La maîtresse de Louis XV
Posté par francesca7 le 13 juin 2013
En 1733, la jolie Louise-Julie, 23 ans, épouse de son cousin, le comte de Mailly-Rubempré, prend le premier relais. Elle n’a pas de mal à séduire Louis XV en mal d’amour. Durant trois ans, leur liaison reste secrète. La jeune femme n’acquiert le statut de favorite officielle que vers 1736 ou 1737. La jeune femme aime sincèrement son petit Louis. Elle n’est guère intéressée ni par les honneurs ni par le pouvoir. Leur bonheur aurait pu être éternel si, en 1739, Louise-Julie n’avait pas introduit le loup – ou plutôt, la louve – dans la bergerie, sous la forme de sa petite-soeur Pauline-Félicité.
« Je gouvernerai ma soeur, le roi, la France et l’Europe«
Celle-ci insiste tellement pour sortir de son couvent afin de paraître à la cour dans le sillage de sa soeur que cette dernière cède. Elle est à cent mille lieues de se méfier de cette petite peste qui est moche et possède une « taille hommasse ». Comment le roi pourrait-il s’y intéresser ? Donc, le 8 juin 1739, Pauline-Félicité fait son apparition à la cour. Louise-Julie ignore alors que sa soeur complote sa perte. Pauline aurait confié à une amie : « J’irai à la cour auprès de ma soeur Mailly ; le roi me verra ; le roi me prendra en amitié, et je gouvernerai ma soeur, le roi, la France et l’Europe. » L’ambitieuse petite garce ! Ne comptant pas sur sa beauté difficile, elle mise tout sur sa vivacité d’esprit et son inépuisable énergie.
Effectivement, le roi est conquis par Pauline qui l’amuse, le fait sourire, lui redonne goût à la vie. Elle le change, en tout cas, de Mme de Mailly, qu’il avait appris « à regarder comme un écho ». Ses continuels caprices changent le roi de la soumission obséquieuse de son entourage. Bientôt, il ne peut plus se passer de la présence si rafraîchissante de Pauline-Félicité, même si « elle avait la figure d’un grenadier, le col d’une grue, une odeur de singe », comme l’écrit une de ses soeurs cadettes.
Un jour, le roi avoue à sa favorite « aimer sa soeur autant qu’elle ». Mais pas question de la fourrer dans son lit tant qu’elle n’est pas mariée. Aussi lui trouve-t-il vite un mari complaisant en la personne de M. de Vintimille, petit-neveu de l’archevêque de Paris. Le mariage a lieu le 27 septembre 1739. Louis XV a-t-il remplacé le marié dans le lit de noces, comme l’écrit un certain Soulavie ? C’est peu probable. En tout cas, la passion du roi ne fait que grimper. C’est le coeur lourd que Mme de Mailly voit sa soeur lui chiper sa place. Mais que faire. Elle aime tant le roi qu’elle préfère fermer les yeux plutôt que de faire une scène et être chassée de la cour.
Aigre et méchante
Peu à peu, Pauline prend un total ascendant sur Louis XV. Si quelqu’un désire une faveur du roi, une charge, il faut passer par elle. Elle se mêle de politique et de la nomination des ministres. Elle pousse à la guerre contre l’Autriche, tentant d’insuffler un peu de fierté nationale à ce grand mou de Louis XV. Grâce à elle, il prend goût au gouvernement de la France qu’il avait entièrement délégué au cardinal de Fleury. Pauline lui donne même des cours accélérés de gestion, en commençant par lui apprendre à gérer ses dépenses personnelles. Elle lui fait renvoyer un domestique qui lui vole son vin de Champagne. Le roi se prête au jeu. Mme de Vintimille ne rêve que de faire virer le vieux cardinal de Fleury du gouvernement de la France pour le remplacer par de jeunes ministres capables.
Naturellement, Pauline tombe enceinte du roi. Sa grossesse est laborieuse, douloureuse. Lors d’un séjour au château de Choisy en mai 1741, elle tombe malade, il faut la saigner. En août, alors qu’elle entre dans son huitième mois de grossesse, la fièvre la saisit. Sa santé se dégrade, elle souffre. Mais elle se tait devant le roi, refuse de répondre à ses questions quand il s’inquiète. Elle fait la gueule. Il s’en émeut : « Je sais bien, madame la comtesse, le remède qu’il faudrait employer pour vous guérir, ce serait de vous couper la tête ; cela ne vous siérait pas mal, car vous avez le col assez long ; on vous ôterait tout votre sang et l’on mettrait à la place du sang d’agneau, et cela ferait fort bien, car vous êtes aigre et méchante. »
Le 24 août, elle regagne Versailles en voiture. Le vendredi 1er septembre, dans la nuit, elle accouche en présence du roi qui reçoit l’enfant. C’est son onzième. Mais la fièvre ne veut pas quitter la jeune accouchée. Sa soeur et le roi se relaient à son chevet. Le 8 septembre, les médecins, qui ne savent faire que cela, la saignent de nouveau. D’atroces douleurs la prennent. Elle hurle, des convulsions la saisissent. C’est horrible. À 7 heures du matin, elle est morte. La cour défile dans sa chambre, où elle gît, nue sur son lit, figée dans la douleur.
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