Douze Preuves de l’inexistence de Dieu
Posté par francesca7 le 21 août 2013
Sébastien Faure
Extrait de :
De 1908
Camarades, il y a deux façons d’étudier et de tenter de résoudre le problème de l’inexistence de Dieu. La première consiste à éliminer l’hypothèse Dieu du champ des conjectures plausibles ou nécessaires par une explication claire et précise par l’exposé d’un système positif de l’Univers, de ses origines, de ses développements successifs, de ses fins. Cet exposé rendrait inutile l’idée de Dieu et détruirait par avance tout l’échafaudage métaphysique sur lequel les philosophes spiritualistes et les théologiens la font reposer. Or, dans l’état actuel des connaissances humaines, si l’on s’en tient, comme il sied, à ce qui est démontré ou démontrable, vérifié ou vérifiable, cette explication manque, ce système positif de l’Univers fait défaut. Il existe, certes, des hypothèses ingénieuses et qui ne choquent nullement la raison ; il existe des systèmes plus ou moins vraisemblables, qui s’appuient sur une foule de constatations et puisent dans la multiplicité des observations sur lesquelles ils sont édifiés un caractère de probabilité qui impressionne ; aussi peut-on hardiment soutenir que ces systèmes et ces suppositions supportent avantageusement d’être confrontés avec les affirmations des déistes ; mais, en vérité, il n’y a, sur ce point, que des thèses ne possédant pas encore la valeur des certitudes scientifiques et, chacun restant libre, somme toute, d’accorder la préférence à tel système ou à tel autre qui lui est opposé, la solution du problème ainsi envisagée, apparaît, présentement du moins, comme devant être réservée. Les adeptes de toutes les religions saisissent si sûrement l’avantage que leur confère l’étude du problème ainsi posé, qu’ils tentent tous et constamment, de ramener celui-ci à ladite position ; et si, même sur ce terrain, le seul sur lequel ils puissent faire encore bonne contenance, ils ne sortent pas de la rencontre — tant s’en faut — avec les honneurs de la bataille, il leur est toutefois possible de perpétuer le doute dans l’esprit de leurs coreligionnaires et c’est pour eux, le point capital. Dans ce corps à corps où les deux thèses opposées s’empoignent et s’efforcent à se terrasser, les déistes reçoivent de rudes coups ; mais ils en portent aussi ; bien ou mal, ils se défendent et, l’issue de ce duel demeurant, aux yeux de la foule, incertaine, les croyants, même quand ils ont été mis en posture de vaincus, peuvent crier victoire.
Ils ne se privent pas de le faire avec cette impudence qui est la marque des journaux à leur dévotion ; et cette comédie réussit à maintenir, sous la houlette du pasteur, l’immense majorité du troupeau. C’est tout ce que désirent ces mauvais bergers.
Sébastien Faure
Sébastien Faure (né le 6 janvier 1858 à Saint-Étienne - mort le 14 juillet 1942 à Royan) était un anarchiste français.
Sébastien Faure est né dans une famille traditionaliste et conservatrice. Son père, Auguste Faure, négociant en soieries, bourgeois nanti, catholique pratiquant, partisan de l’Empire, décoré de la Légion d’honneur, le destinait à la Compagnie de Jésus1. Après avoir commencé ses études de séminariste, interrompues pour des raisons familiales, il devient libre-penseur. S’engageant en politique il adhère au Parti ouvrier français et se présente aux élections de 1885. Il abandonne ce dernier en devenant anarchiste en 1888.
En 1894, il devient le tuteur de Sidonie Vaillant après l’exécution de son père, Auguste Vaillant. Il est jugé six mois plus tard lors du Procès des trente dont il sort acquitté. En 1895, il fonde, avec Louise Michel, le journal Le Libertaire. Lors de l’affaire Dreyfus, il est l’un des leaders du combat dreyfusard. En 1904, il crée près de Rambouillet une école libertaire dénommée « La Ruche ». En 1914, il commence à diffuser des tracts pacifistes et antimilitaristes contre la guerre, appelant à la désertion parmi les troupes. Il arrête après avoir subi des pressions policières menaçant spécialement ses proches portant l’uniforme. En 1916, il lance le périodique Ce qu’il faut dire.
En 1918, il est emprisonné pour avoir organisé un meeting interdit.
Il est l’auteur en 1934 de l’Encyclopédie anarchiste, composée de plus de 3000 pages, qu’il écrit avec divers militants anarchistes de l’époque. Il publie seulement trois des quatre tomes prévus.
En 1936, il rejoint la colonne Durruti durant la guerre civile espagnole.
Il oppose la méthode traditionnelle de la pédagogie, qu’il dit déductive, qui consiste à expliquer les concepts aux élèves qui doivent les assimiler, à une pédagogie inductive qu’on peut voir comme plus moderne, laquelle laisse l’étudiant faire le gros du travail par lui-même. « Qui cherche, fait l’effort. »
Sébastien Faure adopte vers 1902 la théorie néo-malthusienne développée en France par le pédagogue libertaire Paul Robin. Il fait de nombreuses conférences anti-natalistes et néo-malthusiennes par la suite.
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