Les égoûts de Paris – toute une histoire
Posté par francesca7 le 8 août 2013
C‘est sous l’actuel boulevard Saint-Michel que les Romains construisirent les premiers égouts parisiens.
« Oubliés » au fil de l’histoire, ces égouts antiques laissent place au Moyen Âge à une version à ciel ouvert. Vers 1200, Philippe Auguste fait paver les principales rues de Paris avec en leur milieu une rigole d’écoulement.
Les eaux sont stagnantes et les rues de Paris sont alors un véritable cloaque.
À compter du xive siècle apparaissent des égouts à fossés qui se développent réellement à l’époque du prévôt Hugues Aubriot. Celui-ci fait construire en 1374 le premier égout voûté en maçonnerie, aujourd’hui localisé en dessous de la rue Montmartre.
Le lit du ruisseau de Ménilmontant devient le Grand Égout et 5 autres égouts, en partie à ciel ouvert sont construits. Ils recevaient les conduits nommé esviers, gargouilles, trous punais, trous Gaillard, trous Bernard. Dans le quartier de l’Université, une partie de l’ancien lit de la Bièvre, détourné par Charles V sert d’égout. Dans le quartier de la Cité, il n’y a pas d’égout; les eaux s’écoulent dans la Seine, par les ruisseaux des rues, des éviers et des gargouilles.
Les fossés de l’enceinte de Charles V (construite de 1356 à 1383) servent d’égouts à ciel ouvert sur la rive droite. Ils sont comblés sous Louis XIV pour aménager à leur emplacement les grands boulevards, avec un premier égout de ceinture sous eux.
Jusqu’au xviiie siècle, les urines et matières fécales sont recueillies dans des fosses d’aisance peu étanches qui participent à la dégradation des nappes phréatiques les plus superficielles et à la pollution des eaux de puits. Les fosses d’aisance sont vidées régulièrement par des vidangeurs ; les matières fécales extraites lors des vidanges sont acheminées à la voirie de Montfaucon au pied des Buttes-Chaumont où elles se dessèchent. La matière ainsi obtenue est ensuite revendue aux agriculteurs comme engrais.
Les égouts se développent peu à peu.
La grande épidémie de choléra de 1832 joue un rôle de déclencheur. Pour la première fois depuis la période romaine, la ville de Paris entreprend une grande opération d’assainissement. Les égouts sont encore fort peu nombreux au début du xixe siècle : moins de 50 kilomètres (pour plus de 2 000 à la fin du XXe).
Le peu d’égouts existant est mal connu de l’administration de l’époque, qui n’en possède pas les plans.
L’inspecteur des travaux de la ville de Paris Pierre Emmanuel Bruneseau (1751-1819) entreprit d’ailleurs d’en établir la cartographie tout en tentant d’en réaliser le curage. Ami de Victor Hugo, il est cité dans Les Misérables.
Rive droite, le Grand Égout suit le lit du Ru de Ménilmontant qui reçoit plusieurs ruisseaux descendant des buttes de Belleville et de Ménilmontant. Il se jette dans la Seine à hauteur du Pont de l’Alma. D’autres égouts descendent également vers la Seine, drainant sa rive nord.
Rive gauche, c’est la Bièvre qui joue le rôle d’égout collecteur principal. Déjà au Moyen Âge, les Parisiens utilisaient les pentes naturelles de la Montagne Sainte-Geneviève pour évacuer lesexcréments vers la Bièvre ou directement vers la Seine. Notons qu’à cette époque, l’eau de la Seine est puisée pour être consommée.
Le réseau contemporain
C’est Eugène Belgrand qui, sous l’impulsion du préfet Haussmann, en adéquation avec les théories hygiénistes, entreprend à partir de 1854 le vaste chantier d’assainissement dont est issu le réseau d’égouts actuel. Ils installent des collecteurs sous les artères nouvellement percées. Les immeubles sont progressivement contraints par la loi de 1894 à déverser leurs eaux pluviales et ménagères dans le réseau des égouts : c’est le tout-à-l’égout, ce qui signifie qu’aucune eau usée ne doit être rejetée directement dans la Seine.
Les égouts eux-mêmes ne se déversent plus dans Paris mais en aval, à Clichy. Pour y parvenir, les réseaux de la rive gauche se rejoignent au pont de l’Alma, où ils passent sous la Seine par unsiphon. La pollution de la Seine par le déversement des égouts pousse les successeurs d’Haussmann à mettre en place un système de décantation (premiers bassins en 1878 à Clichy) et d’épandage (d’abord sur Asnières et Gennevilliers). À partir de 1895, les émissaires sont prolongés jusqu’à Achères où les eaux d’égout sont exposées sur des champs d’épandage à Achères même, mais aussi à Pierrelaye et Triel-sur-Seine.
L’année 1930 voit naître les premières usines d’épuration. La plus importante est celle d’Achères, mais d’autres stations sont installées sur d’autres sites : Valenton (94), Noisy-le-Grand (93) et Colombes (92).
En 1985, un crocodile échappé d’une réserve s’est réfugié dans ces égouts, mais les autorités n’ont pas mis longtemps à le capturer.
Les égouts de Paris dans la littérature
- Victor Hugo, Les Misérables, tome 5, livres deuxième et troisième : les égouts anciens en 1862 Les Misérables TV L2.
- Umberto Eco, Le Pendule de Foucault.
- La Grande Vadrouille (1962), un film de Gérard Oury avec Louis de Funès et Bourvil
- Les Frères Pétard (1986)
- Bon voyage ! (1962)
- Delicatessen (1991), de Jean-Pierre Jeunet, où des égoutiers s’infiltrent dans un immeuble par les égouts.
- Ratatouille (2007), où le rat Rémy arrive dans les égouts de Paris entraîné par le courant d’une rivière (peut-être la Bièvre) dans laquelle il s’est jeté, à la campagne.
- Rush Hour (2007), avec Lee et Carter qui rejoignent Kenji dans les égouts après avoir été jetés du taxi de George et récupérés par les hommes de Kenji. Ensuite Lee et Carter plongent dans les égouts parisiens.
Les égouts de Paris au cinéma
http://www.dailymotion.com/video/xaj4jr
À Paris, les égouts font partie des attractions touristiques de la capitale. Ils peuvent être visités : un accès est ouvert au public sur la rive gauche de la Seine, au pied du pont de l’Alma. Ce « musée des égouts » accueille près de 95 000 visiteurs par an. Le parcours donne des informations sur l’histoire et le fonctionnement du réseau des égouts parisiens. Le musée présente les égouts de Paris depuis Hugues Aubriot, prévôt de Paris à l’origine du premier égout voûté de Paris vers la rue Montmartre, à Eugène Belgrand, ingénieur duxixe siècle, à l’origine de l’actuel réseau d’égouts.
On y aborde aussi le travail des égoutiers de la ville de Paris et l’assainissement de l’eau.
En 2007, le musée a reçu près de 95 000 visiteurs.
Publié dans Paris | Pas de Commentaire »