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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Au lavoir en ce temps-là

Posté par francesca7 le 26 juin 2013


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 Au lavoir en ce temps-là dans LAVOIRS DE FRANCE lavoir

Octave Uzanne, dans Parisiennes de ce temps, ouvrage paru en 1900, parle de la dure vie des femmes de lavoir, « située au plus bas degré de la corporation. (…) Le lavoir où elle se casse les reins, ployée en deux, à rincer à grands coups de chien, à taper à larges coups de battoir le linge étuvé, est un vaste hangar, ouvert à tous les vents, où en toute saison elle vit, les bras plongés dans l’eau, suant et grelottant à la fois, tant elle met d’action à tremper, couler, savonner, frotter, essorer, sécher et plier la marchandise ».

C’était un métier de maîtresses femmes, de femmes fortes, courageuses et costaudes. C’était un métier de « fortes en gueule ». Elles avaient même la réputation d’être de sacrées buveuses, si l’on en croit Octave Uzanne : « La femme de lavoir ne supporterait pas cette existence enragée si elle ne buvait ; l’alcool la brûle et la soutient. C’est une pocharde terrible, et elle ne sort guère d’un état de demi-ébriété furibonde. » Uzanne poursuit son étude de moeurs et reconnaît en elles des dames plutôt dévergondées, ce qui n’était pas sans déplaire aux hommes. Elles battaient la mesure à grands coups de battoir. Les langues y étaient aussi agiles que les bras qui lavaient. Elles maniaient le cancan aussi sûrement que la brosse. Et, les crêpages de chignon n’étaient pas rares. Témoin la scène racontée par Zola, cette bagarre mémorable entre une Gervaise offusquée et une dénommée Virginie, jolie fille impudente, dont la soeur venait de conquérir Lantier, l’amant de Gervaise. Commencée à coups de seau d’eau, l’échauffourée se termina par une retentissante fessée administrée par Gervaise sur le derrière rebondissant de Virginie.

Au lavoir, il y avait toujours cinq à six femmes en besogne. Chacune d’elles apportait son lot de linge sur sa brouette. Le volume variait selon les familles, le nombre d’enfants, la profession ; il doublait chez les commerçants de bouche pendant la période des fêtes. Les clients fournissaient le bois de chauffage nécessaire à leur lessive. En plus des deux chaudières, le lavoir était équipé de plusieurs selles et de tréteaux servant à l’égouttage. 

Au printemps durant la tondaison des moutons, on y dessuintait également les toisons. Les lavandières étaient payées à l’heure; seules quelques-unes, habitant au loin, restaient à déjeuner sur place. Les soirs d’hiver, elles ne rentraient qu’aux lampes allumées. Les gens qui soupaient derrière leurs volets clos, bien au chaud, entendaient piauler les brouettes dans la nuit. Les lavages ne s’interrompaient qu’à la saison des grands gels, quand les glaces frangeaient lesberges [de la rivière] et que l’onglée des doigts violacés s’aggravait en engelures crevassées. [...] 

Les femmes s’affairaient debout, la brosse à la main, piétinant des journées entières à côté de leur selle. Ailleurs, elles s’agenouillaient coude à coude derrière les larges planches du rebord qui s’enfonçaient dans la rivière, à l’oblique,pour frotter le linge dessus et le taper au battoir; autre part enfin, elles se prosternaient dans un « cabasson » garni de paille, sorte de caisse pourvue, sur le devant d’une tablette rainurée.

Parfois, plouf !’ L’une d’elles déséquilibrait son agenouilloir en tentant de rattraper un drap entraîné au fil de la rivière, et, la tête soudain plus lourde que le popotin, chavirait dans le courant. Vite on repêchait le cabasson, le linge et la pauvrette qui n’avait plus qu’à courir chez elle, les nippes dégoulinantes, pour s’y revêtir de sec.

    reproduction (texte & document), d’un passage publié sur le site  L’histoire-en-questions 

lave dans LAVOIRS DE FRANCE

**14 janvier 1909 – Ce jour là, le journal hebdomadaire « les Faits-Divers Illustrés » relate un fait divers qui n’est pas sans rappeler la bagarre qui opposa Gervaise à une sa rivale dans le roman de Zola « L’Assommoir ». 

« Un drame, causé par l’ivresse, a eu pour théâtre le lavoir Balcan, situé au numéro 11 de la rue Labat, au fond de Montmartre, près de la rue Custine et de la rue De Clignancourt. Ce lavoir, dont on parla beaucoup naguère parce qu’il fut détruit par un incendie, est dirigé par M. Georges Balcan qui a son domicile 83 boulevard Barbès. 

M. Balcan était occupé à divers travaux dans son lavoir, lorsque le nommé J. Raibaut, âgé de cinquante-un ans, qui gère une cantine dans l’immeuble même où est situé le lavoir, voulut pénétrer dans l’endroit où sont occupées les laveuses. 
Mais en raison de son état d’ébriété, M. Balcan lui donna l’ordre de se retirer. Furieux, le cantinier fit semblant de s’en aller ; en réalité, il rentra dans sa cantine où il prit un énorme couteau de cuisine et, se précipita sur M. Balcan, le frappa d’un violent coup de son arme. 

Le propriétaire du lavoir poussa un cri terrible et tomba sur le sol, inanimé, atteint d’une profonde blessure à l’omoplate droite. 

Les laveuses et plusieurs voisins se précipitèrent sur le meurtrier et l’accablèrent de coups. Les laveuses surtout, se servant de leurs battoirs, mirent le cantinier en facheux état, sa figure ne formait plus qu’une plaie. 
Les inspecteurs de police, Cousseau et Hietrich, avec les agents Berson et Marc Aubert, empëchèrent la foule d’écharper complètement le meurtrier et le conduisirent au commissariat de M. Dumas. 

Pendant ce temps, M. Balcan reçevait des soins dans une pharmacie voisine, son état est grave. Le docteur Moison, médecin légiste, a été chargé de dresser un rapport. 

Quant au meurtrier, interrogé par le distingué commissaire de police de la rue Lambert, il répondit simplement qu’il ne s’expliquait pas de son attentat, n’ayant rien contre M. Balcan. Il a été envoyé au dépôt toujours ivre. » 

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Les Confitures de l’époque

Posté par francesca7 le 24 juin 2013

 

 

Confitures : une denrée de luxe
devenue populaire en quelques siècles

(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1920)

 

 Les Confitures de l'époque dans ARTISANAT FRANCAIS confiture

La confiture, qui est aujourd’hui le dessert populaire par excellence, écrit en 1920 le chroniqueur Ernest Laut, était autrefois un mets de luxe, le sucre étant cher : on n’en mangeait pas une once par an, car on eût considéré comme pure folie d’employer cette denrée précieuse à la conservation des fruits qui n’avaient aucune valeur marchande.

Si dans les pays de vignobles on mangeait du raisiné, si dans les villes on pouvait trouver, chez le confiseur et à des prix abordables, quelques confiseries au miel, les pâtes de fruits au sucre de canne étaient coûteuses. Rabelais, en son quatrième livre de Pantagruel, qui fut écrit vers 1550, parle des confitures.

C’est apparemment le premier de nos grands auteurs qui leur fasse cet honneur. Pantagruel, visitant l’île des Papimanes, et devisant de bonne chère, déclare que l’abondance des « confitures » sur une bonne table lui apparaît comme le complément indispensable d’un repas « resjouy ».

Et si l’hygiéniste averti qu’est Rabelais fait dire à son héros que les fruits cuits « en casserons, par quartiers, avec un peu de vin et de sucre, sont viande très salubre, tant ès malades comme ès sains ». Malheureusement, à l’époque où écrit Rabelais, cette « viande très salubre » n’est pas à la portée de toutes les bourses. Pantagruel est un grand seigneur bon vivant qui peut souffrir les plus coûteuses fantaisies ; mais les bourgeois, même aisés, ne mangent de fruits confits au sucre que dans les grandes occasions. Le saccharumne se vend que chez l’apothicaire ; c’est assez dire qu’il se vend très cher. Ce n’est pas un aliment ; ce n’est pas même un condiment ; c’est un médicament.

Cent ans après Rabelais, le sucre commença seulement à entrer dans l’alimentation ; mais il demeura très coûteux, attendu qu’il fallait le faire venir des Indes occidentales. Et la confiture ne devint un mets bourgeois et familial qu’au début du XIXe siècle, après que benjamin Delessert eut trouvé, avec l’encouragement de l’empereur, l’art d’extraire le sucre de la betterave.

Cependant, si nos lointains aïeux n’avaient pas le sucre, ils savaient tirer parti du miel et le mélanger agréablement aux fruits. La Provence, notamment, avait gardé la recette des confitures au miel que les Romains lui avaient enseignée naguère. Elle appliqua cette recette à la confiserie des prunes de Damas que les seigneurs croisés rapportèrent dans le Midi au XIIIesiècle ; et ce fut, au dire des chroniqueurs, la plus délicieuse friandise qui se pût imaginer. Aix et Apt étaient alors, en ce pays, les deux villes les plus renommés pour leurs confitures.

On sait qu’en ce temps-là, lorsque quelque dignitaire ou quelque prince entrait dans une ville, il était d’usage que la Magistrat vînt en corps l’accueillir aux portes et lui offrir les produits les plus renommés de la cité. Quand le roi allait à Reims, les échevins le recevaient en disant : « Sire, voici nos vins, nos pains d’épice au miel et nos poires de rousselet. » Quand il allait à Aix, les capitouls lui disaient : « Sire, nous vous offrons nos cœurs et nos confitures. »

Les papes d’alors, qui étaient de fins gourmets, avaient à leur service toutes sortes d’écuyers de bouche spécialisés dans la fabrication des plats, des condiments et des friandises. Le moutardier du pape n’est point un personnage de légende, non plus que « l’écuyer en confitures ». En 1403, pendant le schisme d’Avignon, c’était un confiseur d’Apt, nommé Batarelly, qui remplissait à la cour papale ce rôle.

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A Paris, dès le XVe siècle, les confitures tenaient une place importante dans les menus de la table royale. Nos aïeux, gros mangeurs de venaison et de pâtés, mangeaient, par contre, fort peu de légumes. Il est vrai de dire qu’ils ne connaissaient guère que le chou. Pour combattre l’échauffement qui résultait fatalement d’une consommation excessive de viande, de volaille et de gibier, ils n’avaient que les fruits.

Dans tous les repas d’apparat, on passait des marmelades et des confitures à la fin de chaque service. Ces confitures et ces marmelades, avec les pâtisseries diverses, composaient ce qu’on appelait ledormant, c’est-à-dire les plats qu’on mettait sur la table dès le début du repas et qui garnissaient le surtout. Ainsi, les convives avaient tout loisir de les contempler longuement et de s’en repaître la vue avec de les déguster.

Paris avait même des confiseurs en renom qui tenaient boutique et chez lesquels on allait savourer gâteaux et confitures. Parmi les vieilles rues parisiennes dont le nom ne dit rien à notre souvenir, il en est une qui consacre la mémoire d’un de ces confituriers en renom : c’est la rue Tiquetonne. Au temps du roi Charles V, en cette rue voisine de l’Hôtel de Bourgogne, rendez-vous de tous les beaux seigneurs et de toutes les gentes damoiselles, maître Roger de Quiquetonne, pâtissier-confiseur, avait sa boutique.

La compagnie la plus illustre et la plus galante y venait chaque jour déguster les produits de son art, lesquels, à ce que dit la chronique, étaient si parfaits, que le roi, voulant faire au pape et au connétable Duguesclin quelques présents savoureux, chargea maître de Quiquetonne de leur expédier un choix de ses meilleures confitures. La notoriété du confiturier devint telle, après qu’il eût reçu ce témoignage flatteur de la confiture royale, que la rue qu’il habitait prit son nom. Elle l’a gardée depuis lors, avec, toutefois, une légère altération qui transforma Quiquetonne en Tiquetonne.

Si l’on en juge par les menus qui nous sont parvenus des festins du temps passé, l’art des confituriers d’alors ne devait pas manquer de ressources. Taillevent, maître-queux de Charles VI, ne servit-il pas un jour à son maître tout un repas composé uniquement de gelées et de pâtes de fruits ? Ce cuisinier fameux faisait même entrer les fruits dans les sauces. Parmi les dix-sept sauces qui constituaient le fonds de la cuisine royale et dont il nous a laissé la liste dans sonViandier, figure une sauce aux mûres.

A Bar-le-Duc, à Apt, dans toutes les villes célèbres par la fabrication des confitures, on exploitait les recettes les plus variées. Cette dernière ville, au XVIIe siècle, était, suivant l’expression de Mme de Sévigné, « un vrai chaudron à confitures ». A Paris, les dames soucieuses d’avoir une bonne table, faisaient confectionner des confitures chez elles. Celles de Mme de Sablé étaient fort renommées. Louis XIV, que sa complexion et son alimentation prédisposaient aux inflammations d’intestin, consommait, de par l’ordre de la Faculté, force compotes, marmelades et pâtes de fruits. Toute la cour l’imitait. Les confitures n’eurent jamais plus de succès qu’en ce temps-là.

Elles prospérèrent plus encore du jour où nos colonies commencèrent à produire la canne à sucre. Mais elles demeuraient toujours d’un prix assez élevé et n’apparaissaient guère que sur la table des riches. Elles ne devaient se démocratiser qu’avec l’emploi de la betterave dans la fabrication du sucre. A partir du XIXe siècle, la confiture devint le dessert familial par excellence, à tous les foyers, celui du pauvre comme du riche. Symbole de la tranquillité des parents et de la joie des enfants, la tartine de confitures est le bon goûter dont les petits ne se lassent jamais.

Dans nos provinces, l’art des confitures est pratiqué partout : savez-vous que George Sand, en sa vieillesse, était plus fière de ses confitures que de ses romans ? A Nohant, elle manipulait magistralement la grande écumoire de cuivre ; et elle montrait, avec orgueil, soigneusement étiquetés et rangées sur des tablettes, toutes les confitures possibles et imaginables qu’elle avait faites de ses mains.

La fabrication familiale n’empêche pas l’industrie confiturière d’être prospère. Il y avait en France, avant la Première Guerre mondiale, des fabriques qui travaillaient de trois à cinq tonnes de fruits par jour. La consommation des confitures dépassait même, à ce qu’il paraît, la production des fruits, car on trouvait parfois certaines confitures d’importation qui n’avaient de confitures que le nom.

Ces marmelades étaient faites avec du fucus spinosus ou agar-agar, une sorte de colle qu’on extrait d’une algue fort commune dans les mers d’Extrême-Orient. Sucrée et colorée, cette gelose était traitée avec des essences constituées par des éthers formique, butyrique, acétique, benzoïque, oenanthique, amylvalérique, dilués dans un peu de glycérine, et qui lui donnaient vaguement le goût de prunes ou d’abricots, de groseilles ou de framboises, de pommes, de poires, de cerises ou de pêches.

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Château de Auvray

Posté par francesca7 le 24 juin 2013

Trésor de La Forêt-Auvray
et grotte de Roche-d’Oître (Orne)

(D’après « Bulletin de la Société historique
et archéologique de l’Orne », paru en 1909)

 

Le château de La Forêt-Auvray, dans l’Orne, abritait prétendument un immense trésor que des gens du pays auraient tenté, en vain bien qu’usant de sorcellerie, de découvrir. Les récits attachés à ces lieux qui virent passer le régicide involontaire de Henri II, puis le roi Henri IV lui-même, ne doivent pas occulter ceux qui ont trait à la grotte de Roche-d’Oître, connue sous le nom de Chambre des Fées et à laquelle un gentilhomme honni dut la vie sauve durant la Révolution, ainsi que le général Frotté lors des guerres de Chouannerie.

Les traditions donnent à tout château ancien des souterrains se prolongeant à de grandes distances et un trésor caché. Celui de la Forêt-Auvray était, dit-on, une pipe — dans le Perche, la pipe contient environ 750 litres — pleine d’or, un grand coffre contenant des diamants, des pierres précieuses et une grande statue de la Sainte Vierge en argent massif. Ceci aurait été caché pendant les guerres de religion ; une tour dite des Morts fut pillée et les tombes violées pendant la Révolution ; ce doit être à la même époque que la famille de Costart perdit dans un incendie ses portraits et ses papiers de famille.

Château de Auvray dans CHATEAUX DE FRANCE auvray-300x196

Château de La Forêt-Auvray (Orne)

Dans les Esquisses du Bocage Normand, Tirard prétend que des gens du pays pénétrèrent la nuit dans la chapelle en brisant les portes pour trouver le trésor ; « l’un d’eux, qui avait de grandes connaissances, s’était muni d’un trèfle à cinq feuilles et il accomplit des cérémonies mystérieuses. » Malgré toute cette sorcellerie, les recherches de ces bandits restèrent infructueuses.

Des vieillards racontaient que dans leur enfance on les berçait avec des histoires de fées qui venaient danser pendant la nuit de Noël autour des deux menhirs qui se trouvaient dans une prairie au bord de l’Orne, non loin du château. Après avoir soulevé les pierres pour s’assurer que le trésor existe encore elles s’envolent dans les airs en chantant.

Un récit nous ramènera vers la vallée de la Rouvre ; c’est l’aventure d’un sire de la Forêt-Auvray qui s’éprit d’une des fées qui avaient élu domicile dans cette grotte de Roche-d’Oître, connue sous le nom de Chambre des Fées. Il l’épousa et ils furent très heureux, mais un jour que la fée s’était attardée à sa toilette, son mari lui dit quand elle descendit : « Belle dame, vous avez bien tardé et seriez bonne à quérir la mort. » Elle s’envola aussitôt et, en s’enfuyant pour toujours, elle laissa l’empreinte de sa main sur le bord de la fenêtre.

Vous remarquerez que cela ressemble presque complètement à la légende de la fée d’Argouges des environs de Bayeux. La seule différence c’est que la fée de la Forêt ne revient pas la nuit, vêtue de blanc, voltiger en criant : « La Mort ! la Mort ! » Si on a voulu attribuer cette tradition à cette région, c’est vraisemblablement parce que la famille d’Argouges a longtemps habité le château de Rânes.

Ne quittons pas La Forêt sans raconter deux anecdotes : la première, c’est le passage de Gabriel de Montgommery après son tournoi contre Henri II — Montgommery blessa mortellement le roi lors d’un tournoi en 1559 —, fuyant la colère de Catherine de Médicis ; il se reposa dans ce château après s’être arrêté à Aubry. Il s’empressait de gagner la côte pour passer en Angleterre et il ne dut son salut qu’à la merveilleuse rapidité de sa jument Ralphe.

 henri dans CHATEAUX DE FRANCE

La seconde anecdote est le séjour que fit Henri IV à La Forêt, et non loin de là on montre encore dans la cour de la ferme du Rey — corruption du mot roi — un vieux et magnifique chêne sous lequel le monarque a dû se reposer au cours d’une promenade.

A la fin du XIXe siècle, on racontait encore la tragique aventure d’un gentilhomme voisin, qui vint, pendant la Révolution, se réfugier dans la Chambre des Fées, à Roche-d’Oître. De la Sicotière reprit cette tradition et fixe même la date (14 juillet 1789), où, pour échapper à la mort, il vint se cacher dans ce lieu sauvage. D’après lui, c’est grâce au dévouement d’un fidèle serviteur (Joseph Robert) qu’il dut d’échapper à ses vassaux qui le poursuivaient. Au pied d’un arbre, au sommet de la muraille rocheuse qui domine la Rouvre, Robert attache une corde à nœuds où son maître, non sans danger, peut descendre et pénétrer dans cette grotte inaccessible. Bientôt le fidèle serviteur revient apportant à son maître des vivres et des couvertures qui le mettent à l’abri de la pluie et de la fraîcheur des nuits.

Ceci est fort dramatique et très embelli : la Chambre des Fées n’est pas d’un accès aussi difficile que les historiens ont bien voulu le dire ; quant au dévouement du serviteur, il semble extraordinaire pour un maître qui était, affirme-ton, ni aimable, ni aimé. Ce gentilhomme n’était autre que Pierre-Alexandre Fouasse de Noirville, qui avait acheté le 14 mars 1733 le Marquisat de Ségrie-Fontaine ; il fit raser l’ancien château et celui qu’il commença à construire, en 1758, ne fut jamais terminé. Gentilhomme de fraîche date„ de Ségrie tenait beaucoup à ses droits et paraît s’être fait détester dans le pays, contrairement à ce qu’affirme de son côté de la Sicotière, qui prétend qu’il fut traqué par ceux qu’il avait comblés de ses bienfaits.

D’après les traditions populaires, il se serait préparé par ses fautes les inimitiés de tout le pays. De lourdes corvées imposées à ses vassaux pour achever l’ancienne route du Pont-des-Vers à Ségrie, la rigueur la plus inintelligente dans la rentrée de ses droits féodaux, une hauteur maladroite, dont la date si récente de sa noblesse pourrait peut-être donner l’explication — l’Histoire du canton d’Athis, par le comte de la Ferrière-Percy, nous renseignant sur ce point —, voilà ce qui serait à l’origine de ces tristes scènes de violence qui n’ont été qu’une exception dans le Bocage Normand.

Enfin de Ségrie quitta Roche-d’Oître et alla se réfugier chez de Brossard, au château des Iles-Bardels ; on découvrit sa retraite et il ne dut son salut qu’à l’intervention de son hôte, qui était très aimé dans le pays. Par acte, passé devant notaire, au château de la Fresnaye, le 22 juillet 1789, il lui fit abandonner ses droits féodaux.

Voici cet acte :

« Par devant Me Claude Bellencontre, notaire à Falaise, lut présent Messire Alexandre-Anne Fouasse de Noirville, seigneur et patron de Ségrie-Fontaine, la Lande-Saint-Siméon, Rouvrou, Mesnil-Hubert, Mesnil-Vilment, lequel par ces présentes a déclaré renoncer en faveur de ses vassaux des fiefs ci-dessus nommés tant pour eux que pour leur postérité à tous les droits, servitudes et rentes seigneuriales à quoi lesdits vassaux sont et peuvent être tenus sous quelque dénomination que ce soit envers ledit seigneur de Ségrie déclarent ledit seigneur que lesdits droits consistent :

« Pour la paroisse de Ségrie en rentes seigneuriales de grain, argent, volailles et dans les servitudes suivantes : Faner et récolter les foins dans les prés de la Vigne et Morin. Ramasser les fruits et aider à faire les boissons. Service de sommage, à savoir : Service de chevaux et d’hommes par corvées. Banalité du four de Ségrie et de Bréel.

« Pour Rouvrou : Rentes seigneuriales en grain, argent et volailles, brebis de brebiage, porcs de porcage, servitude de curer les étables. Droit de Champart sur tous les blés croissants sur les terres dudit fief. Banalité du Moulin de Rouvrou.

« Pour les autres communes, même renonciation et pour des droits identiques ». Enfin ledit seigneur de Ségrie renonçait à percevoir aucun droit de relief et treizième pour raison de vente ou de mutation à quelque titre que ce fut. Il accordait également le droit de détruire les garennes et la liberté de chasse et de pêche. Une seule condition était imposée au ci-devants vassaux : c’est qu’ils respecteraient les possessions dudit seigneur et conserveraient son château de Ségrie.

Ses vassaux simulèrent une grande joie, mais leur haine n’était pas calmée et bientôt de Noirville dut se retirer à Falaise et, peu après, il partit avec toute sa famille pour l’émigration ; il ne revint jamais en France.

Une autre légende est celle racontée par le comte de la Ferrière dans son Histoire du canton d’Athis. Il prétend que pendant les guerres de la Chouannerie, le général Louis de Frotté, chef de l’insurrection contre-révolutionnaire en Basse-Normandie, était venu, en 1795, chercher un asile dans la grotte de Roche-d’Oître. Il ajoute que bien des années après un neveu du général portant le même nom, voulut, avec lui, visiter cette Chambre des Fées, où son oncle avait défié les Bleus.

« Nous étions groupés, dit le comte de la Ferrière, sur une autre masse de rochers, nous le vîmes descendre assez facilement, mais quand il fallut remonter nous tremblâmes un instant pour lui ; au-dessus de sa tête, la roche luisante et nue, au-dessous le vide. Il était là comme suspendu, ne pouvant ni avancer ni reculer. A la distance où nous étions, nous pûmes apercevoir à sa gauche une légère crevasse ; nous le guidâmes de la voix, il s’y laissa glisser et, à l’aide de quelques arbrisseaux qui pliaient sous sa main, il regagna la plate-forme d’où il était parti. »

Ces deux légendes sont-elles vraies ? Y en a-t-il une d’authentique ? C’est ce qu’on ne peut affirmer. La renonciation de M. de Noirville à ses droits féodaux n’est nullement une preuve qu’il se soit caché à Roche-d’Oître. La tradition du général de Frotté se réfugiant dans cette Chambre des Fées paraît toutefois plus probable ; en effet, les gens de Saint-Philbert prétendent qu’avant d’aller dans les rochers il s’était retiré dans une cache du jardin de la ferme de Laisné des Haies. La visite de cette grotte par un autre M. de Frotté prouve que dans la famille il n’était pas douteux que son oncle y fût venu chercher un asile.

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Un dramaturge breton

Posté par francesca7 le 23 juin 2013


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Tanguy MALMANCHE

Un dramaturge breton dans Bretagne tangyEn 2003, la Bretagne honorait Auguste BRIZEUX à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, la médiathèque de Lorient organisa des conférences et une exposition, le petit monde des généalogistes se souvint lui aussi, ainsi qu’en 2002 bicentenaire de la naissance de  » Marie » la muse du poète. L’année 2003 fut également celle du cinquantenaire de la disparition du dramaturge breton Tanguy MALMANCHE, mais l’évènement fut du plus discret. Ces deux écrivains proviennent de familles de notables, pour le premier de la ville de Lorient et le second de celle de Brest, ce qu’ils ont de commun : un père dans la marine militaire, une mère d’origine extérieure à la Bretagne, ils passèrent une partie de leur jeunesse à travers les landes d’une Bretagne celtique mystérieuse et poétique, Auguste BRIZEUX chez l’abbé LE NIR, frère d’un oncle paternel par alliance, au presbytère d’Arzano et Tanguy MALMANCHE chez sa grand-mère paternelle, née Marie-Thérèse LE BESCOND de COATPONT, au manoir du Rest, à Plabennec, leur inspiration provenant d’une  » Marie « , Marie PELLAN la fillette du Moustoir pour le romantique, Marie ROUS, la conteuse du moulin du Rest pour le dramaturge. Des compositeurs s’intéressèrent à leur œuvre, Hector BERLIOZ écrivit une musique pour deux poèmes de Marie et Jean CRAS nous laissa « deux chansons » de Gurvan.

Un ensemble scolaire de Quimper porte le nom d’Auguste BRIZEUX, verrons-nous bientôt un groupe scolaire dénommé Tanguy MALMANCHE ?

Tanguy MALMANCHE 1875 – 1953 : Tanguy MALMANCHE vit le jour à Saint-Omer (Pas-de-Calais) le 7 septembre 1875, chez ses grands-parents maternels, le grand-père étant un colonel d’artillerie en retraite. Son père Gustave MALMANCHE, originaire de Brest, commissaire de marine, demeurant à l’époque à Paris, sa mère Marie Louise PIEDALU originaire de Douai (Nord). Il est enregistré sous le prénom de Tanneguy, nous retrouvons cette orthographe dans le Guide Pittoresque du voyageur en France édité en 1838, parlant de Landuvez à 6 lieues de Brest et où « sont les vastes souterrains d’un château où naquit, dit-on, le fameux Tanneguy du Châtel », ce prénom est toujours donné de nos jours, par exemple nous relevons le général Tanneguy LE PICHON, qui en 1996 fut commandant de la région militaire Ouest, Tanneguy DE KERROS et Véronique DE LAVERGNE proposant des chambres d’hôtes au château de Saint Gabriel Percy dans le Calvados. Ces informations nous indiquent, qu’il n’y a pas eu d’erreur de compréhension du prénom lors de la rédaction de l’acte de naissance, car Tanneguy est dérivé de Tanguy. Les bretonnants actuels l’écrivent Tangi, mais nous respecterons la forme Tanguy. Laissons-lui la parole, il saura mieux que nous, décrire ce qu’il était :

Je suis, de métier, maître-forgeron.

Mon tablier n’a pas de trous.

Je sais comme un chacun,

construire une batteuse, ou des automobiles.

Tout le long du jour je travaille ;

je travaille âpre et dur : il faut gagner ma vie.

Mais, quand descend le soir, quand mon corps engourdi

pèse lourdement vers la terre,

quand se ferme mes yeux devant la vilenie

du monde, et devant sa misère,

mon esprit aime à s’envoler

de l’autre côté des étoiles

pour contempler mon pays tant aimé,

là-bas, et pour y conserver

d’anciennes choses disparues

avec nos grands-parents, ceux du très, très vieux temps

 

Ce que nous pouvons dire de Tanguy MALMANCHE, est que son ascendance provient d’horizons divers, celle-ci est plus bourgeoise que paysanne, mais en sortant de la ville sa sensibilité s’est développée par la découverte d’une Bretagne celtique, il s’imprégna de sa mythologie et de son légendaire, au contact des êtres et de leur lieu de vie où il a mûri. Son éducation, lui a permis d’observer, de réfléchir et de rêver sur ce qui l’entourait, ce que les enfants d’autres milieux ne pouvaient découvrir, leur horizon se limitant aux travaux des champs rythmés par le clocher de l’église de leur paroisse, comme  » Kou le corbeau  » qui fut amené à franchir les frontières de son univers restreint, pour découvrir d’autres réalités.

 

 

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JACQUES BUREL et OUESSANT

Posté par francesca7 le 23 juin 2013


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PORTRAIT D’UNE ÎLE ÉTERNELLE

JACQUES BUREL et OUESSANT dans Bretagne ouessant

Juillet 1945. Un jeune homme de 23 ans arrive à Ouessant pour la première fois. De son enfance passée dans les bois de Coat   Meur, à Landivisiau, Jacques Burel a gardé le goût des natures intactes. Ouessant va le combler. En quatre semaines il y accumule croquis, dessins et peintures. Il reviendra souvent.

L’île, alors, semble hors du temps. A 11 milles du continent, loin des innovations, on y a préservé des pratiques agricoles, techniques et sociales basées sur la solidarité : culture de la terre à la bêche, moissons à la faucille, battages au fléau …

Toute une série de dessins vont surgir de ces amitiés qui se nouent entre le jeune artiste et la population de l’île : portraits de femmes, intérieurs de maisons, travaux des champs, scène de cimetière … Tout cela est possible parce que le peintre est totalement accepté.

L’année suivante, Jacques Burel reviendra compléter son étude.

Rassemblés, ses dessins composent le portrait riche et nuancé d’une île éternelle : vastes espaces de champs ouverts, jardins bordés de murs de pierres sèches où poussent timidement quelques arbres, scènes de pêche à bord du Vive-Jaurès, atmosphère admirablement restituée du passage à bord du courrier où se côtoient les hommes et les bêtes …

Passionné très tôt par la Bretagne et les objets d’art populaire, Jacques Burel avait saisi toute l’importance documentaire de son travail. En mer, avec Henri Chalm, il n’oublie pas de relever le mécanisme du gui à rouleau, la forme exacte des casiers. A terre, il note soigneusement les gestes des champs, les détails d’un moulin, d’une façade, d’une hutte …

« Tout donc me paraissait beau, à la fois nouveau et antique, en tout cas précieux et à noter de toute urgence comme tout ce qui est menacé » … 

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Les Calvaires en Bretagne

Posté par francesca7 le 23 juin 2013


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Construits entre 1450 et 1650, les calvaires sont une création originale de la basse Bretagne. Œuvres anonymes d’architectes, de sculpteurs et d’ « ymageurs », transformés au cours de l’histoire, ils sont sans équivalent en chrétienté. Si la Passion en est le thème central, de nombreuses scènes de la vie du Christ et des figurations de saints honorés localement viennent s’y ajouter. Autant que la mort, c’est la vitalité de la foi qu’ont voulu figurer les riches paroisses qui les ont commandés.

Les tout premiers calcaires sont ceux de Kerbreudeur en Saint Hernin et de Tromoën (vers 1450), Pleyben (vers 1550), Quilinen et Saint Sébastien (1547), suivis à la fin du siècle par Cléden-Poher (1575) et Guimiliau (1581-1588). Même si Bastien et Henry Prigent, « ymageurs », signent le calvaire de Plougonven, les autres demeurent, pour la plupart, des œuvres anonymes, qui subissent au cours du temps divers remaniements ou bouleversements : ainsi Pleyben, commencé vers 1550, est-il déplacé et complété en 1650 par Ozanne, puis repris encore en 1738.

Les calvaires bretons représentent souvent d’autres personnages entourant la croix. Parfois, deux autres croix se dressent aussi sur le rocher, en arrière-plan ou de part et d’autre de celle du Christ : celle du « bon larron » et celle du « mauvais larron ». La Bretagne compte une multitude de calvaires préservés et particulièrement riches en personnages, dont le plus ancien est celui de la Chapelle Notre-Dame-de-Tronoën sur la commune de Saint-Jean-Trolimon au sud du Finistère, près de la Pointe de la Torche. Sept calvaires bretons sont dits « monumentaux », ceux de Saint-Thégonnec, Guimiliau, Pleyben, Plougastel-Daoulas, Plougonven, Guéhenno et de St Jean Trolimon.

Les Calvaires en Bretagne dans Bretagne calvaire-227x300

C’est à la chapelle de Notre-Dame de Tréminou que fut discuté et voté l’un des codes paysans. Réputé pour être le plus ancien monument du genre, le grand calvaire de Saint-Jean-Trolimon aurait donc servi de modèle aux constructions futures en imposant, notamment, l’emploi d’un important massif de maçonnerie. Sa datation est rendue possible par l’étude comparative d’œuvres de la même période comme la verrière de Lantic (1450-1460) où l’on a représenté des personnages portant des tenues vestimentaires similaires à l’œuvre de Saint-Jean-Trolimon. Ce monument Historique, soumis aux effets conjugués des embruns de la baie d’Audierne et des vents chargés de sable, souffre d’une importante érosion de ses motifs.

En tant que doyen, le calvaire de Saint-Jean-Trolimon introduit une certaine disposition dans la physionomie des calvaires monumentaux avec l’utilisation d’un imposant massif comportant des registres sculptés surmontés des croix de la crucifixion. La statuaire, réalisée en granit et en kersanton, serait l’œuvre de plusieurs ateliers dont un pourrait être localisé à Scaër.

Des scènes remarquables

  • Les anges de la Crucifixion recueillent le sang du Christ pendant que l’un d’entre eux écarte ses cheveux.
  • La Nativité propose une vision peu courante de Marie. Elle est représentée en couches, les seins dénudés.
  • Le baptême du Christ a été représenté à deux reprises sur le monument.

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Les moulins à marée de Bretagne

Posté par francesca7 le 23 juin 2013

 

 

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Le moulin a longtemps constitué un maillon privilégié de la société rurale. Dernier lieu de culte païen,  où l’on glorifiait la terre, l’eau et le vent, le moulin fascine. Le  seul mot évoque en outre deux images paisibles ; la colline et son moulin à vent, la rivière et son moulin à eau. Les moulins à mer ou « à eau bleue », moins connus, était une originalité du littoral Breton, surtout morbihannais, jusque dans les années soixante. L s épis étaient le fruit de la complicité de la terre et du paysan, la farine de blé « naissait » de l’alliance du vent et du meunier.

Les moulins à marée de Bretagne dans Bretagne mecanisme-moulin-300x294

La roue extérieure , est reliée par un essieu à une roue intérieure, appelée roue d’angle, plus petite, en fonte et garnie de dents de bois. Elle commande la rotation, par l’intermédiaire d’un pignon en fonte, d’un axe vertical, le « pied de fer », qui entraîne une ou deux meules, en pierre, coiffées d’un entourage de bois. Le grain tombe de la trémie dans l’auget , qui permet d’en régler le débit. La meule du dessus, la « coureuse », écrase le grain sur la meule du dessous, la « dormante ». La farine obtenue est recueillie dans une boîte

La marée conditionnait le fonctionnement des moulins à eau bleue : il arrivait ainsi que le meunier travaillât la nuit. Aux marées de morte-eau, le flot n’étant pas suffisant pour fournir l’énergie nécessaire, le meunier en profitait pour faire sa tournée ou « piquet » les deux meules (c’est à dire en recreuser, à l’aide d’un marteau spécial, les sillons que le travail avait émoussés). Souvent, il possédait aussi, perché sur une butte toute proche, un moulin  à vent qui lui permettait d’éviter le chômage technique.

Un moulin à marée est constitué d’une digue comportant des vannes à sens unique. La digue isole une petite baie appropriée, ou une partie d’un estuaire, afin de former derrière elle un bassin de retenue.

moulin dans BretagneÀ marée montante, la mer remplit le bassin. Lorsque la marée recommence à descendre, les vannes se ferment et empêchent le bassin de se vider. À marée descendante, quand la différence entre le niveau du bassin et de la mer est suffisamment important, les vannes sont ouvertes : l’eau du bassin se déverse alors dans la mer en actionnant la roue du moulin.

Compte tenu de son mode de fonctionnement, le moulin à marée ne peut fonctionner que durant une partie de la journée, lorsque le niveau de la mer est plus bas que celui du bassin (par exemple 6 heures toutes les 12 heures). Cette durée est plus courte lorsque le coefficient de marée est faible.

Les moulins à marée sont généralement situés dans les estuaires, suffisamment protégés des vagues mais assez proches de l’océan pour obtenir une amplitude de marée raisonnable. En Europe, ce type de moulin existe depuis le Moyen Âge et pourrait remonter à l’époque romaine.

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FANCHON LA VIELLEUSE

Posté par francesca7 le 22 juin 2013

FANCHON LA VIELLEUSE dans ARTISANAT FRANCAIS veille

(D’après Les célébrités de la rue, paru en 1868)

Fanchon a traversé les âges, elle est devenue légendaire et a prêté son nom à toutes les jolies filles qui, lui empruntant encore et sa vielle et son mouchoir coquet, ont animé les promenades de Paris sous le Régent, sous la première République, sous le Directoire, l’Empire et la Restauration.

Fanchon est morte ! Vive Fanchon ! Elle est le rire et la gaieté d’une génération ; nos pères se sont habitués à ses folles chansons et à l’aigre mélodie de sa vielle ; et lorsqu’elle va où va toute chose, vite on invente une autre vielleuse, moins accorte peut-être, moins bonne fille à coup sûr, débitant avec moins de malice le couplet grivois, et portant avec moins d’élégance la basquine ornée d’une dentelle en surjet, mais qui, tant bien que mal, remplace celle qui n’est plus, comme Isabelle, la bouquetière, tient aujourd’hui l’éventaire de la Margot du dix-huitième siècle.

La vraie Fanchon, celle dont se préoccupent les mémoires du temps et que les burins reproduisent, dont l’apparition est constatée par Dulaure et Bachaumont, celle qui figure dans la jolie gravure de Saint-Aubin : les Remparts de Paris, l’alerte jeune fille qui donne son nom à la gracieuse façon de porter le mouchoir noué sous le menton, qui module la plaintive romance :

Aux montagnes de la Savoie,
Je naquis de pauvres parents…

débute dans la carrière en chantant aux barrières de Paris ; elle fréquente les cabarets et fait danser le peuple et les courtauds de boutique. Le dimanche, on la trouve aux remparts ; elle va de table en table et fait la ronde en tendant la main ; des remparts, elle descend aux boulevards, elle monte aux Maisons d’Or de l’époque, et, de là, reconduite par le premier financier venu, dans un élégant vis-à-vis, elle échoue dans un boudoir capitonné et sa vertu passe de vie à trépas sur un bonheur du jour. C’est, me direz-vous, l’histoire de toutes les gotons du dix-huitième siècle. Mais attendez la fin. Vous croyez que Fanchon devient un peu marquise et oublie sa vielle ; loin de là, et c’est ce qui fait d’elle un type ; elle se frotte aux élégants, il n’y a plus de bonne fête sans elle, mais sa chanson est de la partie. Au lieu d’une robe de bure, elle porte des étoffes Pompadour, elle coud un Chantilly à sa basquine ; elle remplace, par un large ruban de soie bleue (ce même ruban qu’un historien du temps assure être un cordon du Saint-Esprit, donné à la fin d’un souper par un prince en goguette), la bride de cuir qui retient sa vielle, et la voilà devenue vielleuse de Watteau, et digne de figurer dans lesfêtes galantes.

La grande mode, après un souper fin, est de faire monter Fanchon et de lui demander des couplets, et quels couplets ! Nous voilà bien loin de la Savoie et de l’innocence de la fille des montagnes. La jeune Fanchon ne se fait pas prier, elle trempe ses lèvres dans le champagne et entonne gaiement. Elle devient indispensable : Nous aurons Fanchon se disait à cette époque, comme : Nous aurons Lambert, sous le règne illustre de la perruque.

Geoffroy, critique morose, mais qui classe une diva, parle de Fanchon dans son feuilleton du 13 pluviôse an XI :

« Fanchon joue de la vielle aux boulevards ; elle sait, à la fin d’un repas, animer la joie des convives par des chansons gaillardes ; et, ce qu’il y a de plus lucratif dans son art, elle va montrer la marmotte en ville. En un mot, c’est une artiste, ses petits talents deviennent à la mode ; l’or et l’argent lui pleuvent de tous côtés. Elle achète une terre considérable dans la Savoie, et à Paris un hôtel superbe qu’elle fait meubler magnifiquement ; elle y vit avec des officiers et des abbés, toujours la plus vertueuse fille du monde, et, ce qui n’est pas moins extraordinaire, toujours vielleuse. »

Voyez-vous l’ironique abbé, qui sait bien à quoi s’en tenir sur la vertu de Fanchon qui a sombré depuis longtemps ! Quoi qu’il en soit, la vielleuse thésaurisait et pouvait, quand elle le voudrait, renoncer à ses chansons ; il fallut qu’un amant de haute volée achetât sa charge de vielleuse ; elle se fit payer cher sa retraite ; le prix qu’elle y mit fut un petit hôtel dans le faubourg de Charonne.

On ne parle plus guère de Fanchon dans les mémoires ou journaux du temps à partir du moment où elle renonça à sa vielle. C’était une gracieuse chanteuse des rues, elle devint une triste courtisane, et je suis sûr que plus d’une fois elle regretta les remparts et sa chanson joyeuse.

Cependant si elle était fille à redemander ses chansons, elle était avant tout fille à garder les écus du financier : et la voilà peinte d’un trait.

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L’art et la manière des notaires du 15ème siècle

Posté par francesca7 le 22 juin 2013

(D’après « Revue du Midi », parue en 1902)

 

 L’art et la manière des notaires du 15ème siècle dans ARTISANAT FRANCAIS notaire

Avant la Révolution française, le nombre des notaires était grand, les actes mal payés, il fallait vivre cependant. Pour grossir un peu ou même un peu trop les revenus des grimoires on trouva des formules d’une longueur interminable, dont le moindre inconvénient fut encore le coût, puisque leur défaut de clarté devenait la source de nombreux procès.

Un curieux exemple de ces formules sans fin, où éclate surtout le besoin d’étirer la matière tant et tant qu’à la fin une copie de vingt lignes fournit la valeur d’un volume, vient des archives de l’évêché de Nîmes : c’est une transaction intervenue entre le prieur et les habitants de Goudargues en 1498.

Ceux ci étaient tenus de ne rien vendre ni acheter en fait de « chevaux, agneaux, lapins, lièvres, perdreaux, pigeons, oiseaux de chasse, poisson, œufs, fromages, poulets, poules et autres choses comestibles, sans les avoir auparavant présentés au seigneur abbé du monastère de Goudargues, lequel par lui-même ou par ses représentants voyait (videndo) s’il y avait lieu de les retenir pour la communauté au prix convenable (si ipse vellet emere). »

Les habitants ennuyés de se présenter tous les jours à la porte de l’abbaye, réclamèrent, et une transaction après plusieurs procès, intervint entre l’abbé Jean Ruben et les notables, représentant la commune. Les habitants désormais ne seront plus tenus de de porter leur produits au monastère pour les offrir (ad monstrandum), mais l’abbé devra envoyer ses serviteurs aux portes des habitants, pourtour demander ce qu’ils ont à vendre, et ceux-ci seront tenus de montrer leurs marchandises sans tromperie (sine malicia monstrare). La vente aura lieu de préférence aux serviteurs de l’abbaye, à un prix raisonnable (precio inter se amicabiliter concordare).

Ce prix à l’amiable ne devait pas tenter beaucoup les habitants, puisque la transaction porte aussitôt que ceux-ci seront tenus de ne point cacher leurs marchandises, chose pleine de malice (propris maliciis non celabunt). D’ailleurs, pour entretenir l’amiabilité, ceux qui seront surpris à ce jeu de mensonge verront confisquer leurs produits, ou leur valeur en argent au profit de l’abbé (res vendendae… confiscatae, seu eorum legitimus valor).

Cependant, avant d’arriver à la transaction, il y avait eu procès à plusieurs reprises ; pour dédommager l’abbé des frais subis par lui, en ces procès, les habitants consentent à lui payer huit salmées de blé conseigle (octo sarcinatus bladi consequalis) — ainsi appelé, parce qu’on le sème mêlé avec du seigle, consequalis étant employé pour consecalis, de secale, seigle — et, comme on n’est par riche, le blé sera livré en deux fois : la première moitié pour le 15 août, fête de l’Assomption, et la deuxième le même jour un an après.

La question est claire, simple, facile à rédiger. Etant donné que le parchemin mesure en largeur, deux pans un quart, ce qui fait environ cinquante-six centimètres, la longueur des lignes, entre les deux marges atteint 0,51 centimètre, et fournit une valeur moyenne de vingt-cinq mots. Nous croyons être dans le vrai en disant que trente lignes, soit 760 mots auraient pu suffire à la rédaction. Or le notaire a employé 75 lignes soit 1875 mots pour composer son acte, et le parchemin mesure une longueur consciencieuse de 0,70 centimètres. Nous allons analyser la fructueuse ingéniosité du scribe assermenté qui a signé cet acte.

Avant de pénétrer dans le dédale de notre grimoire, constatons qu’il est écrit en langue latine, dont la phrase est toujours plus courte que celle de la langue française. Ceci est évident pour quiconque a eu sous les yeux une traduction d’auteur latin, avec les deux texte sen regard, l’un sur le verso d’une page et l’autre sur le recto de la page suivante. Prenons par exemple une page de Virgile au hasard, nous trouvons que 23 vers de l’Enéide, d’inégale longueur et dont un bon nombre n’occupe pas toute la ligne, exigent en regard 34 lignes à caractères serrés de textes français. Malgré la concision du latin, le notaire a trouvé moyen d’allonger son texte en répétant sans cesse la même idée par quatre ou cinq mots synonymes et presque toujours inutiles, le premier excepté.

Voici d’abord l’énumération de ceux qui pourront connaître l’acte en question. Le mot universidevait suffire « que tous sachent etc. » Ce mot « tous » sera rendu par « universi et singuli tam praesentes quam futuri » — tous savoir : chacun, présent aussi bien que ceux à venir. Pour dire qu’ils auront eu connaissance de l’acte, on écrit « inspecturi, visuri, lecturi ac etiam audituri » — ceux qui examineront, liront, verront et même entendront lire. Mais ils liront quoi ? Cet acte pensez-vous. Point du tout, ils liront la suite, la teneur, de ce véritable, présent et public instrument (hujus veri proesentis et publici instrumenti seriem et tenorem).

S’agit-il de la transaction intervenue le 26 mars 1498, que l’on invoque, on dira que cette transaction a été faite convenue et passée (facta inhita et passata), et on la cite tout au long, répétant ainsi jusqu’à dix lignes absolument identiques, concernant les noms et les titres des parties, qui sont les mêmes que celles du présent acte. Pour designer les délégués de Goudargues, on dit « tous et chacun des hommes susnommés, restant et habitant à ces dits lieu, paroisse et mandement de Goudargues, tant en leur propre nom qu’au nom des autres hommes restant et habitant aux mêmes lieux, paroisse et mandement de Goudargues. »

On tient à affirmer la loyauté des contractants, qui agissent « sans violence, sans ruse, sans crainte et sans fraude, mais bien avisés et bien réfléchis » (sed bene advisati et bene consulti). Faut-il indiquer l’efficacité de l’acte, on y dit « qu’il durera, vaudra perpétuellement et que tous ensemble, aussi bien que chacun d’eux contractants en particulier, se garderont de le jamais révoquer, personne d’entre eux ne voulant discuter, faire opposition ni contredire ledit acte. » Pour le prieur, la forme est encore plus insistante.

Le R. P. s’engage « pour lui et pour ses successeurs postérieurs (sic) quel qu’ils soient, auxquels les habitants louent, approuvent, ratifient, homologuent, et confirment la transaction conclue, agréable, ferme, solide et irrévocable, concernant des choses conclues agréables, fermes et irrévocables, que les habitants veulent et consentent tenir perpétuellement ensemble sans qu’ils puissent en particulier jamais faire, dire, aller eux-mêmes ni par d’autres, contre ces choses. »

D’ailleurs ces promesses sont contractées « sous des obligations, engagements, renonciations et serments ci-dessous écrits. » On veut assurer leur exécution « mieux, plus fermement, plus sûrement et plus efficacement » (melius, firmius, tutius et efficacius). Quel sera le moyen ? Le voici : les habitants « engagent hypotèquent, déposent, soumettent, tous et entièrement et chacun des biens et droits de ladite communauté de Goudargues sans compter leurs biens propres meubles et immeubles présents et futurs. »

Et ils promettent encore « affirmant dans la parole de vérité, tous et chacun d’eux pour eux et pour les leurs que dans le passé, ils n’ont rien dit, ni fait, et que pour l’avenir ils ne diront ni feront rien contre toutes, entières, chacune, des choses dites ci-dessus ou à dire ci-dessous, et qui sont contenues dans le présent instrument », évitant ainsi tout ce qui pourrait « casser, rendre vain, ou par quelque manière que ce soit, par d’autres, annuler, annihiler ou briser ces engagements » (cassari, irritari, annullari, anichilari seu rescindi).

Ces mêmes habitants « renoncent pour eux etc., aux exception, ruse, mal, violence, crainte, fraude, erreur, injustice et contestation » (exceptionis, doli, mali, vis, metus, fraudis, erroris, lesionis, et decertationis).

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Ils renoncent encore à invoquer « le droit canonique, le droit civil, écrit et non écrit, le divin et l’humain, le nouveau et l’ancien, l’usage, la raison, la coutume, les décisions des anciens ou du lieu, soit celles déjà intervenues, soit celles à intervenir. »

L’acte notarié ne compte plus que dix lignes ; avant de finir par les formules d’usage, l’auteur a trouvé moyen d’allonger encore. Les contractants (énumérés pour la quinzième fois) promettent de « tenir, respecter, remplir et observer effectivement inviolablement et de ne rien jamais faire, dire, aller, venir par eux ou par un autre ou par plusieurs autres ni directement ni indirectement, ni par acte ni par consentement, ni par droit ni par jugement, contre les engagements tous, entiers, et chacun ci-dessus énoncés ou ci-après écrits dans le présent, véridique et public instrument. »

Enfin voici la conclusion : Acta fuerunt haec, l’acte a été passé à Goudargues, devant le baïle (dominus bajulus) du prieur seigneur du lieu. Les témoins étaient : messires Alexis et Antoine de Prat, prêtres, dudit lieu, y habitant, maître Mathieu Tardieu (Tardonii), notaire royal de Bagnols, et Simon Blisson clerc, habitant de Bagnols, greffier public, de la curie ordinaire de Goudargues, notaire apostolique et royal (apostolica et regia auctoritatibus notario). Et Simon Blisson a signé de son signe habituel « pour foi, valeur et témoignage de toutes, entières, et chacune des susdites affirmations. » Vraiment cet habile notaire pouvait signer en homme content de son œuvre.

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Michel Bakounine Qui suis-je

Posté par francesca7 le 22 juin 2013


Qui suis-je ?

Je ne suis ni un savant, ni un philosophe, ni même un écrivain de métier. J’ai écrit très peu dans ma vie et je ne l’ai jamais fait, pour ainsi dire, qu’à mon corps défendant, et seulement lorsqu’une conviction passionnée me forçait à vaincre ma répugnance instinctive contre toute exhibition de mon propre moi en public.

Michel Bakounine Qui suis-je dans LITTERATURE FRANCAISE qui-suis-jeQui suis-je donc, et qu’est-ce qui me pousse maintenant à publier ce travail ? Je suis un chercheur passionné de la vérité et un ennemi non moins acharné des fictions malfaisantes dont le parti de l’ordre, ce représentant officiel, privilégié et intéressé à toutes les turpitudes religieuses, métaphysiques, politiques, juridiques, économiques et sociales, présentes et passées, prétend se servir encore aujourd’hui pour abêtir et asservir le monde.

Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’État, mensonge éternel et qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde ; non de cette liberté individualiste, égoïste, mesquine et Fictive, prônée par l’École de J.-J. Rousseau, ainsi que par toutes les autres écoles du libéralisme bourgeois, et qui considère le soi-disant droit de tout le monde, représenté par l’État, comme la limite du droit de chacun, ce qui aboutit nécessairement et toujours à la réduction du droit de chacun à zéro.

Non, j’entends la seule liberté qui soit vraiment digne de ce nom, la liberté qui consiste dans le plein développement de toutes les puissances matérielles, intellectuelles et morales qui se trouvent à l’état de facultés latentes en chacun ; la liberté qui ne reconnaît d’autres restrictions que celles qui nous sont tracées par les lois de notre propre nature ; de sorte qu’à proprement parler il n’y a pas de restrictions, puisque ces lois ne nous sont pas imposées par quelque législateur du dehors, résidant soit à côté, soit au-dessus de nous ; elles nous sont immanentes, inhérentes, constituent la base même de tout notre être, tant matériel qu’intellectuel et moral ; au lieu donc de trouver en elles une limite, nous devons les considérer comme les conditions réelles et comme la raison effective de notre liberté.

J’entends cette liberté de chacun qui, loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension à l’infini ; la liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l’égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d’autorité qui ne fut jamais que l’expression idéale de cette force ; la liberté, qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres, fondera et organisera un monde nouveau, celui de l’humanité solidaire, sur les ruines de toutes les Églises et de tous les États.

Je suis un partisan convaincu de l’égalité économique et sociale, parce que je sais qu’en dehors de cette égalité, la liberté, la justice, la dignité humaine, la moralité et le bien-être des individus aussi bien que la prospérité des nations ne seront jamais rien qu’autant de mensonges. Mais, partisan quand même de la liberté, cette condition première de l’humanité, je pense que l’égalité doit s’établir dans le monde par l’organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes, et par la fédération tout aussi spontanée des communes, mais non par l’action suprême et tutélaire de l’État.

C’est là le point qui divise principalement les socialistes ou collectivistes révolutionnaires des communistes autoritaires partisans de l’initiative absolue de l’État. Leur but est le même ; l’un et l’autre partis veulent également la création d’un ordre social nouveau fondé uniquement sur l’organisation du travail collectif, inévitablement imposé à chacun et à tous par la force même des choses, à des conditions économiques égales pour tous, et sur l’appropriation collective des instruments de travail.

Seulement les communistes s’imaginent qu’ils pourront y arriver par le développement et par l’organisation de la puissance politique des classes ouvrières et principalement du prolétariat des villes, à l’aide du radicalisme bourgeois, tandis que les socialistes révolutionnaires, ennemis de tout alliage et de toute alliance équivoques, pensent, au contraire, qu’ils ne peuvent atteindre ce but que par le développement et par l’organisation de la puissance non politique mais sociale et, par conséquent, antipolitique des masses ouvrières tant des villes que des campagnes, y compris tous les hommes de bonne volonté des classes supérieures qui, rompant avec tout leur passé, voudraient franchement s’adjoindre à eux et accepter intégralement leur programme.

De là, deux méthodes différentes. Les communistes croient devoir organiser les forces ouvrières pour s’emparer de la puissance politique des États. Les socialistes révolutionnaires s’organisent en vue de la destruction, ou si l’on veut un mot plus poli, en vue de la liquidation des États. Les conununistes sont les partisans du principe et de la pratique de l’autorité, les socialistes révolutionnaires n’ont de confiance que dans la liberté. Les uns et les autres également partisans de la science qui doit tuer la superstition et remplacer la foi, les premiers voudraient l’imposer ; s’efforceront de la propager, afin que les groupes humains convaincus, s’organisent et se fédèrent spontanément, librement, de bas en haut, par leur mouvement propre et conformément à leurs réels intérêts mais jamais d’après un plan tracé d’avance et imposé aux masses ignorantes par quelques intelligences supérieures.

Les socialistes révolutionnaires pensent qu’il y a beaucoup plus de raison pratique et d’esprit dans les aspirations instinctives et dans les besoins réels des masses populaires que dans l’intelligence profonde de tous ces docteurs et tuteurs de l’humanité qui, à tant de tentatives manquées pour la rendre heureuse, prétendent encore ajouter leurs efforts. Les socialistes révolutionnaires pensent, au contraire, que l’humanité s’est laissée assez longtemps, trop longtemps, gouverner, et que la source de ses malheurs ne réside pas dans telle ou telle autre forme de gouvernement mais dans le principe et dans le fait même du gouvernement, quel qu’il soit.

C’est enfin la contradiction, devenue déjà historique, qui existe entre le communisme scientifiquement développé par l’école allemande et accepté en partie par les socialistes américains et anglais, d’un côté, et le proudhonisme largement développé et poussé jusqu’à ses dernières conséquences, de l’autre, acccepté par le prolétariat des pays latins.

Michel Bakounine

Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine (en russe : Михаил Александрович Бакунин), francisé en Michel Bakounine, né le 18 mai/30 mai 1814 à Priamoukhino près de Torjok (gouvernement de Tver, Empire russe) et mort le 1er juillet 1876 à Berne (Suisse), est un révolutionnaire, théoricien de l’anarchisme et philosophe qui a particulièrement réfléchi sur le rôle de l’État. Il pose dans ses écrits les fondements du socialisme libertaire.

bakunyinportre dans LITTERATURE FRANCAISE

Dès la déclaration de guerre en juillet 1870, Bakounine, ainsi qu’une partie de la presse socialiste européenne21, estime que la France, dans l’état de décomposition avancée où se trouve l’Empire, ne peut qu’être battue par le militarisme prussien. Dès lors se pose la question du régime. Si le peuple ne se lève pas contre l’envahisseur et ne transforme pas la guerre en révolution sociale, la France obtiendrait au mieux un régime formellement républicain, une monarchie sans roi entièrement dévouée aux intérêts de la bourgeoisie. Mais s’il se soulève, écrit-il dans Lettres à un Français sur la crise actuelle. Septembre 1870 (édité chez Guillaume à Neuchâtel), la révolution pourrait bien, comme en 1848, s’élargir à l’Europe. En cela, Bakounine s’oppose à Blanqui, qui prône l’Union sacrée, tandis que Marx et Engels voient dans une victoire de Bismarck celle du centralisme, condition préalable au développement du socialisme.

Il dirige aussitôt son activité vers Lyon, où il est en contact avec des militants comme Albert Richard, Gaspard Blanc ou Louis Palix, membres de la Section lyonnaise de l’Internationale. Après la proclamation de la République du 4 septembre 1870, qui laisse penser à de nombreux internationaux que le peuple a pris le dessus, le Gouvernement de la Défense nationale entreprend rapidement de réprimer toutes les velléités populaires. Un certain nombre de soulèvements se produisent alors, surtout dans des villes du sud de la France. Ces brefs mouvements insurrectionnels, mal préparés et sans coordination, qui se déroulent dès le mois de septembre 1870, préfigurent la Commune de Paris. Le mouvement de Lyon en fait partie.

En octobre 1873, il donne sa démission de membre de la fédération jurassienne. Il écrit une lettre d’adieu dans laquelle il explique sa décision. Outre la fatigue physique, il estime n’avoir plus sa place dans le mouvement révolutionnaire : « Dans les neuf dernières années on a développé au sein de l’Internationale plus d’idées qu’il n’en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver [...]. Ce qui importe avant tout aujourd’hui, c’est l’organisation des forces du prolétariat. Mais cette organisation doit être l’œuvre du prolétariat lui-même. Si j’étais jeune, je me serais transporté dans un milieu ouvrier [...] Mais ni mon âge ni ma santé ne me permettent de le faire. »

Cela ne l’empêche pas, durant l’été 1874, de participer à une tentative d’insurrection préparée par les révolutionnaires italiens à Bologne. Fortement déprimé par l’affaire de la Baronata dans laquelle il sent son honneur compromis, il espère se racheter en Italie en trouvant la mort sur une barricade. Mais l’insurrection tourne court.

À la fin de l’année 1874, il s’installe à Lugano. Ses problèmes financiers ne finissent pas de s’accumuler.

Il meurt à Berne le 1er juillet 1876 d’une urémie. Il est enterré au Bremgartenfriedh of de Berne où on peut toujours voir sa tombe.

 

 

 

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