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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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L’ARC DE TRIOMPHE

Posté par francesca7 le 28 juillet 2013


(D’après Tableau de Paris, par Edmond Texier, paru en 1852-1853)

 

En 1806 Napoléon confie à Chalgrin la construction d’un arc à la gloire des armées françaises. Commencé en 1806, repris en 1825 il n’est achevé qu’en 1836. Sa taille est monumentale, 50 m de haut et 45 m de large. Le 15 décembre 1840, lors de la cérémonie du transfert des cendres de Napoléon le cortège passe sous l’Arc. Le 22 mai 1885 le corps de Victor Hugo est veillé sous l’Arc de Triomphe. Le 14 juillet 1919 les troupes victorieuses défilent sous l’Arc et le 11 novembre 1920 a lieu l’inhumation d’un soldat inconnu mort durant la guerre. Trois ans plus tard une flamme du souvenir est allumée en l’honneur des morts tombés à la guerre.

L'ARC DE TRIOMPHE dans Paris arc-triomphe

Panurge, si j’ai bonne mémoire, fit son entrée dans Paris par la porte Saint-Antoine, et le premier objet qui frappa ses regards, ce fut la tour de la Bastille : une triste entrée en ville et en matière pour un philosophe péripatéticien, qui arrivait en droite ligne du réjouissant royaume de Gargantua.

Nous entrerons, nous, par la porte la plus vaste et la plus monumentale qui soit au monde. De l’aveu de tous les voyageurs, pas un seul de ces nombreux poèmes de pierre qui s’appellent Rome, Naples, Milan, Venise ; Florence, Vienne, Berlin et Saint-Pétersbourg, ne peut offrir un pareil début : l’Arc de triomphe et

les Champs-Élysées. Néron, cet artiste épileptique, n’aurait pas rêvé une plus magnifique avenue pour la ville de marbre et d’or qu’il avait bâtie dans sa tête extravagante et impériale.

Cet arc de triomphe colossal, qui semble la porte d’une ville de géants, est issu d’un décret de Napoléon, lequel décida, en 1806, que cette grande page serait écrite avec le ciseau à la gloire de l’armée française. Mais l’Empire bataillait trop pour trouver le temps de remuer des moellons. En 1814, le chiffre consacré aux constructions n’avait pas dépassé trois millions deux cent soixante-treize mille francs cinquante-six centimes ; or, l’arc triomphal devait absorber trois fois cette somme avant d’être achevé.

La Restauration, qui eut un instant la pensée d’escamoter la construction de l’Empire à son profit, en substituant aux victoires républicaines et impériales la campagne d’Espagne, déboursa, pour son compte, trois millions sept cent soixante-dix-huit francs soixante-huit centimes ; enfin, le gouvernement de Juillet eut la gloire de terminer le monument, en ajoutant aux sommes déjà dépensées trois millions quatre cent quarante-neuf mille six cent vingt-trois francs trente-huit centimes ; l’arc de l’Étoile a donc coûté neuf mil lions sept cent vingt-trois mille quatre cent deux francs soixante deux centimes voilà un vrai compte d’architecte. La gloire et le moellon coûtent cher.

L’exécution de ce monument, grandiose dans l’ensemble, est assez singulière dans les détails, et nos descendants seront exposés à commettre plus d’une erreur, s’ils veulent juger des costumes et des armes des soldats de la République d’après les messieurs revêtus d’un baudrier qui sont sur le premier

plan. Ils auront quelque peine à se retrouver au milieu de ce mélange de sauvages, de soldats romains et de grenadiers.

Par une combinaison malheureuse, ce sont justement les figures qui, par leur masse et leur proximité du spectateur, sont le plus en vue, dont on s’est plu à voiler la réalité par les mensonges mythologiques. Les canons, les sabres, les fusils… tout l’attirail militaire contemporain est relégué au sommet dans les bas-reliefs.

Les cuirassiers, les lanciers, les dragons qui caracolent dans la frise, apparaissent d’en bas comme des bons hommes de pain d’épices. Il semble qu’on se soit attaché à reléguer dans les nuages tous les pittoresques souvenirs qui font battre le cœur du peuple.

Examinons brièvement les quatre groupes où les figures ont dix-huit pieds de proportions. Des soldats pleins d’énergie marchent au combat ; les uns sont couverts de cottes de mailles, de cuirasses ciselées et de boucliers, les autres sont armés de piques.

Comment reconnaître, au milieu de cette panoplie qui semble avoir été ramassée au hasard dans un cabinet d’antiquaire, ces immortels soldats de la République qui s’en allèrent un beau matin conquérir l’Europe ? Et cependant, à part cette critique, disons tout de suite que c’est là une magnifique composition : il y a, dans ces têtes de pierre, de l’élan et de l’enthousiasme. Le génie de la guerre respire bien toutes les tempêtes déchaînées de la révolution. Malheureusement cela n’a pas de date ; celle de 1792 n’existe que dans le livret officiel.

Le Triomphe nous représente l’Empereur couronné par la Victoire, et ayant à ses pieds une ville vaincue. Au-dessus de lui est la Renommée, et à ses côtés la Musede l’Histoire laquelle semble un peu trop occupée à prendre le croquis de

l’Hippodrome. LeTriomphe a tous les défauts du Départ pour l’armée, mais il n’en a pas la verve et la distinction. Ce Napoléon en peignoir, tenant un sabre romain, est surtout d’un assez triste effet.

La Résistance nous offre un jeune homme tout nu, tenant un coutelas à la main. Il est entre son père et sa femme qui porte sur son sein un enfant mort. Ce jeune homme, il faut bien le dire, représente moins la résistance que l’immobilité. Au-dessus de lui est le Génie de l’Avenir. Ce génie est coiffé d’une touffe immense. La Résistance est le plus faible des quatre groupes.

Le quatrième groupe est intitulé la Paix. Le taureau saute au milieu des moissons, pendant que la femme du soldat laboureur allaite son enfant plein de vie. Un homme nu, coiffé d’un casque romain et qui représente le soldat français, remet l’épée dans le fourreau d’un air assez maussade. Évidemment ce guerrier n’est pas satisfait d’une paix qui repose sur les traités de 1815 ; il songe aux limites du Rhin à jamais perdues. La figure endormie de Minerve domine le groupe.

 

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