• BONJOUR A TOUS ET

    bienvenue (2)

     CHEZ FRANCESCA 

  • UN FORUM discussion

    http://devantsoi.forumgratuit.org/

    ............ ICI ............
    http://devantsoi.forumgratuit.org/

  • téléchargement (4)

  • Ma PAGE FACEBOOK

    facebook image-inde

    https://www.
    facebook.com/francoise.salaun.750

  • DECOUVERTES !

    petit 7

  • BELLE VISITE A VOUS

    aniv1

    PETITS COINS DE PATRIMOINE QUI SERONT MIS EN LUMIERE AU DETOUR DE NOTRE REGION DE FRANCE...

  • Cathédrale St-Etienne-Auxerre

    St-Etienne Cathédral, Auxerre

    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

  • M

    JE SUIS ORIGINAIRE MOI-MEME DE LA BOURGOGNE....

  • FRANCE EN IMAGES

    G

    « Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage : c’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître pour sien un édifice centenaire. » citation de Françoise Bercé.

  • amis

  • Méta

  • amis

  • Architecture Française

    5

  • Artisanat Français

    1

  • A

  • amour-coeur-00040

  • montagne

    Tout devient patrimoine : l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.

  • 180px-Hlézard1

  • Patrimoine Français

    3

    Citation sur la France.
    !!!!
    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

  • Accueil
  • > Archives pour le Jeudi 19 septembre 2013

Paray-le-Monial

Posté par francesca7 le 19 septembre 2013


par

Henri de Régnier

~ * ~

A LA MÉMOIRE DE MA MÈRE
THÉRÈSE-ADÉLAÏDE-ADRIENNE DE RÉGNIER
NÉE DU BARD DE CURLEY
Paray-le-Monial, le 8 Janvier 1836

Paris, le 21 Juin 1924

File:Place Lamartine-Paray-le-Monial.jpg

PUISQUE j’ai parlé de Bouchu, il « faut que j’achève l’étrange singularité qu’il donna en spectacle, autant qu’un homme de son état en peut donner. C’était un homme qui avait une figure fort aimable et dont l’esprit, qui l’était encore plus, le demeura toujours. Il en avait beaucoup et facile au travail et fertile en expédients. Il avait été intendant de l’armée de Dauphiné, de Savoie et d’Italie, toute l’autre guerre et celle-ci. Il s’y était enrichi ; homme d’ailleurs fort galant et de très bonne compagnie. Lui et sa femme, qui était Rouillé, soeur de la dernière duchesse de Richelieu et de la femme de Bullion, se passaient très bien l’un de l’autre. Elle était toujours demeurée à Paris, où il était peu touché de la venir rejoindre, et peu flatté d’aller à des bureaux et au conseil, après avoir passé tant d’années dans un emploi plus brillant et plus amusant. Néanmoins, il n’avait pu résister à la nécessité d’un retour honnête qu’il avait mieux aimé demander que se laisser rappeler. Il partit pour ce retour le plus tard qu’il lui fut possible et s’achemina aux plus petites journées qu’il put. Passant à Paray, terre des abbés de Cluni assez près de cette abbaye, il y séjourna. Pour abréger il y demeura deux mois dans l’hôtellerie. Je ne sais quel démon l’y fixa, mais il y acheta une place et, sans sortir du lieu, il s’y bâtit une maison, s’y accommoda un jardin, s’y établit et n’en sortit jamais depuis, en sorte qu’il y passa plusieurs années et y mourut sans qu’il eut été possible à ses amis ni à sa famille de l’en tirer. Il n’y avait, ni dans le voisinage, aucun bien que cette maison qu’il s’y était bâtie ; il n’y connaissait personne, ni là autour auparavant. Il y vécut avec les gens du lieu et du pays, et faisant très bonne chère, comme un simple bourgeois de Paray. »

Ainsi s’exprime et s’étend, en la partie de ses Mémoires qui traite de l’année 1705, M. le duc de Saint-Simon, sur le compte de Etienne-Jean Bouchu, marquis de Lessart, baron de Loisy et de Pont-de-Vesle, dont la fille unique Elisabeth-Claudine-Pétronille épousa, le 13 avril 1706, René de Froulay, comte de Tessé, lieutenant-général, Grand d’Espagne, fils aîné du maréchal de ce nom. Le Chesnaye des Bois, dans son Dictionnaire généalogique, nous apprend qu’Etienne-Jean Bouchu mourut le 5 décembre 1715 et qu’il portait pour armoiries : d’azur au chevron d’or, accompagné en chef de deux croissants d’or et en pointe d’un lion de même.

Cette mention de Saint-Simon, cette notice de La Chesnay des Bois, et même mon goût pour les « étranges singularités » n’auraient pas suffi à fixer mon attention sur cet Etienne-Jean Bouchu, si ce personnage n’eût choisi pour y finir ses jours « en simple bourgeois » la petite ville de Paray qui n’est autre que Paray-le-Monial, en Charollais et dont je ne lis jamais le nom sans que s’éveillent en ma mémoire maints souvenirs de famille et de jeunesse sur lesquels j’aime toujours à revenir, si m’y ramène quelque occasion qui me les rende plus vivement présents. C’est pourquoi, l’autre jour, en retrouvant dans Saint-Simon la page où est relatée « l’étrange singularité » de l’intendant Bouchu, je n’ai pu résister à l’attrait d’évoquer en quelques pages la curieuse petite cité bourguignonne où le sieur Bouchu donna le spectacle que l’on sait, où Cluny eut un de ses plus importants monastères, où les Filles de la Visitation, de Sainte Chantal, fondèrent un de leurs plus célèbres couvents, le Paray-le-Monial du Sacré-Coeur, la petite ville où j’ai vécu quelque peu en de lointaines années, où en des années plus lointaines encore sont nés plusieurs des miens, où quelques-uns d’entre eux reposent…

°
°   °

Montons sur la colline qui est leur dernier séjour terrestre. On y parvient par une route assez raide qui, dépassées les pauvres maisons d’un faubourg assez semblable à une rue de village, se continue en pente caillouteuse. En la gravissant, on rencontre tantôt un char attelé de boeufs, le joug aux cornes et dont le conducteur rustique pique de l’aiguillon les croupes boueuses, tantôt quelque carriole paysanne ou citadine. On y croise parfois aussi une chèvre rongeant les feuilles d’une haie, une bande d’oies boitillantes que garde quelque fillette tricoteuse, un gamin conduisant ses cochons, une femme, la hotte au dos ou le panier au bras, qui vous salue d’un bonjour en passant, une pauvresse qui tend la main, mais bientôt on est devant une grille s’ouvrant dans un mur bas qui enclot quelques arbres, des tombes et une petit chapelle entre des cyprès.

Il ressemble à tous les cimetières, ce cimetière de Paray, au haut de sa colline, à l’écart parmi les champs à travers lesquels continue la route qui vous a mené jusque-là. Toute la campagne alentour est aussi silencieuse que lui et participe à son repos. Il y a là des tombes très anciennes, d’autres plus récentes, quelques-unes d’hier. Ce n’est pas vers celles-là que je vais. J’en cherche que le temps a déjà touchées. Les vieilles pierres moussues sont d’une pensive et douce mélancolie. Les noms qu’elles portent s’effacent à demi. Certaines sont devenues anonymes. Enfin j’ai retrouvé celles qui m’attirent, une à une, car elles sont disséminées. Chacune de leurs inscriptions évoque pour moi un souvenir. Des images se forment dans ma mémoire. Des figures m’apparaissent. J’écoute des voix tues depuis de longues années. De ceux qui gisent sous ces dalles, j’en ai accompagné quelques-uns à leur dernière demeure et, derrière leur cercueil, j’ai gravi la route pierreuse, mais d’eux je ne veux pas parler maintenant : je suis venu seulement les saluer. Plus tard, je dirai ce que je sais de ce qu’ils furent. Aujourd’hui, j’ai voulu voir si tout est en bon ordre et si rien n’a changé autour d’eux. Non, tout y est toujours tranquillement funèbre. La grille grince toujours quand on la pousse. L’antique chapelle est toujours debout.

Paray-le-Monial dans LITTERATURE FRANCAISE 320px-ParayLeMonialBasiliqueElle est très ancienne, cette petite chapelle du cimetière de Paray, et elle marque un lieu vénérable. Une tradition ne veut-elle pas qu’elle repose sur les vestiges du « templum antiquissimum »  auprès duquel les moines de Lambert, comte de Chalons, construisirent en l’an 973 le monastère de l’Orval ? C’est sur cette colline qui domine Paray que fut transporté, avec force miracles, le corps de Saint Grat, treizième  évêque de Chalons. Les moines de l’Orval quittèrent bientôt la colline et descendirent  vers la vallée, vers la « Vallis aurea » où s’éleva le nouveau monastère, avec son église qui fut bénie en 1004 par Hugues, abbé de Cluni. Mais avant de descendre, nous aussi, vers la vallée et la rivière, vers la Bourbince, « ad Burbuntium amnem », comme disent les vieux textes, donnons un regard à la petite ville que fut le « Paredum monachorum » de jadis et qui est aujourd’hui Paray-le-Monial. 

Elle est à nos pieds et je la vois toute d’ici. Sur elle mon regard s’étend. Il la parcourt. Voici ses maisons, ses ruelles, ses places, ses toits de tuiles ou d’ardoises, ses jardins. J’aperçois son mail qu’on appelle le Cours, avec ses tilleuls et ses bancs de pierre, la Bourbince qui la traverse de ses deux bras sous un double pont, son champ de foire qui jouxte le vaste pré communal qu’on nomme le Pâquier, sa magnifique avenue de platanes séculaires, sa gare, ses faubourgs dont l’un borde un canal, le canal du Centre, qui s’enfonce à l’horizon avec ses files de peupliers. C’est bien le Paray de ma jeunesse, la petite ville monacale. Voici le clocher de l’hôpital ; la grosse tour de l’ancienne église Saint-Nicolas, le clocheton de la chapelle de la Visitation, celui de l’oratoire des Dames du Saint-Sacrement, celui du couvent des Dames de la Retraite, car Paray est demeuré ville de couvents. Les Jésuites y eurent un établissement, les Clarisses un cloître, mais la gloire et la beauté de Paray, c’est son église clunisienne, sa magnifique basilique romane, avec son haut clocher et ses deux antiques tours, avec son cloître et sa noble demeure abbatiale, son prieuré aux sévères lignes Louis-quatorziennes, et la grosse tour qui subsiste encore de ce que l’on nommait le Château de Paray et qu’un sixain du temps déclarait « de noblesse bien entouré ».

°
°   °

Paray-le-Monial attire deux sortes de visiteurs : quelques touristes et des pèlerins. Si les pèlerins vont droit à la chapelle de la Visitation où l’on vénère dans sa châsse  la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, les touristes, eux, se dirigent vers la basilique clunisienne. Elle est la merveille et l’orgueil de la petite cité dont l’histoire est liée à celle de l’illustre abbaye de Cluni. Comme je l’ai dit déjà, ce fut Cluni qui fonda le monastère de l’Orval et le réunit à ses destinées. Depuis lors, l’Orval fut une filiale de la puissante congrégation bénédictine. Les abbés de Cluni firent du monastère de l’Orval une de leurs résidences favorites et ce fut du monastère que naquit la ville. Paray mérite donc vraiment d’être appelé « Le Monial ». Comme le monastère, Paray a son histoire  .

Avant d’en parcourir les fastes locaux, entrons un instant dans son antique sanctuaire.

Il s’élève au bord de la rivière de Bourbince qu’endigue un petit quai planté de peupliers et de tilleuls en quinconces et dresse ses deux vieilles tours romanes, un peu dissemblables, mais du même caractère architectural et qui précèdent un narthex ou porche extérieur. C’est la partie la plus ancienne de l’église, celle qui fut bénie en l’an 1004. La tour de gauche, dite tour du « moine Garre » ne fut pourvue de son étage supérieur que vers la fin du XIe siècle. De ce narthex on pénètre dans l’église monacale. Elle fut commencée en 1087, par Saint Hugues. Gonzan, religieux de Cluni, en traça les premiers plans, et elle fut continuée par le maître moine Hézelin. La construction se termina vers la fin du XIIe siècle. Elle est une copie réduite de Cluni. Son prieuré en dépendait et fut plus tard réuni à la mense abbatiale. L’abbé de Cluni devint titulaire du Prieuré de Paray et seigneur de la ville. Il déléguait  son autorité à un Prieur claustral et Paray fut érigé en décanat. Le premier prieur, au temps du comte Hugues, fut Andrald. Sur la liste de ses successeurs, je relève un Gérard de Cypierre, un Jean de Pouilly en 1306, un Henri d’Anglure en 1312, un Philibert de Damas en 1400, un Jean de Die en 1444, un Jacques d’Amboise, en 1508. En 1768, j’y vois un Chateauvert.

Nous voici maintenant dans l’église bénédictine. Elle est en forme de croix latine à trois nefs, formant déambulatoire. Trois chapelles absidiales en hémicycle entourent le choeur. L’aspect du lieu est noble et vaste, bien éclairé. Les colonnes s’ornent de chapiteaux ouvragés. La voûte forme à l’inter-transept une coupole soutenant un clocher octogonal que termine une flèche. Tout cela est d’une sobre et forte beauté romane. La branche gauche de la croix contient la chapelle des fonts baptismaux, la droite, la chapelle de la Vierge, d’un gothique flamboyant du XVIe siècle. Là, une porte donne accès au cloître et à l’ancien palais abbatial construit au XVIIe siècle et dont la façade regarde la rivière de Bourbince. Nous l’examinerons tout à l’heure ; maintenant retraversons l’église et sortons par sa porte de gauche. Nous voici sur une petite place où aboutit une rue. Suivons-la. Elle nous conduira en quelques pas à la chapelle du couvent de la Visitation.

J’ai dit que si la Basilique romane de Paray attirait les touristes, la chapelle de la Visitation était le point où affluaient les pèlerins. Elle est d’humble mine, cette chapelle, et son humble façade est dépourvue d’ornements. Une porte étroite ouvre sur la nef unique du modeste édifice. L’intérieur de la chapelle de la Visitation est sombre. La lueur de nombreuses lampes suspendues y laisse subsister une demi-obscurité. Les murs disparaissent sous des bannières d’ex-voto et sous d’innombrables coeurs-de-Jésus d’argent ou de vermeil disposés en guirlandes et en rosaces. Sous l’autel repose le corps de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque. Ses restes sont enfermés dans une grande poupée de cire, revêtue de l’habit monacal. Elle porte sur la poitrine l’effigie du Sacré-Coeur. Partout des images de la vision miraculeuse, de l’Apparition dans le bosquet de noisetiers. Cette étroite chapelle avec ses lampes et ses cierges allumés, ses ors, ses soies, donne une impression de mystère et de mysticité. Je l’ai vue jadis, au temps des grands pèlerinages, bondée d’une foule compacte, exaltée et soumise, sur laquelle planaient en psalmodie monotone les voix des religieuses Visitandines, chantant derrière la grille qui les séparait des assistants, car elles font voeu de perpétuelle clôture. J’entends encore dans mon souvenir ces voix pures et hautes, leur mélopée liturgique, tandis qu’aux jours où la chapelle à peu près déserte appartenait au silence de la prière et du recueillement, résonnait sur les dalles le pas empressé, discret et serviable des tourières et des sacristines. 

Elles seules étaient affranchies de la stricte claustration qui est la règle de leur ordre. On sait sa fondation par sainte Jeanne de Chantal et par saint François de Sales. Ce fut le 4 septembre 1626 que la Mère Marguerite-Elisabeth Gauzion amena du couvent de Bellecourt, à Lyon, cinq religieuses dans la maison de Paray. A cette époque, l’ordre de la Visitation comptait déjà 25 maisons. Quelques pieuses filles de Paray ayant témoigné le désir de servir Dieu dans ce nouvel institut s’adressèrent à la marquise de la Magdelaine de Ragny, Hippolyte de Gondi, épouse de Léonor de la Magdelaine de Ragny, lieutenant général au gouvernement du comté de Charollais. Cette honorable dame, affligée du déplorable état de la religion à Paray où les huguenots ne manquaient pas, avait, en 1617, avec l’assistance de son fils, Claude, évêque d’Autun, fondé dans son propre hôtel un collège dont elle avait confié la direction à trois pères jésuites. Ce fut à côté de ce collège que s’installa le couvent de la Visitation de Marie dans une maison située « entre la tour et le collège, joignant la grande rue appelée des Forges qui va jusqu’aux murailles de ladite ville, ensemble la tour appelée Quarré ». Le contrat de vente fut passé le 26 juillet 1626, entre la mère Marie-Anne de Blonay, supérieure de la Visitation de Bellecour de Lyon, et Jean Bouillet, seigneur de Saint-Léger, et Pierre Quarré, seigneur de la Palus, mais bientôt ce local devint insuffisant. En 1630, le couvent de Paray renfermait trente-trois professes. La seconde supérieure, Anne-Eléonore de Lingendes, échangea à la maison contre celle occupée par les Jésuites et ajouta à la nouvelle résidence des cours, un vaste jardin afin que les religieuses « pussent se maintenir en santé ». La même année 1632, la mère de Lingendes signa avec un maçon de Paray, Antoine Guillemin, un marché pour la construction d’une chapelle « avec le choeur et deux sacristies ». C’est celle qui existe encore actuellement, comme subsistent aussi les bâtiments conventuels. Ils ont gardé leur aspect d’autrefois. Leur haut mur, percé de rares ouvertures grillées, borde la rue qui s’appelle maintenant la rue de la Visitation. Une haute muraille enferme encore l’enclos des jardins. Au centre se dresse le bosquet de noisetiers qui fut le lieu des apparitions.

Elles favorisèrent une humble fille, Marie-Marguerite Alacoque, née le 22 juillet 1647, au hameau du Terreau, sur la paroisse de Verosvres. Elle entra au couvent en 1671 et y mourut le 17 octobre 1690. Elle y eut pour directeur le Père de la Colombière que lui donna la supérieure, la Mère de Saumaise. La Colombière décéda à Paray en « opinion de sainteté ». Un couvent d’Ursulines venu d’Autun avec sa Supérieure, Antoinette de Toulongeon, en 1644, et un hospice fondé en 1684 complétaient les institutions religieuses du vieux Paray.

°
°   °

185px-famille_cinquin_- dans Saône et LoireCar c’est une très vieille petite ville que Paray-le-Monial. Dès le XIIe siècle, elle porte son nom : « Paredum moniale » ou « monacorum ». Elle a pour Seigneurs les abbés de Cluni. Son prieuré ne relève pas des comtes de Chalon, pour les attributions judiciaires. En 1335 des Lettres Royales, émanées de Philippe VI de Valois, déclarent que Paray ne relève que du Roi de France et est exempt de toute juridiction des Ducs de Bourgogne et des Comtes de Charollais. En 1390, lors de la réunion du Comté de Charollais au duché de Bourgogne, les droits judiciaires du Roi sont réservés. Le Charollais est régi par ses Etats particuliers. Ravagé par les Ecorcheurs en 1418, lorsqu’en 1419, après l’assassinat de Jean sans Peur, le Dauphin se dispose à envahir la Bourgogne, Paray lève une compagnie de 80 hommes d’armes pour la défense du Charollais et reçoit 20 écuyers et un certain nombre de gens de trait. En 1422, le Duc Philippe le Bon y traite d’une suspension d’armes. Dix ans plus tard, le Duc donne le Charollais à son fils Charles le Téméraire. En 1483, le Comté de Charollais est réuni à la Couronne de France. En 1490, le traité de Senlis, qui mettait le Charollais aux mains de Maximilien d’Autriche, réservait les droits royaux. Maximilien mort, Charles-Quint empereur, François Ier vaincu à Pavie et prisonnier à Madrid, le Comte de Charollais est dévolu à la Maison d’Autriche. A l’abdication de Charles-Quint, en 1556, Henri II rentre en possession de ses droits royaux. Par le traité de Cateau-Cambrésis, les officiers royaux sont rétablis dans leurs charges, mais la cession du Comté de Charollais à l’Espagne est maintenue ; cependant Paray, dont l’abbé de Cluni est Seigneur, ne relèvera que du Bailli du Roi de France.

Cette petite cité de moines était devenue la retraite de prédilection des abbés de Cluni. Les chefs de la puissante communauté bénédictine aimaient à venir se reposer des soucis et des labeurs de leurs charges sur les bords paisibles de la Bourbince, au milieu des prairies et des forêts silencieuses. Or, il convenait que l’abbé de Cluni, haut et puissant seigneur, trouvât dans l’enceinte de son prieuré favori une résidence digne de sa grande situation féodale. La construction du palais abbatial fut donc commencée en 1480 par Jean de Bourbon, le fils du prisonnier d’Azincourt. La grosse tour ronde qui se voit encore derrière le cloître en dépendait. Le successeur de Jean de Bourbon, Jacques d’Amboise, ancien prieur de Paray, acheva l’édifice. De la grande cuve de pierre à ses armes, qui était probablement la vasque d’un jet d’eau du jardin, on a fait un bénitier de l’église. Le palais fut achevé en 1546, année où Jacques d’Amboise y mourut.

Des constructions de cette époque, Paray possède deux autres édifices intéressants, sa vieille maison Jayet et son église Saint-Nicolas. J’emprunte l’histoire de la maison Jayet aux Souvenirs de Bourgogne d’Emile Montégut : « Dans les premières années du XVIe siècle vivaient à Paray deux frères du nom de Jayet, marchands drapiers de leur profession. L’un des frères était catholique fervent, l’autre huguenot enragé ; c’est assez dire qu’ils s’exécraient fraternellement et n’avaient pas de plus doux passe-temps que de se jouer de mauvais tours. « Je veux avoir la plus belle maison de la ville, se dit un jour le huguenot tenté par le diable de l’orgueil, et non seulement de la ville, mais de tout le Charollais et on viendra voir de loin la maison de M. Jayet. Quelques-uns en crèveront de dépit, mais ce sera tant mieux, car j’ai entendu dire qu’il vaut mieux faire envie que pitié. » Et incontinent il se mit à faire bâtir un bijou de la Renaissance, tout brillant d’arabesques et de fines sculptures, avec des figures de chevaliers et des emblèmes féodaux au premier étage, avec des médaillons à l’italienne au second ; puis cela fait, il signa l’oeuvre de son portrait sculpté et de celui de sa femme, qui se présentent à l’intérieur, dès l’entrée même du vestibule, comme pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs. La femme est une bourgeoise qui aurait mérité de passer pour jolie dans toute condition ; le mari est un bourgeois à l’air goguenard, visiblement bon vivant et porteur d’un grand nez, bossué par le milieu et qui le fait ressembler à une parodie respectueuse de François Ier. « Ah ! c’est comme cela, dit à son tour le catholique ; eh bien moi, je ferai mieux : je vais bâtir, non pas une maison, mais une église ; je la placerai devant la maison de mon frère et cette église lui enlèvera l’air et la lumière, l’écrasera et l’éteindra. » Il fit comme le lui suggérait sa haine et un énorme édifice dédié à Saint Nicolas, masqua pendant trois siècles la maison de son frère. »

Cette maison Pierre Jayet, appelée vulgairement la Maison des Poupons, existe encore et Paray en a fait son hôtel de ville. Quant à l’église Saint-Nicolas, commencée en 1531, elle fut démolie en partie pour dégager la maison Jayet. Il n’en reste que la façade et la gracieuse tourelle datée de 1658. Sa grosse tour, qui servait de clocher et subsiste, est de 1628.

La Maison Jayet et l’église Saint-Nicolas témoignent que la Réforme comptait des adeptes à Paray avant même le milieu du XVIe siècle. Dès son apparition en France, la Réforme avait recruté des partisans dans le pays de Charollais. Paray en contenait un bon nombre, puisqu’en 1562 ils livrèrent la ville au chef calviniste Ferdinand de Saint-Aubin. Les églises furent pillées. La châsse de saint Grat fut détruite. On vendit à l’encan les dépouilles du Prieuré. La ville resta plusieurs années aux mains des Calvinistes. En 1570, nouveaux pillages… Les bandes du Prince Casimir de Deux-Ponts occupent Paray, Anzy-le-Duc, Marcigny. En 1581, le maire Claude Bouillet est tué en défendant Paray. L’année suivante, Jean Bouillet, également maire, rachète, de ses deniers la ville du pillage dont la menaçait Coligny, à la tête de quatre mille hommes. A la mort de Henri III, les partisans du Béarnais s’emparent de Paray que reprennent les Ligueurs. Jean de Foudras, nommé gouverneur, défait les Religionnaires à Digoin. Enfin l’Edit de Nantes mit fin aux luttes religieuses.

Les Huguenots eurent à Paray un temple près de la Porte du Poirier que desservit quelque temps le fameux pasteur Dumoulin. Théodore de Bèze séjourna à Paray. Parmi les familles calvinistes de Paray, je relève celle des Gravier. Esaye Gravier, avocat au Parlement, fut échevin de Paray en 1651. A la révocation de 1685, plusieurs membres de cette famille émigrèrent en Suisse. D’autres abjurèrent. Du mariage de Philibert Gravier avec Rose Perrault descendait Jean Gravier, marquis de Vergennes, baron de Thenard, président à la Chambre des Comptes de Bourgogne, ambassadeur en Suisse, en Portugal et à Venise, et aussi Charles Gravier, comte de Vergennes et de Toulongeon, baron d’Uchon et de Saint-Eugène, ambassadeur à Constantinople en 1751, en Suède en 1771 et ministre des Affaires Etrangères en 1774.

°
°   °

Un arrêt du Conseil Royal du 5 mai 1683 nomma Abbé Commandataire de Cluni Emmanuel-Théodose de la Tour-d’Auvergne, troisième fils de Frédéric-Maurice, Duc de Bouillon, Comte d’Auvergne et d’Evreux, frère de Turenne. Emmanuel-Théodose était né le 24 août 1644. Cardinal le Ier août 1665, il avait été nommé en 1671 Grand Aumônier de France. A l’Abbaye de Cluni il joignait celles de Saint-Ouen de Rouen, de Saint-Vaast d’Arras, de Saint-Martin de Pontoise, de Saint-Pierre de Beaujeu. Il prit part à cinq conclaves. Pour le grand jubilé de 1700, il ouvrit la Porte Sainte. Doyen du Sacré Collège, évêque d’Ostie et de Velletri par la mort du Cardinal Cibo, il fut aussi grand Doyen de Liége et Prévôt de Strasbourg. Très en faveur auprès du Roi à cause de son oncle M. de Turenne, il était un des premiers de la Cour par lui-même, par ses charges, par ses alliances, mais un si haut état et de si hautes fonctions étaient-ils à la taille du personnage ? Demandons-le à Saint-Simon.

Il est, à plusieurs reprises, question du Cardinal de Bouillon dans les Mémoires du Duc et il lui est un magnifique sujet de diatribe et de portrait. Il faut lire les âpres pages où Saint-Simon rapporte les entreprises, les intrigues du Cardinal, ses prétentions, son éclatante désobéissance, sa chute, sa disgrâce, sa retraite, son insolente escapade, le scandaleux esclandre de son orgueil, son exil, son refuge à Rome, sa mort. Saint-Simon voit en Bouillon un faussaire, un intrigant, et devant tant de folie et de superbe, il s’indigne et s’étonne. Ses tentatives de princerie, son arrogance à se prétendre couvrir devant le Pape, sa désobéissance au Roi, sa soumission à tout ce qu’il portait en lui d’intraitable, quel spectacle pour un Saint-Simon et cette pourpre insolente et basse à la fois, et ces menées et ces fourberies, et ces dégoûts, et ces disputes avec les moines de Cluni, ces liaisons, ces cabales cardinalices et familiales !

Et il s’écrie, en ce style qui a des éloquences de sermon et des virulences de pamphlet : « Le Cardinal de Bouillon vivait dans la plus brillante et la plus magnifique splendeur. La considération, les distinctions, la faveur la plus marquée éclataient en tout. Il se permettait toute chose et le Roi souffrait tout d’un Cardinal. Nul homme si heureux pour ce monde s’il avait bien voulu se contenter d’un bonheur aussi accompli ; mais il l’était trop pour pouvoir monter plus haut, et le Cardinal de Bouillon, accoutumé par le rang accordé à sa maison aux usurpations et aux chimères, croyait reculer quand il n’avançait pas. » Et les phrases de la féroce oraison funèbre se précipitent et s’accumulent, lorsque le Cardinal, outré de l’affront que lui a valu l’affaire de la « calotte », en meurt de dépit, car, nous dit le Duc, « il en tomba malade de rage et de rage il en mourut en cinq ou six jours », chose étrange pour un homme si familiarisé avec la rage et qui en vivait depuis plusieurs années !

Et ce n’est pas tout. Après le coup de bâton et le coup de poignard, le coup de pinceau. A traits forcenés, le portrait d’esquisse, se colore, se dresse, prend vie : « Le Cardinal de Bouillon était un homme fort maigre, brun, de grandeur ordinaire, de taille aisée et bien prise. Son visage n’aurait eu rien de marqué s’il avait eu les yeux comme un autre ; mais outre qu’ils étaient fort près du nez, ils le regardaient tous deux à la fois jusqu’à faire croire qu’ils s’y voulaient joindre. Cette loucherie, qui était continuelle, faisait peur et lui donnait une physionomie hideuse. Il portait des habits gris doublés de rouge, avec des boutons d’or d’orfèvrerie à pointes d’assez beaux diamants ; jamais vêtu comme un autre, et toujours d’invention, pour se donner une distinction. Il avait de l’esprit, mais confus, savait peu, mais fort l’air et les manières du grand monde, ouvert, accueillant, poli d’ordinaire, mais tout cela était mêlé de tant d’air de supériorité qu’on était blessé même de ses politesses. On n’était pas moins importuné de son infatigable attention au rang qu’il prétendait jusqu’à la minutie, à primer dans la conversation, à la ramener toujours à soi ou aux siens avec la plus dégoûtante vanité… Les besoins le rendaient souple jusqu’au plus bas valetage. Il n’avait d’amis que pour les dominer et se les sacrifier… Son luxe fut continuel et prodigieux en tout ; son faste le plus recherché. Ses moeurs étaient infâmes. Peu d’hommes distingués se sont déshonorés aussi complètement que celui-là, et sur autant de chapitres les plus importants… On peut dire de lui qu’il en put être surpassé en orgueil que par Lucifer, auquel il sacrifia tout comme à la seule divinité. »

Le voyez-vous maintenant le déchu et le réprouvé, tombé de si haut sous les traits des foudres royales, le révolté en rébellion à la suite de l’affaire de la coadjutorerie de Strasbourg et de son rappel de Rome, le disgracié privé de sa charge de grand Aumônier de France, le voyez-vous, subissant dans son abbaye de Cluni son exil enragé ? Mais Cluni n’est pas loin de Paray et c’est à Paray qu’il réside de préférence pendant cinq années. Il y agrandit et y embellit le palais prioral. Il fait bâtir pour les gens de sa suite une maison que l’on nomme encore la Maison des pages. Au sommet de la grosse tour ronde du château, il fait placer ses armes parlantes : une tour en fonte, qui probablement servait de girouette. Dans une des salles il fait peindre une fresque représentant le Concile de 1700 où, sous sa présidence, fut élu le Pape Clément XI… Sur une toile, un artiste romain, Locatelli, retraça l’ouverture du Jubilé de 1700 qui eut lieu présidé par le Cardinal… La Révolution détruisit ces ouvrages. Ce fut elle aussi qui sans doute arracha au palais prioral la belle plaque de foyer portant les armoiries du Cardinal et qui, chez ma grand’mère, ornait l’âtre de la cuisine. Celles du palais prioral ne devaient point être inactives, car la noblesse des environs y fréquentait. Le Cardinal était hospitalier. Ne rapporte-t-on pas qu’il recueillit et hébergea dans la tour ronde le cheval pie que montait Turenne lorsqu’il fut tué à Salzbach ? Paray compta alors des visiteurs de marque parmi lesquels Mme de Sévigné et son cousin Coulanges. On a conservé des lettres de M. de Coulanges datées de Paray et écrites en 1705. M. de Coulanges trouve Paray un « lieu agréable », il admire de « très aimables jardins, une terrasse toute pleine de mérite et ces jets d’eau de trente-cinq pieds de haut, dont on ferais cas dans une maison royale. » D’ailleurs on ne vit pas là dans une « Thébaïde ». M. de Coulanges constate que l’on est « à cinq lieues tout au plus de bien des gens qui ont des noms » et le bon Coulanges rimaille :

        Le noble château de Paray
        De noblesse tout entouré ;
        De noblesse plus ou moins riche :
        Des Champron, d’Amanzé, Foudras,
        Des Ragny, Monpeyrou, La Guiche,
        De toutes sortes de Damas.

Parmi les Amanzé, les Foudras, les La Guiche, les Damas qui rendent leurs devoirs au Cardinal exilé, il me semble voir s’empresser notre Jean-Etienne Bouchu, car c’est en 1705 que Saint-Simon note que Bouchu quitta son intendance du Dauphiné, et sur le chemin de Paris, rencontra ce Paray, d’où il ne devait plus sortir, durant les dix années qu’il vécut. Je remarque que cet arrêt et ce séjour de Bouchu à Paray coïncident avec le temps d’exil qu’y passa le Cardinal de Bouillon, qui ne le rompit qu’en 1715. Il y a là peut-être une explication partielle à la « singularité » de la présence de Bouchu en cette petite ville où, comme le dit Saint-Simon, rien ne le retenait. Je me plais à imaginer que Bouchu fut souvent l’hôte du palais prioral et qu’il dut fort blâmer le Cardinal quand celui-ci prit, en rupture de ban, la route de Hollande avant de s’en aller mourir de rage à Rome ; Bouchu, lui, demeura en son Paray à y vivre en simple bourgeois. Peut-être aimait-il à se promener dans cette avenue de platanes que le Cardinal fit planter et qu’emprunta plus tard la route, créée en 1753, qui va de Digoin à Charolles en passant par Paray. La Révolution épargna les beaux platanes du Cardinal. Elle se contenta de brûler le cartulaire du Prieuré, d’abattre la flèche de l’église et de fermer le cloître. Le palais abbatial fut heureusement respecté. C’est un bâtiment de beau style et de belle ordonnance. La façade regarde la rivière de Bourbince. Avec ses hautes fenêtres, ses balcons ouvragés, il a grande mine, mine princière et de château. Presbytère et collège, il offre de vastes salles voûtées, fraîches et sonores. Avec l’admirable basilique romane, il compose un bel ensemble ecclésiastique et seigneurial qui comprend encore un vase enclos, dit l’Enclos des Chapelains, et enferme la grosse tour ronde où mourut Le Pie, ce cheval de Turenne que le Cardinal enfourcha pour en faire l’hippogriffe de ses chimères, le coursier d’orgueil et de rébellion qui le porta si haut au ciel de ses ambitions et qui, dans sa chute, lui brisa les reins.

Extrait Paray-le-Monial. Par RÉGNIER, Henri de (1864-1936) – Paris : Emile-Paul, 1926.- 84 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm

Diffusion libre et gratuite – Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex  -Tél. : 02.31.48.41.00.-  

Publié dans LITTERATURE FRANCAISE, Saône et Loire, VILLAGES de FRANCE | Pas de Commentaire »

L’ÉCOLIER D’AUTREFOIS

Posté par francesca7 le 19 septembre 2013

L’ÉCOLIER D’AUTREFOIS dans AUX SIECLES DERNIERS images-8

ENVIRON deux ans après la mort de ma grand’-tante Félicie, et vers la fin de l’été qui suivit nos fameuses affaires de la Maison Colivaut, une question fut agitée en famille ; et au ton des répliques dont ne me parvenaient que des bribes, il la fallait juger de la plus haute importance.

En effet, il s’agissait de savoir comment je serais élevé, dans quelle sorte d’établissement je « ferais mon éducation ».

Ma pauvre grand’mère se trouvait réduite à une assez cruelle extrémité par le testament que sa soeur, Félicie Planté, qui sacrifiait tous les parents présents, fussent-ils vieux, à la « terre », à « l’avenir » et à « l’enfant » qui représentait l’une et l’autre, c’est-à-dire, en l’occurrence, à ma chétive personne. Ma grand’mère, qui jugeait cette mesure conforme au bon ordre et n’en concevait aucune jalousie, se souciait peu que je fusse éduqué de telle façon ou de telle autre, pourvu que je le fusse à proximité de ses soins, et qu’elle ne me perdît point de vue. Or les circonstances la contraignaient à se retirer à Tours, rue de la Bourde, dans une bicoque contiguë à la maison de Mlle Cloque, une vieille demoiselle assez connue dans la ville. Elle demandait à me prendre chez elle, à m’épargner ce qu’on appelait « les rigueurs de l’internat » et à m’envoyer au collège qui semblerait bon à mon père.

Cela se passait en 1875. Bien que je fusse le fils d’un petit notaire de toute petite ville, la situation du pays entier et la politique intérieure de la France s’ingérèrent en cette affaire.

Mon père, ainsi que tous « ces messieurs » à Beaumont, laissait dominer ses actes par deux idées : I° la France était vaincue ; 2° la Commune avait fourni l’exemple de ce que peut produire le désordre.

Je ne comprenais pas très bien alors ces deux points essentiels de conversations qui m’ennuyaient énormément, mais comme je remarquais la moindre des choses qui se faisait, je n’ai pas eu de peine, plus tard, à établir pour indubitable que telles étaient bien les deux sources qui alimentaient les conciliabules et indiquaient le sens de toutes les déterminations.

Par exemple, ni mon père, ni M. Clérambourg, son grand ami, de qui il avait acheté l’étude, ni Me Courtois, son rival, avec lequel d’ailleurs il était à couteaux tirés, ni M. Plancoulaine, le plus puissant personnage de l’endroit, n’avaient de convictions religieuses : cependant aucun des quatre ne manqua, à ma connaissance, un seul dimanche la messe de huit heures. Et les notaires y avaient quelque mérite, puisque c’est dans cette matinée que leur clientèle paysanne affluait au chef-lieu de canton, et s’entassait autour du bureau des clercs, dans l’attente du « patron ». Je revois mon père, à l’office dominical, tout debout, les bras croisés, grand, sérieux entre ses favoris noirs, et l’air satisfait de ce qu’il accomplissait là, non seulement parce que ce qu’il accomplissait lui semblait belle et bonne action, mais parce qu’ainsi il provoquait « les rouges » de l’endroit qui, à ses yeux, symbolisaient l’anarchie.

Mon père décida que mon éducation serait faite dans une « institution congréganiste », ce qui n’était pas pour déplaire à ma chère bonne femme de grand’mère, une fort pieuse femme ; et cela répondait aussi à l’attitude du nouveau maire de la ville, un savetier, qui prétendait ne pas faire baptiser désormais ses enfants.

Toutes les personnes que nous fréquentions approuvèrent la décision paternelle, et l’on m’appelait déjà « l’élève des Pères », sans que je comprisse absolument rien à ce que cela pouvait vouloir dire.

Voilà donc une chose entendue et qui m’eût été, à moi personnellement, tout à fait indifférente, si l’on ne m’eût averti que je serais, chez ces gens qu’on appelait « les Pères », beaucoup mieux habillé que je ne l’eusse été au lycée. Bon !

Mais là où les grands événements qui avaient frappé la France devaient venir s’insinuer par d’infimes ramifications, ce fut – qui l’eût cru ? – dans la discussion du lieu où je devais revêtir cette tenue d’un si bon goût ! Dans toutes les palabres de ces messieurs, mon oreille attentive avait maintes fois discerné le mot « aguerrir », qui semblait bien s’appliquer à moi, à nous, aux petits bonshommes de mon âge. J’entends encore le docte et austère M. Clérambourg prononcer, en terminant une longue tirade : « C’est la génération de la revanche !… » Nous étions désignés, mes camarades et moi, pour la revanche. Très bien. Et après ?

Eh bien ! des gamins qui étaient désignés pour la revanche devaient être aguerris. Pour m’aguerrir, moi, particulièrement, il paraît qu’il convenait que je fusse soustrait à ce qu’on appelait aussi derrière moi « les sentimentalités féminines ». Et alors, et à ce point de vue, la question de « l’internat » qui préoccupait au plus haut point ma grand’mère, devint le thème des conversations. J’entendis un soir M. Clérambourg prononcer non sans quelque emphase : « L’internat ne doit pas être redouté : c’est déjà une caserne… » Pourquoi cette phrase me fit-elle trembler ? Je ne me représentais ni l’internat ni la caserne ; mais, outre que M. Clérambourg, par son ton péremptoire, répandait facilement la terreur, mon flair d’enfant discernait là-dedans que ma délicieuse grand’mère – et moi-même aussi un peu – allions avoir à souffrir.

Hélas ! je ne me trompais pas ! Dès le jour qui se leva après la phrase de M. Clérambourg, il fut signifié à ma grand’mère que je ne la suivrais pas à Tours, mais que j’irais, comme interne, à Poitiers. « A Poitiers ! tout seul, le pauvre petit ! Sans soins, sans parents, sans une personne amie !… » – « Eh bien ! répliqua mon père, et quand il sera soldat !… » – « Il n’a pas dix ans, disait la chère vieille femme alarmée, et vous savez combien il est délicat !… » – « C’est vous qui le rendez fragile avec vos cache-nez et vos tisanes, et vos attendrissements… Il faut qu’il devienne un homme ! »

Il y avait des pensionnats ecclésiastiques à Tours comme à Poitiers ; mais j’y eusse été un peu relâché, disait-on, parce que ma grand’mère y fût venue me gâter. Les malheurs du pays exigeaient que je fusse privé de toute douceur et m’en allasse à Poitiers, ville inconnue, dans une caserne.

C’est ainsi que j’ai appris, dès ma prime jeunesse, que les écervelés, seuls, imaginent pouvoir soustraire même un petit enfant à l’influence des événements publics ; et nul, depuis lors, ne m’a paru plus niais qu’un monsieur ou une dame qui, en buvant une tasse de thé ou un verre de porto, se proclament anarchistes.

Peu m’importe qu’il se trouvât, dans notre petite ville, des gens pour prétendre que mon père était enchanté que ses principes généraux se trouvassent d’accord avec quelqu’un de ses sentiments très particuliers à l’égard de sa belle-mère, par exemple, à l’influence de qui il se réjouissait de trouver beau prétexte à me soustraire. Un prétexte de cette envergure, il ne l’eût pas trouvé sans la situation où la France était alors vis-à-vis de l’Europe !

Pour moi, enfant égoïste et cruel, je me faisais à tout, et je mentirais en disant que j’étais fort ému du désespoir d’une vieille femme. La nouveauté, l’inconnu m’attiraient. Je me souviens de la fierté avec laquelle je passais le pont, en allant goûter chez les Plancoulaine, et de la suffisance qui pouvait être la mienne lorsque je répondais à qui m’interrogeait sur mes études : « Moi, je quitte la famille : je vais dans une caserne ! »

 images-91 dans AUX SIECLES DERNIERS


Extrait de La Touraine. de René BOYLESVE,  Tardiveau, dit René (1867-1926) :  Paris : Emile-Paul, 1926.- 112 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm.  
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex Diffusion libre et gratuite (freeware)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS | Pas de Commentaire »

LE JARDIN DE LA FRANCE

Posté par francesca7 le 19 septembre 2013


COMME Ronsard, nous allons faire « le voyage de Tours ». Nous ne le ferons pas en vers. Je n’en ai point à ma disposition qui vaillent ceux du poète vendômois :

    C’était au mois d’avril, Francine, il m’en souvient,
    Quand tout arbre florit, quand la terre devient
    De vieillesse en jouvence, et l’estrange arondelle
    Fait contre un soliveau sa maison naturelle.

LE JARDIN DE LA FRANCE dans FLORE FRANCAISE 218px-giant_cypress_tree_in_tours_france

Nous risquerions, sur ces douze pieds, si alertes qu’ils soient, de trouver l’excursion un peu longue. Cependant, si j’ai prononcé le nom d’un poète, ce n’est pas sans dessein. J’ai voulu donner à entendre qu’à défaut du rythme inimitable, nous tâcherions, tout en cheminant sur un si beau sol, de conserver un peu de cet esprit méditatif, sensible au vol d’un oiseau comme au parfum des fleurs ou à la couleur de la terre et se mouvant au gré de la fantaisie, enfin, qui est le contraire de l’esprit prosaïque. Mais il y a encore autre chose. Je ne suis point du tout un savant. Aussi nul ne s’étonnera de me voir négliger, en parlant de la Touraine, l’étude, par exemple, de l’ « ère vindébonienne », à savoir celle où « la mer tertiaire du myocène moyen ouvrait un golfe jusqu’au centre du Blésois   » ; de me voir négliger « la Touraine de l’époque falunienne (c’est-à-dire d’un temps où la Loire n’existait pas !) et où les rivières qui devinrent l’Indre, le Cher et la Vienne, se déversaient ou dans un lac ou dans un bras de mer  »… Laissons ces sinistres visions primitives : je me refuse à voir Chinon station balnéaire, et les savoureux coteaux de Saumur bancs de sable perfides ; quant à l’admirable Loire, si, par hasard, il fut un temps où elle n’était pas, c’est bien celle-là qu’il fallait inventer ! J’aurais bien mauvaise grâce aussi à prétendre me substituer ou m’adjoindre aux excellents écrivains qui ont donné de la Touraine des monographies érudites, placées aujourd’hui entre toutes les mains : travaux d’Ardouin-Dumazet et de Bosseboeuf, de Mgr Chevalier, de MM. André Hallays, Paul Vitry, Louis Dumont, Henri Guerlin, Auguste Chauvigné, Jacques Rougé et combien d’autres. Quel mauvais guide je ferais pour la visite des châteaux ! Ignorant, distrait, indifférent à l’essentiel, puis pâmé tout à coup devant tel détail qui risque fort de n’intéresser personne. Alors, quel rôle reste-t-il à un homme de ma sorte, si ce n’est de faire part de mes rêveries de promeneur ? Je vous demande de vouloir bien vous contenter de cela. Permettez-moi alors de vous dire tout haut ce que je pense, lorsque je retourne au pays qui m’est le plus cher, et ne m’en veuillez pas trop s’il m’arrive – et vous vous doutez que cela arrivera – de mêler volontiers ma personne, suivant la manière des poètes, aux lieux à qui je dois tout.

°
°   °

Je ne me suis pas engagé à parler de la Loire avec impartialité. On ne parle pas plus froidement de la petite patrie que de la grande. Encore, si la mienne était admirée sans conteste, peut-être adopterais-je pour la décrire un ton plus réservé, comme il convient de le faire en traitant des puissances établies ! Mais la Loire, avec toute sa grande renommée, a bel et bien des détracteurs ; et les personnes sont nombreuses qui demeurent indifférentes au génie divin couché dans ses roseraies. Victor Hugo a écrit, en juillet 1843 (3) :

« On a beaucoup trop vanté la Loire et la Touraine… Une eau jaune et large, des rives plates, des peupliers partout, voilà la Loire. Le peuplier est le seul arbre qui soit bête… Il y a pour mon esprit je ne sais quel rapport intime, je ne sais quelle ineffaçable ressemblance entre un paysage composé de peupliers et une tragédie écrite en vers alexandrins. Le peuplier est, comme l’alexandrin, une des formes classiques de l’ennui. »

Voilà une opinion, et de poids. Beaucoup m’ont aussi dit, et me disent tous les jours :

– Votre Loire, oui ; mais c’est monotone, c’est gris, ça n’offre pas de ces surprises qui, tout à coup… Etc…

Et le personnage a l’air de regretter de ne point y avoir constaté d’éruption volcanique… N’avez-vous pas reconnu dans ces objections les termes mêmes qu’emploient les étrangers, et nombre des nôtres, hélas ! pour exprimer leur incompréhension de…, de qui, s’il vous plaît ?… Mais de notre grand Racine ! Ainsi, dès notre premier pas, nous voilà, encore une fois, en pleine querelle des romantiques et des classiques ! La tragédie en alexandrins, c’est la Loire ; le drame de cape et d’épée, avec ses accessoires pittoresques, ce sont les monts, les neiges éternelles, les précipices, les solfatares, l’Océan, les Planètes, que sais-je encore ! c’est Hugo. Hugo avait toutes les raisons possibles de ne point aimer la Loire. Par contre, la Loire, nous l’entendons chanter par Du Bellay, par Ronsard, par La Fontaine, par le chevalier de Méré, par Mme de Sévigné, par Jules Lemaître. Si l’on formait une petite Société composée des amis de la Loire, on y reconnaîtrait toute une famille d’esprits qui ne sont nullement effrayés par l’alexandrin tragique et qui, bien au contraire, trouvent tous les jours quelque beauté et profondeur nouvelles chez l’auteur de Bérénice. On oppose à la Loire le Rhône torrentueux, le Rhin légendaire ou la Seine si jolie, comme à Racine, sans cesse, on opposera Shakespeare. J’aime, pour ma part, Shakespeare, et la Seine, et le Rhône et le Rhin, et aussi Hugo ; mais je soutiens que si la France possède deux trésors de style qui n’appartiennent vraiment qu’à elle et où se retrouve le plus pur de sa grandeur simple, de sa claire intelligence, de son sens souverain de l’harmonie, de son tranquille dédain de l’ornement superflu, ces deux trésors sont Racine et la Loire.

La Loire à Champtoceaux.

Je me crois autorisé à nommer la Loire, et sa vallée si caractéristique, parmi nos génies nationaux, – je veux dire parmi ceux qui sont représentatifs et qui inspirent le plus durablement. Je me plais à croire qu’elle fut là de tout temps, chez nous, au centre même de notre pays, comme un signe qui devait être un jour déchiffrable et qui, enfin traduit, devait laisser cette inscription lisible sur la ceinture de la France : « pays équilibré ».

Ce qui ne veut pas dire « pays dénué de passion », car alors la France serait inhumaine ; cela ne veut pas dire : « pays bien sage et de toute sécurité », car songez aux inondations soudaines de ce fleuve à l’air endormi ! Cela veut dire que, parmi toutes les choses extrêmes que conçoit fatalement l’humanité active, inquiète ou délirante, la France, fluctuante, divisée, déchirée en îlots comme la Loire, arrive toujours à se faire un lit, vaste et aisé, et où tout homme, de quelque origine qu’il soit, se repose, rêve, pense et dort – un peu mieux qu’ailleurs.

°
°   °

Avez-vous jamais aperçu de loin la vallée de la Loire ? Quand on va quitter les plaines de la Beauce, sur la route de Châteaudun, par exemple, entre les chaumes, et que l’on est sur le point d’atteindre la ville de Blois, tout à coup, à l’horizon, comme une frise au-dessus d’une tenture aux tons neutres, paraît un long ruban bleuâtre qu’on prendrait pour la ligne de la mer, n’était sa flexuosité à peine indiquée, mais sensible. Alors, on sent qu’on pénètre dans un autre pays, et ce pays nouveau est un jardin. On respire, on espère, on subit le charme de ce qui, était encore lointain, se laisse apercevoir à l’état de mirage et flatte l’imagination un peu de la même manière que le fait la musique. Ce n’est pas la Loire elle-même que nous voyons encore, mais les collines boisées de sa rive gauche : elles ont une douceur, une grâce, une vénusté dans leur quasi-irréalité et dans leur fuite qui attire notre pensée vers de séduisantes images ; ce que nous apercevons, mais ne serait-ce point de longues écharpes de voile, animées par un peuple de fées qui court à quelque fête de nuit dans les châteaux ?…

Le premier contact avec la Loire a ceci d’original qu’il ne vous arrache ni le cri d’admiration obligatoire devant les grands paysages convenus, ni les moyennes épithètes de beauté que nous donnons sans ménagement à tout cours d’eau d’importance. Cette vue ne nous confond point, ne nous exalte pas, ne nous inquiète en aucune manière, – cette vue ne bouleverse rien en nous, si ce n’est nos habitudes d’admirer, car, au lieu de produire le choc qui, d’ordinaire, donne l’essor à nos facultés d’enthousiasme, elle semble, elle, ordonner l’apaisement, régler les battements du coeur, évoquer l’Incessu patuit Dea de Virgile, ou de Beethoven les premières mesures de l’andante de la Ve Symphonie. Une majesté, une majesté si bien consacrée et si pure qu’elle dédaigne les trompettes, l’habit, la couronne ; une puissance qu’aucun tapage n’annonce ; on la reconnaît à son pas.

Enigmatique avec cela, quoique si fort éloignée de vouloir l’être : en effet, on la sent incontestablement grande, et on la surprend tout à coup ramifiée en plusieurs bras fluets ; est-elle eau ? est-elle sable ? est-elle forêt ? On se le demande. Vous l’avez traversée sur un pont de quatre cents mètres, et voilà, un peu plus loin, un enfant qui la passe à pied sec. Ah ! mais, cette grisaille nonchalante et tremblante doit recouvrir quelque secret…

Outre la beauté du fleuve que nous suivons sur une de ces « levées » qui l’endiguent et lui interdisent tout écart, une des premières choses qui nous frappent en pénétrant en Touraine, c’est l’architecture.

Êtes-vous sensibles à l’architecture ? Il importe que vous le soyez ! Tout le monde devrait se préoccuper de cet art. Et ce n’est pas assez que de dire à ses compagnons de voyage :

– Cette bâtisse est horrible !… Quelle monstruosité !… Quelle folie !… Quelle platitude !… 

Chacun devrait se plaindre publiquement d’avoir eu la vue offensée. Ce serait le devoir de la presse d’accueillir les gémissements de l’opinion publique touchant l’art qui contribue le plus à former sur nous le jugement sommaire de l’étranger.

Quand on a traversé la banlieue de Paris, – et comme elle est étendue, à ce point de vue, la banlieue de Paris ! – et qu’on arrive aux confins de la Touraine, il y a pour l’oeil un soulagement bien bon : l’oeil est ravi par la ligne de la plus modeste toiture. C’est simple, c’est élégant ; cela n’a aucune prétention ; et c’est cela qui vous a l’air « vieille race » ! D’où vient que presque à chaque pas l’on se dise :

– Ah ! que j’aimerais habiter ici !


Extrait de La Touraine. de René BOYLESVE,  Tardiveau, dit René (1867-1926) :  Paris : Emile-Paul, 1926.- 112 p.-1 f. de pl. en front. : couv. ill. ; 20 cm.  
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex Diffusion libre et gratuite (freeware)

Publié dans FLORE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

 

leprintempsdesconsciences |
Lechocdescultures |
Change Ton Monde |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | C'est LE REVE
| Détachement Terre Antilles ...
| ATELIER RELAIS DU TARN ET G...