Dans la vallée de l’Ain
Posté par francesca7 le 28 juin 2013
L’Ain est une belle et puissante rivière. Il n’y a que 15 kms entre sa source et celle du Doubs. Mais, tandis que celui-ci rejoint le Rhône par l’intermédiaire de la Saône après un immense détour de 430 km, l’Ain l’atteint directement, en 190 km. Dans la traversée du Jura, son cours est presque toujours encaissé ; ses eaux tombent en cascade, bouillonnent sur des rapides ou se faufilent parmi les éboulis de rochers.
L’Ain et ses affluents alimentent une quinzaine d’usines hydro-électriques, dont la plus importante est celle de Vouglans.
Naissance et perte – La source de l’Ain se trouve à 750 m d’altitude, sur le plateau de Nozeroy. Dès son origine, le cours d’eau coule dans une vallée étroite, aux berges escarpées et bisées. Il disparaît un instant dans une profonde crevasse qu’on appelle la « perte » de l’Ain, puis descend vers le plateau de Champagnole, dont le niveau est de plus de 100 m à celui de Nozeroy. Cette différence d’altitudes provoque des chutes et des rapides.
A travers le plateau de Champagnole – Après Bourg de Sirod, l’Ain suit une agréable vallée ; prairies dans le fond, bois sur les versatns. Il reçoit la Lemme qui a formé la jolie cascade de la Billaude. La Lemme est grossie de la Saine, véritable torrent qui descent de 320 m sur 17 km de parcours. Cette rivière, qui forme elle aussi de superbes cascades aux Planches en Montagne, a taillé les gorges de la Langouette.
Après avoir percé un éperon boisé, l’Ain arrose Champagnole ; dix kilomètres plus loin, il se heurte aux hauteurs de la côte de l’Heute, obstacle infranchissable. Il tourne alors à angle droit et pique au Sud en longeant cette barrière. La vallée, large de 2 à 4 km, est connue jusqu’à la cluse de la Pyle sous le nom de Combe d’Ain. C’est le fond d’un ancien lac, partiellement remis en eau depuis la mise en service du barrage de Vouglans. Sur ce trajet, le cours d’eau reçoit, sur la rive gauche, de petits affluents qui drainent la région des Lacs.
Gorges de l’Ain – Après la cluse de la Pyle, la rivière pénétrait dans des gorges très pittoresques ; enserrant maintenant les bassins plus ou moins épanouis créés par un escalier de barrages, ces gorges se prolongent jusqu’à sa sortie du Jura. Le confluent avec la Bienne partage la vallée en deux tronçons qui correspondent aux reliefs des régions traversées. Dans le premier, c’est le plateau que l’Ain a entaillé. Dans le second, c’est la montagne bugésienne. Il en traverse les plis, en biais, par une série de cluses fort belles. A Neuville sur Ain, le Revermont, rebord du massif jurassien, est franchi ; la rivière développe désormais dans la plaine son cours sinueux et coule parallèlement au Rhône avant de lui apporter son tribut.
Les avènements de 1944 – Cette partie de la vallée de l’Ain a été, en 1944 le théâtre d’opérations militaires. Le 11 juillet, 3 000 Allemands venant de Bourg tentent de passer la rivière à Neuvile, en direction du Beugey. Deux cents hommes des groupes AS (Armée Secrète) de Neuville sur Ain et de Poncin, constitués en avant poste du maquis, s’y opposent et les retardent jusqu’au soir. Au début de septembre, c’est par le point de Neuville (celui de Pont d’Ain n’ayant pu être conservé par la Résistance) que les Américains de la 7 Armée (Patch), venant de Bourg, pénètrent dans le Jura, poursuivant vers le Nord l’armée allemande en retraite.
Le bassin, montagneux dans sa quasi-totalité, se développe surtout dans des assises calcaires perméables, ce qui explique la manifestation de nombreux phénomènes karstiques : circulation souterraine, pertes, résurgences, dépressions fermées ou dolines. Cette perméabilité confère au régime une irrégularité ou une variabilité marquée – les pluies provoquent des réactions soudaines et brèves. La neige ne joue qu’un rôle secondaire dans l’alimentation du bassin, même si on peut parler de régime pluvio-nival. L’Ain est capable de cruesviolentes, 2 600 m3⋅s-1 ont été enregistrés à Chazey-sur-Ain en 1926.
De nombreux ouvrages ont été édifiés sur l’Ain et ses affluents pour produire de l’électricité ; ces barrages forment des lacs de retenue, parfois vastes comme celui de Vouglans. Ce dernier, mis en eau en 1968, est, avec son volume de plus de 600 millions de m3 d’eau et sa retenue de 35 kilomètres, le troisième plus important de France.
L’Ain est un cours d’eau très poissonneux où se pêchent la truite (truite fario en particulier), l’ombre commun, le brochet, le corégone, la perche, lebarbeau, le hotu, la brème, la carpe, la tanche, le gardon, le vairon, le chevesne et la loche. L’Apron du Rhône a été observé dans l’Ain à Port-Galland (Saint-Maurice-de-Gourdans), en 1989 et reste activement recherché dans le cours inférieur de la rivière.
De nombreux oiseaux peuplent les berges de la rivière : canards, aigrettes, cygnes, hérons, bécassines. Des castors sont aussi présents en particulier dans le cours inférieur (Basse vallée de l’Ain) et sur ses affluents, alors que sangliers et chevreuils se retrouvent dans les bois et forêts bordant le cours d’eau. La loutre est longtemps restée discrète mais les observations se multiplient depuis 2003.
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