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Comment la mer devint salée

Posté par francesca7 le 15 septembre 2013

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Selon un grand nombre de traditions, l’eau de la mer, au commencement du monde, était douce comme celle des rivières et de fontaines, avant de devenir salée, des récits divers attribuant des causes surnaturelles à la salaison de cette immensité d’eau.

Voici donc Une légende :

Il y a fort longtemps vivaient en Chine deux frères. Wang, l’aîné, était le plus fort et brimait sans cesse son cadet. À la mort de leur père, les choses ne s’arrangèrent pas et la vie devint intenable pour Wang-cadet. Wang-l’aîné accapara tout l’héritage du père : la belle maison, le buffle et tout le bien. Wang-cadet n’eut rien du tout et la misère s’installa bientôt dans sa maison.
Un jour, il ne lui resta même plus un seul grain de riz. Il fut donc obligé de se rendre chez son frère pour ne pas mourir de faim. Arrivé sur place, il le salua et lui parla en ces termes : « Frère aîné, prête-moi un peu de riz. » Mais son frère, qui était très avare, refusa tout net de l’aider et le cadet repartit bredouille.

Ne sachant que faire, Wang-cadet s’en alla pêcher au bord de la mer jaune. La chance n’était pas de son côté, car il ne parvint pas à attraper le plus petit poisson. Il rentrait chez lui les mains vides, la tête basse, le cœur lourd quand soudain, il aperçut une meule au milieu de la route. « Ça pourra toujours servir ! » pensa-t-il en ramassant la meule, et il la rapporta à la maison.
Dès qu’elle l’aperçut, sa femme lui demanda : « As-tu fait bonne pêche ? Rapportes-tu beaucoup de poissons ?

— Non, femme ! Il n’y a pas de poisson. Je t’ai apporté une meule.
— Wang-cadet, tu sais bien que nous n’avons rien à moudre : il ne reste pas un seul grain à la maison. »

Wang-cadet posa la meule par terre et, de dépit, lui donna un coup de pied. La meule se mit à tourner, à tourner et à moudre. Et il en sortait du sel, des quantités de sel. Elle tournait de plus en plus vite et il en sortait de plus en plus de sel.

Wang-cadet et sa femme étaient tout contents de cette aubaine tandis que la meule tournait, tournait et le tas de sel grandissait, grandissait. Wang-cadet commençait à avoir peur et se demandait comment il pourrait bien arrêter la meule. Il pensait, réfléchissait, calculait, il ne trouvait aucun moyen. Soudain, il eut enfin l’idée de la retourner, et elle s’arrêta. À partir de ce jour, chaque fois qu’il manquait quelque chose dans la maison, Wang-cadet poussait la meule du pied et obtenait du sel qu’il échangeait avec ses voisins contre ce qui lui était nécessaire. Ils vécurent ainsi à l’abri du besoin, lui et sa femme.

Mais le frère aîné apprit bien vite comment son cadet avait trouvé le bonheur et il fut assailli par l’envie. Il vint voir son frère et dit : « Frère-cadet, prête-moi donc ta meule. » Le frère cadet aurait préféré garder sa trouvaille pour lui, mais il avait un profond respect pour son frère aîné et il n’osa pas refuser.

Wang-l’aîné était tellement pressé d’emporter la meule que Wang-cadet n’eut pas le temps de lui expliquer comment il fallait faire pour l’arrêter. Lorsqu’il voulut lui parler, ce dernier était déjà loin, emportant l’objet de sa convoitise.

Très heureux, le frère aîné rapporta la meule chez lui et la poussa du pied. La meule se mit à tourner et à moudre du sel. Elle moulut sans relâche, de plus en plus vite. Le tas de sel grandissait, grandissait sans cesse. Il atteignit bien vite le toit de la maison. Les murs craquèrent. La maison allait s’écrouler.

Wang-l’aîné prit peur. Il ne savait pas comment arrêter la meule. Il eut alors l’idée de la faire rouler hors de la maison, qui était sur une colline. La meule dévala la pente, roula jusque dans la mer et disparut dans les flots.

Depuis ce temps-là, la meule continue à tourner au fond de la mer et à moudre du sel. Personne n’est allé la retourner.
Et c’est pour cette raison que l’eau de la mer est salée.

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Erreur de casting pour nos ancêtres

Posté par francesca7 le 15 septembre 2013

le 5 mai 1889. Quatre cents « nègres », Kanaks et Annamites sont les stars de l’Expo universelle

 

Se croyant au zoo, les Français se précipitent dans le village indigène reconstitué sous la tour Eiffel pour admirer les « sauvages ».

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Le 5 mai 1889, quelque quatre cents Africains et Asiatiques prennent possession du Champ-de-Mars. Ce n’est pas une manif de sans-papiers avant la lettre, ni une réunion de rappeurs, mais les habitants du village indigène de l’Exposition universelle dont l’ouverture officielle est pour le lendemain. Ces hommes et femmes « importés » des lointaines colonies françaises sont impatients de découvrir les millions de visiteurs blancs attendus. La curiosité vaut dans les deux sens.

Attraction phare de l’Exposition, ces Africains, Kanaks et Annamites ont l’immense honneur (!) d’être les habitants du premier « village indigène » organisé dans le cadre d’une « exhibition ethnologique ». Plusieurs expositions précédentes en Europe et en Amérique ont déjà montré de petits groupes d’individus, ou même des personnes seules, parfois même dans des cages. Mais plusieurs centaines d’indigènes du bout du monde répartis dans plusieurs villages, c’est du jamais-vu. Le gouvernement de Carnot garantit l’authenticité des Sénégalais, Gabonais ou Congolais ramenés de leurs forêts primitives ! On n’est pas allé les chercher à la Goutte-d’Or ou encore dans le 13e arrondissement… Il s’agit de vraies pièces originales ! Approchez, approchez ! Touchez ! Certains savent même parler et, qui plus est, français ! Le jour de l’inauguration, seul Dieudonné brandit une banderole sous les objectifs des caméras : « Stop au continuum colonial et esclavagiste ». 

Vingt-huit millions de visiteurs 

Les organisateurs de l’Exposition universelle sont finalement animés par les meilleurs sentiments : ce qu’ils désirent avec l’étalage de cette chair fraîche, c’est montrer comment une nation civilisatrice comme la France a tiré de leur obscurantisme ces êtres primitifs entre animaux et hommes. L’Occident tend la main aux maillons manquants de l’évolution humaine ! 

Pendant près de 6 mois, 28 millions de voyeurs défilent sur les Invalides pour épier ces hommes primitifs répartis dans une demi-douzaine de villages indigènes prétendument reconstitués à l’identique. Les brochures expliquent aux visiteurs que leurs habitants vivent, travaillent et s’amusent exactement comme au pays. Il y a là des Arabes, des Kanaks, des Gabonais, des Congolais, des Javanais, des Sénégalais… et Harry Roselmack en immersion… Les visiteurs mais aussi les scientifiques se précipitent. Pour une fois qu’ils ont l’occasion d’observer, de palper, de parler à ces primitifs sans avoir à courir à l’autre extrémité du monde.

Fantasmes du Blanc

À vrai dire, les villages ne sont pas construits avec un grand souci d’authenticité. Décors, costumes, accessoires… sont censés représenter leur « milieu naturel », mais tout est mis en scène, caricaturé, stéréotypé. Par exemple, le village pahouin (tribu habitant la rive droite de l’Ogooué) n’est pas habité par des Pahouins, mais par des Adoumas et des Okandas. « Au premier abord, on ne percevra pas grande différence entre ces deux races, et tous ces nègres sembleront appartenir au même type », note alors le géographe et archéologue Louis Rousselet. À propos du village sénégalais, le même auteur remarque : « Ici, c’est la mare où nous voyons accroupie une des femmes du village, dont les attributions sont de laver le linge des habitants. Et vous pouvez être certains qu’elle ne chôme pas. Les nègres sont propres et aiment à porter des vêtements toujours frais. »

On demande même parfois aux indigènes de jouer la comédie ! Ici, des femmes aux seins nus se livrent à des danses soi-disant guerrières. Un panneau stipule qu’elles appartiennent à la tribu des Femen… Là, des hommes battent tambours en inventant carrément des rituels pour l’occasion. Ce qui marche très bien auprès des visiteurs, ce sont les combats, forcément simulés… Pas question de décevoir le public venu chercher de l’exotisme. On leur demanderait presque de se bouffer entre eux juste pour confirmer aux Blancs qu’ils ont raison de les croire cannibales.

Liberté, égalité, fraternité

Pour autant, les indigènes présentés ne sont pas des comédiens engagés pour l’occasion. Ils ont été recrutés dans leurs pays d’origine par des imprésarios ou des chefs d’expédition, aidés souvent par des chefs de village, les fixeurs de l’époque… Ils sélectionnent les beaux spécimens, leur font passer de véritables castings. Le public de l’Exposition universelle se croit souvent au zoo, n’hésitant pas à railler à voix haute les traits simiesques. On compare ces sauvages à des singes, montrant du doigt leurs lèvres énormes, leur teint huileux, leurs cheveux crépus. D’ailleurs, comme devant la cage d’un singe, certains visiteurs jettent de la nourriture, des babioles. Ils se moquent des indigènes malades, tremblant à la porte de leur case… Ils sont là pour se marrer, ils n’ont sûrement pas payé pour pleurer sur leur sort.

En marge de l’Exposition, loin du cadre officiel, des petits malins ont compris qu’il y avait de l’argent à se faire en exhibant eux aussi des sauvages. C’est le cas du Hollandais Godefroy, qui rassemble des Angolais rue Laffitte. Tandis qu’un certain Gravier installe 18 Accréens (des Ghanéens de la région d’Accra) au 62 quai de Billy (actuel quai Branly). Il les avait déjà montrés à Amsterdam en 1880, mais, fait curieux, ils étaient alors 23. Que sont devenus les cinq manquants ? Nombreux sont les participants à ce genre d’exhibition qui ne rentreront jamais chez eux, victimes de maladies occidentales comme la variole, la tuberculose… Des victimes collatérales… On oublie alors que l’Exposition universelle de 1889 est censée symboliser le centenaire de la prise de la Bastille, et la devise républicaine : liberté, égalité et fraternité.

Source…. 

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L’âne qui parcourait les rues

Posté par francesca7 le 15 septembre 2013

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Promené dans tout Paris sur une carriole par le journaliste satirique et anarchiste Zo d’Axa, l’âne termine embarqué par les flics.

le 8 mai 1898. 

Le dimanche 8 mai 1898, jour des élections législatives, les Parisiens ont la surprise de croiser dans la rue un âne blanc transporté sur une carriole tirée par une bande d’olibrius. Ils appellent les Parisiens à voter Nul. C’est le nom de l’âne ! Cette idée de vote loufoque, voire surréaliste, est née dans l’imagination fertile du journaliste satirique anarchiste Zo d’Axa. Derrière ce curieux pseudonyme se cache le descendant du célèbre navigateur Lapérouse. Dans son journal, La Feuille, Alphonse Galaup de Lapérouse, dit Zo, écrit : « Chers électeurs, finissons-en. Votez pour eux. L’âne Nul, dont les ruades sont plus françaises que les braiments patriotards. » Ce provocateur veut ainsi réconcilier les abstentionnistes avec les urnes. Enfin l’occasion de « voter blanc, de voter Nul, tout en se faisant entendre ».

« Lentement, l’âne parcourait les rues »

Zo explique sa démarche dans une série d’articles : « Nous sommes allés, dans sa retraite, trouver un maître auquel personne n’avait songé, un modeste dont personne pourtant ne niera la signification précise. Aujourd’hui, l’honneur m’échoit de présenter ce maître au peuple. On l’appelle maître Aliboron. Ceci soit pris en bonne part. L’âne pour lequel je sollicite le suffrage de mes concitoyens est un compère des plus charmants, un âne loyal et bien ferré. Poil soyeux et fin jarret, belle voix. »

Le jour du scrutin, vers 10 heures du matin, voilà donc Zo et Nul qui dévalent la colline de Montmartre, accompagnés par une poignée de supporteurs. NKM qui se dit qu’il y a certainement là quelques voix à glaner a voulu être de la partie. L’âne blanc est porté sur « un char de triomphe et traîné par des électeurs ». Imaginons la stupeur des Parisiens qui croisent ce curieux équipage électoral. Dans sa revue, le journaliste anar fait un compte rendu détaillé et lyrique de cette traversée de Paris.

« Lentement, l’âne parcourait les rues. Sur son passage, les murailles se couvraient d’affiches que placardaient des membres de son comité, tandis que d’autres distribuaient ses proclamations à la foule : Réfléchissez, chers citoyens. Vous savez que vos élus vous trompent, vous ont trompés, vous tromperont – et pourtant vous allez voter… Votez donc pour moi ! Nommez l’Âne !… On n’est pas plus bête que vous. Cette franchise, un peu brutale, n’était pas du goût de tout le monde. »

Joyeux chahut

Effectivement, la plupart des passants ne goûtent pas le canular. Ils crient : « On nous insulte ! », « On ridiculise le suffrage universel », « Sale Juif ! » Rachida brait de colère. Mais d’autres se tordent de rire et acclament Aliboron. Des femmes lui jettent des fleurs, des hommes agitent leur chapeau. Le cortège poursuit son chemin vers le Quartier latin. Il arrive, enfin, devant le Sénat, longe le jardin du Luxembourg. La foule s’amasse autour du candidat pour l’acclamer dans un joyeux chahut. À la terrasse des cafés, les étudiants applaudissent à tout rompre. On s’arrache les tracts distribués par les militants. De jeunes gens se bousculent pour pousser le char.

Vers 15 heures, la police décide d’intervenir. En bas du boulevard Saint-Michel, les sergents de ville font barrage. Leur chef somme Zo et sa troupe de conduire Nul au plus proche commissariat. Mais on n’arrête pas la révolution en marche. Le cortège, poussé par une foule en délire, brise le barrage et traverse la Seine. Il fait une halte devant le palais de justice d’où, note Zo d’Axa, « les députés, les chéquards, tous les grands voleurs sortent libres ». Rien n’a changé… C’est le moment choisi par les agents pour passer à l’attaque. Ils s’emparent des brancards, enfilent le licol et se mettent à remorquer le char. Le comité de soutien les laisse faire.

« Tel un vulgaire politicien, l’animal avait mal tourné. La police le remorquait, l’Autorité guidait sa route… Dès cet instant, Nul n’était qu’un candidat officiel ! Ses amis ne le connaissaient plus. La porte de la préfecture ouvrait ses larges battants – et l’âne entra comme chez lui », conclut le journaliste. Ainsi s’achève la campagne électorale de l’âne blanc Nul.

Source… 

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