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  • > Archives pour le Dimanche 26 mai 2013

La légende de La Soupe au caillou

Posté par francesca7 le 26 mai 2013

 

 

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une très ancienne légende portugaise ramenée en Bourgogne.

 

 La légende de La Soupe au caillou dans Bourgogne moine

Il était une fois un moine qui demandait l’aumône. Il arriva chez des paysans, mais ils ne voulurent rien lui donner. Le moine qui était mort de faim leur dit :

« Bien, je vais voir si je peux faire un bouillon de pierre. »

 Il ramassa un caillou sur le sol, secoua la terre, et se mit à regarder le caillou pour voir s’il était à sa convenance pour faire la soupe. Les paysans se mirent à rire et se moquèrent de lui. Le moine leur dit :

« Alors, vous n’avez jamais mangé un bouillon de pierre ? ».

 Ils lui répondirent :

« On voudrait bien voir ça. »

 C’était ce que le moine souhaitait entendre. Il lava le caillou et dit :

« Si vous pouviez me prêter une marmite ? »

 Ils lui donnèrent la marmite. Il la remplit d’eau et mit le caillou au fond.

« Maintenant si vous me laissiez mettre la marmite sur le feu. »

 Quand l’eau commença à bouillir, il dit :

« Avec un peu de lard, la soupe serait meilleure. »

 Les paysans allèrent chercher un morceau de lard. Les paysans ébahis, regardaient la soupe qui bouillait. Le moine goûta la soupe, et dit :

« Elle est un peu fade. Il lui manque un peu de sel. »

Ils lui donnèrent du sel. Il sala, goûta et dit :

« Maintenant si on rajoutait un cœur de choux, même les anges en mangeraient. »

 La maîtresse de maison fut au jardin et en ramena deux choux. Le moine les lava et les mit dans la marmite. Quand les choux furent en train de bouillir, il dit :

« Avec un petit morceau de saucisson fumé, ce serait parfait… »

 Ils lui donnèrent un peu de saucisson, qu’il mit dans la marmite et pendant que la soupe finissait de cuire, il alla chercher un morceau de pain dans sa besace et se prépara pour se mettre à table. La soupe sentait si bon que c’était un régal. Il mangea toute la soupe et se lécha les babines. La marmite était vide, et il n’y restait que le caillou. Les paysans, qui ne le quittaient pas des yeux, lui demandèrent :

« Monsieur l’Abbé, alors ce caillou ? »

 Le moine leur répondit :

« Le caillou, je vais le laver, et l’emporter pour une autre fois. »

Et de cette façon, le moine mangea, partout où les gens ne voulaient rien lui donner.

 

L’histoire d’un conteur de Bourgogne : Etienne BRETON-LEROY

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La légende de La pierre à faire de la soupe

Posté par francesca7 le 26 mai 2013

 

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 Cette légende que vous allez lire n’est pas de moi. Mais j’ai envie de vous la raconter tellement son personnage principal est un bel exemple de débrouillardise mercurienne. Je me souviens l’avoir lue il y a de cela très, très longtemps lorsque j’étais enfant. Malheureusement, le nom de l’auteur m’échappe et si jamais quelqu’un le connaît, je serai heureuse qu’il ou elle me le fasse savoir.

Je vous demanderai également de me pardonner si ma mémoire, ma subjectivité et mon trop-plein d’imagination me font broder des détails un peu farfelus et pas toujours exacts.

La légende disait à peu près ceci :

La légende de La pierre à faire de la soupe dans Bourgogne legendesIl y a très longtemps, dans les campagnes, vivait un mendiant qui parcourait les fermes et devait compter sur la charité des bonnes gens pour se nourrir et se loger. Plus souvent qu’autrement, lorsqu’il frappait aux portes, il se voyait refuser l’asile car la plupart des habitants du pays étaient très pauvres et avaient eux-mêmes plusieurs bouches à nourrir.

Puis un jour, il eut une idée géniale. Il frappa à la porte d’une ferme et demanda à la brave dame qui lui ouvrit (sans doute la femme du fermier parti aux champs) si elle avait quelques vieilles croûtes de pain à lui donner. Comme il s’y attendait, elle lui dit d’un air penaud « Je suis vraiment désolée, mon bon monsieur, mais nous sommes très pauvres et avons nous-mêmes à peine de quoi nous mettre sous la dent. » Et pendant qu’elle se confondait en excuses il voyait, dans l’entrebâillement de la porte, une demi-douzaine d’enfants en haillons et pieds nus qui s’avançaient timidement pour voir de plus près ce curieux personnage qui parlait à leur mère. Juste comme elle allait refermer la porte, il lui dit « Attendez, je pourrais peut-être vous être utile. » Il sortit alors de son baluchon un gros caillou arrondi, de la grosseur d’une pomme de terre, et le lui montra en disant « J’ai ici une pierre merveilleuse : c’est une pierre à faire de la soupe. » Perplexe, la mère examinait et tâtait le caillou pendant qu’il poursuivait son boniment :

« Bien sûr, je ne voudrais pas abuser de votre temps mais si vous me le permettez, je pourrais vous montrer comment il fonctionne. »

 La mère hésitait encore mais la curiosité l’emportant, elle ouvrit la porte toute grande et le fit entrer dans la chaumière.

 À son invitation, il s’assit à la grande table, au milieu de l’unique pièce de la maison, et toute la famille s’y attroupa, curieuse de voir de plus près cette pierre merveilleuse. Puis il demanda à la mère si elle aurait bien l’amabilité de lui faire bouillir une marmite d’eau. Toujours un peu perplexe, elle acquiesça tout de même de bonne grâce et pendant qu’elle s’affairait, il fit aux enfants le récit de ses nombreuses aventures.

 Quand l’eau commença à bouillir, il déposa la pierre à faire de la soupe au fond de la marmite et tous les yeux s’y rivèrent en même temps. Après de longs moments sans résultats, l’on commençait à croire à une supercherie et à douter du pouvoir magique du caillou. Puis soudain, quelqu’un crut voir flotter quelques débris de matière à la surface. Était-ce de simples poussières qui se détachaient du caillou? L’imagination aidant sans doute, quelqu’un d’autre affirma « Si, si, il y a bien quelques morceaux minuscules qui commencent à apparaître là, au fond du chaudron. Regardez! ».

 Profitant de la bousculade générale et de l’excitation montante, il dit à la mère « Je ne voudrais surtout pas abuser de votre générosité, madame, mais… vous n’auriez pas un peu de sel ? Ça rehausserait grandement le goût de la soupe. » Et la mère, peu à peu gagnée par l’enthousiasme général et plutôt fière de participer à ce moment magique, alla prestement aux armoires et revint avec trois grosses pincées de sel qu’elle versa dans le chaudron. Quelques instants plus tard, tandis que tous anticipaient le miracle, il dit à mi-voix, comme s’il se parlait à lui-même « Ah, quel dommage que nous n’ayons aucun légume. Vous n’avez pas idée comme cette soupe peut avoir bon goût lorsqu’on y ajoute ne serait-ce qu’un petit morceau de légume. » En moins de deux, la mère courut chercher quelques vieux morceaux de navets défraîchis qu’elle découpa et jeta à la marmite.

 Enhardie par ce geste, l’aînée des filles dit « Nous avons aussi quelques pommes de terre et trois carottes un peu molles, et puis un demi chou un peu flétri mais qui ferait sûrement l’affaire dans cette soupe. » Puis regrettant sa témérité, elle jeta nerveusement un coup d’œil à sa mère qui acquiesça tout de même de la tête. Et la jeune fille accourut chercher les légumes et les ajouta au bouillon, qui commençait à sentir drôlement bon.

 Et puis à force d’imagination, on finit bien par dégoter quelques pois, fèves, oignons et tomates, des épices, un peu de vinaigre et même, puisque le cœur était à la fête, un beau morceau de bœuf qu’on ajouta au pot-au-feu, qui dégageait à présent un fumet des plus appétissants. Et petit à petit, la marmite se remplit tant et si bien qu’à la fin, tout le monde put manger à sa faim. En fait, tous se régalèrent d’un festin tel qu’ils n’en avaient pas mangé depuis bien longtemps. À la fin du repas, il se leva et remercia chaleureusement ses hôtes. Il ouvrit son baluchon et y glissa la pierre à faire de la soupe, que tous reluquaient timidement.

 Puis lorsqu’il leur serra la main un à un sur le seuil de la porte, il vit passer dans les yeux de la mère un tel nuage qu’il ne put s’empêcher de rouvrir son baluchon.

 Il en ressortit le précieux caillou et le lui déposa au creux de la main, en guise de remerciement.

Sur ce, il les salua tous une dernière fois et s’en fut au loin, de par le vaste monde.

Et jamais plus on n’entendit parler de ce mystérieux personnage qui leur avait fait cadeau de la fameuse « pierre à faire de la soupe ».

 

L’histoire d’un conteur de Bourgogne : Etienne BRETON-LEROY

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la soupe au caillou en Bourgogne

Posté par francesca7 le 26 mai 2013

 

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la soupe au caillou en Bourgogne dans Bourgogne histoire-de-choux

Dans notre sujet du 26 janvier dernier, sur les veillées qui n’ont pas disparu en Bourgogne, nous évoquions un certain nombre de contes et d’histoires.

Aujourd’hui, nous dressons le portrait d’un conteur d’une autre époque et une histoire parmi les plus racontées de nos jours. Retour à la version originale.

Beaucoup d’histoires racontées lors des veillées se retrouvent non seulement en Bourgogne, mais aussi dans le Jura, en Lorraine, Franche-Comté ou même en Suisse. Autrefois, les colporteurs et autres marchands ambulants, qui vendaient des almanachs, des revues ou des livres (sous forme de cahiers que les plus riches faisaient relier), traversaient une bonne partie de ces coins. Un peu partout où il s’arrêtaient, afin de gagner quelque argent, ils racontaient les histoires entendues çà et là ou lues dans les ouvrages qu’ils vendaient, lorsque les populations illettrées le leur demandaient. Tous les colporteurs, pourtant, ne savaient pas lire. Quant à la comptabilité, elle était parfois spéciale…

Récolteurs de mémoires, assimilateurs d’historiettes, parleurs à la belle voix grave, rusés au point d’adapter leurs récits en fonction de leur auditoire, le visage buriné par les vents des quatre chemins à force de les parcourir et de dormir à la belle étoile ; leurs paroles, leur barbe longue, leur odeur de tabac à pipe et leurs gestes sont restés profondément gravés dans les esprits.

La disparition des colporteurs et de bien d’autres métiers date des années 1950, avec l’arrivée massive des automobiles à faible prix et la reconstruction d’après-guerre, véritable restructuration de la société. Au tout début des années 1980, il restait quelques-uns de ces commissionnaires pour les anciens des villages qui n’avaient plus la force d’aller au marché. Arrivés en fin de vie, ils trouvaient refuge dans les foyers des environs de Dijon. L’un d’eux, en particulier, traînait dans le quartier du Port du Canal, quémandant du pain à la boulangerie face à l’église Sainte-Chantal, racontant à qui voulait l’entendre qu’il était venu en ville parce que son logeur du côté de Corcelles-lès-Monts avait vendu la grange qu’il lui prêtait jusque-là pour la nuit.

« la rude vie d’un porteur de mémoire »

Ne pouvant plus vivre de son métier de porteur-livreur, il avait passé une vingtaine d’années à vivoter, rendant de menus services dans le coin, entre Chenôve, Marsannay et Corcelles. Ses plus grosses rentrées d’argent était durant les vendanges. Bien entendu, aucune cotisations sociales ni de déclarations de revenus. Pas même un nom : fils d’immigrés venus de Pologne avec cet unique enfant dans les années 1910 en Lorraine, il avait été placé çà et là dans des fermes jusqu’à finir en Bourgogne. On l’appelait le gamin, puis le gars et enfin, le vieux. Un repas par-ci par-là, issu du braconnage de lièvres et d’oiseaux ou d’une part offerte par une bonne âme locale. L’homme n’avait qu’une existence précaire, mais il ne voulait connaître que cela. Il déplorait la construction de maisons neuves, sans grange, avec des garages fermés et sans paille : le monde avait pris une accélération qui le dépassait. Tout ce qu’il avait dans ses dernières années, âgé d’à peu près soixante-dix ans faute d’avoir une date de naissance établie, c’était des histoires qu’il racontait aux gamins du coin.

Il arrivait souvent que les parents des rejetons, à la sortie de l’église, lui donnent la pièce. En échange, debout devant un auditoire composé des enfants les plus jeunes du quartier, il racontait en toute simplicité, citant les personnes et les lieux d’où il les tirait, des histoires de la Côte, de la Bresse, du Morvan et du Jura.

Aujourd’hui, à l’écoute d’une histoire d’un conteur moderne, il ne fait aucun doute que ces histoires-là sont toujours vivantes. Ce sont les mêmes et cela est conforté par les recherches actuelles : d’un bout à l’autre de notre région, les traditions orales se sont transmises. Le plus curieux est de constater que ce sont souvent des personnes d’origine étrangère à la Bourgogne qui transmettent le mieux cette mémoire. La Bourgogne reste fidèle à sa tradition de terre de passage : en récompense de cet accueil, les passants respectent les valeurs et l’identité de cette région en oeuvrant pour qu’elle garde ses qualités.

Aujourd’hui, alors que le métier de conteur a refait surface depuis les années 1990, bien que quelques-uns des chantres de nos contrées font figure de vieux de la vieille en revendiquant à juste titre une ancienneté plus lointaine, les centaines d’histoires différentes qui font nos contes et légendes sont facilement dénichables et de nombreux recueils en gardent la trace écrite. Certaines de ces histoires sont communes aux quatre départements et ne varient que dans quelques détails.

L’histoire qui suit se retrouve un peu partout, notamment dans divers albums pour enfants, avec des protagonistes bien différents de la version d’origine. Elle serait basée sur une histoire vraie et s’intitule : la soupe au caillou (au singulier, s’il vous plaît). Chose rare dans le monde des contes (mais fréquente dans celui des anecdotes), la soupe au caillou peut être datée des années 1870, même si aucune preuve ne l’atteste formellement.

« une histoire vraie et datée »

Un soldat se retrouve démobilisé, sans son arme qu’il a rendue aux Prussiens ou à ses supérieurs Français. La guerre est finie, ou du moins une trêve a-t-elle été signée. Nous serions donc en février ou mars 1871. Le soldat doit rentrer chez lui. Sa maison, son pays, sont par-là : il entend le nom d’une ou de deux grandes villes par lesquelles il lui faudra passer. Ensuite, il se reconnaîtra bien. Il garde l’uniforme, qu’il a acheté lui-même en juillet 1870 comme cela se faisait, ainsi que son paquetage, c’est à dire une couverture roulée sur un sac bien maigre.

Hélas, le bout de pain et la gourde de vin donnés au moment du départ sont vite passés dans son estomac qui grogne et gargouille à tire-larigot. La neige des chemins lui offre une bien maigre consolation.

Arrivant dans une ville, il constate qu’elle a été en partie incendiée : ils ont eu l’Alsace et la Lorraine, se dit-il, comprenant que les combats qu’il a menés ne se sont sans doute pas déroulés au bon endroit ni au bon moment. La désorganisation continue : il dort là où il peut, dans une maison en ruines. Il marche sans presque s’arrêter, sans reconnaître les terres sur lesquelles il passe, perdu face à l’immensité blanche de la neige, incapable le plus souvent de se diriger dans la brume. Mais il marche toujours par là-bas, dans la direction du bras de cet officier dont il n’a même pas su le nom.

Après des collines et des vallons, comme un décor minuscule se répétant sur nombre de kilomètres, il arrive dans un village. C’est là que les versions diffèrent en indiquant que c’est dans le Châtillonnais, le Beaujolais, dans le nord de l’Yonne, perdu dans la Nièvre, sur les hauteurs du Morvan, dans le Jura ou la Bresse du côté de Beaurepaire. Enfin, c’est tout de même un village et la disposition des maisons lui rappelle quelque chose : son pays n’est plus très loin, juste une bonne centaine de kilomètres !

Tout semble désert, sauf la dernière maisonnée faite de petites pierres grises entassées comme on monte une cabotte, une cadole, une cabioute. La mousse du toit fait l’étanchéité et permet de garder la chaleur donnée par la cheminée qui laisse s’échapper de la fumée dont l’odeur promet une bonne soupe. Le soldat tape à la porte et doit insister pour qu’elle s’ouvre. Une vieille femme est là, qui ne veut pas le laisser entrer. Après une âpre discussion, elle accepte qu’il aille dormir dans la grange, s’il trouve de la paille. Mais elle n’a rien à lui donner à manger. Elle lui concède cinq minutes près du feu, le temps qu’il sèche ses affaires trempées par la brume verglacée. Dommage qu’il n’y ait qu’une toute petite bûche et rien dans la marmite. La guerre a tout pris à la vieille femme. Elle a juste un peu de neige à faire fondre et la solution de boire cette eau chaude. Le jeune homme lui propose alors de faire une soupe de chez lui ou, selon les versions, une soupe à soldats. Il sort et va choisir dans la cour devant la petite maison un caillou, rond, blanc ; bref, un beau petit caillou qui donne envie. Le caillou est mis dans la marmite et le soldat touille avant de goûter : « c’est bon, mais chez nous, on mettrait juste un peu de sel ». La vieille hésite et demande : « du sel ? il doit m’en rester une poignée.

Si je t’en donne, tu me feras goûter ? ». Le soldat acquiesce et voit l’ancienne ouvrir une boîte remplie à ras-bord. Il prend une pincée, la met dans la marmite, tandis que son autre main met une pleine poignée de sel dans la poche de sa veste. La grande louche en bois remue l’eau, le sel et le caillou. 

La vieille s’impatiente : « c’est prêt ? ». Pas encore, répond notre malin, et puis, chez nous, on y mettrait un bout de pain, même dur, pour que ce soit meilleur. Tu me feras goûter ? Bien sûr ! Et la villageoise de dénicher un pain entier, rond, presque trop frais pour être mis dans une soupe. Le soldat coupe la miche en deux, en met la moitié sous sa veste et découpe l’autre pour en plonger les morceaux dans la marmite.

La scène se poursuit avec les différents composants d’une bonne et vraie soupe : pommes de terre, carottes, vin qui remplissent autant la marmite que les poches ou le sac à dos du soldat. De quoi manger pour le dernier trajet jusqu’à chez lui.

Lorsque tout les ingrédients sont là (et le conteur peut se faire un malin plaisir de demander à son auditoire ce que chacun rajouterait pour annoncer que, justement, la petite vieille en a !), le soldat déclare que, chez lui, une bonne soupe se mange correctement, avec une nappe sur la table, des bougies pour éclairer et de la belle vaisselle. La brave vieille s’exécute, sort sa nappe blanche qu’elle a reçue lors de son mariage, et paix à son défunt mari, ses couverts en argent (que le soldat ne vole pas, s’il vous plaît), et le jeune homme invite la vieille femme à s’asseoir.

Alors, il lui offre le meilleur et le plus beau repas qu’elle n’a jamais eu de toute sa vie. C’est la première fois qu’elle se voit invitée à une si belle table ! Après le repas, partagé en parts égales, et le soldat tient à ce partage équitable, la bonne dame prête l’un de ses deux matelas au jeune homme qui passe la nuit près de la cheminée. Au petit matin, il remet veste et sac sur le dos et laisse la veuve avec ses larmes comblant les rides d’un visage usé par les petits malheurs du monde de ce temps-là. La silhouette s’éloigne dans le brouillard : elle voit partir celui qu’elle aime comme un fils maintenant, en serrant le poing dans la poche de son tablier. Dans le creux de cette main hier encore froide, une chaleur énorme dégagée par un tout petit rien : le caillou de la soupe au caillou. Avec tout ce que la guerre a pris, c’est toujours ça de gagné !

 Etienne BRETON-LEROY

Note : il semblerait que le soldat ne soit pas rentré chez lui et qu’il soit mort en chemin. Du moins les villages où la scène se serait déroulée n’ont-ils plus jamais eu de nouvelles de lui. La soupe au caillou s’est répandue, certainement parce que la vieille dame de l’histoire en a transmis la recette à ses voisins ou des proches. C’est aujourd’hui un grand classique des contes, que nombre d’enfants connaissent, sans se douter que les protagonistes ont sans doute réellement existé. Pour certains, cette histoire date de bien avant 1871 et serait une reprise d’une tradition du moyen-âge ayant subi une adaptation. Les versions que nous avons recueillies sont suffisamment précises pour que l’histoire se déroule effectivement en hiver 1871. Elle est à rapprocher de contes traditionnels russes, similaires sur bien des points… dont un exemple concerne un soldat napoléonien de 1812 !

L’histoire d’un conteur de Bourgogne 

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La Mariée morte

Posté par francesca7 le 26 mai 2013

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La Mariée morte ou La Morte Fiancée est une légende juive remontant au XVIe siècle, racontant l’union malencontreuse d’un jeune homme et d’une jeune fille morte. Cette légende a connu de très nombreuses versions et variantes dans les pays de tradition juive, Europe de l’Est, Allemagne, et des développements littéraires à partir de la fin du XVIIIe siècle avec le Romantisme et le goût pour le fantastique.

La Mariée morte dans LEGENDES-SUPERSTITIONS mariee-morte

Origine

La première version connue de l’histoire se trouve dans le Kitvey HaArizal, recueil de textes du XVIIe siècle en l’honneur du kabbaliste Isaac Louria(1534-1572), où ce saint personnage est sollicité pour donner son avis : l’histoire étant donnée pour véridique, il s’agit bien d’une légende, et non d’un conte (le conte étant toujours admis comme une fiction). Les récits de mariages surnaturels de ce genre sont vraisemblablement antérieurs : Howard Schwartz, spécialiste des mythologies juives, les fait remonter à Lilith, première femme d’Adam, qui revendique égalité et indépendance et passe du côté des forces maléfiques. Des récits de mariages entre un homme et une créature démoniaque, la volonté de se libérer de vœux faits dans l’insouciance, le recours au tribunal rabbinique sont des constantes. La légende sert d’avertissement contre les conduites inconsidérées1. Logiquement, la légende est véhiculée dans tous les pays où vivent des communautés juives, notamment en Russie et en Europe de l’Est. Les pogroms du XIXe siècle y auraient ravivé l’image de la jeune fille assassinée et enterrée dans sa robe de mariée.

Un jeune homme de Safed (la ville où vécut Isaac Louria) va se marier. La veille de son mariage, il se promène avec deux amis. Ils voient, émergeant du sol, une sorte de tige qui ressemble à un doigt. Pour plaisanter, le jeune homme passe sur ce doigt l’anneau nuptial, et en fait le tour en prononçant les formules rituelles de la cérémonie. Aussitôt, à sa grande frayeur, une main surgit de la terre, puis le corps décharné d’une jeune fille qui était enterrée là, portant les restes d’une robe de mariée, et qui réclame maintenant son époux légitime. Les jeunes gens épouvantés s’enfuient. Le lendemain, le jeune marié et sa fiancée officielle sont devant le rabbin, quand la morte surgit et fait valoir ses droits : les rites ont été effectués en présence de deux témoins, son mariage est donc valide. Le rabbin (ou Isaac Louria lui-même) doit reconnaître que le mariage est valide, mais il ajoute qu’il y a des éléments qui doivent être pris en compte, d’abord que les vœux du fiancé n’étaient pas sincères, alors que son engagement était connu de tous, et surtout que les morts ne peuvent pas intervenir parmi les vivants. Dans certaines versions, le fiancé doit prononcer des formules de divorce ou de répudiation. Ainsi déboutée de ses prétentions, la morte retombe inanimée, on la fait enterrer profondément, et le jeune couple officiel peut enfin se marier.

De nombreux contes en Russie et Europe de l’Est, Scandinavie, des contes d’Angleterre, d’Islande, et un conte inédit des frères Grimm : L’Abbesse et le Diable, s’y rattachent. En Allemagne également, c’est le thème de laBallade de Lénore de Gottfried August Bürger (1778) : son fiancé, mort à la guerre, vient la chercher à cheval et il l’entraîne avec lui dans la tombe après une chevauchée fantastique. En France, le conte existe sous plusieurs versions en Bretagne, recueillies par Souvestre, Paul Sébillot, Le Braz, Cadic. On y retrouve souvent la chevauchée sous la lune et la terreur croissante de la jeune fille, emportée dans la tombe ou sauvée de justesse.

Beaucoup de ces contes sont localisés et peuvent s’apparenter à des légendes. Dans chacun c’est le fiancé qui est mort, et il est toujours mû par un esprit maléfique. Aussi y a-t-il peu de relation directe avec la légende de la Mariée morte.

Le thème de la relation entre vivant et mort est un des plus anciens qui soient. Phlégon raconte dans Le livre des Merveilles l’histoire d’un jeune homme, invité dans la maison d’un couple qui vient de perdre sa fille. Dans la nuit, il reçoit dans son lit une jeune fille, qui disparaît le matin. Avertie par la servante, la mère guette et la nuit suivante, elle reconnaît sa fille morte. Goethe reprend l’histoire en 1797 dans son poème Die Braut von Korinth. Alexandre Dumas (La Femme au collier de velours, histoire qui fait référence à Charles Nodier et dont le personnage central s’appelle Hoffman comme l’écrivain E.T.A Hoffmann), Prosper Mérimée (La Vénus d’Ille), Washington Irving (Le Cas de l’étudiant allemand — amoureux d’une femme décapitée), etc. ont écrit des variations sur le thème.

« La Mariée morte » (Die Todtenbraut), inspirée assez librement d’une des versions de la légende originale, est un des récits du recueil Das Gespensterbuch (« Le livre des fantômes »), de plusieurs auteurs parmi lesquels se trouvaient Friedrich Laun (pseudonyme de Friedrich August Schulze) et de Johann August Apel, paru à partir de 1811. L’année suivante, paraît en France Fantasmagoriana, ou Recueil d’histoires d’apparitions de spectres, revenans, fantômes, etc., traduit de l’allemand par un amateur, Schoell édit., 1812, en réalité une traduction par Jean-Baptiste Benoît Eyriès). Du français, le recueil est traduit en anglais (anonymement), sous le titre Tales of the Dead (« Contes des Morts ») par Sarah Elizabeth Uttison (1781-1851) qui élimine certains récits du recueil français, et en rajoute de son cru. Cette édition anglaise connaît un succès auprès d’auteurs comme Mary Shelley, dont certains passages du Frankenstein sont clairement inspirés de Fantasmagoriana, ou John William Polidori. Ces recueils n’ont pratiquement pas connu de rééditions, mais beaucoup de récits ont été republiés séparément ou dans des anthologies.

La légende a inspiré Tim Burton pour l’histoire des Noces funèbres. Le texte d’origine, sans nom d’auteur ni sources, est donné sous la forme littéraire d’un conte russe. Un commentaire ajoute que lors des pogroms contre les Juifs dans la Russie du XIXe siècle, une jeune mariée pouvait avoir été assassinée et ensuite enterrée dans sa robe de mariée ensanglantée.

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