Maurice Chevalier et ses quartiers
Posté par francesca7 le 17 juillet 2013
Au début de l’année 1972, quelques jours après sa mort, Guy Lux anime une émission télévisée consacrée à Maurice Chevalier. Plusieurs invités rendent hommage au fantaisiste (dont des amis comme Charles Trenet, Zizi Jeanmaire ou Charles Aznavour) et Paul Anka, venu spécialement des États-Unis, interprète une version personnalisée de My Way, qu’il intitule His Way. Quelques années plus tard, en 1981, Sammy Davis Jr. interprète au Lido un tour de chant hommage à Maurice Chevalier (avec Mireille Mathieu et Charles Aznavour), son ami, qu’il qualifia dans une interview de GREATEST (le plus grand). La même année, le maire de Paris Jacques Chirac inaugure une Place Maurice Chevalier dans le quartier de Ménilmontant qu’il avait chanté et qui l’avait vu naître. En 1988, le centième anniversaire de sa naissance est l’occasion d’une exposition au théâtre des Champs-Élysées où Maurice Chevalier avait fait ses adieux à la scène, ainsi que d’une soirée intitulée Maurice de Paris, cinq fois 20 ans réunissant une trentaine d’artistes, sous la présidence de Zizi Jeanmaire.
En France, il existe plusieurs rues portant le nom de Maurice Chevalier, comme dans le quartier de La Bocca à Cannes où se trouve sa villa La Louque, à Goussainville ou Niort, mais la plus célèbre se trouve à Marnes-la-coquette, là même où l’artiste avait acheté une maison en 1952. L’école communale porte également son nom.
Un timbre est édité à son effigie en 1990.
Dans le dessin animé La Belle et la Bête (1991), « Lumière », le candélabre, est un hommage à Maurice Chevalier, en particulier lorsqu’il interprète la chanson C’est la fête.
Maurice Chevalier, né Maurice Auguste Chevalier le 12 septembre 1888 à Paris 20e et mort le 1er janvier 1972 à Paris 15e, est un chanteur et acteur français.
D’abord chanteur de « caf’conc’ » dans le quartier de Ménilmontant, qu’il contribue à populariser, Maurice Chevalier devient, dans les années folles, un des artistes les plus populaires du music hall français, avant d’entamer une fructueuse carrière d’acteur à Hollywood dans les années 1930. Deux fois nommé à l’Oscar du meilleur acteur, il tourne notamment sous la direction de Ernst Lubitsch et entame une liaison amoureuse avec Marlène Dietrich. De retour en France, il continue à travailler pendant la guerre ; il est brièvement inquiété en 1945, sans pour autant perdre son succès. Alternant tours de chant et cinéma, en France (Le silence est d’or en 1947, Ma pomme en 1950) et à Hollywood (Ariane en 1957, Gigi en 1958), il fait ses adieux à la scène en 1968.
Souvent affublé d’un canotier, d’une canne et d’un nœud de papillon, Maurice Chevalier représenta au long de sa carrière une certaine image de la France et du français à l’étranger, et notamment aux États-Unis : celle du Parisien typique, gouailleur, souriant, désinvolte et charmeur. Star internationale de son vivant, il est aujourd’hui encore l’un des chanteurs français les plus connus dans le monde. Plusieurs de ses chansons furent de grands succès populaires, telles Prosper (Yop la boum), Dans la vie faut pas s’en faire, Ma Pomme,Ça sent si bon la France, Ça fait d’excellents Français, sa version de Y’a d’la joie, Thank Heaven For Little Girls ou encore son dernier enregistrement, la chanson du film Les Aristochats.
Maurice Chevalier fait de modestes débuts dans les « caf’conc’ » de « Ménilmuche » dès la fin du xixe siècle. C’est en 1909 qu’il tombe amoureux deMistinguett et qu’il quitte la chanteuse Fréhel pour elle. Leur liaison s’arrêtera en 1919. Désormais jeune premier, il incarne pendant les années folles un gandin frivole à l’accent faubourien qu’il garde lorsqu’il parle, en réalité parfaitement, anglais. Le phonographe relaie ses succès à la scène dans diversesrevues et opérettes. Valentine et Dans la vie faut pas s’en faire sont des triomphes des années 1920, toutes écrites par Albert Willemetz. C’est ainsi qu’il a l’occasion de faire remonter une dernière fois sur scène La Goulue, créatrice du cancan moderne, et modèle de Toulouse-Lautrec, que le public ne reconnaît plus.
En 1927, il se marie avec Yvonne Vallée et commence, cette même année, une carrière cinématographique à Hollywood qui l’éloigne de la France jusqu’en 1935 où il s’illustre notamment en 1934 dans les deux versions, anglaise et française, de La Veuve joyeuse d’Ernst Lubitsch. Il rencontre Duke Ellington qu’il fait engager pour sa première partie à Broadway. Il rencontre aussi à Hollywood Marlène Dietrich, ce qui entraînera son divorce d’avec Yvonne. Le tube qui le fait connaître aux États-Unis est composé par Al Sherman et Al Lewis et s’intitule Living In the Sunlight, Loving In the Moonlight(du film de la Paramount La Grande Mare — The Big Pond).
En perte de vitesse à Hollywood, il décide de rompre avec la MGM et de rentrer en France. Nous sommes en 1935, ce sont de nouveaux succès de la chanson : Prosper (1935), Ma Pomme (1936), Y’a d’la joie (1937) créée par un jeune auteur dont le nom deviendra célèbre, Charles Trenet, puis laMarche de Ménilmontant (1941) en hommage à son enfance.
Symbole de la réussite d’un « p’tit gars » du peuple, Maurice Chevalier est un travailleur acharné de la chanson populaire.
En 1939, après la déclaration de la guerre, il va chanter pour les troupes sur le front de l’Est de nouvelles chansons dont D’excellents Français (paroles et musique de Jean Boyer et Georges Van Parys), dans laquelle il décrit une France unie contre l’envahisseur, mais qui en elle-même montre le flottement qui suivit l’entrée en guerre de la Troisième République. Cette chanson fut le symbole de la « drôle de guerre ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, durant l’occupation allemande, il anime sur Radio-Paris des émissions de 30 minutes qui lui sont payées 60 000 francs chacune. Il n’arrêtera de travailler qu’en 1942 ; reproche lui en sera fait à l’heure de l’épuration de la Libération alors qu’il est déjà condamné à mort par contumace par un tribunal spécial à Alger le 27 mai 1944. Dans les années 1960, Le Canard enchaîné révèlera que Maurice Chevalier, fin 1942, se serait beaucoup démené pour aller chanter… en Tunisie pour soutenir le moral des soldats qui combattaient les Alliés. En fait, il ne mit jamais les pieds en Afrique du Nord durant la guerre. Joséphine Baker, agent du contre-espionnage pour la Résistance, aux avances de qui Chevalier a résisté dix ans plus tôt, parla de lui comme d’un collaborationniste nazi sur Radio Londres en mai 1944. Pierre Dac fit depuis Londres une parodie grinçante de la chanson Et tout ça, ça fait d’excellents Français ! contre Chevalier, en raison de son manque d’engagement au côté de la Résistance, l’accusant notamment de lâcheté, alors que Maurice protégeait une famille juive, sa compagne Nita Raya (danseuse et comédienne d’origine roumaine) et les parents de celle-ci auxquels il fournit de faux papiers.
Le couple dont la villa de la Côte d’azur, La Louque dans le quartier de La Bocca à Cannes, est réquisitionnée par l’aviation française, se réfugie pendant la guerre à Mauzac chez un couple de danseurs amis, Jean Myrio et Desha Delteil puis chez un ami résistant, le poète René Laporte. Dans un entretien du 17 octobre 1946 au journal Jeudi-Cinéma, Nita Raya racontera « les journées et les nuits épouvantables qu’il a passées, non parce qu’il avait peur pour lui, mais parce qu’il s’était fait un devoir de sauver quelques êtres que le destin avait mis sur sa route. »
Menacé d’être fusillé à la Libération, il est finalement sauvé par le Parti communiste et lavé de tout soupçon de collaboration. Pierre Dac vint en personne demander au comité d’épuration que Chevalier soit entièrement et complètement blanchi. Le 30 novembre 1945, un rapport du comité national d’épuration des professions d’artistes dramatiques et lyriques, adressé au ministre des Beaux-Arts, conclut à la complète innocence de Maurice Chevalier. C’est par la chanson Fleur de Paris (1945) qu’il affirmera son blanchiment et son nouveau départ.
Très vite, il renoue avec le succès, allant même jusqu’à s’illustrer dans les années 1960 dans un genre inattendu, le twist, avec Le Twist du canotier, enregistré avec le groupe rock français Les Chaussettes Noires. À cette époque, il parraine également dès 1966 la jeune carrière de Mireille Mathieu qui deviendra très vite une vedette internationale.
De sa seconde moitié de carrière cinématographique, il faut remarquer son passage chez René Clair (Le silence est d’or) en 1947, Ariane de Billy Wilder avec Gary Cooper et Audrey Hepburn, la comédie musicale Gigi de Vincente Minnelli en 1958 (film aux 9 Oscars et 3 Golden Globe Awards), et sa participation à l’adaptation américaine de la trilogie de Marcel Pagnol : Fanny de Joshua Logan en 1961, dans lequel il interprète le rôle de Panisse. C’est au cours de ses tournées qu’il invente le one-man-show en 1948.
Il fut déclaré « dangereux » pour la sécurité des États-Unis et interdit d’entrée sur leur territoire de 1951 à 1955 pour avoir signé l’appel de Stockholm contre l’armement nucléaire.
Il se produira en 1956 à Paris, à l’Alhambra (Paris) rebaptisé l’Alhambra-Maurice Chevalier, et fera passer en première partie un orchestre iconoclaste dirigé par son jeune arrangeur talentueux de l’époque, Michel Legrand.
Retraite et décès
En 1967, Maurice Chevalier décide de mettre un terme à sa carrière et entame une tournée d’adieux à travers le monde. Le succès est au rendez-vous partout où il passe, dans près de vingt pays dont le Canada, la Suède, l’Angleterre, l’Espagne, l’Argentine et les États-Unis, où il reçoit un Tony Award spécial, venant couronner sa prestigieuse carrière. Il termine sa tournée à Paris, authéâtre des Champs-Élysées, où il se produit à guichets fermés du 1er au 20 octobre 1968. L’année suivante, il est honoré par Charles Percy lors d’une séance au Sénat américain, et le réalisateur Wolfgang Reitherman lui demande d’interpréter la chanson du film Les Aristochats, ce que Chevalier accepte de faire, en français et en anglais, par amitié pour Walt Disney, mort quelques années plus tôt. Il reçoit à Cannes un trophée MIDEM pour célébrer ses 68 ans de carrière et publie le dernier tome de ses mémoires, Môme à cheveux blancs.
Hospitalisé à l’hôpital Necker pour un blocage des reins le 13 décembre, Maurice Chevalier s’y éteint le 1er janvier 1972 à 17 h, à l’âge de 83 ans. Aussitôt, des hommages affluent du monde entier et la presse internationale se fait l’écho de la disparition de celui que Le Parisien surnomme « Le Roi du music-hall ». Le président Georges Pompidou salue la mémoire d’une « image de la France » dans laquelle « les Français se reconnaissaient volontiers. » Le 5 janvier, une foule d’anonymes et de personnalités (dont Grace de Monaco, Louis de Funès, Michel Simon ou Georges Carpentier) se réunit à l’église de Marnes-la-Coquette où ses obsèques sont célébrées. Maurice Chevalier est inhumé au « cimetière nouveau » de la ville, aux côtés de sa mère, et non loin d’Albert Willemetz, à qui il devait beaucoup de ses grands succès.
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