Contes, légendes et proverbes du Jura
Posté par francesca7 le 28 juin 2013
Les histoires de loups-garous, de sorcières, de « ioutons » et « fouletots » (noms comtois des lutins) et de dames blanches (les fées) ont alimenté longtemps les veillées comtoises. Les dons de dédoublement, d’ubiquité et de transformation en animaux de toutes sortes de ces personnages ont fait naître de nombreux comtes et légendes ; les enfants de la région de Montbéliard se sont répété longtemps l’histoire de la Tante Arie, Père Noël du pays d’Ajoie.
La Tante Arie – Chaque année, le soir du 24 décembre, Tante Arie quittait sa grottes du Lomont suivie de son âne à grelots, de gâteaux et de verges pour déposer ses présents au cours d’un voyage dans le pays d’Ajoie (région de Montbéliard). Personne ne sait exactement quelle est son origine ; peut-être est-ce l’ombre du souvenir d’Henriette qui épousa en 1407 le comte de Wurtemberg et que les habitants de la région appelaient « la bonne comtesse » à cause de sa générosité. Il se peut que les bienfaits de la châtelaine soient à l’origine des dons que dispense la Tante Arie, la fée de l’Ajoie, aux petits enfants de la région non seulement à Noël mais à diverses occasions de l’année.
La Vouivre – Il y avait une fois dans le Jura un château occupé par une princesse d’ne rare beauté mais au cœur incroyablement dur. Hautaine, cruelle et impitoyable, elle terrorisait les habitants du val. Et voici qu’un jour une date de noble allure vint lui rendre visite et s’entretint longuement avec elle sur la pitié et la générosité. Mais la dureté de la châtelaine demeura telle que la visiteuse, qui était fée, changea la méchante princesse en Vouivre (en patois, c’st l’équivalent du vieux mot français guivre, signifiant vipère). Devenue un serpent affreux affublé d’ailes de chauve-souris, la Vouivre portait néanmoins un diadème orné d’un magnifique rubis qui, disait-on, procurerait la fortune à celui qui le posséderait. Or elle ne déposait le joyau sur le rivage que pour se baigner dans la Loue. Nombreux ont été les Comtois, qui dominant leur frayeur, ont tenté de dérober le bijou magique et ont ainsi perdu la vie, tués par des milliers de serpents.
La légende du lac de Saint Point – Sur les bords du Doubs, une ville entière vivait dans la débauche la plus complète ; les habitants, farouches égoïste, savaient le cœur encore plus dur que les crêtes environnantes. Aussi, lorsque au soir d’une journée glaciale d’hiver une femme transie se présenta avec son enfant à la recherche d’un gît accueillant et d’un peu de réconfort, ne reçut-elle que mépris et rebuffades. Alors, résignée à mourir, elle poursuivit son chemin quand, par bonheur, elle rencontra le moine saint Point qui lui offrir l’hospitalité. Au matin, son réveil, elle vit avec étonnement un lac à la place de la ville cruelle que Dieu avait châtiée en l’engloutissant sous les eaux d’un violent orage.
La Dame Blanche – Non loin de Lure, un château fut le théâtre d’une bien douloureuse histoire. C’était au temps où le seigneur des lieux vivait heureux, entouré de son épouse et de leurs enfants… du moins jusqu’à ce qu’un passant malveillant vint informer le châtelain des pratiques magiques auxquelles se livrait saint Desle, le fondateur de l’abbaye de Lure ; sans balancer le seigneur fait bastonner le malheureux moine. Dès lors, les malheurs ne cessèrent de fondre sur le château : mort des enfants, mort du seigneur, ruine da la famille. La châtelaine se livra alors aux pires exactions. Mais quand mourut le dernier de ses fils, elle se repentit et distribua ses richesses aux pauvres ; à l’exception toutefois d e son trésor qu’elle ne put se résoudre à abandonner. Aussi quand son tour vint de comparaître devant le juge suprême ne peut-elle être reçue au Paradis. Elle fut condamnée à revenir à son château tous les cens ans, jusqu’à ce qu’elle y rencontre une âme pure à qui elle pourrait faire don de sa fortune. Mais le diable fait bonne garde. Aussi, les habitants de la région ont-ils parfois aperçu une dame blanche qui errait dans les ruines du château, un peu avant minuit.
Le sapin, une création du diable – Le diable, lassé par tous ses diablotins turbulents et farceurs qui l’empêchaient d’œuvrer correctement à la cuisson des damnés, décida un jour d’expédier tout ce petit monde facétieux sur la terre. Et voilà comment les « ioutons » et les « fouletots » vinrent peupler les monts du Jura. Mais bientôt, aveuglés par le grand soleil, écrasés de chaleur en été et meurtris par la longue froidure de l’hiver, ils voulurent retourner dans l’empire des ténèbres. Mais le diable, peu désireux d’avoir à les supporter de nouveau, préféra créer un arbre sous lequel ils pourraient se mettre à l’abri, le sapin.
Le Pont du Diable – Sur la route de Crouzet-Migette à Ste Anne, le Pont du Diable fut à l’origine d’une curieuse aventure. Pour faciliter les communications entre la Montagne et le Bas Pays, on décida de bâtir un pont. Un maçon audacieux se chargea de la construction. Le but était presque atteint quand une nuit, l’ouvrage s’écroula. Le maçon tenace ne perdit pas courage et recommença. Mais le sort s’obstinait et le pont s’écroula de nouveau. Le maçon était sur le point de renoncer quand se présenta devant lui le diable en personne. Le malin s’avoua responsable des effondrements successifs et proposa de tout reconstruire, à une seule condition : que le maçon lui livrât en échange l’âme du premier passant qui emprunterait le fameux pont. Le marché était dur ; le maçon s’y résigna tout de même et la construction fit l’admiration de tous. Mais dans la nuit, l’imprudent fut pris de violents remords et dan s son délire appela un prêtre ; le curé, pour aller au plus vite, emprunta le premier le pont. Aussitôt le diable se précipita au-devant de lui pour s’emparer de son âme ; mais, ébloui par l’éclat du ciboire, Satan enjamba le parapet sauta dans le vide, d’où le nom du pont.
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