Les Fables de La Fontaine
Posté par francesca7 le 10 août 2013
« Le lièvre et la tortue », « Le rat des villes et le rat des champs », « La cigale et la fourmi » sont, parmi les Fables de La Fontaine, autant de paraboles qui viennent du fond des âges et que l’auteur a su transmettre à la postérité. Plusieurs des récits poétiques que contient le recueil original sont en fait des reprises de fables du « Panchatantra » indien, transcrits en arabe dans « Kalila wa Dimna ». Si l’antique Ésope garde toutefois la paternité objective de la majorité du contenu, l’écrivain français a habillé le tout de telle sorte que 350 ans plus tard, l’inconscient collectif reste persuadé que La Fontaine et ses Fables sont indissociables…
Puisqu’il faut rendre à César ce qui est à César, le génie de Jean de La Fontaine consiste véritablement à s’être approprié l’œuvre d’Ésope et la sagesse des Anciens en leur instillant un style littéraire et poétique accessible. Le recueil des Fablesest ainsi devenu un véritable best-seller. On ne compte plus ses adaptations au cinéma d’animation ! Walt Disney lui-même a puisé dans ces récits pour réaliser nombre de ses dessins animés.
Une synthèse en 243 fables
Si nous ne connaissons pour la plupart d’entre nous que les principales, il faut savoir que le recueil original comporte 243 fables écrites en vers. Un premier jet correspondant aux Livres de I à VI et publié en 1668 est dédié au Dauphin à des fins éducatives. Le deuxième, du livre VII à XI publié en 1678, est dédicacé à Madame de Montespan, maîtresse du roi. Le troisième, livre XII datant de 1694, est adressé au Duc de Bourgogne, petit-fils du roi. Il s’agit en fait d’un travail de réécriture et d’actualisation de toute une culture classique. On y trouve donc en majorité les Fables d’Ésope mais aussi celles d’auteurs latins comme Horace, Tite-Live et même des lettres apocryphes d’Hippocrate. Ainsi, aborder les Fables de Jean de La Fontaine, c’est entrer en communication avec l’essence de la tradition humaniste sans être obligé d’ingurgiter des tonnes d’ouvrages… On trouve aujourd’hui un nombre incalculable d’éditions qui vont de la plus simple impression (éditions de poche) jusqu’à de magnifiques ouvrages de collection richement reliés, annotés et illustrés. Une bibliothèque sans les Fables de La Fontaine a d’ailleurs presque du mal à se concevoir !
Une sobriété de langage
À l’instar du « Roman de Renard », le procédé de la fable utilise à l’origine la personnification de l’animal pour imager implicitement les Grands de ce monde sans les nommer. Ainsi le fabuliste a-t-il en quelque sorte la fonction du « fou du roi », celui qui peut se permettre de critiquer les dérives du pouvoir tout en restant dans l’implicite. Pour exemple, le roi des animaux prend sa réalité dans « Le lion et le rat », message au souverain pour lui rappeler que l’on a toujours besoin d’un plus petit que soi. La leçon vaut d’ailleurs pour toutes les époques. La Fontaine utilise donc une méthode de simplification pour faire passer le message. Non seulement le texte est court mais, le vocabulaire utilisé, simple et direct. À ce sujet, Anatole France explique que La Fontaine, qui employa tant de mots, n’en inventa guère : il est à remarquer que les bons écrivains sont généralement fort sobres de néologismes. Le fond commun du langage leur suffit…
Des leçons de vie et de sagesse
Les « Fables de La Fontaine » contiennent une sagesse toujours d’actualité et applicable au quotidien. Lire et réfléchir autour de « Le lièvre et la tortue » a permis à Geoffrey, un élève en difficulté scolaire, de trouver l’énergie de persévérer dans ses apprentissages, même si son rythme ne correspondait pas à celui de sa classe. Il a suffi que l’enseignant ait pris en compte, grâce à l’aide d’un psychopédagogue, que les capacités intellectuelles de l’enfant n’étaient aucunement en cause. Bien au contraire, puisque lorsque ce professeur a réalisé que Geoffrey avait simplement besoin de plus de temps, le bilan de connaissances de fin d’année s’est avéré positif, au-delà de toute espérance… « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » enjoint à l’humilité et aux dangers de vouloir être ce que l’on n’est pas. « Le renard et les raisins » fustige celui qui rationalise en projetant sur l’objet de ses convoitises son propre échec. Ce mécanisme projectif fait d’ailleurs partie – on le sait depuis Sigmund Freud – de la psychogenèse de tout individu… Les Fables de La Fontaine ? Des histoires d’humanisation…
Article de Corinne Delpierre paru au magazine http://www.psychanalysemagazine.com
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.