Saints soient les habitants de l’île de Sein !
Posté par francesca7 le 24 juillet 2013
Les marins de ce confetti de France répondirent en masse à l’appel du général de Gaulle. Personne ne doit l’oublier. Jean-Paul Ollivier leur rend hommage.
Ils n’étaient qu’une bonne centaine. Et pourtant, ce jour-là, ils représentaient un quart de la France ! Sans ce haut fait d’armes, les Sénans n’auraient pas inscrit leur nom dans tous les livres d’histoire du XXe siècle. Cette île d’un demi-kilomètre carré est située à 8 kilomètres de la pointe du Raz. La terre se confond avec le ciel et la mer ; le pouvoir administratif du maire avec le magistère spirituel de monsieur le curé. Les hommes sont tournés vers les flots, et parfois ceux-ci se retournent contre eux. Le 22 juin 1940, le poste de radio de ce confetti crache la voix grave et sourde du général de Gaulle. Il appelle les hommes en âge de combattre à le rejoindre à Londres. Sur l’îlot, personne n’hésite. Il faut répondre à l’appel de l’officier. Une flottille de bateaux de pêche est rapidement armée pour cingler vers les Cornouailles.
Le coup de foudre entre ces marins venus d’une terre dont le reste de la France ne connaissait même pas l’existence et celui qui allait devenir le premier des Français commençait. Une fois chef de l’État, le général ne manquera pas une occasion de se rendre sur l’île de Sein. Ses successeurs lui emboîteront rapidement le pas. Dans l’imagerie populaire de notre pays, ces valeureux résistants de la première heure resteront des héros, et la ville de Sein est l’une des cinq communes à être devenue Compagnon de la Libération aux côtés des « grandes » Nantes, Paris et Grenoble et de l’héroïque Vassieux-en-Vercors. Comble du bon goût, Sein a su rester une île, et ne pas faire le lit des touristes ou des promoteurs immobiliers.
C’est ce caractère sauvage et donc unique qui a plu à Jean-Paul Ollivier. Paulo la science, comme ses confrères journalistes le surnomment tant sa culture cycliste est encyclopédique et sa connaissance de la France profonde ou de son patrimoine peu égalée, a pris à bras le corps cette lande grandiose et secrète. Il en extrait de « vraies » histoires, celles qui forment les hommes et les marins, celles qui révèlent aux yeux du jeune journaliste qu’il était en 1968 la vraie valeur de Bernard Clavel, celles qui cimentent à jamais la morale et le destin de ces Sénans fiers et rugueux.
Son livre Sein, 18 juin 1940, ils étaient le quart de la France… est un travail d’historien écrit par un Breton reconnaissant et amoureux de la faune, de la flore et des hommes qui habitent ces 56 hectares. Un ouvrage de fond de bibliothèque.
Source : Le Point.fr – Publié le 24/06/2013
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