Modèles d’architecture en Jura
Posté par francesca7 le 13 mai 2013
Au Moyen Age – Après les invasions et la désagrégation de l’autorité carolingienne s’affirment des pouvoirs locaux personnalisés par les seigneurs. Ceux-ci ressentent immédiatement la nécessité de protéger leurs demeures et empruntent aux populations nordiques un modèle de château encore très rustique ; le donjon ou château à motte (11ème siècle). Cette construction se compose d’une motte (tertre de terre) entourée d’un fossé et surmontée d’une tour en bois quadrangulaire remplacée par la suite par une tour de pierre. Parallèlement, des forteresses de pierre édifiées principalement sur des hauteurs (Pesmes, Champlitte), vient le jour ; l’enceinte – talus de pierre précédé d’un fossé – abrite les bâtiments de service et d’habitation ; le donjon y reste le point fort ; la fin du 12ème et le 13ème siècle marquent l’apogée du château fort. C’est alors que naît un nouveau type d’habitat seigneurial lié à l’essor de la classe moyenne des chevaliers ; la maison forte (surtout après 1250). Située à l’écart des villages et à proximité d’un ruisseau, elle repose sur une plate-forme artificielle entourée d’un fossé en eau. Les bâtiments – logis et communs – se répartissent autour d’une cour centrale. Les 14ème et 15ème siècles ne furent pas propices aux châteaux ; la guerre de Cent ans puis l’artillerie de Louis XI contribuèrent à de larges destructions, aussi le château du Pin (15ème siècle) admirablement conservé offre un témoignage intéressant d’architecture militaire médiévale. A la fin de la période gothique, l’habitation urbaine prend en revanche du relief et se pare, tout particulièrement, de fenêtres à meneaux surmontées d’arcs en accolade.
Renaissance : au 16ème siècle, avec le retour de la paix et de la prospérité, de nombreux châteaux subissent des transformations dans le goût nouveau et améliorent leur défense en fonction de la récente invention du boulet de métal, beaucoup plus puissant que le boulet de pierre (renforcement des remparts, percement de canonnières, édification à tours d’artillerie protégeant avant tout l’entrée…). Mais l’aristocratie préfère souvent le confort de son hôtel à la ville où s’exprime véritablement l’art de la Renaissance. A l’inverse de l’architecture religieuse, l’architecture civile a fort peu emprunté à l’art gothique alors qu’elle s’est largement ouverte aux formes séduisantes venues d’Italie ; l’exemple vient du chancelier de Charles Quint, Perrenot de Granvelle, qui se fit construire un palais à Besançon à partir de 1534. Peu à peu, la Comté se couvre de monuments aux façades à ordres superposés (hôtel de ville de Gray) ou du moins aux étages séparés par des bandeaux moulurés ; des frontons apparaissent au-dessus des fenêtres remplaçant progressivement les arcs en accolade. Au rez de chaussée, l’arc en anse de panier, utilisé pur les portes ou les galeries ouvertes, introduit un rythme sans doute d’inspiration espagnole (cour intérieure du palais Granvelle à Besançon). Une large part du renouveau architectural revient également à la décoration florale comme en témoigne la façade du château de Champlite ; l’architecte décorateur Hugues Sambin (1518-1601), né près de Gray et connu pour ses réalisations bourguignonnes a laissé un magnifique exemple se son art énergique sur la façade polychrome du palais de Justice de Besançon (1581), son chef-d’œuvre comtois.
Epoque classique – Au 17ème siècle, la Comté est meurtrie par la guerre de Dix Ans. Ce n’est qu’après 1674, date du rattachement de la province à la France, qu’un nouvel élan architectural voit le jour. La positon stratégique de la région, bornée par les Vosges et le Jura, oblige immédiatement le Royaume à envisager une véritable politique de fortification. La tâche est confiée à Vauban ; ce dernier étudie dans le détail la défense des points de passage obligés des routes menant vers la Suisse. Bien qu’en partie détruit, l’œuvre monumentale de Vauban a modelé certaines zones du paysage franc-comtois. Le grand mérite de l’architecte royal est d’avoir mené à son apogée la conception du tracé bastionné (adopté au cours du 16ème siècle) dont le principe de base consiste à encadrer une courtine de deux bastions de façon qu’ils se protègent mutuellement ; le procédé avait déjà subi de notables perfectionnements avant lui, mais tout en le portant à sa forme définitive, il sut parfaitement l’adapter au relief de chaque site aussi bien pour les enceintes urbaines (Belfort, Besançon – riche également de sa citadelle) que pour les forts (fort St André de Salins les Bains).
L’architecture civile en revanche s’épanouit réellement au 18ème siècle, période illustre et féconde pour l’art comtois. La réalisation la plus originale de cette époque est la saline royale d’Arc et Senans, conçue comme une ville idéale par l’architecte visionnaire Ledoux. Les châteaux (dont le plan type est en fer à cheval comme à Moncley), les hôtels particuliers et les édifices civils présentent alors des façades parfaitement symétriques, percées de grandes ouvertures surmontées de frontons triangulaires ou arrondis. Ces monuments, qui atteignent pour certains la perfection avec le style Louis XVI, se caractérisent également par leurs hauts toits traditionnels.
Epoque moderne - L’architecture militaire continua à évoluer au cours des 19ème et 20ème siècles. Au 19ème, on construisit de nombreux forts (dont l’important fort des Rousses) sur les sites que rendaient vulnérables les progrès accomplis par l’artillerie. Ces ouvrages, quoique difficilement visibles aujourd’hui, sont pour la plupart conservés. L’invention de l’obus torpille en 1885, puis de la fusée à double effet obligea à abandonner les forts au profit de défenses bétonnées semi-souterraines. Durant la Seconde Guerre mondiale, le Haut Commandement fit même construire une trentaine de blockhaus afin de protéger la neutralité suisse. De grands ouvrages d’art caractérisent également l’architecture de l’époque moderne ; le 19ème siècle a vu lancer au-dessus des cluses jurassiennes d’impressionnants viaducs comme ceux de Morez. Depuis la guerre, l’art des ingénieurs s’est exercé surtout dans la construction de grands barrages ; celui de Génissiat (1948) sur la Rhône et ceux de la vallée de l’Ain (Vouglans, 1968), sont d’audacieuses réalisations.
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