Les migrations pendant la deuxième guerre mondiale
Posté par francesca7 le 25 avril 2013
Pour la période de la deuxième guerre mondiale, les sources, souvent détruites sans avoir été exploitées, renseignent peu sur les pertes humaines, le nombre et la répartition des réfugiés, le mouvement naturel et migratoire des étrangers, les échanges entre les campagnes et les villes. Les migrations traditionnelles du temps de paix ont été remplacées par les migrations forcées, et dans ce contexte dramatique, rares sont les migrants qui ont pu s’implanter dans leur zone d’accueil et y faire souche. Les réfugiés de l’exode, qui est le mouvement le plus rapide et le plus ample de notre histoire : 3 millions d’entre eux sont rentrés chez eux avant le 15 octobre 1940, 800 000 restant encore en zone libre. La grande majorité des Français engagés dans la Légion des volontaires contre le bolchevisme (LVF), ont été tués en Russie, les autres étant anéantis avec la division Charlemagne en 1945. Des 1,6 millions de Français encore retenus en Allemagne en 1945 (prisonniers, travailleurs volontaires ou forcés), rares sont ceux qui se sont mariés à des Allemandes et, bien entendu, aucun des 300 000 juifs ou des 70 000 résistants déportés. Sur les 130 000 Alsaciens-Lorrains incorporés dans l’armée allemande et envoyés sur le front russe, quelques-uns ont pu rester en Russie, par choix o par obligation, de nombreux prisonniers n’ayant été libérés par les Russes que très lentement. Les étrangers résidant en France, qui avaient beaucoup diminué du fait de la législation défavorable en conséquence de la crise des années 1930, étaient très peu nombreux pendant l’occupation, essentiellement des Espagnols républicains dans l’impossibilité de rentrer dans l’Espagne franquiste.
Entre 1939 et 1946, les recensements montrent une diminution de la population française qui passe de 41,5 millions à 39,7 millions d’habitants, mais en fait, on estime à 1 million les pertes humaines dues aux morts civiles et militaires, et aux naissances perdues. Contrairement aux années 1920, le redressement démographique est spectaculaire et rapide entre 1945 et 1955, la natalité ayant déjà repris vers 1939 : les fameux « baby boom » va rajeunir, provisoirement, une population qui l’avait déjà été, partiellement par les étrangers dans l’entre-deux-guerres.
Les migrations de 1945 à 1993
Les sources statistiques permettant l’étude des étrangers depuis la guerre, proviennent de l’INSEE (recensements généraux, enquêtes sur l’emploi, statistiques des mouvements de population) et des ministères de l’Intérieur (titres de séjour et enfants de moins de 16 ans), de l’Education Nationale, et des Affaires Sociales. Les flux migratoires sont observables partir des statistiques de l’Office national de l’immigration (ONI) et du ministère de l’Intérieur (arrestations, reconduites aux frontières, expulsions). Le rôle capital de l’apport étranger dans la population française du 20 ème siècle se confirme après 1945 : entre 1889 et 1986, grâce à une législation favorable et unique en Europe qui encourage les naturalisations et francisations, plus de 3 millions d’étrangers sont devenus français, et 1,8 millions pour la seule période entre 1945 et 1986. Pour ces dernières dates, 4 250 000 personnes sont entrées en France, dont 1 320 000 rapatriées des colonies. On a calculé que, sans l’apport extérieur, la population serait, pour le siècle, inférieure de 11 millions d’habitants.
La population a autant augmenté entre 1945 et 1993 qu’entre 1789 et 1945, en partie grâce aux immigrations, et entre 1946 et 1982, les effectifs des étrangers en France ont augmenté de 2 millions de personnes, leur nombre étant beaucoup plus du double de celui d’après-guerre. On constate de nombreuses évolutions ; grâce à la politique de rattachement familial, les étrangers vivent en France de plus en plus avec leur(s) femme(s) et leurs enfants. La provenance de ces étrangers a changé, les Européens ayant fortement régressé au profit des ressortissants africains des anciennes colonies. Les femmes, jeunes et fécondes, de ces pays souvent islamiques, donnent naissance à de nombreux enfants en France, ce qui accroît considérablement l’impact de la natalité étrangère sur la natalité nationale (qui, en revanche, est en régression), et donc, à terme, son impact sur la population française. Cette présence étrangère a connu trois phases depuis la fin de la guerre.
De 1946 à 1962, les gouvernements successifs, pris entre la nécessité d’une main d’œuvre temporaire et masculine en vue de reconstruire la France, et celle d’une immigration plus longue et familiale destinée à combler les vides démographiques, ont finalement limité les entrées, coordonnées par le ministère de la Santé publique et de la Population (1946) et organisées par l’ONI, (créé en 1945). L’ONI introduit en France des travailleurs dont il favorise l’obtention d’un contrat de travail avec un patron. Le ministère de l’Intérieur délivre des permis de séjour de 1 ou 3 ans, ou des cartes de résidents privilégiés de 10 ans, renouvelables qui favorisent la naturalisation. L’ONI organise aussi le regroupement familial.
Pourtant, les conditions économiques et sociales de la France d’après-guerre n’ont permis à l’ONI d’introduire, entre 1946 et 1962, que 1,1 million d’étrangers, dont un cinquième seulement des membres des familles. Essentiellement Italiens puis Espagnols, même si les effectifs des Africains en France, très faibles en 1946, décuplent et atteignent déjà 430 000 personnes en 1962. Parmi eux, les Algériens passent de 18 000 à 300 000. Contrairement à l’entre deux-guerres, où ils travaillaient souvent dans l’agriculture ou le commerce, les étrangers sont employés massivement dans le bâtiment, les mines, la sidérurgie, la métallurgie, en particulier l’automobile et l’entretien, métiers salissants, durs, voire dangereux et mal payés, donc dévalorisés qui sont délaissés par les Français. La deuxième phase va de 1962 à 1974 et correspond à une grande offre causée par la décolonisation de l’Afrique, e tune demande fort causée par une grande croissance économique. Depuis les années 1950, les Français établis en Indochine, au Maros et en Tunisie commençaient à rentrer du fait de la décolonisation : ce retour devient massif et dramatique avec les « pieds-noirs », chassés d’Algérie : 860 000 en 1962 et 250 000 en 1963. En 1968 on comptait 930 000 rapatriés d’Algérie, intégrés dans les régions de Paris, Marseille, Lyon et les zones agricoles du Midi et de la Corse. En tout, il a fallu caser 1,1 million de Français d’outre-mer, qui trouvent à s’employer selon leur qualification, souvent élevée. En revanche, pour assurer les grands chantiers d el 5ème République (autoroutes, immeuble,s aéroports…) et relancer l’industrie lourde, l’ONI organise un transfert massif de travailleurs étrangers peu qualifiés, donc peu exigeants : les Italiens, puis les Espagnols sont remplacés peu à peu par les Portugais, les Turcs et les Maghrébins : soit un million d’étrangers supplémentaires en 10 ans, avec en fin de période, l’arrivée croissante des familles.
La troisième période commence en 1974 avec la crise économique et la montée du chômage. En dépit des incitations au retour au pays et des suspensions d’entrées, les étrangers continuent à affluer, parfois clandestinement, le plus souvent avec leurs familles, rarement avec le statu de rapatriés ou de réfugiés politique (ex-Indochine, Afrique noire francophone).
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