Les lavandières de France
Posté par francesca7 le 26 juin 2013
A CRÉSANTIGNES, les lavandières coulent des jours heureux
(lavoir, Crésantignes, Aube,10, Champagne-Ardenne, France)
Article de L’Est-Éclair – 3 septembre 2001
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Décidément, le petit village de Crésantignes qui s’étire sur une rue sans fin, et regroupe actuellement trois cent âmes, ne manque pas d’attrait.
Car, si son dynamisme n’a d’égal que sa qualité de vie dans un cadre agréable, il est en plus, attaché à son patrimoine, qu’il restaure et bichonne comme il se doit…, considérant comme un rare privilège de voir encore deux lavandières fréquenter assidûment le lavoir. Et pas seulement pour le charme de l’endroit, mais pour laver. Avouons qu’à l’heure de la machine à laver sophistiquée et de tous les appareils inventés pour faciliter la vie des femmes (et des hommes…), le fait peut paraître insolite. Des originales, ces lavandières ? Pas du tout. Elles aiment ça, tout simplement et prennent visiblement du plaisir à plonger leurs mains dans l’eau claire, à frotter, et rincer les draps à larges remous, à taper, presser, et rincer encore.
» J’ai toujours vu Éliane Aumer prendre le chemin du lavoir avec sa lessiveuse » confie Jean-Claude Petit, maire-adjoint à Crésantignes qui, tout comme le maire Guy Nieps, se réjouit de voir que le lavoir public, restauré en 1988, reste fonctionnel et très vivant. Car elle n’est pas seule, Eliane. Yvonne Bellot, de Fay-la-Chapelle, lui tient compagnie de temps à autre et c’est en chœur que les battoirs se font l’écho de leur vitalité où se mêle, c’est évident, une certaine délectation. Il est vrai que le bâtiment, aussi beau à l’intérieur (et sans tags) qu’à l’extérieur, est accueillant, et que l’eau venue de la Mogne sortie à cinq cents mètres de là est limpide et maintient à longueur d’année ses huit degrés.
Battoir et savon de Marseille
» J’ai toujours lavé là et je continue » confie Eliane que ses 76 ans n’arrêtent pas, même si, pour caler la lessiveuse, elle a troqué la brouette contre la bicyclette. Et si elle reconnaît que la machine à laver est bien pratique, M. Petit la soupçonne de garder le maximum de linge à laver à la main, au lavoir. Et même l’hiver…. » Ca use moins le linge et ça rince bien » dit à son tour Yvonne qui, à 77 ans, avec les mêmes arguments qu’Éliane, vient laver » les grosses pièces « , évoquant avec nostalgie l’époque où une trentaine de laveuses (quinze de chaque côté) lavaient en cadence en échangeant les potins du pays.
Ainsi nos laveuses, dans le respect d’une tradition qu’elles tiennent à conserver, après avoir fait bouillir le linge dans une lessiveuse, s’installent dans un triolo rempli de paille pour préserver leurs genoux, et avec vigueur manient la pince (pour sortir le linge bouillant), le battoir, la brosse et naturellement le fameux savon de Marseille.
» Et tape, et tape, et tape avec ton battoir, et tape, et tape, tu dormiras mieux ce soir » dit la chanson. Nostalgie… On pourrait croire ces images surgies du passé ou d’un livre de Zola, mais non, » c’est ben vrai « . Deux « mères Denis » très pittoresques apportent gratuitement un peu de folklore au village. Lyliane Mosca
La p’tite histoire du lavoir
Le lavoir a été construit de 1851 à 1852 sur la Mogne et le pont bâti en 1860 » pour faciliter le passage des voitures avec des charges considérables » explique M. Petit, en s’appuyant sur les archives du village qui ne manquent pas d’anecdotes. On apprend ainsi qu’en 1861, le garde-champêtre dont le salaire est de 70 F l’an, demande une augmentation…qui lui est refusée. Il devra attendre un an pour obtenir satisfaction avec 30 F de gratification, mais devra nettoyer le lavoir tous les huit jours.
En 1864, c’est le dénommé Léon Jacquinet avec lequel la municipalité passe un contrat de trois ans, qui est chargé de donner des soins de propreté au lavoir public, contre une rétribution annuelle de 14 F. Vidage régulier, entretien du carrelage, balayage, nettoyage du bassin, etc.
Maintenant, c’est naturellement l’employé communal qui est chargé de l’entretien.
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