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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Pèlerinage à Racamadour (lot)

Posté par francesca7 le 28 août 2013

Pèlerinage à Racamadour (lot) dans VILLAGES de FRANCE 200px-Rocamadour-panorama

On trouve dès le XIe siècle des témoignages écrits du pèlerinage de Notre-Dame de Rocamadour, connu du monde connu pour ses miracles…

C’est dans le département du Lot que se trouve la petite ville de Rocamadour, située dans le site le plus pittoresque et le plus charmant que l’on puisse rêver.

Elle est bâtie, en effet, en amphithéâtre, sur les flancs d’une haute colline, dont la cime est couronnée par une belle église que des mains pieuses ont élevée et consacrée à la Vierge.

C’est le but d’un des pèlerinages les plus anciens et les plus importants de France. Les fidèles accourent de tous les points du Quercy, du Périgord, du Limousin, de l’Auvergne, de l’Aunis, de la Gascogne et du Languedoc, pour y faire leurs dévotions. Ce pèlerinage porte le nom de pèlerinage de Notre-Dame de Rocamadour.

Ce qui lui donne une faveur particulière, c’est qu’il a la vertu de rendre fécondes les femmes frappées de stérilité.

Si ces déshéritées veulent laisser une postérité, elles doivent se rendre à Rocamadour, monter pieds nus et à genoux les centaines de marches, taillées dans le roc, qui conduisent à l’Eglise, y entendre les saints offices dans le plus grand recueillement, puis aller au bassin où se trouve depuis plus de mille ans, le sabre de Roland, la fameuse Durandal, qui a occis moult Sarrasins, et la toucher, en récitant des patenôtres.

Si les dévotions sont faites dans les règles, il est bien rare que, quelques mois après, les douleurs de l’enfantement ne se fassent pas sentir.

La légende raconte, en effet, que, lorsque Roland, abandonné dans les défilés de Roncevaux, eut essayé de briser sur les roches sa chère Durandal, sans pouvoir y parvenir, il la lança vigoureusement dans les airs, afin qu’elle ne servît pas de trophée aux infidèles.

Elle s’en fut tomber dans un petit étang, situé sur la colline de Rocamadour, où elle acquit depuis la vertu de donner des enfants aux mères qui en sont privées.

Cette croyance est très vivace dans les populations d’une partie du Centre et du Midi de la France.

 rocamadour_overview dans VILLAGES de FRANCE

Au cœur du Haut-Quercy, comme accrochée à une puissante falaise dominant de 150 mètres la vallée encaissée de l’Alzou, cette petitecité mariale est un lieu de pèlerinage réputé depuis le xiie siècle, fréquenté depuis le Moyen Âge par de nombreux « roumieux », anonymes ou célèbres (Henri II d’Angleterre, Simon de Montfort, Blanche de Castille et Louis IX de France, saint Dominique et saint Bernard, entre autres figures illustres1), qui viennent y vénérer la Vierge noire et le tombeau de saint Amadour.

Rocamadour, « citadelle de la Foi », est également un site touristique de premier plan, l’un des plus visités de France avec 1,5 million de visiteurs par an, après Le Mont-Saint-Michel, la cité de Carcassonne, la Tour Eiffel et le château de Versailles2.

La cité médiévale, aux ruelles tortueuses, est gardée par une série de portes fortifiées (porte Salmon, Cabilière, de l’hôpital, du figuier). Un escalier monumental, que les pèlerins gravissaient (et gravissent parfois encore) à genoux conduit à l’esplanade des sanctuaires, où se cotoient la basilique Saint-Sauveur, la crypte Saint-Amadour (classées au patrimoine mondial de l’humanité), les chapelles Sainte-Anne, Saint-Blaise, Saint-Jean-Baptiste, Notre-Dame (où se trouve la Vierge noire) et Saint-Michel. L’ensemble est dominé par le palais des Évêques de Tulle.

Selon Gaston Bazalgues, le nom Rocamadour est une forme médiévale qui a pour origineRocamajorRoca désignait un abri sous roche et major évoquait son importance. Ce nom a été christianisé à partir de 1166 avec l’invention de saint Amadour ou saint Amateur. En 1473, d’après la monographie d’Edmond Albe, le lieu fut nommé la roque de Saint Amadour. En 1618, sur une carte du diocèse de Cahors de Jean Tarde, apparut le nom de Roquemadour.

En 1166 les reliques de saint Amadour auraient été découvertes : un corps parfaitement conservé se trouvait enfoui au cœur du sanctuaire marial, devant l’entrée de la chapelle miraculeuse. Le corps de saint Amadour fut sorti de terre puis exposé aux pèlerins. Le corps fut brûlé durant les Guerres de Religion et il ne subsiste aujourd’hui que des fragments d’os, bientôt réexposés dans la Crypte St Amadour.

Le lieu-dit l’Hospitalet, surplombant Rocamadour, a un nom issu de espitalet qui signifiait petit hôpital et a pour origine latine hospitalis. Ce lieu d’accueil fut fondé en 1095 par dame Hélène de Castelnau

Un chemin de croix conduit au château et à la croix de Jérusalem, où a été aménagé un belvédère.

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la dure vie des marins

Posté par francesca7 le 28 août 2013

 

source : Le Point.fr - 

Jour et nuit, toutes les trois heures, les matelots sont sur le pont. Suite de notre reportage sur le chalutier cherbourgeois les Hanois.

Les matelots attendent la remontée du chalut sur le pont.
Les matelots attendent la remontée du chalut sur le pont. © Marc Leplongeon / Le Point.fr
la dure vie des marins dans ARTISANAT FRANCAIS b-favori
L’île de Guernesey se dessine. Il est sept heures du matin. Le pont est désert, ne reste qu’un marin dans la passerelle qui prend son tour de garde. Les autres sont partis se coucher. J’ai dormi tout habillé, la lumière ouverte, les rideaux de ma « cabane » fermés pour ne pas déranger les voisins. Je suis barbouillé comme jamais, un café à la main, dans mes vêtements de la veille : une véritable gueule de bois sans avoir bu. Je n’ai que très peu dormi, le temps de m’habituer au vacarme du moteur et au tangage du bateau. Et je crois bien avoir été réveillé par une sorte de beuglement, un drôle de raffut dans le dortoir.

L’équipage a en réalité « filé » (mis à l’eau le chalut) pour la première fois à 3 h 30 et a « viré » (relevé le chalut) à 6 h 30. Le beuglement que j’ai entendu n’était rien d’autre que le signal pour sortir du lit. Un « À virer, à virer, à virer ! » que crie le patron dans un micro pour réveiller ses hommes. Depuis la passerelle, la voix de Régis est parfaitement audible. Dans la salle où dorment les matelots, en dessous du niveau de la mer, ce n’est plus qu’un cri rauque et caverneux. Mais les matelots ont bien besoin de ce réveil abrupt. Quand certains compareraient volontiers le bruit des machines à celui d’un marteau piqueur, les marins ont appris à faire du boucan du moteur une berceuse. Et ici, aucun double vitrage, seulement des cloisons en bois.

« À virer, à virer, à virer ! »

« On vire toutes les trois heures », explique Régis, le patron. Les marins ne font donc jamais une nuit complète et se contentent de dormir une heure par-ci, une heure par-là. L’un d’entre eux doit toujours être éveillé pour maintenir le cap. On appelle ça « faire le quart ». Il doit vérifier que la vitesse est bonne, qu’aucun voilier, cargo ou porte-conteneurs n’est sur sa trajectoire. Et, surtout, s’assurer de la qualité des fonds. La mer est jonchée de câbles téléphoniques, de carcasses de bateaux et de récifs. Les sinistres sont souvent indiqués sur la carte, mais les chalutiers qui pêchent au fond de la mer ne sont jamais à l’abri d’une avarie.

9 h 20, le signal est entonné. « À virer, à virer, à virer ! » Les matelots s’habillent et sortent sur le pont. Le premier treuil est enclenché. Des dizaines de mètres de chaînes rouillées cliquettent et s’entrechoquent. Deux grands panneaux en métal tapent de chaque côté de la coque dans un bruit sourd. « Lorsque le chalut est au fond de la mer [à environ 60 mètres de profondeur, NDLR], c’est ce qui nous sert à écarter le filet pour en faire une sorte d’entonnoir », raconte Régis. Des bourrelets maintiennent le chalut au fond, des flotteurs en plastique élèvent sa partie supérieure vers le haut. À la manière d’une gigantesque épuisette qui raclerait les fonds. Un nouveau treuil est actionné pour remonter un long filet vert qui flotte à la surface : le chalut. Quelques poissons sont coincés entre les mailles, déjà morts. Le reste forme une grande masse opaque, suspendue par un câble. Puis, soudain, tout se déverse sur le pont. Des centaines de kilos de pétoncles, de raies, d’encornets, de rougets et de lottes.

 REGARDEZ un diaporama sur le travail des marins-pêcheurs

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Les premières gazettes

Posté par francesca7 le 26 août 2013

Premiers journaux et premières
grandes figures de la presse

(Extrait de « Le Petit Parisien », paru en 1911)

Il y a un siècle, Jean Frollo, du journal Le Petit Parisien, évoquait les premières grandes figures d’une presse ayant su se rendre indispensable aux hommes en répondant à leur curiosité universelle, et gouvernant désormais, selon lui, l’opinion

Nous ne nous imaginons pas facilement une époque où les gens pouvaient vivre sans journaux, sans trouver à leur réveil la feuille quotidienne racontant les événements de la veille, le crime, la catastrophe, la belle action, le procès scandaleux, la pièce nouvelle. Le besoin de tout savoir est devenu de plus en plus impérieux chez nous, et si nous n’arrêtons pas les passants, au coin des chemins, à l’exemple de nos ancêtres les Gaulois, c’est que la presse est là, qui remplace avantageusement tous les passants du monde.

Dans les grandes villes, et particulièrement à Paris, rien n’est plus curieux que le spectacle de ceux qui, dès la première heure, s’en vont en lisant leur journal. On sent un désir de se renseigner l’emportant, à ce moment-là, sur tout autre souci. La curiosité est universelle, et il n’y a guère que la pluie qui soit capable d’obliger les gens à suivre leur chemin sans parcourir la gazette qu’ils préfèrent. Encore une fois, devant cette passion générale pour la feuille imprimée, on se demande comment pouvaient faire les Français, au temps où les journaux n’existaient pas, et où, cependant, l’appétit du nouveau n’était pas moins vif qu’aujourd’hui.

Les premières gazettes dans ARTISANAT FRANCAIS images-101

On s’en passait, voilà tout ! La presse n’apparut qu’assez tard dans notre pays. La Gazette de France date de 1631. Trente-quatre ans plus tard naquit le Journal des Savants, qui eut pendant longtemps une vie particulière et indépendante, jusqu’au jour où le chancelier de Pontchartrain – c’était en 1701 – lui donna une rédaction officielle, composée d’hommes compétents, capables d’exposer, en connaissance de cause, les diverses matières traitées dans cet organe, aujourd’hui encore si curieux à consulter. Mais la Gazette de France et leJournal des Savants ne convenaient pas à tout le monde. Leur langage était trop sérieux et trop grave. Il fallait offrir autre chose au public. Ce fut alors que Donneau de Visé, habile faiseur, créa, en 1672, leMercure Galant : c’est à la fois le prototype de nos magazines et de ce que nous appelons la petite presse. On sait comment La Bruyère le jugeait : « Le Mercure Galant, écrivait-il, est immédiatement au-dessous de rien ».

Sévérité vraiment excessive ; dans la collection du Mercure, les chercheurs aujourd’hui peuvent trouver à glaner. D’ailleurs, les contemporains ne partageaient pas l’opinion du moraliste, et le journal de Donneau de Visé possédait une grande quantité de fidèles lecteurs, et n’avait point vu décroître sa faveur, lorsque le célèbre Desfontaines, tant honni par Voltaire, créa en 1730 le Nouvelliste du Parnasse, de compagnie avec l’abbé Granet.

« A ce journal, dit M. Pellisson, ce n’est pas la fadeur qu’on saurait reprocher. Auteurs et éditeurs de ce temps-là le jugeaient au contraire trop agressif et firent si bien qu’ils en obtinrent la suppression au bout de deux années. Plus piquant, plus intéressant que ses devanciers, Desfontaines n’a pourtant pas été un journaliste supérieur. Passons condamnation sur ses mœurs fangeuses, sur sa cynique vénalité ; reconnaissons qu’il ne fut pas l’affreux cuistre que Voltaire a caricaturé. »

Enfin, un an après la mort du Nouvelliste du Parnasse, parut un autre journal, qui s’appelait lePour et le Contre. Il n’aurait maintenant aucun succès, car nous sommes dans un temps où, sur toutes les questions, il faut être pour ou contre, mais alors on l’accueillit de la meilleure façon, et il aurait probablement fait une brillante carrière, si son fondateur n’avait pas été un homme trop occupé.

Ce fondateur n’était autre que le célèbre abbé Prévost. On ne saurait faire le compte des écrits de cet homme de lettres, qui ne fut battu, sous le rapport de la fécondité, que par l’auteur de Monsieur Nicolas, l’étonnant Restif de la Bretonne. Plus de cent volumes, y compris d’immenses traductions, sont sortis de la plume de l’abbé Prévost, à commencer par une colossale Histoire générale des voyages, dont j’aime à regarder parfois les cartes naïves.

Eh bien, rien ou presque rien n’est resté de cette gigantesque production, rien, sauf un petit livre, qui demeurera immortel, qu’on lit depuis bientôt deux cents ans, et qu’on lira encore dans dix siècles, comme nous lisons toujours Daphnis et Chloé. C’est l’Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux, le plus joli des romans vrais. Qui sait le nom du journal de l’abbé Prévost ? Qui s’avisera jamais d’aller chercher le Pour et le Contre dans la poussière des bibliothèques ?

Le Pour et le Contre, négligé par son directeur, n’eut qu’une vie éphémère, au contraire de laGazette et du Mercure, qui furent de fructueuses entreprises. Renaudot déclarait au cardinal Fleury que la Gazette de France lui avait valu, pendant vingt ans, 12000 livres de rente, toutes les années. Ce chiffre, il est vrai, baissa dans la suite ; mais le directeur de la Gazette ne cessa pas d’avoir un émolument fort convenable. A la date du 19 février 1749, voici ce qu’écrit le duc de Luynes : « J’appris hier par M. de Verneuil qu’il a vendu ces jours-ci le privilège de laGazette de France ; il m’a dit que cela valait 8000 livres de rentes ; il l’a vendu 100000 livres à M. le président Orillon. »

Le Mercure donnait des résultats encore plus élevés, et vraiment remarquables, si l’on tient compte de la différence dans la valeur de l’argent. « M. Davoust, écrit Collé en 1754, m’a assuré que tous frais faits, le produit net montait à 21000 ou 22000 livres » ; et M. Davoust le sait bien, puisque depuis deux ou trois ans c’est lui qui a eu la bonté de conduire cette affaire pour La Bruyère. La Harpe affirme que pendant un temps assez long, l’Année littéraire rapporta à Fréron plus de 20000 livres par an. Au dire de Brissot, Linguet gagna au moins 100000 francs avec ses Annales.

Il y eut la Gazette littéraire, puis le Journal encyclopédique, auquel collabora Voltaire, le journalisme fait homme, comme l’a dit M. Lanson, cité par M. Pellisson : « Il a toutes les qualités, avec beaucoup des défauts du journaliste : par-dessus tout la voix qui porte, qui fixe l’attention au travers de la clameur confuse de la vie. Ce n’est pas assez de dire que Voltaire est un journaliste ; il est, à lui seul, un journal, un grand journal. Il fait tout, articles sérieux, reportage, échos, variétés, calembours ; il brasse et mêle tout cela dans ses petits écrits. Toutes les fonctions de vulgarisation, de propagande, de polémique et d’information sont rassemblées indivises entre ses mains. » On n’est donc pas surpris d’apprendre qu’il eut un moment l’intention d’avoir, lui aussi, son journal. Que d’esprit il y eût dépensé !

Enfin, à mesure que les années s’écoulaient, la presse se développait, grandissait, se multipliait, et brusquement, avec la Révolution, descendant des hauteurs, cessant d’être une sorte de délicat divertissement pour les savants, les lettrés et les gens riches, elle se fit populaire et vint trouver la foule chez elle, dans la rue, à l’atelier, au logis, souvent violente, injuste, cruelle, transportant toujours avec elle une petite lueur de vérité, qui éclairait le chemin et guidait les consciences. Maintenant, c’est la grande force publique, contre laquelle aucun attentat n’est plus possible. Elle domine le monde et gouverne l’opinion. Mais ceci ne doit point la rendre oublieuse du passé, et il est bon qu’elle accorde un souvenir respectueux à ceux qui furent ses créateurs.

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Le maquignon par Albert Dubuisson

Posté par francesca7 le 26 août 2013

 

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Le maquignon par Albert Dubuisson dans ARTISANAT FRANCAIS telechargement-6

BIEN que notre époque ait donné naissance à une effrayante quantité de floueurs de toute espèce, et qu’elle ne paraisse pas s’arrêter dans cette voie éminemment progressive, elle ne peut cependant usurper la gloire d’avoir enfanté le maquignon. Le maquignon est né depuis longtemps et a eu l’avantage très-mérité de servir de modèle aux plus fins exploiteurs de la crédulité française et surtout parisienne. Mais quoiqu’il ne sorte pas du grand moule des Roberts-Macaires du dix-neuvième siècle, ce n’est pas à dire pour cela qu’il prétende leur être inférieur. Il les vaut tous ; il sourit de pitié en songeant aux roueries à lui connues qu’on donne pour invention récente, et vient merveilleusement confirmer cet adage, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et que la moitié de la société a été de tout temps destinée à être dupée par l’autre. Le maquignon s’acquitte de cette dernière tâche avec infiniment d’esprit et d’agrément. C’est lui qui a employé le premier tous ces artifices ingénieux avec lesquels il est d’usage, j’allais dire de bon ton, de berner, dans toutes les classes et dans tous les états, la bonhomie du peuple le plus spirituel de l’univers. Il est adroit, insinuant, grand parleur, d’un aplomb, d’une assurance imperturbables : vous vous défiez de lui, vous vous tenez sur la réserve, car vous connaissez ses ruses, et cependant il vous prend toujours au même piége, sans cesse employé et sans cesse avec succès, il fait de vous ce qu’il veut : involontairement, vous écoutez ses paroles, vous subissez son influence. Ce n’est pas à vos yeux que vous devez vous fier, mais à lui seul : il le dit hautement, et il appuie ce raisonnement logique de tant de preuves excellentes ; il parvient à donner tant de légèreté et de grâce à ce cheval lourd et massif, tant de finesse à ces jambes carrées, tant de vigueur et de feu à cette tête molle et inerte, que vous finissez, bon gré, mal gré, par être ébloui, enchanté, et que vous payez à beaux deniers comptants le descendant presque certain d’Éclipse et de miss Annette. Inutile de dire que l’illustre rejeton est souvent bon tout au plus à conduire des choux au marché des Innocents.

Il y a deux classes de maquignons qui ne se ressemblent nullement, excepté par ce point commun, à savoir l’adresse inappréciable de faire voir à tout le monde qu’un cheval bai est gris-pommelé, et que des chevaux flamands sont des pur-sang anglais. C’est d’abord le maquignon marchand de chevaux, c’est-à-dire tenant manufacture et entrepôt de coursiers plus ou moins de selle et de trait, puis le maquignon brocanteur.

Le marchand de chevaux est facile à reconnaître. C’est un type tout à fait tranché et sortant des types vulgaires. Le plus souvent il possède un riche embonpoint, une large figure rubiconde légèrement rembrunie à l’extrémité du nez, ce qui laisserait supposer qu’il ne se sert guère d’eau que pour se faire la barbe, une figure ouverte et bonhomme, des manières brusques et cavalières, mais des yeux d’une obliquité perfide et d’une finesse interrogative dont il faut profondément se défier. Il porte invariablement une redingote de couleur claire qui produit sur ses quadrupèdes le même effet magnétique que la redingote grise du grand homme sur les vieux grognards : sa tête est surmontée d’un chapeau très-râpé et d’une forme antédiluvienne qui lui sert à la fois de préservatif contre les injures de l’air, et de tambour pour exciter ses chevaux. Il est en outre orné en toute occasion d’un fouet formidable, sceptre respecté avec lequel il gouverne son empire piaffant et hennissant. Ce meuble indispensable ne le quitte jamais : il mange, il boit, il se promène, il s’assied, il dort, son fouet à la main : il y a entre son fouet et lui une adhérence que rien ne saurait briser. Otez-lui son fouet, et il perdra tous ses avantages. Son langage manquera de l’accompagnement le plus nécessaire ; ses chevaux ne marcheront plus, ne caracoleront plus, ne feront plus toutes ces petites gentillesses qui vous séduisent ; c’est un homme démoralisé, ruiné, son état est perdu ; il n’a plus qu’à mener ses bêtes au marché. Quand il entre dans l’écurie, un petit sifflement annonce sa présence, et alors il se fait un mouvement général et précis comme sur la ligne d’un bataillon. Toutes les croupes se rangent, s’alignent, les têtes se lèvent, les oreilles se dressent, les chevaux sont magnifiques. Vous admirez, et vous ne savez que choisir. Le marchand de chevaux le sait mieux que vous ; il fait sortir un cheval dont il vous a montré la belle tenue, et pendant qu’il vous entretient de l’utilité que vous pouvez en tirer, de sa docilité, de sa force, de son ardeur, de ses qualités universelles, on le brosse, on le peigne, on le lisse, on lui introduit sous la queue une certaine quantité de gingembre, ce qui le jette dans une inquiétude continuelle, et lui donne une apparence de feu et d’impatience. C’est alors qu’on va le faire trotter : ceci est un des grands arts du maquignon ; car à cette allure se révèlent ordinairement les défauts d’un cheval. Un gaillard élancé, et taillé hardiment, prend la bête par la bride et la tient serrée sous la mâchoire, le maître fait claquer son fouet et lui pince fortement les flancs. Le cheval comprimé par une main ferme qui lui lève la tête, et pressé par la lanière qui lui caresse désagréablement les jambes, sautille, gambade, se cabre : sa peur, son étonnement, changent son allure, le cambrent, lui donnent de la souplesse et du jarret. Vous êtes ravi, émerveillé, vous achetez l’animal, et vous vous frottez les mains de joie d’avoir fait un aussi magnifique marché ; de son côté, le marchand n’est pas faché de s’être débarrassé d’une bête dont il ne pouvait se défaire, et tout le monde est content. Le marchand de chevaux a un talent particulier pour rendre un cheval beau à voir, pour lui arrondir comme par enchantement le ventre et la croupe, il le nourrit de pommes de terre, de son, de carottes, que sais-je ? N’étant pas maquignon, je ne puis vous telechargement-7 dans LITTERATURE FRANCAISEle dire, et je le serais, que je vous le dirais encore moins. Mais au bout de huit jours, cet embonpoint factice tombe, le cheval vous apparaît tel qu’il sera toujours entre vos mains, côtes saillantes, ventre flasque, croupe anguleuse. Il est ce qu’on appelle débourré. Le maquignon trouve toujours moyen de vous vendre son cheval le prix qu’il en veut. Si cet honnête industriel est de bonne humeur, et il l’est toujours avec ceux que son coup d’oeil exercé lui révèle comme des acheteurs généreux, il fermera la bouche à toutes vos observations par sa plaisanterie insinuante. Habile à caresser vos faiblesses, il piquera votre amour-propre par sa brusque flatterie, ou fera sourire votre ennui par ses calembours d’écurie et son rire aussi bruyant que le claquement de son fouet. Il réfutera d’autant plus victorieusement toutes vos allégations, qu’il n’ignore rien de vos intentions cachées. Il sait si vous avez envie de son cheval, si vous en avez vu d’autres, où vous êtes allé, si vous avez un vétérinaire, et quel il est ; il a des affidés, des espions, une haute police partout : il met en oeuvre un machiavélisme inouï de combinaisons. Si vous venez visiter ses chevaux comme simple flâneur ou comme mandataire d’un ami, il ne sera plus le même ; il vous toisera de la tête aux pieds comme pour vous dire que vous n’avez pas l’étoffe et l’allure d’un acheteur de chevaux ; il ne se donnera pas la peine de vous montrer lui-même sa marchandise, et vous laissera errer seul dans ses écuries. Heureux si votre curiosité ne vous vaut pas quelque morsure ou quelque ruade ! Dans la vie privée, le marchand de chevaux n’a plus cette douceur, ce mielleux de langage et de manières qu’il prodigue aux amateurs. Alors il est bourru, haut de verbe, grand jureur, mari brutal : il se croit toujours à l’écurie derrière ses chevaux, gourmandant, criant, fouettant. S’il a des enfants, il les traite absolument comme des poulains, les tient serrés, les fait manoeuvrer avec la chambrière, et ne les laisse pas faire une gambade sans sa permission. Il se refuse en général toute espèce de plaisir extraordinaire ; il est bien dans son écurie ; il y reste : c’est là son atmosphère de prédilection, le milieu dans lequel il est le plus à l’aise ; il a garde de s’en séparer. Il est certain que dès qu’il en sort, ce n’est plus le même homme ; il est emprunté, lourd, épais, il n’a plus la désinvolture qu’on remarque en lui quand il se tient fièrement devant un cheval, le fouet à la main. Il ne sait pas donner le bras à son épouse : dans sa distraction, il irait presque jusqu’à la saisir par le cou ou les épaules ; il ne comprend rien à ce qui l’entoure ; il est dépaysé, désorienté : tout pour lui n’a qu’une odeur, celle du fumier ; tout se résume en un seul objet, un cheval. On conçoit qu’avec cette idée fixe et tenace, les choses extérieures doivent avoir pour lui fort peu de charme et d’intérêt. Aussi ne quitte-t-il guère ses pénates, c’est-à-dire ses coursiers, que pour aller à la recherche de nouveaux élèves. Alors il parcourt les provinces, assiste aux foires, et s’approvisionne de chevaux qu’il baptise des noms qui lui paraissent se rapporter le mieux à leurs formes. Le Limousin lui fournira le cheval anglais, ou même arabe (pourquoi pas ?) ; l’Alsace, la Flandre, la Normandie le mettront à même de satisfaire aux nombreuses demandes qu’on lui fait de chevaux hanovriens et mecklembourgeois ; enfin, il trouvera aisément toutes les races de chevaux européens, sans sortir de France. Et, au fait, nous autres Parisiens, nous sommes si bons enfants, quand il s’agit de chevaux, qu’il y a plaisir et profit à nous duper ; c’est une bénédiction. Pour peu qu’un cheval ait l’oeil vif, la tête gracieusement pliée, et de l’entrain dans le jarret, nous le proclamons tout de suite de sang arabe ; pour peu qu’un autre ait les jambes fines, la tête mince, le corps svelte et allongé, nous crions au cheval anglais. Le marchand de chevaux nous en donne comme nous en voulons ; nous n’avons pas le droit de nous plaindre.

telechargement-8Quelquefois le marchand de chevaux, quand il est riche et en réputation, se permet des promenades aux Champs-Élysées, dans une voiture plus ou moins bizarre, attelée de deux ou même de quatre chevaux. Mais il a beau étaler des harnais splendides, et se faire accompagner de laquais en livrée, on le reconnaît sur son siége élevé comme un second étage, à sa figure enluminée, à sa forte membrure, à ses façons d’homme du métier. C’est bien pis encore, quand sa femme et une ou deux amies forment la délicieuse partie de se faire voiturer ensemble. Leur morgue vulgaire et boursouflée, qui ne doit durer qu’un jour, leurs manières triviales, leur costume grotesque et mesquin, tout cela présente un contraste bouffon avec le luxe de bon goût et la riche simplicité des équipages qui les entourent, et égaie prodigieusement le beau monde heureux de trouver l’occasion de persifler quelqu’un et de railler quelque chose. Le coeur du marchand de chevaux est le moins sensible de tous les coeurs : en fait d’émotions, il est inexpugable. La douleur physique, pour lui aussi bien que pour les autres, n’est rien ; il ne conçoit pas qu’on puisse avoir l’épiderme plus délicat que celui des chevaux ; et, pour son propre compte, il en est convaincu ; car il n’en juge que d’après la rudesse coriace de sa peau. Aussi rit-il d’un rire superbe, en voyant notre douillette et dolente humanité donner le nom de maux horribles à ce qu’il regarde pas même comme des contrariétés. Jamais on n’a surpris une larme dans son oeil ; et, en effet, les chevaux ne pleurent pas : s’il a de la douleur, il la concentre si bien que personne ne s’en aperçoit, ou plutôt je crois qu’elle n’a pas prise sur lui. De là vient aussi son besoin de domination. Le marchand de chevaux est plus autocrate dans l’empire de son écurie que Nicolas dans toutes les Russies, sa mine haute impose à tous. Il veut une soumission passive. Palefreniers, grooms, enfants, femme, cochers, chevaux, tout est mis sur la même ligne, et doit obéir sans plus d’observations et de raisonnements. Il ne fait que deux distinctions, ne voit chez lui comme partout que deux classes bien tranchées, ceux qui commandent et ceux qui obéissent. Parlez-lui d’indépendance, de nationalité, de réforme électorale, il vous rira au nez, et vous répliquera victorieusement qu’on aura beau faire, retourner le monde en cent façons comme un gant usé, changer tous les dix ans de gouvernement, on ne sortira jamais de ces deux classes, la classe dominante et la classe obéissante. Et il n’a pas si grand tort, ma foi ! Au reste, en politique, il est excessivement arriéré : il ne lit ni le National ni le Charivari : il est abonné aux Petites-Affiches, feuille peu incendiaire. Sa politique est la politique du statu quo ; que ce statu quo soit bon ou mauvais, peu lui importe, il n’y regarde pas de si près. S’il tient des rênes, ce ne sont pas celles du gouvernement, et il n’est nullement chargé de faire marcher le char de l’état. Et d’ailleurs, si par un hasard fort rare, il vient à parler politique, c’est pour se mettre en colère, et déclamer contre la trop grande douceur des formes représentatives. C’est un homme d’intimidation. Règle générale : un gouvernement qui aime bien, châtie bien : à ce compte-là, on peut dire sans flatterie que presque tous les gouvernements adorent leurs gouvernés. Il voudrait qu’on menât les peuples la bride haute et avec un mors Secundo. Selon lui, c’est le vrai moyen de les rendre doux et d’humeur point révolutionnaire. Avec un système aussi excentrique, il risquerait fort de se prendre aux cheveux avec les hommes les moins passionnés en politique, pour peu qu’il mît souvent ses opinions sur le tapis ; mais c’est là le plus mince sujet de ses préoccupations : il n’a garde de lancer son esprit dans des régions aussi éloignées. En général, il ne se soucie que fort peu de ce qui s’adresse à l’intelligence humaine. En littérature, il ne sait pas à coup sûr ce que c’est que Victor Hugo, et il mettra le Contrat social sur le compte de Châteaubriand. Sa bibliothèque se compose du livre de poste, de quelques bouquins sur l’art d’élever et de dresser les chevaux, et d’une riche collection de Mathieu Laensberg. Ne lui demandez rien de plus. De religion, il s’en occupe encore moins que de tout le reste. Il a tout matérialisé, tout réduit à un positif désespérant.

Mais le maquignon que nous avons peint jusqu’à présent, c’est l’homme domicilié, patenté, payant contribution, et tenant sa place dans la société autrement que par le volume de son ventre. Il y a une autre espèce de maquignon, le maquignon véritable et primitif, le maquignon brocanteur ; celui qui n’a pas de domicile connu, mais que l’on trouve partout où il y a un cheval à acheter. Celui-là n’est plus comme le marchand de chevaux une espèce de poussah aux jambes courtes, aux joues tombantes, à la face écarlate, marchant carrément, et plein d’une haute opinion de sa personne : c’est au contraire un homme fluet, sec, maigre, toujours courant, toujours trottant, ce qui nuit à l’embonpoint qu’il pourrait retirer d’une digestion plus tranquille, et le rend efflanqué comme un lévrier de petite-maîtresse. Et en effet, il n’est pas de cheval d’Omnibus qui fasse plus de chemin, parcoure plus de rues, de quartiers que le maquignon brocanteur. Toute sa vie n’est qu’une course sans fin. Chaque matin, son occupation première est de consulter les Petites-Affiches : une fois ses renseignements pris sur les chevaux à vendre et à acquérir, il se met en route et va faire ses visites quotidiennes aux écuries indiquées : il examine le cheval avec confiance, lui ouvre la bouche pour savoir son âge, lui palpe les jambes pour vérifier s’il n’est pas affligé d’engorgements ou de crevasses, le fait tousser pour s’assurer qu’il n’est pas poussif ou fourbu ; et il répète la même opération à chaque nouvel examen. Il s’introduit chez les personnes qui vendent leurs chevaux, leur offre ses services, son expérience (et il s’y connaît, beaucoup trop quelquefois) ; pour elles, il n’hésitera pas à faire toutes les recherches nécessaires, par pure complaisance. Il ne leur conseillera pas d’acheter des chevaux neufs, car alors on n’a plus qu’à s’adresser à Crémieux ou à Aron, et son ministère devient inutile : il vous en détaillera les inconvénients : « il est bien plus sage, dit-il, moins cher en même temps, de chercher des chevaux tout faits, tout dressés, qui sont pliés, assouplis, habitués à la main de l’homme, pleins d’une grâce acquise et d’une vigueur éprouvée. » Vous, bonhomme, qui souvent n’aimez que votre repos, et ne vous occupez guère de vos chevaux que pour vous dorloter dans votre chaude et commode berline, vous vous laissez facilement séduire par ces arguments sophistiqués. Mais comme toujours celui qui se défait de ses chevaux a pour cela une raison capitale, il s’ensuit que vous êtes trop heureux de les revendre à moitié prix au bout de trois semaines, grâce aux bons offices du maquignon.

Le maquignon est l’homme de Paris qui connaît le plus de monde : il donne des poignées de mains à un nombre incommensurable de cochers, de palefreniers, de valets d’écurie, de valets de pied ; il a des ramifications, des accointances partout : il ne s’est jamais connu d’ennemis. A la différence du marchand de chevaux, il est poli et souriant avec tout le monde ; car il voit dans chacun la cause cachée de quelque affaire brillante. Il ne brusque et ne méprise personne : il n’est groom si imberbe auquel il ne fasse des cajoleries intéressées ; il sème des amitiés partout, à tout hasard, bien certain d’en recueillir tôt ou tard les fruits. Maîtres et valets ont une part presque égale dans ses prévenances ; car si les maîtres achètent, les valets font vendre. Il se ménage des entrées en tout lieu : les antichambres, les écuries lui sont toujours ouvertes et n’ont pas de secret pour lui. Il connaît non-seulement les personnes qui ont mis leurs chevaux en vente, ou qui ont été en visiter, mais encore ceux qui ont l’intention, le caprice fugitif de faire quelque trafic de ce genre. Il n’attend pas l’occasion, il la provoque et lui force la main : c’est l’intrigant le plus hardi qu’on puisse voir. Vous ne pouvez pas vous surprendre une pensée qui ait rapport plus ou moins directement à un cheval, sans que le maquignon ne devine cette pensée. Il a un tact d’observation raffiné, un talent de seconde vue qui vous déroute et que vous ne pouvez concevoir.

Je suppose que, par hasard, après une promenade pédestre au bois de Boulogne, vous revenez à votre domicile un peu fatigué, et que le soir, seul dans votre chambre à coucher, tout en nouant autour de votre tête parfaitement frisée un véritable foulard des Indes, vous voyez défiler fantastiquement sous vos yeux cette suite brillante d’équipages, et surtout ce délicieux alezan qui dévorait l’espace avec tant de vitesse et de feu. Alors vous vous dites follement en vous-même :… « Tiens, une idée lumineuse !… Si je prenais un cheval… alezan, et un tilbury ?… au fait, pourquoi pas ?.. » sans songer que vous n’avez juste que ce qu’il vous faut pour subvenir à votre existence d’homme, sans aller encore vous charger de la nourriture d’un quadrupède aussi incommode et dispendieux à entretenir qu’agréable à voir. Et vous vous couchez avec cette idée qui au premier abord n’est pas tout à fait dépourvue de charmes ; votre cheval vous galope sans cesse dans la cervelle, vous entassez les unes sur les autres des visions absurdes, et le lendemain, à votre réveil, vous haussez les épaules en songeant à toutes les billevesées que cette idée saugrenue a fait éclore dans votre imagination. Cependant, au point du jour, vous êtes prodigieusement étonné de recevoir la visite d’un individu de mise équivoque et d’aspect hétéroclite, qui s’avance vers vous après avoir décrit un certain nombre de courbes, et après s’être acquitté consciencieusement de plusieurs salutations d’une politesse inconnue de nos jours. Vous faites asseoir l’aimable étranger qui, après un préambule captieux sur les inappréciables qualités de la race chevaline, finit par vous offrir un très-beau cheval de sang anglais qui a paru aux dernières courses, et a été acheté 5,000 francs ; il vous le laissera, mais pour vous seul, au prix de 600 francs. Vous commencez par tomber des nues, et vous vous demandez comment cet homme, ange ou démon, a pu avoir connaissance d’une idée vague que vous-même maintenant n’êtes pas bien sûr d’avoir eue. Êtes-vous somnambule, avez-vous été crier sur les toits que vous vouliez un cheval pur sang anglais ? Ou bien, ce farfadet, invisible à l’oeil nu, s’est-il glissé à travers les fissures de votre porte, pour écouter quoi.. ? vos pensées : vous l’ignorez, et vous l’ignorerez probablement toute votre vie. Quoi qu’il en soit, vous éconduisez aussi adroitement que possible votre visiteur inattendu, et vous l’accompagnez jusqu’au seuil de la porte de votre appartement, autant par politesse que pour bien vous assurer qu’il ne vous emporte par distraction ni une montre, ni un couvert d’argent. Et c’est par des soupçons aussi injurieux que vous savez reconnaître sa prévenance désintéressée !

Si le maquignon brocanteur connaît certains marchands de chevaux, et se trouve lié d’intérêts avec eux, alors sa clientèle s’étend et devient de plus en plus profitable pour lui. Le marchand de chevaux qui ne peut venir à bout de se défaire d’un cheval, s’entend avec le maquignon, et alors quel atroce guet-apens pour les malheureux acheteurs ne résulte-t-il pas de cette conspiration à huis-clos, entre ces deux Machiavels d’écurie ? Le cheval invendable est mis en maison bourgeoise (terme usité en pareil cas), dans une écurie louée à cet effet. Il est annoncé sur les affiches comme appartenant soit à un gentilhomme étranger sur le point de partir pour l’Orient, soit à un agent de change obligé de s’enfuir en Belgique, etc. Le thème varie suivant l’imagination du maquignon, et il en a toujours infiniment. Pendant ce temps, celui-ci fait mousser l’animal qui ne tarde pas à trouver un maître. C’est ordinairement quelque commerçant en détail, retiré des affaires, qui s’abandonne aux voluptés d’une demi-fortune, et veut avoir le noble coursier au rabais, tout comme un mouchoir de poche et un bonnet de coton.

Tous ceux qui ont ou font semblant d’avoir la passion des chevaux, passion aussi innocente que ruineuse, subissent directement ou indirectement l’importante entremise du maquignon. Le dandy improvisé sur lequel vient de tomber un gros héritage, et qui, dans le premier vertige de la fortune, veut avoir le plus beau cheval de Paris, jette l’or au maquignon, qui se baisse très-lestement pour le ramasser, et lui procure bientôt ce qu’il demande : un animal d’une apparence superbe, au poil brillant, à la robe bizarre, à la tête raide et toute d’une pièce, dressé parfaitement à se tenir cambré comme ces chevaux de carton qui servent de montre chez les selliers. Peu importe le reste, c’est-à-dire justement le plus essentiel. L’agent de change qui use un cheval en six mois s’adresse, lui aussi, au maquignon : celui-ci, dans le louable but de ne pas sacrifier une nouvelle bête, la lui donne tout usée. La vieille comtesse ou baronne qui renouvelle ses équipages est trop heureuse de trouver le maquignon qui, sous prétexte de lui donner des chevaux normands, et de ne pas l’exposer à des dangers, lui fabrique tout exprès un attelage de ces gros chevaux à queue rase et à lourde tête qui ne vont jamais plus vite que le pas, et ne se souviennent d’avoir pris le trot que le jour où on les essaya pour la première fois. Que d’infortunés en outre qui n’ont pas assez de temps, assez de patience, assez d’habitude pour chercher eux-mêmes des chevaux, et remettent leur destinée entre les mains du maquignon, et combien celui-ci se fait peu scrupule de leur faire casser le col avec un cheval vieux ou rétif, ou de les laisser en route avec des rosses poussives et boiteuses !

Le maquignon a toujours en ville une ou deux écuries, où il place incognito les objets de son trafic. C’est dans ces lieux qu’il transforme un cheval usé, étique, amaigri, en une bête superbe, pleine de bonne mine et de vigueur. C’est là qu’il restaure et remet à neuf les rosses éreintées qu’il obtient à vil prix dans les ventes après décès ou même au marché ; là, qu’il les façonne à son gré, les gonfle comme une bulle de savon, leur donne un poil lisse et uni ; là, qu’il leur coupe et leur rajuste les oreilles, si elles sont longues et disgracieuses, qu’il leur met une fausse queue, si la queue primitive est dénudée ; là, qu’il fait disparaître pour quelques jours les engorgements qu’ils ont aux jambes, qu’il leur peint les sourcils pour dissimuler leur âge, etc. Malheur à vous si, attiré par l’odeur du fumier, vous entrez dans ce laboratoire du maquignon, où il escamote les défauts d’un cheval, et lui fait subir des métamorphoses fabuleuses, vous n’en sortirez qu’avec une rosse de plus, et quelques cinq cents francs de moins !

D’après ce tableau effrayant, on pourrait croire qu’il n’y a possibilité d’avoir de bons chevaux qu’en les allant chercher soi-même dans la Grande-Bretagne ou en Afrique. Ceci serait vrai, si ces pays étaient encore primitifs et vierges ; mais la civilisation y a fait pousser le maquignon d’une façon toute champignonne, il y a des maquignons anglais, et des maquignons bédouins ; et ces derniers, soit dit en passant, sont pour le moins aussi arabes que leurs chevaux. Or donc, quoi que vous fassiez, vous qui avez  le malheur d’être assez riche pour nourrir des chevaux, il faut vous résigner à être dupé. Si vous êtes assez novice pour vous adresser à un maquignon brocanteur, vous méritez votre déconfiture, et je ne vous plains pas. Si vous mettez aveuglément votre confiance en un marchand de chevaux, vous êtes une excellente nature, digne sans doute d’un autre âge et d’un meilleur sort ; mais enfin à qui la faute ? D’un autre côté, si vous avez des prétentions à être connaisseur en fait de chevaux, il n’y a pas d’artifice et de ruse qu’on ne mette en oeuvre pour avoir raison de votre prétendue habileté, et vous risquez fort de retomber dans la catégorie générale. Que faire alors, dira-t-on, à moins de se résigner à végéter toute sa vie en Omnibus de peur d’acheter des chevaux poussifs et gras-fondus ? Ma foi, je n’en sais rien, mais toujours est-il que j’aimerais mieux acheter trois maisons qu’un seul cheval.                                

ALBERT DUBUISSON. 

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Belfort, entre Jura et Vosges

Posté par francesca7 le 26 août 2013


Belfort, entre Jura et Vosges dans Jura 320px-belfort_en_1750_aquarelle_de_1818

Située sur les deux rives de la Savoureuse, Belfort commende la « Trouée » qui s’ouvre entre le Jura et les Vosges. La ville ancienne, dominée par son château et par le célèbre Lion, s’étend sur la rive gauche de la rivière, à l’emplacement de la citadelle « imprenable » de Vauban. Sur la rive droite, s’est développée la ville moderne avec ses industries de haute technologie, ses universités, ses quartiers commerçants et ses secteurs urbains rénovés.

Les militaires appelaient ce passage naturel entre Vosges et Alsace, la « Trouée de Belfort ». Les géographes parlent plutôt selon que l’on regarde vers l’Ouest ou vers l’Est, de Porte de Bourgogne ou de Port d’Alsace. A 350 m d’altitude, ce seuil large d’environ 30 km est bordé, au Nord, par la masse imposante des Vosges avec le Ballon d’Alsace culminant à 1 247 m, au sud par les plateaux du Jura qui progressivement atteignent jusqu’à 800 à 1 000 m. Seuls  quelques modestes vallonnements viennent rompre la monotonie de ce lieu de communication jadis drainé par un cours d’eau, d’orientation sud-ouest – nord-est. Aujourd’hui, la ligne de partage des eaux se situe à la hauteur de Valdieu à mi-chemin entre Belfort et Altkirch. Routes, chemin de fer, cal du Rhône au Rhin empruntent ce passage qui a été aussi, depuis les temps les plus reculés, le chemin naturel des invasions.

 C’est du fort de Salbert que l’on aura la meilleure vue d’ensemble sur la Trouée de Belfort et le site qu’occupe la ville ; quitter la ville par l’avenue J.Jaurès, tourner à gauche dans la rue de la 1ère armée française prolongée par la rue des Commandos d’Afrique, puis prendre légèrement à droite la rue du Salbert ; par une route sinueuse à  travers la forêt, on atteint le fort situé à 647 m d’altitude. De la vaste terrasse (à 200 m sur la gauche) se révèle un beau panorama sur Belfort, les Alpes suisses, le Ballon d’Alsace  et les monts environnants. Alors que le « Mont » (colline s’élevant au premier plan en direction du Sud) et l’escarpement rocheux portant le château et le Lion de Belfort sont des terrains calcaires jurassiques, la butte que couronne le fort du Salbert, constituée de granit et de gré fait encore partie des Vosges.

Au cours des siècles, Celtes, Barbares, Impériaux, Allemands déferlent successivement, pour le plus grand dommage de la malheureuse cité qui se trouve sur leur passage. Belfort reste sous la domination autrichienne (les Habsbourg) depuis le milieu du 14ème siècle, jusqu’à la conquête française. Mais, dès 1307, les Belfortains jouissent d’une charte qui leur donne les libertés communales. Pendant la guerre de Trente Ans, en 1636, la ville est prise par les Français : le comte de La Suze, partie de Montbéliard, enlève la nuit, par un coup d’une audace inouïe, les formidables fortifications. Suze, nommé gouverneur de Belfort par Richelieu, est resté célèbre dans les annales locales par ses instructions, données en trois mots au commandant de la garnison : « Ne capitulez jamais ». La conquête de Belfort et de l’Alsace est ratifiée par les traités de Westphalie (1648).

 

Louis XIV ordonne à Vauban de faire de Belfort une place imprenable. Le grand ingénieur y déploie tout son génie et réalise sans doute là son chef d’œuvre.

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Le Verdun de 1870 - Avec une garnison de 16 OOO hommes composée pour les trois quarts de gardes mobiles courageux mais inexpérimentés, le colonel Denfer-Rochereau doit résister à 40 000 Allemands. Au lieu de s’enfermer dans la place, il en dissout toutes les approches. Cette lente retraite vers le réduit de la défense prend un mois. L’ennemi a mis en batterie 200 gros canons qui, pendant 83 jours consécutifs, tirent plus de 400 000 obus : 5000 par jour, ce qui est énorme pour l’époque. Mais la résistance ne fléchit pas d’une ligne. Le 18 février 1871, alors que l’armistice de Versailles est signé depuis 21 jours, le colonel consent enfant, sur l’ordre formel du gouvernement à quitter Belfort après 103 jours de siège. Le retentissement de cette magnifique défense est grand, ce qui permet à Thiers luttant de ténacité avec Bismarck, d’obtenir que la ville invaincue ne partage pas le sort de l’Alsace et de la Lorraine ; on en fait le chef-lieu d’un « territoire » minuscule mais dont l’importance économique va devenir considérable.

Après 1870, Belfort connaît une transformation radicale. Jusqu’alors peuplée d’environ 8 000 habitants, c’est une ville essentiellement militaire (aucune ville n’a donné à la France autant de généraux : vingt en un siècle). En trente ans, elle devient une puissante agglomération de 40 000 âmes. C’est qu’après l’annexion allemande un grand nombre d’industrie, appartenant à des Alsaciens soucieux de poursuivre leurs échanges avec la Franche, ont implanté des succursales dans la région de Belfort. La ville grandit à tel point, qu’il faut abattre une partie des remparts de Vauban à l’ouest. Des quartiers nouveaux, aux larges artères, aux vastes places, lui donnent l’aspect d’une petite capitale.

Le 14 novembre 1944, la 1ère Armée française, stoppée depuis deux mois devant le verrou de Belfort, hérissé de défenses, déclenche l’offensive qui doit lui ouvrir la prote de la Haute Alsace et le chemin du Rhin. Le fort du Salbert, au Nord Ouest de la ville, barre la route. Le 19 novembre, une attaque est montée contre lui. A la nuit, 1 500 hommes des commandos d’Afrique se glissent dans la forêt du Salbert, neutralisant les postes de garde allemands. Les fossés sont descendus à la corde, sans que l’éveil soit donné à l’ennemi : la colonne surprend la garnison du fort et la maitrise. Le 10, au petit jour, dévalant les pentes du Salbert, les commandos bientôt suivis des chars pénètrent dans Belfort. Après deux jours de combats de rues, la ville est enfin livre, le 22 novembre 1944.

Ces deux dates : 1926-1990 illustrent bien l’activité dominante de Belfort. En 1926, la première locomotive électrique sort des ateliers belfortains de la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques ; le 18 mai 1990, la rame 325 du TGV atlantique, montée par les ateliers de l’Alsthom, bat le record du monde de vitesse sur rail en atteignant 515,3 kms/h.  L’électromécanique, les matériels ferroviaires et la construction de centrales thermiques ou nucléaires forment aujourd’hui l’activité des usines GEC-Alsthom de Belfort. Avec l’informatique (Bull) ces industries confère à la ville et à sa région une réputation de savoir-faire et de technologie de pointe que viennent épauler et renforce la toute jeune université scientifique Louis Neele et l’Institut polytechnique de Sévenans.

Soucieux de se ménager une voie d’accès vers l’Alsace et l’Empire, Richelieu avait déjà, en 1625, tenté de s’emparer de Belfort. A la tête d’un corps de Croates, Tilly avait alors victorieusement résisté. Devenue française à la signature des traités de Wesphalie, Belfort se voyait confirmée dans son rôle de place forte avec les travaux entrepris par Vauban dès 1687. Vauban conserva le château, mais enserra la ville dans un système de fortification pentagonal ancré à l’escarpement rocheux qui porte l’édifice. Les travaux durèrent une vingtaine d’années. Jusqu’à la fin de l’Empire, la mission de Belfort demeura celle que Vauban lui avait assignée ; garnison et base de matériel située entre l’Alsace et la Franche-Comté. C’est cette place forte que le commandant Legrand défendit en 1814.

Cependant, les idées évoluaient et, dès 1815, prenant davantage en compte les exigences de la guerre de mouvement, le général Lecourbe puis le général Haxo (dès 1825) mirent en œuvre un plan qui visait à créer à Belfort non seulement l’ouvrage de défense de la ville, mais aussi le camp retranché qui permettait la surveillance de la Trouée : ils élargissaient ainsi considérablement le rôle stratégique de la place. Cette conception prévalait toujours lors du siège de 1870 et elle s’affirma avec les plans du général Séré de Rivières qui préconisait le renforcement de quatre camps retranchés (Verdun, Toul, Epinal, Belfort) reliés par une ligne de forts.  Après 1885, à la suite des progrès observés dans l’efficacité des armements, les nombreux forts furent modernisés ; le béton remplaça la maçonnerie et l’artillerie fut dispersée en batteries, moins aisément repérables que les forts. A la veille de la Grande Guerre, Belfort pouvait abriter 7 500 hommes en temps de paix et dix fois plus en cas de conflit. La ligne défensive Belfort-Epinal jouait pleinement son rôle.

 

280px-lionbelfortetchateauLE LION de BELFORT – Cette œuvre « pharaonique » adossée à la paroi rocheuse, en contrebas de la caserne construite par le général Haxo, a été exécutée par Bartholdi de 1876 à 1880 et montée sur place, pièce par pièce. Le Lion, en grès rouge des Vosges symbolise la force et la résistance de la ville en 1870. De proportions harmonieuses, il mesure 22 m de longueur et 11 m de hauteur. On peut approcher la sculpture en accédant à la plate forme située à ses pieds.

 

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Étant seulet auprès d’une fenêtre

Posté par francesca7 le 25 août 2013

Étant seulet auprès d’une fenêtre

Étant seulet auprès d’une fenêtre, 
Par un matin comme le jour poignait, 
Je regardais Aurore à main senestre 
Qui à Phébus le chemin enseignait. 
Et, d’autre part, ma mie qui peignait 
Son chef doré ; et vis ses luisants yeux, 
Dont me jeta un trait si gracieux 
Qu’à haute voix je fus contraint de dire :
 » Dieux immortels, rentrez dedans vos cieux, 
Car la beauté de Ceste vous empire. « 

Comme Phébé quand ce bas lieu terrestre
Par sa clarté la nuit illuminait,
Toute lueur demeurait en séquestre,
Car sa splendeur toutes autres minait ;
Ainsi ma dame en son regard tenait
Tout obscurci le soleil radieux,
Dont, de dépit, lui triste et odieux
Sur les humains lors ne daigna plus luire,
Pourquoi lui dis :  » Vous faites pour le mieux,
Car la beauté de Ceste vous empire. « 

Ô que de joie en mon coeur sentis naître,
Quand j’aperçus que Phébus retournait,
Déjà craignant qu’amoureux voulût être,
De la douceur qui mon coeur détenait.
Avais-je tort ? Non, car s’il y venait
Quelque mortel, j’en serais soucieux ;
Devais-je pas doncques craindre les Dieux,
Et d’espérer, pour fuir un tel martyre,
En leur criant :  » Retournez en vos cieux,
Car la beauté de Ceste vous empire ? « 

Coeur qui bien aime a désir curieux
D’étranger ceux qu’il pense être envieux
De son amour, et qu’il doute lui nuire,
Pourquoi j’ai dit aux Dieux très glorieux :
 » Que la beauté de Ceste vous empire ! « 

roi FRANÇOIS 1er   (1494-1547)

Étant seulet auprès d'une fenêtre dans POESIE FRANCAISE 1uflw1oh-300x25

François Ier (1494 – 1547), dit le Père et Restaurateur des Lettresle Roi Chevalierle Roi Guerrierle Grand Colasle Bonhomme Colas ou encore François au Grand Nez, est sacré roi de France le 25 janvier 1515 dans la cathédrale de Reims. Il règne jusqu’à sa mort en 1547. Fils de Charles d’Angoulême et de Louise de Savoie, il appartient à la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne.

François Ier est considéré comme le monarque emblématique de la période de la Renaissance française. Son règne permet un développement important des arts et des lettres en France. Sur le plan militaire et politique, le règne de François Ier est ponctué de guerres et d’importants faits diplomatiques.

220px-richard_parkes_bonington_003 dans POESIE FRANCAISE

François 1er et sa soeur

Il a un puissant rival en la personne de Charles Quint et doit compter sur les intérêts diplomatiques du roi Henri VIII d’Angleterre toujours désireux de se placer en allié de l’un ou l’autre camp. François Ier enregistre succès et défaites mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves, dont la réalisation toucherait l’intégrité du royaume. L’antagonisme des deux souverains catholiques a de lourdes conséquences pour l’Occident chrétien : il facilite la diffusion de la Réforme naissante et surtout permet à l’Empire ottoman de s’installer aux portes de Vienne en s’emparant de la quasi-totalité du royaume de Hongrie.

Sur le plan intérieur, son règne coïncide en effet avec l’accélération de la diffusion des idées de la Réforme. La constitution de la monarchie absolue et les besoins financiers liés à la guerre et au développement des arts induisent la nécessité de contrôler et optimiser la gestion de l’État et du territoire. François Ier introduit une série de réformes touchant à l’administration du pouvoir et en particulier à l’amélioration du rendement de l’impôt, réformes mises en œuvre et poursuivies sous le règne de son successeur Henri II.

Les progrès de l’imprimerie favorisent la publication d’un nombre croissant de livres. En 1518, François Ier décide la création d’un grand « cabinet de livres » abrité à Blois et confié au poète de la Cour Mellin de Saint-Gelais. En 1536, interdiction est faite de « vendre ou envoyer en pays étranger, aucuns livres ou cahiers en quelques langues qu’ils soient, sans en avoir remis un exemplaire ès mains des gardes de la Bibliothèque Royale », bibliothèque dont il nomme intendant l’humaniste Guillaume Budé avec mission d’en accroître la collection. C’est en 1540 qu’il charge Guillaume Pellicier, ambassadeur à Venise, d’acheter et faire reproduire le plus possible de manuscrits vénitiens.

À l’instigation de Guillaume Budé, il fonde le corps des « Lecteurs Royaux », abrité dans le « Collège Royal » (ou « Collège des trois langues », futur « Collège de France »). Bien que décidée par François Ier, la construction du bâtiment, confiée à l’architecte Jean-François Chalgrin, ne se concrétise pas avant la régence de Marie de Médicis, près d’un siècle plus tard. Parmi les lecteurs royaux, on compte Barthélemy Masson, qui enseigne le latin, et le géographe et astronome Oronce Fine, en charge des mathématiques. Il favorise le développement de l’imprimerie en France et fonde l’Imprimerie royale dans laquelle œuvrent des imprimeurs comme Josse Bade et Robert Estienne. En 1530, il nomme Geoffroy Tory imprimeur du roi (pour le français), charge qui passe en 1533 à Olivier Mallard, puis en 1544 à Denys Janot. Grâce au graveur et fondeur Claude Garamond, l’imprimerie royale innove dans une écriture à caractères de type romain plus lisible.

De nombreuses bibliothèques privées voient ainsi le jour : Emard Nicolaï, président de la Chambre des comptes possède une vingtaine d’ouvrages. 500 volumes appartiennent au président du parlement, Pierre Lizet, 579 livres constituent la bibliothèque de son confrère André Baudry, 775 chez l’aumônier du roi, Gaston Olivier, 886 pour l’avocat Leferon, au moins 3 000 chez Jean du Tillet et plusieurs milliers chez Antoine Duprat.

François Ier subventionne des poètes tels Clément Marot et Claude Chappuys et compose lui-même quelques poésies – bien que Mellin de Saint-Gélais soit soupçonné d’être l’auteur de certains poèmes dont François Ier s’attribue la paternité – qui sont publiées ainsi que quelques-unes de ses « Lettres ».

Sa sœur aînée, Marguerite, mariée au roi de Navarre, est également une fervente admiratrice des lettres et protège de nombreux écrivains comme Rabelais et Bonaventure Des Périers. Elle figure aussi dans la liste des lettrés de la cour, étant l’auteur de nombreux poèmes et essais tels La Navire, et Les Prisons. Elle publie également un volumineux recueil intitulé Les Marguerites de La Marguerite des princesses qui reprend l’ensemble de ses écrits. Mais son œuvre maîtresse reste l’Heptaméron, un recueil de contes 

 

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La chanson d’un soir de tempête

Posté par francesca7 le 25 août 2013

LA CHANSON D’un soir de tempête

J’ai sablé le vin, j’ai humé les roses ;
J’ai cueilli la fleur du plus beau baiser :
Je ne trouve plus au fond de ces choses 
De quoi me griser…

Les jours ont brillé sur ma tête pâle 
Sans m’apprendre rien du Tout qu’il y a : 
Mon coeur m’apparaît comme sort d’un châle 
Un camélia…

Jeunesse, éclair ! jours enfuis comme un rêve ! 
Flambeaux morts de gloire en cendre à mes pieds, 
Le Temps vous a pris comme un aigle enlève 
Les sanglants ramiers !

A mes pieds, des flots ô plèbe insultante ! 
Du lâche Destin prête-nom menteur ! 
Arrière, Avenir qu’attend sous la tente 
Achille et mon coeur !

Passions, passé, crache ça, mon âme, 
Comme ces hauts cieux d’éclairs déchirés 
Vident par cent trous dans les eaux leur flamme : 
Homme, ici mourez !

Non, vivons ! Mais si, dans l’atroce lutte, 
Je dois au vain flot céder le terrain, 
A ma lèvre expire en silence, Ô flûte 
Morte dans l’airain !

Maurice DU PLESSYS   (1864-1924)

La chanson d'un soir de tempête dans POESIE FRANCAISEMaurice Du Plessys, né à Paris le 14 octobre 1864 et mort le 22 janvier 1924, est un poète français.

Il fit partie de l’École romane animée par le poète Jean Moréas. Ses œuvres furent reçues favorablement par la Revue critique des idées et des livres, fondée par Eugène Marsan et Jean Rivain.

Bien qu’il ait publié jusqu’à sa mort en 1924, Maurice du Plessys fait aujourd’hui partie de la cohorte des poètes oubliés auxquels Maurras a consacré quelques textes. Celui que nous vous proposons aujourd’hui est paru en 1897 dans la Revue encyclopédique Larousse. La raison de cet intérêt pour du Plessys est simple : poète honorable mais infiniment moins connu qu’un Verlaine ou un Valéry, il faisait partie du petit cercle réuni autour de Jean Moréas vers 1890 et qu’on appela l’École romane à partir de 1891-92.

Sans en faire à proprement parler partie comme un poète établi, Maurras écrivait alors déjà des vers, défendit le petit cénacle à de multiples reprises dans les combats littéraires de l’époque, et nos lecteurs réguliers savent combien la figure de Moréas et son esthétique furent alors importantes pour Charles Maurras : même longtemps après, il y a peu de textes traitant de poésie où Maurras ne revient pas d’une manière ou d’une autre à ces années aux côtés de « l’Athénien honneur des Gaules », Moréas, années où il connut Maurice du Plessys.

 

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Colette et la côte cancalaise

Posté par francesca7 le 24 août 2013


 Le blé en herbe - . Colette

Initiation amoureuse sous le signe de la mélancolie


Colette et la côte cancalaise dans Bretagne 200px-sidoniegabriellecolette

Roman paru en 1923.Eveil de l’ amour pour deux adolescents. Philippe et Vinca passent, comme d’ habitude, leurs vacances en Bretagne, près du bord de mer, au rythme des marées. Le paysage est magnifique et propice aux confidences, loin des oreilles indiscrètes. Ce sont des amis d’ enfance, très proches, et, jusqu ‘à l’été dernier, rien ne les séparait, ils vivaient une relation amicale simple, sans complications, ils se disaient tout, n’ avaient pas de secrets l’ un pour l’ autre. . .Mais cette année, âgés de 16 et 15 ans, ils découvrent tous deux, qu’ une certaine gène s’installe entr’eux.. Philippe voit Vinca d’ une autre façon, et le trouble le saisit devant la jeune fille. Le dialogue se complique et leur relation commence à en souffrir. La confusion dans laquelle ils se trouvent tous deux, les renvoie à eux-mêmes, à des sentiments plus ou moins avouables, qui, malgré leur amour profond, les obligent à une certaine réserve l’ un vis-à-vis de l’ autre. Et c’ est ainsi que ce nouveau comportement pousse Philippe à cacher à Vinca la rencontre faite sur la plage, et qui l’ entraine à une vie de mensonges et de tromperies qui entâchera leur amour.

Extraits.

 Toute leur enfance les a unis, l’ adolescence les sépare. L’ an passé, déjà, ils échangeaient des répliques aigres, des horions sournois; maintenant le silence, à tout moment, tombe entre eux si lourdement qu’ ils préfèrent une bouderie à l’ effort de la conversation. Je n’ ai donc jamais su ce qu’ elle pensait? Tais-toi, méchant, tais-toi. . . Qu’ est-ce que tu m’ as fait. . .Vinca et moi, un être juste assez double pour être deux fois plus heureux qu’ un seul, un être qui fut Phil-et-Vinca va mourir ici, cette année.. Il n’ imaginait pas qu’ un plaisir mal donné, mal reçu, est une oeuvre perfectible

« Leur humeur d’adolescents était vieillie par l’amour prématuré, le secret, le silence et l’amertume des séparations.« 

Je crois que cette phrase est un bon résumé de la relation de Vinca et Philippe. La fin du roman transmet le passage de l’enfance à l’adolescence quand une amitié se transforme en amour. Ils ont compris dans ce point que leurs relations ont dépassé cette amitié pure et simple et qu’un autre saison de leur vie est prête à commencer.

«    Une villa au bord de la côte cancalaise, où deux familles liées par l’amitié se retrouvent chaque année pour les vacances d’été. Les « enfants »: Phil (16 ans) et Vinca (15 ans), aux yeux de pervenche. « L’amour, grandi avant eux, avait enchanté leur enfance et gardé leur adolescence des amitiés équivoques. Moins ignorant que Daphnis, Philippe révérait et rudoyait Vinca en frère, mais la chérissait comme si on les eût, à la manière orientale, mariés dès le berceau… » Et puis, Phil rencontre inopinément, dans les dunes, la mystérieuse « dame en blanc », locataire d’une villa voisine qui ne tarde pas à l’envoûter… Suit le récit d’une double initiation amoureuse qui est aussi un adieu à l’enfance – sa pureté ou son inconscience, une initiation amoureuse marquée du sceau de la mélancolie et qui laisse un arrière-goût un peu amer: « un peu de douleur… un peu de plaisir… » Ce n’est que cela… 

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Côte Cancalaise 1896

   C’est très joliment écrit. Colette a des accents d’une sensualité frémissante pour décrire le trouble naissant entre Phil et Vinca, les couleurs changeantes de la mer et la caresse du vent sur la peau des baigneurs. C’est magnifique bien sûr, mais cela me laisse sur ma faim… Je me prends à penser que, compte tenu des sentiments en jeux, ce livre aurait dû brûler de toute l’intransigeance passionnée de l’adolescence… Et puis, non… « Le blé en herbe » m’a procuré deux jours de lecture très agréables, mais il ne m’a pas fait vibrer. D’où une cote éminemment subjective et qui peut paraître sévère pour un livre aux qualités indéniables. »

Colette s’appelait Sidonie Gabrielle Colette, mais on disait Colette. Elle était née en 1873 d’un papa militaire. Et dans un monde bien misogyne, elle sut préserver la plupart du temps la liberté de sa vie. Croit-on que ce 19ème siècle put être aussi moderne! Colette fit tant de choses. Elle aima des hommes, elle aima des femmes. Elle écrivit, bien sûr, romans, commentaires et articles, mais elle présenta également des numéros de music-hall plutôt suggestifs. On peut s’en étonner, mais cela ne l’empêcha pas d’être élue membre de l’Académie royale de langue et de littératures françaises de Belgique puis plus tard, membre de l’académie Goncourt . Lorsqu’elle mourut, en 1954, l’Eglise lui refusa les obsèques religieuses, pour sa «mauvaise vie», mais la France elle, lui offrit des funérailles nationales. Elle repose au Père Lachaise. 

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Esnest Renan et la Bretagne

Posté par francesca7 le 24 août 2013

Esnest Renan et la Bretagne dans Bretagne 220px-ernest_renan_1876-84Ernest Renan et Tréguier

 Dans sa vieillesse, le philosophe jette un regard sur ses jeunes années. Il a presque soixante ans quand, en 1883, il publie ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, l’ouvrage par lequel il est le plus connu à l’époque contemporaine. On y trouve cette note lyrique, ces confidences personnelles auxquelles le public attache une grande valeur chez un homme déjà célèbre. Le lecteur blasé de son temps découvre qu’il existe un monde non moins poétique, non moins primitif que celui des Origines du Christianisme et qu’il existe encore dans la mémoire des hommes sur la côte occidentale de la France. Ces souvenirs sont pénétrés de la magie celtique des vieux romans antiques tout en possédant la simplicité, le naturel et la véracité que le xixe siècle apprécie alors si fortement. Mais son Ecclésiaste, publié quelques mois plus tôt, ses Drames philosophiques, rassemblés en 1888, donnent une image plus juste de son esprit, même s’il se révèle minutieux, critique et désabusé. Ils montrent l’attitude qu’a envers un « socialisme instinctif » un philosophe libéral par conviction, en même temps qu’aristocrate par tempérament. Nous y apprenons que Caliban (la démocratie), est une brute stupide, mais qu’une fois qu’on lui apprend à se prendre en main, il fait après tout un dirigeant convenable ; que Prospero (le principe aristocratique, ou, si l’on veut, l’esprit) accepte de se voir déposé pour y gagner une liberté plus grande dans le monde intellectuel, puisque Caliban se révèle un policier efficace qui laisse à ses supérieurs toute liberté dans leurs recherches ; qu’Ariel (le principe religieux) acquiert un sentiment plus exact de la vie et ne renonce pas à la spiritualité sous le mauvais prétexte du changement. En effet, Ariel fleurit au service de Prospero sous le gouvernement apparent des rustres innombrables. La religion et la connaissance sont aussi impérissables que le monde qu’elles honorent. C’est ainsi que, venant du plus profond de lui-même, c’est l’idéalisme essentiel qui a vaincu chez Renan.

Renan était reconnu de son vivant, à la fois par les habitants de sa région trégorroise comme par toute la Bretagne, y compris par ses ennemis, comme un grand intellectuel breton. Il parlait le breton dans sa jeunesse et n’en perdit pas l’usage.

Quelques citations extraites de l’ouvrage de l’universitaire Jean BalcouRenan et la Bretagne :

  • « Il est certes évident qu’un Renan breton n’est pas tout Renan. » (p. 9) ;
  • « Qu’Ernest Renan soit un des auteurs les plus importants de la culture française, nul ne le contestera. Qu’il ait, avec deux autres Bretons, Chateaubriand et Lamennais, orienté le romantisme, un historien de la littérature comme Thibaudet l’avait déjà établi en démontrant que le xixe siècle tout entier reposait sur cette assise granitique. » (p. 10) ;
  • « (…) il y a dans l’œuvre de Renan la permanence d’une musique bretonne et celtique. » ;
  • « (…) à travers le destin d’un homme exceptionnel confronté à la modernité, et qui fait cette modernité, nous touchons, par-delà l’Histoire, à ce qu’il faut bien appeler une nouvelle matière de Bretagne. » ;
  • « (…) j’étais, je suis patriote et je ne me désintéresserai jamais de la Grande patrie française ni de la Petite patrie bretonne. » (p. 27) ;
  • « (…) nous autres Bretons, nous sommes tenaces… En cela, j’ai été vraiment breton. ».

 

Ernest Renan (1823-1892) est, à juste titre, l’écrivain breton le plus connu avec Chateaubriand. Maître à penser de son temps, il écrit deux des œuvres clés du 19ème siècle : LA VIE DE JESUS (1863) qui est une bombe, et l’AVENIR DE LA SCIENCE, rédigé dès 1848 mais publié en 1890. Il est aussi l’écrivain providentiel de Tréguier et de la Bretagne. Elève doué du collège ecclésiastique de Tréguier, il est attiré à Paris par l’abbé Dupanloup. Il passe sept ans au séminaire, où il traverse une effroyable crise spirituelle, intellectuelle et morale ; ses connaissances en hébreu, l’influence de la philosophie allemande, son impossibilité à croire et à obéir à une vérité imposée, sa difficulté à prier, l’arrêtent eu seuil d’un engagement définitif. Il consacre sa vie à l’histoire critique et rationnelle du christianisme. Dès lors il s’exile et, en 1883, publie les Souvenirs d’enfance et de jeunesse. Il revient au pays et, de 1885 à sa mort, passe l s mois d’été à Rosmapamon en Louannec, près de Perros Guirec, qui devient le lieu de rendez-vous de l’intelligentsia bretonne : Le Braz, Luzel, Le Goffic et Barrès qui en ramena ses HUIT JOURS CHEZ M.Renan, y séjournèrent.

 

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Statue de Renan à Tréguier

Voici un Extrait de SOUVENIR D’ENFANCE ET DE JEUNESSE de Esnest Renan – 1883 chez Gallimard :

« C’est dans ce milieu que se passa mon enfance, et j’y contractai un  indestructibel pli. Cette cathédrale, chef d’œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible, me faussa tout d’abord ; les longues heures que j’y passais ont été la cause de ma complète incapacité pratique. Ce paradoxe architectural a fait de moi un homme chimérique, disciple de Saint Tudwal, de saint Iltud et de Saint Cadoc, dans un siècle où l’enseignement de ces saints n’a plus aucune application. Quand j’allais à Guingamp, ville plus laïque, et où j’avais des parents dans la classe moyenne, j’éprouvais de l’ennui et de l’embarras. Là, je ne me plaisais qu’avec une pauvre servante, à qui je lisais des contes. J’aspirais à revenir à ma vieille ville sombre, écrasée par sa cathédrale, mais où l’on sentait vivre une forte protestation contre tout ce qui est plat et banal. Je me retrouvais moi-même, quand j’avais revu mon haut clocher, la nef aiguë, le cloître et les tombes du XVème siècle qui y sont couchées ; je n’étais à l’aise que dans la compagnie des morts, près de ces chevaliers, de ces nobles dames, dormant d’un sommeil calme, avec leur levrette à leurs pieds et un grand flambeau de pierre à la main […]. Le digne patron des avocats est né dans le minihi de Tréguier, et sa petite église y est entourée d’une grande vénération. Ce défenseur des pauvres, des veuves, des orphelins, est devenu dans le pays le grand justicier, le redresseur de torts. En l’adjurant avec certaines formules, dans sa mystérieuse chapelle de Saint Yves de la Vérité, contre un ennemi dont on est victime, en lui disant : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l’es encore », on est sûr que l’ennemi mourra dans l’année ».

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Henri Queffélec à l’Ile de Sein

Posté par francesca7 le 24 août 2013

 

Henri Queffélec à l’Ile de Sein dans BretagneHENRI QUEFFÉLEC : Beaucoup de Français ont vu le film Dieu a besoin des hommes, adapté d’un roman que j’avais écrit sous l’occupation allemande et publié au lendemain de la guerre : Un recteur de l’île de Sein. Le titre avait été suggéré à Jean Delannoy par le scénariste Jean Aurenche, qui avait du trouver la formule chez un orateur chrétien du dix-neuvième siècle. Il m’a toujours semblé, pour différentes raisons spirituelles, excellent. Et aussi parce qu’il se rapporte à une histoire sénane … et même si l’on doit murmurer, après une visite à l’île, que Dieu a aussi besoin des femmes.

Extrait d’un article publié en janvier 1971 dans la revue Connaissance de la Mer, reproduit dans le n° 125 (novembre 1997) de L’Echo des Iles.

EXTRAIT Ils piquaient droit sur l’île, mais ils ne la voyaient pas encore. Quel miracle cette île ! Combien il avait raison M. Pennanéach, le dernier curé, de soutenir que tous les enfants de l’île devraient porter, comme second prénom, celui de Moïse sauvé des eaux. L’île de Sein, ni plus ni moins que la corbeille de Moïse, avait été protégée par Dieu. Elle eût dû mille fois couler sous la mer. Elle défiait les éléments, cette petite chose plate, ce récif maigre et venteux, elle était dans la mer comme Jonas dans la baleine, comme Daniel dans la fosse aux lions. C’était miracle qu’une fois pour toutes, un beau jour, les flots ne déferlent pas dessus, ne l’arrachent, ne l’entraînent pas dans les abîmes, et le miracle, à chaque instant, se poursuivait. Derrière l’horizon, dans cette mer qui ne semblait plus être que le flot et le flot, l’île vivait, l’île était heureuse. Ce n’était même pas la vie obtuse des marins dans des soutes, mais la vie hardie et salée du pont et du plein air. Chaque fenêtre ouvrait sur le ciel, la porte de chaque maison ouvrait sur la terre ; les vents, les pluies, le soleil, les oiseaux, existaient pour l’île.

pp. 51-52

 

Île de Sein – Henri Queffelec

280px-lile_de_sein_vue_du_phare dans LITTERATURE FRANCAISELe lundi, après la pêche, Thomas partit pour l’extrémité occidentale de l’île, face à la chaussée de Sein, et, tandis que tombait la nuit de septembre et que les étoiles, une à une, comme des yeux d’oiseaux, trouaient le ciel, puis dix par dix, cent par cent, comme des écailles de sardine dans un panier vide, ou des poissons surpris par le reflux dans une flaque de la grève, – à voix haute, tout en marchant, il récitait des prières.

La mer avait fini de descendre, qu’on entendait frapper les récifs dans des heurts rythmés et vaillants, ou glisser contre des bancs de pierre. Des alouettes de mer hardies comme des guerriers se dressaient sur des roches, regardaient, sautillaient, plongeaient en avant. Les grèves étaient autant de beaux jardins de goémons et d’algues et sentaient bon la mer nouvelle. Dans un carré de terrain que bossuaient quelques dalles, le cimetière des pestiférés, il entra s’agenouiller et prier pour les morts. Une croix de pierre, ensevelie dans l’herbe d’un talus, tendait la tête vers la poitrine de l’homme et il la baisa lentement.

Une longue clarté rouge pâle, un peu dorée, vibrait à l’occident du ciel, sous les étoiles, et se reflétait sur la mer en ciselures d’un rouge glauque. Des récifs, dans le calme du soir, adoptaient des postures d’animaux pacifiques, de miettes mélancoliques et douces de la terre. […]

Déchiquetée par les éléments, composée de morceaux et de pièces, l’île existait néanmoins dans sa souveraine indépendance. Il n’y avait rien de commun entre elle et cette mer qui fermait ses rivages. Elle se détachait plus nettement des eaux que de la plaine le village fortifié. Le soleil giclait sur elle, bondissait d’elle sur la mer et de la mer sur elle ; nul vallon n’enserrait le vent, qui drainait sur l’île les odeurs du large pour emporter dans sa fuite le parfum des algues et des feux ; tout alentour, des récifs fraternels la protégeaient, l’annonçaient ou le prolongeaient ; elle était l’astre central d’une constellation d’îlots et de rocs. […]

Longue et pleine de présences humaines, elle s’étirait sur la mer, on le savait bien, comme une oasis. Point d’arbres, cependant, pas de sapins ni de chênes, de hêtres ni de rhododendrons. Aucune pousse d’arbre n’eût tenu contre le vent, l’île n’était fleurie que par ses goémons, fermement collés à la pierre et, la moitié du jour, abrités sous les eaux. N’importe. Il n’y avait point de commune mesure entre l’île et les dangers au milieu desquels la Providence l’avait bâtie ou laissée.

Elle n’affectait pas la forme d’un péril, elle était faite, elle aussi, de terre chrétienne.

Henri Queffelec. Un recteur de l’île de Sein. (Omnibus)

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