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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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  • > Archives pour le Jeudi 11 juillet 2013

La ménagère parisienne

Posté par francesca7 le 11 juillet 2013


par

M.-J Brisset

~ * ~

La ménagère parisienne dans ARTISANAT FRANCAIS menage-179x300LES femmes de province ont pendant longtemps paru posséder des droits exclusifs au titre glorieusement bourgeois de bonne ménagère. Et, en effet, la régularité des habitudes intérieures, la rareté de distractions extérieures, les traditions léguées de mère en fille, le besoin d’une occupation, d’une activité journalière, la nécessité d’entretenir et de consolider par les minutieux efforts de chaque jour une fortune à laquelle le temps ne semble devoir apporter aucun accroissement soudain, par-dessus tout le désir ardent qu’elles ont de surpasser ou d’égaler, à force d’économies intérieures, le luxe des femmes plus riches qu’elles, et de pouvoir soutenir sans crainte la surveillance inquisitoriale qu’elles exercent sans cesse les unes sur les autres, tout contribue à faire des femmes de province les ménagères par excellence, ménagères corps et âme, esprit et coeur, dans toutes les circonstances de la vie, et à toutes les heures de la nuit et du jour.

Mais, après avoir ratifié les droits incontestables de nos Françaises de province, qu’il nous soit permis de retracer ici le type modeste et jusqu’à présent ignoré de la ménagère parisienne.

Si Paris est l’Eldorado des femmes frivoles, s’il est le paradis des femmes riches, belles et coquettes, s’il est plein d’entraînements, d’enivrements, d’hommages et de séductions pour les femmes faibles et vaines, il est aussi le lieu des souffrances, des privations, de l’isolement et des angoisses intérieures, le lieu des épreuves et des travaux amers pour les femmes pauvres, honnêtes et fières. Les soins du ménage de la jolie Parisienne s’engourdissent au contact de l’eau froide qui doit purifier les légumes, ou se gercent et se crispent à l’action contraire de l’eau bouillante si nécessaire pour entretenir autour d’elle une rigoureuse et appétissante propreté. Mais il lui faut allumer le feu, préparer la viande saignante ; il lui faut apprêter l’éclairage du soir ; tout cela se fait promptement, proprement, avec activité, courage… et la jeune femme achève allégrement sa tâche, en songeant au retour de son époux aimé.

Après avoir, non sans un gros soupir, déjeuné seule à la hâte, elle procède maintenant à l’arrangement de son intérieur élégant. Le balai, le plumeau en main, elle range, remue, nettoie ; elle époussette et frotte avec amour chacun de ces meubles dans lesquels elle se mire ; elle les soigne avec un sentiment de reconnaissance, car tous font partie de son bonheur. Quelques-uns ont été apportés dans la communauté par le mari. C’était son ménage de garçon. Voici le petit bureau sur lequel il écrivait ces lettres d’amour si tendres, voici la toilette à glace mouvante qu’il interrogeait avec crainte, se demandant si sa figure d’austère et laborieux étudiant pourrait plaire à une jeune fille ; voilà sa pipe, ses pistolets, armes de vaurien, placées à tout jamais dans ce coin, où il a juré de les oublier, trophées conquis par l’amour, et auxquels la jeune femme adresse un sourire de triomphe et de défi.

D’autres meubles plus riches ont été donnés à la pauvre fille sans dot par quelque bonne parente morte depuis : leur vue attire souvent dans ses yeux quelques pieuses larmes de regret et de reconnaissance ; d’autres ont été achetés depuis son mariage du fruit de ses économies, et ceux-là, on le pense bien, ne sont pas les moins aimés.

Tout est en ordre maintenant ; les croisées, ouvertes un instant pour laisser entrer l’air libre qui doit renouveler l’atmosphère, sont refermées avec soin ; les blancs rideaux se drapent devant elles, élégamment relevés ; le lit, propret et rebondi, est recouvert d’une coquette enveloppe ; les fauteuils sont rangés, le feu est reconstruit, et voici que la jeune femme se met gaiement à sa toilette.

Alors s’opère une transformation prompte et complète, qu’étudierait avec intérêt le spectateur le plus indifférent. Le bonnet du matin, jeté avec mépris, laisse flotter les trésors d’une riche chevelure, et, de son habile main, l’adroite parisienne la dispose avec art en tresses, en bandeaux. Bientôt sa tête lisse, bouclée, élégante, semble sortir des mains du plus renommé des coiffeurs ; sa taille souple, qu’on devinait à peine sous l’ample manteau du marché, ou sous le peignoir de la balayeuse, enlacée à présent par un corset magique qui la maintient sans la gêner, et révèle ses formes sans les exagérer ni les comprimer, paraît dans toute la grâce de ses élégantes proportions ; une robe d’une étoffe peu coûteuse, mais bien faite et faite par elle ; un fichu frais, clair et léger, le tablier de soie à pochettes garnies, les fines mitaines recouvrant des mains auxquelles le citron et la pâte d’amande ont rendu toute leur blancheur primitive ; et voilà notre ménagère aussi coquette, aussi pimpante que pas une femme de Paris. Aussi digne qu’une duchesse, aussi gracieuse qu’une grisette ; vienne maintenant qui voudra la visiter !

Après un dernier coup d’oeil jeté à son miroir, elle dispose avec promptitude son établissement de travail. Une petite table est devant la fenêtre, une chaise de paille est auprès ; elle s’y installe, un tabouret sous ses pieds. A l’oeuvre, ma jolie couseuse, faites paraître les merveilles que savent créer vos doigts délicats ! A la fois couturière, lingère, modiste, brodeuse, ravaudeuse et quelquefois tailleur, la ménagère parisienne, entourée d’étoffes achetées au rabais, déploie ses multiples talents, ses industries innées. Voyez éclore sous ses doigts ce ravissant bonnet qui doit, le soir, parer sa jolie tête, et rivaliser de goût et de fraîcheur avec les coiffures des Simon, des Tulasne ! Plus de vingt fois essayé, le gracieux chiffon s’harmonise enfin avec la douce physionomie qu’il doit embellir encore ; ces fleurs légères se mêleront heureusement aux boucles soyeuses de la chevelure, les plis de ce tulle nuageux entoureront d’une auréole transparente ces jolis traits dont ils feront ressortir les lignes fermes et pures, et ce noeud de satin, jeté négligemment sur le côté, caressera, de ses bouts flottants, une blanche épaule découverte.

Comme pour calmer ensuite son imagination vivement surexcitée par ce travail d’inspiration, ou peut-être pour secouer l’enivrement de la coquetterie et ramener son esprit à de plus solides idées, la jeune femme se livre maintenant à un travail plus sévère. Avec une patience laborieuse, avec une agilité presque mécanique, elle conduit et ramène d’un mouvement uniforme l’aiguille qui traverse le lin. Il y a dans cette occupation des idées d’ordre, d’avenir, de durée : ce sont les premiers fondements matériels d’une bonne maison, ce sont là les oeuvres simples et graves de la femme forte de l’Écriture.

C’est maintenant au tour du mari. Il s’agit de déployer à son profit les talents si divers des industries parisiennes. Par où commencera la jeune femme, qui voudrait faire pour lui tant de choses à la fois ? Travaillera-t-elle au bonnet qu’elle lui brode en secret pour sa fête ? ou plutôt, s’occupant d’une nécessité plus pressante, sacrifiera-t-elle son chapeau de velours noir de l’année dernière, dont la forme est un peu passée de mode, pour renouveler le collet de l’habit qui, rajeuni par ce changement, les dispensera quelque temps encore d’une visite dispendieuse au tailleur.

Un coup de sonnette la tire de son hésitation. Elle va ouvrir. Ce sont deux jeunes femmes de son âge, deux compagnes de pension.

« C’est toi, Lise ! c’est toi, Hortense ! Que je suis aise de vous voir !

– Bonjour, ma bonne Maria ! Combien il faut monter pour arriver chez toi ! nous en sommes tout essoufflées.

– Entrez, venez, asseyez-vous ! »

Les jeunes femmes s’installent au coin du feu, ravivé par la ménagère. Elles jettent un regard d’inspection curieuse sur cet intérieur irréprochable pour le bon ordre, mais qui semble bien mesquin et bien triste à des filles de riches négociants, à des femmes de banquiers ou d’agents de change. On parle d’abord des anciennes compagnes qu’on a rencontrées dans le monde : ces deux dames en ont revu beaucoup, car, n’ayant rien à faire et s’ennuyant chez elles, elles sont à l’affût de toutes les occasions qui leur procurent l’emploi de quelques heures dans la journée.

Satisfaite de la comparaison intérieure qu’elle vient d’établir entre son riche hôtel et la modeste mansarde de celle qu’elle vient visiter, Hortense parle complaisamment de ses chevaux, de ses équipages, de ses tableaux, des riches tentures de ses appartements et du grand monde qui les assiége dans ses jours de réunion. La maîtresse de logis, avec une fierté douce, empreinte d’un sentiment vrai, lui répond par l’éloge de son mari qui, dit-elle, sera un jour, est déjà un homme de mérite, de son mari dont l’amour et les tendres soins l’empêchent de songer à désirer jamais une autre position que la sienne ! Puis, à chaque question, à chaque remarque faite par la curieuse Lise, ou par la dédaigneuse Hortense, et tendant à faire ressortir la pauvreté de leur compagne, elle répond par de malicieuses questions sur la beauté, le caractère, l’élégance, la tendresse ou l’esprit de ceux dont elles portent le nom. L’une est obligée de convenir que son marie est gros et lourd : il s’endort chaque soir près d’elle, il abhorre la musique, exècre la littérature, fait fi de la conversation !…

L’autre a épousé un avoué qui est aussi sur le chemin de la fortune. Petit, mince, actif et remuant, il a le génie des procès, et son grand art consiste à en inventer sans cesse pour le compte de ses clients. Il est vrai que, quand le procès ne donne pas, toute son activité, tant soit peu tracassière, se reporte sur son ménage où il contrôle tout ce qu’on fait.

A ces aveux, la ménagère sourit et répand un regard d’amour sur l’heureux asile de sa douce pauvreté.

Les jeunes femmes se retirent, non sans avoir fait promettre à l’humble maîtresse du lieu d’aller à son tour revoir ses jeunes amies : elle accepte l’expectative d’une visite pénible peut-être pour son amour-propre, mais son mari l’accompagnera ; une fois au bras de celui que son amour a choisi, elle sent qu’elle n’enviera rien à personne. C’est que son époux tant chéri, c’est là toute sa richesse, c’est là son luxe, son orgueil… orgueil sublime de la femme pauvre, dont toute la gloire est dans celui qu’elle aime !

Cependant l’heure du dîner s’approche, et la visite un peu longue des camarades de pension a peut-être nui au pot-au-feu abandonné depuis le matin à lui-même. Vite un coup d’oeil et un coup de main pour les derniers travaux de la cuisine ! Le maître va bientôt rentrer, il faut qu’il trouve tout en ordre, et que sa femme, libre de tout soin du ménage, soit alors entièrement à lui. Il faut qu’à peine il se doute que sa gracieuse compagne est aussi sa servante, triste idée qui gâterait pour lui les joies du retour et troublerait le bonheur de la réunion. Sa femme lui épargnera autant qu’elle le pourra l’aspect des travaux grossiers, des privations nombreuses qu’une position modeste impose à celle qu’il voudrait environner des prestiges de la gloire et des jouissances de la richesse. Cette pénible vérité glacerait  ses inspirations, empoisonnerait ses travaux et finirait trop brusquement ce rêve d’avenir, où, d’avance, il acquitte toutes les dettes que son coeur a contractées envers l’ange de son propre foyer.

Toujours est-il que, patiente et résignée, elle a interrompu plus d’une fois ses travaux de la journée pour aller ouvrir avec préoccupation le meuble qui contient toute la fortune du ménage. Elle a souvent tourné machinalement entre ses doigts quelques pièces restées au fond d’un tiroir, en se chicanant elle-même avec une sorte de remords sur les dépenses faites, et en se demandant avec crainte qui pourvoira aux exigences de l’avenir ! Elle a bien cherché dans son esprit quelle économie nouvelle elle pourrait encore inventer, quelle privation nouvelle elle pourrait encore supporter. N’a-t-elle pas supprimé à l’insu de son mari la femme de ménage qui, le mois dernier encore, venait la soulager des travaux les plus pénibles ? N’a-t-elle pas renoncé à nombre d’habitudes prises, à nombre de petites douceurs dont le bien-être lui était personnel ?… N’a-t-elle pas abandonné et la lecture, et le dessin, et la musique, doux passe-temps de sa vie de jeune fille, pour ne rien dérober aux travaux utiles de ces heures dont elle leur a fait l’abandon ? Que peut-elle faire de plus, elle pauvre femme, dont l’inépuisable industrie, dont l’imagination infatigable ne trouvent à s’exercer que sur l’emploi de rares et chétives finances, que sur les infimes économies de chaque jour ?

Pour ceux que la terre nourrit, le temps, en épuisant les provisions amassées par une sage prévoyance, ramène de nouveaux produits, et tandis que le laboureur, retenu chez lui par le froid, par la neige, qui contristent la campagne, voit baisser avec peine le blé qu’enserre sa grange, il se ranime à l’idée que, cachée sous la terre durcie, une nouvelle moisson se prépare pour lui.

Mais pour l’habitant des grandes villes qui voit s’épuiser les ressources du passé, sans que l’avenir lui offre aucune promesse, pour le malheureux citadin qui n’a devant lui que quelques pièces de monnaie au fond d’une bourse légère, qui n’a pour tout domaine que les murs inféconds d’un quatrième étage dont on viendra bientôt réclamer le lourd loyer, il y a des moments d’angoisse inexprimable, et chaque jour qui s’enfuit, en enlevant une parcelle de l’irretrouvable métal, semble un pas de fait vers l’horrible abîme de la misère et de la faim.

Personne ne comprend, ne ressent mieux ce supplice que la femme parisienne. Élevée dans une atmosphère d’élégance et de délicatesse, loin de l’air libre des champs et des travaux vivifiants de la campagne, elle a acquis en finesse de perceptions, en vivacité d’émotions, en délicatesse d’organes, tout ce qui lui manque en richesse de santé et en énergie musculaire. Sur cette organisation irritable et nerveuse, les chagrins ont plus de prise ; pour cet être faible et impressionnable les inquiétudes sont plus poignantes et les travaux plus accablants.

Pourtant une énergie sublime vient tout à coup en aide à la femme honnête et pure, qui souffre ainsi sous les yeux de Dieu seul, et lorsque le coup de sonnette attendu lui annonce le retour de son mari, elle court lui présenter un visage joyeux, plein de confiance et d’espoir.

Ce sont là ses moments de bonheur. Voici enfin celui au bien-être duquel elle a travaillé tout le jour, celui pour lequel elle trouve tous les sacrifices doux et faciles à remplir, celui sur la tête duquel reposent tant de rêves de gloire et d’avenir. Il y a bien encore au milieu des joies de la réunion quelques moments pénibles et qui réveillent dans le coeur de la pauvre femme tout un monde de chagrins oubliés ; soit que le mari se plaigne doucement de l’exiguité de son repas, soit qu’il trouve moins gai que de coutume le feu dans lequel une main prévoyante a ménagé le bois qui se fait rare au logis ! Mais il y a tant de foi dans l’avenir chez cet homme sûr de lui-même, il y a tant de nobles intentions, tant d’idées créatrices, tant d’amour stimulant au coeur, que sa douce et faible compagne se retrempe à ce feu sacré et puise de nouveau, près de celui qu’elle aime, la force et la confiance qui doivent alimenter son dévouement de chaque jour.

Aussi, combien la soirée sera douce ! Ira-t-on dans le monde où, déjà le mérite du mari et les grâces de la femme leur assurent un accueil flatteur ? Affrontera-t-on, à l’aide du manteau, des socques et de toutes les précautions bourgeoises employées en pareille circonstance, le froid, l’humidité d’une soirée d’hiver, si hostile pour la femme légèrement vêtue qui se rend à pied dans ces fêtes parfumées où les autres n’arrivent qu’en voiture ?…. ou, sans quitter les vêtements chauds de la saison, profitera-t-on de ces deux billets de spectacle donnés au mari, et qu’il a rapportés tout triomphant ?

menagere dans LITTERATURE FRANCAISEEh bien, non ! Il fait bon dans la chambre échauffée, le vent souffle au dehors froid et aigre, et il y a du bruit et de la boue dans rues… Ils sont si bien là tous les deux ! Ils ont tant de moyens d’employer agréablement cette soirée !… Et ce piano, sur lequel les doigts de la jeune femme s’exerçaient autrefois avec tant de succès, et ces livres nouveaux qu’ils veulent lire ensemble, et ce travail important qu’il a, lui, entrepris et d’où dépend peut-être tout son sort à venir, et l’ouvrage qu’elle n’a pas pu, elle, achever dans la journée !…

Ainsi se passe la soirée du ménage parisien. Assis au coin du feu devant la table qu’ils ont approchée, l’un écrivant, et s’interrompant plus d’une fois de son grand travail pour contempler à ses côtés cette chaste et suave figure qui resplendit aux reflets de la lampe, s’interrompant aussi pour lire ou pour communiquer à celle qu’il aime la pensée éclose sous l’inspiration qu’elle a fait naître ; l’autre cousant, simple ménagère, et laissant tomber, à l’appel de son époux, avec un doux regard, un bon conseil, une parole encourageante, un jugement judicieux et sain.

Et après ces travaux si doux, faits qu’ils sont en commun, la table est éloignée, les siéges se rapprochent, une main cherche une autre main. En regardant luire les derniers tisons qui achèvent de se consumer, on parle de l’avenir, on parle de ses espérances, de ses projets, on se console, on s’encourage, on rêve à deux les honneurs, la gloire et la fortune. On a des protecteurs, des amis, du talent !

Mais plus rien ne brûle dans l’âtre. Les charbons qui, tout à l’heure, faisaient briller leurs formes capricieuses, sont maintenant réduits en poussière ; les bruits lointains de la rue sont assoupis, et minuit sonne à la petite pendule en palissandre placée sur la cheminée.

« Il est tard ! dit le jeune homme.

– Il est tard ! » répète faiblement la jeune femme.

Au bout de quelques instants, les conversations ont cessé, la lampe n’éclaire plus la petite chambre bien close, et l’enivrement du bonheur, des illusions, des espérances règne seul dans ce modeste réduit.

Bientôt l’ange qui veille sur les amours bénis du ciel salue le doux sommeil des époux, en leur répétant ces bonnes et saintes paroles de la Bible : « La femme forte est la joie de son mari, elle lui fera passer en paix toutes les années de sa vie… Comme le soleil se levant dans le ciel, qui est le trône de Dieu, orne le monde, ainsi le visage d’une femme vertueuse est l’ornement de sa maison. »

Texte établi sur un exemplaire (BM Lisieux : 4866 ) du tome 3 des Francais peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du XIXe siècle publiée par L. Curmer  de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 

 

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, LITTERATURE FRANCAISE, Paris | Pas de Commentaire »

Tonnelier comme mon Père

Posté par francesca7 le 11 juillet 2013

Tonnelier comme mon Père dans ARTISANAT FRANCAIS 280px-tonneau_et_homme-140x300Le tonnelier est un artisan qui avec une grande précision est chargé de confectionner des fûts en bois. Tout le savoir-faire du tonnelier est réuni dans cet objet pratique et nécessaire. Son coup de main et son coup d’œil feront la bonne barrique qui permettra le vieillissement du vin, de la bière ou de l’alcool.

« Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c’est la grotte, le bateau, c’est le tronc d’arbre qui flotte, même la roue, c’est le soleil qui roule dans l’espace. Le récipient naturel, c’est l’amphore, le vase fabriqué à l’image d’une pierre creuse, en moulant l’argile humide, ou bien c’est l’outre que l’on trouve toute faite en creusant la peau d’un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l’imagination d’un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes. »

Mon Grand-père Josèph G. demeurant à Saliins les Bains était lui-même tonnelier. Mon père à ses côtés a lui aussi pu mettre un peu la main à la pâte, mais cela ne l’a finalement motivé car par la suite il est devenu facteur. Mais bon, cette approche lui a permis tout de même à savoir manier les outils car plus tard il s’y était remis rien que pour le plaisir….

Le tonneau est connu en Europe depuis plus de 2 000 ans, inventé par les Gaulois ; il servait à stocker des produits liquides (vin, bière, cidre, eau), mais également solides comme les grains, les salaisons et même les clous. D’abord appelé charpentier de tonneau, les maîtres tonneliers « tonloiers » ou « barilliers » étaient déjà réunis en corporation au ixe siècle. Au xiiie siècle, ils remirent leurs statuts pour approbation en même temps que 121 autres corps de métiers. En 1444, Charles VII de France confirma les statuts des tonneliers ou barilliers (les tonneliers charpentiers ou foudriers ont pour leur part été rattachés à la corporation des charpentiers dès le xe siècle). Il donne par la même occasion aux tonneliers barilliers le privilège de déchargeurs de vin : ils sont les seuls à avoir le droit de débarquer le vin qui arrive par bateau.

Au Moyen Âge, les rois avaient leurs propres tonneliers, chargés d’entretenir les barils et les muids. Ils faisaient aussi fonction d’échanson (fonction historiquement avérée du règne deCharlemagne à celui de saint Louis).

Les maîtres brasseurs, alors organisés en corporation avaient également le métier de tonnelier pendant le saison chaude, durant laquelle le brassage était interdit.

Les fabrications des tonneliers étaient nombreuses : baquets, bailles, baignoires, barattes, barils, barillets, cuveaux, seaux, seillons, hottes et bien sur tonneaux. Le tonnelier de village était pratiquement le seul à fabriquer des tonneaux ou à réparer les vieux fûts des vignerons. Il était payé à la pièce.

La barrique a été inventée par les Celtes et adoptée par les Romains comme l’attestent des bas-reliefs de scènes de hâlage avec les tonneaux bien visibles sur les embarcations datant du ier siècle av. J.-C. Et depuis plus de 2 000 ans, les tonneaux ont servi de contenant à diverses denrées.

Actuellement, le tonneau est principalement utilisé pour les vins et les alcools « vieillis en futs de chêne ».

Bien qu’aucune machine n’ait pu remplacer complètement l’homme dans la fabrication des barriques, il reste aujourd’hui une centaine d’entreprises de tonnellerie en France, ce qui représente environ 400 tonneliers et 500 000 tonneaux. Ces entreprises sont aujourd’hui florissantes, exportent dans le monde entier 80 % de leur fabrication, et certaines sont même cotées en Bourse, ce qui en fait un des métiers les plus dynamiques de l’industrie du bois.

D’immenses tonnelleries mécanisées existent aux USA pour la fabrication des fûts à whisky. Il existe des tonnelleries au Portugal, en Espagne, en Italie, en Irlande, en Suisse, en Autriche, en Hongrie, et dans la plupart des régions vinicoles traditionnelles.

Le tonnelier utilise le plus fréquemment du chêne pour la fabrication d’un tonneau. Le bois est d’abord préparé par un merrandier en douelles, qui seront assemblées, chauffées et resserrées à l’aide de cercles en fer. Sont ensuite insérées les pièces de fond, puis le trou de bonde et de broquereau percés.

 Il faut savoir que la diffusion du tonneau s’est faite tout au long du Moyen Âge, du nord au sud de l’Europe, par le biais des rivières, des fleuves, des mers et des océans, des ports, des routes, des foires, des marchés régionaux ou internationaux (Foires de Champagne). Il accompagne l’essor des premières grandes villes marchandes italiennes, flamandes, allemandes (La Hanse), anglaises (Bristol) ou françaises (La Rochelle, Bordeaux, Nantes), puis se diffuse à d’autres continents, surtout à partir des Grandes découvertes et de l’accélération de la mondialisation, des conquêtes et du commerce transatlantique.

Vers 1650, ce récipient fut associé à une expérience célèbre : le crève tonneau. Il permit d’écrire le Principe de Pascal.

ton dans ARTISANAT FRANCAISHéritée des anciennes mesures médiévales, une grande disparité jointe à un chevauchement des volumes sous des dénominations différentes ne fut pas abolie sous la Révolution. Elle perdura jusqu’au milieu du xixe siècle. Les négociants en vin de Paris, par l’intermédiaire de leur hebdomadaire, nouvellement créé, Le Journal de Bercy et de l’Entrepôt. Le Moniteur Vinicole, lancèrent une pétition à l’adresse de Napoléon III, qui fut publiée le 6 octobre 1856. Au nom des principaux propriétaires et négociants de France, ils demandaient à l’empereur « l’unité des mesures de jaugeage des vins » et l’application du système métrique sur les contenants dont les volumes variaient« d’une contrée viticole à l’autre et souvent dans un même département ». Les pétitionnaires expliquaient qu’ils s’estimaient frustrés, chaque année, d’environ 1 000 000 d’hectolitres et demandaient instamment l’application des textes de lois de 1793, 1812 et 1837.

Durant la Première Guerre mondiale, dès octobre 1914, l’Intendance afin d’améliorer la vie des poilus dans les tranchées ajouta une ration de vin à l’ordinaire des troupes. Tout soldat reçut quotidiennement un quart de vin. Cette ration fut reconnue insuffisante et doublée par le Parlement, en janvier 1916. Ce demi-litre fut augmenté à partir de janvier 1918, et la ration passa à trois quarts de litre par jour. C’est dire l’importance considérable que prit le tonneau pour le transport du vin jusqu’au front.

Or « si le vin ne manque pas, en revanche les tonneaux manquent au vin. Depuis le début des hostilités, la tonnellerie ne fabrique plus, et par contre les besoins qu’elle doit satisfaire ont sans cesse grandi… Si tous revenaient à leur point de départ ! Beaucoup, hélas! une fois vides, s’égarent sur la route du retour ; beaucoup d’autres reviennent, glorieux blessés de guerre, aux douves cassées, brisques coûteuses… Des remèdes ont été cherchés : faute de bois de chêne, on a eu recours au bois du châtaignier dont l’usure sera plus rapide. Malgré tous ces palliatifs, l’Intendance pousse un cri d’alarme: « Si vous voulez du vin, ménagez les tonneaux », clame-t-elle désespérément ».

Pourquoi utiliser un tonneau en bois ? D’abord pour faciliter le transport d’un liquide, mais aussi et surtout aujourd’hui pour donner du goût à une boisson. Le bois du tonneau apporte au bout de quelques mois des tannins aux liquides (vins rouges, spiritueux) qu’il contient, mais aussi des arômes secondaires (vanille, noix de coco, noisette, beurre…) donnant souvent à une boisson plus de complexité et de garde (5 à 10 ans de garde selon les appellations, les cépages…). Cette caractéristique est utilisée aussi pour fabriquer en Italie le célèbre vinaigre balsamique. Cette technique de vieillissement peut être remplacée selon les législations régionales ou nationales dans certains procédés de vinification par l’ajout de copeaux de chêne dans le moût stocké en cuve inox ; le producteur ou le négociant n’a pas le droit alors de mentionner sur l’étiquette que son vin a vieilli en fût de chêne. Cette technique permet surtout une oxygénation contrôlée, mesurable, son utilisation entraînant une évaporation des liquides plus connue sous le nom de part des anges, le tonneau n’étant pas complètement étanche. On recommande le vieillissement en fûts de nombreux vins rouges (Pauillac ou Chianti Classico par exemple) ou blancs (Bourgogne ou Chardonnay américain par exemple), de certains vins mutés ou spiritueux connus mondialement (cherrys, whiskeys, cognacs, armagnac, rhums, calvados) et de certaines bières (lambic, kriek, faro, bière rouge).

Jusqu’au milieu du xxe siècle, les tonneaux étaient le mode de colisage le plus pratique pour le transport ou de stockage, bien que n’étant pas le plus économique. Toutes sortes de produits en vrac, des clous aux pièces d’or, y étaient stockés. Les sacs et les caisses étaient meilleur marché, mais ils n’étaient pas aussi robustes et ils étaient plus difficiles à manipuler à poids égal. En effet, un tonneau roule évidemment très bien comme un cylindre, mais s’il est debout, tout manœuvre adroit réussit à le déplacer sans effort en le roulant incliné, en équilibre sur son arête. Ainsi, des concours d’adresse se déroulaient autrefois aux halles où les livreurs devaient courir avec un tonneau. Les tonneaux perdirent peu à peu leur importance au cours du xxe siècle, en raison de l’apparition de la palettisation et de la conteneurisation de la chaîne logistique.

tÀ la fin du xxe siècle, de tonneaux en tôle d’acier sont toujours utilisés pour le stockage et le transport de nombreux liquides, tels que l’huile, le pétrole et lesdéchets dangereux. La bière sous pression pour les bars est toujours livrée en tonneaux métalliques, soit en aluminium soudé (deux parties embouties ou en métal repoussé), soit en trois parties serties à la façon de certaines boîtes de conserve.

De nos jours, l’entonnage s’est maintenu dans le vocabulaire vinicole, il concerne l’action de remplir un fut de vin, mais peut également être étendu à celui des cuves, ou des camions-citernes et de leurs remorques.

 

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Du changement à la ferme

Posté par francesca7 le 11 juillet 2013

 

Exaspération (L’) du monde paysan
face à une politique agricole
inique faite de subventions

(D’après « La Terre de Bourgogne », n° des 19 janvier et 21 février 1924)

 Du changement à la ferme dans ARTISANAT FRANCAIS ferme

En 1924, dénonçant une politique agricole se résumant en l’octroi de subventions plutôt qu’en la mise en place d’un dispositif permettant aumonde de l’agriculture de percevoir la juste rémunération de son labeur, un chroniqueur de La Terre de Bourgogne s’interroge sur une « hérésie économique qui place le paysan en dehors de l’économie générale du pays », et estime qu’à force de sacrifier éternellement celui-ci, nous ne verrons plus « que volets clos et masures en ruines » dans nos villages

Certes, nous aurions mauvaise grâce nous plaindre car nous avons nous autres, paysans, depuis longtemps déjà les honneurs de la presse et même de la tribune ! lance-t-il. Aussi pour nos étrennes n’avons nous pas été oubliés et l’année 1924 s’ouvre sous d’heureux auspices. Nous réclamions les Chambres d’Agriculture nous en sommes gratifiés ! Nous réclamions la protection de nos blés pour nous permettre une juste rémunération de notre labeur, on parle… de la suppression des droits de douane !

 Comme cadeaux de Nouvel An, ceux-ci sont d’importance et nous serions vraiment insatiables si nous n’étions pas satisfaits ! Que sont-elles ces Chambres d’Agriculture constituées selon la nouvelle loi ? Malgré les paroles de consolation de notre dévoué sénateur le Dr Chauveau et de notre distingué Directeur des Services Vétérinaires, je reste sceptique si les résultats que peuvent donner ce nouvel engin « d’administropoliticulture » qui vient de nous être lancé pour nous clore le bec ! « Acceptez cette modeste offrande ! C’est peu de chose, mais c’est mieux que rien et sans aucun doute la gent agricole avec ses qualités foncières d’ordre, de travail, de soumission, s’en contentera ! » Encaisse, paysan !

Le commerce, l’industrie ont leur chambres libres et indépendantes, mais toi « petit enfant » de la société tu incapable de te conduire seul. Tu as besoin de tuteurs ; ces tuteurs nous te les offrons : ici le politicien… Là le fonctionnaire… ! Je ne médis ni de l’un ni de l’autre, mais chacun à sa place et… Tu veux pouvoir prélever des centimes additionnels pour établir ton budget. Un budget ? Mais tu n’en as pas besoin, tu donneras ton avis, tu émettras des voeux et si tu es bien sage tu auras des subventions. Si le ministre de l’Agriculture s’était souvenu des paroles du député Vincent au banquet de Châtillon : « Ne craignez pas, M. le ministre, les organisations paysannes, libres et indépendantes, mais prenez leur avis, c’est celui du bon sens. S’il s’était souvenu de l’émotion que avait produite le vibrant appel de M. Desliens demandant pour le paysan une place au soleil… Peut-être n’aurait-il pas soutenu avec tant d’âpreté le projet qui voulait des Chambres sous la férule de l’Etat !

Pourquoi donc en France, nos parlementaires ont-ils coutume, comme le disait si justement M. Roux au dernier Congrès, de mettre au monde des monstres avec l’idée qu’il est toujours possible de les retoucher ? Pourquoi ne pas créer, de suite des êtres viables et sains ? Ce sont sans doute des secrets de la politique… et je n’y entends rien. Mais ce que je sais c’est que les Chambres d’Agriculture conçues dans le sens de la loi, ne donneront pas plus de résultats que les Comités de retour à la terre, parce que ni l’un ni l’autre n’ont de moyens d’action. Emettre des voeux n’est rien, les réaliser c’est tout. Pas de moyens pas de fin ! Cependant la cause n’est pas perdue, écoutez les appels de ceux qui ont entrepris l’ingrate tâche de défendre vos intérêts. Groupez-vous dans vos syndicats, rendez-les libres et indépendants. Venez à la Fédération qui ayant le nombre aura la force. Venez à la Coopération pour vos ventes, votre intérêt matériel en profitera et votre intérêt moral plus encore. Unis, vous prendrez un rang parmi les puissants et la justice changera d’arme.

« Pour le paysan : huit jours de prison, trois mille francs d’amende pour avoir augmenté le prix du lait de deux sous ». Pour les sucriers : non lieu. Parmi les faits reconnus exacts par l’enquête judiciaire, on a démontré que pendant que le cours du sucre était de 305 francs (raffiné à l’usine) la Société Say, par exemple, le vendait à 525 fr. 85 les 100 kg. Et ce sucre provenait de betteraves à 122 fr. 65 la tonne. « Licite » le bénéfice de plus de 200 francs par quintal. Jugez. Paysans, tant que vous resterez prostrés dans votre stérile individualisme vous serez les sacrifiés de la société.

Quelques semaines plus tard, le même chroniqueur abordait la question de l’abaissement des droits de douane. « Non, on n’osera pas ! » me disait récemment encore un agriculteur de mes amis. Je souriais, sceptique pensant en moi-même : envers nous, que n’oserait-on pas ? Les événements me donnent malheureusement raison. Après avoir essayé d’avilir le cours du blé, par des statistiques fantaisistes, notre ministre vient, malgré ses ronflants discours et ses grandes promesses, de déclencher contre les producteurs de blé une attaque brusquée. Je dis I car à la date où M. Chéron lança à la Commission ministérielle l’annonce de la miraculeuse récolte, la moisson en France n’était pas terminée.

Le 23 août, les battages sont à peine commencés ! Sur quelles données solides peut-on baser à cette époque une statistique ? L’exactitude de ma remarque est d’ailleurs confirmée par la comparaison avec les années précédentes, les statistiques de récolte n’ayant jamais été publiées avant fin septembre. Ce « croc en jambe » fut déjoué par les coopératives de vente et les syndicats qui, recommandant à leurs membres le calme, et la mise sur le marché de leur récolte par petit lot, empêcheront la spéculation d’agir et de réaliser ainsi aux dépens des producteurs et des consommateurs d’énormes bénéfices. Cette manœuvre ministérielle n’ayant pas donné de résultats, sinon de permettre à certains d’acheter du blé à 76 francs pour le vendre 100 francs ! Bénéfice licite ? Il faut tenter le grand coup. Il faut abandonner la protection du paysan français !

Mauvais remède qui fera empirer le mal ! Mais il faut l’avaler. Un décret du 7 janvier réduit de 4 à 7 francs le droit de douane sur les blés. Mes prévisions se réalisent, le blé ne baisse pas ! Paysans pas d’affolement ! Comme le dit « Liber » L’épi n’a pas sauvé le franc mais le franc sauvera peut-être l’épi. Des discours ! des promesses ! nous en sommes comblés. Les actes, eux, sont contraires aux promesses et ce qui est plus grave, contraires aux intérêts de l’agriculture, contraires aux intérêts de la France. Oui ! je le crie bien haut en sacrifiant éternellement les intérêts des paysans, vous ferez que demain, les campagnes seront un vaste désert ! Vous ferez, qu’en parcourant nos petits villages, temples sacrés de la famille française, vous ne verrez plus que volets clos et masures en ruines ; à moins que l’immigration grandissante n’en fasse une terre étrangère !

Tout se lasse… même la patience du paysan. Tout casse même son courage et il s’enfuit vers la ville où il sait trouver une vie meilleure et plus facile. Qui oserait l’en blâmer ? Il est injuste de ne prendre que le prix du pain comme étalon du prix de la vie, comme le faisait remarquer M. Roux dans un précédent article, la dépense du pain n’entre que pour une part minime dans les dépenses journalières du ménage. De plus, si l’on compare le rapport du prix du kilo de pain à celui de l’heure de travail, nous constatons avec plaisir d’ailleurs que ce rapport s’est élargi. En 1914 l’ouvrier gagnait par journée de 10 heures de travail 14 kg. 3 de pain. En 1924 l’ouvrier gagne par journée de 8 heures de travail 16 kg. 6 de pain.

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Il n’y a donc pas à prétendre que le prix du pain est prohibitif et que le paysan en est la cause. La cause elle est dans votre gaspillage ! Gent de l’assiette au beurre ! Comprimez vos dépenses ! Supprimez les fonctionnaires inutiles ! Surveillez les louches financiers qui rôdent autour de vous pour épier l’occasion de réaliser une fortune sur le malheur de la France ! Et protégez l’agriculture ! Nous serions les premiers à nous réjouir de l’abaissement des droits de douane sur le blé si les droits sur les autres matières importées baissaient dans les mêmes proportions, mais il n’en est rien !

Pourquoi continuer à croire à cette hérésie économique qui place le paysan en dehors de l’économie générale du pays ? Pourquoi toujours oublier que pour faire sortir du sol de France ces superbes blés d’or il faut que le paysan fasse appel aux produits d’importation machines et engrais, pourquoi oublier qu’il paye une main-d’œuvre susceptible de donner un demi-rendement 4 à 5 fois plus cher ?

Pour le chroniqueur de La Terre de Bourgogne, la raison de cette soi-disant vie chère ou plutôt de la diminution de la valeur réelle du moyen d’échange crève les yeux. Qui a remplacé le million de gros paysans tombés glorieusement sur les champs de bataille ? Personne ! Où sont partis tous nos jeunes gens qui ont quitté la terre ? Où partiront demain les quelques rares qui y restent si l’injustice qui frappe la classe paysanne continue ? A la ville ! Nos cités regorgent de monde. Pour permettre à cette masse de travailleurs de ne pas connaître les horreurs du chômage, il faut que nos industries marchent et pour cela il faut importer 14 milliards de matières premières.

Il faut de plus, éviter à tout prix la surproduction, d’où la nécessité de la journée de 8 heures. Il faut enfin, que le travail soit grassement rémunéré afin de permettre l’achat des denrées de première nécessité, malgré les hauts prix demandés par les trop nombreux intermédiaires. La France meurt de son déséquilibre entre sa population rurale et sa population urbaine.

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