grand exemple ! – Quelle atroce punition ! – Lisez-vous le journal ? – Non, cela me suffit. » Et cet homme qui s’était levé pour lire le journal s’en retourne sans l’avoir ouvert. Le journal le plus intéressant est celui qu’on ne lit jamais, tant il est vrai que la publicité ne s’applique qu’aux petits drames, aux petits intérêts de la vie humaine. Ce que l’on sait, a-t-on besoin de le lire. Un livre n’est jamais acheté, pour peu qu’il soit su de tous et qu’il ait paru trop intéressant.

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Le porteur de journaux n’a fait que paraître et disparaître, et il n’est déjà plus bon à rien ; c’est un de ces héros, ou hérauts ad libitum, qui ne vivent qu’un moment, mais qui renaissent tous les jours. Il répond à ce grand mot, la presse, qui cesse à chaque instant de représenter la même idée, et il a pour véhicule l’actualité.

Si l’Évangile n’est plus prêché en plein air, si l’on ne crie plus la vérité par-dessus les toits, si notre Credo de chaque jour circule comme l’air, se produit comme la lumière du gaz ou du soleil, c’est au porteur de journaux que nous devons ces phénomènes.

Dévouement ambulant, abnégation vivante, politique à pieds et à pattes, on voit le porteur de journaux, pour la moitié d’un petit écu, endosser tous les systèmes, se faire le Sganarelle de tous les pouvoirs en crédit, le véhicule de toutes les doctrines, et faire de sa personne la préface de ses impressions ; et il n’y a de sa part ni complaisance maudite, ni coupable flatterie, ni basse adulation, ni fanatisme, ni aveuglement : ce n’est pas une opinion qu’il porte, c’est un journal. L’Europe peut perdre à jamais son équilibre, le globe peut crouler comme tant de journaux ont croulé ou crouleront, il se tiendra debout, ou s’il succombe, impavidum ferient ruinæ.

Le porteur de journaux a une vie extrêmement privée. Il est à peine inscrit sur la liste des fonctionnaires publics : on croit qu’il ne l’a jamais été ; on le suppose sans but, sans lien social, lui l’élément le plus actif du monde moderne, l’aorte du corps politique ; lui qui fait la société, on l’accuse de ne pas en être, et de vivre en bohémien.

Et il est vrai qu’après avoir fait sa distribution, après s’être promené partout comme un messie, cet homme se couche ainsi qu’il plaît à Dieu, avec plus de sang-froid qu’un ministre, avec plus de calme qu’un procureur, avec moins de millions et plus de gaieté, d’insouciance, qu’un agent de change.

Sans passions et sans préjugés politiques, sans préventions littéraires, le porteur de journaux ignore complètement qu’il y ait une politique et une littérature, et que chacune de ses courses marque un pas immense dans la route du progrès qu’il représente en portant son journal.

Source -  Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex  -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr

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