La débâcle sur la frontière du Rhin
Posté par francesca7 le 6 juillet 2013
: invasions et usurpations
Le 31 décembre 406, plusieurs tribus barbares traversèrent le Rhin dans les environs de Mogontiacum (aujourd’hui Mayence) soit qu’elles fuyaient devant les Huns, soit qu’elles cherchaient des vivres. Les trois principaux groupes étaient les Vandales, les Suèves et les Alains. Les Vandales pour leur part étaient divisés en deux groupes, les Hasdings et les Silings. Ils étaient établis vers l’an 400 dans le sud de ce qui est aujourd’hui la Pologne et la Tchéquie, quoiqu’une partie d’entre eux ait été fixée par l’empereur Constantin en Pannonie. Pendant l’hiver 401/402, ils attaquèrent par surprise la province romaine de Rhétie. Une partie d’entre eux se joignirent à l’expédition de Radagaise mentionnée plus haut. Il est plus difficile de déterminer l’origine des Suèves. Si ce nom apparaît dans les sources du début de l’empire, il disparaît entre 150 et 400. On désignait probablement ainsi certains groupes marcomans et quades qui avaient fait partie de l’ancienne confédération suève et qui s’étaient établis, comme les Vandales, dans la région du moyen Danube, à l’ouest des Carpates. Les Alains iraniens avaient été chassés de leurs territoires traditionnels par les Huns. Une partie d’entre eux s’était jointe en 405/406 aux forces de Radagaise pour se mêler par la suite aux Vandales. Les Suèves finirent par les rejoindre et, de concert, ils s’enfoncèrent à l’intérieur de la Gaule. Les Francs fédérés, établis sur ces territoires depuis le milieu du ive siècle tentèrent sans succès d’arrêter les assaillants. Malheureusement, les sources ne nous permettent pas de suivre chacune des invasions dans tous les détails. Selon toute apparence, les envahisseurs se dirigèrent d’abord vers l’ouest et le nord de la Gaule avant de faire demi-tour et de se diriger vers le sud et le sud-ouest. Les sources indiquent clairement les ravages que firent cette invasion sans que les quelques troupes romaines stationnées sur le Rhin puissent véritablement s’y opposer. Toutefois, quelques années plus tard, la défense du Rhin fut, pour quelque temps du moins, renforcée. Le district militaire de Mayence fut possiblement rétabli suite à l’invasion de 406/407.

Le passage du Rhin de 406/407, comparable à la rupture d’une digue, était prévisible depuis quelque temps déjà. C’est ainsi que vers 400, le siège de la préfecture des Gaules, qui avec la préfecture de l’Italie constituait l’autorité administrative la plus au nord de l’empire occidental, avait été transféré de Trèves à Arles. Le succès des envahisseurs avait profité des combats décrits plus haut entre Stilicon d’une part, Radagaise et les Goths d’autre part, de telle sorte que la Gaule se trouvait pratiquement vide de troupes. C’est probablement ce qui explique les tentatives de Stilicon pour gagner les Goths d’Alaric et, avec leur aide, de rétablir l’ordre. La mort du général en 408 avait mis fin à ces plans. L’usurpateur Constantin III, le dernier d’une longue liste d’usurpateurs venant de Bretagne était passé avec le reste des troupes britanniques en Gaule et y avait établi sa propre autorité. En même temps, le départ des troupes romaines de l’ile laissait présager à court terme la perte de la Bretagne. Les Pictes et diverses tribus irlandaises s’établirent dans la province romaine qui acquit de facto un statut d’autonomie. Ce sur quoi on appela les Saxons à l’aide en 440, ce qui résulta en une mainmise germanique même si de petits royaumes romains-britanniques purent subsister pendant longtemps dans le Pays de Galle et le sud-ouest de l’Angleterre.
Proclamé empereur par ses troupes en 407, Constantin III parvint à conclure des ententes avec certaines tribus germaniques de Gaule, calmant ainsi l’agitation qui y régnait tout en augmentant ses propres forces. Après avoir établi sa résidence à Arles dans le sud de la Gaule, il étendit son autorité sur l’Hispanie. Fin 409, il ne put cependant arrêter l’invasion des Vandales, des Alains et des Suèves, qui s’installèrent en Espagne. Il fut toutefois défait par le général Constantius (futur Constance III) et exécuté en novembre 411. En dépit de cette défaite l’agitation reprit de plus belle en Gaule lorsque l’aristocratie gauloise proclama empereur l’un des siens, Jovin, avec l’aide des Alains commandés par Goar et des Burgondes qui avançaient sur le Rhin pour créer bientôt leur propre royaume.
L’empereur Honorius semblait avoir perdu tout contrôle sur la Gaule. Un nouvel usurpateur, Maxime, se leva en Hispanie dont le règne fut de courte durée. Maintenant conduits par Athaulf, successeur d’Alaric, les Goths s’étaient retirés de Rome et s’étaient rassemblés autour de Jovin. Tout comme cela avait été le cas pour un autre usurpateur, Attale, cette alliance ne devait guère durer et Athaulf laissa rapidement tomber Jovin. Athaulf épousa en 414 à Narbonne la sœur d’Honorius, Galla Placidia, tombée aux mains des Goths lors du sac de Rome; l’année suivante toutefois, Athaulf devait périr, assassiné. L’épisode vaut toutefois d’être cité, car Athaulf, sous la direction duquel les Goths se transformèrent en une sorte d’armée nomade à cheval, aurait déclaré pendant les cérémonies qu’il désirait remplacer la Romania par une Gothia. Que l’anecdote soit vraie ou fausse, elle montre que les Goths désiraient s’établir de façon permanente sur un territoire reconnu comme leur par Rome. C’est aussi ce qui explique pourquoi Athaulf désirait fortement s’allier par mariage à la dynastie théodosienne, chose qui lui était difficile en tant que Goth et chrétien professant l’arianisme.







































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