• BONJOUR A TOUS ET

    bienvenue (2)

     CHEZ FRANCESCA 

  • UN FORUM discussion

    http://devantsoi.forumgratuit.org/

    ............ ICI ............
    http://devantsoi.forumgratuit.org/

  • téléchargement (4)

  • Ma PAGE FACEBOOK

    facebook image-inde

    https://www.
    facebook.com/francoise.salaun.750

  • DECOUVERTES !

    petit 7

  • BELLE VISITE A VOUS

    aniv1

    PETITS COINS DE PATRIMOINE QUI SERONT MIS EN LUMIERE AU DETOUR DE NOTRE REGION DE FRANCE...

  • Cathédrale St-Etienne-Auxerre

    St-Etienne Cathédral, Auxerre

    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

  • M

    JE SUIS ORIGINAIRE MOI-MEME DE LA BOURGOGNE....

  • FRANCE EN IMAGES

    G

    « Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage : c’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître pour sien un édifice centenaire. » citation de Françoise Bercé.

  • amis

  • Méta

  • amis

  • Architecture Française

    5

  • Artisanat Français

    1

  • A

  • amour-coeur-00040

  • montagne

    Tout devient patrimoine : l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.

  • 180px-Hlézard1

  • Patrimoine Français

    3

    Citation sur la France.
    !!!!
    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

  • Accueil
  • > Archives pour le Lundi 22 juillet 2013

Première femme dentiste en 1740

Posté par francesca7 le 22 juillet 2013

                                                                     

C’est en 1740, cependant que la pratique de l’art dentaire n’était encore assujettie qu’à un examen élémentaire en présence de juges qui n’étaient pas des spécialistes, que Madeleine-Françoise Calais, âgée de 27 ans et ayant exercé jusqu’alors comme simple apprentie, décide de devenir dentiste indépendante et doit, pour ce faire, notamment vaincre les réticences du procureur général du parlement de Paris

Sous l’Ancien régime, la pratique de l’art dentaire était libre, et ce métier ne fut pas compris dans l’organisation très stricte, qui, à la suite des longues luttes entre les médecins et les barbiers-chirurgiens, avait fini par réglementer l’exercice de la thérapeutique, en astreignant à des obligations précises les praticiens chargés de soigner malades et blessés, après examens et réception dans les communautés corporatives autorisées.

Première femme dentiste  en 1740     dans ARTISANAT FRANCAIS 220px-metiers-dentiste_humour-annees_20-204x300Ce fait s’explique par le peu de développement de l’hygiène et de la chirurgie dentaires : le premier écrivain sérieux sur la question, Pierre Fauchard, qui a publié en 1728 Le Chirurgien dentiste ouTraité des dents, en deux volumes, parle encore des « vers » des dents pour expliquer la carie. Mais cette négligence entraîna de graves conséquences. Les pires charlatans se chargèrent d’arracher les dents malades. C’était un amas de « gens sans théories, qui pratiquaient cet art au hasard, sans principes ni méthodes », nous explique Fauchard.

De plus, la constitution définitive de la communauté des chirurgiens, qui se fit, malgré l’opposition des médecins grâce aux efforts des chirurgiens royaux, François de La Peyronie et Georges Maréchal, transforma l’exercice de la médecine. La chirurgie, qui fit des progrès grâce à la création du Collège et de l’Académie de Chirurgie, se dégagea définitivement de la barberie en 1743.

C’est aussi alors que s’organisèrent à Paris les spécialités non classées. Les candidats dentistes, « renoueurs d’os », oculistes, herniaires, « lithotomistes » furent astreints, dès 1701, à un examen élémentaire « sur la théorie et la pratique » par devant le chirurgien du roi (ou son lieutenant) et les quatre prévôts en charge de la communauté et en présence des sommités du monde médical. Après quoi, s’il était reçu, l’élève prenait le titre d’expert pour les dents et pouvait exercer sa spécialité, sans pour cela être agrégé à la communauté. Il n’en payait pas moins les droits d’examen, de réception, d’immatriculation, de confrérie et de visite, sans oublier les traditionnels cadeaux de jetons d’argent et de paires de gants.

Ce système était loin d’être excellent. Les juges n’étaient en effet pas des spécialistes. Aussi en 1728, Fauchard réclamait la présence à l’examen d’un dentiste habile, de grande expérience, qui saurait « sonder » les candidats sur les difficultés importantes de leur technique et leur pourrait montrer les moyens de les surmonter. Toutefois, ce système présentait les éléments d’un perfectionnement rudimentaire. Les « experts » pour les dents, ainsi choisis, n’étaient même pas cependant au niveau des derniers garçons apothicaires : Fauchard estimait le savoir des candidats « au-dessus du médiocre ».

Mais s’ils étaient incapables de recourir aux procédés chirurgicaux, ils avaient quelques éléments de science, absolument inconnus des simples « arracheurs » et autres charlatans, et pouvaient donner des conseils d’hygiène, qui permettaient de diminuer la fréquence et l’exagération de ces terribles maux. Rappelons en effet l’importance de la névralgie dentaire dans l’histoire de l’humanité. Il suffit, pour s’en rendre compte, de relire les admirablesConfessions d’un fumeur d’opium de Thomas de Quincey, qui montre, et avec quelle puissance, où mène la douleur qui vient des dents gâtées.

Mais, en 1740, une question assez curieuse se posa, pour l’exercice de l’art dentaire. Une jeune femme de Paris, Madeleine-Françoise Calais ayant besoin de gagner sa vie, avait, dès sa dix-huitième année en 1732, résolu de devenir « experte pour les dents. » Elle avait servi trois ans chez le praticien Gérandly comme « apprentise », puis elle avait travaillé chez le même patron comme employée et presque associée « à la satisfaction et aux applaudissements universels du public. »

En 1740, lorsqu’elle eut vingt-sept ans, la jeune opératrice, qui avait toute confiance en son savoir, résolut d’exercer son art de manière plus indépendante, et pour parvenir à ce résultat, elle se proposa de passer l’examen rendu obligatoire par les statuts de la communauté des chirurgiens : une fois reçue, elle était décidée à pratiquer son métier sous son nom.

Elle subit avec succès les épreuves et fut « unanimement agréée. » Mais ses juges furent pris de scrupules : il n’y avait encore jamais eu de « réception de fille » dans ces professions médicales annexes (sauf le cas des sages-femmes). Il n’y avait bien aucun obstacle dans la teneur même des statuts, qui, naturellement, ne prévoyaient pas le cas et n’y faisaient pas d’objection. Malgré tout, les chirurgiens hésitèrent et décidèrent de s’adresser au procureur général du parlement de Paris, Guillaume-François Joly de Fleury, pour trancher la question.

Mme Calais adressa au magistrat une supplique où elle exposait nettement l’affaire et revendiquait des droits, qui paraissaient tout à fait légitimes, pour — « sans tirer à conséquence » — être reçue « maîtresse-dentiste », exercer sans entraves sa profession, en en ayant les privilèges et en se soumettant aux lois strictes, exigées par les règlements. Il est à noter que Mme Calais ne tenait pas à faire école, et ne demandait qu’à rester cas extraordinaire.

Le procureur général étudia avec soin l’affaire, qui était si nouvelle et entraînait d’importantes conséquences sociales. Il s’adressa aux compétences. D’ailleurs la postulante, dont les talents étaient connus et appréciés, trouva des protecteurs, probablement parmi ses clients. Un procureur au Parlement, Pelletier, et un des valets de chambre de Louis XV, Gabriel Bachelier — lettre du 8 octobre 1740 —, intervinrent en sa faveur.

De son côté, le chirurgien du roi, La Peyronie, consulté par les examinateurs, estima d’abord la demande inacceptable — lettre du 21 octobre 1740. Pour permettre cette innovation, déclara-t-il, un arrêt du Parlement devait être rendu, mais, d’autre part, il reconnaissait que, la mesure, en se généralisant, pourrait permettre de vivre à des femmes intelligentes et travailleuses, « que la nécessité, faute de moyens légitimes, cogit ad turpia. » Ce grand chirurgien n’était-il donc pas féministe avant la lettre ?

220px-medieval_dentistry dans ARTISANAT FRANCAISJoly de Fleury continuait à se montrer hésitant. Mais Bachelier insista. « Pour lever le petit scrupule d’indécence qui pouvait se faire », il observait que les accoucheurs opéraient « sans que le beau sexe s’effarouchât » : il était donc naturel d’autoriser les filles à soigner les dents des individus des deux sexes. Le procureur général fut impressionné par ce raisonnement. De plus, il vit Mme Calais, et s’il remarqua que « sa jeunesse et son agrément » pouvaient servir d’arguments contre sa demande, il dut reconnaître aussi que « son maintien, sa physionomie, ses discours annonçaient la sagesse et la modestie ».

Bref, il devint favorable à la demande et rédigea un rapport en ce sens. Le magistrat y reconnaît qu’il serait injuste de faire perdre à la suppliante le bénéfice de ses études, et des frais qu’elle avait supportés. De plus, s’il ne semblait pas que l’objet de la chirurgie fût de nature à être exercé par des femmes, certaines spécialités, n’exigeant pas les qualités de force, nécessaires aux opérations, pouvaient leur convenir et d’autant plus qu’alors l’art du dentiste consistait moins à guérir qu’à « entretenir la propreté » par l’emploi de procédés hygiéniques, travail n’exigeant qu’une capacité médiocre et quelque peu d’adresse, ce qui se rencontre très souvent dans les personnalités féminines, explique encore Joly de Fleury. Enfin, il ajoutait qu’il avait toujours été permis aux femmes de s’adonner aux arts plastiques et que « les Sœurs de la Charité » pratiquaient la saignée, opération qui nécessitait des qualités d’exécution.

Un arrêt fut alors rendu, et la première dentiste put exercer son art en toute tranquillité.

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS | 2 Commentaires »

de Petits métiers pittoresques

Posté par francesca7 le 22 juillet 2013


A la fin du XIXe siècle, Privat d’Anglemont écrit la monographie de quelques métiers bizarres, mais réellement existants, dont la plupart des Parisiens ne soupçonnent alors sûrement pas l’existence. Du fabricant d’asticots à l’employé aux yeux de bouillon, en passant par le loueur de viandes ou le marchand de contremarques judiciaires, c’est un voyage pittoresque auquel il nous convie.

de Petits métiers pittoresques dans ARTISANAT FRANCAIS images-4

Ne vous est-il point arrivé, en vous promenant dans Paris, un jour de fête, par exemple, de vous demander comment toute cette population peut faire pour vivre ? demande Privat d’Anglemont à ses lecteurs. Puis, vous livrant mentalement aux douceurs de la statistique, cette science si chère aux flâneurs et aux savants si vous avez calculé combien la grande cité contient de maçons, de rentiers, de charcutiers, d’avocats, de charpentiers, de médecins, de bijoutiers, de forts de la halle, de banquiers, en un mot d’hommes exerçant au grand jour, par devant la société et la loi, des professions avouées et inscrites dans le dictionnaire de l’Académie, n’avez-vous pas toujours trouvé des masses énormes de gens auxquels vous ne pouviez assigner aucun état, aucun emploi, aucune industrie ?

Eh bien ! tous ces gens-là composent la grande famille des existences problématiques, que l’on évalue à soixante-dix mille ; c’est-à-dire que chaque matin il y a à Paris soixante-dix mille personnes de tout âge qui ne savent ni comment elles mangeront, ni où elles se coucheront. Et cependant tout ce monde-là finit par manger ou à peu près. Comment font-elles ? C’est leur secret, secret souvent terrible, que divulguent les tribunaux. Privat d’Anglemont nous entraîne dans un curieux périple au cœur de la frange pauvre, laborieuse, intelligente, qui à su se créer une industrie honnête répondant aux divers besoins du public. Nous n’en retiendrons ici quelques-uns.

Le fabricant d’asticots
— Que fait M. Salin ? demandai-je.
— Oh il n’est pas au bureau de l’Assistance publique (être au bureau est une honte pour un homme, dans les quartiers de travailleurs). C’est un homme qui gagne joliment sa vie : il est fabricant d’asticots.

Cette industrie nous parut exorbitante, écrit Privat d’Anglemont. Le fabricant d’asticots dépassait de cent coudées notre imagination. Nous craignions de n’avoir pas bien entendu, mais certainement nous ne comprenions pas. Il nous fallut une explication.

— Fabricant d’asticots, dis-je avec surprise.
— Mais oui. Vous savez bien, ces petits vers qui servent à pêcher.
— Je sais. Mais, comment les fabrique-t-il ?
— Ah ! voilà. Ce n’est peut-être pas très propre, cet état-là, mais on y gagne sa vie. Il y a à Paris plus de deux mille pêcheurs a la ligne, beaucoup de gamins et pas mal de bourgeois établis ou retirés des affaires. Le père Salin a fait connaissance avec ceux-ci sur le bord de l’eau. Il leur fait des asticots pour amorcer toute l’année. Pour cela il a loué tout le haut de la maison, un ancien pigeonnier. II y met macérer des charognes de chiens et de chats que lui fournissent les chiffonniers. Quand c’est en putréfaction, les vers s’y mettent ; le père Salin les recueille dans des boîtes de fer-blanc qu’on nomme calottées, et il les vend jusqu’à quarante sous la calottée.

Vous voyez que ce n’est pas bien malin à fabriquer. Mais dame ! il faut un fier odorat pour faire ce métier-là ! Tout le monde ne le pourrait pas. Aussi ses journées sont-elles très bonnes au commencement de la saison Il ne gagne jamais moins de dix à quinze francs par jour, et tout le reste de l’année sept à huit. Mais il n’a pas d’ordre, ça aime trop à lever le coude.

— Cependant, lorsque les eaux sont hautes on ne pêche guère ; il doit souvent chômer pendant l’hiver ?
— Au contraire, c’est son meilleur temps, parce qu’alors il élève des vers pour les rossignols, ce qui est un excellent métier dont il a presque le monopole.

C’est propre, c’est facile, cela rapporte beaucoup. Il suffit de prendre de la recoupe (petit son), qu’on mêle avec de la farine et de vieux morceaux de bouchons, on les laisse couver dans de vieux bas de laine, et les asticots rouges naissent tout seuls. Cela se vend dix sous le cent. Généralement, les amateurs de rossignols sont de vieilles femmes riches et des bourgeois qui ont des métiers tranquilles : les bouquinistes, les relieurs, les tailleurs à façon. Tous ces gens-là paient bien et comptant : il suffit donc d’avoir une dizaine de pratiques possédant chacune trois ou quatre oiseaux pour vivre bien à son aise et payer une femme de ménage. S’il n’aimait pas tant la boisson, le père Salin pourrait être propriétaire tout comme un autre, mais il mourra à l’hôpital, il est trop artiste.

images-5 dans ARTISANAT FRANCAIS

Employé aux yeux de bouillon
Je vais vous dire maintenant ce qu’on fait des os, écrit Privat d’Anglemont : avant d’arriver chez le marchand de noir animal, le tabletier ou le fabricant de boutons, ils sont cuits deux ou trois fois. D’abord le boucher les vend quatre sous la livre, sous le nom de réjouissance, aux bourgeois et aux grands restaurants, pour faire des consommés ; ceux-ci les cèdent au rabais aux traiteurs de quatrième ordre, qui en font des potages gras pour les abonnés ; enfin ces derniers les repassent aux gargotiers, qui en composent une espèce d’eau chaude, qu’ils colorent à grand renfort de carottes, d’oignons brûlés, de caramel et de toutes sortes d’ingrédients.

Or, comme ces ingrédients ne peuvent donner ce que recherchent les amateurs, c’est-à-dire des yeux au bouillon, un spéculateur habile a inventé l’employé aux yeux de bouillon. Voici à peu près comme cela se pratique : un homme prend une cuillerée d’huile de poisson dans sa bouche, au moment où doivent arriver les pratiques, à l’heure de l’ordinaire, et, serrant les lèvres en soufflant avec force, il lance une espèce de brouillard qui, en tombant dans la marmite, forme les yeux qui charment tant les consommateurs. Un habile employé aux yeux de bouillon est un homme très recherché dans les établissements de ce genre.

— Mais cela doit avoir un goût détestable ?
— Eh ! mon Dieu ! le goût ne se développe que par la pratique. Comment voulez-vous que des gens habitués aux arlequins de la mère Maillard deviennent des gourmets ? L’eau-de-vie, d’ailleurs, leur a brûlé le palais.

Le loueur de viandes
Heureusement, ajoutai-je, les viandes que nous voyons pendues aux vitres de toutes ces gargotes me semblent belles et bonnes.

— Ces viandes ne sont là que pour le coup d’œil.
— Comment pour le coup d’œil ?
— Oui ; ces quartiers de bœuf, de mouton et de veau pendus aux vitres des marchands de soupe, ne leur appartiennent pas : ce sont des viandes louées.
— Des viandes louées ! De qui, et pourquoi ?
— Pour servir de montre, pour achalander la boutique. Ces gens-là vendent le plat de viande six sols au plus, trois sols au moins ; ils ne peuvent donc employer que de basses viandes. Et que voyez-vous chez eux ? de magnifiques filets, de superbes gigots, de succulentes entrecôtes. S’ils donnaient cela à leurs pratiques, ils se ruineraient. Ils s’entendent donc avec des bouchers qui, moyennant redevance, consentent à leur louer quelquefois même, des animaux entiers. Le loueur les reprend quand il en a besoin.
— C’est encore une industrie qui m’était inconnue. Je ne soupçonnais pas le loueur de viandes.

Marchand de contremarques judiciaires
M. Auguste est un ancien clerc de province. Il est venu à Paris sans sou ni maille ; il a été marchand de contremarques à la porte des théâtres du boulevard, où il a connu beaucoup de flâneurs et de petits rentiers, gens désœuvrés qui ne savent jamais comment franchir l’abîme immense qui sépare le déjeuner du dîner, la lecture du journal de l’ouverture des théâtres. Un jour qu’il se promenait dans le palais, il vit beaucoup de ces bons citadins qui stationnaient à la queue du public des tribunaux et qui faisaient mille gentillesses aux gardes municipaux pour les attendrir et tâcher de pénétrer dans le sanctuaire de la justice.

M. Auguste, qui est un homme à expédient, vit là une source de fortune. Il avait une idée. Dès ce moment il passa ses journées à courir dans les corridors du palais, accostant toutes les personnes qu’il voyait sortir des cabinets de messieurs les magistrats instructeurs. Il se proposait pour conduire les témoins à la caisse afin d’y toucher les deux francs que la justice alloue à tous ceux qui viennent la renseigner.

Lorsque le témoin avait reçu son argent, et qu’après avoir offert soit un canon de vin, soit une demi-tasse à M. Auguste, il voulait le quitter pour vaquer à ses affaires, celui-ci l’apitoyait en lui contant quelque histoire bien larmoyante, bien pathétique ; il savait encore se faire donner quelques sous pour sa peine. D’autrefois le témoin dédaignait la rétribution ; alors M. Auguste changeait sa batterie ; il inventait un autre conte, il implorait sa pitié ; il lui demandait son assignation en lui disant qu’il était père d’une nombreuse famille. On lui abandonnait facilement ce morceau de papier inutile. C’est en collectionnant toutes ces citations et assignations que M. Auguste a fondé le magasin qui le fait vivre.

Aujourd’hui M. Auguste vit comme un chanoine ; il est devenu une autorité dans le bas peuple du palais ; il gagne beaucoup d’argent. Il loue des citations en témoignage aux curieux pour les faire entrer aux Cours d’assises et aux Chambres correctionnelles, les jours de procès curieux.

Les gardes municipaux qui sont de planton aux portes des tribunaux ont pour consigne de ne laisser passer que les personnes assignées. Ils ne lisent jamais les assignations ; il suffit donc qu’on se présente hardiment avec un papier timbré pour qu’ils vous laissent passer, car du moment qu’on a le papier, la consigne est sauve. M. Auguste avait observé cela ; aussi a-t-il su en profiter.

Il sait par cœur la liste des affaires à juger ; il connaît les jours où les premiers sujets du barreau et de la magistrature debout doivent prendre la parole et ces jours-là, dès sept heures du matin, il est à son poste avec sa liasse de citations et d’assignations périmées. Il les loue ordinairement un franc pour la séance. On le connaît ; il a ses habitués ; on ne paie qu’après qu’on est placé ; mais on est obligé de laisser en nantissement 5 francs, qu’il ne remet qu’après la restitution de son papier.

— Et vous gagnez beaucoup d’argent à ce métier-là ? lui demandai-je.
— C’est selon les procès ; celui de Laroncière m’a rapporté jusqu’à 100 francs par jour ; j’étais obligé d’envoyer un de mes clercs dans la salle, pour redemander mes assignations. J’ai loué la même citation jusqu’à dix fois en une séance. Soufflard n’a pas mal donné ; la bande de Poil-de-Vache était bonne, mais ne valait pas les Habits noirs.
— Et les affaires politiques ?
— Cela dépend des personnages. Les complots m’ont laissé d’ailleurs d’excellents souvenirs ; les procès de presse furent d’un assez joli rapport. Les cris séditieux valaient moins. Quant aux crimes, aux infanticides, aux faux, aux vols de confiance, c’est chanceux.
— D’après ce que je vois, en lisant les détails d’un assassinat vous savez combien il vous rapportera.
— Il y a crime et crime ; c’est la position de l’accusé qui fait tout. S’il est jeune et féroce, il devient intéressant, c’est très bon. Si c’est un homme qui a simplement tué sa femme ou un passant dans la rue, ça ne vaut absolument rien. Les maris jaloux et farouches amènent des dames.

Mais parlez-moi de ces gaillards qui coupent leur maîtresse en morceaux ! qui l’attendent le soir dans une allée, la poignardent et tirent un coup de pistolet à leur rival à la bonne heure ! c’est du nanan ! Ils ont un public à eux, on les lorgne, on leur envoie des albums pour y écrire deux mots ; ils posent devant un parterre de femmes ; s’ils sont tant soit peu jolis garçons et que l’affaire prenne plusieurs audiences, la seconde journée double ma recette. Si le jugement se prononce la nuit, je suis obligé de donner des contremarques.

La nuit est très propice aux drames judiciaires, le beau sexe s’y crée des fantômes. C’est si intéressant, un scélérat passionné qui égorge proprement la femme qu’il aime ! il y a de quoi en rêver quinze jours. On envie le sort de la victime, on voudrait être aimé ainsi une fois, rien que pour en essayer. Ah ! Lacenaire ! nous ne trouverons malheureusement pas de sitôt son pareil. Il faisait des vers, Monsieur ! s’écria M. Auguste, d’un air moitié d’admiration et moitié de regret. Il était galant, intéressant, il s’exprimait bien. Encore deux affaires comme la sienne, et je me retirais dans mes terres.

Ah ! si le huis-clos n’existait pas pour certains attentats ! quelle source de fortune ! je serais millionnaire. Tout le monde en veut : C’est le fruit défendu.

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS | Pas de Commentaire »

Ouvrières de Lejaby

Posté par francesca7 le 22 juillet 2013

 par  Nathalie Rheims

Ouvrières de Lejaby dans ARTISANAT FRANCAIS images-3

M6 a passé un an avec les ouvrières de Lejaby. Entre espoir, désespoir, courage, naïveté et larmes. Une tragédie française !

Le mercredi 10 juillet 2013 à 23 heures, la jolie et talentueuse Wendy Bouchard présentait sur M6 un documentaire très complet consacré à Lejaby. Réalisé par Manolo d’Arthuys pour Tony Comiti Productions, « Dentelles, string, lingerie : les incroyables péripéties des ouvrières Lejaby », après un an et demi de travail, inaugurait les inédits de l’été de la toujours formidable émission consacrée à l’actualité sociale et politique : Zone interdite.

Comme un million de téléspectateurs, je suis restée accrochée à mon poste jusqu’à 1 heure du matin, passionnée, émue, bouleversée par ce que l’équipe de tournage me permettait de découvrir et de partager avec ceux qui l’avait vécu. Tout le monde se souvient des « petites mains » de Lejaby, incarnations du made in France et symboles de l’effondrement industriel et de la casse sociale provoqués par la mondialisation et les délocalisations. La situation de cette entreprise est devenue, au cours de la campagne présidentielle de 2012, un véritable cas d’école.

C’est peut-être encore plus vrai aujourd’hui, car, deux ans après, ce document est toujours au coeur de ce que vit une France en proie au doute, face à ce qui est devenu une véritable impasse que ne parviennent pas à surmonter les politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite. Il y a des moments particulièrement forts dans ce reportage qui nous invitent à réfléchir sur notre avenir.

1 200 salariés au moment de sa splendeur !

lejaby-1703229-jpg_1573698-300x130 dans ARTISANAT FRANCAIS

À la grande époque, peu de temps après sa fondation dans les années 1930, Lejaby comptait huit usines et était devenu très vite une marque internationale prestigieuse de lingerie. Dans les années 1980, hissée au rang d’un des leaders mondiaux, l’entreprise employait 1 200 salariés. C’est à ce moment-là que commença la lente descente aux enfers. Rachetée par un fonds de pension américain qui délocalise 80 % de la production, elle ferme quatre usines. Inexorablement, la marque va perdre son identité. C’est le début de la fin. Le 18 janvier 2012, le tribunal de commerce de Lyon met Lejaby en liquidation.

Un repreneur est alors désigné, Alain Prost, un de ces hommes qui s’est « fait tout seul » et qui, avec ses partenaires, rachète la marque pour 4 millions d’euros afin de réaliser son rêve. D’emblée, il annonce que, pour sauver l’entreprise, il doit fermer le site d’Yssingeaux et licencier 93 salariées. En pleine campagne présidentielle, les médias s’emparent de l’histoire, et les couturières occupent l’usine. Pendant plusieurs semaines, ce feuilleton social va tenir la France entière en haleine. Le document permet de revivre, de l’intérieur, le combat des petites mains, celui des nouveaux patrons et des syndicalistes. Les images nous plongent, en immersion, dans trois sites de l’ancienne marque de lingerie. Tous les cas de figure sont analysés, y compris, à Bourg-en-Bresse, la démarche d’Assya Hiridjee, qui ose abandonner la marque pour en créer une toute nouvelle : Monette.

Elles préfèrent travailler pour 1 000 euros que partir en retraite

Pendant ce temps là, à Rillieux-la-Pape, Alain Prost, qui a réussi à sauver 193 emplois, se lance dans un pari impossible : sortir une nouvelle collection haut de gamme en un temps record, six mois, là où il en faudrait normalement le double, voire le triple. Pour convaincre les acheteurs des grandes enseignes, il doit impérativement être prêt pour le Salon international de la lingerie. « C’est un défilé qui est vital pour nous. On essaye de faire nos premiers pas dans le monde du luxe, et c’est compliqué ! » reconnaît-il.

Du côté des travailleurs, on est plus que sceptique. Nicole Mendez, responsable syndicale, avait 22 ans quand elle est arrivée chez Lejaby. Après toutes ces années de luttes, de déceptions, d’abandons, de trahisons, pour elle, le projet d’Alain Prost est un suicide industriel. « Ce n’est pas demain qu’on va arriver à sortir une nouvelle collection, ce n’est pas possible ! Il nous faut dix-huit mois de développement pour une collection ! » Jacqueline, ouvrière depuis trente-six ans, crie son désespoir.  » Ce matin j’avais les boules de me lever, mais j’ai dit, je serai quand même à l’heure pour pointer, et j’étais à l’heure pour pointer ! Ils ont profité de nous, c’est du fric, du fric, tout le temps du fric, et puis l’ouvrier, c’est de la merde, on le balaye, et puis voilà ! »

À ce moment-là du reportage, je me dis qu’on est arrivé à ce point de non-retour qui fait que la France est et restera pour longtemps dans une impasse économique, sociale, politique. Pourtant, le jour du défilé arrive, et là, on assiste à quelque chose qui dépasse complètement les idéologies, qui n’a plus rien à voir avec la lutte des classes. Pour Alain Prost, le boss, l’émotion est trop forte, les larmes débordent, les mots ne sont pas assez forts pour décrire ce qu’il ressent. De son côté, Nicole n’en revient pas, elle voit tout le passé ressurgir, sa passion pour son travail, ses anciennes camarades devenues sa famille, l’émotion chez elle aussi prend le dessus. On ressent cette passion chez toutes ces femmes, ces ouvrières, qui rachètent des machines aux enchères pour se lancer, elles aussi, dans la création de leur propre entreprise. Il leur suffisait d’être au chômage quelques mois pour attendre tranquillement la retraite, mais elles préfèrent continuer à travailler pour 1 000 euros par mois, ce qu’elles touchaient chez Lejaby. Prendre des risques pour avancer.

Des questions au centre des préoccupations des Français

Le documentaire va bien au-delà des questions qui sont au centre des préoccupations des Français : le chômage, les délocalisations, les retraites, la baisse du pouvoir d’achat. Les hommes politiques qui interviennent, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont de bonne volonté, ils font tout ce qu’ils peuvent pour trouver des solutions, mais ce n’est plus ça qui compte. La gauche, la droite n’ont plus de sens, pas en tant que l’UMPS dénoncé par Marine Le Pen, mais comme moteur de notre histoire tombé en panne. La solution, on le constate dans ce reportage, elle se trouve entre Alain, le patron, et Nicole, la syndicaliste, qui ont réussi à dépasser leurs préjugés, leurs habitudes, pour vibrer ensemble pour une même passion, explorer une zone de l’existence qui ne leur est plus interdite.

article lepoint.fr

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS | Pas de Commentaire »

 

leprintempsdesconsciences |
Lechocdescultures |
Change Ton Monde |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | C'est LE REVE
| Détachement Terre Antilles ...
| ATELIER RELAIS DU TARN ET G...