L’Arrestation des Desmoulins
Posté par francesca7 le 10 septembre 2013
30 mars 1794. Arrestation de Camille et Lucile Desmoulins qui s’aiment à en perdre la tête.
La guillotine va régler cela en la leur coupant, à une semaine d’intervalle. Lucile a préféré suivre son époux dans la mort.
Le dimanche 30 mars 1794 sonne le glas du plus bel amour de la Révolution française. Des soldats se présentent chez Camille Desmoulins pour l’arracher aux bras de son épouse Lucile. Avec Danton, Delacroix et Philippeaux, il est accusé d’affairisme et de mollesse par le Comité de salut public. Robespierre, qui avait été le témoin de mariage de Camille, n’ose pas prendre sa défense. Au moment où les soldats arrivent chez les Desmoulins, au troisième étage du 2, place de l’Odéon, Camille marche de long en large, sous les yeux épouvantés de son épouse. Il jette un regard désespéré à son bébé, Horace, qui est endormi. On tambourine à la porte. Camille et Lucile se regardent, affolés. C’est donc vrai, Robespierre a osé ! Desmoulins secoue sa femme : « On vient m’arrêter ! » Elle s’agrippe à lui, pleure, supplie les soldats qui sont entrés, manque de s’évanouir. Mais rien n’y fait, il faut partir. Camille embrasse une dernière fois le petit Horace et sa femme avant de se laisser entraîner au palais du Luxembourg transformé en prison.
Dès le lendemain, il lui écrit :
« Adieu, ma Lucile, ma chère Lucile !
Adieu, Horace, Annette ! adieu, mon père !
Je sens fuir devant moi le rivage de la vie. Je vois encore Lucile ! je la vois, ma bien-aimée Lucile ! mes bras entrelacés te serrent, mes mains liées t’embrassent ! et ma tête séparée repose encore sur toi ses yeux mourants. Je vais mourir. »
Elle lui répond aussitôt :
« As-tu pris quelque moment pour endormir ta douleur, mon bon loup, unique bien, bonheur de mon âme, mon ami, calme tes esprits ; songe à ta santé, ta Lucile t’en conjure. As-tu reçu mes cheveux… ? »
Héros
C’est beau comme l’antique. Ce grand amour naît en 1783 quand le jeune étudiant en droit de 23 ans croise la belle madame Duplessis dans une allée du jardin du Luxembourg où elle promène ses deux filles. Camille tombe raide amoureux de cette femme qui a la réputation d’être l’une des plus grandes beautés de Paris, mais aussi la plus sage des femmes. C’est à peine s’il fait attention à la gamine de 13 ans qui reste dans ses jupes, la petite Lucile. Durant quatre ans, Desmoulins fait une cour assidue et vaine à la mère avant de découvrir les charmes de la petite Lucile devenue femme. Depuis quatre ans, celle-ci l’aime en secret. Desmoulins demande sa main. Refus du père ! Pas question de confier le bonheur de sa fille chérie à cet avocaillon de province sans le sou.
Camille, inébranlable, poursuit sa cour tout en devenant l’un des plus virulents héros de la Révolution naissante. N’est-ce pas lui qui, le 12 juillet 1789, appelle la foule au soulèvement populaire, monté sur une chaise du jardin du Palais-Royal ? Dix-sept mois plus tard, M. Duplessis jette enfin l’éponge au soulagement des deux amoureux. Le 29 décembre 1790, Lucile et Camille se marient en l’église Saint-Sulpice avec Robespierre comme témoin du marié. La timide Lucile épouse la ferveur révolutionnaire de son époux, elle partage ses fièvres, ses espoirs et ses rêves.
« Ô joie ! »
Après l’arrestation de Camille, Lucile Desmoulins se bat comme une lionne pour l’arracher aux griffes des ultras et à la guillotine. En vain. Le 5 avril 1794, il est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire en compagnie de Danton et de quelques autres. Les condamnés sont immédiatement transférés place de la Révolution (la Concorde) pour être livrés à la guillotine. Sur la charrette qui les emporte, Desmoulins crie sa douleur d’abandonner sa femme et son fils. Les poignets déjà liés, il demande à Danton d’extraire de sa poche la mèche de cheveux de Lucile pour la lui glisser dans les mains. Au pied de l’échafaud, il prie le bourreau de remettre cette mèche aux parents de sa femme après sa mort ! L’homme s’exécutera. Au moment où le fer de la guillotine lui tranche le cou, Camille appelle : « Lucile… »
Celle-ci ne tarde pas à le rejoindre. Faussement accusée d’avoir voulu faire évader son mari, elle est guillotinée une semaine plus tard, à 24 ans. Ses dernières paroles sont pour son mari : « Ô joie ! Dans quelques heures, je vais donc revoir Camille ! »
Source http://www.lepoint.fr
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